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LE TEMPS D'UN RP

Le vent se lève et le monde nous appartient

Houmous
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HOUMOUS
Houmous
Jeu 25 Aoû - 21:54
Louis Oregen
J'ai 35 ans et je vis sur le Grand Coureur. Je suis né à Grois, France. Dans la vie, je suis maitre d'équipage, je vis pas trop mal. Sinon, grâce à ma sympathie pour mes hommes, je suis dans le doute et je le vis plutôt mal.


Louis finit son accord avec le gamin et lui souhaita promptement une bonne soirée pendant que les dernières notes du chant populaire étaient prononcées. En effet, tout partit en vrille rapidement quand Ferdinand, qui avait un penchant pour la provoc une fois aviné, beuglait un « Vive le Roy ! » dans le silence qui suivait le retour à la normale. Bien sûr, ça commençait à s’engueuler et s’écharper instantanément à partir de là. Il était malin le Ferdinand parce qu’une fois qu’il avait lâché ces mots en se retenant de rire, il laissait les royalistes et les indépendantistes se mettre ce qu’ils méritaient, à pleine main. Edouard n’en avait guigne. C’était son pain quotidien après tout… Et puis, à vrai dire, tant que des marins assoiffés poussaient les portes de sa taverne, tout allait bien dans sa vie. Le mobilier se remplaçait, surtout quand un maitre d’équipage avait passé la soirée dans le coin… Louis passa la fin de sa soirée à décaler des mâchoires parce que rien n’était tel que de la violence pour calmer de la violence. Ainsi allait les soirées avec l’équipage dans la majorité des cas.

Avec quelques bleus, il retourna trouver son plumard au sein du galion. Comme il avait un grade, il avait le plaisir d’avoir sa propre chambre dans les quartiers des officiers. Cela lui permettait d’être plus tranquille pour recevoir de la visite quand il était au port, mais aussi d’éviter d’être réveillé par les ronflements de ses saoulards, dans la cale de l’équipage. Il s’écroula dedans : la journée avait été longue et il était exténué d’avoir eu encore une fois tant de choses à gérer. Le capitaine avait la belle vie, à se faire dorloter par le bourgmestre pendant que ses gars géraient tout le reste. C’était chaque fois la même chose, finalement, dans les colonies comme en Europe. Il leur laissait tout le boulot et s’en mettait plein les fouilles.

Les jours s’enchainèrent rapidement à partir de là. Le capitaine n’avait cure de savoir quels gars se retrouvaient à bord et dans quelles circonstances. Tout ce qui l’intéressait était qu’ultimement, il arrivait à arracher à Louis de se porter garant des nouveaux qui arrivaient sur les planches et qu’ils ne piocheraient pas dans les marchandises. Naturellement, ce fut également le cas avec Sean et le nouveau charpentier de bord. Comme toujours, une part de leur solde leur était donnée à l’enrôlement, avant même d’avoir quitté le port. Il y avait la signature de quelques contrats qui devaient protéger « le gentilhomme Jacques de Cassigny » de « vils resquilleurs ». Et puis c’en était rapidement tout des démarches administratives : ils faisaient officiellement partie de l’équipage.

Avec ces réjouissances venait également le moment de l’instruction. Louis s’en chargeait également avec l’aide de quelques-uns des gars qui avaient le plus de bouteille… ou que la bouteille avait le plus, c’était selon les jours. Le passage au port était de courte durée et devait être l’occasion de leur apprendre tout ce qu’ils avaient à savoir sur le navire. C’était certainement trop bref pour qu’ils soient complètement prêts et plus encore s’il fallait qu’ils soient parés à tout. Il faudrait compter sur des conditions clémentes en mer les premiers jours pour éviter de les y perdre. En particulier, la situation était compliquée pour Sean qui, non content de comprendre mal la langue, n’avait jamais été mousse par le passé. Pour l’autre nouveau, un gros bucheron bourru qui était du coin de Nantes, la tâche était plus aisée. Louis décida donc de concentrer ses efforts dans les premiers temps sur le gamin pour qu’il sache quoi faire dans les grandes lignes. Avec sa stature fine et athlétique, il serait tout indiqué pour travailler dans les gréements. Il prit le temps, aussi, de le présenter à d’autres acrobates qui participeraient au même job que lui. Il fallait déjà lui apprendre les termes les plus élémentaires de la navigation, qu’il comprenne de quoi il était question dans les ordres qui lui seraient beuglés. Après cela et étant donné qu’il n’avait pas encore le pied marin, il fallait aussi lui montrer comment tout fonctionnait sur les organes du navire.

Sur le départ, Louis devait avouer avoir un avis mitigé sur le nouveau mousse et interprète. Il était vrai que le gamin était bien agile et savait faire preuve d’une bonne concentration mais la barrière de la langue restait un sacré obstacle à franchir. De toutes manières, se rassurait-il, il était trop tard pour recruter quelqu’un d’autre et espérer que la position soit remplie à temps. Les amarres furent larguées et voiles bougrement bordées. L’aventure de leur voyage vers les Amériques pouvait commencer désormais !



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Lun 14 Nov - 5:14
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Olivier «Oli»

J'ai 16 ans et je vis sur le Grand Coureur. Je suis né à Brest, France. Dans la vie, je suis orphelin et je m'en sors comme je peux, mousse de jour et de nuit, caressant le rêve de devenir officier comme l'était mon père. Sinon, en raison de mon espièglerie et de ma malice, ma présence est souvent remarquée et appréciée partout où je vais et je le vis plutôt bien.

Joyeux, innocent et sans coeur. Il s'adonne parfois à des vols à l'étalage. Question de survie. Question d'exister.




Crédit image : No clue. Mais fanart de Thomas Brodie certain.

Le départ pour les Amériques est enfin arrivé. Voilà dix jours que nous avons quitté le port d’Arsenal de Brest et que nous voguons vers l'Ouest. Quelques trouillards craignent la traversée, notamment en raison des corsaires et de ces histoires de pirates, mais moi, je suis confiant de ce que l’avenir nous réserve et aucun navire des Septs mers ne peut se mesurer au Grand Coureur ni se comparer à sa robustesse ! De plus, le vaisseau est bourré de poudre, mousquets et pistolets à rouet en tout genre. Il faudrait vraiment être malchanceux pour décider de s’attaquer à notre vaisseau avec une artillerie pareille à porter de main. Je suis même assez surpris qu’avec les tensions à bord, notre capitaine de Cassigny parviennent à dormir sur ses deux oreilles la nuit. En trois ans, c’est la première fois que l’on navigue avec une telle cargaison. Cela ne peut vouloir dire qu’une seule chose; les positions françaises dans les colonies sont menacées par ces saloperies de Homards. Et j’en suis d’autant plus excité à l’idée que de pouvoir enfin participer à d’éventuelles saillies !!

Ainsi donc, faisons-nous cap vers les Antilles. Saint-Domingue puis Sainte-Lucie dont est destinée l’importante cargaison d’armes que renferment nos cales. Et des dires de Louis, nous avons été mandatés par la couronne d’y livrer l’artillerie puis d’y assurer le retour d’une cargaison de tabac au pays. Ça, c’est pour ce qui est de la partie moins trépidante de notre voyage. Le vent en poupe, les conditions de navigation sont favorables et depuis mon poste avancé, je ne vois aucun Anglois à l’horizon. Enfin, tout dépend du point de vue bien sûr. Baissant les yeux sur le pont qui grouillent de petits hommes affairés en tous sens et côtés, la tête orange de Sean m’est vite repérable. Les gars se démènent comme des beaux diables pour brider les écoutes afin de capturer ce bon vent qui demande bien quatre mains par cordage. À l’exception de Sean avec qui ont m’a mis de pair et dont j’ai préféré fausser compagnie. Depuis la vigie, la force des rafales se fait bien sentir. Pas étonnant qu’il se bat depuis plus d’une bonne minute à tenter de brider l’une des écoutes du mât qui semble s’être animé de vie et plier son corps à son gré. Mais la scène est beaucoup trop marrante pour l’interrompre. Je dois admettre qu’avec les conditions de vent actuelles, la tâche demanderait bien une paire de mains supplémentaire. Et Sean semble avoir lu dans mes pensées puisqu’il finit par lever la tête en ma direction le regard noir… Désolé tête d’écrevisse, va voir ailleurs si j’y suis!



Le dernier acte est sanglant


quelque belle que soit la comédie en tout le reste: on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais.
- B.P.

KoalaVolant
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Lun 14 Nov - 5:33
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Meg Seegar
alias
Sean Malloy

J'ai 23 ans et je vis là où le vent me mène. Je suis née à Dún Laoghaire, Irlande. Dans la vie, je suis travesti et matelot, je vis au jour le jour. Sinon, grâce à ma hardiesse, je suis en quête de liberté et je le vis plutôt bien.

Meg ne sait pas grand chose de son père, sinon qu’il était un ennemi de l’Angleterre. Quant à sa mère dont le fils ainé est tout récemment décédé du typhus, elle ne lui inspire que le mépris de voir en son visage et ses manières, les traits de son progéniteur répudié. Aux yeux de tous, elle n'a plus grande valeur, violé par un équipage voguant sous l'étendard de la reine. Elle a oublié leurs visages, mais pas celui de leur capitaine. Sans attaches, la jeune femme préfère prendre le large loin des côtes Irlandaises à bord d’un navire marchand. Travesti en son défunt frère, Sean Malloy, elle rêve d’une autre vie. Meg ne le sait pas encore, mais la rébellion, elle l’a dans le sang...



Chanson thème (Meg Malloy)

Crédit image : Jeleynai

Le vent me fait violence et je sens sur mon visage gicler les embruns de l’océan. J’ai la chair de mes paumes en feu et Oli, à qui cela doit bien faire rire perché sur les haubans, a eu le culot de déserter son poste au plein milieu d’une manœuvre dont la force seule d’une personne ne suffit pas. Ah oui ! Il s’avère que le plumard auquel j’ai eu affaire lors de mon premier jour en France était cet adolescent malingre qui, à bord, se fait appeler Oli. Je me suis retenue de l’étriper la première fois que j’ai reconnu l’énergumène parmi l’équipage. Il semble plutôt apprécié par les matelots, tandis que le moindre mot soufflé de mes lèvres m’attire un torrent d’hostilités si pas de crachats. Pourtant l’équipage semble tous bien s’entendre. J’ai donc vite déduit que je n’aurais pas d’autre choix que de m’adapter à leur langage et gagner leur confiance si je ne veux pas finir de l’autre côté de la rampe.
Je finis par brider ce foutu bout, mais non sans mal. Mes mains sont en sang. Je n’ai rien pour soulager mes plaies et l’eau de nos réserves, même si croupie et corrompue, est bien trop précieuse pour oser y plonger mes chairs meurtries. Je saisis l’instant pour humer ce vent impétueux, dont les bourrasques m’ont malmené et qui maintenant m’insuffle un sentiment nouveau. Une reconnexion avec une part de moi-même, une attache que je n’avais pas sur terre. Cette douleur en réalité salvatrice me rappelle ce qu’être en vie signifie. Et puis surtout, il n’y a rien de pire qu’une mer sans houle. Les derniers jours me l’ont bien prouvé, on devient vite désœuvrés. Sur mer, l’ennui est l’ennemi numéro un de l’esprit.


*

L’hygiène de tous ici s’est fait sentir comme un parfum nauséabond les premiers jours, mais depuis quelque temps il semble s’être dissipé. Je dois m’y être habitué. Ou ai-je peut-être fini moi-même par le porter ? Une couche à mon déguisement qui pourrait m’être bien utile pour dissuader certain de m’approcher d’un peu trop près. Ceci dit, ce n’est pas ce qui m’arrache à mes songes cette nuit ni les ronflements d’Albert mon voisin de couchage. Mais les cris et rires qui s’élèvent et qui vont et viennent sur le pont. Piqué de curiosité je m’extrais de mon hamac avec légèreté et retient une grimace lorsque ma main se pose sur l’une des poutres à proximité pour retrouver mon équilibre. Quelque peu ensommeillé, j’en avais oublié la fraîcheur de mes plaies de la veille. Sur le pont, quelques oiseaux de nuit semblent être demeurés debout et parmi lesquels je reconnais à la lueur de leurs lanternes Louis, le maître d’équipage dont je n’avais plus eu vent depuis quelque temps. Depuis notre départ pour les Amériques en réalité. J’évite de le croiser, lui, mais surtout son regard. Je n'ai pas manqué d’y lire ses doutes sur ma personne, vite transformés en regrets. Je m'efforce à la tâche, mais l'équipage ne me facilite pas les choses. Ainsi, j’opte pour ne pas me faire remarquer et retourner d'où je viens. L’un des leurs semble toutefois dénoter ma présence, et à mon grand déplaisir, m'interpelle en beuglant. Et bien sûr, il fallait que ce soit Edouard. Un prépubère d’apparence à la voix mièvre qui doit pourtant bien avoir mon âge. Et qui pour toutes les raisons du monde, semble avoir une dent de plus que les autres contre moi.
— Si c’est pas l’Anglois q’voila… » il semble avoir une idée derrière la tête puisque son regard semble soudain redoubler de malice que d’accoutumés. « Viens, approche. Ça t’parle les dés ? Ah !! Pardon ! J’avais oublié. Toi, jouer… dés ?
Inutile de lui préciser qu’après ces deux mois passés en sa compagnie, je capte chaque syllabe de son français faussement mal articulé tout comme ses phrases toutes formulées. Question de survie, et il le sait. J’en suis venue à comprendre leur langue, si pas le parler tout aussi bien. Quand l’intérêt de converser avec ma personne fait défaut, difficile de pouvoir la travailler. Je m’approche du petit groupe aussi silencieusement que je suis apparue et baisse les yeux sur leur jeu. Je n’ai jamais joué aux jeux de dés, mais pour y avoir assisté une multitude de fois à l’auberge familiale, je connais les règles. Sean, en revanche, était un sacré joueur à ses heures libres et ne perdait aucun jeu de hasard. Est-ce que je me risque à faire perdurer sa légende ? Il faut dire que j’entrevoie surtout à travers la main du destin, le moyen de me sauver des ronflements d’Albert. J’acquiesce de la tête pour répondre à l’abruti et prends place dans le cercle du petit groupe. Je préfère fuir Louis du regard en revanche. Je ne veux pas que dans celui-ci s’ajoute sa médisance parce que soi-disant les filles ne devraient pas se prêter à ce genre de… Ah, Meg qui tente de refaire surface ! Ça faisait longtemps. Aller, après tout les jeux de hasard, ce n’est qu’une question d’assurance et de bluff non ?
— Moi… gagner, prendre ton hamac. Si toi… I’ll give you my ration for the rest of the week.
Laissons un jeu de dés décider qui de mon estomac ou de mon sommeil l’emportera. J’ai confiance en ma chance de débutante.



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Houmous
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Dim 15 Jan - 19:03
Louis Oregen
J'ai 35 ans et je vis sur le Grand Coureur. Je suis né à Grois, France. Dans la vie, je suis maitre d'équipage, je vis pas trop mal. Sinon, grâce à ma sympathie pour mes hommes, je suis dans le doute et je le vis plutôt mal.
Les premiers jours en mer avaient été compliqué. Louis avait eu vent du travail avec la couronne avant le départ mais le fait que la cargaison soit composée uniquement d’armes lui avait échappé. C’était une terrible nouvelle à vrai dire, véritablement problématique. Rien ne lui assurait que des pirates n’aient vent du contenu de leur calle, et si cela avait lieu, ils seraient harcelés incessamment. Il décida également de garder le silence auprès de l’équipage. L’ambiance morose et tendue, notamment avec l’arrivée du nouveau mousse, pourrait mener aux pires situations. Il n’y avait nul besoin d’intéresser Edouard ou un autre moussaillon bas du front à des armes prêtes à l’emploi. Bien sûr, il se doutait que quelques-uns d’entre eux iraient jeter un coup d’œil sans qu’on les y invite comme il était impossible de surveiller la cargaison en permanence, mais rien n’obligeait à ne pas laisser planer le doute pour le moment.

 
Lorsque le capitaine de Cassigny l’invita à venir inspecter la marchandise, probablement avec une fierté mal placée de patriote trop lâche pour prendre les armes mais pas pour en profiter, il ne put refuser, une fois de plus. La cale était presque remplie de caisses pleines à craquer de poudre, de munitions et de mousquets. Tout cela était organisé au détriment des réserves d’eau et de nourriture. Songer aux colonies françaises comme anglaises rappelait facilement l’intérêt de procéder de la sorte vu les gains financiers qui pouvaient être attendus mais si le cuisinier commençait à faire les comptes, et Louis savait de Grégoire qu’il le ferait forcément à un moment ou un autre, il réaliserait facilement que le voyage ne pourrait pas prendre de retard. S’il y avait bien une chose qui pouvait pousser un équipage à la mutinerie, c’était la nourriture. Aussi, cette réalisation fit frémir Louis. Il mordit sur sa chique en insultant copieusement le capitaine sans que les mots quittent le seuil de ses lèvres. Ce soir-là, réalisant qu’il était assis sur une poudrière, au propre comme au figuré, le maitre d’équipage eut du mal à trouver le sommeil. Plutôt que de tourner encore et encore dans sa couchette étouffante en pariant sur le silence du cuistot, il décida de se lever pour profiter de l’air rafraichissant.
 
Quelques hommes profitaient de la soirée pour jouer leur maigre solde aux dés. Jouer sans enjeu ne devait pas faire l’affaire, soupira-t-il. Il vint se joindre à eux dès qu’ils le remarquèrent, souriant et affable comme il avait l’habitude de l’être. Il ne devait pas être le seul à ressentir le besoin de tromper l’ennui à cette heure tardive. Le rhum aidant, il se détendit et oublia un peu les jours passés de pétole qui leur coûteraient peut-être une sacrée faim plus tard dans la croisière. Et alors, ce fut au tour de Sean de se pointer. Trouver le sommeil semblât ne pas être à la portée de tous, malheureusement, mais pas pour les mêmes raisons. Le gamin était drôle à parier sa nourriture contre une chance de dormir plus confortablement. Louis aurait dû l’en empêcher pour lui éviter de risquer sa santé dans quelques jours mais, à vrai dire, tout avait fini par lui sortir de la tête. Il voulait se sortir cette tension de la tête, en réalité.
 
Les dés roulaient sur le plancher du pont à un rythme endiablé sous des regards plissés à la lueur des torches. La vigie devait tout regarder avec intérêt, assurément, car il l’entendit plusieurs fois haleter et demander les résultats d’une main ou d’une autre. Être de corvée de vigie était utile mais véritablement désagréable de nuit. On voyait beaucoup plus facilement arriver de loin les autres navires dans l’horizon, les lumières en signant le trajet. Mais dormir toute la nuit là-haut était difficile. C’était l’un des endroits les moins stables qu’on puisse imaginer et le stress de chuter empêcher de pleinement se reposer. Louis avait pitié de ce pauvre diable qui cherchait du réconfort dans la présence des autres matelots sans pouvoir s’y mêler.
 
Louis écoutait vaguement les mains qui se succédaient sans que Edouard puisse prendre le dessus sur Sean. En vérité, il profitait plutôt de la présence de Jacques Musard pour prendre le temps de fumer la pipe avec lui. Il n’avait pas eu le temps de le faire depuis longtemps mais Louis adorait écouter cet homme raconter les étranges légendes de sa région vosgienne. Peut-être était-ce parce qu’il avait l’habitude de passer sa vie entre les colonies et la Bretagne mais les réconfortantes montagnes de cet homme et de son enfance lui avaient toujours paru mystérieuses et exotiques. Entendre parler de démons et de monstres introuvables avait un effet positif sur son sommeil. Il se prenait parfois à croire que le fait de rêver avant de dormir rendait le mouvement plus logique et naturel. A vrai dire, c’était certainement ce que Louis était venu chercher sans même réellement s’en rendre compte.
 
Il n’eut pas le temps d’entendre la fin du témoignage rapporté d’une vieille lavandière de son village que Sean s’écria de joie pour fêter sa victoire. Comme on aurait pu s’y attendre, Edouard râla et invoqua une quelconque triche en insultant l’Angleterre de bon cœur. Mais à n’en pas douter, Sean avait gagné une part de son respect avec les risques qu’il avait pris. Dans un milieu d’hommes pareils, la confiance en soi et la rivalité était un rite de passage. A l’avenir, Louis ne serait pas réellement surpris de voir Edouard venir parler à Sean, probablement en ponctuant son propos de défis et de railleries. Certainement qu’il n’y avait pas à s’inquiéter du mousse étranger désormais car la validation d’un de ses pairs vaudrait au fur à mesure pour la majorité des autres. 


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J'ai 23 ans et je vis là où le vent me mène. Je suis née à Dún Laoghaire, Irlande. Dans la vie, je suis travesti et matelot, je vis au jour le jour. Sinon, grâce à ma hardiesse, je suis en quête de liberté et je le vis plutôt bien.

Meg ne sait pas grand chose de son père, sinon qu’il était un ennemi de l’Angleterre. Quant à sa mère dont le fils ainé est tout récemment décédé du typhus, elle ne lui inspire que le mépris de voir en son visage et ses manières, les traits de son progéniteur répudié. Aux yeux de tous, elle n'a plus grande valeur, violé par un équipage voguant sous l'étendard de la reine. Elle a oublié leurs visages, mais pas celui de leur capitaine. Sans attaches, la jeune femme préfère prendre le large loin des côtes Irlandaises à bord d’un navire marchand. Travesti en son défunt frère, Sean Malloy, elle rêve d’une autre vie. Meg ne le sait pas encore, mais la rébellion, elle l’a dans le sang...



Chanson thème (Meg Malloy)

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Les jours défilent, et sur l’infinité de cette mer placide, on se croirait seuls au monde. Quatre jours se sont écoulés ainsi sans que l’on ne puisse affirmer avec conviction que nous avançons réellement vers notre destination ou si nous ne dérivons pas plutôt jusqu'aux frontières du monde. Chacun s’occupe comme il le peut à bord. L’horizon n’ayant rien de nouveau à nous offrir que la veille, je décide distraitement de me nettoyer les ongles avec mon coutelas sans prévenir les regards qui se posent sur moi. Edouard et un autre gars de l’équipage s’étonnent de ce raffinement de délicatesse, la crasse quant à eux leur étant devenu une seconde peau. Se laver à l’eau de mer nous laisse desséchés, brûlés. La plupart d’entre nous préfèrent donc éviter le bain. Assis non loin les uns des autres, l’ennui est sujet à ouvrir les discussions et les fantasmes de certains.
— Tu feras quoi, toi, quand on arrivera sur terre ferme ?
— Femmes. » rétorque tout bonnement Yoan qui préfère peut-être garder sa salive pour s’hydrater la trachée. Edouard s'esclaffe d’un rire gras, ravi que leurs esprits se rejoignent.
— On est d’accord! Moi je mettrai le grappin sur une solide gaillarde, un peu comme Ginette tu vois ? Pendant une semaine, je resterais clouée au plumard et ne remettrais plus mon pantalon! » s’écrit fièrement l’énergumène sous l’approbation d’un hochement de tête de Yoan.
Et toi l’anglais, c’est quoi ton type de femmes ? Elles sont comment chez vous ? » Je me redresse un peu en m’efforçant de penser à la question avec un esprit aussi en faim que le sien.
— Des Ginettes à côté… » je mâche mes mots tâchant d’en dire juste assez pour qu’il ne me le redemande pas une deuxième fois et finit par me suffire d’un mouvement de main dédaignant la pauvre pauvre Ginette pour signifier qu’elle ne fait pas le poid.
Edouard arbore un sourire railleur.
— Tu vas me faire croire que vos Anglaises sont meilleures que nos Françaises ?
— Irlandaises. » que je le corrige.
Nous rions de bon cœur, une sorte de camaraderie s’est installée entre nous depuis la nuit où j’ai parié mes rations. Pourtant, malgré l’apparente tranquillité qui règne à bord, je sens une tension palpable parmi l’équipage. Levant le regard au ciel vers un éclaircit qui percent à travers les nuages, Edouard et moi, entre’apercevons le Capitaine dans ses quartiers épiant avec suffisance ses hommes avant de s’éloigner de la vitre. Edouard peste tout bas. On peut lire sur sa figure ce qu’il pense. En ces jours d’accalmie, nous n’avons pas vu une seule fois notre Capitaine de Cassigny sortir de ses appartements. Seul Louis allait et venait nerveusement sur le pont, prendre nouvelle de chacun d’entre nous. Certains murmurent que notre capitaine ne semble pas savoir où il nous emmène, que nous sommes peut-être perdus en pleine mer. D’autres, plus pessimistes, redoutent l’attaque de pirates. Mais le pire dans tout ça, c’est la vitesse à laquelle baissent nos vivres tandis que les jours, eux, semblent se rallonger. Tout cela n’augure rien de bon et je prie pour que la moindre bourrasque prenne aux voiles nous délivrer de cette atonie. Louis passe devant nous. J’abaisse mon tricorne sur mon front, à l’inverse, Edouard redresse le menton en sa direction avec tout l’affront de quelqu’un qui s'apprête à semer la bisbille.
— La tomate rationne notre pitance, le Grand Coureur erre sans capitaine à son bord et toi, Louis, tu es bien taiseux…



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Louis Oregen
J'ai 35 ans et je vis sur le Grand Coureur. Je suis né à Grois, France. Dans la vie, je suis maitre d'équipage, je vis pas trop mal. Sinon, grâce à ma sympathie pour mes hommes, je suis dans le doute et je le vis plutôt mal.
Louis marchait sur le pont pour prendre le temps d’inspecter les voiles et les écoutes. Les temps de faibles vents invitaient à la paresse mais la prévention était mère de sureté. Par gros temps, c’est ce genre d’initiatives qu’on venait souvent à regretter. Les hommes s’en occupaient, naturellement, mais souvent n’en parlaient pas. Voir l’usure d’un cordage ou d’un palan, c’était presque le pain quotidien sur les navires de la marine marchande alors il était évident qu’ils ne le mentionneraient pas à chaque fois, au risque de paraitre froussard. Il voulait aussi prendre la température au sein de l’équipage en passant. Comme il avait le temps, il parlait. C’était bien là tout ce qu’il pouvait faire, rassurer et promettre. Le capitaine aurait dû prendre ce rôle mais au sein du Grand Coureur, c’était Louis qui prenait la majorité des casquettes.

Lorsqu’Edouard tente de le railler et de tester son autorité, Louis s’approche de lui pour venir s’asseoir un instant et s’expliquer. Ce qu’il lui dira sera répété de partout de toutes manières alors autant prendre ce temps avant de se remettre à ses vérifications d’usage.

- Nous ne transportons pas beaucoup de vivres, mon bon Edouard, tu le sais bien, déclare-t-il tout de go, à mi-chemin entre l’affirmation et la question. Pour tirer le meilleur de cette traversée, ils ont placé sous notre garde une large cargaison qui ne laisse pas beaucoup de place pour les vivres. Je n’ai pas eu mon mot à dire alors je reste alerte pour être prêt à arriver le plus vite possible dès que les vents souffleront. Nous avons encore du chemin avant d’arriver à Sainte-Lucie après tout…

Le vieux loup de mer serre des dents. Il n’avait peut-être pas encore réalisé la situation pour ce qu’elle était : déplorable. Il vit les choses d’un autre œil. La tentation de la mutinerie se révélait tout doucement avec son cortège de complots et de coups bas. Inévitable. Louis savait très bien qu’il jouait sa vie sur la chance d’avoir du vent ou non qui se lèverait dans les jours à venir. On ne lui ferait pas de quartier, il avait accepté d’être le second à bord et on le tiendrait autant pour responsable que de Cassigny pour la famine et les morts à bord. Comme Edouard ne rétorqua rien et regardait un peu autour, Louis se contenta d’hocher de la tête avant de reprendre. Il risqua un regard vers Sean au passage, s’assurant qu’il mangeait suffisamment.

La journée s’allongea autant qu’elle le pouvait. Les marins se cachaient du soleil à l’ombre des voiles sans pour autant qu’elles ne se gonflent. L’équipage parlait, comme toujours, mais les sujets invoqués, Louis les savait. La trahison coulait et suintait sur chaque rambarde, de la proue à la poupe. Une traversée de l’Atlantique dans les meilleures conditions durait un peu plus de deux semaines. Avec le sort qui s’acharna pour eux, il en faudrait pratiquement deux fois plus. Ils n’auraient certainement pas assez d’eau pour tout le trajet sans même penser à la nourriture. Et si le cuisinier n’avait pas déjà commencé à en parler, il le ferait bientôt. Si mutinerie il y avait, ça serait durant la nuit qu’elle aurait lieu. Il fallait que le capitaine rassure les hommes. Louis n’avait pas cœur à leur mentir, à trahir leur confiance et la foi qu’ils plaçaient en lui, peut-être que le capitaine pourrait le faire et que le temps lui donnerait raison. Aussi, il entra rapidement après avoir frappé à la porte du capitaine.

- Capitaine, les hommes sont inquiets, déclara-t-il avant même d’être invité à parler. Avec le faible temps, ils parlent trop. Je pense qu’ils vont se rebeller, ajouta-t-il en retirant son chapeau pour le tenir contre lui.
- Merci mon petit mais c’est votre travail de les tenir dans le rang. Vous êtes venu me voir pour me dire votre incompétence ? Vous êtes venu m’avertir que, parce que vous êtes incapable de maintenir votre autorité, ils s’en prendront à moi ? l’attaqua-t-il sans le moindre respect, injustement.
- Capitaine, si les vents ne reprennent pas et que les vivres viennent à manquer, pas même Dieu ne pourra les tenir dans le rang, rétorqua-t-il sans tact. Et s’ils savent que les vivres vont manquer, ça sera comme s’il n’y en avait déjà plus.

Le capitaine s’énerva graduellement de la situation. Pris au piège, il ne pouvait se contenter de reprocher toute la situation à Louis. A vrai dire, il le pourrait mais cela ne changerait rien, la mutinerie arriverait en tous cas. Il comptait sur l’ensemble des officiers pour l’aider et instruit Louis d’aller les trouver un à un pour qu’ils viennent s’armer avant qu’il ne prononce un discours. Après cela, Louis devait s’assurer que tous les membres de l’équipage se présentent sur le pont pour l’écouter attentivement.

A la lueur des torches, l’ambiance s’était durcie. Le capitaine n’utilisait plus Louis pour les faux semblants et s’adressa simplement aux hommes pour leur dire le fond de sa pensée :
- Si je vous ai rassemblés ici, c’est pour vous apprendre que les choses vont changer à partir de maintenant ! J’ai appris que certains d’entre vous entendaient remettre en question ma capitainerie. Dans la marine française, ces actes sont punis de mort ! s’écria-t-il.

Louis l’écouta, exorbité. Il ne parvint pas à croire que cet idiot ait décidé de mettre le feu aux poudres.
Lobscure
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Ven 17 Nov - 19:07
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Meg Seegar
alias
Sean Malloy

J'ai 23 ans et je vis là où le vent me mène. Je suis née à Dún Laoghaire, Irlande. Dans la vie, je suis travesti et matelot, je vis au jour le jour. Sinon, grâce à ma hardiesse, je suis en quête de liberté et je le vis plutôt bien.

Meg ne sait pas grand chose de son père, sinon qu’il était un ennemi de l’Angleterre. Quant à sa mère dont le fils ainé est tout récemment décédé du typhus, elle ne lui inspire que le mépris de voir en son visage et ses manières, les traits de son progéniteur répudié. Aux yeux de tous, elle n'a plus grande valeur, violé par un équipage voguant sous l'étendard de la reine. Elle a oublié leurs visages, mais pas celui de leur capitaine. Sans attaches, la jeune femme préfère prendre le large loin des côtes Irlandaises à bord d’un navire marchand. Travesti en son défunt frère, Sean Malloy, elle rêve d’une autre vie. Meg ne le sait pas encore, mais la rébellion, elle l’a dans le sang...



Chanson thème (Meg Malloy)

Crédit image : Jeleynai

À ma grande surprise, notre bon maître d’équipage s’abaisse à notre hauteur pour nous rendre les quelques comptes que demandait provocateur Edouard. Je m’étonne qu’il accepte d’en laisser échapper tant, sachant pertinemment que ses paroles iront faire écho aux quatre coins de la flotte. Louis repart comme il était venu. Edouard, qui ne le lâche pas des yeux, me glisse tout bas :
— Tu vois, il ne prendra pas parti. C’est à nous de provoquer le changement. Ce soir. » qu’il lâche tout simplement.

***

La veille au soir, nous nous étions tous réunis dans notre bout de cale aux petites heures de la nuit, à l’exception de quelques marins que les instigateurs de tout ceci jugeaient trop peu de confiance. Si nous partagions tous, sans exception, ce désir de nous affranchir de l’autorité de notre Capitaine, nous savions quelques-uns d’entre nous incapables d’aller au devant des choses par crainte des représailles. Ceux-ci furent laissés à leurs songes. J'ai été surprise moi-même de m'y trouver là, arrachée de mon sommeil par Edouard pour m’impliquer dans ces histoires de complots dont je ne comprenais rien. Comment un renversement de pouvoir irait-il changer quoi que ce soit à l’absence de vent sur nos voiles et au manque d’eau et de nourriture qui se faisait sentir d’autant plus ? Je ne voyais que les conséquences de cette entreprise nous être favorables. Supprimer quelques bouches à nourrir dans le tumulte provoqué et ainsi éviter que l’on ne finisse par s’entrebouffer dans les jours à venir. À la lueur de leurs lanternes, j'ai alors découvert un nouveau visage à mes camarades d’infortune. Sérieux, implacables, et surtout menaçants, ils me jaugeaient pour savoir si Edouard ne s’était pas trompé sur mon compte. Bien que tentée d'aller tout révéler à Louis pour leur éviter de mourir en vain et ramené à la raison par celui-ci, j'ai décidé de me taire. Il me semblait percevoir une chance dans tout ceci à gagner ma place sans plus jamais devoir justifier mon écart de force avec mes pairs et tout ce que les complications de mon travestissement impliquaient. Aussi, j'ai préféré me laisser porter par les événements tels qu’ils s’offraient à moi plutôt que de lutter à contre-courant et risquer de m’y noyer.

***

Le soir tombe tranquillement, et une fébrilité ambiante gagne l’équipage tandis que nous regagnons nos quartiers. Certains d’entre nous sont déjà armés de quelques pistolets subtilisés à l’importante cargaison d'armes cachée dans les cales. Nous entretenons une discussion futile pour ne pas attirer les soupçons. Heureusement, car Louis ne tarde pas à faire son apparition et nous réclamer sur le pont, le Capitaine ayant une annonce importante à nous faire. Si tard dans la soirée ? Voila quelque chose que nous n’avions pas su anticiper.

Nous sommes accueilli par une démonstration de hiérarchie. Tous les officiers de la flotte réunis font mur entre l’équipage et le Capitaine de Cassigny qui nous fixe intensément, scrutant la moindre réaction sur nos visages. Edouard, à mes côtés, me lance un regard tendu et surtout entendu, comme pour me rappeler que nous sommes déjà engagés dans cette affaire et qu’il n’est pas question de reculer. Je frémis. Un mauvais pressentiment me parcours l’échine.
Le Capitaine, d'une voix grave, reprend la parole :
— Je ne suis pas sans savoir que certains d’entre vous ont eu l’audace de descendre aux cales et voler la cargaison qui s’y trouve. Ceux qui pensent à trahir leur Capitaine n'ont qu'une seule option : se rendre immédiatement. Ils subiront les conséquences et serviront d’exemple pour leur insubordination. » Le Capitaine fait signe à l’un de ses officiers tandis que les autres nous tiennent en joue. « Identifiez-les et faites-les venir devant moi. »
Chacun d’entre nous se crispent, se sachant armé jusqu'aux dents et pas en position de lancer l'offensive. Partant de la gauche pour y faire leur fouille, les officiers débusquent un à un les pistolets ou coutelas à la ceinture de nos camarades, qui se font violemment frapper au visage avant d’être amenés aux pieds du Capitaine. J’ai des sueurs froides, ne sachant quand se présentera le moment opportun avant que nous ne finissions tous par être passés au peigne fin, impuissants de quoi que ce soit. Edouard, se trouvant sur ma gauche, enflé de rage, semble décidé à devenir l’étincelle qu’il nous manquait pour passer à l’action. Il profite de l’attention portée sur l'un de nos camarades qui se fait violemment tabasser pour dégainer un pistolet à sa ceinture, avancer d’un pas vers l'avant et tirer hâtivement.
— Crève !
Le bruit de deux détonations résonne dans l'air pesant, étouffant les cris et les indignations qui avaient précédé. Edouard se trouvant devant moi ne me permet pas de voir la scène, mais de son geste, je crois recevoir des éclaboussures au visage qui me force à fermer les yeux par réflexe. Lorsque j’entrouvre mes paupières, Edouard n’est plus. Il gît sur les planches, les yeux déformés par une balle prise en pleine tête, son geste de rébellion scellé par une balle qui se voulait meurtrière. L'est-elle ? Je lève paniquée les yeux vers le Capitaine qui, toujours debout bien que blessé, se retire hâtivement dans ses quartiers escorté. Yoan, Albert, et d’autres se jettent aussitôt sur l’officier responsable de la mort d’un des leurs dans des cris bestiaux, tandis que le reste d'entre nous parte l'offensive. En quelques secondes seulement, le pont du navire devient le théâtre d'une confusion indescriptible.

Perdue dans la tourmente, je reste là dans la mêlée, pantelante et incertaine de ma place dans ce chaos grandissant. Mes yeux rivés avec horreur sur Edouard, je remarque qu'un voile rougeâtre recouvre mes yeux. Je comprends avoir du sang dans la sclère de mon oeil droit et je sens des bouts de cervelle me glisser sur la joue. Ce n’est que le cri perçant d’Oliver sur ma droite, qui manque de se faire égorger par un officier sur lequel il s’était élancé, largement plus grand que lui, que je sors de ma stupeur. Sans réfléchir, je me jette dans le dos de son agresseur et le plante de mon coutelas. Malgré l'assaut et son cris de douleur, mon assaillant se tourne pour me faire face, m'attrape par la gorge et me plaque violemment sur les planches. Il sort tranquillement mon coutelas enfoncé dans son flanc avec un hurlement de colère et le retourne contre moi. Heureusement, j'attrape de justesse son poignet. Je me bat contre la gravité du poids de son corps et la force de son bras qui tente de se frayer dangereusement un chemin jusqu'à mon cou. Mes membres tremblent tant se rapport de force inégale ne fait que ralentir le moment de ma sentence. Oliver tente un assaut désespéré dans le dos de l'officier qui me coince à califourchon et qui se solde par un violent coup de poing au visage du môme, le laissant assommé non loin de nous. J'hurle, horrifiée et ne voyant aucun moyen de me sortir de cette mauvaise posture.



Le dernier acte est sanglant


quelque belle que soit la comédie en tout le reste: on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais.
- B.P.

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