Même pas honte. Absolument aucune honte. Pas le moindre petit scrupule non plus. Kaeru n'avait pas eu le moindre problème à demander de l'aide à son très très TRÈS grognon de parrain amphibies de lui filer un coup de pouce pour rejoindre sur crush internet le plus rapidement possible. En même temps, miss Kaeru était la seule personne en ce monde envers qui le grand Gamabunta faisait toujours preuve d'une grande douceur et de beaucoup d'affection. Quitte à être de son côté même contre Jiraya. (Bon en vrai, c'était aussi un prétexte pour faire chier le vieil ermite, hehe.) Alors il avait accepté que sa petite filleule s'installe dans sa bouche pendant qu'il se tapait la route à sa place. Gluant. Mais nettement plus rapide, hehe.

Par contre, c'était un peu hors de question qu'elle débarque directement de sa bouche au village, toute pleine de bave. Quoique ça aurait été un remix intéressant du crapaud qui se transforme en prince. Le crapaud qui crache une princesse. Ahah. Bref. Kaeru avait fait une halte juste avant d'arriver pour se laver et se changer, puis envoyer un message à "moi" pour le prévenir qu'elle arrivait dans quelques minutes. Gamabunta finit le chemin plus lentement, avec la demoiselle sur le dos, et sans passer par aucun cours d'eau non plus.

Elle aurait très bien pu terminer la route seule. Laisser le vénérable crapaud s'éclipser dans un nuage de fumée et se rendre au village à pied. Sauf qu'en plus d'être très affectueux avec la jeune femme, Gamabunta s'avère très protecteur. Et il était hors de question qu'il la laisse toute seule, pour rencontrer un type mystérieux rencontré sur une appli, prétendument amnésique en plus. N'importe quoi. Il y croit que dalle le crapaud. Tout ça ne lui plait pas. Alors il veut renifler le moucheron pour voir s'il laisse Kaeru avec lui. Ou le gobe une bonne fois pour toute.

C'est donc un mini tremblement de terre qui secoue le village quelques minutes plus tard. Les villageois accourent pour découvrir avec une immense stupéfaction, un titanesque crapaud ayant visiblement une dispute père-fille avec une petite humaine, à propos d'un garçon. (What the fuck is going on ??)

Et puis soudain, l'amphibien se fige.

"Tu te fous de moi ?"

Qu'il demande d'une voix grave et très sérieuse à une Kaeru qui se demande bien ce qu'il se passe. Et Gamabunta pointe du doigt un jeune homme parmi la foule.

"C'est lui ?"

La jeune femme suit son doigt du regard et découvre… Itachi Uchiha. Et elle fait l'exact même tête que les villageois qui les regardent. Avec en plus la mâchoire qui se décroche. What the fuck is going on ?

"Je le tue ?"

Le crapaud est censé avoir chuchoté, sauf que quand on chuchote avec ce gabarit là, bah ça s'entend quand même. En plus, ses pattes qui se posent sur le fourreau et le.manche de son katana ne laissent pas franchement de place au doute quant à ce qu'il vient de dire. Kaeru sursaute à la question et lève les deux poings pour frapper La patte de Gamabunta qui ne sent pas grand chose.

"MAIS BIEN SUR QUE NON  ENFIN !! CA VA PAS LA TETE !!
- Si tu crois que je vais te laisser avec lui jeune fille !!!
- J'ai plus quatre ans !! Laisse moi enfin !
- Dans tes rêves !"

Kaeru hausse les sourcils d'un air de dédain et lève une main, index et majeur tendus vers le ciel.

"TON PERE EN ENTENDR-
- Révocation."

Pouf !! Y a plus de crapaud. Kaeru affiche un grand sourire gêné aux villageois et à ITACHI FUCKING UCHIHA en se grattant l'arrière du crâne. Bien, bien, bien. Pas du tout gênant comme situation.

"Désolée, il est un peu trop surprotecteur …"

Oui, bon, même sans être surprotecteur y a pas beaucoup de parrain qui laisserait leur filleul avec un type qui a massacré son clan, doublé d'un terroriste … Erm.  Kaeru lisse le tissu de sa robe rouge et joint ses mains devant elle avant de s'incliner gracieusement et profondément devant les gens devant elle.

"Navrée pour cette entrée. Je m'appelle Kaeru Hayashi. Je suis venue pour voir …"

ITACHI FUCKING UCHIHA. Elle hésite. Tend une main ouverte vers le jeune homme encore loin d'elle. Dans un signe de paix et d'apaisement. Elle le regarde avec beaucoup de douceur et lui demande :

"Tu veux connaître ton prénom ?"

Et tout le reste ? Quelle horreur. Elle se rend compte que si elle sait, et que lui ne sait pas, ça veut dire qu'elle va devoir lui apprendre ce qu'il a fait. Alors non. Elle ne ressent si haine, ni peur, ni aucun sentiment négatif pour lui, si ce n'est de la tristesse.

Elle était là … Bon. En soi… C’était cool, non ? Kawa se regarde dans la glace. Il essaie de voir ce qu’il doit voir. Grand-mère Yu avait, bien sûr, appris ce qu’il se passait, et elle était assez contente de savoir que son protégé allait s’envoyer en l’air. Elle aurait préféré que ça soit avec une de ses protégés du village Yu, mais elle n’était pas regardante en réalité…. Elle était juste chelou. Elle lui expliquait souvent que son mari, Grand Père Shu, était le plus pervers de son état à une époque, et qu’elle adorait s’envoyer en l’air encore aujourd’hui avec lui quand il revenait. Grâce à un Dieu qu’il ne connait pas, Kawa n’avait pas encore eu l’occasion de voir ça. Et il n’espère jamais. Il pense à la jeune femme qui doit venir et finit par mettre un chapeau de paille pour éviter de se prendre un insolation, ça serait bête. Il se déplace pour aller vers la zone sud du village, vers elle…. Mais son cœur bat trop vite et il se demande s’il ne devrait pas partir en courant dans le sens opposé, pour éviter … tout ça.

Pas le temps d’y penser, un boom plus tard, il était à côté des autres villageois pour vérifier que tout le monde allait bien alors que Grand-mère Yu pestait sur la poussière qui avait été soulevé. Il l’aide à se relever, car elle avait perdu l’équilibre alors qu’un « c’est lui ? » tonne. Il ne sait pas pourquoi il se retourne à ce moment là. Il se sent simplement visé par l’appellation. Il penche la tête vers le crapaud, qui ne lui disait rien du tout même pas de loin dans un couloir sombre … Bah ouais, il avait plus souvent vue son estomac avec Jiraya qui l’enferme que sa gueule, mais ça il ne le sait pas. Quand Kaeru essaie de dire que le crapaud était protecteur, Kawa sent largement Grand-mère Yu se tendre. Oh… Oh… Oh. Il lui lance un regard qui voulait dire « Et tu as dis non à ma petite fille ? ». Ouais… Il était logique que dans la liste des potentiels partenaires de sport de Grand-mère Yu, il y avait sa petite fille. En réalité, il y avait cinq petites filles, dont une qui avait vingt ans de plus que Kawa, hypothétiquement. Alors que Kaeru propose de donner son nom, Grand-mère Yu se met entre les deux.

- Non mais oh ! dit-elle sans élever la voix pourtant. Un sale petit cochon menace de tuer mon petit Kawa, et tu veux l’approcher comme ça ?
- Grand-mère Yu …., commença Kawa-ou-pas avant que la grand-mère ne se retourne avec une colère froide pour revenir vers Kaeru.
- Vous diriez bien à ce batracien des bas quartier que s’il touche à un cheveu de Kawa, je viendrais tricoter une écharpe serré directement autour de son cou !

Et elle se décale pour aller vers un groupe de vieilles personnes qui étaient en train de parler de tout ce qui venait de se passer. Kawa pouvait voir la fumée de colère qui s’échapper de ses oreilles avant de sourire et de tendre la main vers Kaeru et montrant la vieille femme de l’autre.

- Désolé, elle est un peu sur protectrice. Je suis enchanté Kaeru et pour la question …. Je n’en sais rien. Est-ce que j’ai envie de connaître mon prénom ?

Parce que … S’il devait en juger par la toute petite interaction dont il venait d’être témoin… Il n’était clairement pas une bonne personne. Il soupira. D’un soupire entre la tristesse et le désabusement.

- Désolé, répéta-t-il, j’ai cru comprendre que je n’étais pas une personne si bien que celle que j’avais l’impression d’être.

Il avait l’impression d’avoir été droit, fort, incroyablement héroïque d’une manière qu’il ignore. Il avait l’impression d’avoir fait l’impossible pour sauver quelqu’un … mais apparemment, il n’était pas une si bonne personne que ça … Et merde.

- Tu veux repartir ?

Ça c'est de la grande mère !! Kaeru connaît très bien une jeune femme qui finira certainement avec le meme tempérament. Elle sibcline plusieurs fois devant mamie Yu en pétards en s'excusant. De sa part, et pour Gamabunta. (Sachant pertinemment que si ce dernier était là, il aurait plutôt détruit quelques maisons, erm.) Mais elle, elle ne dit rien, se contente de s'excuser humblement, trop concentrée sur la présence d'Itachi Uchiha. (Avec qui elle a fait du sexe par téléphone d'ailleurs, mais ce détail lui échappe pour l'instant …)

"Oh ne t'inquiète pas. Gamabunta est pas mal dans le genre aussi. Et encore, ça va qu'il prend mon avis en considération, sinon il n'aurait pas demandé avant de …"

Elle se tait. Se mord la lèvre inférieure et secoue la tête. Ouais, ouais, c'est compliqué. Ils viennent de le mettre face au fait qu'il est en effet loin d'avoir une bonne réputation. Et qu'il déclenche d'assez violentes réactions. Normal qu'il s'imagine qu'elle veuille repartir, mais la jeune femme secoue la tête plus énergiquement et s'approche du Uchiha.

"Non, non, ça va. C'est … disons que l'histoire à ton propos m'a toujours parue trop étrange pour que j'émette un avis personnel dessus. Mais… c'est loin d'être le cas de tout le monde. Tu as de la chance d'être arrivé ici où personne ne te connaît."

Kaeru lève une main, mue davantage par son instinct que par sa volonté. Et dépose tendrement le bout de ses doigts sur la joue d'Itachi, la caressant à peine, se demandant encore vaguement si elle est en train d'halluciner ou pas. Par contre, elle ne se demande pas un instant si c'est un piège ou s'il se fout d'elle à propos de son amnésie. Elle croit sans retenue le regard qu'il lui adresse. Bon ok, c'est stupide de croire le regard d'un détenteur de sharingan. Mais elle est un peu stupide Kaeru. Elle marche au cœur, pas au cerveau. Alors elle ne s'inquiète pas, mais s'attriste plutôt de la situation.

"J'ai l'impression d'être un oiseau de mauvais augure, c'est terrible. Si tu veux, je dis rien du tout et on reste se planquer ici. Enfin si les habitants ne me chassent pas à coups de coups de pieds aux fesses …"

La jeune femme rit à peine, en tournant un regard doux vers les habitants. Et puis un fait lui traverse soudain l'esprit et elle se met à rire toute seule.

"En tout cas. Tu t'es déjà battu avec mon petit papa. C'est déjà ça de fait dans notre relation."

Mooonnnn dieu. Elle se marre alors qu'elle ferait sans doute mieux de s'inquiéter. Bon, elle se doute que Gamabunta ne va pas se précipiter vers Jiraya pour lui raconter ce qu'il se passe. Mais elle sait très bien que c'est une question de temps. Si son père invoque le crapaud, celui-ci ne pourra pas se taire, c'est normal. Bon. Tant pis. Elle gérera son père en temps et en heure. Kaeru se cogne elle-même le front pour se remettre les idées en place et lève à nouveau les yeux vers Itachi. Jamais elle n'avait croisé sa route. Et jamais elle n'aurait imaginé la croiser. Surtout dans ces conditions. Elle tend à nouveau une main. Pour attraper tendrement ses doigts cette fois.

"Désolée de te faire éclater tout ça au visage. Vraiment …"

- De me tuer, finit-il pour elle, je l’ai bien compris, tu n’as pas à faire dans la demi-mesure.

Il avait biiiiien compris qu’il n’était pas une bonne personne. Et que le gros batracien, des bas quartiers comme l’avait appelé grand-mère Yu, aurait été tout à fait ravi de le tuer sans la moindre forme de procès. Il fit un sourire, étire ses lèvres et dévoile des dents blanches et bien aligné alors qu’il penche la tête vers elle.

- J’ai toujours beaucoup de chance depuis que j’ai tout oublié. Un village qui me protège et toi. Qui me connait mais n’émet pas d’avis personnel sur mon cas.

C’était de la chance. Une chance inouïe d’ailleurs. Une chance comme personne n’en avait eu dans la vie. C’était plus de la chance à ce niveau là, en réalité. C’était du destin. Il profite de la sensation des doigts de la jeune femme sur sa joue. Se souvient fugacement de ses mêmes doigts pleins de désirs qu’elle lui avait envoyé en photo. Il tourne la tête. Embrasse ses doigts. Parce qu’il en avait envie. Il ne sait pas qui il est. Mais il sait qu’il aime bien ce geste. Cette douceur qu’il y a en elle. Il sourit.

- Les habitants ne te chasseront pas. Si je leur dis que tu es une amie. Mais j’avoue ne pas savoir ce que je veux. Je ne pensais pas que tu puisses savoir qui je suis avant même d’être un peu avec moi. Cela me désarçonne.

Il la laisse rire. Se doute que s’il s’était battu avec son père, ce n’était pas parce qu’il était un gentil. Il la regarde rire. Se dit qu’elle était vraiment belle, en plus d’être canon qui était deux choses différentes pour lui. Il attrape ses doigts et fait un signe de tête vers un endroit plus tranquille.

- Viens, dit-il en lui montrant le chemin mais sans la forcer ou insister.

Il y avait plusieurs petits lieux, tout le long de la rivière, qui permet aux habitants de profiter du claquement de l’eau sur les rochers sans risquer de s’y noyer. Ou même de se baigner d’ailleurs. Il lui propose de s’approcher d’un banc et il s’assoit à ses côtés dans un silence simple. Il avait toujours la main dans la sienne. Il n’avait aucune envie de la lâcher.

- J’avais l’impression d’être … un homme déterminé à protéger. C’était comme ça que je me voyais quand je réfléchissais. Je sais avoir des techniques ninjas, et je sais qu’elles sont puissantes. Mais mon cerveau, chaque fois … je me disais que je m’en servais pour protéger quelqu’un … Ce n’était alors pas le cas ?

Et sa voix dérailla à la fin… Et s’il était réellement le monstre dont elle parlait ? Faisant parti d’une organisation de malade, pour tuer et terroriser la population ? Il presse un peu la main de Kaeru mais sans lui faire mal avant de glisser un rire sans joie.

- Notre première rencontre n’est pas du tout comme je l’avais prévu. Je suis canon au moins selon toi ?

Puisqu’il avait dit ne pas être sûr de l’être … Parce qu’il ne se voyait pas réellement comme une possibilité, lui. En comparaison de Kaeru qui l’était clairement. Et avec qui il avait déjà eu une relation intime bien bieeeeeeeeeeen poussé. Oh. Il détourne les yeux. Un psychopathe, ça fait l’amour ? Mais c’était quoi cette question en plus. Il fait un autre rire sans joie avant de soupirer.

- Tu sais comment je suis « mort » ?

Elle est profondément surprise par la douceur qui se dégage d’Itachi. Cet homme dont on brosse souvent un portrait à la mesure de ses, erm, faits d’armes ? Tellement éloigné de l’homme qui se tient devant elle, droit, humble et tellement doux. Kaeru s’était dit, en réfléchissant à cette situation d’amnésie, qu’il avait au moins la chance de pouvoir être son vrai lui, sans avoir été remodelé par les aléas de la vie. Alors ça lui fend le coeur de le découvrir ainsi. En contraste violent avec ce qu’il a pu faire. Son histoire, publique en tout cas, fait encore moins sens pour elle, qu’elle ne le faisait déjà.

“J’espère bien qu’il ne me chasseront pas. Que je puisse t’aider un peu …”

Kaeru se mord l’intérieur de la joue, juste avant de prononcer son prénom. Oups. Chut, il a dit ne pas savoir s’il voulait l’entendre. Alors, chut chut. Elle se tait, et suit Itachi un peu plus loin. Regarde cette rivière dont les villageois l’ont tirés. Ne peut s’empêcher de repositionner le village et cette rivière sur la carte du continent dans sa tête. D’y replacer également le lieu de sa pseudo-mort. Elle s'assoit en suivant son mouvement et son silence, attentive aux traits de son visage. On lui avait dit qu’il était beau. Elle le constate tout à fait. Voici déjà une vérité vraie sur Itachi Uchiha.

“Je ne sais pas pourquoi tu as fait ce que tu as fait. Personne ne le sait vraiment à vrai dire. Peut-être que tu avais une bonne raison. Peut-être que tu protégeais quelqu’un. Je ne sais pas.”

La jeune femme essaye de le rassurer comme elle peut. C’est vrai que c’est dur de rassurer quelqu’un sur sa personne quand certains veulent le voir mort. Elle rit avec douceur, amusée autant de la candeur de la question, que par la convergence de leurs pensées. Elle lève à nouveau ses doigts libres pour dessiner le contour de sa mâchoire.

“Oui. C’était aussi une légende à ton sujet. Ta beauté. Et c’est vrai.”

Et puis Itachi pose la question de sa mort, et dans toute l'entièreté de sa personnalité … Kaeru réagit. Fort. Avec une espèce de cri aspiré et en allant poser sa main libre sur sa bouche. Mais oui ! Y a ça aussi !! Mon dieu, quelle horreur. Bon par contre va falloir contenir un peu ses réactions. Le pauvre gars. Il va croire qu’il était le pire des hommes et qu’il a vécu l’enfer. Enfin. Autant pour le premier point, Kaeru nourrit de sérieux doutes. Autant pour le deuxième … certainement que pas mal des aspects de la vie (et de la mort) du Uchiha étaient fort fort merdiques.

“Euh pardon. Je-. Oui oui, je sais. Enfin je sais qui t’as tué. Pour les détails de ce qu’il s’est passé, je ne me suis pas renseignée. Mais. Globalement je sais oui.”

Comment expliquer à un homme qu’il a été tué par son petit frère ? Parce qu’il a tué toute leur famille ? Elle pourrait regretter que cette tâche ne lui revienne, Kaeru. Mais non. Elle s’en réjouit presque. Parce qu’elle sait que peu sont ceux qui auraient réagi avec douceur et compréhension. Et pour l’instant, l’homme qui se tient à ses côtés mérite d’être traité comme elle le traite.

“Je te dirais tout ce que tu veux savoir. Quand tu voudras le savoir. Tant pis si c’est demain, dans une semaine ou dans trois ans. Tu fais comme tu veux, je t’aiderai. Juste. Ne quitte pas ce village sans savoir. Sans être prêt.”

Poussée par ce besoin de le protéger, la jeune femme se décale un petit peu sur le banc pour se rapprocher encore de lui, et déposer un baiser sur sa joue. Avant de se reculer et de lui adresser un grand sourire.

“Mais si tu veux qu’on cause d’autre chose, du caractère de grand-mère Yu, ou de pourquoi j’ai un crapaud géant comme moyen de transport … on peut tout à fait !”

Kawa était pacifiste … en tout cas, c’était ce qu’il aimait à croire. Il était pacifiste … et il voulait aider tout le monde. Pouvait-il vouloir aider tout le monde, la moindre mamie de ce village et n’être qu’un psychopathe tueur et … quoi ? Violeur ? Mon dieu. Avait-il violé ? Tué des enfants ? Qu’avait-il donc fait ? Il avait mal à la tête rien que d’y penser … Il avait envie de … D’exploser. Il ne pensait pas avoir fait quelque chose de … Sexuelle. C’était peut-être déjà ça. Il est presque sûr de ça … Il le pense profondément. Alors quoi ? Il la regarde, essaie de voir à travers elle. Il était doué pour ça, pour deviner les pensées… Il ne sait peut-être pas qui il est … mais il sait qu’il était doué pour voir les mensonges … et pour mentir aussi, apparemment.

- Ils ne feront rien…, souffla-t-il plus pour la rassurer que par preuve évidente de la vérité.

Il ne sait pas ce que les villageois pourraient faire … Ni à savoir qu’ils gardaient un peut-être gros connard dans leur village, à le laisser planter leur carotte… Il ne sait pas du tout… Il réfléchit. Protéger quelqu’un. Cela, ça lui parle. Cela vibre en lui comme si c’était la solution. Mais … Est-ce que le batracien aurait vraiment voulu le tuer s’il était un défenseur de la veuve et l’orphelin ? Est-ce qu’il n’aurait pas été plus doux avec lui ? Il sourit à peine. Il était donc canon. Assez canon pour être une légende, et assez connu pour que son visage le soi. Pas juste un fantôme…. Il ne sait pas comment il doit prendre toutes ses informations. Il plonge les yeux dans ceux de Kaeru et essaie de comprendre le fond de ses pensées. Peut-être allait-elle le livrer à des ninjas qui ne croiront pas à son amnésie ? Elle le devrait. N’est-ce pas ce qu’un bon ninja devrait faire ? Il soupire un peu.

- Aide moi, Kaeru… tu penses que je dois le savoir. Que je dois le savoir, maintenant ? J’ai besoin que … Que tu me dises.

Il était égoïste de lui demander à elle, une fille qu’il venait de rencontrer depuis peu, de choisir pour lui… mais il ne pouvait pas le faire. Il ne sait pas qui il est. Il ne sait pas comment il s’appelle ou ce qu’il a pu faire … alors il ne pouvait pas savoir le degrés de destruction que ça allait causé en lui de savoir la vérité. Il n’avait eu aucune envie de sortir de Yu… maintenant encore moins. Il avait peur de ce qu’il pourrait trouver dehors… vraiment très peur. Elle lui propose de parler d’autres choses, et il ne sait pas, il fuit la première discussion pour se plonger dans la seconde. Alors il se penche, et avant que son cerveau ait pu choisir de réfléchir plus en profondeur, il emprisonne les lèvres de la jeune femme pour l’embrasser. Il l’embrasse avec douceur avant de se figer et de faire un saut en arrière. Un long saut. De plusieurs mètres. Trois pour être exacte. Il met sa main sur sa bouche, comme pris en faute. Comme s’il venait de faire la chose la plus horrible de la Terre.

- Pitié …je veux l’entendre … Dis-moi que je n’étais pas un violeur, ou un pédophile. Au moins ça… pour le moment … dis-moi que … que … que je ne suis pas sale pour toi.

Il allait pleurer. Il sentait les larmes qui monter sur ses yeux. Et il sentait une douleur dans ses yeux. Comme si ses iris voulaient faire quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Il sentait cette douleur et ce froid qui accompagne les larmes alors qu’il s’accroupit, trois mètres plus loin d’elle, pour ne pas voir la réponse. S’il était un violeur, ou un pédophile, il allait mal le vivre. S’il était un tueur aussi, mais il pourrait se dire d’avoir une bonne raison. Les ninjas étaient des tueurs, mais on acceptait qu’ils tuent. Alors il pourrait supporter d’avoir tuer … Il croit que c’est le pire pour lui, le viol. Ensuite le meurtre sans cœur, ou sans raison…. Il était peut-être tout ça. Il était un monstre. Il plaqua ses mains devant son visage, se courba un peu plus, mais ne laissa pas les larmes couler. Il était impossible pour lui de la regarder.

- Je n’ai pas tué ton père, hein ? Tu m’as dis que je l’ai combattu.

Même avec toute la gentillesse du monde, elle ne serait pas assez pure pour lui pardonner ça, n’est-ce pas ? Merde. Il avait encore plus mal à la tête alors que ses yeux prenaient feu. Il ne le savait pas, lui, que ses yeux étaient en train de changer subtilement et avec peu de force de couleur pour amener le sharingan. Il n’en savait rien. Mais il avait mal. Au cœur, aux yeux, à l’âme. Et il avait envie d’embrasser Kaeru, sans pouvoir le faire parce qu’il était un putain de monstre.

Il lui demande à elle. S'il doit savoir. Elle ne sait pas quoi lui répondre, Kaeru. Pour qu'il ait conscience de la menace qui pèse sur ses épaules, il doit savoir. Mais à sa place, elle préférerait largement avoir oublié tout ça. Tout ce qui se rapporte au clan Uchiha. Et à Sasuke. Et, tout à fait personnellement, elle n'a aucune envie de lui raconter tout ça. Mais ses propres envies ne comptent pas sur ce sujet.

La jeune femme réfléchit sans rien dire, ses grands yeux bleus levés vers Itachi et les tourments qu'elle voit se refléter dans ses pupilles. Elle ne sait pas quoi dire. Non. Elle ne sait pas quoi faire. Si. Quand il l'embrasse, elle sait quoi faire. Et lui rend son baiser avec la même douceur qu'il le lui donne. Ses doigts reviennent encore, inlassablement, vers son visage. Avant qu'il ne se volatilisé.

Kaeru cligne bêtement des yeux. Regarde le jeune homme qui s'est éloigné d'elle. Loin. Soudain empli d'un désespoir qui lui brise le cœur. Elle se lève et s'approche de lui doucement. Comme avec un animal blessé.

"Non, non, non, Ita-. Calme-toi. Non non tu n'es rien de tout ça. Et mon père est intuable. Crois moi, il y a du monde qui a essayé. Même ma mère."

Elle essaye de plaisanter doucement. Elle a encore manqué de très peu de l'appeler par son prénom et s'est mordue la langue cette fois. Kaeru passe ses bras autour d'Itachi sans le forcer à rien. Elle pose son front contre son crâne et le berce à peine.

"Si tu avais été ce genre d'homme, je t'aurais liquidé moi-même. Même ma gentillesse à des limites."

Elle tente encore un humour maladroit, resserrant un peu son étreinte. Elle respire son odeur malgré elle, il est si proche, et elle se dit bêtement qu'un homme mauvais ne peut pas avoir une odeur aussi apaisante. Oui c'est stupide comme réflexion. Mais on a dit que Kaeru marche au cœur.

La jeune femme finit par glisser ses doigts pour relever le visage d'Itachi vers elle. Elle observe ses iris rougeâtres sans rien dire. A la fois fascinée et triste de les voir. Parce qu'elle sait peut de choses sur les Uchiha, mais elle sait qu'ils tiennent cette puissance de leur souffrance. Elle dépose un baiser sur son front. Puis un sur ses lèvres. Et elle se laisse tomber les fesses par terre à côté de lui, l'invitant à se rassoir aussi.

"Écoute moi bien … Tu as tué beaucoup de monde. Seulement deux types de personnes. Mais … en quantité importante pour l'un des deux. Presque tous les villages ninja veulent ta tête avec… plus ou moins d'intérêt. Mais que tu disparaisses les arrange tous. Konoha est celui qui a le plus de griefs à ton encontre. Donc si tu sors d'ici, ou si ça se sait que tu es là… tu vas avoir de gros problèmes. Et … en plus de ça, tu avais des alliés … peu fréquentables. J'ignore comment ils prendraient la nouvelle de ta survie. Enfin pour ceux qui sont encore vivants … Alors peu importe que tu veuilles savoir ou non ce que tu as fait, tu dois te préparer à ça. D'accord ?"

Kaeru parle avec le plus de douceur et le moins de détails possible pour lui épargner un trop grand choc. Mais elle lui dit ce qu'elle doit lui dire, pour son bien. Et puis elle repense à Gamabunta qui sait maintenant. Et à son père qui saura bientôt.

"Ne t'inquiète pas pour le crapaud. Ni pour mon père. Gamabunta ne se mêlera pas des affaires humaines sans y avoir été invité. Et mon père … disons qu'en plus d'être le roi de la survie, c'est aussi le roi du bénéfice du doute. Son meilleur ami est un psychopathe criminel et vaguement pédophile sur les bords, alors c'est dire … Tant que je te ferai confiance, il t'accordera le bénéfice du doute à toi aussi, et il n'ira rien dire."

La peur est le désarroi, voilà ce qui tétanise Kawa. Non… Pas Kawa. Il avait un autre prénom. Un prénom plus … Différent. Un prénom associé à la mort et aux massacres. Il déteste l’idée qu’il puisse être un monstre…mais qu’est-ce qu’il y peut ? Il était toujours lui, c’était toujours la même personne ? Il ne sait pas. Peut-être qu’avoir oublié son passé l’avait changé ? Comment pourrait-il le savoir sans connaître se passer. Il avait l’impression d’avoir ses émotions à vif, à découvert, et que les larmes étaient du sel sur ses plaies. C’était douloureux. Il ne savait pas ce qu’il avait fait, mais il savait qu’on ne pourrait pas lui pardonner… en tout cas, pas comme la jeune femme semble pouvoir le faire. La chance dans son malheur avait été de faire du sexe par téléphone avec une femme qui le connaissait et ne la haïssait pas … Il respire un peu quand il comprend qu’il n’est pas un violeur ou un pédophile. C’était déjà ça … Il pouvait être un monstre, différent, mais ça ce n’était pas le cas. Il respirait doucement, essayant de se calmer, essayant d’apaiser la douleur dans ses pupilles où le feu avait élu domicile. Il avait mal. Il se laisse revenir sur le sol, à ses côtés. Bon. Il était « propre » de ce côté-là. Il n’était pas un espèce de gros connard qui prends les femmes pour des objets, ou les enfants. Cette idée le révulse. Il sent la colère rien qu’à l’idée qu’on puisse blesser des enfants pour le sexe… Cela l’énerve, il refuse, il n’est pas ça… C’était déjà la bonne nouvelle. Il l’écoute. Il fait un signe de tête, avant de faire un soupire.

- Est-ce que je ne devrais pas me rendre à Konoha justement ? Assumer mes actes et les laisser me faire un procès.

Il eut un sourire presque ironique sur ses lèvres. Un procès ? Comme si on allait lui faire un procès puisqu’il avait tué « deux types de personnes, dont une en quantité importante ». Non. Il serait pendu, tué, enfermé et torturé pour des informations qu’il ne possède plus… Mais … Mais il sait que oui… Que non. Il le mérite ou pas. Il se dit qu’il ne le mérite pas. Il sent qu’il avait tué beaucoup de monde. Quand elle lui dit, il ressent une pointe de culpabilité mais aussi la détermination. Pourquoi avait-il tué toutes ses personnes ? Même si c’était stupide à demander, il devait y avoir une raison ? Il n’était pas le genre à tuer pour le plaisir, si ?  

- Ton père a vraiment l’air d’être quelqu’un d’exceptionnel… Je suis content de ne pas l’avoir tué alors. Mais ça reste que je suis un tueur de masse, même si j’ai oublié, j’ai tué des personnes et je le vois que j’ai tué des innocents.

Il fit un sourire avant de poser la main sur la joue de Kaeru, juste pour avoir la délicatesse de sa peau sous ses doigts. Il le voit qu’il a tué pour tuer… Mais il ne sait pas pourquoi. Il sait qu’il a tué des innocents… parce que sinon, il ne serait qu’un ninja, pas recherché, et pas recherché par tout le monde. S’il avait tué pour un village, alors tous ne devraient pas le recherché, il devrait avoir une maison…. Quelqu’un qui l’attends, le cherche, le veut encore en vie. Il s’approche de Kaeru, envoie sa main un peu plus loin dans ses cheveux pour la prendre dans ses bras et lui faire un câlin. Il met sa tête dans son cou. Mais si Kaeru peut pardonner, c’est peut-être qu’il y avait autre chose. Il fit un rire, envoyant son souffle dans le cou de la jeune femme.

- Avoues-le, tu aurais préféré que je sois un autre amnésique pour qu’on continue de s’amuser au lieu de tous les problèmes que je t’apporte, n’est-ce pas ?

Avant que quiconque puisse répondre, une vois s’éleva à proximité d’eux.

- Mais puisque je te dis qu’il y avait un gros crapaud !
- C’n’est pas possible !
- Si c’est possible ! Il faisait la taille de la maison ! Non, du village ! Il était énooooooorme.
- Ce n’est pas possible … oh Salut Kawa.

Les deux enfants, sept et huit ans, venaient de le remarquer. Les deux garçons posèrent un regard sur Kaeru. L’un fronça les sourcils en sachant qu’il allait briser le cœur de sa sœur, puisque Kawa avait trouvé une femme… l’autre se mit à hurler en pointant du doigt Kaeru.

- C’est elle ! C EST LA FILLE DU CRAPAUD !
- Y a pas de crapaud, dit le second en remontant son filet
- Je te dis qu’il y avait un crapaud !
- Kawa, y avait un crapaud ?

Kawa était déjà en train de faire des signes ninja alors que des grands corbeaux apparurent dans la petite clairière, ce qui permit aux petits garçons d’oublier totalement leur discussion sur le crapaud. Il se lève, attrape la main de Kaeru pour lui faire un sourire simplement charmeur et lui proposer de s’enfuir des petits avant qu’il ne le remarque. Les corbeaux disparurent alors qu’ils pouvaient clairement entendre un « KAWA, C EST PAS GENTIL ! » de la part des deux petits. Il finit par rentrer dans une maison, un peu plus éloigné.

- C’est chez moi, en quelque sorte.

C’était une cabane aménagé par Grand-mère Yu pour qu’une personne puisse y vivre sans soucis. Avec tout ce qu’il faut, dont deux chaises pour s’assoir. Sur le mur, il y avait des images qu’il avait dessiné pour essayer de se souvenir, des noms en vrac qui vibre en lui. Dont un. Sasuke. Mais il ne sait pas du tout si c’était son prénom ou pas. Il pense à ce qu’elle a dit.

- Alors, je m’appelle Ita, c’est ça ?

"Mmh. Peut-être un jour si tu veux vivre en paix. Mais surtout pas maintenant. Si tu veux le faire un jour, tu me diras. J'en parlerai à mon père et à la Hokage. C'est ma tante, en quelque sorte."

S'il y allait tout de suite … de but en blanc et que ça se savait dans le village. Il finirait enfermé dans les sous sols de Konoha. Ou pire. De la racine. Si Danzo lui mettait la main dessus. Eurk. Kaeru n'en savait que peu sur lui, mais il lui collait des frisson dans le dos. Et en plus. Son père préférait encore faire confiance à Orochimaru plus qu'au chef de la racine. C'est dire ce que ce type ne lui inspirait définitivement aucune confiance.

"Mon père c'est le meilleur. Mais oui. Je ne peux malheureusement pas te contredire …"

Sauf que cela ne fait absolument pas sens avec qui était Itachi Uchiha avant cet événement. Tout ce qu'on disait de lui. Tout ce que le village pensait de lui. Et puis ça. Tout à coup. Sans prévenir. Kaeru se souvient très bien du jour où on lui avait appris pour le massacre des Uchiha. Tout le monde autour d'elle s'était horrifié. Ou indignée. Elle, elle avait levé un sourcil septique. Elle voulait bien croire les faits … mais il manquait le sens de tout ça. Et il le lui manquait encore plus maintenant. Alors que le Itachi qu'elle tenait dans ses bras ressemblait bien plus à celui … d'avant le génocide.

La jeune femme se laisse faire, elle le laisse la toucher et se blottir contre elle. Refermant un peu plus ses bras sur lui. Curieuse quand même à jouer avec une de ses mèches brunes. Le souffle dans son cou la fait sourire. Elle aurait eu une excellente réponse à lui donner si elle en avait eut le temps. Mais des voix d'enfants s'élèvent près d'eux, et Kaeru desserre légèrement son étreinte autour d'Itachi. Elle regarde les deux enfants s'approcher et discuter sans rien dire. Elle lève juste un index à un moment pour corriger kun des deux d'une voix douce.

"La filleule du crapaud. Pas sa fille."

Elle s'amuse toute seule à préciser quelque chose qui va leur paraître absurde dans leurs esprits d'enfants. Et puis les corbeaux. Elle comprend tout de suite. Kaeru, elle a toujours un frisson dans la nuque, qui fait lever son petit duvet blanc, quand quelqu'un use du genjutsu près d'elle. Ou quand un fantôme passe. Mais Naruto lui avait décris les corbeaux d'Itachi. Alors elle sait que c'est lui.

Et hop les voilà en fuite. Kaeru le suit sans rien dire, les yeux posés sur la nuque du jeune homme. C'est ce Itachi là qui ne fait pas sens avec le massacre. Elle avait entendu parlé du grand frère affectueux et taquin qu'il était. C'était la seule chose qui faisait sens. Ce détail et la survie de Sasuke. Pour le reste. Rien n'allait.

La jeune femme entre à son tour dans la cabane. Observe autour d'elle dans un silence presque religieux. Elle voit le nom de son cadet inscrit sur le mur. Et ça lui fait à nouveau beaucoup de peine. Le Uchiha reprend la parole et Kaeru revient vers lui pour prendre ses deux mains dans les siennes.

"Itachi. C'est ça ton prénom. Mais je t'appellerais comme tu veux. Tu peux être Kawa avec moi si tu préfères."

Elle serre ses mains dans les siennes et puis le lâche. S'écarte un peu pour refaire le tour des lieux, souriant un peu plus et cherchant un moyen d'alléger un peu l'atmosphère.

"Mamie Yu s'est bien occupée de toi, dis donc. Elle devait avoir de grands projets pour toi. Te marier à une de ses petites filles peut-être ? Dommage pour elle que je sois arrivée, hehe."

Kaeru revoit ses cheveux en arrière dans un geste de frime franchement exagéré. Et puis elle s'assoit non pas sur une chaise, mais sur le lit d'Itachi. Lui laissant le choix de s'asseoir à côté d'elle. Ou loin d'elle.

"Mmmh. Si tu veux on peut rétablir la balance. Vu que je sais déjà plein de trucs sur toi, et toi rien sur moi … tu peux me poser toutes les questions que tu heux' et j'y répondrai. Sur moi. Enfin sur toi aussi si tu le désires. C'est comme tu veux !"

Il nota de ne pas aller voir Konoha sans elle. Il nota, de toute façon, de ne pas aller ailleurs, nulle part, sortir de ce village sans elle. Parce qu’on le prend pour un monstre qui aurait tué … non, parce qu’il était un monstre qui avait tué. Ce n’était pas simplement une hypothèse lancé comme ça, c’était la pure putain de vérité. Il avait tué et laissé mourir des gens. Il n’était pas une bonne personne. L’arrivé des petits étaient un exutoire pour fuir. Fuir la réalité. Fuir cette discussion… mais aussi, comment ne pas l’avoir ? Comment passer au-dessus de cette discussion sur qui il était réellement, profondément. Dans sa cabane, il regardait Kaeru prendre toute la place. Elle semblait un peu en décalé ici. Elle serait mieux dans une maison traditionnelle, comme celle de Madame Yu. Plus de place, plus d’espace, plus de soleil qui passe à travers la fenêtre. Il tire le rideau pour qu’il puisse y avoir plus de lumière. Il avait fait du rangement pour qu’elle puisse profiter de cette jolie cabane. Elle était bien emménagée, bien géré. Il n’y avait rien de sinistre dans ce lieu. On pouvait même dire un peu coocooning. Mais c’était fait de plein de texte ou d’image qu’il avait emmagasiné. Il ne voulait pas savoir ce que signifient tous les prénoms qu’il avait trouvé, qui l’avait fait vibrer… Il ne voulait pas le comprendre. Est-ce que c’était tous des morts qu’il avait fait ? Quand elle lui dit son prénom, il relève les yeux.

- Itachi. Kawa. Choisi pour moi. Je sais que c’est égoïste, mais … je ne sais pas qui je suis. Kawa ne voulait déjà rien dire pour moi, Itachi pas plus. Je ne sais pas si je peux être l’un ou l’autre.

Et il n’avait pas l’impression d’avoir envie d’être Itachi… peut-être devrait-il simplement ne plus l’être ? Peut-être devrait-il, réellement, devenir Kawa et enfermé son passé dans un coin. Il allait vieillir, on ne le reconnaître plus, si ?

- Heureusement pour moi. Même si je semble être un psychopathe, je suis tombée sur la seule femme qui ne me voit pas comme un monstre…

Et il s’assoit à côté d’elle, pour embrasser doucement ses lèvres. C’était plus une caresse qu’un baiser. C’était les lèvres qui passent sur celle de la jeune femme. Il se recule et la regarde. Il avait « couché » avec elle par message. Il le savait. Mais à travers tout ça, il y avait aussi eu beaucoup de tendresse et d’humour. Et là … Là, elle était encore comme ça. Très douce et calme. Elle aurait pu être comme son crapaud, mais non.

- Je n’ai aucune idée. Est-ce que tu connais mon film préféré ? dit-il en faisant un petit sourire, conscient qu’elle ne pourrait pas savoir ce genre de chose, je ne sais rien… Et j’avoue que tout de suite, j’ai un peu peur de poser des questions sur moi…

Il pourrait demander pour ses yeux. Grand-mère Yu lui avait dit que, parfois, elle avait l’impression de voir une nouvelle couleur dans ses sombres iris… Peut-être une technique ninja. Il sourit. Ses blessures, nombreuses et parsemant tout son corps comme si on l’avait découpé en morceau, ne le faisait plus autant souffrir.

- Dis-moi ce que tu aimes comme technique, ton goût de glace préféré, la ville que tu préfères, parles moi de tes parents, pas comme des ninjas mais des parents. Tu as des frères ou sœurs ?

Il croit qu’il a des frères ou des sœurs, mais il ne pose pas la question. Il a bien trop peur de poser la question. Il était lâche, il avait besoin d’être lâche encore quelques instants. Demain serait un autre jour.