La vie est bien souvent un long fleuve tranquille. Mais pour beaucoup, ce long fleuve tranquille et calme que semble suivre la vie, c’est d’un ennui hors du commun. On essaie coûte que coûte de changer ce que semble représenter notre existence aux yeux de tout le monde en se faisant connaître autrement, quitte à ne pas toujours être bien vu. Faire la fête, s’amuser, profiter de la vie qui, en elle est tellement courte et finira par nous échapper. Car, je ne me fais pas de bille. Je finirais comme tous, mis en bière quelques mètres sous terre. C’est le triste dessin qui attend chaque homme qui naît sur cette terre, dans cette vie. Alors, on essaie tous de laisser une trace de nous, pour ne pas être oublié. C’est la seule façon, la seule voie vers l’immortalité : que notre histoire perdure dans les âges. Que les gens se souviennent de nous. Mais parfois, ça devient plus difficile qu’autre chose que d’être un de ces êtres conservés, appréciés, et simplement marquer les mémoires tout en restant soi-même. Croyez-moi, je sais de quoi je parle.
On aurait pu croire qu’en étant le premier enfant d’une famille de trois enfants, je serais le plus sage, celui qui montrerait l’exemple. Mais il serait bien idiot de s’arrêter aux stéréotypes de l’aîné. Je suis tout ce que les aînés ne sont pas généralement. Mon sang italien, né en Italie, comme dirait mon père, m’a toujours fait être un garçon impulsif, et un gros fêtard. Je me souviens que ma mère, qui à l’inverse de moi était toute renfermée, calme et réfléchie, s’inquiétait souvent de ce que je pourrais devenir. Mais elle avait tort de se faire du mauvais sang pour moi comme ça. Elle aurait dû passer plus de temps à s’inquiéter pour mon frère et ma sœur. Il était bien plus nécessaire de veiller sur eux que sur moi. Non mais, avec mon caractère, et avec comment j’étais ? Oui, la mauvaise influence que j’aurais pu avoir sur eux était certainement la pire chose qui pouvait leur arriver. Pourtant, il parait que je n’ai pas toujours été comme ça. Quand j’étais plus petit, j’étais calme, plaisantin, certes, mais je savais qu’il valait mieux rester à ma place, et de ne pas sortir trop des rails. Je crois que c’est quand ma sœur est née, que j’ai commencé à me dire, peut-être inconsciemment au départ, qu’il y aurait quelqu’un d’autre pour assumer le nom que l’on portait, et en faire quelque chose de grand. D’ailleurs, même après que mon frère ne soit né lui aussi, c’était comme si je savais qu’ils étaient destinés à de grandes choses. Je croyais – et je crois encore aujourd’hui- en leur destin. Ils sont des personnes en or. Et je donnerais ma main à couper quant à leur destinée.
Même si j’étais un enfant assez turbulent, je pense pouvoir dire cependant que je n’étais pas le pire de tous ceux que l’ont peut trouver. Mais je ne me fais pas de bille, je n’étais pas le meilleur non plus. Non, très loin de là, et je peux me vanter d’en avoir toujours été assez lucide pour le savoir.
En cours, j’arrivais à me débrouiller un peu partout, même si, c’est vrai que vu mon caractère, ce n’était pas mes petites réussites qui étaient les plus visibles, mais plutôt mes erreurs de conduite, de concentration. D’ailleurs, j’étais réputé plus pour être un petit malin qui aimait faire des farces, et qui avait besoin de s’amuser, de profiter de chaque moment que pour être un élève qui savait se débrouillait. C’était souvent au détriment de cette dernière caractéristique qu’on se souvenait de moi. Cependant, comme chaque enfant de ma famille, j’avais réussi à être diplômé. Certes, avec de moins bonnes notes, mais je savais me débrouiller quoi qu’il en était. D’ailleurs, j’avais toujours eu la côte avec les filles. Peut-être parce que j’avais ce côté qui ne se prenait pas la tête et qui s’amusait. Je ne sais pas trop.
On avait vite déménagé à la Nouvelle-Orléans, avec nos parents, quand j’avais 15 ans, avant la fin du lycée. Je dois avouer que j’en avais toujours voulu à mes parents d’avoir voulu nous faire partir, nous faire laisser notre famille, nos amis derrière nous pour aller quelque part où on ne connaissait absolument personne.
Cependant, mon frère et ma sœur ont toujours été tout ce qui comptait le plus pour moi. Certes, avec nos parents, mais en grandissant, on s’éloigne plus de ses parents que de ses frères. Je n’ai jamais vraiment compris ça. Enfin, je dois avouer que dès que j’avais pu, j’avais toujours trouvé un quelque chose à faire qui m’éloignait de ma famille. J’espérais toujours qu’ils ne m’en voudraient pas. Mais j’avais besoin de faire quelque chose. Peut-être étais-je hyperactif ? Ou simplement quelqu’un qui n’aimait pas ne rien faire. Ainsi, alors que je la pratiquais de temps en temps avec mes amis, à mes 15 ans, j’avais décidé de commencer des cours de danse de rue. J’aimais la danse, mais pas n’importe laquelle. En grandissant, je me suis éloigné de la « street dance » et puis, à ma majorité, j’ai fait mon service militaire. Et j’ai un peu laissé la danse de côté. J’avais trouvé ma voie en allant à l’armé. Ainsi, quand il s’était terminé, j’ai passé le concours de police. Et je me suis retrouvé agent de police judiciaire. Puis, j’ai commencé à faire comme les plus vieux. Ce que j’avais pu reprocher auparavant à mes parents, voilà que je le faisais moi. Je m’étais mis à la danse de salon. Tango, Samba, Paso-Doble, Quick-Step, Jive, tout y passait. Après tout, le but était de s’amuser, et de faire quelque chose qui me passionnait.
D’ailleurs, j’avais, grâce à la danse, rencontré une jeune femme, vers mes 25 ans. On était partenaire au boulot..  et on avait fini par avoir une relation plus que basée sur ça. Je l'avais fait me suivre dans mes folies de danse de coupes.. Puis, comme d’habitude, j’avais tout fichu par terre, et après une dispute, elle est partie, sans un mot, sans un au revoir. J’avais pas trop compris, à l’époque, parce qu’on n’arrêtait pas de se disputer, même si on s’aimait. On a vécu un an presque complet ensemble. Alors oui, ça a été un coup dur, et j’ai recommencé à draguer les filles à tout va, alors qu’avec elle, je m’étais plus que calmé. Depuis qu’elle est partie, je n’ai jamais plus eu de ses nouvelles. Je suis redevenu Valentino, le policier qui a un peu laissé la danse de côté, qui sort faire la fête quasiment tous les deux soirs si ce n’est pas plus, qui s’amuse de presque tout sauf quand il s’agit du boulot, et qui vit en étant toujours très proche de son frère et de sa sœur.
Cependant, en ce moment, je suis un peu plus tranquille, et je passe moins de temps en soirée. Peut-être suis-je un peu fatigué de tout ça. Ou juste est-ce une période, parce que je suis à la trentaine ?

Je n'aime pas raconter mon histoire. Je suis le genre de garçon qui va plutôt rester silencieux, et tenter de laisser les autres deviner. Ou pas. Je ne pense pas que c'est notre histoire qui détermine qui nous sommes. Non, ce sont les actes, et nos choix dans le présent. Je crois en les actes de vaillances, de bienfaisance, dénuée d'intérêt. Peut-être à cause de ma faction d'origine, qui influence sur moi ? Alors je préfère te prévenir : ouvre bien tes oreilles et écoute. Je ne me répéterai pas deux fois.

+Je suis né à Chicago. La nouvelle Chicago. La guerre à dévasté le monde tel que nous le connaissions. Les hommes, par leur égoïsme ont tout ravagé. C'est pourquoi le gouvernement a divisé les survivants en faction, selon les traits de caractère qui étaient les plus forts. Pour pouvoir nous contrôler, et surtout, éviter une rébellion et une nouvelle guerre. Cela fait des années que le système semble fonctionner comme cela. Alors évidemment, pourquoi tenter de tout bouleverser ?

+Mes parents étaient des altruistes. La faction des Altruistes a été formée par ceux qui accusent l'égoïsme d'être la raison des erreurs humaines. Ils fournissent à la société des responsables politiques dévoués. Les Altruistes condamnent le culte de soi et servent les autres, ils vivent, se nourrissent et s'habillent simplement car chez eux, le luxe est perçu comme un plaisir égoïste et futile. Ils sont généreux mais inhibés. Personnellement, j'ai très vite trouvé que c'était de la foutaise.

+Ma mère, Evelyn, est morte. Et c'est à partir de là que mon père a commencé à me battre. Pour m'éduquer, soi-disant. Pour que j'apprenne. Mais apprendre quoi ? La douleur ? Comme si perdre sa mère, la première et unique à l'époque, femme de ma vie, ça n'était pas suffisant.

+Mon père, Marcus, était membre du gouvernement. Un gouvernement corrompu avec lui à sa tête, si vous voulez mon avis. Pourtant, il avait beau être un père horrible, il arrivait à rassembler les gens, et à faire des choses bien. Un grand paradoxe à mes yeux.

+Avant la cérémonie, j'ai du, comme tous les autres, passer des tests. J'étais avec cette audacieuse.. Tori. Une fille bien, apparemment. Qui était prête à contrer le système pour sauver quelqu'un. Elle m'avait sauvé. Parce que les tests étaient mauvais. Enfin, pour la société, pas pour moi. J'étais divergent. Je n'entrais dans aucune case. En parlant avec cette fille, je me suis décidé : à ma cérémonie du choix, je choisirais d'être audacieux, de quitter les altruistes, mais surtout, de commencer une nouvelle vie. Bien que je sois le premier Altruiste à rejoindre les Audacieux.

+Mais bien sûr, il a fallu cacher ma divergence, et c'était certainement la partie la plus compliquée. Mais j'étais prêt à l'assumer. J'avoue que pour le coup, je m'étais plutôt bien débrouillé : premier de la première phase d'entrainement, j'étais resté plutôt bon dans la deuxième phase, bien que ce ne soit celle la plus compliquée pour survivre : c'était comme une phase de détection de divergence à mes yeux. Alors, j'ai appris à penser entièrement comme un audacieux. Si bien que j'ai commencé à devenir un vrai audacieux. Et à oublier ma divergence, même si dans ma tête, j'avais l'impression de penser de mille façons différentes.

+Un an après mon arrivée chez les Audacieux, j'ai découvert l'impensable. Evelyn était vivante. Le cercueil que nous avions enterré était vide. Et pour cause, ma très chère mère avait rejoint la tête des sans-factions. En me laissant seul avec mon père. J'avais quand même eu droit à de beaux modèles de parents.

+On m'a proposé de devenir leader. J'ai refusé. Voir la tête de mon père à nouveau, me retrouver confronté à lui, très peu pour moi. Si je pouvais éviter, je préférais largement. Quitte à avoir un rôle, je préfère former les nouvelles recrues. C'est plus.. stimulant.

+Cette année, une nouvelle vague de jeunes est arrivée dans la faction. Et il faut dire que malgré tous mes efforts, une nouvelle a attiré mon attention : Tris. Cette fille, elle disposait d'une détermination à tout va. Enfin, quand il s'agissait de ses amis, surtout. Elle était audacieuse, mais pas pour elle. Pour les gens qu'elle aimait. Sa divergence, parce que oui, elle était divergente, m'est apparue pendant la deuxième phase de tests. Elle était comme moi. Et je n'allais pas la dénoncer. Non, j'allais l'aider. Même si ça créait une proximité avec elle, me mettant dans une situation délicate. Mais je n'y pouvais rien : elle me plaisait, elle m'attirait. Elle représentait mon passé, en tant qu'altruiste, mon présent, à avoir quitté sa faction pour les audacieux, et à s'être retrouvée pendant quelques temps en difficulté. Désormais, j'ai comme la certitude qu'elle représente aussi mon futur.

+Une fois la deuxième phase bien avancée, je ne pouvais m'empêcher de faire partager à Tris un fait que j'avais remarqué depuis longtemps. En effet, cela faisait quelques temps que je remarquais des allées et venues des érudits chez les audacieux. Et des chargements d'armes. C'était évident, une guerre se préparait, et les annonces des érudits contre les altruistes, pour renverser le gouvernement ne pouvaient pas dire le contraire.

+Mes craintes se sont très vite confirmée. Après l'examen de la phase deux, on nous a injecté une "puce", une sorte de traqueur. Tu parles. C'était surtout un moyen de contrôler les audacieux. Enfin, les vrais audacieux, pas les divergents. Heureusement, certains d'entre nous étaient bien éveillé. Tris et moi. Et nous avons pu, une fois chez les Altruistes, essayer de sauver quelques vies altruistes. Bien que ce ne soit pas une tâche aisée. Et que pour beaucoup, nous avons échoués.

+Lors de l'attaque chez les Altruistes, avec Tris, nous nous sommes fait prendre. Je me suis trouvé bien malgré moi sous l'influence d'un nouveau sérum créé par Jeanine. Inconsciemment, j'ai fini par conduire la simulation des Audacieux. C'est Tris qui a réussi à me sortir de la simulation, m'appelant, en étant prête à se sacrifier pour me faire me réveiller. C'est l'amour pour elle, et celui qu'elle me porte également qui m'ont sauvé. Une fois réveillé, nous avons pu arrêter la simulation. Et empêcher un massacre d'altruiste, et de rendre nos frères audacieux meurtriers, coupables de ces crimes massifs.

+Pendant l'attaque, Tris a perdu ses parents. Elle a aussi tué un de ses compagnons d'entraînement, Will. Elle n'avait pas le choix, mais c'était évident que ce serait compliqué. Moi, j'avais toujours Marcus à ma jambe, sans moyen de m'en débarrasser. Mais c'était à se demander si c'était peut-être pas un moyen de recréer un lien père/fils. Ouais, non, en fait, c'était lui qui avait tout détruit, et rendu ce retour à la normale impossible.

+Nous avons pris le train. Sans savoir où nous allions. Enfin, si, il finit à la limite de la clôture. Chez les fraternels, là où s'arrête le train. A moins que nous ne sautions avant. Le seul endroit où nous pouvions trouver la paix, et la sécurité, semblait être dans les terres fraternelles.

+Nous avons tout perdu. Mais il nous reste encore une chose. Nous deux, ensemble.

+Les choses ne se sont pas passées comme prévu. Arrivés chez les fraternels, nous avons fini par séparer nos chemins quand l'information presque capitale m'a frappée en pleine poitrine. Evelynn, ma mère était toujours vivante. L'incompréhension et le manque de communication a eu fin de notre relation, et j'ai décidé de me rendre chez les sans-factions, pour essayer de comprendre mon passé, pour pouvoir avancer dans le présent.