Allongée sur le torse de Blade, je me sens bien, heureuse, complète. Le souffle encore court de notre échange passionné d’amour, je ferme les yeux pour me ressaisir. Je prends ce temps, que je n’ai jamais le temps de prendre autrement, parce qu’ici, ce n’est plus une question de sexe, mais d’amour. Même si jamais aucun mot n’a été prononcé dans ce sens pour l’instant, je le sens dans ses yeux, comme il le lit dans les miens. Je l’aime, du plus profond de mon âme, je l’aime parce qu’il est comme moi, un être emprisonné par sa couleur, je l’aime parce que nous avons les mêmes envies de bâtir un monde meilleur.

Normalement, on n’aurait jamais dû se croiser ou s’échanger quelques mots, même les politesses n’auraient pas dues être entendues, mais quand je l’ai vu, pour la première fois, j’ai su. C’est fou. De par mon travail de Rose, je suis habituée à comprendre ce que les autres veulent, habituées à me plier à tous leurs désirs, à anticiper ce qui leur plairait, mais tout ça… c’est pour les Ors. Aucune autre couleur n’auraient jamais dû me toucher, sauf un ou une autre rose, évidemment, mais toujours sous les yeux attentifs des Ors. Eux qui ont tout le pouvoir, toute la cruauté nécessaire pour nous faire plier. Je le savais, je connaissais mes devoirs, mais… Blade…

Envahie d’un bien être, je laisse venir à moi tous les souvenirs. Ceux des regards échangés, ceux d’une passion qui nous animait, les sourires à distance et l’étrange pulsion qui jaillissaient en moi. Blade me faisait me sentir vivante, avec lui c’était vrai et bon. C’était doux, c’était énergisant, c’était vrai. Il n’y a jamais eu la moindre simulation, contrairement à toutes les autres fois avec les Ors. Je tourne la tête et dépose un baiser sur sa poitrine, puis j’ouvre enfin les yeux.

Je me perds dans la contemplation de son corps. Il n’est pas parfait comme celui des Ors, il n’est pas surdimensionné, lisse. Il n’a rien à voir avec le miens non plus, Blade il a un corps de bleu et c’est le plus beau corps que j’ai jamais vu de ma vie.

Je me rallonge dans le creux de ses bras, gagnants quelques instants encore, nous n’avons pas le droit d’être ici, pas le droit de faire ça. Et le travail nous attend. L’un comme l’autre. Je déteste ça. Je regarde les moulures du plafond, et j’ai envie de vomir. Cette pièce, cette maison me rappelle tout le bonheur que je n’aurai jamais, ça me rappelle que je ne suis qu’une petite rose, une Fleur certes, mais tout aussi malléable et à la merci des Ors que les autres roses. Je suis une basse-couleur. Je suis un serviteur, du plaisir certes, mais ma vie n’en est pas moins atroce. Avec Blade je gagne une étincelle de bonheur pour un océan de malheur. Et si on était découvert ? Et si quelqu’un savait ? Et si quelqu’un parlait ?

Mais comment le retenir à moi ? Comme obtenir pour toujours son amour, pour qu’il sache que je l’aime et l’aimerait toute ma vie ? Je soupire et prends enfin la parole après tous ces instants bienheureux en silence. « Blade » son nom roule sur mes lèvres, il est si beau ce nom, rien à avoir avec celui de Haut Gouverneur de Mars. « Je ne peux te promettre la fidélité » ce n’est pas une grande nouvelle, il le sait depuis le début, il connaît mon rôle dans la Société et je ne peux déroger au miens comme il ne peut effacer le sien « mais je veux te promettre quelque chose. » Je me retourne pour lui faire face, je veux le voir et je veux me plonger dans son regard. Allongée sur le ventre, toujours nue, je fixe ses orbes. « Je veux t’aimer jusqu’à la fin de ma vie, je ne veux être qu’à toi sous nos lunes, sous le soleil, sous les astres. » Mars n'est pas la terre, mais cette promesse est manière de m’évader, l’espace est grand et nous pourrions y trouver notre compte. « Blade xe Diotrophon, le bleu le plus courageux du monde, le plus doux, le plus fort, le plus unique, toi qui fait battre mon coeur, veux-tu m’épouser ? » Je n’ai rien, pas d’anneau, pas de bague, pas de bijou, de toute manière, je n’aurai pas le droit de le porter et lui-non plus, s’il accepte nous trouverons une manière de nous graver l’un et l’autre. Mais d’abord, il faut qu’il réponde, qu’il accepte.

La vie est un océan de couleurs. C'est ce que j'ai toujours pensé. Le jaune n'est pas plus beau , ou plus pur que le bleu , le rose ou même le rouge. Ce fut un choix arbitraire , basé sur une sois disant évolution logique , afin que les Ors restent à jamais la Couleur la plus puissante.
Nous sommes impuissants face à eux. Mon maître me tuerait en une poignée de seconde , avant que je ne puisse lever le petit doigt , encore moins plaider ma cause. Je ne suis qu'un petit moucheron , une tâche embêtante dans l'univers .
Encore plus car je ne suis pas comme la plupart des bas-bleus qui ne font preuve d'aucune émotion , se contentant d'accomplir leur mission , en attendant que le temps passe.
Je n'ai jamais pu être comme cela.

Mes yeux se sont ouverts sur le monde , un petit peu plus , quand je les ai posé sur Anthéa. Une Rose , pas des moindres , l'une des plus belles et des plus raffinées. Toujours prêté à offrir les plus charmantes attentions.
Je n'avais pas le droit de la regarder , de la désirer. Chacun ne doit regarder que sa Couleur , excepté les Ors encore une fois. Mais , je n'ai pas obéi . Au Diable ce Haut-Gouverneur de Mars...

Notre lien s'est tissé doucement , tendrement , et aujourd'hui elle pourrait être mienne. Malheureusement, elle ne le sera jamais totalement , quand bien même elle vient de m'offrir le plus beaux des moments imaginables , un avant goût du septième ciel.
Par tous les systèmes solaires , j'aime une Rose...Et , je ne saurai en être plus fier , plus heureux.

Anthéa se met à parler. Je retiens un grognement , car le silence me fait du bien. Juste le silence et la chaleur de son corps doux contre le mien.
Je plonge mon regard dans le sien , comprenant peu à peur où elle veut en venir. Le cœur qui bat. La peur , l'excitation , un peu tout ça en même temps.

Pourquoi ?
Pourquoi , maintenant ?
Nous ne serons jamais véritablement l'un à l'autre. Je ne devrais même pas la toucher , je ne serai jamais l'heureux et unique élu de ses caresses.
Et pourtant...

"Anthéa...tu es la Rose la plus irraisonnée que je connaisse." , je souffle avec un sourire tendre , caressant doucement sa joue de mon pouce. "C'est la fidélité de ton cœur que je souhaite. Être le seul homme qui le fera battre , le seul avec qui tu prends réellement du plaisir." , pas de simulation , pas de rapport forcé , il n'y a toujours eu que de l'amour brut entre nous. "Tu m'es plus cher que tout ce que les Ors ont à offrir. Tu es mon univers , Anthéa , celle qui me fait vivre intensément. Je t'aime ma belle Rose , et suis fier d'être ton bandit." , j'ajoute avec un sourire en coin , avant de redevenir plus sérieux , surtout plus ému. "J'accepte. Évidemment que j'accepte mon Amour. Je veux être ta moitié, je te veux pour femme." , quand bien même , c'est impossible...

Ses mots me remplissent de joie, il me comprend et il accepte. Il m'aime et, si je n'étais pas une rose depuis ma naissance, je crois que je rougirai. Seulement, le parfait contrôle que j'ai sur mes pulsions m'en empêche, je ne me permets que de frissonner sous la caresse de ses doigts. Des doigts de bleus, travailleurs et précis. « Mon coeur est tien, depuis le premier jour. » soufflai-je.

Oh que oui. Notre amour a été fulgurant, passionné, soudain, mais nous n'avons pas cédé si vite, nous avons attendu les bonnes circonstances, nous avons veillé que l'un et que l'autre soit certain de ce qu'il souhaitait. Je ne pouvais pas me compromettre avec un simple bleu qui me faisait des yeux doux. Non, si je plongeais dans le risque de l'enfer, c'était par amour. Un mot qui, avant lui, m'était inconnu. Un mot qui, sans lui, n'a pas le moindre sens. Blade rend l'amour réel, concret, beau.

Pire encore, Blade me fait comprendre combien on nous ment. Les roses sont programmés pour le sexe, pas pour l'amour. Alors pourquoi moi, une Fleur, l'une des roses les plus précieuses, puis-je aimer de tout mon coeur ? Parce que la Société nous ment. Et mon coeur se serre à cette idée. A nous deux, nous ne pouvons rien faire aujourd'hui et ne pourrions pas plus demain. Nous sommes condamnés. Alors je préfère voir une lueur d'espoir jaillir entre ses yeux bleus à lui.

« Je me débrouillerai pour rendre ça réel. » soufflai-je au creux de son oreille. Je mordille son lobe, délicatement, jouant pour tenter de rendre la scène moins... dramatique. Car je le sais, si nous sommes découverts, nous sommes morts. Non, pas morts, pire. De quelles tortures sont capables les Ors ? Malheureusement, je ne le sais que trop bien. « Qui veux-tu pour nous unir ? Ne jouons pas les règles des Ors, qui affirment qu'il faut un blanc, n'importe qui pourrait nous lier à jamais. » continuai-je doucement mais avec fermeté. Je veux un lien réel, une personne sera au courant pour nous, une seule. Il faudra bien la choisir. Il faudra être certain de son silence. « Je veux que ce soit réel et peut être, un jour, cela le sera aux yeux de tous. » A mes yeux, ce que nous avons est la perfection, mais je rêve qu'un jour, ce soit commun dans la Société, je rêve qu'un.e libérateur.ice vient briser nos chaînes.

Je ne doute pas de son amour. Ma rose me l'a suffisament montré, déclamer, pour que je sois certain qu'elle m'aime. J'en suis convaincu même quand je la vois offrir son corps à mon maître, à tout lui donner , tout faire pour son plaisir. Car je sais qu'elle n'a pas plus le choix de lui obéir que j'en ai.
C'est comme cela , et c'est tout , j'ai bien dû finir par l'accepter.

Néanmoins, je ne crois pas que la situation changera un jour pour nous. Je voudrais que les choses changent , que les Ors soient remis à leur place , que les planètes ne soient plus sous la domination des Au Lune...mais c'est de l'ordre du rêve , tant que quelqu'un d'assez puissant ne se sera pas levé contre eux.
Pour l'heure , rien n'indique qu'on pourra vivre librement Anthéa et moi. Il nous faut l'accepter , accepter de vivre dans le secret , de ne jamais pouvoir s'afficher librement , et pire de peut être mourir un jour si nous sommes découverts.

"Je te fais confiance pour trouver un moyen." , je souffle , un peu rêveur . Bien-sûr, nous n'avons besoin de personne pour savoir que nous appartenons l'un à l'autre. C'est un serment de l'âme et du cœur, nul besoin d'un Blanc affable pour cela. Encore une autre de leurs stupides règles. "Pourquoi pas...un tatouage ? Quelque chose de simple , pas voyant , mais reconnaissable pour nous." , ce n'est qu'une idée , peut être stupide. Néanmoins , l'idée de l'avoir gravé sur ma peau me plaît terriblement. Tant que ce soit suffisament discret pour ne pas me valoir la pendaison. "L'important , c'est que ce soit réel pour toi , pour moi...notre serment le rend déjà plus que réel à mes yeux . N'en doute pas. Ce que nous vivons n'est pas un simple rêve éveillé."

Il plonge, les pieds en premier dans mon jeu et mon coeur explose de joie. Il me suit, il propose des idées, m'invite à continuer. Il me fait confiance et, mieux encore, me confie son coeur.

Si je n'étais pas si habituée à contrôler mes émotions, je crois que je verserai un torrent de larme, jamais une preuve d'amour n'a été si douce, si belle, si puissante, si vraie. Avec délicatesse, pour lui montrer que je suis moi aussi douce et totalement amoureuse, j'embrasse ses lèvres. « Merci » soufflai-je en me décollant et posant mon front contre le sien. Je savoure cette faible distance, sentir son corps contre le miens, être avec lui physiquement pour l'instant et dans nos coeurs pour toujours.

« Un tatouage c'est parfait. » J'aime encore plus l'idée qu'il faudra demander l'autorisation à mon maître pour marquer ma peau. Il me la donnera, bien sûr qu'il ne me refuse jamais rien, je sais comment le faire plier, et savoir qu'il m'accordera la main de mon amant sans même en avoir conscience me remplit d'une joie machiavélique. J'aurai gagné sur tous les points, car alors Blade sera mien et je serais sienne. « J'ai le contact d'un violet qui sera parfait pour le rôle. » C'est un violet qui n'aime pas les Ors et qui me doit un service. Il ne me trahira pas et les violets sont les pros du spectacle. « Il pourra nous tatouer pendant la cérémonie directement, ce sera parfait. » Je m'imagine déjà, la scène est peinte dans mon esprit.


Il ne m'a fallut que six jours pour tout organiser, six minuscules jours pour que Au Augustus s'émerveille de mes prouesses et accepte mes tatouages. Pour noyer le poisson, j'en ai demandé trois, mais lui réserve la surprise. Six jours pour contacter Mlok et lui faire accepter. Six jours pour être unie pour la vie. Mes yeux brillent, j'ai hâte de voir Blade traverser la porte et entrer dans l'atelier de Mlok. Derrière une statue immense, il y a une pièce, petite, sombre, mais elle n'est pas dans les registres, pour les Ors, elle n'existe pas. Elle sera le symbole de notre   amour qui, lui non plus, n'existera pas aux yeux des Ors.

J'ai récupérer des fleurs, roses et bleues, nos couleurs et les ai attachée sur les murs, j'ai fait éclairer la minuscule table sur laquelle nous poserons nos corps pour les faire tatouer d'une guirlande de lumières représentant des roses, une fleur qui est mon symbole.

Debout, dans un coin j'attends qu'il arrive et me voit. J'ai hâte de sentir son regard sur mon corps, voir comment je me suis fait encore plus belle juste pour ce moment. Ma robe, rose pâle, semble ordinaire vue de loin, mais de près c'est un entrelacement de dentelles, fine et délicatesse, représentant un couple. Nous. Je l'ai faite faire sur mesure et, quand je tournerai deux fois sur moi-même, la robe deviendra bleue. La technologie des bleus est incroyables tout de même. Je souris, j'ai hâte. Nous avions décidé que chacun choisirait le tatouage de l'autre, j'ai hâte de découvrir le mien et qu'il voit le sien.

Si l'idée d'un tatouage me semblait parfaite sur le moment , je n'étais pas si serein que cela à l'approche de la cérémonie. Je ne suis pas libre de mes choix , et donc de réaliser ce geste. Oh j'aurai pu demandé à mon maître comme le bon chien que je suis , mais ça aurait clairement été se tirer une balle dans le pieds.
Jamais je n'aurai reçu une telle permission , et pire encore , mon maître aurait très certainement cherché à comprendre le pourquoi du comment de mes envies , et Althéa et moi aurions déja finis au bout d'une corde.

Non , il me fallait faire cela dans le secret , et d'une manière qui ne devrait mettre en danger mon amour si j'étais découvert. Pourquoi choisir la facilité , hein...

Je ne devrais même pas avoir à me poser ce genre de question. Un bon bleu , c'est un type qui ne ressent pas d'émotions , surtout pas pour une rose , et qui fait son boulot correctement mais mécaniquement. Sans se poser de questions.
Et , c'est ce que je faisais du reste , avant d'être cueillis par ma rose. Depuis lors , c'est un flot d'émotions qui ne cessent de me traverser quand je croise son regard , et qui réchauffe mon coeur endurci.

Comment réprésenter cette découverte de sentiments ? C'est la question que je n'ai eu cesse de me poser depuis 6 jours , réfléchissant au tatouage que je lui demanderai de porter. Je me sens un peu gauche , parce que je suis certain qu'elle savait déjà très bien ce qu'elle me demanderait d'inscrire sur ma peau lorsqu'elle a proposé l'idée.

Elle est merveilleuse ma Rose. Elle sublime l'atelier du Violet qui a bien voulu nous aider. Quand j'entre , c'est sur elle que se pose mon regard , sur son si joli sourire , ses yeux étincelants , et sa magnifique robe.
Si j'ai fais un petit effort vestimentaires , en rajoutant une dicrète touche de rose , je ne pouvais malheueusement pas me départir de ma tenue réglementaire sans faire accourir une troupe de Gris.
Je m'approche de ma future femme , glissant un doigts sur le contour de sa robe :

"Tu es parfaite , ma chérie. Mais , je te préfère sans ta robe..." , je chuchote d'un ton coquin. Du coin de l'oeil , je vois approcher le fameux Violet.

Je prie je ne sais qui , que Althéa ne fasse pas une erreur en nous confiant à lui. Il me demande si nos choix sont toujours les mêmes. J'hoche la tête. Je lui ai fait parvenir le mien hier , comme nous avions convenus pour nous garder la surprise. Mon regard glisse d'ailleurs vers les tables avec un air anxieux. Je ne suis pas très rassuré par l'acte en lui-même , mais j'espère surtout qu'elle aimera mon choix.

Althéa m'a fait connaître la couleur des sentiments. En cherchant dans de vieilles archives , j'ai découvert que beaucoup de Terriens accordaient un symbolisme intéréssant au papillon.
La métamorphose.
Voilà.
Althéa m'a métamorphosé tout entier. J'ai donc proposé un papillon gracieux , aux teintes de nos deux origines...

Allongée sur la table de tatouage, j'attends le moment de la délivrance. La douleur n'est pas le problème, je la supporte depuis des années pour tout et n'importe quoi, la vie d'une rose n'est pas des plus douces, oh, à part les nymphettes, je ne crois pas que quiconque ait la vie douce, mais il y a différent niveau de douleur et celui de rose est autant mental que physique. Non, si je suis impatiente, c'est de découvrir le dessin qui ornera mon corps, un dessin lourd de sens pour moi comme pour lui, un dessin qui représente son amour pour moi. Je souris en songeant une fois de plus à ses premiers mots quand il m'a vu. Je l'aime tellement. Si je dois être honnête, je ne pensais pas pouvoir aimer un jour quelqu'un, et je n'aurais jamais parié sur un bleu, eux qui sont dépourvu d'émotions, mais s'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est que la vie ne ressemble jamais à ce qu'on a prévu qu'elle soit.

Je me redresse enfin quand Mlok me le permet et découvre le sublime papillon qui entoure ma hanche. Mon regard, brûlant, se tourne vers Blade. Et je ris doucement. « Alors là, j'avais pas prévu le même, mais j'aimais aussi la symbolique des papillons. Parce qu'ils savent prendre le nectar sans se piquer sur les épines des roses. » Comme il l'a fait, comme il m'a séduite, comme il m'a aimé, malgré toutes les interdictions, malgré toutes les complications. Il n'est pas tombé dans les pièges, il ne m'a jamais prise pour quelqu'un d'autre que je n'étais pas, il sait ce que je suis et il m'aime tout de même. Le sien est petit, mais fort en symbole, je ne voulais pas qu'il risque de se faire prendre, si moi, des tatouages j'en ai déjà - mais invisible tant que je suis habillée - lui, ne doit pas en avoir.

Je lui laisse la place en lui volant un baiser. « J'ai d'autres surprise pour toi après » soufflai-je. J'ai prévu qu'on fasse la fête, Mlok m'a fourni des perruques, des lentilles et il connait un endroit où l'on pourra aller danser comme si nous étions un couple normaux et que nous avions le droit de nous aimer. Comme si nous n'étions pas des criminels - car pour les ors, c'est sûrement ce que nous sommes - et que nous avions la vie devant nous, une vie normale, saine, évidente. Je souris, et chasse ses pensées. Aujourd'hui, je me marie dans le plus grand des secrets avec l'amour de ma vie, et c'est bien la seule chose qui ne doit jamais compter.

Malgré l'apparence dure que je me dois de conserver en toutes circonstances , je craignais la douleur du tatouage. Je n'avais pas vraiment d'idées des sensations que l'aiguille aurait sur ma peau , ni si cela serait assi douloureux que dans l'ancien temps.

Ce ne fut pas agréable , je ne vais pas dire le contraire , mais c'était largement supportable , encore plus quand je pense à l'entraînement que j'ai subi , en tant que Bleu dans nos écoles. On nous demandait de résiter à des douleurs effroyables , mais surtout de ne rien ressentir face à la souffrance de nos camarades et...
C'était peut-être cela , le plus dur.

La première chose que je fais en me relevant n'est pas de regarder mon tatouage , mais de tourner les yeux vers Anthéa pour découvrir sa réaction face à celui que j'ai choisi. Ouas , c'est sûrement un peu hautain , mais j'étais trop impatient de savoir si cela lui plaisait.

Mon coeur se réchauffe face à ses douces paroles , à savoir que la symbolique lui plaît autant qu'à moi. Délicatement , je viens embrasser ses doigts de la main gauche du bout des lèvres.

"Je n'aurais pu mieux le dire , mon amour."

Mes yeux se baissent sur mon propre tatouage. Il est parfait , facilement camouflable, et représente exactement ce que nous ressentons l'un pour l'autre. Je viens le toucher du bout du pouce , un peu comme dans un rêve , un grand sourire sur les lèvres.

"C'est parfait." , je souffle sous le charme , me perdant dans le doux baiser qu'elle m'offre. "Une surprise ? Je ne me lasserai jamais de tes surprises. Je t'en prie ,dis-moi de quoi il s'agit. Je suis bien trop curieux à présent." , que je lâche avec un sourire entendu et coquin , au bord des lèvres..."Mon impatience pourrait te consummer..."

Et nous voilà tatoués. Mariés aussi. Je l'embrasse parce que c'est la tradition, les paroles de Mlok pour célébrer notre amour sont inexistantes, c'est juste nous qui choisissons nos termes. Je me retiens de partir tout de suite. « Avant la surprise, je voulais juste, je n'sais pas, qu'on échange des mots. C'est ridicule, mais j'ai vu des tas de mariages d'Or et si ça nous correspondra jamais, j'aime bien la symbolique. » Je lui prends les mains et je me perds dans son regard. Ses yeux bleus. Son regard est censé être froid, décisif, réactif, un bleu n'a pas de sentiments, pas d'émotions, un bleu ça obéit aux ordres... normalement. Les yeux bleus de Blade sont magiques, ils sont une mer profond dans laquelle on se jette avec bonheur et on perd pied en hurlant de joie. « Mon cher Blade Xe Diotrophon, moi Anthéa, je t'offre mon amour pour maintenant et pour toujours. » Pas de question de mort, je l'aimerai bien plus loin que ça. « Je te jure de n'aimer que toi et de t'offrir mon coeur librement et sans contrainte. » Mon coeur qui palpite à toute vitesse à l'intérieur, ce coeur qui est bien la seule chose que je puisse offrir. Voilà ce que veux dire mon tatouage, je voulais mettre des mots dessus.


Plus tard, nous sommes coiffés et maquillés, nous portons des lentilles et avons l'air d'orange. Les bleus ne sont pas censés faire la fête et les roses ou violet sont censés l'animés. Les oranges ne sont pas beaucoup plus haut dans l'échelle sociale, mais eux au moins, ont l'air à leur place dans certaines tavernes. Oh, pas les tavernes que les Ors ou Argents fréquentent bien entendu. Après avoir marché un peu et nous êtes glissés dans deux couloirs, nous arrivons. Ici, la lumière est tamisée pour nous permettre de la discrétion, ici nous sommes protégés par nos déguisement, ici nous pouvons nous aimer. « Danse avec moi. » proposais-je en tendant la main. Je suis sûr qu'il n'est pas dans ses habitudes de danser. « Tu n'as qu'à me suivre » soufflai-je. Je veux qu'il se laisse aller, qu'il prenne mon bras et que son souffle se mêle au mien, que nos pas s'alignent et que nos rient soient communs.