Le royaume de Phynélia, peu après le traité de paix de Kandun reliant les elfes de la forêt et les humains par une promesse instable et un mariage arrangé. L’Impératrice de Zimnonite est morte en brisant ces liens. Les membres du cercle des monstres ont regardé le monde s’effondrer depuis leur grand trône doré, et n’ont rien fait pour empêcher ça. Alors que la Sorcière de l’ancienne reine recouvre le monde de son crépuscule éternel et rassemble les rebelles pour s’approprier la couronne, les forces magiques de l’autre côté de la frontière se mettent en marche. Les faux-dieux regardent la guerre d’en haut et influencent le cours des choses, perturbant le destin lui-même.
Le tintement cristallin d’un verre qui se brise le tira de ses pensées. Ses yeux, jusqu’alors perdus dans l’oppressant horizon orangé qu’était devenu leur quotidien, se baissèrent vers l’origine du bruit. La hauteur de la chaise sur laquelle il était assis avait suffit à ce que son verre à pied s’éclate en plusieurs milliers de morceaux. Son regard passa du sol, à ses mains. Pas étonnant qu’il ait laissé échapper sa boisson, elles s’étaient remises à trembler. Encore. Alors qu’il se concentrait à nouveau sur la flaque rouge bordeaux qui slalomait à grande vitesse entre les petits morceaux de verre, pour ralentir une fois qu’elle se séparait en petits ruisseaux indépendants, il laissa échapper un long soupir. Il allait sans doute devoir se lever pour aller chercher un autre verre. Sauf qu’il n’en avait plus la force. De longues minutes défilèrent ainsi sans qu’il ne s’en rende compte. Il regardait le vin se frayer un chemin dans les rainures du parquet, avant d’être progressivement absorbé par le bois. Seul son souffle lourd et le tremblement incessant de ses mains auraient pu le réveiller. Mais son regard était désormais trop vide pour que quiconque puisse y faire quoi que ce soit. En le voyant ainsi, avachi sur sa chaise, les yeux vitreux et le teint crayeux, n’importe qui aurait pu penser qu’il avait passé l’arme à gauche. Mais il était bien vivant. Un sort peut-être pire que la mort, à ce stade. Cependant, mettre fin à ses jours, même si l’idée était foutrement tentante, était bien trop coûteuse en énergie. Et le fait même de revoir ce ciel orangé en permanence, de voir les lueurs chaudes du crépuscule éternel rentrer par les carreaux des fenêtres ou se faufiler entre les trous des planches de volets, le vidait de ses forces. Il ne comprenait pas les autres qui passaient leur temps à courir. Grise, sa si fière Grise, était à présent bien pâle et frêle. Elle bondissait d’un groupe allié à l’autre, allait voir le Roi Cerf, retournait ici tout en subissant les menaces des rebelles et les lueurs infernales du dehors. Comme eux tous, elle avait bien changé depuis la catastrophe qui avait détruit leur quotidien tranquille. Hazel. Son vieux frère. Un sentiment qu’il ne connaissait que trop bien vint broyer son cœur de ses griffes d’acier alors que l’image de son plus fidèle chevalier apparaissait dans son esprit. Le regret. Mélangé à une cuillère de honte et une demi-tasse de tristesse. La mort de la reine, celle de certains de ses amis ainsi que la trahison de la Sorcière avaient fini par détruire ce qu’il restait de lui après qu’il ait été témoin du massacre du peuple de la forêt. Minutieusement planifié par sa Majesté depuis tant d’années. Alors qu’il s’était effondré sur lui-même après plusieurs semaines de lutte désespérée, Hazel avait dû tenir bon pour deux. Alors qu’il aurait dû guider personnellement le nouveau roi, Hazel avait dû faire ça à sa place également. Un éclat de conscience anima ses yeux morts et Jasam se pencha sur le côté pour vomir avec une rapidité qui lui laissa le souffle court. Il n’arrivait toujours pas à croire qu’il soit devenu la loque humaine qu’il était à présent. Le monde extérieur avait réussi à briser toutes ses défenses en si peu de temps… Le pauvre Chaël… Mais quel monstre il était ! Comment avait-il pu laisser un gamin affronter l’inconnu à sa place ?! Des larmes silencieuses se mirent à couler sur ses joues blafardes. Il savait que les sanglots épuiseraient trop son corps alors il se contenta de sentir sa gorge se serrer jusqu’au point où respirer devenait presque impossible. Ses yeux se perdirent à nouveau dans la pièce lugubre et sans lumière dans laquelle il s’était enfermé et sa gorge se décontracta aussitôt. Une fois de plus, il était profondément tombé dans ses pensées sans même s’en rendre compte. Il avait abandonné son titre de roi, celui que sa perfide mère avait lutté pour lui donner, pour le laisser à son rêveur de demi-frère. Heureusement qu’Hazel était là pour guider cette petite chose car il en était bien incapable. La guerre déclenchée par l’ambition démesurée de sa Majesté avait séparé le monde en quatre groupes. Il y avait leur groupe, constitué de l’alliance de deux rois : Chaël et le Roi Cerf du peuple de la forêt. Leur unique but était la paix. Jasam se souvenait qu’il avait ricané quand le si naïf Chaël le lui avait annoncé comme ça. Du point du vue du Roi Cerf, c’était une paix un peu plus sanglante qui se profilait à l’horizon. Si les pourparlers avec les groupes rebelles ne marchaient pas, il avait promis de tous les tuer jusqu’au dernier. Ce qu’ils voulaient tous les deux était restaurer l’Empire à l’Est de la frontière et réunifier le peuple humain pour pouvoir envisager un pardon mutuel. Mais avec l’ampleur de la guerre civile… une paix mondiale sans bain de sang semblait être une belle utopie. Le deuxième plus important était la caste rebelle menée par Lanalia. La Sorcière en personne qui avait lancé le sort crépusculaire. Pourquoi ? Sûrement pour le détruire lui, uniquement lui. Jasam se rappelait lui avoir tenu tête. Il avait oublié pourquoi. Mais il était persuadé que tout ça, elle l’avait fait pour lui faire du mal ! Elle le terrifiait tous les jours, elle et son ciel orangé qui lui brûlait les yeux, la seule lumière qu’il lui était donné de voir. Il n’en pouvait réellement plus… Et souhaiter ardemment que tout s’arrête pour que ce soit fini ne marchait apparemment pas… Lanalia voulait prendre le trône. Étant persuadée qu’elle était la digne héritière de sa reine et qu’elle ne pouvait sûrement pas laisser l’Empire aux mains des monstres de la forêt, elle avait rassemblé ses troupes dès lors que Jasam était monté sur le trône. Puis elle s’était mise à les attaquer une fois qu’il était devenu trop faible pour supporter le ciel qu’elle lui imposait. Il se méprisait tous les jours depuis, et encore plus lorsqu’il frissonnait de terreur en regardant les nuages bigarades. Il y avait ensuite la Kophrax. D’après ce qu’il avait compris, ils étaient en réalité plus que de simples pantins contrôlés par la reine. Surprenant… mais vrai. Une bonne moitié s’était évaporée dans la nature, préférant leur survie à ces intérêts et ces jeux de pouvoirs qui n’étaient pas les leurs et qui les dépassaient largement. Mais l’autre partie tenait tête au Roi Cerf. Ils ne supportaient pas tout ce qui ne s’expliquait pas, comme les pouvoirs étranges des elfes par exemple. Tout ce qu’ils souhaitaient, c’était que tout redevienne comme avant et qu’ils puissent garder leur place de terreur du peuple. Qu’ils puissent suivre la volonté de la reine et éradiquer tout ce qui était anormal, contrairement à la Sorcière qui voulait juste reprendre le contrôle des choses. Jasam les comprenait. Que tout redevienne comme avant, où chaque chose était à sa place, où haïr les elfes n’était pas considéré comme du racisme, où il était le fier leader de la chevalerie imperiale, c’était tout ce qu’il souhaitait. Cette réalité là, où il passait ses journées avachi à la fenêtre à guetter le moment où le sort crépusculaire de Lanalia viendrait enfin lui ôter la vie, était de moins en moins supportable. Et enfin, il y avait les survivants. En général, ils s’alliaient aux rebelles. Mais tout ce qu’ils faisaient n’était que subir les dégâts de la guerre. C’était triste, terriblement triste. Dire que cette sanglante opposition avait éliminé plus de 40% de la population. Et tout ça en presque une seule année. Combien d’entre eux resterait-il dans un an de plus ?! Ses mains se remirent à trembler, mais avec plus d’intensité, alors que son pauvre cœur captif de sa cage thoracique pulsait comme un demeuré, prêt à s’en échapper. Les épisodes de panique étaient de plus en plus fréquents… S’il mangeait correctement, il aurait pu vomir une deuxième fois tant l’angoisse qui l’assaillait était puissante. Mais le fait était qu’il n’avait rien avalé depuis presque deux jours. Son estomac se contracta douloureusement… mais ce fut tout. Même s’il ne servait plus à rien et qu’il était trop lâche pour se tuer, Hazel venait le voir tous les soirs. Enfin, il supposait que c’était le soir. Car personne n’avait plus aucun repère. Le sort crépusculaire était la chose la plus effrayante qu’il n’ait jamais connu. Il n’y avait plus de nuit, plus de journée, juste un soir sans fin. Plus de cycles de sommeil, plus assez de soleil pour lui donner la positivité dont il avait cruellement besoin pour ne serait-ce que lutter toujours un peu plus pour remplir encore une fois ses poumons d’air. La porte s’ouvrit avec un léger grincement, parfaitement audible tant sa pièce sombre était silencieuse. Des pas s’approchèrent jusqu’à sa chaise, sans que l’ex prince ne réagisse pour autant, se languissant dans sa réalité monotone. La main qui se posa sur son épaule osseuse était chaude et accueillante mais Jasam ne l’apprécia pas pour autant car il savait ce qu’elle signifiait. Avec un grognement d’effort, Hazel l’attrapa sous les épaules et le traîna jusqu’à son lit. C’était toujours là qu’il le posait, avant de partir en général sans un mot. Il avait cessé de parler il y a bien longtemps, quand il avait compris qu’exprimer ce qu’il ressentait avec de simples mots était bien trop complexe. Sauf que parfois, Hazel l’ammenait dans la salle de bains. Ça ne se produisait pas souvent, mais en tant qu’ami qui devait sûrement s’inquiéter pour lui, il se sentait obligé de le laver un peu de temps en temps. Jasam détestait ces moments-là. Parce que l’eau froide était douloureuse. Et plus personne à part eux n’habitait dans les ruines du palais pour lui faire chauffer un bain. L’ex prince s’agita faiblement dans l’étreinte d’Hazel, gigotant comme un asticot malade. - Tu pues la mort, essaya de lui expliquer calmement le chevalier tout en le dévêtissant des vêtements crades qui le recouvraient. Jasam secoua la tête, consentant à dépenser le peu d’énergie en sa possession à lutter en vain contre ce qui était une montagne de muscles d’après son point de vue d’actuelle crevette. Si, si, soupira le chevalier d’un ton las. Tu vas finir par te tuer avec ta propre odeur, crois moi. Le bain fut une expérience des plus pénibles. Après l’avoir récuré et ramené dans son lit, Hazel avait essayé d’allumer la lumière mais le déchet qu’il était à présent s’était recroquevillé sous la couette, luttant pour serrer les yeux le plus fort possible. La seule lumière qu’il pouvait à présent regarder dans les yeux était celle du ciel de Lanalia. En admirer une autre serait trahison, il en était persuadé. Ses pensées autour de la Sorcière étaient terriblement confuses. Alors qu’elle le terrifiait, elle l’envoûtait en même temps. Lana était une de ces fleurs mortelles qu’il ne faut pas approcher de trop près. Et lui, il était prisonnier de son charme angoissant. Son départ et ses actes terribles lui avaient fait un grand trou dans le cœur. Mais contrairement à tous les autres, Jasam restait bloqué sur le passé, ressassant et revivant en boucle les mêmes éléments, incapable d’avancer. Il revoyait les cadavres d’elfes pendant aux arbres par leurs entrailles, le sort du Roi Cerf brûler la reine vivante, Lanalia lui cracher au visage les mots les plus blessants qu’il n’ait jamais entendu, le ciel se couvrir de ces terribles lueurs orangées, dernier cadeau avant qu’elle ne parte, son ami Darrell rejoindre le monde des morts à cause de la Sorcière, et enfin les spectres attraper violemment Grise qui allait en repérage dans les sous sols du palais. Elle ne s’en était jamais remise. Et ce n’est qu’après ces quelques petites heures de torture mentale supplémentaires qu’il parvenait enfin à sombrer dans un sommeil tourmenté par des cauchemars plus ignobles les uns que les autres.
L’empire s’était écroulé comme un vulgaire tas de merde ! Ça faisait déjà plusieurs mois, mais c’était la chose la plus merveilleuse qu’elle ait vu de toute sa vie ! Et la guerre civile qui avait éclaté dans tout le royaume rendait les choses encore plus intéressantes ! Le Roi Cerf avait brûlé la reine vivante et son seul regret dans tout ça était de ne pas avoir vu cette pute crever de ses yeux. Un rire sadique s’échappa de sa gorge alors qu’elle déployait ses ailes et ses bras sous les merveilleuses lueurs de ce crépuscule éternel que Lanalia avait eu la bonté de leur offrir. Un monde dans l’ombre pour l’éternité, ça sonnait bien. Et ça plaisait beaucoup aux gens comme elle. Son bourreau était mort mais Alyssa n’était pas libre pour autant. Autrefois ça l’aurait terriblement dérangé. Mais à présent qu’elle savait que la liberté avait un goût fade et amer, elle avait préféré se choisir un nouveau maître. Il se nommait Tifari. Elle avait demandé à Azrit de l’amener à lui et après avoir accepté ses services, il l’avait officiellement intégrée au Mathasherrat, l'organisation démoniaque qui s’occupait entre autres du projet Eclipse dont elle était le principal pion par l'intermédiaire du projet Symbiose. Elle le savait. Elle le savait pertinemment. Et c’était pour ça qu’elle avait forcé la main à Tifari pour qu’il la mette directement sous les ordres des généraux démons en échange de sa coopération. Certes… ils l’avaient ouvert en deux quelques fois pour comprendre pourquoi elle était aussi stérile qu’une terre désertique, mais il fallait dire que ça valait le coup. Travailler pour la plus haute sphère sociale du Mathasherrat lui avait apporté de nombreux avantages comme par exemple une ascension sociale fulgurante. Après plusieurs mois à obéir sans tergiverser, elle avait même eu le droit à sa propre division ! Ils ne volaient pas souvent ensemble et n’avaient accompli qu’une seule mission en solo, mais c’était déjà un excellent début. Elle en arrivait parfois à se demander comment les choses avaient pu changer aussi vite pour elle. Dès qu’elle avait appris que sa défunte reine allait massacrer un nombre incalculable de leurs nouveaux alliés… elle n’avait rien pu faire. Du moins, c’était ce dont elle se persuadait tous les soirs avant de s’endormir. Car sinon, elle n’aurait jamais tenu le choc jusqu’à aujourd’hui. Bien sûr qu’elle était coupable. Elle était inintentionnellement complice de la plus grande tuerie de leur ère. Mais elle évitait de trop y penser. Évidemment, la reine avait récupéré sa fille de justesse, mariée au prince elfe. A son prince elfe. Juste pour gagner leur confiance après la signature du traité de Kandun. Et Alyssa avait cru que ça suffirait à son prince pour qu’il jette toute sa haine sur la princesse Lysa. Mais non. Après le meurtre violent de sa mère qui avait bien évidemment fait couler de jolies larmes rondes et brillantes sur ses petites joues blanches de pute, Ednaël avait promis de la protéger contre elle ne savait pas trop quoi, bla bla bla… Elle avait tout entendu à ce moment là et le fait même de savoir qu’il préférait une autre qu’elle l’avait rendue complètement folle de rage. Et Alyssa ne s’était jamais trouvée aussi proche de la symbiose : mues par un désir commun, les deux âmes qui habitaient le corps avaient failli fusionner. Sur le coup elle s’était retenue de faire quoi que ce soit. Ça avait été compliqué, mais elle avait réussi. Avec le temps, sa colère était devenue froide comme de l’acier qui perce la chair. Tellement froide qu’elle n’avait pensé qu’à ça. Elle en était devenue malade. Terriblement malade. Et mue par une fureur qu’elle avait eu de plus en plus de mal à contrôler. Alyssa s’en souvenait encore. Elle avait agi durant les premiers jours de neige. C’était un de ses jours de repos et elle en avait profité pour descendre rendre visite aux mortels. Ce jour-là, les flocons recouvraient les branches nues des arbres de la lisière de la forêt. Elle ne savait plus comment, ni pourquoi elle le savait, mais elle avait eu la certitude qu’il se trouvait là. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était que Lysa serait là aussi. Mais c’était tant mieux. Vraiment tant mieux. Elle s’était posée dans la neige. Ednaël s’était retournée vers elle, d’abord surpris, puis indéniablement heureux de la revoir après ces longues semaines d’absence. Mais elle, elle avait focalisé son attention sur Lysa. Elle aurait peut-être pu le regarder lui, car elle ne savait pas encore à ce moment-là qu’elle ne reverrait jamais plus son sourire. Il lui avait posé une question, dont elle ne se souvenait pas non plus. Car l’instant d’après, elle avait bondi sur la petite pute brune. Sa main griffue s’était resserrée autour de son fragile cou blanc sous le regard choqué de l’elfe. A cet instant là, le temps semblait s’être étiré en longueur et elle eut largement le temps de voir le regard désespéré de son prince ainsi que de sentir les battements de coeur affolé de la voleuse d’elfe avant que ses griffes ne percent la délicate barrière de sa peau. Elle était restée là, debout devant Ednaël effondré sur le sol, tenant Lysa du bout de sa main droite tandis qu’elle se vidait lentement de son sang en agitant vainement ses petites jambes dans le vide. Un véritable ver de terre ! Son agonie avait été terriblement longue et Alyssa avait sentit un tourbillon de plaisir ravager son corps durant toutes ces minutes passées en sa compagnie. Terrassé par le chagrin, Ednaël n’avait jamais été aussi beau et désirable. Il était, à cet instant précis, devenu un véritable soleil. Puis il avait fallu lâcher Lysa parce qu’elle était morte. Elle avait hésité à lui laisser le corps ou pas… mais finalement, elle avait laissé le cadavre désarticulé s’effondrer sur la couche de neige fumante de sang avant de s’approcher de son prince, qui se trouvait alors dans un merveilleux état de choc. Elle avait pris son menton dans sa main pour croiser son regard mouillé et hébété du sien, fiévreux, puis lui avait offert un sourire plein de canines pointues avant de lui assurer d’un ton qui ne trompait pas sur son état mental : “Tu m’aimeras encore plus maintenant, tu verras.” “Jamais…”, lui avait-il murmuré, effondré. Sur le coup, elle avait été surprise. Et même aujourd’hui elle ne comprenait pas. Elle les avait pourtant débarrassés du parasite qui rongeait leur relation, où était le mal ?? Et il n’avait rien fait pour l’empêcher de tuer le parasite en question. Qu’avait-il à lui reprocher alors, merde ?!! Elle avait longuement réfléchi à la question pour finalement en déduire qu’elle aurait peut-être dû égorger cette catin hors de son regard. Facile à dire. Moins facile à faire. Elle n’avait pas su se retenir sur le moment. Elle n’avait pourtant aucun regret. Vivre tous les jours comme si c’était le dernier, alors que pour elle le dernier jour n’arriverait jamais, c’était le pied. Depuis, elle n’avait plus aucune nouvelle de son prince et cela la contrariait fortement. Il commençait à lui manquer l’imbécile… Elle aurait bien aimé revoir la Muse également, ou alors recevoir une de ses lettres. Mais il ne savait pas écrire… et puis elle avait vu qu’il avait disparu en rentrant un jour au palais. Il n’avait laissé ni traces ni indices et s’était simplement volatilisé. Ça aussi ça la contrariait beaucoup. La seule chose un peu excitante qui pouvait à présent lui arriver était de tomber par hasard sur un affrontement entre les rebelles et la Kophrax et ses légendaires engueulades avec Conoleth, cette grosse connasse. Car à part les enseignements d’Azrit, ses journées étaient bien vides.
La Muse (24 ans mais seulement en apparence. Il a 6 ans dans sa tête)
Là où il se trouvait, il y avait des fleurs. Beaucoup de fleurs, de l'ombre, des arbres et des nuages. La Muse ne comprenait pas comment elle était arrivée ici. Ça avait été si… soudain ! Et d’un coup, l’ambiance oppressante et terrifiante du palais avait disparu pour laisser place à un champ coloré et parfumé ! C’était merveilleux, tellement merveilleux !! Plus de fantômes qui faisaient peur, plus de Jasam qui faisait peur, plus de Roi Cerf qui faisait peur. Par contre… le ciel était encore là. Il l’avait suivi jusqu’ici, ce n’était pas très gentil quand même… Mais c’était peut-être aussi de sa faute. Il ne lui avait pas dit de le laisser tranquille avant de partir... Il avait joué avec les papillons durant deux jours avant de commencer à avoir faim. Il avait erré dans les champs durant quelques heures avant de tomber sur un pommier isolé. Étant la seule source de nourriture à des kilomètres à la ronde, la Muse avait décidé d’en faire son QG. Il l’avait décoré avec des fleurs, des bouts de bois, et bien sûr, avec des pierres sur lesquelles il avait gravé des visages. Parfois, il trouvait aussi quelques champignons qu’il dégustait en riant, parce qu’il aimait beaucoup ça. Et de temps en temps, il pouvait voir des biches passer près de la petite maison qu’il s’était construite avec des bouts de bois. Les biches étaient magnifiques ! Mais la petite maison s’écroulait tout le temps alors à chaque fois, il était obligé de la refaire… Mais c’était bien le seul point noir qui venait ternir sa nouvelle vie.
Le Roi Cerf - Ednaël (immortels)
Il avait mis beaucoup de temps à s’en remettre. Parce que Lysa était morte. Il savait que ça devrait arriver un jour, mais il aurait préféré éviter ça… Parce que ça avait été terriblement violent. Parce que c’était Alyssa qui l’avait tuée sans savoir ce qu’elle faisait réellement. Et parce qu’on l’avait empêché d’agir. Les seuls souvenirs qu’il gardait de la scène étaient le cou tordu de sa femme, sa terreur et son désespoir, sa volontée bridée par celle de son père, le Roi Cerf, qui l’empêchait de bouger, et ces yeux rouges, qui le regardaient de haut, emplis d’une folie dévastatrice. Il connaissait Alyssa depuis quelques années déjà et avait appris à apprivoiser le Chasseur. Mais cette fois-ci, c’était différent. Il avait réellement eu très peur, alors qu’il était une des créatures les plus résistantes et les plus puissantes de cette terre. Même l’aura de danger séduisante qui l’entourait d’habitude avait changé. Alyssa n’était plus une tueuse, ni le monstre que les autres voyaient en elle. Elle n’était tout simplement… plus. Juste une pauvre âme malmenée par ses pulsions, qui ne contrôlait plus ce qu’elle faisait ou ce qu’elle voulait. Elle était en train de pourrir de l’intérieur et une fois qu’il ne resterait plus une once de raison à l’intérieur, c’en serait fini. Le fait qu’un esprit puisse se dégrader aussi dangereusement, que ce n’étaient pas des histoires inventées juste pour faire peur, lui donnait la chair de poule. Quand il l’avait vu ce jour-là, pour la dernière fois, elle ne ressemblait à rien de ce qu’il avait jamais pu voir. Elle était animée d’une rage meurtrière, dévastatrice. Pour avoir connu quelqu’un qui perdait lui aussi complètement la tête, Ednaël pouvait parier qu’il ne restait plus beaucoup de temps à Alyssa. Dans une année tout au plus elle aurait complètement succombé à la folie et à présent, il en était sûr, le processus était irréversible. S’il avait remarqué le problème plus tôt, peut-être que… peut-être que ça se serait passé différemment. Peut-être que Lysa serait encore en vie car il aurait réussi à la cacher en lieu sûr. C’était certes à l’origine un mariage arrangé, mais il avait commencé à s’attacher à cette petite magicienne du mal. Ou alors peut-être qu’il aurait réussi à convaincre le Roi Cerf que tuer tous les descendants de la reine n’était pas la solution. Quand ils avaient retrouvé la ville elfique la plus proche de la frontière complètement ravagée par la rage et la haine de sa Majesté, leurs camarades découpés en plusieurs morceaux et mijotant dans leur soupe d’organes, la plupart accrochés aux arbres par leurs intestins, le Roi Cerf avait juré d’éliminer son sang. Il l’avait juré dans l’Ancien Langage. Quand le dernier mot du serment fut prononcé, Ednaël en avait eu un frisson terrible. Le serment avait filé dans les corps présents autour d’eux, les faisant frémir collectivement alors qu’ils n’auraient pas dû bouger. Il avait secoué les feuillages des arbres, fait remuer les racines des plantes et crier les oiseaux au plumage coloré. Le monde entier était au courant : si le sang de l'Imperatrice n’était pas répandu avant la fin de la guerre, c’était la vie du Roi Cerf qui était en jeu. Et Ednaël savait que son père les tuerait tous, tous jusqu’au dernier. Quand il avait voulu se jeter sur Alyssa pour lui faire lâcher la gorge de sa bien aimée, le Roi Cerf l’avait empêché de bouger. Il se sentait terriblement coupable de ne pas avoir su contrer ses pouvoirs. Sa prochaine cible était l’ancien prince du royaume humain. Le seul problème était qu’il était farouchement protégé par l’actuel roi. Lui, le Roi Cerf ne l’avait pas tué. Même si Lilith était sa belle mère, ils ne partageaient pas le même sang. Et puis, le roi Chaël était de leur côté. Un allié de taille face à ce monde chaotique. Ednaël avait mis plusieurs mois à se reconstruire, à trouver un sens à ce qu’il faisait, à se définir un but bien précis. Même si c’était son devoir, il n’aiderait pas le Roi Cerf à tuer le dernier descendant de la reine. Jasam n’avait jamais rien fait contre son peuple, il ne voyait pas pourquoi il lui ôterait la vie. Il n’aiderait pas non plus Alyssa si elle revenait. Elle était définitivement perdue à présent. Ça lui déchirait le cœur, mais c’était comme ça apparemment. C’était ce que le destin avait décidé pour elle et il ne pouvait rien contre ça. Il avait réfléchi de longues semaines avant de décider quel chemin emprunter. Et il comptait annihiler le sort crépusculaire qui les affaiblissait en les privant des flux d’énergie cosmique. Ses affaires étaient prêtes, sa monture aussi. Il partait dès demain à Nidavellir pour tenter de comprendre ce que la Sorcière humaine avait fait à leur ciel.
Thalys (22 ans) - Coyapi - Nagdaith (26 ans)
Dès que la nouvelle était parvenue aux oreilles du peuple, des ricanements heureux s’étaient fait entendre. “Bien fait pour eux”, devaient-ils penser. L'avant-poste elfique le plus proche avait été massacré. Bien fait pour eux, en effet. Cependant, Thalys avait vite remarqué que seuls les imbéciles faisaient du bruit. Ceux qui avaient de l’influence se contentaient d’afficher silencieusement ce petit rictus narquois parfaitement insupportable. Alors que le reste de la population, la plus grande majorité du peuple, murmurait, inquiète. Un massacre ne pouvait apporter que la guerre. Et la guerre était terrible : elle privait leur table de nourriture, leurs champs de céréales et leurs étables de bêtes. Oh que oui. Quand la guerre toquait à leur porte, elle prenait tout. Elle avait pris à Thalys aussi. Elle lui avait volé ses illusions. Un bien moindre mal comparé à ce qu’elle lui avait offert, cependant. Une nouvelle destination et un autre but. Il ne savait pas s’il lui en était reconnaissant, mais en tout cas, après quelques mois il commençait à apprécier sa nouvelle vie. Quand la reine tomba, une immense guerre civile ravagea le royaume. Il ne savait pas si c’était à cause des elfes qui avaient officiellement rejoint le grand jeu du pouvoir ou alors si c’était la nouvelle couronne qui n’arrivait pas à se faire entendre, mais l’empire allait mal. Et alors que tout le monde pensait que ça ne pouvait pas être pire, un beau jour, le soleil ne s’était pas couché. Et depuis presque un an, ils vivaient tous sous un crépuscule éternel, ciel chargé de lourdes menaces. Avant que l’impératrice ne disparaisse, il avait intégré l’ordre des chevaliers bleus, ceux qui occupaient la garnison de la grande ville la plus proche de son village. Thalys les connaissait bien car c’était sa famille qui fournissait une partie de leurs chevaux depuis déjà de nombreuses années. Avec le temps, il avait fini par décider que tout ce qu’il voudrait quand il aurait l’âge requis, c'était de devenir un preux chevalier et de rejoindre l’ordre. C’est comme ça qu’il était devenu une sorte de mascotte. Et en attendant d’avoir ses 22 ans, il n’avait pas cessé une seule seconde de penser à son objectif. Il était allé regarder un bon nombre de leurs séances d’entraînement, à terre ou à cheval tout en s’occupant en parallèle de la bête sur laquelle il avait parié. Un bel étalon gris pommelé. Coyapi avait grandi à présent, et c’était un cheval magnifique. Plus taillé pour la vitesse que pour le combat, mais les chevaliers bleus lui avaient assuré que ce n’était pas parce que Coyapi n’était pas un colosse qu’il ne valait rien. Avec les années, il était passé maître dans l’art de chevaucher sa monture tout en combattant des ennemis imaginaires. Et enfin, le jour de ses 22 ans, il était allé voir l’ordre, fièrement assis sur le dos de son étalon gris. Les courtes semaines qu’il avait passées en leur compagnie étaient sans aucun doute les plus merveilleuses de toute sa vie. Il était certes le plus jeune d’entre eux, mais il s’était rapidement fait plein d’amis, de véritables compagnons d’armes qu’il croyait justes, fidèles jusqu’à leur mort. Eh bien. Quelle désillusion. Quand il n’y avait plus eu assez de nourriture pour tout le monde, l’ordre, qui avait à l’origine instauré un partage équitable des biens, avait commencé à en garder un peu plus pour eux. Puis encore un peu plus. Et encore, encore et encore. Toujours plus. Après que ça ait été découvert, ils avaient prôné que ceux qui défendaient la ville et les villages aux alentours des ennemis des rebelles méritaient plus de rations que ceux qui se terraient dans leurs maisons pour s’abriter du crépuscule effrayant. Thalys avait été choqué. Choqué d’apprendre ce que le symbole du bien était en train de faire. Mais à l’époque, il aurait été prêt à fermer les yeux et à utiliser tous ces vivres pour permettre de mettre au plus vite un terme à tout ça. Pauvre et naïf petit Thalys. Ce n’est qu’au moment où l’ordre avait décidé de voler et d’humilier sa famille qu’il s’était rendu compte que les hommes n’étaient pas naturellement bons. Et comme eux, lui aussi avait fini par céder à sa rage et à ses peurs. Mu par une fureur sans pareille, il avait fait exploser leurs réserves. Et comme il ne pouvait pas les laisser se venger à nouveau sur ses proches, il s'était fait passer pour mort. Une décision stupide. Mais il n’avait pas eu le loisir de réfléchir à ses actes sur le moment. Après ça, il s’était empressé de partir se réfugier dans une autre ville, bien trop éloignée de celle où il était né pour que quiconque ne le retrouve jamais. Oh, il ne pouvait pas dire que ça s’était bien passé pour lui au départ, il avait connu quelques premières semaines difficiles. Mais il avait fini par tomber sur elle. Une puissante sorcière qui déplorait la guerre autant que lui. Elle ne faisait pas partie du groupe rebelle, comme les chevaliers bleus. Elle faisait partie de son propre groupe : ceux qui observent, attendent, puis agissent lorsque le moment est venu. Il ne savait plus exactement ce qu’il s’était passé, si c’était elle qui l’avait embobiné ou si c’était lui qui l’avait suivie jusqu’à ce qu’elle s’énerve et le tabasse contre le mur de sa maison, mais il avait fini par entrer à son service. Il était devenu le garde du corps d’une sorcière aux pouvoirs… impressionnants. Au début, il avait eu peur. La magie… était terrifiante. Du moins, c’était ce qu’on lui avait enfoncé dans le crâne depuis qu’il était enfant. Mais elle, elle avait réussi à lui prouver qu’elle pouvait aussi être belle, utile, efficace et agréable. A présent, cela faisait presque quatre mois qu’il avait trouvé une nouvelle maîtresse à servir. Il vivait dans une toute petite maison près de la grande ferme rénovée qu’elle habitait. Coyapi profitait des immenses écuries laissées à l’abandon depuis quelques années, mais que Thalys s’évertuait à retaper depuis quelques semaines. En réalité, il n’était garde du corps que lorsqu’elle recevait des gens étranges avec qui elle discutait de sujets… pour le moins obscurs. En dehors de ces moments-là, il faisait les courses, le ménage, la cuisine, réparait petit à petit l’immense domaine de sa maîtresse et quand il avait fini toutes ses corvées, il pouvait aller galoper avec Coyapi et s’entraîner avec son épée, ses dagues ou bien son arc. Nagdaith ne manquait jamais de rien. Et en échange de ses bons services, elle le nourrissait autant qu’il le souhaitait. Heureusement, il ne souhaitait jamais plus que ce qui suffisait. Même s’il avait été témoin de phénomènes étranges, vu des fantômes dans le grenier, découvert de petits ossements humains en creusant dans le potager, entendu des conversations dérangeantes et très peu morales, Thalys s’habituait bien à sa nouvelle vie. Le seul point qui le dérangeait cependant était que la sorcière lui avait promis qu’ils allaient changer les choses. Évidemment, le jeune chevalier avait été surexcité d’apprendre qu’on parlerait peut-être un jour de lui dans les livres d’histoire. Mais c’était le calme plat depuis plus de quatre mois. Il était déçu. Une fois, il lui avait demandé quand est-ce qu’ils agiraient mais elle lui avait sèchement rétorqué qu’il fallait toujours attendre le bon moment pour agir. Et que le moment n’était pas venu. Ses sautes d’humeur aussi, il avait appris à les gérer en silence. Mais il n’empêchait qu’il trouvait parfois le temps bien long et que, indéniablement, il se sentait bien inutile.
- Le duc de Nautilora vous demande de lui envoyer un magicien. Il a précisé qu’il pourrait envoyer cinquante guerriers en échange. C’est beaucoup, cinquante ! Voici sa lettre, elle vient d’arriver. Du haut de son 1m37, Sept trottina joyeusement jusqu’à Lanalia qui était plongée dans un vieux livre qui devait sûrement renfermer autant de poussière que de maladies rares vu sa tronche. Le contenu des pages était à moitié dévoré par les psoques et les rats et les sourcils roux froncés du Premier Maître rebelle attestaient de la difficulté de cette lecture. Sept posa la lettre sur le grand bureau en bois derrière lequel elle était assise et croisa docilement les mains derrière son dos en attendant un compliment, ou autre chose. Elle aimait bien les petits mots du Premier Maître qui la récompensait à chaque fois qu’elle faisait une course ou qu’elle rapportait une missive ou des informations. - Qui t’as autorisé à lire mon courrier ? La voix de Lanalia n’était pas spécialement froide, ni cassante. Elle était douceâtre et anormalement tranquille. Sept tressaillit et prit grand soin de garder sa petite bouche fermée. Cette fois-ci, elle ne recevrait pas de gentils mots. Cela arrivait de plus en plus souvent ces temps-ci. Si elle se fiait au comportement du Premier Maître envers elle, Sept avait l’impression qu’elle ne faisait jamais ce qu’il fallait. Lanalia pensait sûrement qu’elle faisait tout de travers, ou à moitié, et ça la blessait car en réalité, elle faisait du mieux qu’elle pouvait à chaque fois que le Premier Maître lui confiait une mission. Les yeux résoluments baissés vers le sol, la petite Sept semblait tout à coup terriblement captivée par le parquet sombre, presque noir, du bureau de Lanalia. La pièce était plutôt sombre malgré ses murs gris clair et ses petites boules d’énergie orangées qui volaient partout et qui diffusaient une lumière inquiétante dans la pièce. C’était le même orange que celui du soleil. Une couleur à la fois hypnotisante et oppressante. Quand Sept levait les yeux vers le crépuscule, elle ressentait toujours de l’admiration mêlée à une pointe de terreur et à beaucoup, beaucoup de respect. Le Premier Maître était si puissant… Sept lui avait demandé si un jour elle pourrait faire pareil, mais Lanalia lui avait froidement répliqué qu’elle n’avait rien de spécial. Sept avait été terriblement déçue et depuis lors, elle maudissait sa banalité affligeante, comme le Premier Maître l’avait appelé. Lanalia lui avait également dit que si elle travaillait pour elle, elle s’arrangerait pour donner un semblant de sens à son existence inutile et désolante. L’enfant n’avait pas très bien compris sur le coup mais du temps de la reine, l’Empire lui avait pris ses parents, ses tantes et sa maison, alors elle avait suivi le Premier Maître et le reste de sa troupe, juste après que le ciel se soit couvert. A présent, cela faisait presque une année entière que Sept travaillait durement pour la grande sorcière. Un an, ce n’était sûrement pas assez pour commencer à se sentir un peu spéciale, mais elle ne doutait pas que ça arriverait un jour. En réalité, elle ne travaillait pas que pour Lanalia. Elle aidait aussi beaucoup Douze et Magdalène. Douze faisait partie du coven auquel appartenait sa vieille tante. Elle ne se souvenait plus du nom… Mais elle savait que ses parents s’y rendaient également de temps en temps. Après qu’ils soient morts brûlés sur la grande place de son petit village, Douze s’était occupée d’elle quelques temps mais même si elle avait à l’époque passé quelques semaines avec lui, il restait un étranger. Un étranger auquel elle était reconnaissante, car sans lui, elle n’aurait jamais croisé le chemin du Premier Maître. Et elle aurait vécu une vie d’une banalité affligeante, inutile et désolante. Magdalène ne parlait pas beaucoup de son passé. Mais elle était gentille avec elle et lui brossait les cheveux avant qu’elle aille se coucher. Si elle avait bien compris, elle s’occupait de représenter le Premier Maître pendant que cette dernière étudiait dans le calme. Douze se chargeait plutôt des sous et des gens armés. Et il y avait Hinah. Elles ne se voyaient pas beaucoup, et puis Sept préférait éviter de la croiser… - Pardonnez-moi, murmura Sept, les yeux toujours baissés. Mais je pensais que… - Tu penses mal petite, la coupa Lanalia en levant enfin les yeux sur la lettre. Pour ta gouverne, cinquante guerriers ce n’est rien du tout. Le duc Dôl’Léän ne sait pas négocier, c’est lamentable. Son ton cassant ne trompait personne : elle était sacrément énervée. Ce salopard se fout bien de nous... Cette fois-ci, la sorcière ne se parlait qu’à elle-même. Depuis qu’elle avait monté une partie de la population contre la couronne, elle en recevait un tas de lettres comme celles-ci. La plupart étaient des offres d’alliance qu’elle acceptait avec joie. Le plus important pour elle était de rallier un maximum de gens à sa cause. Et plus les rebelles seraient nombreux, plus ils auraient du pouvoir. Et elle pourrait enfin reprendre ce qui lui revenait de droit : le contrôle du royaume tout entier. Avec son tout nouveau titre d'impératrice, elle renverrait les elfes chez eux, la queue entre les jambes, puis saccagerait leur territoire avant d’en tirer les précieuses ressources que sa défunte reine s’acharnait à récupérer. Elle poursuivrait sa quête, même si elle devait en mourir. Depuis la mort de sa chère maîtresse, elle se sentait vide et terriblement seule. Léodari n’était même plus là pour lui tenir compagnie… Ces saloperies d'elfes l’avaient terrassé sans qu’elle n’ait pu faire quoi que ce soit. Et Darrell aussi les avait quitté. Mais ce n’était pas vraiment de sa faute, n’est-ce pas ? S’il n’avait pas voulu l’empêcher de lancer son sort crépusculaire, elle n’aurait pas été obligée de lui faire exploser la gorge… Elle avait retrouvé le corps de Léodari quelques jours plus tard, sans aucune blessure, mais il était mort quand même. Ce n’est qu’après ça qu’elle était réellement partie. De toute façon, plus rien ne la retenait au château. Elle en avait détruit une partie en appelant à elle son crépuscule. Grise, Chaël et Fjörn étaient partis pour la forêt, Alyssa avait disparu, et Jasam était resté bloqué sur la couleur du ciel durant des jours, sans prononcer un mot. Non, décidément, elle avait bien fait de partir. Au départ, elle avait cru qu’en récupérant Sept, elle retrouverait un semblant de paix. Mais sa nouvelle petite chose n’avait remplacé ni son ancien petit Lion, ni son pouvoir et son autorité perdus, ni sa place de choix dans l’ancienne société qu’elle s’était ensuite empressée de détruire. Quel dommage… Pourtant, elle voyait bien que la petite Sept lui était dévouée corps et âme. Mais parfois, c’était plus fort qu’elle. Elle ne pouvait pas s’empêcher de la trouver inutile et pitoyable, comme le reste de sa garde personnelle. Douze essayait de contourner ses ordres en permanence, Magdalène était trop souple envers la population et cette peste d’Hinah ne lui donnait jamais ce qu’elle voulait. A présent, Sept se mettait à lire ses lettres. Lanalia inspira un grand coup. Rien ne se passait comme prévu. Cela faisait déjà 12 mois que tout avait basculé et elle ne s’était pas rapprochée de son but autant qu’elle l’aurait voulu. Parfois, le désespoir était si accablant qu’elle ne sortait pas de sa chambre durant des jours. Mais Lanalia finissait toujours par en sortir la tête haute.
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Azylth
Ven 19 Nov - 13:40
Alyssa Wiston
J'ai 24 ans et je vis au Mathasherrat, royaume démoniaque. Avant, j’étais au service de ma reine. A présent, je suis libre et je m'en sors mal. Informations supplémentaires ici.
Je ne suis que ce qu’ils ont fait de moi. Un simple réceptacle, trop étroit pour deux consciences. Il me suffit d’un moment d'inattention, d’une seule petite distraction, pour que le monstre en moi prenne le contrôle de ce corps qui a cessé de m’appartenir au moment où il y a été introduit. Je suis remplie de colère et de haine, contre mes créateurs, contre ma reine, contre l’Univers entier. Mais pourtant, j’ai l’impression d’être terriblement impuissante.
Alyssa referma consciencieusement la porte derrière elle. Elle se trouvait dans la ville qui constituait l'avant-poste rebelle le plus proche de la capitale. Bien sûr que non qu’elle n’avait pas le droit d’être là, sans tuteur. Mais Azrit n’était jamais d’accord pour la laisser quitter le Mathasherrat, et elle commençait à s’ennuyer là-haut. Sur le chemin elle avait pu lire les avis de recherche placardés par les partisans de la Sorcière partout dans cette presque ville fantôme. Et vu leur état, cela devait faire un moment qu’ils s’y trouvaient. Il y avait le visage de Léodari, même s’ils avaient fini par le retrouver mort. Il y avait la sale tête de Chaël, Grise, celle d’Hazel et de Jasam. Eux, ils étaient avec la nouvelle couronne de Phynélia, le petit Chaël, actuellement réfugié de l’autre côté de la frontière, là où rien ne pourrait lui arriver. Ce gamin était précieux, tellement précieux. Et forcément, ils étaient tous les trois contre les rebelles en soutenant le jeune roi. Et puis il y avait elle, forcément. Même lorsqu’elles travaillaient ensemble pour la reine, elles ne s’étaient jamais aimées. Alyssa avait haït la Sorcière de toutes ses forces, tellement fort qu’elle avait cru en mourir. Et aujourd’hui, elle avait décidé de lui rendre visite. Ou du moins, aux rebelles. Parce qu’à présent que Lanalia s’était autoproclamée Premier Maître, elle devait sûrement être beaucoup trop occupée pour revoir d’anciennes connaissances comme elle. Quel titre pompeux… Ses yeux rubis parcoururent la pièce vide et sombre dans son ensemble avant de repérer une place de libre dans l’espèce de taverne reconstituée dans une presque ruine. Elle n’avait vu que ça depuis qu’elle était descendue ici. Des squelettes de maisons. Et des visages ternes. L’empire était dans un état lamentable et elle n’avait pas pu s’empêcher de sourire en le constatant. Cette monarchie qui lui avait tout pris était bel et bien morte. Elle eut à peine le temps de faire un premier pas vers la chaise libre qu’elle avait repéré qu’elle sentit la pointe d’une lame appuyer sur son dos, entre deux de ses côtes. Ses lèvres s’étirèrent à nouveau. Il fallait dire qu’elle avait attendu ce moment depuis qu’elle avait décidé de se débarrasser de sa capuche qui protégeait son visage pour se faire reconnaître plus facilement. - Dommage, on dirait bien que c’est fini pour toi, créature, souffla une voix à l’haleine chaude à son oreille. Non, malheureusement ça ne sera jamais fini pour elle. Mais il était tellement plaisant d’entendre les âmes insouciantes prononcer ce genre de mots, sûres et certaines qu'elles avaient raison. - Calme toi chouchou, répondit-elle au mur en face d'elle, le regard pétillant d'un amusement malsain. Tu vas te faire mal si tu continues. Pour toute réponse, la lame appuya plus fort sur ses vêtements noirs d'assassin et une main lourde se posa sur son épaule. Mais Alyssa ne perdit pas son sourire, contractant ses muscles, prête à briser la nuque de l'homme qui avait eu la malchance de tomber sur elle.
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Lostboy
Ven 26 Nov - 23:29
Mike~ aka le clown
J'ai 23 ans enfin je crois, Je viens d'Untown ou plutôt de ses alentours. Je suis un caméléon d'après les autres. Ma taille pouvant être modulée c'est assez pratique pour passer inaperçu. Mes yeux rouge en revanche font peur, Moi je les trouve cool. Mon "maquillage" n'en est pas un, ça ne part pas. Je suis enfin libre mais je vis très mal la solitude. Oh un papillon.. je devrais le suivre. Mike est un clown, il n'est pas humain ou du moins ne l'est plus, il est une expérience au début il s'appelait "E-628". Sans parler de sa sexualité, ses cheveux sont devenue arc en ciel durant l'expérience, son créateur cherchait à modifier la taille à volonté, il a finit par réussir puisque Mike peut à présent modifier sa taille à volonté (ou presque parce que ça lui demande pas mal d'énergie) ses yeux sont rouges parce qu'il a aussi gagné la capacité de modifier ses gènes. Les traces sur son visages, le maquillage est en fait propre à lui. Avant de trouver son prénom il a dû s'échapper du laboratoire, enfer dont il a un peu mit le feu en partant pour ne plus que d'autres souffres. Il s'est par la suite réfugié dans un petit village avec des autochtones qui lui ont donné ce nom (Mike étant un diminutif de Michel, venant de l'hébreu signifiant "comme dieu") par rapport à ses capacités d'adaptations tel un caméléon. Il est ensuite parti explorer le monde d'Untown où il est tombé sur Eli et E-mo.
Eli-Brook Plague aka Eli
J'ai 28 ans. Je viens d'Untown Sud, je vis dans une petite ville du nom de Blossom City. Je suis un sorcier enfin si on veut, je suis plutôt un mage, j'ai des capacités de contrôle des éléments comme le feu ou le vent. Je fais des potions et je peux guérir. Enfin bref vous voyez le genre. Pour faire court, Eli appartient à la classe des Mages, c'est un humain qui a hérité d'un gène dit mutant lui octroyant des "pouvoirs". Il a recueilli E-mo quand il était plus jeune, il avait déjà sa télé sur la tête.. Elle semble grandir avec lui. Tout ceci reste un mystère mais même si au début il ne comptait le garder avec lui, il a fini par s' attacher et en faire son apprenti. Il porte en permanence un costume, noir ou avec une pointe de couleur, du rouge ou du bordeaux, il a une panoplie de masque impressionnante, pas qu'il n'aime pas son visage, au contraire même. S'il le cache, le dissimule c'est pour garder une part d'anonymat, sont rare ceux qui l'ont vu sous son masque, on raconte même que ses yeux brillent dans le noir. Info ou intox? à vous de le découvrir.
E-mo J'ai 20 ans. Je viens d'Untown Sud, je vis dans une petite ville du nom de Blossom City tout comme Eliott ! Je suis timide? Je parle très peu... et d'ailleurs je ne devrais pas parler aux inconnus. C'est ce que m'a dit Eli... Je reste toujours avec lui, même si depuis l'arrivée de Mike je reste moins avec lui, je crois que d'ailleurs ça le soulage... Si Eli est conscient d'être un marge, ce n'est pas son cas. Il a été abandonné à la naissance et laissé à un couple qui l'ont légèrement malmené, il a réussi à les quitter vers ses 12 ans et depuis il porte une télé, il ne sait pas pourquoi, il sait juste que ça le "protège" et que ça le rassure de la porter. Cette télé l'accompagne donc depuis 8 ans, autant de temps qu'il est chez Eliott. Depuis il a appris à faire des potions, seule chose qu'il semble maîtriser.
Mike et E-mo : dessins de moi- Personal Oc - Eli Pinterst
Mike comme à son habitude, bien qu'on lui ai interdit et répété à plusieurs reprises, était parti jouer dans la réserve d’Eliott. Eliott qui déteste qu’on touche à ses affaires et a horreur de réprimander ou sanctionner les autres avait pourtant été de le faire avec lui à plusieurs reprises. Le clown a pourtant bien conscience de son comportement et qu’il risque d’épuiser la patience de son aîné mais c’est plus fort que lui. Par exemple, si la voix dans sa tête lui dit de faire quelque chose, si il a une envie, une pulsion il écoutera cette voix et son envie s’il estime que ce n’est pas dangereux. Et quelques brimades et autres remontrances… ce n’est pas si grave non plus. Il avait suivi un rongeur dans la réserve... mais est ce qu'on le croirait? c'est peu probable puisque, que ce soit Eliott ou E-mo, tous deux connaissent son intérêt pour la réserve interdite d'Eli. C'était une grande pièce remplie de livres, d'herbes, d'os... et autres ingrédients pour potions tous parfaitement ranger par catégorie. Il y avait même des parchemins. C'est une pièce banale mais qui va bien avec le lieu. C'est une ancienne auberge d'Untown qu'Eli a racheté pour en faire son domicile et son laboratoire. Enfin bon, Nous avons Mike dans un endroit où il ne devrait pas être, Eliott et E-mo à l'étage préparant le repas, Mike discret comme toujours quand il est dans la réserve, -c'est faux bien sur, il est aussi discret et silencieux qu'un éléphant rose dans un magasin de porcelaine- voulant toucher et prendre quelque chose de brillant sur une étagère, ne fit pas seulement tomber l'objet, mais l'étagère toute entière qui vint heurter le sol dans un bruit à réveiller les pauvres âmes cherchant le repos. Mike alla se cacher sous le bureau en poussant un cri des plus virile, sisi je vous assure… Ses deux autres compagnons, un étage plus bas, entendant le vacarme provoqué, sursautèrent et se stoppèrent dans leurs activités. Bien entendu Eliott pesta contre Mike, il savait que c’était lui. Il demanda à E-mo de rester en bas pour surveiller le feu même si c’était de toute façon bientôt prêt tandis que lui montait voir la bêtise du clown. Pendant ce cours laps de temps Mike était bien resté caché entendant du bruit venir de l’étagère, comme si quelque chose bougeait là bas dessous. E-mo avait suivi discrètement son maître en haut voulant voir ce qui était arrivé. Tous deux entrèrent dans la pièce dont émanait une lueur verte assez violente. Mike releva tout juste la tête de sous sa cachette sentant le sermon arriver mais n'eut pas le temps de l’entendre. Une vive lueur apparue ainsi qu'une espèce de vortex? Il sortit de dessous l'étagère sans doute venant de l'objet étrange que Mike voulait prendre. Les trois compères furent aspirés à l'intérieur sans pouvoir faire grand chose, on entendit simplement un cri commun, E-mo avait tout juste eu le temps de comprendre ce qui se passait et surtout d'attraper le bras du Mage avant de se faire aspirer. Le fautif lui avait voulu se rattraper à un coin du bureau, échec cuisant puisqu'il se fit lui aussi aspirer il réussit tout de même à attraper un sac. Son contenu pour l'instant lui était inconnu. Le trou, vortex ou peu importe ce que c'était se referma aussi vite qu'il était apparu faisant tout retomber dans la pièce. Les trois amis eux atterrirent dans un endroit inconnu et bien loin de chez eux. L'un d'eux, celui qui avait été à l'origine de ce voyage plus que déstabilisant et étrange avait atterri un peu plus loin du duo serrant le sac contre son torse. Eliott était arrivé vers lui comme une furie tenant par la main son apprenti."Ouh... alors toi ..! Mike! Qu'as tu fais encore ? Je t'ai pourtant répété je ne sais combien de fois de ne pas entrer dans MA réserve !" Si on pouvait voir les yeux du mage ils seraient certainement rouges, il était en colère contre lui, bien trop remonté pour faire attention au paysage autour d'eux. E-mo lui en revanche malgré le fait qu'il avait été trainé jusqu'à Mike avait pu entre apercevoir les ruines et autres passages angoissant et surtout la couleur du ciel... il tira la manche de son aîné pour tenter de lui faire remarquer pendant ce temps Mike se faisait petit, il savait que c'était sa faute. il se tenait la tête, elle avait pris un coup, mais ce n'était pas le moment de s'en soucier. "Je sais pas Eliott ! Je ne sais pas comment on est arrivé ici... je voulais juste attraper l'objet brillant moi... puis c'est tombé et .. et c'est allé trop vite.." La tête baissée il soupirait, Eliott passa sa main dans ses cheveux, eh oui, avec tout ça seul son masque était sur son visage, il porta attention à ce que plus jeune voulait lui montrer. Il était remonté mais se calma relativement vite attrapant la sacoche des bras de Mike avant de dire aux deux de le suivre, il ne se sentait pas en sécurité et pas seulement à cause du ciel et sa couleur oppressante.
Cela faisait bien des heures qu'ils marchaient, leur arrivée aurait dû ramener du monde? Une arrivée par un trou vert sorti de nul part ce n'est pas commun si? E-mo n'avait pas lâché la manche de son Maître regardant la plupart du temps, ses pieds, regarder en haut ou devant lui, lui donnait la migraine. Eliott marmonnait dans sa barbe cherchant quelque part où se réfugier et peut être du monde à qui demander leur chemin? Quant à Mike lui, il était derrière le duo shootant dans les cailloux regardant les murs, les affiches ne lui disait rien, les noms et visages dessus, encore moins. Quoi qu'il en soit le trio infernal finit par se stopper devant une porte, E-mo ne se sentait pas bien et ne voulait pas rentrer, trop tard une "tornade" arc en ciel les bouscula, allez savoir pourquoi Mike fut prit d'un coup d'une pulsion, il en avait sans doute marre d'être dans le fond et de s’en vouloir pour les avoir littéralement exilé ici. Les deux autres face à la porte se trouvèrent bien bêtes quand Mike ouvrit, enfin poussa… avec la délicatesse d’un buffle la porte de la taverne il en profita pour les tirer avec lui dedans. C’était bien calme… ou presque vu la scène dans un coin que le plus jeune avait su repérer. "Mike… jamais tu ne t’arrêtes d’agir sans réfléchir?!" Souffla Eliott en levant la tête en l’air, il tenait fermement la main d’E-mo observant par la suite le monde, il faisait plus que tâche dans ce lieux, mais c’était trop tard pour faire demi tour. Un simple "Oups…." sortit de la bouche du clown maintenant bien mal à l’aise après son entrée fracassante. Passer inaperçu, ça commence mal.
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Azylth
Sam 27 Nov - 21:37
Alyssa Wiston
J'ai 24 ans et je vis au Mathasherrat, royaume démoniaque. Avant, j’étais au service de ma reine. A présent, je suis libre et je m'en sors mal. Informations supplémentaires ici.
Je ne suis que ce qu’ils ont fait de moi. Un simple réceptacle, trop étroit pour deux consciences. Il me suffit d’un moment d'inattention, d’une seule petite distraction, pour que le monstre en moi prenne le contrôle de ce corps qui a cessé de m’appartenir au moment où il y a été introduit. Je suis remplie de colère et de haine, contre mes créateurs, contre ma reine, contre l’Univers entier. Mais pourtant, j’ai l’impression d’être terriblement impuissante.
Après réflexion, il serait plus marrant d'animer un peu cette ville à la banlieue morte. Les gens ici ressemblaient à des zombies, c'était vraiment trop chiant. Alyssa creusa le dos pour se soustraire à la pointe de la lame et pivota en même temps pour venir balancer son poing le plus fort possible dans la mâchoire de l'homme à présent à face d'elle. Elle n'avait pu voir que son ombre, mais il ressemblait à un vrai bœuf. Le choc résonna dans tous les os de son bras droit alors que le type ne semblait même pas avoir mal. L'hybride grimaça, se retenant de se frotter le poing, mais bondit plutôt sur le côté alors que l'imbécile commençait à la charger. Il la manqua de peu, et Alyssa en profita pour lui envoyer son pied de toutes ses forces dans l'abdomen alors qu'il se retournait vers elle, lame en avant. Cette fois-ci, elle réussit à la repousser et il traversa la salle à la vitesse de la lumière avant d'aller s'écraser contre le mur d'en face, faisant éclater quelques planches au passage. Un murmure de fond inquiet s'éleva dans la salle et les rares personnes présentes se levèrent, prêtes à fuir. Mais Alyssa ne fit absolument pas attention à eux. Elle ne remarqua pas non plus que son gentil agresseur avait frôlé de près le gamin miteux qui venait de presque défoncer la porte en entrant ici. Ses deux comparses marmonnèrent quelques trucs qui n'entrèrent même pas dans ses oreilles.
Elle était concentrée son l'exécution qui allait indéniablement suivre. Ca faisait si longtemps qu'elle n'avait pas tué. Si longtemps qu'elle n'avait pas senti l'odeur du sang. A présent qu'elle avait apprivoisé le Chasseur grâce à l'aide de son nouveau maître, les mises à mort ne lui faisaient plus perdre le contrôle comme avant. Elle ne plongerait pas son visage dans la gorge de sa victime pour boire directement à la source. Et quand Azrit viendrait forcément la chercher, elle lui dirait. Elle lui dirait qu'elle avait résisté. Et il serait tellement fier ! Si seulement son prince elfe pouvait être fière d'elle lui aussi... Cela faisait déjà plusieurs mois qu'il avait coupé tout contact. Parfois, elle était juste triste. Parfois, ça la rendait folle de rage. Peut-être était-il avec une autre qu'elle ? Peut-être pleurait-il toujours la mort de cette pute ? Pour être honnête, elle n'arrivait pas à le comprendre. Et ca lui brisait à chaque fois un peu plus le cœur.
Ses pas l'amenèrent devant M. le bœuf qu'elle toisa d'un regard narquois. Il releva difficilement la tête vers elle, avachi contre le mur qu'il avait cassé sous la force de son coup. En prenant le temps de détailler son visage, elle put apercevoir une lueur de panique primitive au fond de ses yeux. - Arrête..., souffla-t-il du bout des lèvres sans l'empêcher d'avancer un peu plus. Alors c'était donc ça ? Elle lui avait brisé la colonne ? Alyssa éclata d'un rire furieux, complètement déplacé, et qui avait des accents de folie. Elle l'avait rendu immobile pour l'éternité avec un seul coup de pied et un peu d'énergie sombre. Ca aussi, elle le dirait à Azrit ! Sans remarquer que la salle était devenue pire que silencieuse, que ses rares occupants avaient à présent leur arme à la main, juste au cas où, et qu'ils étaient devenus plus blancs que la peau des cuisses de Lanalia, Alyssa réussit à se calmer et s'accroupit souplement devant sa proie.
- C'est con, tu t'es mis dans la merde tout seul. Elle se remit à pouffer, se trouvant très drôle, et sortit du fourreau à son poignet sa lame à l'acier incassable du Mathasherrat. En quatre mouvements efficaces, elle s'appliqua à trancher la tête de l'homme comme si elle coupait du saucisson. Il n'eut presque pas le temps de crier. Une simple plainte d'une terreur animale s'éleva dans la salle avant de s'éteindre longuement dans un gargouillis répugnant. Alyssa se releva, tenant son trophée par les cheveux et laissant le corps s'affaisser lentement dans sa mare de sang épais. Sans faire plus attention que ça au type qui venait de vomir au fond de la salle, elle se dirigea vers le comptoir et balança la tête sur la bar avant de s'y accouder pour jeter un coup d'oeil vers l'entrée. Un clown, un homme qui ressemblait à ceux qui travaillaient pour Lanalia et un autre avec un cube sur la tête. Elle cligna deux fois des yeux mais décida de ne pas perdre de temps à être choquée. Ouais, pourquoi pas après tout ?
- J'te paye un verre gamin ?, lança-t-elle gaiement au clown. Puis, sans attendre son approbation, elle se retourna vers celui qui devait être le patron pour lui demander : Deux whisky. Oh, et tu m'en veux pas si j'te paie pas au final ? J'avais pas prévu que ça me donnerait aussi soif.... Le gars secoua la tête, blanc comme un cul. Elle coula un regard à la tête morte qui se vidait encore de son sang sur le comptoir alors que les deux verres, qui étaient déjà prêts, étaient poussés vers elle. Les yeux vides du bœuf semblaient la fixer, mais avec cette petite lueur de rien qui prouvait qu'ils ne la voyaient pas. C'était décidément trop marrant.