D'abord un mail, qu'elle n'a pas prit en compte parce qu'elle sait que les arnaques sur internet sont nombreuses. Puis ça ne l'intéresse pas, ''une expérience de survie comme aucune autre''. Elle a déjà fait des excursions de groupes, payantes, pour repousser ses limites tout en découvrant de nouveaux paysages. Ces aventures avaient été parfaites, mais la première fois qu'elle a été contactée, Constance n'était pas dans l'état d'esprit de quitter sa petite maison en milieu de forêt. Puis une lettre, postée d'un autre pays qu'elle a reçu dans sa boite aux lettres. Elle avait froncé les sourcils en lisant la même phrase que dans ce mail, surtout en reconnaissant le logo en haut du document : elle ne sait pas de quelle compagnie il provient, mais elle le reconnait bien. Des mots ajoutés qui ne lui ont pas plus ''retranscrit à la télévision, offrant aux participants une renommée mondiale en cas de succès". Constance n'a pas la télévision ; elle ne sait pas ce qui se passe dans le monde. Elle use d'internet et de son téléphone que pour le travail, que pour les choses obligatoires de la vie. Elle a déchiré la lettre sans lire le reste, l'a jeté à la poubelle. Constance n'est pas dans l'optique d'être célèbre ; elle veut simplement vivre sa vie comme bon lui semble sans être sous les projecteurs du reste du monde.

" - T'as finis de rembourser ta dette, alors ?" Claire est heureuse, sa soeur. Elle sourit de toutes ses dents, pousse un cri de joie et prend Constance dans ses bras en manquant de faire tomber le vin qu'elle tient dans son verre. " Putain, mais c'est trop parfait ! T'as tellement gérée, t'es tellement parfaite.."

Voilà trois ans maintenant, que Constance n'a pas eu de nouvelle de cette ''aventure unique''. Les choses ont changés pendant ce temps, suite à un feu qu'elle a créé sans le vouloir, Constance a du travailler deux fois plus, pendant trois années complètes, pour rembourser les dégâts causés chez son plus proche voisin. Mais l'homme n'avait pas porté plainte, parce qu'il connaissait Constance et qu'elle l'aidait souvent pour entretenir sa ferme contre quelques légumes de son potager. Alors elle n'a eu qu'à rembourser : heureuse, il était assez fortuné pour payer en amont les réparations. Mais qu'est-ce qu'elle fut fière d'elle, Constance, de remettre les choses en états, même si elle a longuement pleuré à cause de la somme à rembourser. Mais une fois chose faite, le sentiment ressenti est le meilleur du monde.

Pourtant, après trois ans à ne rien faire d'autres que travailler -en oubliant presque le plaisir de surfer- Constance ressent plus que jamais le besoin de s'évader. Depuis trois semaines maintenant, elle réfléchit à quelle sorte de voyage, aventure, elle pourrait participer pour se remettre sur les bonnes railles. Mais ses économies sont nulles ; elle ne peut pas dépenser un rond pour s'amuser. Alors, elle avait commencé à se résigner à passer tout son temps à la place ; renouer avec son sport favoris n'aurait pas été mauvais, au contraire, elle aurait enfin profité.

" - Au fait," Claire finit son verre d'une traite, et se penche sur le plan de travail pour attraper, plus loin, un petit paquet d'enveloppes. " t'as reçu du courrier ce matin."

Constance a attrapé les enveloppes ; trois factures donc deux déjà payées en amont, deux publicités aux quelles elle ne porte pas le moindre intérêt, un mot de son voisin qui la remercie, la félicite en lui donnant le sourire. Et une dernière lettre qui attire tout de suite son attention ; ce logo, pour la troisième fois, se dessine sous ses yeux. Mais cette fois-ci, Constance n'est pas seule. Elle lit le courrier en diagonal, encore une fois, bien que plus intéressée à cause de ces envies récentes. Mais Claire comprend tout de suite de quoi il s'agit car elle, suit tout ce qui se passe à la télévision : voilà deux soeurs bien différentes.

" - Tu me tues, à pas savoir ce genre de chose..." Claire rigole, avec plus de moquerie cette fois, mais se met à expliquer ce en quoi cette entreprise consiste. " C'est une émission. La boîte choisit des participants qu'elle met sur une île. C'est une compétition sportive mais... c'est vachement violent." Elle hausse les épaules, grimace parce qu'elle a la valeur de l'être humain et ne pourrait prendre elle-même la décision au sujet de ce qu'elle continue de raconter. " Y a déjà eu quelques morts. Mais c'est aussi hyper stratégique. C'est à mi chemin entre le travail d'équipe, et le chacun pour soi."
" - Et, c'est quoi le but de tout ça ?" Qu'elle demande, en gardant la lettre entre ses doigts. " Ils parlent de célébrité, dans la lettre... mais ça ne peut pas être que ça, non ?"
" - Je sais pas, en fait..." Claire hausse les épaules, et ressert un verre de vin aux deux femmes. " Y a jamais eu de gagnant, encore. Alors je suppose que le prix, secret, est toujours le même que la première année." Elle boit une longue gorgée, avec envie certainement à cause de tout ce qu'elle a déjà bu. Puis, repose son verre et fait un mouvement de la main qui envois une légèrement brise de vent sur les cheveux de Constance. " J'sais pas pourquoi ils te veulent... mais c'est pas pour toi ça, grande soeur. Juste... laisse tomber."

Ce soir là, Claire avait jeté la lettre elle-même, avant de partir en continuant à rire en imaginant Constance dans cette émission. Si Constance n'avait jamais imaginé faire une telle chose, son besoin d'aventure et de liberté, lié à son manque d'argent, l'a poussé à récupérer la lettre jetée pour la regarder une nouvelle fois. "aventure unique, pour sportifs exclusivement, prise en charge de tous les déplacements, gratuité totale pour le candidat, paiement des frais funéraires, prix de haute valeur pour le gagnant, [...]". Des mots qui lui font peur. Mais des mots qui auraient du plus lui faire peur, car Constance a répondu positivement à cette lettre. Sans se questionner plus sur la façon dont elle a été choisie. Mais pour cette émission, pour ce challenge, on est invité par quelqu'un qui nous connait. Tout le monde n'a pas la chance de pouvoir être choisi, et ça, ça aurait du faire tilte dans la tête de Constance. Car une fois sur place, elle se rend compte qu'elle n'a rien à voir avec les autres candidats. Claire avait raison, je suis pas faite pour ça. qu'elle pense, dans ce hall d'hôtel où tous vont se rencontrer pour la première fois. D'ici quelques heures, ils seront emmenés, en bateau, sur cette île mystérieuse. Son coeur bat la chamade : elle n'a jamais voulu être célèbre, et pourtant, elle voit déjà les caméras aux quatre coin de la pièce. Il est trop tard pour faire marche arrière, le jeu à déjà commencé en quelques sortes.

― T'as envie que ça se termine ainsi?
― Il faut croire.

Sa femme avait retiré son alliance, la déposant sèchement sur le comptoir.

― Emballe tes affaires, je ne te veux plus chez moi quand je rentrerai du boulot.

Le bruit de ses talons avait martelé le sol de leur appartement lumineux. Le claquement de la porte avait fait sursauté l'ancienne championne comme si le sol avait grondé sous un tremblement de terre. On venait de la plaquer? Voilà ce qu'elle récoltait à confronter sa femme sur une possible tromperie? Aucune explication, encore. Seulement des reproches et une voix élevée. La femme s'était retournée pour quitter les lieux, bien plus intéressée par son boulot que le bout de femme qui partageait sa vie.

― Salope, avait marmonné Sonja.


― C'est quoi cette lettre?

Sonja s'était laissée tombée sur le canapé en cuir blanc, vêtue d'un maillot de bain puisqu'elle revenait d'une baignade à la piscine intérieure.

― Rien d'intéressant, avait vaguement répondu Ebba.

Elle détestait profondément son attitude, lorsqu'elle lui cachait des choses sous son nez. Sa femme était comme ça, cachottière et implacable. Sitôt que l'occasion se présentait pour qu'elles se querellent, elles se querellaient. « Pourquoi est-ce que tu ne te mêles jamais de tes affaires? » récriminait souvent Ebba avec aplomb. Cette fois-là, elle s'était levée du canapé sans même accorder de l'attention à sa partenaire. Sonja s'était empressée d'attraper la lettre fermement tenue entre ses doigts.  

― [...] retranscrit à la télévision, offrant aux participants une renommée mondiale en cas de succès?

La concernée avait prestement repris la lettre pour la fourrer dans son veston. Découragée était assurément le mot juste pour décrire les pensées de Sonja. Découragée de vivre cette vie. Découragée de cohabiter avec une femme qui n'avait réellement montré son vrai visage après le mariage. Découragée que cette gloire ne lui revienne pas. Pourquoi n'avait-elle pas reçu de lettre? Et qui pouvait bien envoyer celle-ci à Ebba?


Plantée dans la cuisine, elle fixait la porte, incapable de réagir, du moins, jusqu'à ce que ses neurones réagissent à sa place. Les mensonges, la distance de Ebba, est-ce que tout cela avait un lien avec la lettre récemment aperçue? En quête de trouver une réponse, la fille s'était dirigée vers la penderie de Ebba de manière à dénicher le bout de papier. Un sourire satisfait s'était dessiné sur ses lèvres en le trouvant toujours caché dans le veston. Elle s'était alors empressée de lire tous les détails énumérés sur le bout de papier. Ebba avait-elle l'intention d'y participer, de récolter le prix - assurément de l'argent - pour ensuite partir? Elles étaient mariées. Forcément, toutes décisions auraient des impacts sur elle. Sonja ne se souvenait plus comment c'était arrivé, mais ses biens étaient au nom de son épouse. Elle perdrait tout, non pas que cela soit dérangeant. Elle n'avait jamais été matérialiste. Mais se retrouver seule et sans rien, ça pouvait faire peur, surtout dans une aussi grosse ville, où le fric domine. Et ce genre de peur, ça pousse les gens à réagir. C'est la peur au ventre, le désir de ne pas se faire avoir une deuxième fois, qui a poussé Sonja a remplir une valise et foutre le camp avec l'invitation.


L'argent n'a jamais été une motivation, mais réussir dans la vie, c'est une autre histoire. De l'argent, elle en a. Et Ebba n'y aura pas accès à la banque. Qui paiera le loyer en son absence? Cette pensée la fait sourire. L'autre sera en tort quant aux paiements. Elle était heureuse, Sonja, quand tout était un conte de fée. Elle était compétitrice, mais assurément trop naïve. Naïve de coeur, pas d'esprit. Ça prend du caractère, une bonne force mentale et aussi un bon entraînement pour se rendre là où elle était. Le golf c'est pas seulement un loisir, quand on reste des heures au soleil, quand on analyse le terrain, quand on frappe et on vise. Seulement, elle n'a pas su correctement choisir ses alliés. Elle s'était laissée guidée et dirigée par la mauvaise fille, une agente capable de démolir sa réputation et son avenir juste à cause d'une rupture. C'est ce qu'on récolte, à accorder sa confiance aux mauvaises personnes.

Et quand elle regarde ces gens qui l'entourent, dans ce hall d'hôtel, elle n'arrive pas à savoir qui est digne et qui ne l'est pas. Un jeu. Une compétition. Voilà ce qui les attendent. À son arrivée, les réservations des chambres étaient déjà faites au nom des participants. On l'a longuement observée, lorsqu'elle a été obligée de montrer sa carte d’identité. Elle a juste lâché « Ebba c'est un second nom. » On aurait pu lui dire de faire demi-tour, mais non. La réception a accepté sans brocher. Tant mieux. Moins d'explications à donner quant à cette demie usurpation. Elle se dit aussi qu'elle aurait dû se renseigner davantage, prenant réellement conscience des termes une fois sur place, que ce soit par les frais funéraires ou les conditions difficiles à venir. Sur le moment, ce n'était pas sa plus grande préoccupation. Qu'importe les caméras, Sonja escompte bien à ce que Ebba puisse la voir aux écrans en se disant qu'elle a loupé sa chance.

― Ta tête me dit quelque chose, je ne t'aurais pas déjà vu quelque part? Il me tarde de voir tes nombreux talents.

Un type se glisse à ses côtés, l'oeil avidement curieux.

― Assurément dans tes fantasmes. De ceux qui ne se réalisent jamais.

L'oeil aguicheur se transforme, révélant des traits mécontents. En voilà un déjà offusqué. Elle n'aurait peut-être pas dû répondre si froidement, mais la réplique était sortie spontanément. En baissant la tête, Sonja remarque l'alliance à son doigt. Elle avait oublié de l'enlever, ce qu'elle fait aussitôt pour la glisser dans sa poche.

― Chers candidats, bienvenus, s'enthousiasme une voix qui vient à leur rencontre, assurément pour donner des détails et les inviter à se déplacer dans une salle pour faire connaissance.

Tant de visages qu'elle ne connaît pas, alors que Constance devrait. Sur les trente quatre participants, sept ont des visages connus des caméras. Que ce soit pour leur réussite en sport, comme Sonja Anitha Pétra, pour leur niaiseri et stupidité en participant à des télé-réalité quelconque, pour deux d'entre eux. Un autre à la chance d'être à la tête du plus grand réseau social du monde, et le dernier a été élu dans le comté de Constance. Bien qu'elle n'ait pas encore vu ce dernier. Voilà ce que c'est de ne pas faire attention au reste du monde. Pour elle, tous sont des inconnus et elle l'est pour eux aussi. Mais la blonde n'a pas de problème au sujet de sa personne, elle ne se sent ni trop bien, ni pas assez. Constance pense avoir une bonne estime d'elle-même mais ce n'est rien comparé aux gens qui se trouvent ici. Certain ont certainement désiré pendant des années de venir ici ; d'autres pensent que c'est leur moyen de toucher la gloire. Son cœur a elle bat parce qu'elle veut connaître l'aventure.

Tout le monde se déplace vers l'estrade quand une voix annonce la bienvenue aux candidats. Les hommes sont grands, les femmes semblent bien bâties pour l'aventure. Mais personne n'a l'air assez fort pour survivre aux faits énoncés dans la lettre. Constance est plus frêle, elle parvient à se hisser vers les premiers rangs pour voir de quoi il s'agit.

'' - ... Merci d'être avec nous cette année. Nous sommes tellement heureux de vous avoir avec nous pour cette nouvelle aventure... " Le spitch du présentateur continue, Constance l'écoute attentivement lorsqu'elle froncé les sourcils à l'arrivée de quatre nouvelles personnes sur l'estrade. "... l'honneur d'accueillir une nouvelle fois quatre anciens candidats ! Ils seront dans le jeu, au même niveau que le vôtre. "

Des participants de mettent à huer, à siffler et à crier qu'ils ne sont pas d'accord. Certain ne sont pas content qu'on laisse une chance aux anciens : ceux qui ont été éliminés ne devraient pas avoir le droit de retenter leur chance. D'autres se moquent parce qu'ils pensent pouvoir faire beaucoup mieux que les précédents. Et Constance, elle ne fait que regarder tout le monde sans comprendre. Ni la complexité de ce qui se passe, ni l'ampleur de ce qui l'attend.

Il n'y a aucune règle qui est énoncée. Tout le monde semble déjà connaître le fonctionnement du jeu : les éliminations, et tout ce qui s'en suit. Elle n'y connaît rien et aurait voulu qu'on lui dise haut et fort le déroulement des choses. Qu'elle idée de n'avoir regardé aucunes informations à ce sujet. C'est censé être ça, l'aventure. On leur dit qu'ils peuvent profiter de cette nuit, aux frais entièrement payés par l'émission.

"... Et, une dernière chose avant de vous laissez cogiter jusqu'au bateau de demain matin... " Le présentateur est fier de sa nouvelle. Cette année, il veut ajouter du piquant a son émission. " Un collier d'immunité individuel à été caché dans l'hôtel. Je ne vous laisse aucun indice. Il n'y en aura qu'un pour vous tous. "

Il a seulement laissé un blanc s'installer, avant de souhaiter une bonne soirée à tout le monde. Avec un sourire faussement sincère, du point de vue de Constance, il annonce une publicité qu'elle ne comprend pas en le voyant regarder un angle qu'elle ne capte pas : celui de la caméra. Et puis tout le monde se met à agir, c'est ce que le présentateur voulait. Tous ceux qui veulent le ollier plus qu'autre chose se ruent pour chercher au moindre endroit. Il y a ceux qui retournent dans leur chambre parce qu'ils comptent faire sans des le départ. Et il y a ceux comme Constance qui restent immobile à rien faire. Perdue. Elle aura finit par s'éloigner dans sa chambre après une bonne partie des gens : une nuit. Ils ont une nuit pour chercher ou pour profiter. Constance a décidé qu'elle se reposerait et profiterait : parce qu'elle ne veut pas passer la nuit à chercher, à se fatiguer, pour n'avoir aucun résultat.

'' - T'es trop mignonne pour être là, toi''. Voilà ce qu' un candidat lui lance lorsqu'en ressortant de sa chambre trois heures plus tard, ils se croisent.
'' - Excusez-moi ? Elle paraît surprise qu'on s'adresse à elle, alors qu'elle paraît si invisible depuis son arrivée. Elle a l'impression qu'aucune caméra ne s'est pointée sur elle, alors qu'elle disparaît aux yeux des autres.
'' - Tu fais partie des pecknos choisis pour figurer ? ''
" - Est-ce qu'ils font vraiment ça ? "

Elle paraît si inoffensive face à lui, qu'il se met à rire d'un rire gras tout en traçant sa route. Son sot de glace à la main, Constance fronce les sourcils en se retournant pour le voir partir. Elle n'a pas la moindre idée qu'elle est enregistré à cet instant même. Puis, elle continue sa route. Tout ce qu'elle désire, c'est trouver ce distributeur de glaçons pour pouvoir y plonger ses pieds. C'est ce qu'elle a apprit en vivant isolée : le froid fait du bien à tout le corps lorsqu'on sait comment l'appliquer. Surtout à ses petits pieds.

L'annonce du présentateur est la première étape avant le commencement de l'aventure, car, par des mots, il instaure un sentiment de concurrence ; quatre anciens candidats sont de retour pour semer le doute dans l'esprit des nouveaux quant à leurs compétences ; sans oublier ce collier d'immunité caché dans l'hôtel que tous voudront assurément s'arracher. Sonja se demande si elle est aussi stupide que la plupart d'entre eux ; veut-elle se lancer dans cette folle quête également? Néanmoins, la première chose que pense faire Sonja après le speech, c'est regarder son téléphone en quête de faire des recherches et d'en savoir plus sur cette télé-réalité ; ou du moins apprendre des choses sur les quatre candidats de retour pour une nouvelle saison. Mais le réseau est bloqué dans l'hôtel : ni Internet ni communication. On les prive déjà d'entrer en contact avec l'extérieur? Pas étonnant qu'ils n'ont rien fait signer concernant toutes confidentialités. Ils se sont déjà assurés que cela le soit.

Quelques heures passent.  

― Ne fais pas attention à ceux qui voudraient te décourager. Ils se pensent meilleurs que les autres, mais en situation réelle, les rôles sont parfois inversés. Au fait, moi c'est Mike.

Tout juste après le départ du candidat qui vient volontairement d'intimidé Constance en instaurant la peur dans son coeur, un autre type s'adresse à la blonde tandis qu'elle se dirige vers la distributrice à glaçons. Ce type, il lui tend la main gentiment pour se présenter. Tout comme les autres participants, il semble en pleine forme. Cependant, il ne possède pas une forte musculature. Qu'il soit moins musclé que les autres l'empêche-t-il d'être performant et efficace? Contrairement à bien d'autres participants, il semble plus ouvert et plus souriant. D'ailleurs, c'est tout naturellement qu'il accompagne Constance jusqu'à destination, assurant vouloir apprendre à la connaître : elle semble être une chouette fille, dit-il. Le genre d'alliée qu'il aimerait beaucoup.

― Tu pourrais aussi lui dire que tu as trouvé le collier d'immunité et que tu ne crains pas de faire banalement la causette parce que tu te sais " sain et sauf ". Ce serait bien qu'elle le sache si jamais tu cherches uniquement à lui faire perdre son temps?

Il était plus facile de surveiller les participants que de chercher le collier. Sonja aurait préféré se montrer moins sournoise. Elle aurait préféré trouver ce collier elle-même, à l'effort de ses muscles et à la sueur de son front, plutôt que d’espionner. Mais c'était malheureusement la meilleure chose à faire pour en découvrir davantage sur les participants et leur manière de fonctionner. C'est ainsi qu'on apprend à agir envers ses opposants. Ils sont tous stratèges à leur façon. Celui-là, qui s'adresse gentiment à Constance, il se fiche bien de savoir avec qui il s'affiche. Il sait qu'il est sain et sauf pour ― peu importe quelles instructions suivront et comment fonctionnera la première élimination. Car c'est forcément ainsi que ça se déroule. Le cerne-t-elle bien ou le juge-t-elle trop vite? Elle n'a pas hésité une seule seconde à la confronter en le voyant faire ami-ami avec cette fille.

― Je me fiche de ce collier. Je l'ai trouvé, tant mieux, mais je ne m'en sers pas pour me jouer des autres.
― Vraiment? rétorque Sonja.
― Je ne doute pas de mes compétences. Je pourrais le lui donner si ça satisfait tes doutes. Mais je ne crois pas que tu aies ton mot à dire. Le jeu, c'est le jeu.
― Garde-le. De toute manière, chacun révèle son vrai visage en temps réel, non?

Après les aveux du type, elle semble soudainement se détendre, et lui sourire. Il a raison. Le jeu c'est le jeu : il a trouvé le collier. Pourquoi devrait-il le donner? Mais il est louche de voir un type dans son genre vouloir s'allier à la plus effacée des participantes. En quoi cela peut-il lui être bénéfique? La blonde est jolie. Il aurait pu laisser son entre-jambe décider à sa place dans le but de satisfaire des envies malsaines? À cette pensée, elle le toise longuement des pieds à la tête, presque avec dédain. Sonja a évolué parmi des gens superficiels. Inévitablement, elle les imagine comploter en permanence. Et il arrive souvent qu'elle se trompe.

― Ça va si je lève le drapeau blanc? que le type plaisante, se voulant rassurant envers les deux femmes.
― À la condition que tu nous parles un peu de ce jeu. J'ai envie de dormir sur mes deux oreilles ce soir. À moins que tu aies mieux à faire.
― Entendu, accepte l'homme. Mais on devrait bouger de là.

Il est préférable de prendre le taureau par les cornes, pense Sonja. Voilà une chose de réglée. Lorsque l'homme accepte, la fille se permet d'observer la blonde avec plus d'attention. En observant cette conversation d'un oeil externe, on pourrait très clairement imaginer que c'est Sonja qui s’incruste pour profiter de deux participants. Mais elle cherchait avant tout à connaître les réelles intentions de celui qui était parvenu à obtenir le collier ― et pourquoi il avait choisi pour première cible la blondinette. Malgré tout, ce trio pourrait presque former une bonne alliance. Le type, il commence d'abord pas dire qu'il n'en sait peut-être pas davantage qu'elles. Mais il n'hésite pas à dire qu'un membre de sa famille lui a envoyé l'invitation et que c'est avant tout un homme de survie qu'un sportif, le genre de personne qui souhaite se surpasser dans les épreuves de la vie. Sonja, elle ne peut s'empêcher de demander à la blonde :

― Et toi, qu'est-ce qui t'a poussé à venir?