Il ne m’aura pas fallu longtemps pour me laisser happer par le désir. La tête entre ses cuisses, je suis envahie par son arôme, son odeur alors que je travail à lui donner du plaisir.
Je la découvre, je test différentes variantes pour apprendre ce qui la fait vibrer tandis que je la sens se tendre, gigoter, que je l’entends soupirer et gémir même. Haletante, rougie de plaisir, elle m’oblige à croiser son regard en me relevant la tête. Le menton humide, je lui lance un sourire coquin et gourmand avant de reprendre mon activité avec entrain.
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Je suis prostré, assis au sol, contre le mur lorsque les pompiers arrivent. L’une des dernières choses que j’ai pensé à faire de cohérente, ça a été de déverrouiller la porte. J’avais pris soin de te remettre ta culotte, de délier tes poignets pour baisser ton t-shirt. Je voulais que tu sois digne, belle…
J’avais le visage enfoncé dans ton sweat, l’imbibant de larmes silencieuses, débitant aux pompiers un résumé précis des évènements d’une voix neutre, plate.
Je du de nouveau tout raconter aux flics qui, sans surprise, m’embarquèrent. Au moins, cette fois, j’eu l’autorisation de prendre une douche et de me changer.
J’enchainais alors garde à vue, auditions et crises de larmes jusqu’à ce que ma relaxe soit de nouveau prononcée. L’autopsie confirmait mon innocence avec un verdict glaçant. Une crise cardiaque foudroyante suite à diverses consommations excessives.
Comment me faire définitivement payer pour mon passé de voyou et de dealer…
La merde que je vendais à une époque t’as tuées.
Pourtant, même partie, tu m’innocentes.
J’crois que tu s’ras dans mon cœur jusqu’à ma fin.
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Tes obsèques, j’y ai assisté mais de loin. Tes proches ne voulaient pas de moi, persuadés qu’ils étaient de ma responsabilité. J’ai dû attendre que tout le monde soit parti pour pouvoir venir effleurer ta tombe. Ton passage, intense mais bien trop court, dans mon existence aura été un mélange de drame et de lumière.
T’as changé ma vie putain !
T’as vu en moi quelqu’un, quelqu’un qu’il était possible d’aimer…
De toi, il me reste des souvenirs, ton sweat que j’ai gardé et un bout de papier qui porte encore des traces d’humidité…
Je t’ai pleuré Mélanie… Dans l’obscurité de mon appartement où j’avais l’impression de toujours sentir ton odeur, entre les murs duquel ta voix taquine résonnait encore.
Je t’ai pleuré comme je n’ai jamais pleuré personne.
J’ai chialé des chiées de larmes et j’ai pensé te rejoindre plus d’une fois.
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Je t’ai perdu il y a un peu plus de deux ans.
C’est ton papier qui m’a poussé à surmonter tout ça.
J’espère que tu aimerais autant celui que je suis devenu grâce à toi que celui que j’étais.
J’ai appelé ton ami et comme promis, il m’a pris à l’essai comme plongeur. Maintenant, j’alterne entre comme plongeur et commis de cuisine, j’ai un vrai contrat indéterminé, des congés, je paye mes impôts.
J’ai déménagé aussi, pour un appartement un peu plus lumineux, dans un coin un peu moins craignos. C’est toujours assez sommaire chez-moi, mais maintenant, dans le salon, sur une étagère, il y a une petite bougie rose. Une bougie que j’allume à la date anniversaire de notre rencontre et à la date de ton départ. Durant 24h, deux fois par an, la petite flamme illumine une jolie photo de toi qu’Eric m’a donné.
C’est douloureux de t’avoir perdu. C’est la pire chose qu’il m’ai été donné de vivre.
Avec le temps, j’ai appris a vivre avec la petite lumière que tu as donné à mon existence.
J’espère que ce que tu vois de là-haut te plait.
J’espère être digne de ce renouveau que tu m’as offert.
FIN