1 résultat trouvé pour 009999

Le temps s'écoule inexorablement sans que je ne m'en aperçoive. Voilà cinq jours qu'Ezio a rejoint le camp sur cette civière improvisée. Cinq jours qu'il dort sous cette tente bien gardée par ces anciens hommes… J'ai rapidement compris que ces gens ne le portaient pas particulièrement dans leur cœur. C'est un peu triste.

Au début, ils me laissaient l'approcher afin que je puisse le soigner, toujours sous bonne garde. Je vois bien qu'ils ne me font pas confiance et, au fond, ils ont bien raison. Après tout, je suis pratiquement arrivée au bout de ma mission. À ce stade, il me suffirait de quitter le camp pour rejoindre la “ville” fétide des Rossini afin de leurs livrer mes découvertes… Le fils, le clan… Et prier pour que Rossinante tienne sa promesse, chose dont je doute cruellement.

En réalité, je suis totalement perdue. J'erre entre les tentes. Alek m'évite. Personne ne cherche réellement à me parler. On me nourrit, on me dévisage… On me surveille. Et s'ils me laissent me déplacer à ma guise, j'ai rapidement réalisé que cette liberté était totalement illusoire. Seule Christine, la jolie brune, semble s'intéresser à moi… Enfin, en quelque sorte. Ses questions ressemblent à s'y méprendre à un interrogatoire lancé aléatoirement au fil des jours. Je sais que mon frère lui a parlé de moi, c'est évident. Cette femme sait énormément de chose sur moi… Sur mon ancienne vie, sur la nouvelle...Trop de choses…

J'ai donc pris l'habitude de me tenir à l'écart. J’observe de loin avant de détourner les yeux chaque fois que mon regard en croise un autre. Je ne devrais pas être là… Je devrais faire comme Alek et partir, loin… Prendre simplement la fuite vers l'est et espérer que les miens s'en sortent sans moi. Je suis si impuissante, si inutile après tout. Comment ai-je pu croire que ce plan puisse nous mener à notre liberté ? Il est pourtant évident que les Rossini ne se sépareront jamais de leurs jouets…

– Hey, la rouquine ! me lance Christine lorsqu'elle m'aperçoit. Comme à chaque fois que nos regards se croisent, le mien finit toujours par se diriger vers le sol… Il est réveillé et, visiblement, il veut te voir.

– Il va bien ? je demande, un peu bêtement. Je me sens tellement soulagée que… Mais quelle idiote. Soulagée de quoi ? D'une manière ou d'une autre, Ezio est déjà condamné.

Elle soupire…

– Tu n'as qu'à lui poser directement la question…
– Pourquoi êtes-vous si froids avec lui ? Je pensais que vous étiez amis, ou au moins que vous le respectiez…
– Crois-moi, il ne s'en sort pas si mal… Beaucoup d'entre nous le considèrent comme un traître…

Alek m'a très brièvement expliqué la situation, mais je la trouve tellement grotesque.

– Quel crime a-t-il donc commis pour être considéré comme un traître ?

La brune fait mine de réfléchir… En tout cas, ma question l'a contrarié, c'est certain. Finalement, au bout de plusieurs secondes de silence, elle balaye le tout d'un geste de main.

– Va le voir… Mais ne t'attarde pas trop.

Je l'observe s'éloigner avant de prendre une profonde inspiration en espérant que cela suffise à rassembler tout ce qu'il me reste de courage. Il m'en reste si peu… Je prends finalement le chemin de la fameuse tente gardée par deux hommes au visage déterminé. Ils me laissent passer mais je suis presque sûre d'avoir entendu l'un d’eux grogner sur mon passage … Bizarre ces gens…

– Et bien, tu en as mis du temps… Heureuse de te voir enfin réveillé, lui dis-je tout en esquissant un maigre sourire. Comment tu te sens ?

Tout en lui parlant, je me permets une brève auscultation en posant ma main sur son front afin de m'assurer que sa fièvre soit tombée… En prenant son pouls.

– Tout me paraît normal … Enfin, tu es en bonne voie de guérison. Il faut juste te montrer raisonnable et te reposer sérieusement… Tu voulais me voir ?