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LE TEMPS D'UN RP

Licorne et groseille à maquereau [Calville]

Calville
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Calville
Ven 1 Jan - 22:17
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Geralt de Riv


Je suis vieux , surement bien plus que vous ne pensez  un peu partout, surtout sur les routes et dans les auberges . Dans la vie, je suis un Sorcelleur. Attention différent d’un satané Sorcier ou Magicien et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma situation, je suis occupé quelques soirs, après quelques bières et quelques pièces et je trouve ca  .. bien ?..




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Un baiser. C'était un baiser qui mettait à bas le Sorceleur reconnu dans le monde entier connu comme le pire Boucher que ce monde ait porté. Une réputation usurpée car il n'était qu'un combattant aux instincts aiguisés par ses mutations, et n'avait jamais tué sans être en danger ou quelques fois sous contrats, mais uniquement pour des créatures, qui comme lui, ne trouvaient pas leur place dans la civilisation grouillante. ce baiser, voulu, désiré, avait été miroir aux sentiments confus et ardents qu'il ressentait pour leur prisonnière. Des sentiments qui semblaient se mouvoir aussi en elle, de regards perdus en mots bafouillés nébuleux. Inextricable situation dans laquelle ils se trouvaient tout deux. Fort heureusement, les voies du destin se liaient et se déliaient avec une étonnante facilité. Ablette et maintenant Jaskier les avaient interrompu alors qu'ils abandonnaient les armes pour le désir.  

Rupture.
C'est ce qu'il fallait. Rompre avec ce désir, rompre avec le plaisir de se retrouver face à elle. Un baiser. Encore un. Idée du siècle. C’était un acte qu’il n’aurait du commettre à nouveau, une erreur de débutant,  une belle connerie. Une rupture dont il avait un besoin intense pour oublier les sentiments qui vrillaient son coeur et son corps.  Comment mener à bien sa mission maintenant ? Car c'était trop tard, bien trop tard pour lui. Géralt n’etait pourtant pas un enfant de chœur, mais il avait succombé à cette femme qu’il escortait jusqu’en Nifflegard.

Le plus simple pour lui était de redevenir l'homme implacable qu'il se devait être, non seulement envers elle mais aussi envers Jaskier. De reprendre de la distance. de retrouver l'instinct sauvage qui le menait dorénavant. Loin d'eux, loin de son humanité, il s'était éloigné physiquement et moralement du groupe. Il menait la troupe en silence, sans se laisser avoir par une bonne humeur de son ami emplumé. Une bonne humeur qui prit un coup dans l'aile quand même Saskya se montra brutale avec lui. Ses mots étaient cinglants. Son ton glacial. Les femmes ont une étonnante capacité à être à la fois démon et Ange. Geralt n'intervient pas. Aucun regard en arrière vers son ami esseulé qui sembla retrouver un peu de verve avec le dernier soldat à leur coté. Le silence pour ami, le froid pour couverture. Et le vide à la place d'un coeur qui avait retrouvé quelques battements en embrassant la jolie brune. Un vide dont il avait un besoin intense, mais qui devenait son tombeau.

Il ne pensait pas tomber sur des nains cette nuit là. Mais ce fut une surprise agréable. L’accueil des nains était plus que cordial. Si ces êtres étaient parfois reservés avec les étrangers, ils devenaient de véritables compagnons de beuveries et de voyages dès qu'il se sentaient en confiance. Des êtres précieux avec lesquels il faudrait compter. En cela la réputation du Loup Blanc pouvait aider. Meme si pour les humains mortels il n’était qu’un monstre, pour des êtres différents comme les nains, les elfes, et autres humanoïdes il n’était qu’un des leurs, ni humains, ni monstres.  Ce n’était pas pour autant qu’il était le bienvenu partout, mais cela pouvait aider. Ce soir, c’était le cas. Après les premières réserves et méfiances des nains, ils étaient maintenant en sécurité avec eux.

Les compagnons de Zoltan furent présentés et chacun fut salué de la même manière respectueuse par un Géralt qui déposa les armes au coin du feu en signe de paix, autant que le poids d'une fatigue intense qui tendait à s'appesantir sur ses epaules par des nuits sans sommeil et des journées sans repos . Jaskier groletait et grognait devant le feu, Rapidement cependant, il fut entraîné dans un monde bien plus léger alliant franche rigolade et alcool à flot. Passer une soirée avec des nains donnait souvent lieu à ce genre de parenthèses dont on se souvenait à peine le lendemain. Meme Geralt de Riv abandonna son carquois de mauvaise humeur pour se joindre à la fête. Il récuperé une outre remplies de vin qu'il partagea avec Zoltan. Chacun comptant une histoire à l'autre, d'autres nains y participants, et dans ce brouhaha un regard orangé qui passa au dessus des flammes pour s'accrocher à un regard améthyste. Il secoua la tête prit en faute de sa propre folie avant d'engorger une nouvelle fois le vin rouge.

Le sorceleur fut rapidement bien plus joyeux et bon compagnon de beuverie pour les nains. Pompette. Qui avait dit que la mission qui l'emmenait loin de chez lui était sérieuse? Évitant maintenant le regard de Saskya droit devant lui, il admirait Jaskier qui braillait comme un âne qu’on essaie de traire, accompagné en cela des voix peu mélodieuses des nains qui se mêlaient à lui, et la si belle mélodie de l'histoire de l’elfe Marinwell fut outrageusement déformée. Mais ils s’en moquaient tous, l'essentiel était ailleurs, accentuant au brouhaha des chants déformés en hurlant, en tapant sur la table, en rotant. Bref une fiesta comme on en avait pas vu de ce coté -ci de la rivière depuis des années.  Il y avait bien longtemps que le Loup blanc n’avait pas prit une vraie cuite et même si ils oscillaient entre bon alcool et l’alcool de seconde catégorie, la fête n’en était que plus trouble jusqu’à voir tomber chacun des invités comme des mouches dans des positions parfois risibles.

Géralt avait pu s’éloigner un peu du tas de viande alcoolisée qui s’entassait devant le feu crépitant. Il avait retiré son armure trempée et glaciale pour la faire sécher sur une corde pendue entre deux arbres non loin des braises, restant en chemise de lin et pantalon de cuir. Il s'était étalé de tout son long sur une couverture de lin , fourrure doublée au-dessus, loin du froid mordant qui les entourait. Il ronfla pendant une bonne heure. Sans pour autant dormir véritablement. Non qu'il n'ait pas confiance aux nains, loin de là, il était sûrement plus en sécurité ici que dans une garnison, mais il était fait ainsi, toujours sur le qui-vive.

Ce furent quelques pas qui lui firent serrer la garde de son épée récupérée à ses côtés. Mais le pas était trop léger pour ne pas reconnaître Saskya qui s’approchait de lui à pas de loup. Elle était douée. Vraiment très douée. Il n'aurait pu jurer sans sa mutation qu'il ait pu entendre ces pas venir à lui. Non. Il ne fallait pas qu'elle s'approche, et encore moins qu'il retrouve la proximité qu'il avait réussi à éloigner de lui par son caractère rochon de griffon mouillé. Cela fonctionnait presque. Presque mais pas tout à fait. Une inspiration alors qu’elle se pencha sur lui. Lilas …  Il la haïssait pour cette facilité à lui faire perdre pied sans meme le toucher. Rien que son parfum était inscrit en lui. Ce fut surement cette haine qui déborda dans le regard qu'il offrit à la brune penchée sur lui. Mais Saskya n'était pas le genre de femmes que l'on effraie d'un regard, et elle continua de lui parler, ayant la première demande idiote depuis le debut de leur voyage.
- Mon odorât saura très bien supporter ta décomposition . Faux. Mais grogner faisait aussi partit de lui. Il souffla, regrogna, il n'aimait pas qu'on lui dise quoi faire, encore moins quand cela venait d'elle. Neanmoins, elle savait comment obtenir de lui ce qu'elle désirait . Il s'appuya sur un coude, oubliant légèrement sa mauvaise humeur. Oui sa carcasse était jolie. Très. Oui ces quelques mots le ramenaient deux jours plus tot. Il finit par soupirer et prendre la clef qu'il gardait sur lui, lui retirant les chaines. C'est vrai que le métal était glacé. Prenant presque avec délicatesse ses poignets bleuis entre ses mains chaudes. Il observa quelques instants/i] - je te remercie lui fit-elle. Mais il ne réagit pas sur l'instant, observant, humant avant de les reposer tout deux. Leur etat n'etait pas terrible, mais il y avait eu tellement pire. Demain il lui trouverait quelques herbes grouillantes dans ces forets du sud. Il ne répliqua meme pas sur l'inutilité de s'enfuir, et retrouva sa place sous les fourrures espérant en avoir terminé avec Saskya.
Mais une femme est têtue. Et elle ne semblait pas encline à en finir là. Il sentit la jeune femme se glisser contre lui et chercher la chaleur de son corps. Elle était au sens premier du terme, glacée. Et bien que ce terme pouvait laisser imaginer bien des comportements hivernaux hostiles et impassibles, ce fut tout le contraire qui se passa. Le frisson qu'elle éprouva traversé également son corps, comme deux aimants se trouvant enfin en contact. résister, autant que possible. Alors il fit ce dont il est le meilleur. Il râla. - Saskya, je ne suis pas un feu follet, va te coller ailleurs. Mais si ses paroles se faisaient véhémentes à son encontre, il ne tentait rien pour l’éloigner de lui. Tout simplement parce qu’il aimait la sentir la contre lui, son corps contre le sien. Elle ne bougeait pas, ne sourcillait pas. Et au bout de quelques minutes le bras dont il ne savait quoi faire entoura doucement la taille de la jeune femme.

Ce fut la première fois depuis des jours qu'il trouva sa place à ses cotés. C'était délicat, doux, chaleureux. Son corps contracté de nervosité s'affaissa légèrement. Il ferma les yeux, profitant de cette proximité. Il n'en aurait jamais assez. Il se sentait bien. C'était presque de l'inédit pour lui qui avait toujours du être sur le qui-vive de se laisser aller à cette étreinte interdite. Et un interdit de plus quand La main de la jeune femme encore légèrement fraiche commença à le caresser, à explorer son corps couvert de cicatrices à travers le tissu de sa chemise. C'était doux et douloureux en même temps. Doux car enfin son propre corps frémissait de vie. Douloureux car il devrait mettre un terme à cette exploration tactile. Meme si pour l'instant il laissa sa main descendre encore .. et encore ..

Interdit aux moins de 18 ans. D'ailleurs je Hide !



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"Liam est doux, Liam est fougueux, Liam est viril :ouloulou: :ouloulou: hum hum " @mioon
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Saskya
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Tout est planqué sous la fourrure !





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"Une nouvelle terreur a émergé de la mort, une nouvelle superstition a conquis la forteresse inexpugnable de l'éternité.
Je suis une légende."

R. Matheson
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Le lendemain matin, ce fut un raie de lumière traversant la masse de nuage qui la réveilla, ainsi que le bruit des nains qui revenaient à eux bruyamment. L'un d'eux décréta que « Bordel, j'ai faim ! Et putain Stratton, si tu nous fais encore ta tisane de merde, je te fends le crâne en deux ! Vin chaud, ce sera parfait pour le ptit-déj ! » Ou comment comprendre que vraiment, les nains ne faisaient jamais rien en silence.

Un peu plus loin, la voix pâteuse de Jaskier se fit entendre, celle de Otto lui répondit, mais sans que des paroles ne fussent compréhensibles. Pour l'heure, chacun semblait vouloir se mêler de ses petites affaires, et Saskya s'étira comme un chat avant qu'un de ses mains ne partît à tâtons à la recherche de ses vêtements pour pouvoir discrètement se rhabiller sous la fourrure. Elle n'avait pas honte de ce qui s'était passé cette nuit-là, elle ne rougirait pas face aux autres... mais près de Geralt, elle hésitait. À moitié redressée, se tortillant pour s'habiller, elle le couvait d'un regard mi-clos qui témoignait d'une certaine fatigue après cette nuit intense. Ses longs cils venaient voiler ses pupilles violettes. Le Loup Blanc était allongé sur le dos, et avec des gestes doux, la Belle se pencha  sur lui afin de lui offrir un baiser délicat. Elle espérait juste qu'il ne la repousserait pas, pas après ce qu'ils venaient de partager. Surtout avec cette nouvelle journée qui s'annonçait, ces nouveaux kilomètres qu'ils allaient parcourir en direction d'un Destin qu'elle emmerdait de toute son âme.

Elle le voulait lui. Elle n'avait jamais été si sûre de quoi que ce fût.



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Sam 17 Avr - 10:10
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Geralt de Riv


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C’était l'endroit et le moment les plus improbables pour s’aimer; Entourés de nains avinés, pris dans la froideur de ce pays impitoyable, allant aux devants d’une mission qui allait tourner à la catastrophe. Géralt pourtant ne regrettait ni l’union de ses lèvres à celles de la jolie saskya, ni l’union de leur corps sous les fourrures, paravent de leurs ébats débridés. Il suivait l’instinct le plus primal qui lui avait été donné. Il savait la connerie qu’il commettait, mais à contrario, il savait aussi qu’il ne voulait être nul part ailleurs qu’entre ses bras à s'abreuver d'une dépravation corporelle et passionnée. Le Sorcelleur, le Mutant n'etait plus ici qu'un homme comme les autres à succomber aux charmes d'une femme peu commune.

La vie était parfois d’une étonnante simplicité dans les ramifications complexes de tournants et de tourments dont elle avait le secret. Lui et Saskya, Saskya et lui, qu'y avait-il de plus simple autant que de plus complexe dans leur situation. Et pourtant malgré cet imbroglio de causes et d’effets, ils s’aimaient avec tout le désespoir de leur passion. Les corps se donnaient abruptement, violemment à hauteur du manque et du désir éprouvés. Les sueurs entremêlées, les cris étouffés, les morsures et griffures qui barraient leurs corps, tout un manège de passions qui se découvraient avant que la jouissance ne les libère de leur carquois de désirs inassouvis.

Aucun regret. Aucune excuse. Leurs lèvres se retrouvaient alors que les corps se calmaient dans le silence d'une nuit seulement rompu par quelques ronflements de leurs amis nains. Ils étaient bien. Ils se sentaient bien ayant calmé l'ardeur du feu dévorant leur corps dans cette étreinte courte mais intense. Un besoin vital assouvi. Le Loup Blanc s'allongea à nouveau sur le dos, novice dans l'attente de ce qui se déroulerait après. Les femmes et lui, une histoire périlleuse de banalité. Il couchait, il payait ou bien etait-il caché comme un monstre après qu'une jeune femme soit tombé sous son charme. On disait de lui dans ces instants que sa mutation lui permettait d'envouter les femmes les plus sages. Sagesse qu'elles n'avaient que dans leur réputation. Avec Saskya, tout était différent, dans ses gestes, dans le regard qu'elle posait sur lui, dans le souffle qu'ils peinaient tout deux à retrouver blottit l'un contre l'autre.

Le calme survenait après le tumulte. Un calme silencieux, un calme à la douceur frôlant leur peau dénudée. Un calme ... rompu par la voix de Jaskier à moitié endormie, l’autre moitié avinée
- dieu merci ils ont fini. avant qu’il ne reparte dans un profond sommeil où le ronflement peu mélodieux avait remplacé ses chants tout autant S'était-il seulement rendu compte qu'il avait parlé ou bien les trefonds de son semi eveil avait-il parlé pour lui? . Le sorcelleur haussa un sourcil en relevant à peine la tête vers son ami endormi avant de regarder Saskya entre ses bras, un sourire, un véritable sourire naissant sur ses lèvres. Promesse implicite que ce moment ne serait pas unique.

Il s'était endormi peu de temps après la jeune femme entre ses bras. Le lendemain était loin encore. Les problèmes reviendraient bien assez rapidement autour d'eux et la situation qui allait se complexifier également. Mener à mort une femme dont il est tombé amoureux n'etait pas dans ses plans. Une solution devrait être trouvée, le chemin long et sinueux lui laisserait amplement le temps de se soucier de ce problème avant leur arrivée en Nilfgaard. Une certitude avait creusé un sillon dans son coeur battant trop lentement, un cœur pourtant qui savait aimer finalement, qui apprenait cet amour immodéré, il n'amènerait pas la jeune femme à destination.

Un vague rayon de soleil froid qui finit par les eveiller avec la voix d'un des compagnons nains qui se levait bruyamment braillant comme un âne. Les nains et la légendaire discrétion de ce peuple rase-moquette, mais dont la force physique et la force d’âme pouvaient battre n’importe quel géant.  Personne ne se moquait d'un nain sans en payer le prix, mais il fallait bien avouer que leurs manières d'etre étaient parfois fantasques.

Le Loup Blanc était resté avec sa Louve blottit contre lui. Sans peur qu'on les surprenne. Sans peur qu'on les juge. Il avait apprit à ne plus voir ces regards posés sur lui, sans cela il serait devenu fou. Le réveil était peu reluisant mais nécessaire. Il leur fallait partir de ces terres inhospitalières où ils seraient surement recherchés après l'attaque des soldats quelques jours plus tot. On entendait certains nains grogner, d’autres ronfler encore plus fort comme pour contrecarrer cette idée stupide de bouger de là ou ils s’étaient posés pour la nuit.

Il ouvrit un œil difficilement, ayant assez bu la nuit précédente, sous l’effet non des grognements de ses nouveaux amis et compagnons de route, mais sous l’action de lèvres douces, délicates même œuvrant pour le faire sortir de ses songes de la plus tendre des manières. Le Loup Blanc n’était guère habitué à ce genre de reveil. Sa main bascula dans la lourde chevelure de Saskya. Un besoin de retrouver son regard ancré dans le sien, un besoin de garder encore pour lui quelques instants de félicités. Instants qu’elle lui octroya. Instants à graver dans une mémoire trop attachée aux mauvais souvenirs. Les bons moments, comme celui qu'il vivait actuellement, étaient bien trop rares pour être mis aux oubliettes.

Il ne lui parla pas durant ce laps de temps. Mais le regard posé sur elle criait de tout ce qu'il taisait. Un baiser. Un dernier baiser avant de revenir dans le monde réel. Il se releva profitant des états encore ensommeillés des compagnons pour se rhabiller sans précipitation autre que celle du froid qui revenait le piquer de toutes ses forces, lui faisant regretter la chaleur des bras qui l’avait maintenu près d’elle. La jeune femme retrouva elle aussi ses vetements eparpillés sous les fourrures et tout autour d'eux, et il s'éloigna venant sceller Ablette qui avait la tête des mauvais jours, une jalousie presque trop sensible. Déjà derrière lui les nains avaient organisé un petit déjeuner rapide, et devant son regard se trouvait maintenant une vraie fourmilière qui rangeait, nettoyait, scellait. En dix minutes plus aucune trace du passage du groupe sauf le feu qui se retrouva étouffé sous la terre afin que nulle fumée ne signale leur position. Chacun savait ici ces régions dangereuses, laisser le moins de traces possibles devenait rapidement un crédo pour les voyageurs.

Jaskier s'approcha les cheveux encore broussailleux et se pencha sur son épaule le regardant en clignant des yeux un brin enamouré, bouche en cœur et Luth à l'épaule. Il semblait être remis de sa cuite bien mieux que Géralt n'aurait pu l'imaginer. - Alors mon Géralt on est de meilleure humeur aujourd’hui . * un tsoing de son luth termina sa phrase * - Monte à cheval et ne dit pas de bêtises. Grogna comme à son habitude l'Homme aux cheveux Blanc, mais derrière son capuchon remonté sur sa tête on put distinguer un sourire.

Durant près d’une demi journée Géralt resta silencieux lors de leur avancée dans les terres profondément glacées de ce pays hostile dont on sentait autant la froideur du climat que le desespoir qui coulait sur eux comme une vague hivernal. Tout au contraire de Jaskier à qui cette soirée avait été bénéfique pour son inspiration musicale. Il avait retrouvé sa verve, des compagnons de chants barbus et un alcool qui lui réchauffait le sang.   La troupe joyeuse contrastait avec force avec ce paysage qui défilait devant eux, mort et morne.

Géralt finit par stopper sa monture  faisant volte face devant ce groupe, devenu le sien. Il retira sa capuche pour regarder le groupe qui le suivait, Saskia, Jaskier, le soldat qui les suivait en silence et ces nains, meilleurs compagnons de voyage qui puissent exister.

- A partir de ce point nous entrerons sur les plaines de Sodden, puis la Foret Noire qui nous mènera dans quelques temps au passage de Theodula. Vous devez vous tenir prêt. Ces terres sont corrompues par le mal. Il y a en ces lieux des ennemis dont nous ne pourrons pas si aisément nous défaire. Si vous voulez reculer amis Nains c’est le seul endroit où vous pouvez le faire. Après il sera trop tard
- Mais pourquoi passer ici si c'est si dangereux ? La question de Jaskier était justifiée.
- Parce que nous sommes attendus sur le chemin plus facile du Nord, J'en suis persuadé, quelque chose avec notre voyage ne colle pas

Un regard à Saskya. Quant bien meme il avait succombé pour elle, son instinct le titillait sur ce "quelque chose qui ne collait pas." Il ne donnait pas le choix à ceux qui avaient commencé le voyage depuis le début. Jaskier le suivrait de toute façon, Saskya n’avait pas le choix, quant au soldat, il mènerait sa mission à bien; Un grognement s’eleva du groupe de nains avant une reunion dont le sommet ne dépassait pas les 1.30 m. Enfin les visages barbus se retournèrent vers lui.  

- On te suit Loup Blanc. On est plus en sécurité avec toi que sans toi. Et on a encore du vin à terminer !

L'accord des nains changeaient la donne. C'était de fiers et courageux compagnons de voyage. Chacun commençait à se préparer aux combats qui auraient sans doute lieu d'ici peu de temps, le tintement des haches et armes sortant des coffres remplaça le silence morbide. Géralt rapprocha sa monture de celle de Saskya et stoppa à ses cotés, leurs regards se croisant en silence avant qu'il ne sorte un tissu gris enroulé et tenue par une lanière de cuir dans lequel se trouvait quelques fioles. Si certaines étaient mortelles, d'autres soignaient. Les secrets des Sorcelleurs tenaient aussi en ces potions qu'ils gardaient précieusement avec eux. Il déchira le bas de sa chemise usée par trop d'années de voyage en faisant deux bandes sur lesquelles il versa un liquide d'un vert marais, venant entourer ses poignets teintés de bleus mais libre de chaines depuis la veille. Il serra assez fortement, peut-être meme douloureusement mais cela valait bien mieux qu'une gangrène. - Gardes les une semaine, sans jamais t'en défaire. Ce fut une épée d'un des soldats morts quelques jours plus tot. qu'il sortit d'un fourreau ballant sur le coté de sa monture, L'épée meme que Saskya avait utilisé pour se protéger. Il retourna l'arme entre ses mains et la lui tendit par la garde - Si tu tentes ne serait-ce que de t'enfuir ou d'user cette lame contre nos compagnons je n'aurai pas d'hésitation. Saskya, il y dans ces bois pire que ce qui nous attend en Nilfgaard. Bien pire.



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Jeu 6 Mai - 15:32
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Saskya
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Après cette nuit ô combien intense, le réveil fut nettement moins romantique. Les nains beuglaient, Jaskier causait, Otto se plaignait... les matins se suivaient sans se ressembler, et pourtant ce fut d'un baiser que Saskya vint réveiller Geralt avant de le couver d'un regard tendre. Ils n'échangèrent pas un mot, cela aurait de toutes façons été inutile dans cette situation. La parole était superflue, leurs corps s'étaient tout dit la veille. Le clos de cette fourrure avait été le cocon de leur passion, de leur perte également... et maintenant, que faire ? Que dire ? Comment fallait-il gérer cette situation de plus en plus complexe ? Autant de questions qui hantèrent un moment le regard de la jeune femme, avant qu'elle ne se levât à son tour pour aller se rhabiller. Le voyage jusqu'à Forgeham était encore long, elle trouverait bien une solution en chemin.

Moins d'une demi-heure plus tard, le groupe était ainsi parti, et la Belle chevauchait d'un air absent. Après une telle nuit, la fatigue se faisait sentir, et elle n'hésita pas à somnoler sur sa selle tant que le terrain le permettait encore. Il faisait toujours aussi froid, mais l'alcool des nains qui passaient de mains en mains réchauffait les corps, les chansons de Jaskier égayait la petite troupe, et le Sorceleur avait su réchauffer quelque chose au sein de son âme. La petite flamme qui avait tant grondé au côté de cet homme s'était finalement embrasée, c'était un fait. Positif ou négatif, elle ne le savait pas encore, mais elle avait aimé s'y abandonner. Comme elle aimerait encore s'y abandonner dans le futur... De cette pensée qui fit naître un doux sourire sur son visage, son regard se posant un moment sur la silhouette de Geralt qui la précédait, avant qu'elle ne retrouvât son air neutre. Saskya avait l'air terriblement froide, mais il ne s'agissait pourtant que d'une façade que le mutant avait su percer. Et d'une façade qui se fendilla lorsque ses sourcils se froncèrent face à l'annonce !

Passer les plaines de Sodden, la Forêt Noire puis le passage de Theodula ?!
Tout autour d'elle, des commentaires émanèrent des nains ou du barde, et lorsqu'elle constata que tous semblaient d'accord avec ce plan, elle ne put retenir un soupir : ils allaient tous crever à ce rythme là, mais ils iraient joyeusement.

Lorsque Geralt s'approcha d'elle pour soigner ses poignets, il put ainsi constater que la Belle était pensive. Une ligne de contrariété marquait son front, et elle se laissa faire tandis que son regard parcourait déjà l'horizon. En temps normal, elle aurait certainement été plus curieuse des fioles, mais là son inquiétude prenait le pas, et récupérer une épée ne la rassura pas. Au contraire, la mise en garde du Sorceleur lui arracha un ricanement cynique.

« Mmh j'avoue que j'hésite là, je me demande s'il n'est pas préférable de faire une connerie maintenant : comme ça, tu me tues, tu rebrousses chemin avec les nains, vous vous bourrez la gueule dans une taverne et tout le monde est content. Oui, j'aime bien cette idée ! »

Malgré cette bravade, elle venait toutefois de ranger soigneusement l'arme dans la fente de la selle prévue à cet effet, preuve qu'elle ne comptait rien faire d'idiot en dépit de ses paroles.

« Sérieusement Geralt, tu pourrais choisir de passer par Marnadale, pas les trois cols de Toussaint ou alors par le Sans Retour, et tu choisis Amelle ?! Ces montagnes sont connues pour leurs anciennes mines de marbre et de jade, et les dieux seuls savent ce qui y résident aujourd'hui : sans doute des Arachas ou des Scolopendromorphes, si ce n'est pire ! Parmi toute notre joyeuse troupe portée sur la bouteille, combien vont y survivre d'après toi ? »

Tout près d'eux, les nains réorganisaient leurs chariots pour que ceux-ci tiennent mieux sur les routes escarpés, et tous avaient sortis leurs armes. Si la jeune femme n'était pas optimiste quant à leur chance de survie, eux ne semblaient absolument pas s'en inquiéter. Peut-être aurait-il dû.

« Quoi que... pour mourir dans le col, encore va-t-il falloir survivre à ces bois, et ce n'est pas gagné non plus. La dernière fois que j'y suis passée, les paysans du coin parlaient d'un monstre de l'Ancien Temps qui y rôdait, sans doute un Fiellon ou un Leshen... allez, je paris cent orins que je n'ai pas que Otto va mourir en premier ! Un garde qui s'obstine à tenir son arme comme on tient une louche, ça n'a absolument aucune chance de survie !

- Eeeet ! Je sais parfaitement me débrouiller avec mon épée ! »

La protestation outrée du garde ne manqua pas de lui arracher un nouveau ricanement. Pour faire changer d'avis son interlocuteur, elle aurait très bien pu user de ses charmes, mais ce n'était pas son genre. Elle savait avoir raison, et ça se voyait à son air résolu : le chemin proposé par le Sorceleur était beaucoup trop dangereux, et si la moitié de leur petit groupe y survivait, ce serait déjà un exploit.

Néanmoins, Jaskier aussi paraissait plus serein qu'il n'aurait dû l'être, et ce fut d'un ton confiant qu'il tâcha de rassurer la Belle.

« Rassure-toi, jolie sirène, Geralt sait ce qu'il fait et  tout va très bien se passer. C'est un Sorceleur après tout, et les nains aussi sont de fiers guerriers. »

À ces mots, les quelques nains qui suivaient distraitement la conversation d'une oreille brandirent leurs haches comme pour acquiescer. Saskya quant à elle avait rivé son regard dans celui du mutant, et elle ne le quittait plus. Elle le soutenait comme personne, elle le défiait comme personne.

« Geralt ne pourra pas être derrière le cul de neuf personnes lorsque les choses vont dégénérer, parce qu'elles vont forcément dégénérer. Se battre contre un Fiellon, c'est autre chose que de courser un sanglier. »

Le barde se fendit d'une grimace face à cette remarque, mais il n'ajouta rien. Manifestement, sa confiance en Geralt était absolument totale, et il l'aurait suivi n'importe où. À force de conter ses légendes, il semblait avoir oublier que le Sorceleur n'était qu'un humain. Un humain muté, certes, mais un humain quand même. Et c'était justement pour lui que la Belle s'inquiétait, parce qu'elle n'avait aucune envie de le retrouver éventré comme un porc. Elle tenait à lui, et son regard se troubla un instant face à cette constatation.

« Je refuse de prendre ce chemin, c'est trop dangereux. Désolée. »

Assise fièrement sur sa selle, la Belle avait l'air d'un roc bien déterminé à ne pas changer d'avis, et pourtant c'était un brasier sans nom qui bouillonnait en elle. Elle se souvenait l'excitation des combats, et l'idée de se battre aux côtés du Loup Blanc était plus que tentante. Mais néanmoins, elle ne voulait pas le voir mourir, ni de la mains des Nilfgaardiens, ni de la patte de quelconque créature.



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Je suis vieux , surement bien plus que vous ne pensez  un peu partout, surtout sur les routes et dans les auberges . Dans la vie, je suis un Sorcelleur. Attention différent d’un satané Sorcier ou Magicien et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma situation, je suis occupé quelques soirs, après quelques bières et quelques pièces et je trouve ca  .. bien ?..




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Les chemins se suivaient sans se ressembler pour les yeux aguerris du groupe - hormis Jaskier - qui vivotait joyeusement avec les amis découverts la veille. Il était de ces hommes perpétuellement inquiets pour un rien, mais inconscient du danger imminent. De Riv se demandait parfois si l'homme à la plume ne se mettait pas des œillères pour oublier la mort imminente qui semblait guetter le moindre faux pas, derrière chaque arbre menaçant de ce pays. Il avait toujours connu Jaskier ainsi. Et c'était un contraste saisissant avec le sorceleur. Deux opposés quasi symétriques qui ne se quittaient quasiment jamais. L’un etait farfelu là, où l'autre était taciturne. Et malgré les chants d’agonie qui tentaient de ressembler à des chansons, Jaskier était pour Géralt ce qui ressemblait le plus à un frère.

Prendre le pari du chemin le plus risqué n'était pas une idée qui enchantait plus que cela le sorceleur. Il savait la réputation de ces bois, des chemins sinueux à travers Theodula, La menace que représentait la traversée des bois sombres n'était pas une inconnue pour le sorceleur. Nombre de légendes provenant de cette forêt avaient ceint son enfance et son apprentissage des monstres qui en emplissaient les sols et sous-sol. Ce chemin était dangereux, très dangereux, mais la remontée vers les 3 Cols donnait un goût amer à son instinct. Quelque chose de pire que les montres de la forêt les attendait là-bas. Il en ignorait la teneur, il le savait, simplement. Et si il n’avait pas eu de valeureux compagnons nains surement aurait-il choisi un autre chemin que celui-ci. Son instinct lui criait pourtant qu’il prenait la bonne décision. Il y avait quelque chose qui le rebutait à prendre par les 3 cols.

Il exposa son plan au groupe, laissant à chacun le choix de faire demi-tour avant l’entrée dans l'étouffante forêt sombre. Un choix qui fut rapidement acté par la préparation de chacun d’eux à un combat qui viendrait tot ou tard dans les bois. Personne n’était dupe. Amelle avait une réputation sinistre et surement qu’aucun de ceux présent ici n’aurait prit ce chemin en premier choix. Mais ils avaient tous des arguments pour venir. Les nains connaissent le sorceleur, et il valait mieux traverser avec lui et ses aptitudes, le sorceleur lui, connaissaient la valeur au combat des nains, Otto n’avait pas le choix que de suivre son colis, et Jaskier se disait qu’une ballade dans la terrible forêt lui apporterait sans doute une inspiration dramatique. Mais contre toute attente ce fut sa .. “prisonnière” qui prit la parole après avoir saisi l’épée qu’il lui tendait. Et contre toute attente, elle montra une fois de plus que de caractère elle était pourvue. Une farouche volonté de le défier de sa route, et il sentait au fond d’elle, qu’elle avait réellement de l'inquiétude quant à ce passage choisi. Elle voulait qu’il s’en retourne à un chemin plus sur, non pour elle, non pour etre aidée par ses compagnons, mais pour éviter que des morts ne jonchent leurs pas.  

Cependant, sa façon de faire fit frissonner un Géralt de Riv qui n’aimait pas ce ton autant qu’il la trouvait magnifique dans sa volonté de ne pas le laisser faire ce qui ressemble  à une folie irréfléchie. Il la laisse parler. Il la laisse donner ses arguments, il les comprend, mais ceux-ci sont balayés d’un revers de son esprit. Les Nains grognent à l’idée de paraitre faible dans cette foret, et devant cette femme, Otto grogne d’’etre pris en défaut de son manque d’experience, et Jaskier n’entend pas la voix de sa raison en défendant l’idée de son ami aux cheveux blancs. Nains, Soldat et Barde, tous acceptent le sort réservé.  Seule Saskya refusait de voir que, quels que soient ses arguments, aucun ne fera demi-tour.


Quelques instants d’un silence entrecoupé des bruits d’armes et de grondements des nains qui préparaient leur charrette de façon plus optimale..

- Tu refuses ? La voix de Géralt s’était élevée dans cette douce proximité entre lui et la fière jeune femme. Elle avait une teinte qu’on ne lui connaissait que peu. Amusé. Il était amusé par sa bravade. Autant que celle-ci l’enervait. C’était bien la première fois que quelqu’un lui disait un franc “non” sans avoir peur des répercussions que cela pouvait engendrer. Généralement les “non” étaient à peine soufflés,  murmurés, le regard baissé sur les chausses. Ce “non” devenait un “oui” par la force des choses et le silence d’un sorceleur au regard orangé. Il approcha Ablette de la monture de Saskya, flanc contre flanc, les deux amants se faisant faces. - Ma chère Saskya, si tu avais ton mot à dire sur notre chemin, j’entendrais volontiers ta voix, mais en ce qui me concerne * la voix redevient plus directe perdant de son amusement * - tu n’as pas mot à dire. Ne crois pas que ce qui s’est passé entre nous m'oblige à prendre en compte ta remarque … Je connais les risques et si je ne sentais pas un danger plus grands sur les chemins plus aisés, nous les prendrions. Nous prenons Amelle par ta faute, par la faute de ce danger que je ressens à chaque fois que je pose mon regard sur toi. Et tant que tu ne me diras pas toute la vérité sur toi, sur tes amis, sur vos intentions, je prendrais le chemin que je pense être le plus avisé, même si dangereux. Et tu me suivras, devrais-je t'enchaîner à moi pour cela.

L'idée était tentante, un souffle chaud navigua sur sa peau , souvenir de ses soupirs et de ses cris contenus malgré l'intensité de leurs ébats. Elle lui plaisait, c’était aussi sur que la nuit qui se couchait chaque soir. Cependant, il ne se laisserait pas dicter ni sa conduite, ni le chemin qu’il devrait prendre. - Ton épée nous sera utile, ou bien te sera retirée à toi de choisir si tu veux proteger ces gens que tu dis incapable de s’en sortir, ou les laisser mourir. Quelques mots qu’il murmure dans le vent sans qu’on en saisisse le timbre, et il se détourne avec Ablette.  

- Allons-y.

Ce n’était pas une demande, mais une mise en marche du groupe qui ne souffrirait aucun retard. Le cheval de Saskya suivit sans meme que la jeune femme ne puisse y faire quelque chose, la magie faisant son oeuvre. Les nains formaient une arrière garde des plus concentrées et solides sur pattes . Geralt et Otto étaient en tête, gardant en leur centre Saskya et Jaskier.

Une bifurcation et l’entrée dans les bois de La Forêt Noire. Il ne fallut qu’une minute, à peine, pour que l’air n’y devienne profondément humide et étouffant, comme si les arbres se refermaient sur le groupe pour les étreindre d’un souffle mortel.


Les nains avaient cessé ce babillage et grognement constants, meme si on entendait les litres de vin passer de main en main, devenant des vigies à courtes pattes, Otto avait pris son épée en main. s’essayant à une nouvelle prise, hors celle de la louche (oui il avait été mouché ! ) , Jaskier marmonnait ce qui ressemblait à des vers sombres sans oser élever la voix, et fit avancer plus rapidement sa monture pour rejoindre son ami, se penchant vers lui.

- Ahem, Géralt, tu es sur de toi ? ces bois ne m’inspirent pas confiance. Saskya a peut-etre raisons sur ..
- Elle a totalement raison, mais nous n’avons pas le choix . Reste derrière moi et silencieux, il nous faudra quelques jours pour passer ces bois, que ta voix reste dans ton gosier. S' il y a une attaque, tu me suis comme mon ombre.

Le barde ne répliqua pas, retrouvant la place qu’il occupait au centre du groupe et aux cotés de la brunette. - Saskya .. tant que tu ne diras la vérité à Géralt, il prendra ces risques. Il ne le fait pas pour lui, mais pour nous. Dis moi, tes amis nous attendent-ils sur le chemin des 3 cols ?



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La nuit avait été intense entre eux, et le retour à la réalité n'en était que plus désagréable. Loin d'être idiot, Geralt se méfiait d'elle et de ce qu'elle cachait, et Saskya ne pouvait pas lui en vouloir. Il y avait effectivement de forts risques pour que le chemin le plus simple fût piégé... mais ce n'était pas une raison pour prendre le plus périlleux ! Autant dire que même si son avis n'était pas demandé, elle se fit toutefois un devoir de le partager, défiant ainsi ouvertement un Sorceleur qui venait de braquer son regard dans le sien. Leurs yeux ne se lâchaient plus, mais la Belle soutenait le feu de ces pupilles de chat sans frémir. Elle ne détournerait pas le regard, jamais, ce n'était pas son genre.

Lorsqu'il rapprocha Ablette de son cheval, les deux animaux se retrouvèrent flanc contre flanc, et leurs genoux se frôlèrent dans le mouvement. Le Sorceleur affichait un curieux mélange d'amusement et d'énervement, sans doute n'avait-il pas l'habitude d'être contre-dit, mais Saskya ne recula pas pour autant. Bien droite sur sa monture, elle conservait son air fier voire insolent, et même les paroles acerbes qu'il lui adressa ne la firent pas changer d'avis. Passer par Amelle était un suicide, bien peu d'entre eux s'en sortirait vivant... il le savait, elle le savait... et elle ne comptait ni se taire ni en assumer la responsabilité.

« Tu choisis de prendre par Amelle, alors tu en assumeras la faute lorsque les cadavres tomberont. Je t'ai déjà dit qu'accepter cette mission était une très mauvaise idée et que tu devrais renoncer, ne l'oublie pas. »

Elle l'avait même averti plusieurs fois d'ailleurs, et même s'il était évident que les morts éventuels viendraient assaillir sa conscience, elle tâchait pourtant de s'en défendre et de rejeter la faute sur lui. Face à face, à seulement quelques centimètres l'un de l'autre, il régnait entre eux une tension terrible, et le souvenir de la nuit précédente n'aidait pas à l'apaisement. Ces deux fauves se défiaient, jouaient l'un avec l'autre, se jaugeaient et s'attiraient. La tension sexuelle n'était pas absente de cette équation, elle venait au contraire la rendre plus délicate, plus instable presque, et leurs fiertés respectifs n'aidaient en rien. Ils étaient tous les deux beaucoup trop fiers...

Et quelques instants plus tard, Geralt imposa son avis tandis que la troupe se mit en route, et il usa de la magie pour obliger le cheval de la Belle à avancer. Le petit groupe se forma avec les nains en arrière-garde, le Sorceleur et Otto en avant-garde, et Saskya et Jaskier au milieu. C'était encore la combinaison la plus optimisée même si elle se révélerait sans doute insuffisante pour tous les protéger, et ce fut sans un mot qu'ils s'enfoncèrent dans la forêt. Les mains serraient fortement les armes, et la Belle elle-même avait empoignée son épée, la tenant à l'envers dans une garde qui pouvait être aussi redoutable que dangereuse*. Peu de gens étaient capables de se battre ainsi, cela nécessitait un certain entraînement, mais dans un lieu comme celui-ci, ce serait peut-être leur salut. Silencieuse et tendue, son regard balayait sans cesse les environs, et la lame reposait sur sa cuisse pour plus de commodité.

De son côté, Jaskier ne semblait pas rassuré du tout, et il rejoignit assez rapidement Geralt pour se plaindre. Mais en vain. Le Sorceleur était buté, et Saskya avait clairement entendu sa réponse. Il leur faudrait effectivement quelques jours pour traverser ses bois... quelques très longs jours...

Anxieux, le barde se replaça alors à côté d'elle pour lui parler, et elle resta silencieuse pendant quelques instants. Toute son attention était concentrée sur la surveillance, et ce fut donc d'un ton un peu absent qu'elle lui répondit enfin.

« Je n'ai plus d'amis, Jaskier, ils sont tous morts. Les derniers ont été brûlés vifs il y a bien des années. »

Ces mots ne signifiaient pas que personne ne les attendait pour les piéger, mais simplement qu'il ne s'agissait pas d'amis à elle. Une oreille attentive saurait très bien saisir ce sous-entendu, mais elle ne pouvait malheureusement pas en dire davantage. Elle n'avait pas envie que le Sorceleur fût capturé et disséqué... mais elle ne pouvait clairement pas non plus renoncer à ses buts... et si ça se trouvait, cette forêt sombre et étouffante se chargerait de toutes façons de régler définitivement le problème...

De longues minutes passèrent, puis des heures. Tantôt dans un silence lourd, tantôt dans les hululement et autres hurlements des animaux du cru qui se faisaient entendre mais jamais voir. L'ambiance était terriblement lourde, le convoi se stoppait quelque fois lorsqu'un l'autre ou l'autre indiquait avoir aperçu quelque chose. Mais il n'y avait rien, il n'y avait jamais rien. À se demander si des bêtes habitaient vraiment ces bois tant ils ne croisèrent aucun être vivant pendant trois heures de cheminement, jusqu'à ce que la Belle tirât sèchement sur les rênes de sa monture qui s'immobilisa dans un renâclement nerveux.

« À droite, il y a quelque chose. »

Le groupe s'arrêta une nouvelle fois, tous les regards convergèrent à droite pour fouiller l'obscurité, et bientôt ils la virent : une silhouette gracile et élégante, une biche qui quitta lentement le couvert des fourrés pour venir croiser leur route comme si elle ne les avait même pas vu. Saskya put percevoir plusieurs soupirs de soulagement au sein du groupe, et Jaskier proposa bientôt de la manger ce soir, lorsqu'elle l'interrompit avec autorité.

« Tais-toi, quelque chose ne colle pas. Il y a un problème... »

Loin de la démarche vive et bondissante des cervidés, la biche avançait pas à pas, avec à-coup, droit devant elle comme si rien n'existait. Sa tête oscillait de droite à gauche, et Saskya raffermit sa poigne sur la garde de son épée, prête à tout.

Et puis tout à coup, la jolie créature s'arrêta enfin, trembla un instant sur ses longues pattes, puis tourna la tête afin de regarder le petit groupe de face... et tous purent se rendre compte que la moitié droite de sa tête lui avait été arrachée. Son œil droit pendouillait en dehors de son orbite, l'os du crâne était visible sous la chair sanglante et arrachée, et un pauvre gémissement lui échappa lorsqu'elle se remit en route pour s'approcher d'eux. Si le côté gauche de son corps, celui qu'ils avaient vu à son approche, était normal, le côté droit était en revanche en lambeau. La pauvre bête avait dû être attaquée par un prédateur qui l'avait à moitié déchiquetée avant de la laisser fuir.

Le groupe parut un instant tétanisé de peur. La Belle planta ses talons dans les flancs de son cheval pour obliger ce dernier à se rapprocher d'Otto, et elle tendit la main pour s'emparer de l’arbalète qu'il tenait entre ses doigts tremblants. Il était trop choqué pour pouvoir faire quelque chose, et Saskya lui prit doucement son arme des mains, visa, puis une flèche fila pour se ficher dans le crâne de la biche qui tomba aussitôt et rendit son dernier souffle en quelques secondes seulement. Sans parler davantage, elle lui rendit alors son arme, puis elle descendit de sa monture afin de s'approcher prudemment du cervidé. Sans émotion apparente, elle retourna le cadavre pour exposer son côté mutilé, et elle s'accroupit tout près afin de détailler les monstrueuses traces de griffures.

« Quoi que ce soit, c'est gros, très gros, et ça possède des griffes redoutables. La biche venait de par-là, alors on devrait contourner largement cet endroit.
- Mais... vu l'heure, on ne devrait pas plutôt s'arrêter ?
- Vu son état, elle n'a pas dû marcher pendant des kilomètres, alors la bête qui lui a fait ça ne doit pas être bien loin. Nous sommes sur son terrain de chasse, s'arrêter serait suicidaire. »

Il commençait effectivement à se faire tard, et si Jaskier était fatigué, il ne devait pas être le seul. Mais néanmoins, Saskya savait traquer les créatures, et elle connaissait donc leurs habitudes. Ses mots étaient frappés par le bon sens, et elle se releva bientôt afin de remonter à cheval sans rien ajouter. Son regard avait à peine accroché celui du Sorceleur pendant quelques secondes, l'endroit était trop dangereux pour qu'ils se défient, alors qu'il se décide et qu'il le fasse vite.

(* la même garde que celle utilisée par Eskiel dans son combat contre Caranthir pendant l'assaut contre Kaer Morhen).



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Sam 27 Nov - 17:38
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Je suis vieux , surement bien plus que vous ne pensez  un peu partout, surtout sur les routes et dans les auberges . Dans la vie, je suis un Sorcelleur. Attention différent d’un satané Sorcier ou Magicien et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma situation, je suis occupé quelques soirs, après quelques bières et quelques pièces et je trouve ca  .. bien ?..

 
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Il n'y avait plus de discussion à avoir alors que le convoi se mettait en route dans un calme cérémonieux. . Têtu comme un sorceleur, l'expression semblait des plus appropriées après l'irrévocable "nous ferons ce que je dis" d'un Géralt conscient des dangers qu'ils allaient encourir, mais tout autant conscient que peu importe l'endroit où ils passeraient ils seraient attendus et que le sang coulerait. Le sien, celui de ses compagnons d'infortune, celui de leur "prisonnière". De plus en plus cette mission qu'il avait accepté lui semblait être un chemin menant vers une mort certaine, peu importe la route empruntée. Des folies avaient déjà été commises de sa part, des erreurs, des rencontres, des changements dans son regard et dans cette chose qu'on appelait cœur et qui venait de se faire découvrir à lui. Saskya représentait pour lui un danger sans nom. Que serait-il capable de faire pour elle ? Saurait-il faire quelque chose contre elle si elle venait à devenir menaçante ? Il n'avait aucune réponse à donner. Peut-être était-ce aussi pour cela qu'il défiait aussi ouvertement la mort qui se dessinait devant eux en une menace inconnue. 

Jaskier tenta une sorte de médiation , un aveu contre le contournement de la forêt. Et même si Géralt n'avait pas tourné la tête vers le centre de la discussion, son ouïe fine fut attentif à ce qu'elle répondrait. Voilà déjà plusieurs fois qu'elle parlait de ses amis disparus. Et dans la mémoire collective des disparitions de ce monde, surtout dans le monde des sorceleurs ou des guerriers qu'elle semblait connaître, - oui il en était conscient - certaines histoires n'étaient pas oubliées, et peu à peu les éléments se regroupaient pour une vérité plus proche que jamais. Jaskier lui, parlait encore - Je suis désolé pour tes amis Saskya. Mais tu nous as maintenant , et puis tu as ... * s'il ne finit pas sa phrase, un léger hochement de tête vers Géralt qui avançait en tête du cortège. Un sourire large, une note de musique qui fut étouffée dans l'œuf.  Jaskier aurait bien tenté de poursuivre cette conversation pour remonter un moral en berne de la jolie brune, mais devant eux, un paysage noirâtre lui coupa le sifflet. 

La forêt sombre et étouffante s'était refermée sur eux de manière à clore de leur champ visuel le moindre chemin, le moindre rayon de soleil qui aurait pu permettre de la rendre plus habitable, plus humaine., moins menaçante dans son allure .  Il y avait une atmosphère poisseuse qui se ressentait dans l’air lourd qu’ils respiraient, dans le silence seulement brisé par des échos lointains de bruits sans sens, dans ces arbres déformés donc certaines branches semblaient se refermer sur eux pour les avaler , dévorant corps et âme en un seul repas. .La forêt Noire de Amaelle avait une réputation qui n'était pas usurpée. Beaucoup de ceux qui avaient tenté de défier cet endroit n'étaient jamais ressortis des bois. Même pour les Sorceleurs c'était un endroit maudit où beaucoup de compagnons n’avaient pas survécu, disparaissant simplement de la surface du monde sans qu'on ne sache si ces disparus avaient simplement quitté la forteresse et leur rôle, ou si ils avaient eu le courage plus fort que la réalité, succombant à de smaux au delà de leur compétence. . Meme Géralt ignorait s' il etait assez fort pour combattre les maux fantomatiques de cet endroit maudit, mais la Compagnie des Nains et celle de Saskya lui rendaient confiance    Celle de Jaskier un peu moins/ Et pourtant, même le barbe pipelette venait de passer sous un silence de mort, lui donnant un menu espoir qu'ils passent inaperçus. Même les montures, après une hésitation légitime à entrer au coeur de cette forêt, semblaient faire patte de velours sur les feuilles en décomposition;

A chaque pas résonnant dans le silence morbide de la forêt, il leur semblait entendre une réponse lointaine, écho menaçant tout autour d'eux. Une menace qui demeurait encore insidieuse, mais qui tournait autour d'eux, planant comme des corbeaux prets à festoyer. Il semblait n'y avoir aucune vie possible dans ces lieux, aucun animal croisé, pas de piaillements d'oiseaux nichants sur les branches des arbres, pas d'empreinte sur le sol humide et froid. Le groupe ne semblait etre que la seule présence vivante depuis des années. Et pourtant, cette pensée s'envola aux bruits de sabots d'une jolie biche, signe de vie enfin retrouvé. Mais, et ce "mais" est important, malgré cette trace vivante, de suite, quelque chose ne semblait pas aller. Il y avait dans la démarche de la bete un acte désespéré de ne pas faillir. Géralt restait profondément silencieux face à cette vision. Il avait maintes fois chassé et connaissait cette démarche de vaine tentative de fuite, de blessure et de mort à venir. L'animal se savait condamné, mais il avançait malgré tout. C'était brut autant que émouvant. Une vie qui avait été fauchée. Certains de ses compagnons haussèrent un peu la voix, Saskya fut cependant plus rapide pour casser l'enthousiasme revenu, mettant en garde le groupe. Et quelle mise en garde quand la face cachée de la mort se dévoila à leurs regards ahuris. La pauvre bête était à moitié rongée, et si sa beauté avait pu leur rendre le sourire d'un côté, de l'autre, elle provoqua un effroi qui s'établit dans les murmures entre les compagnons. Laissant Saskya descendre de monture pour aller vers l'animal mourant qui venait de s'écrouler, ses dernières forces l'abandonnant pour laisser place à la mort. Lui, resta à observer les alentours, le danger n'était pas cette pauvre bête morte, mais ce qui l'avait tué et devait la suivre pour terminer son œuvre. La biche ne semblait cependant pas être le seul repas prévu de cette soirée glaciale. La mort attirait la mort, c'était dans l'ordre des choses. Ce n'est que lorsque son regard accrocha celui de Saskya, que ses mots lui parvinrent. Du bon sens. Mais sans réponse pour l'instant, sauf un mouvement d'un Géralt qui descendit de sa monture, s'approchant de la biche qui finissait de se vider de son sang.

Posant un genoux au sol, il saisit de la terre ensanglantée entre ses doigts gantés, amenant près de son nez pour humer cette odeur de mort qui sembla d’un coup plus précise. Son regard  suivit des traces presque invisibles si ce n'était cette odeur qui semblait les suivre. - Nous ne camperons pas ce soir. *réponse à Jaskier, autant qu'à Saskya qui attendait, attentive à la suite qu'il donnerait à ce périple qui prenait la pire tournure possible. Si ce n'était pas l'un des compagnons qui avait trouvé la mort, celle-ci venait à eux de façon indirecte, faisant grandir la menace sur leur groupe.  
Pas un mot de plus en revenant vers Ablette pour saisir son épée d’argent et s’approcher de Saskya., la main sur le flanc de sa monture. Il n'élèva pas la voix plus que nécessaire
 
- Guide les , allez vers l’Est, ne vous arrêtez pas. Nous sommes .. suivis.

Il le savait. Il le sentait. L'entendait. Le ressentait. Un frisson le long de sa colonne vertébrale qui n'annonçait rien de bon. Rien à voir avec la soirée merveilleuse passée en duo sous des fourrures.  Il fit un signe aux nains qui rafermirent leur poigne autour de leurs armes se tenant pret à tout. 

En quelques secondes, Géralt avait disparu dans les fourrés, laissant le groupe derrière lui. Jaskier bafouilla un "mais qu'est-ce qu'il fait" ? Ce qui restait de la biche, ces traces de griffes importantes prouvaient au sorceleur qu'il avait à faire à une menace bien plus dangereuse que prévue. Il ne pourrait pas LES combattre seul, car le danger n'était pas unique cependant il pourrait les éloigner du groupe qu’il menait. Aussi peu discrètement que possible, il s’enfonçait dans les sombres tréfonds de cette forêt maudite espérant être suivi.



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Mioon
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Mioon
Mer 21 Sep - 18:34

Saskya
J'ai XX ans et je vis à XX.
A venir

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Yennefer de Vengerberg :copyright: Mioon


Elle vient comme la pleine lune lors d'une nuit joyeuse,
Avec la taille effilée et une forme de pouvoirs magiques,
Elle n'a qu'un œil dont les regards étouffent l'humanité,
Et le rubis sur sa joue reflète sa lumière,
La noirceur de ses cheveux recouvre ses hanches,
Prenez garde à ses boucles qui peuvent mordre comme des vipères.

(Extrait des Mille et une Nuits)


-:-:-:-:-:-

Une tension à couper au couteau régnait sur cette forêt trop sombre. L'atmosphère était moite et étouffante, aucun bruit ne filtrait, comme si tous étaient déjà morts. Juchée sur sa monture, le regard de la Belle rodait autour du petit groupe, à la recherche de la moindre piste, du moindre signe qu'un danger arrivait sur eux. La bête qui avait massacré cette pauvre biche était imposante, sans doute un Leshen ou un Fiellon. Le premier était toutefois beaucoup plus rare que le second, et même si un Fiellon était un ennemi redoutable, il le serait toujours moins qu'un Leshen. Surtout qu'il fallait prendre en compte que ce genre de monstres charriait toujours dans son sillage des nécrophages...

Durant quelques secondes, Geralt inspecta l'animal mort, renifla l'odeur qu'il portait sur lui, puis il trancha enfin sur la conduite à tenir. S'arrêter aurait été suicidaire, et il ordonna aussitôt à Saskya de guider le petit groupe vers l'Est tandis que lui-même mènerait leurs poursuivants de l'autre côté. C'était courageux, mais aussi totalement fou. Il ne servait toutefois à rien de contester, surtout dans un endroit dangereux, et la Belle acquiesça d'un signe de tête tandis qu'il s'éloignait déjà. Jaskier parut perdu, incapable d'appréhender la situation dans son ensemble.

« Il attire ce qui rôde ici pour que nous ayons le temps de fuir, alors dépêchons-nous. Le Sans-Retour ne doit pas être bien loin, alors rejoignons-le sans tarder. »

D'un geste autoritaire, elle attrapa la bride du cheval du barde, éperonna sa propre monture, et le groupe partit aussitôt au galop. Les chevaux n'allaient pas à fond de train, inutile de les fatiguer plus que nécessaire, mais Saskya menait pourtant une belle allure. Aux aguets, elle galopait tout en restant attentive, et ils atteignirent effectivement l'un des embranchements du fleuve quelques très longues minutes plus tard.

Près de l'eau, les montures profitèrent d'un temps d'arrêt pour boire et se reposer un peu. La jeune femme était songeuse, nerveuse. Elle connaissait un peu le coin, la ville de Belhaven et ses nombreuses mines n'étaient pas bien loin. La Duchesse de Toussaint tenait pour le moment tête à l'Empereur de Niflgaard, lui interdisant ses terres, aussi devraient-ils y être plus ou moins en sécurité. À défaut d'autre chose.

« Zoltan, tu vas prendre la tête du groupe et rejoindre Belhaven. Suis le Sans-Retour sans jamais dévier, et tu tomberas sur des mines plus ou moins abandonnées. Près d'un à-pic rocheux, vous trouverez un minuscule village qui n'a même pas de nom, ce sont des vieux mineurs qui se sont installés là. En bordure du village, il y a une petite auberge... attendez-nous là. »

Le nain opina de la tête, Otto paraissait trop terrifié pour la contre-dire, mais Jaskier ouvrit de nouveau la bouche. Le barde n'eut toutefois pas le temps de parler que la jeune femme leva la main pour le lui interdire.

« Je dois aller aider Geralt, il ne s'en sortira pas tout seul. Alors foncez vers Belhaven et ne vous retournez pas. Vite ! »

Et comme pour accélérer le pas, elle colla une claque sonore sur la croupe de Pégase, et le hongre de Jaskier renâcla un instant avant de finalement avancer. La Belle ne leur demandait de toutes façons pas leur avis, elle ordonnait. Et sans même attendre qu'ils fussent partis, elle fit aussitôt volte-face et galopa à vive allure dans l'autre sens. Sur son passage, les craquements de arbres dérangeaient son ouïe, mais elle sut toutefois retrouver son chemin sans trop de difficultés.

Bientôt, elle passa près de la biche, trouva quelques nécrophages morts, puis ce fut un hurlement bestial qui résonna dans la forêt. Son cheval rua de peur, mais elle l'éperonna pour l'inciter à avancer encore, jusqu'à rejoindre une petite clairière où le Sorceleur faisait face à un Fiellon. La créature était immense, musculeuse, et sa gueule était bardée de crocs dégoulinant de salive. L'une de ses ramures était cassée, mais l'autre pouvait toujours les empaler. D'un bond, elle descendit de cheval, et rejoignit Geralt tout en raffermissant sa prise sur son arme.

Pas besoin de parole inutile, elle se contenta de lui adresser un regard, et ils se séparèrent aussitôt afin de prendre la bête en tenaille. Ce fut d'ailleurs pendant ce mouvement que Saskya put constater que le flanc du Fiellon était ouvert d'une large plaie sanglante, mais elle n'aurait pas su dire si elle lui avait été infligée par le Sorceleur ou pas. L'une de ses pattes arrières étaient tordues bizarrement, sans doute cassée, ce qui l'obligeait à boiter sur ses quatre membres. Ainsi affaibli, il était un peu moins dangereux, mais la Belle savait combien elle ne devait pas baisser sa garde.

Le temps se figea, l'air était épais et poisseux. Et puis soudainement, la bête se tendit et hurla. La gueule brandit en l'air, elle beuglait si fort que le sol en tremblait, et la jeune femme bondit aussitôt tandis que sa lame fendait l'air. Le tranchant de métal découpa la chair d'une patte avant, et elle esquiva la contre-attaque vers la droite. Dans le mouvement, elle se retrouva encore un peu plus près de la bête, et elle traça aussitôt le signe d'Ignii vers son flanc déjà lacéré. Le feu embrasa ses poils, consuma sa blessure. Sans attendre, elle recula déjà, mais le monstre l'envoya valdinguer d'un coup de sa patte abîmée. Le choc contre un arbre fut brutal, Saskya retomba à genoux. Quelques instants plus tard, le combat reprenait déjà...

La suite fut un échange brutal et brouillon de coups et de cris, à l'issu duquel le Fiellon s'écroula lourdement sur le sol. Mort. À bout de souffle, en sueur et tremblant légèrement, la Belle ne s'approcha même pas, son regard parcourait déjà les environs. Les nécrophages ne tarderaient pas, ils ne devaient pas perdre de temps. À la recherche de son souffle, elle s'approcha de Geralt.

« On doit vite se barrer avant que d'autres créatures n'arrivent. J'ai envoyé le groupe vers Belhaven, nous y serons en sécurité. »

Elle haletait, et elle repoussa sa chevelure en arrière pour dégager son visage. L'arme toujours à la main, les deux remontèrent à cheval pour s'en aller, et leurs montures cavalèrent entre les arbres. Tout aurait dû bien se passer maintenant. Tout aurait dû...

Mais à mi-chemin entre la clairière et le bras du fleuve, des gargouillements leurs parvinrent aux oreilles, et ils tombèrent sur une véritable meute de Nekker ! Il devait y en avoir des dizaines et des dizaines, attirés par l'odeur du sang et de la chair fraîche. De la biche, il ne restait plus que quelques os, et ses maigres restes n'avaient pas contentés les monstres qui se jetèrent aussitôt sur eux. De nouveau, le combat s'engagea, brutal et violent. Les Nekker arrivaient par vague, les repoussant vers un promontoire rocheux jusqu'à les bloquer aux pieds d'une petite falaise. Plus il en tombait, plus il en arrivait. Au bout d'un moment, Saskya eut l'impression de ne plus combattre que par automatisme, tous ses membres la faisaient souffrir. Au sol, les cadavres de Nekker s'accumulaient, et certains de ses monstres s'étaient prudemment repliés, préférant manger leurs congénères à la place de risquer la mort.

Ils auraient sans doute pu s'en tirer, mais un élément perturbateur déboula soudain. Juché sur son cheval, Jaskier débarqua à toute allure en criant des insanités, et les sabots écrasèrent plusieurs créatures avant qu'il ne tombe lourdement par terre. Sans doute galvanisé par la peur de perdre Geralt, le barde avait chargé comme un démon, mais il était maintenant à la merci de ces mêmes monstres. Aussitôt, le Sorceleur bondit pour le protéger, et un Nekker réussit à passer sous sa garde et à lui lacérer profondément l'estomac de ses longues griffes. Geralt retomba sur le dos, la chair ouverte, pissant le sang. La panique envahit Jaskier, et la Belle dut le gifler sèchement pour le faire sortir de sa torpeur.

« Reste avec moi, Jaskier ! Traîne Geralt jusqu'à la roche et plaque-toi le plus possible contre la falaise ! »

Sa lame balayait toujours les Nekker, et ils reculèrent ainsi jusqu'à toucher le rocher. Contre la paroi, un creux avait été creusé par les éléments, et le barde y déposa son ami avant de reculer comme la jeune femme le lui avait ordonné.

Il restait encore une dizaine de ces saletés, ils allaient se faire submerger. Alors, la Belle inspira profondément, expira, et ses doigts tracèrent le Signe de Aard qu'elle envoya directement dans le sol. Aussitôt, la roche trembla, la falaise se disloqua par endroit. Elle n'eut que le temps de reculer elle aussi pour ne pas être écrasée par l'avalanche de caillasses, et lorsque le vacarmes se stoppa, il ne restait plus qu'un champ de ruines sanglant. Les Nekker n'étaient plus, et elle se tourna aussitôt vers Geralt pour inspecter sa blessure.

« Et merde, sa plaie est extrêmement profonde ! »

Les griffes du monstre n'avaient épargné les organes que par miracle, mais la blessure demeurait grave. Cautériser ou recoudre la plaie ne serait pas suffisant, elle était trop profonde. La seule chose qui pourrait sauver le Sorceleur, c'était la Magie, mais il n'y avait pas de magicienne dans les environs. Et elle-même était bien trop fatiguée pour lancer un Signe de Soin. À moins que... Son regard dériva vers la sacoche que portait Geralt, et elle l'ouvrit aussitôt afin d'en sortir une fiole d’Élixir. Cette potion était toxique pour n'importe quel humain normal, et malgré sa formation à Sarda, elle était une humaine normale. Elle n'avait subi aucune mutation qui pourrait lui permettre de boire ça et d'en sortir vivante.

« Jaskier, regarde-moi et écoute-moi bien, c'est important. Je vais soigner Geralt, ok ? Je vais le soigner, mais il risque d'être un peu dans les vapes ensuite, alors tu vas devoir l'aider à remonter à cheval et rejoindre les autres sans perdre de temps.
- Quoi ? Mais et toi ?!
- Chut, ne panique pas. Je vais être un peu dans les vapes aussi, mais ça va aller. Alors s'il-te-plaît, reste calme et aide Geralt. »

Sa voix était aussi ferme que possible. La Belle ne rentra pas dans les détails, préférant lui mentir pour ne pas l'inquiéter davantage. Si elle buvait cette potion, elle savait qu'il n'était pas sûr qu'elle s'en sortît en vie, mais il était inutile de l'inquiéter avec ça. Tout ce qui comptait, c'était de sauver le Sorceleur. À tout prix.

Les mains tremblantes, elle ouvrit la fiole, fronça le nez devant l'odeur, puis but le liquide cul-sec. Durant un instant, elle ne ressentit aucun effet, jusqu'à ce qu'un flot d’adrénaline n'arrive pour saturer tout son corps. C'était comme un flot de chaleur qui parcourait ses veines, lui donnait un coup de fouet. Accroupie à côté de Geralt, elle traça alors un Signe de Soin du bout des doigts, puis apposa ses mains sur la plaie béante. Rapidement, une lueur bleutée recouvrit sa peau, et la blessure se referma lentement mais sûrement. Concentrée à l'extrême, Saskya s'oubliait et transmettait tout son pouvoir au Sorceleur afin de lui permettre de guérir.

Durant de longues secondes, elle resta ainsi à le soigner, et puis soudainement, tout son corps se raidit. Ses mains tremblèrent. Ce n'était plus un flot de chaleur qui parcourait ses veines, mais une déferlante de lave brûlante. La tête lui tourna, son cœur s'emballa.  Miroslaw leur avait toujours strictement interdit de toucher aux Potions tant qu'ils n'avaient pas subit l’Épreuve des Herbes, et elle comprenait aujourd'hui pourquoi.

La souffrance était horrible. L'adrénaline s'était mué en un flot de douleur sans fin qui rongeait son corps. Gémissant de douleur, à moitié recroquevillée sur Geralt, elle soigna sa blessure tant qu'elle le put, et ce fut à l'issu d'une nouvelle vague brûlante qu'elle tomba par terre. C'était comme si elle se carbonisait de l'intérieur, comme si tous ses os se brisaient et s'écartelaient en même temps. Sa chair se consumait. Une bile amère reflua dans sa bouche, et elle se traîna un peu à l'écart pour vomir sur le sol. Repliée sur elle-même, elle ne parvenait même plus à gérer cette horrible souffrance.



Licorne et groseille à maquereau [Calville] - Page 3 Me3t

"Une nouvelle terreur a émergé de la mort, une nouvelle superstition a conquis la forteresse inexpugnable de l'éternité.
Je suis une légende."

R. Matheson
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