Profitant du départ d’Angelo pour plus de deux semaines, Olivia décida de sortir de la maison familiale. Celle-ci lui faisait penser à une belle cage dorée… Cette image la fit frissonner. Elle détestait cette idée, mais c’était bien ça. Lorsque son mari était là, elle était cantonnée dans son rôle de femme au foyer, devant s’occuper expressément de son époux. Même lors de la présence des enfants, elle pouvait à peine les voir. La jeune femme devait avoir d’yeux que pour leur père.

Un frisson de liberté lui parcourut l’échine et un doux sourire apparut sur ses lèvres. Les moments hors de sa prison dorée se faisait de plus en plus rares. En apparence, Angelo était un mari comme tous ceux de son entourage. Il faisait une bonne impression devant la communauté Sorcière. Cependant Olivia savait comment il pouvait être. Elle en avait encore eu la preuve hier soir, avant son départ. La nuit avait été trop courte à son goût. Il avait récidivé avant de partir. Un soupir lui échappa et elle secoua la tête.

Elle ne devait pas oublier qu’elle avait donné rendez-vous à son amie Amélia, pour fêter ces quelques jours de liberté. Même si elle savait qu’Angelo la ferait peut-être surveillée, au Manoir des Esposito, du moins, elle voulait profiter de ces quelques instants pour prendre du temps pour elle. L’occasion se présentait que peu souvent.

Comme convenu avec son amie, Olivia arriva rapidement à l’appartement de la jeune femme. Elle aurait pu l’inviter chez elle, au Manoir, mais elle se devait de sortir de ses lieux. Elle avait de plus en plus l’impression d’étouffer entre les murs de la demeure familiale. Elle ne pouvait pas quitter Angelo. Ça ne se faisait pas. Surtout après plus de vingt ans de mariage. Elle mettrait la honte sur ses enfants et sur sa famille. Un souffle lui échappa.

Pourquoi avait-elle décidé de voir Amélia ? Pourquoi elle ? Olivia ne parvint pas à trouver une réponse à ses questionnements. Elle l’avait fait, c’est tout.

Avant de toquer chez son amie, Olivia fit apparaître un miroir, après s’être assurée qu’il n’y avait personne autour d’elle. Ainsi, elle s’assura que toute trace de violence était bel et bien camouflée.

À la suite d’une profonde inspiration, elle toqua doucement à la porte de la jeune femme.

Le réveil avait été dur pour la professeure de Défense Contre les Forces du Mal. Heureusement, on était samedi, et elle n’était pas tenue de sortir de ses Appartements. Wolf avait été obligé de la laisser tôt le matin, pour prendre son service, et elle n’avait pas bougé du lit avant plusieurs heures. En se levant, elle avait commencé par prendre une douche, comme pour laver l’amertume de ses sentiments de la veille, ainsi que son bras auquel Wolf lui avait demandé de faire attention. Soupirant de bien-être en sentant l’eau chaude sur son corps, elle profita de l’instant, un peu apaisée.

En contemplant son visage dans le miroir, elle fit la grimace. Elle était pâle et cernée d’avoir pleuré. Hier, elle avait renoncé à cet homme qu’elle avait chéri pendant toutes ces années, et elle en payait les conséquences. Sans compter celles de la bagarre qui avait préludé. Son corps était parsemé de traces et Wolf n’avait pu toutes les effacer. Quant à celles qui meurtrissaient son âme, rien ne pourrait probablement les guérir en dehors du temps. Et même de cela, elle n’en était pas sûre. Elle observa son bras. Elle allait devoir se faire elle-même le bandage, elle n’avait pas le choix.

Ce fut à cet instant, nue et si vulnérable qu’elle entendit frapper à sa porte. Le rendez-vous avec Olivia, avec tout cela, elle l’avait oublié. Soupirant devant sa propre bêtise, mais se refusant à la laisser attendre à la porte pendant qu’elle s’habillait, elle enfila une robe de chambre en soie qu’elle ferma de son mieux. Elle ne pourrait dissimuler l’intégralité de ses blessures, mais Olivia savait le travail qu’elle faisait et les mots « Mission qui a mal tourné » ne seraient pas dépourvus de sens pour elle. Quand elle lui ouvrit, la jeune femme était parfaite jusqu’au bout des ongles. Douce, innocente, Olivia était belle, tant dehors que dedans.

« Bonjour, Livia. Je suis désolée, je ne suis pas prête. Je n’en ai que pour un instant. Mets-toi à ton aise. »

Amelia se détourna, en espérant qu’Olivia ne la retiendrait pas. Ses blessures lui feraient honte et elle brûlait de les couvrir, mais elle était consciente que le visuel pouvait poser question.

Olivia observa son amie, sans dire un mot. Elle esquissa un léger sourire en entendant le surnom que lui donnait Amélia. Alors que celle-ci allait tourner les talons, la jeune femme posa une main sur son bras pour la retenir. Sa voix était douce, lorsqu’elle posa la question qui brûlait ses lèvres.

- Une mission qui a mal tourné ?

Cependant, un frisson parcourut son échine et elle déglutit péniblement en voyant les blessures de son amie. Olivia savait que les siennes ne paraissaient pas, mais elle en ressentait sûrement la même honte qu’Amélia. Un soupir lui échappa et elle ne put s’empêcher de prendre la jeune femme dans ses bras avec douceur.

- Tu veux m’en parler ?

Elle tenta de fouiller son regard, mais son amie semblait le fuir. Olivia souffla et esquissa un sourire contrit, tout en refermant la porte derrière elle.

- Tu as mangé ? Je peux nous faire un petit déjeuner. Tu n’as pas à avoir honte, c’est dans le cadre de ton travail. Ce n’est pas…

{Ce n’est pas comme si elles venaient de ton mari}

Mais Olivia garda la fin de sa phrase pour elle. Elle avait déjà la sensation d’en avoir trop dit. Ce fut à son tour de fuir les iris de son amie.

- Alors, un petit déjeuner, ça te dit, Mélia ?

Sans attendre une réponse de sa part, elle traîna son amie dans la cuisine et s’affaira à leur faire un bon petit repas. Pendant la cuisson, elle jeta quelques coups d’œil à Amélia et elle la trouva belle, malgré ses blessures. Un frisson la parcourut et elle chuchota un juron en italien.

Une main sur son bras, la voix douce qui l’interrogeait, Amelia jura dans son esprit sans oser le faire réellement. Elle refusa de se retourner vers elle pour répondre à sa question. Elle n’en était pas capable. Même si elle n’avait rien à se reprocher, qu’elle avait fait de son mieux, qu’elle était seule contre tous, Amelia avait le sentiment d’avoir failli. Elle ne pur faire autrement que de reconnaître que Livia avait deviné la raison de ces traces sur son corps. Et elle hocha la tête, confirmant ce que la jeune femme avait pressenti, la seule raison pour la présence de traces sur elle, ou presque.

Mais elle n’aurait pas oublié son rendez-vous avec son amie si les bleus avaient été du fait d’une séance trop mouvementée avec John. Et elle aurait pu le lui cacher. Elle n’était pas certaine qu’Olivia avait envie de découvrir le potentiel bestial du protecteur de sa famille. Mais hier, il n’avait pas été bestial, il avait été doux. Il lui avait permis de dire adieu. Cette pensée lui serra le cœur, tant la douceur d’Olivia lui rappelait celle de John la veille et sa voix ne put être totalement dénuée de larmes quand elle répondit à la jeune femme.

« Oui, c’est cela, une mission, oui. Pour… Alexander Lestrange. »

Avec lui, mais sans lui, pour lui, mais avec pour conséquence de rompre avec lui, avec l’image qu’elle avait de lui. Quand les bras de la jeune femme l’entourèrent avec tendresse, elle sentit ce toucher au travers du fin tissu et elle ne put retenir un frémissement. La douceur de la jeune femme la touchait. Elle se retourna alors qu’elle lui demandait si elle voulait en parler. Amélia croisa son regard et quelque chose lui donna envie de s’approcher plus près d’elle, mais elle retint ce geste pour ne pas lui faire peur. Elle se contenta de secouer la tête.

« Il n’y a rien à dire », répondit-elle en parvenant enfin à ravaler ses larmes. « Ils étaient plus nombreux que moi. Et j’ai eu de la chance de m’en sortir en vie. J’ai réussi à demander à Wolf… John de venir avant de m’écrouler. Je pense qu’il m’a clairement sauvé la vie. »

Elle s’était écroulée avant qu’il n’intervienne et s’il n’était pas arrivé, elle se serait sûrement vidée de son sang. La jeune femme lui proposa de déjeuner avant de lui préciser qu’elle n’avait pas besoin d’avoir honte, mais elle retint la fin. Amelia fronça les sourcils. La jeune femme lui cachait quelque chose, elle en aurait mis sa main au feu. Et elle était assez amochée comme ça. Elle fronça les sourcils et pinça les lèvres, déterminée à comprendre de quoi il retournait.

« Comme quoi, Livia ? Explique-toi. »

Détournant le regard, elle l’entraîna vers la petite cuisine et se mit à préparer le déjeuner. Elle était mignonne à s’affairer comme ça. Même si le propos de la jeune femme l’inquiétait, elle ne put retenir un sourire devant l’attitude et une chaleur s’empara d’elle qu’elle allait avoir du mal à dissimuler.

« Ce n’est pas que je ne veuille pas manger, mais je ne suis pas vraiment dans une tenue des plus présentables », fit-elle remarquer à l’italienne.

Olivia observa son amie, un pli soucieux sur le front. Elle ne reconnaissait pas cette Amélia plus sensible. Elle voyait bien que la jeune femme retenait une déferlante de larmes. Olivia la prit dans ses bras et la serra avec douceur. Elle releva une main pour caresser sa joue, mais la laissa retomber d’un mouvement lent. Elle ne savait pas pourquoi elle sentait le besoin de la toucher ainsi. Jamais auparavant, elle n’avait eu envie de gestes si intimes envers son amie. Mais elle la voyait vulnérable et elle avait envie de la consoler.

La jeune femme camoufla un sourire en entendant le prénom du protecteur de sa famille. Pourtant, sa pensée ne s’attarda pas sur lui. Elle s’attarda plutôt sur les sensations étranges que lui renvoyait son corps en voyant Amélia. Elle s’admonesta intérieurement et secoua légèrement la tête.

- Je suis heureuse qu’il soit venu te sauver. Je n’aurais pas voulu qu’il t’arrive quelque chose…

Elle se sentit rougir et émit un bref rire de gêne. Cependant, en entendant la question de la jeune femme, Olivia releva la tête et mordilla sa lèvre. Elle posa une main sur sa joue à elle et marmonna quelques paroles en italien, avant de répondre à Amélia.

- Ce n’est rien… Ce n’est pas important, Mélia. Ne t’en fais pas.

Elle l’entraîna dans la cuisine et s’occupa du repas, comme si elle était chez elle. Elle balaya la remarque de son amie d’un geste de la main. Sa manche se releva, dévoilant son bras marqué. Elle avait oublié de le camoufler, le matin même, plus préoccupé par les marques sur son visage et son cou. Elle la rebaissa d’un geste vif, sans savoir si Amélia l’avait remarqué.

- Tu peux rester ainsi, ça ne me dérange pas…

Elle scruta son amie et sentit une chaleur lui monter aux joues. Elle mordilla à nouveau sa lèvre et se prépara plutôt à servir les assiettes du petit déjeuner. Elle faisait tout pour ne pas garder son regard vissé à celui de son amie. Elle ne voulait pas que celle-ci constate le trouble dans ses iris foncés.

Olivia avait l’air perturbée par quelque chose, mais Amélia ne voulut pas lui poser trop de questions. Elle ne se sentait elle-même pas très à l’aise avec ce qu’elle éprouvait. Elle n’avait pas l’habitude de laisser ses émotions prendre le dessus, mais la blessure était trop fraiche et elle avait du mal. Apparemment, cela touchait son amie et la sollicitude dont elle faisait preuve n’aidait pas Amelia à remettre son masque de froideur qu’elle portait, d’ordinaire, à tout moment. Et elle n’avait pas forcément envie de le remettre devant elle. Elle sourit à sa remarque en ce qui concernait le fait qu’elle n’avait pas envie qu’il lui arrive quelque chose.

En revanche, ce sourire disparut quand l’italienne chercha à éluder la question. Il y avait quelque chose qu’elle ne disait pas et Amélia fronça les sourcils, mais elle ne voulut pas insister pour le moment. Elle n’était sûre de rien, mais son intuition lui disait que tout ce qu’elle éprouvait n’était pas anodin. Il se passait quelque chose et elle saurait quoi, tôt ou tard, foi d’Amélia. Mais pour le moment, elle la laissa tranquille, désireuse de préparer le repas. La voir s’affairer la fit sourire jusqu’à ce qu’elle voie son bras.

Son attention fut un instant distraite par le fait qu’elle lui dit qu’elle pouvait rester ainsi et que cela ne la dérangeait pas. Amelia rajusta aussitôt sa robe de chambre. Elle était complètement nue en-dessous et même si Olivia ne pouvait pas le savoir, Amélia ne manquait pas de pudeur au point de vouloir lui révéler l’ensemble de son anatomie. Mais si un instant auparavant, elle aurait insisté pour se rhabiller, il y avait maintenant plus urgent pour elle à identifier. S’avançant, elle attrapa le bras de la belle, dévoilant la blessure.

« Olivia », dit-elle d’une voix sombre, presque féroce, « Qui t’a fait ça ? »

Olivia était perturbée par ce qu’elle avait vécu la veille et par ce qu’elle ressentait en présence de son amie. Elle secoua la tête en éludant la question. Elle ne savait pas comment expliquer que son mari était violent. Ça lui semblait trop extrême comme terme. Il marquait son territoire, comme il le disait. Olivia espérait qu’il n’avait jamais constaté les œillades qu’elle lançait à John, lorsqu’il était là. C’était plus fort qu’elle. De la même façon qu’elle sentait une certaine attraction entre Amélia et elle.

{Cazzo…}

Lorsqu’Amélia dévoila son bras, Olivia grimaça et s’admonesta intérieurement, encore une fois. Elle aurait dû penser à cacher toutes les blessures. Elle se dégagea d’un mouvement brusque et baissa la tête. Un soupir lui échappa, ainsi qu’une larme. Elle se leva et fit les cent pas, tout en cherchant ses mots. La voix presque féroce de son amie la fit tressaillir.

- C’est…

La gorge serrée, Olivia poussa un soupir avant de prendre une profonde inspiration. Elle s’arrêta devant Amélia et la scruta pendant de longues minutes, avant de trouver la force de répondre.

- C’est Angelo, mais ne t’en fais pas. Ça n’arrive pas très souvent. Je l’ai énervé hier soir et il a serré un peu trop fort mon bras. Rien d’autres…

Elle haussa les épaules, comme si elle avait mérité les coups. Pour une raison qu’elle ignorait, elle avait envie de prendre sa défense. Comme si c’était elle la fautive. Elle balaya l’air d’une main et se pencha plutôt pour observer les blessures de son amie. Elle mordilla sa lèvre en réalisant leur promiscuité.

- Tu veux de l’aide pour soigner tes blessures ?

La jeune femme approcha sa main de la joue meurtrie de son amie et la caressa d’un geste tendre. Un frisson la parcourut et elle secoua la tête en la retirant.

- Je… Désolée.

Amélia oublia complètement l’aspect léger de sa tenue et les problèmes de la veille à la vue du bleu sur le bras de la belle Olivia. Elle sentait qu’il y avait plus que ce qu’elle voulait bien lui dire. Elle la fixa avec intensité jusqu’à ce qu’elle lui avoue la vérité. Amélia connaissait la puissance de son regard. Elle en avait courbé des dos, rien que par la vue de sa colère. Les élèves tremblaient devant et ils avouaient aussitôt toutes leurs âneries. Mais là, il s’agissait d’autre chose. Il s’agissait de quelque chose de grave arrivé à une femme qu’elle aimait.

Sa colère s’interrompit pour se changer en perplexité. Une femme qu’elle aimait ? Livia. Elle la contempla un instant, rajustant à nouveau machinalement sa robe de chambre sur son corps nu, qui semblait réagir à cette pensée. Cela teinta ses joues de rose, et elle fut un peu en colère contre elle-même et son esprit qui l’empêchait de se concentrer sur le plus important. Mais heureusement, ou malheureusement, Livia le lui rappela particulièrement douloureusement en lui avouant que ces bleus étaient du fait de son époux. La colère qui prit Amélia lui fit perdre toute sa gêne et ce fut un regard furieux qu’elle porta sur la belle.

« Ton époux te frappe ? Livia ! C’est extrêmement grave ! Tu ne peux pas le laisser te faire du mal comme ça ? Cela fait longtemps ? Bordel, je vais le tuer ! »

Elle se mit à marcher en long, en large, en travers, la colère la prenant aux tripes. Elle n’avait plus qu’une envie, c’était qu’ils crèvent tous, tous ces hommes sans aucune exception. L’époux d’Olivia, Alexander, même ce John dont elle avait entendu parler et qui brimait sa femme, il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre. Sauf Wolf, son sauvage de la bibliothèque, son homme-loup, lui il était là quand il fallait un homme bien. Elle songea que s’il savait ce qu’il advenait d’Olivia, il pourrait la comprendre. Elle se promit de le lui dire à la première occasion.

Elle fut surprise par la soudaine promiscuité d’Olivia et cela interrompit son énervement alors qu’elle lui demandait si elle voulait de l’aide pour soigner ses blessures. Il était vrai que de l’aide pour refaire son bandage au bras ne serait pas du luxe. Quand Olivia lui toucha le visage, elle ne put s’empêcher de fermer les yeux en savourant le contact de la jeune femme, qui enleva sa main précipitamment en s’excusant. Le regard de la professeure de Défense contre les Forces du Mal s’adoucit et elle lui sourit avec un soupçon de tendresse.

« Ne t’excuse pas, Livia. Il n’y a pas de mal. Finalement, oui, ça m’aiderait bien que tu m’aides avec mon bras. D’accord ? »

Elle la prit par la main, tout en douceur, et la conduisit à la salle de bain. En grimaçant, elle retira son bras de la manche de sa robe de chambre et le dévoila à la jeune femme. L’infection était jugulée et les points rendaient la blessure un peu moins impressionnante, mais pas de beaucoup et la jeune femme savait qu’Olivia allait être stupéfaite.

« John m’a laissé cette crème. Il faut en couvrir la blessure et la bander. Tu pourrais me le faire ? »

Elle s’assit sur un tabouret et laissa Olivia faire. Elle ne s’aperçut pas qu’une de ses jambes sortait de la robe, laissant apparaitre des lacérations. Le bleu sur son ventre et ceux qui ornaient ses cuisses étaient encore invisibles.

Olivia oublia l’aspect léger de l’habillement de son amie pour se concentrer sur ses blessures. Elle n’avait pas envie qu’on s’attarde sur ses blessures, dont la plupart était camouflée par un sortilège de quelques heures. D’ailleurs, elle le sentait s’estomper, mais elle ne pouvait rien faire dans l’immédiat pour changer la situation. Elle grimaça en recommençant à ressentir la douleur de ses blessures. Elle secoua la tête pour se concentrer entièrement sur Amélia, tout en lui répondant. Elle avait complètement oublié le repas qui attendait sur la table.

Pourtant, elle recula en remarquant le coup d’œil que lui lança la belle américaine. Face à cette pensée, son air apeuré se changea en perplexité. La jeune femme rougit doucement en secouant la tête. Amélia était belle…

Olivia écouta Amélia, avant de lui répondre d’une voix basse en haussant les épaules.

- C’est mon époux depuis que j’ai seize ans, Mélia… S’il me frappe, je dois le mériter. Je ne peux rien faire. Tu me vois divorcer, alors que j’ai trois enfants ? Tu n’imagines pas la honte que je mettrais sur notre famille ! Alors je prends les coups sans rien dire. De toute façon, qui me croirait ? Angelo est toujours impeccable. J’ai une horrible tendance à le contredire ou à ne pas faire ce qu’il veut. Il… Parfois, il voudrait que…

La jeune femme haussa les épaules à nouveau, tandis que des larmes s’accumulaient dans ses yeux. Elle les essuya d’un geste rageur et lança un regard féroce à son amie.

- Personne ne doit le savoir ! Déjà qu’Adriano s’en doute… De toute façon, même si ça s’ébruite, personne ne va me croire. Je n’ai qu’à être encore plus soumise. Mais si tu savais comme ce n’est pas moi… Je ne veux plus être cette femme soumise à son mari. Je veux être aimée et arrêter de l’aimer…

Sa dernière phrase lui échappa dans un souffle et elle baissa la tête avant de se concentrer sur son amie. Elle suivit Amélia et elle observa le bras de la belle. Elle grimaça devant l’étendu de la blessure.

- Je vais tuer celui qui t’a fait ça… Qu’il soit déjà mort ou pas.

La jeune femme observa son amie et la trouva belle malgré ses blessures. Elle passa sa langue sur sa lèvre pour tenter d’éloigner la sensation qui l’envahissait. Elle se demandait si tout son corps avait la même beauté que son visage. Elle créma le bras d’Amélia et mordilla sa lèvre. En baissant les yeux, Olivia aperçut sa jambe et elle ne put pas s’empêcher de se baisser pour observer les dégâts. Elle rougit en réalisant sa position. Elle releva la tête pour croiser les iris de son amie. Elle ne savait pas si elle pouvait lire la gêne et… l’attirance dans ceux de l’Italienne.