Encore une fois, je faisais les cents pas, faisant résonner le bruits de mes talon sur le parquet de bois vernis. J’étais debout depuis bien avant le crépuscule, chose rare. Je ne cessais de tourner les éléments dans ma tête: comment elle m’introduisait aux dîners mondains, comment elle devenait plus tactile, comment elle me dévorait du regard, et pas seulement parce qu’elle avait soif de sang. Je m’arrêta brusquement. J’étais une adulte maintenant, voilà deux ans que j’étais majeure. Et force m’était de constater qu’elle ne me voyait plus comme la jeune elfe terrorisée elle non plus… mais qu’attendait t-elle de moi au juste ? Je n’osais lui demander. Je crois que l’idée que je me faisais de sa réponse était plus effrayante encore.
D’une main tremblante je saisis un stylo et écrivit:

« Madame,
Je ne peux rester dans cette maison pour toujours. Je pense que l’heure est venu pour moi de vivre avec ceux de ma race car je suis une adulte désormais. Je vous serais à jamais reconnaissante pour tout ce que vous avez fait pour moi, je vous suis éternellement reconnaissante.
Sincèrement,
Eressëa »

Je regardais le papier, interdite. Je me fichais éperdument de vivre avec mes mes semblables. D’ailleurs, Madame m’emmenait à chaque fois qu’elle avait des affaires à traiter avec eux et m’avait plusieurs fois autorisée à séjourner un moment là-bas. Tout ceci n’était qu’un tissu de mensonges et elle le saurait. Je me mordis la lèvre et le sang perla sur mes lèvres. La vérité était que je ne voulais pas affronter la nature changeante de notre relation.
Soudainement, quelqu’un toqua à ma porte. Précipitamment, je cacha le papier sous l’épais oreiller trônant sur mon lit avant d’essuyer le sang sur mes lèvre d’un revers de main, y laissant une tâche.
« Entrez… »
Je voulu avoir une voix assurée, mais en vain, je sonnais comme une enfant prise au milieu de sa bêtise. Serais-ce Madame ? Dès le matin ? Mais pourquoi ?  

Confortablement assise dans mon siège, je relis les dernières lettres que j'ai reçues de nos partenaires de marchés. Depuis peu je me suis lancée dans la création et la ventes de vêtements féminins. La mode change mais je ne me fie pas à celle ci mais plus à l'oeil expert de ma femme de compagnie. Ma tendre Eressea doit être dans sa chambre à l'étage, lisant ou dormant certainement.

Tout semble en accords avec ce que m'avait annoncé mon chargé d'affaires, qui contrôle ainsi toute mes transactions commerciales. Le prix des tissus et des machines est bien celui prévu. Contente du nouveau marché, je signe le contrat qui accompagne la lettre pour le cacheté dans une enveloppe et l'envoyer au dit partenaire.

Je suis de bonne humeur aujourd'hui, après mon travail fait je décide de monter voir ma petite protégée pour passer du bon temps avec elle. Il me faut peu de temps pour arriver devant sa porte de chambre et tocquer puis entrer dans celle-ci quand elle me donne le droit de le faire. Je lui ai toujours laissée le choix en ce qui concerne nos entrevue. Mon plaisir et ma faim se font de plus en plus présente depuis que je la connais et elle sait elle même que si je vais la voir c'est pour me nourrir d'elle après m'être assurée que tout allait bien.

La porte grande ouverte, je regarde ma sublime compagne qui est installé dans son lit. Souriante, je m'avance vers elle, ressentant qu'il ce passe quelques choses. J'ignore quoi mais je compte le savoir très vite. D'un geste, je me retrouve devant elle, ma main défaisant sa mèche rebelle de sa joue pour caresser cette dernière. Souriante, je me penche vers elle pour déposer un baiser sur son front. Sa chaleur me réconforte et je profite un peu du contact pour caresser sa joue, ma mains descendant félinement dans son cou.

« Bonjour ma douce et jolie elfe, tout vas bien ? Je te sens tendue aujourd'hui. Je peux m'asseoir à tes côtés et te regarder faire ce que tu faisais avant d'arrêter ? »

Mes lèvres descendent sur ses joues, l'embrasse puis quitte sa peau brulante pour se déposer sur le dos de sa main que j'attrape de ma main libre. Ce geste, classe et respectueux, fait, je me recule d'un pas pour la regarder en me mordant la lèvre devant sa beauté.

C’est effectivement Madame qui ouvrit grandement ma porte tandis que j’étais assise nerveusement près de mon oreiller, près de la raison de ma nervosité. D’un coup, la vampire se retrouva devant moi, replaçant une mèche de mes cheveux et je sursauta devant sa vitesse surnaturelle pourtant habituelle. Le baiser glacée qu’elle déposa sur mon front me perturba tout autant, tandis que j’avais l’impression d’entendre les battements de mon coeurs s’affoler et résonner dans ma tête. Sa main glissa le long de mon cou, puis elle déposa un autre baiser sur ma joue, avant d’en déposer un autre sur ma main. J’avais littéralement arrêter de respirer, mais je pouvais toujours sentir son éternel parfum de rose et de sang, emplir mes narines. Mes joues me chauffaient et le bout de mes oreilles pointues également. Voilà, c’était ce regard, cette attention, ces sensations qu’elle provoquait de façon pourtant innocente, qui me donnait envie de fuir. Je déglutis doucement, me remettant peu à peu de mes émotions tandis que j’avais des fourmillements persistant qui me soulevait l’estomac, je me décalais de sorte à ce que Madame puisse s’assoir à côté de moi, tout en veillant à faire en sorte de demeurer entre elle et ce fichu oreiller.
« Bien sûr, venez… vous devez avoir faim. » L’invitais-je doucement avant de murmurer une boule de culpabilité dans la gorge. « Je ne… Je ne faisais rien d’intéressant, je viens de me lever et… et j’ai fais mon lit. »
J’étais décidément une bien piètre menteuse, enfin surtout parce que là, je culpabilisait énormément d’être aussi lâche envers celle qui m’a tout donner. Et à vrai dire, aussi perturbante soit l’attention qu’elle me porte, je l’appréciais… Je me mordilla la lèvre, rouvrant ma précédente coupure, tandis que mes oreilles s’abaissèrent de honte et culpabilité. De quoi avais-je si peur ? Devais-je réellement fuir ? Oui, sûrement. Je n’aurais jamais le courage de lui poser les questions qui brûlaient mes lèvres ensanglantées. Pourtant, les larmes commençaient à monter à l’idée de commettre pareil trahison. Mais avais-je vraiment envie de lui appartenir pour l’éternité ? Ce que j’étais perdue entre haine et besoin de sa tendresse. Quelle voie choisir ?

Ma question semble stresser ma compagne alors que je me place à ses côté une fois qu’elle s’est décalé, me laissant ainsi sa place sur son lit. Souriante, je ne la quitte pas des yeux alors que j’entends sa voix trembler à mes mots. Serait-elle malade ? En manque de nourriture ou de soin ? Tout de suite, je m’imagine le pire pour elle et, alors que ma main quitte la sienne pour défaire le pli de ma robe éternellement rouge, je lui dis d’un ton inquiet mais calme.

« Ma Belle tout va bien ? Tu te nourris bien ? Je peux te faire apporter un repas si tu le souhaite. Pour ma soif, elle peut attendre si tu ne te sens pas bien. »

C’est vrai que je viens la voir pour me sustenter et me délecter de son goût si alléchant. Au fil des années, son sang c’est affinée, devenu meilleur et de bonne qualité. C’est dû au fait qu’elle mange équilibré et surtout ce qui lui plait. Dès le début de notre accord, nous nous sommes entendues sur le fait qu’elle choisisse elle-même ses repas de la semaine et les cuisiniers font le nécessaire pour varier les mets qu’elle désire.

« Quelque chose semble te stresser Eressea ? Ais-je fais un acte qui t’a gêné ? »

En attendant sa réponse, je sens avant de voir sa lèvre saigner. Fronçant les sourcils d’inquiétude, je la regarde et pose délicatement ma main sur son menton pour essuyer sa bouche de mon pouce. Mes crocs me titillent et je sais qu’au fond de moi mon instinct me dit de se jeter sur elle, prenant son saignement comme une invitation à se nourrir. Pourtant, je reste immobile, posant uniquement mon pouce dans ma bouche et lécher de ma langue le sang de celle-ci. Un frisson me parcours alors et son goût m’émoustille.

« Toujours aussi délicieuse ma Belle. Tu ne devrais pas te mordre la lèvre ainsi sinon chaque vampire qui passera devant ta porte se présenteront à toi pour se nourrir. Tu sais que je n’aime pas partager ce qui est mienne. »

Regardant celle-ci, je souris d’un air malicieux puis porte mon intention sur sa chambre à coucher. Celle-ci est propre et peu décoré mais je vois qu’elle a retirée certain poster. Chose étonnante de sa part car elle aime afficher ses idées.

« Tu as changé la décoration de ta chambre ? J’aimais bien tes posters. Je comprends que tu veuille changer d’environnement. Si tu le souhaite on pourrait aller dans un magasin de papeterie ou même de peinture pour changer tes murs de couleur. »

Bien-sûr je compte aller avec elle, elle le sait et j n’ai plus à lui préciser ma venue. C’est une chose obligatoire pour elle, j’ai trop peur de la perdre. Elle peut se faire agresser et je ne le supporterais pas.

Elle s’inquiéta aussitôt. Evidemment qu’elle remarquait que quelque chose clochait depuis le temps. Mais alors que je m’évertuais à trouver l’excuse la plus plausible possible, je sentis sa main sur mon menton et son pouce sur mes lèvres. Je tressaillis tendis que mon coeur s’affolait de nouveau. J’avais l’impression de manquer d’air, tandis que mon coeur cognait si fort contre moi poitrine que je crû un bref instant qu’il allait en sortir. Je mis un temps avant de me ressaisir.
« … Jamais je ne vous ferai l’affront de me laisser mordre par quelqu’un d’autre, Madame… » Balbutiais-je en fixant les draps
Je voulu également répondre à son invitation concernant le changement de décoration de ma chambre, mais, le coeur au bord des lèvres à cause de tout ce stress, cette confusion et mon sentiment de trahison, la nausée me pris.
« Excusez-moi ! » Couinais-je précipitamment.
Je me leva d’un bon, me dirigeant précipitamment vers ma salle de bain, accessible depuis une porte se situant sur le côté de ma chambre. Il me sembla renverser quelque chose dans ma précipitation, mais je n’y fis pas attention.
La lumière s’alluma aussitôt en ma présence et un léger « bip » indiqua l’éveil de l’assistance. Je me précipita au lavabo et vomis de la bile. Ce n’était vraiment pas agréable de ne rien avoir à vomir. Tremblante, je passa ma main au dessus du lavabo et l’hologramme affichant le menu apparu. Je fis glisser mon doigt sur le cercle et le curseur devint bleu, j’appuya et l’eau froide coula. Je me rinça abondamment la bouche, puis le visage.
Soudain, je sursauta. Je sentais une présence. Cela devait être Madame, car je ne voyais pas son reflet dans le miroir face à moi.
« Ne vous inquiétez pas … sûrement un peu les hormones en vracs… je - je vais … manger et ça ira »
Je passa à nouveau ma main au dessus du robinet, et, cette fois, lorsque le menu holographique apparut, je remis le curseur à son point de départ, il devint gris et j’appuya, éteignant le robinet. Tremblante, je me retourna, faisant face à Madame.

Alors qu’elle m’assure qu’elle ne se ferait mordre par aucun autre vampire, ma douce se lève précipitamment en s’excusant et va dans la salle de bain.

Sans bouger, je la regarde en haussant les sourcils. Serait-elle malade ? Je l’ignore. J’entends l’eau couler dans le lavabo de la salle de bain après qu’elle est crachée et je me lève, faisant tomber au passage l’oreiller que tenait Eressea contre elle au sol.

D’un geste je le ramasse en me baissant quand j’aperçois un bout de papier plier en deux sur le lit. Ma curiosité l’emporte sur ma confiance envers elle et je saisie le mot pour le lire. C’est m’a douce elfe qui l’a écrit, j’en suis certaine, reconnaissant son écriture. Je me mords les lèvres à la lecture du mot. Les larmes commencent à monter à mes yeux et d’un mouvement je me retrouve derrière elle dans la salle de bain.


Sans bruit, j’attends qu’elle se retourne alors qu’elle me dit que ses hormones sont en vracs et qu’elle doit manger. D’un ton sec et autoritaire, plongeant mes yeux larmoyant dans les siens, je lui dis.

« Tu es sûre que ça n’a rien à voir avec ton envie de partir sans rien dire ? Tu veux fuguer ? N’est tu pas assez bien lotis ici ? Tu as tout ce que tu veux et quand tu veux ! Qu’est ce qui ne va pas ? Dit moi ! »

Reculant de quelque pas, je ne la quitte pas des yeux, blessée par son audace de me faire un coup dans le dos comme un traitre.

« Je t’aime Eressea, plus que ma mère. Tu es bien plus que ce que tu crois pour moi, tu n’es pas un garde-manger comme ma mère a pu te le faire comprendre. Pas pour moi en tout cas. Je suis déçue de ton comportement. »

Sans un mot, je me rassoie sur le lit, la tête baissée en laissant mes larmes couler sur mes joues.

Je me figea devant elle, tétanisée par son ton autoritaire. Je me laissa tomber sur le carrelage froid, ne remarquant que trop tard les larmes dans les yeux de ma maitresse. Je fus surprise de l’entendre déclarer son affection pour moi avec autant de facilité et de sincérité. J’ai vraiment été sotte, n’est-ce pas ?
Je me rendis en tremblant jusqu’au lit et me mit à genoux devant elle, essuyant ses larmes délicatement, du bout de mon pouce tremblant.
« Ne pleurez pas ainsi pour moi, je n’en vaut pas la peine… » Lui murmurais-je d’un ton trahissant ma propre culpabilité.
Je saisit ensuite le petit mot, que je déchira maladroitement avant de courber l’échine devant la vampire, dans un réflexe de démonstration d’acceptation de son autorité.
« Ce que j’ai fais est inexcusable … je le sais bien. Je ne m’attends pas à votre pardon, je ne mérite pas. Je… je ne manque de rien auprès de vous, et je sais bien que je suis plus qu’un frigo ambulant à vos yeux. C’est bien… le « problème ». » Commençais-je à avouer. Je dû faire un pause, rassemblant tout mon courage tandis que moi aussi, j’étais secouée de sanglots. « Je…. j’ai peur. Peur de ce que vous ressentez pour moi et de ce que vous provoquer en moi. Je ne comprends tout ceci qu’à moitié et… j’ai été lâche. Je n’ai nulle autres explications à donner que ma lâcheté, Madame. J’accepterais sans contestation votre décision me concernant, consciente que je vous ai failli. »
Mon estomac se révulsa à ces derniers mots, conscient de la lourdeur de leur sens. Qu’allait-il m’arriver désormais ? Allais-je être emprisonnée ? Réduite en esclavage, devenant une frigo pur et simple sans aucun confort ? Renvoyer chez un autre vampire ? Ou… Exécutée, tout simplement. Après tout, je venais de trahir l’héritière au trône, ni plus, ni moins. Quelle sotte. Mais je n’allais pas supplier. Ce serait contester son autorité. Aussi restais-je là, tremblant comme un chaton abandonné sous la pluie, une main plaqué sur ma bouche pour étouffer mes sanglots, toujours courbée et à genoux bien que mes muscles protestaient.

Ma belle et douce Eressea est à mes genoux alors que je libère mes larmes après avoir lue le mot qu’elle avait laissé sous l’oreiller. Doucement, je sens ses doigts bouillonnants essuyer les larmes de mes yeux. Je relève la tête vers elle et l’a vois entre mes jambes à genoux. D’un geste, alors qu’elle m’apprend qu’elle à peur de ce que je ressens pour elle et de ce qu’elle ressent pour moi, je caresse ses cheveux en la regardant tendrement.

« Je suis amoureuse de toi depuis quelques années Eressea. Je t’interdis de dire que tu es un problème pour moi. Tu es ma raison de rester dans le château et d’être ainsi. Ma mère ta choisie comme garde-manger, moi je te choisis comme petite amie. Calme-toi maintenant. »

Doucement, je caresse ses cheveux puis sa nuque en attendant qu’elle se calme tout en me penchant pour embrasser son front. Une idée me vient à l’esprit et je souris alors que je la regarde sangloter. Ma main descend dans son cou et doucement je lève son menton pour qu’elle me regarde. Je la fixe du regard en souriant malicieusement tout en m’imaginant des supplices auxquels elle devra répondre.

« Je ne t’en veux pas pour le message maintenant que tu m’a expliquée que tu ne sais pas ce qu’il se passe entre nous. Je te le dis je te veux comme petite amie en plus de me servir. Tu auras certain droit, mais pour le moment nous devons garder cela secret en attendant que j’en parle à ma mère compris ? »

Je la regarde en haussant un sourcil, cherchant à voir dans son regard de la compréhension.

Je fus surprise de sentir ses mains me caresser les cheveux. Je fus encore plus surprise de l’entendre prononcer le mot…
« Petite amie… ? » Ce mot incongru roula sur ma langue avec une saveur particulière.
Le pouvais-je ? Cela me paraissais si incongrue. Nous étions deux femmes. Elle était une princesse. Je n’étais… rien. J’étais en bas de l’échelle sociale. Si Mavis me choisissait - Et plus encore: officialisait la chose, ça allait être un véritable scandale, non ?