Assise devant l’écran de son ordinateur, dans son bureau, elle saisit quelques données pour mettre à jour les dossiers de ses patients, avec les rendez-vous qu’elle a déjà eu dans la matinée. Le suivi de l’équipe est on ne peut plus sérieux, avec un rendez-vous avec elle chaque semaine minimum pour s’assurer que tout aille bien. Parfois, ils passent même deux fois par semaine dans son bureau pour s’assurer de leur santé, ou pour qu’elle puisse oeuvrer à soigner les blessures et les chocs provoqués par les entraînements, les matchs…

Son téléphone se manifestant dans un coin du bureau, elle tend le bras sans même détourner le regard de son écran et porte l’appareil à son oreille, répondant à son interlocuteur en même temps qu’elle continue de saisir quelques données, remplissant ses tableurs. Elle fronce les sourcils, s’arrête, récupérant le téléphone qu’elle avait coincé entre son épaule et son oreille pour se concentrer sur la conversation téléphonique. Une consoeur, de l’hôpital, lui fait un rapport plutôt problématique au sujet de l’un de leurs joueurs, les radios n’étant pas très bonnes après un accrochage sévère lors du dernier match. Romy pince les lèvres, hochant la tête alors même que la femme à l’autre bout du fil ne peut pas la voir, la remercie puis raccroche avant de reposer le téléphone, soupirant. Ce n’était pas une bonne nouvelle. Absolument pas. Le coach allait être contrarié, le joueur, lui, devait être dévasté. Une probable fin de carrière sur blessure. L’angoisse de n’importe quel sportif. Une angoisse qu’elle ne connaît que trop bien, alors qu’elle anime ses petits frères et, avec eux, toute la famille, en réalité.

Elle ouvre le dossier d’Oliver Kane, alors, le mettant à jour avec les nouvelles données de l’hôpital et surveille sa boîte mail, en attendant la copie de radios qui lui a été promise. Puis, se levant de son fauteuil, elle avance de la grande baie vitrée qui donne sur la patinoire en contrebas, sur laquelle les hockeyeurs évoluent en ce moment même, sous les directives de leur entraîneur. À l’évidence, ce n’est pas le moment pour elle d’aller le voir. Alors elle retourne à son bureau, écrit un message pour demander à le voir plus tard et se replonge dans son travail, grignotant son sandwich en même temps alors qu’elle n’a pas pris le temps de déjeuner à midi.

Trois petits coups donnés à la porte la tirent de ses dossiers et elle redresse la tête, apercevant l’heure. Presque 15h. Elle glisse un regard vers son agenda. Qu’est-ce qu’elle a écrit ? Un rendez-vous hebdomadaire, la routine. Elle referme l’agenda.

"- Tu peux entrer !" signale-t-elle à l’homme derrière la porte, lui adressant un grand sourire quand il entre. "Comment tu vas ?"

Entre la maladie et le retour express chez tes parents à cause d’un accident de voiture, tu n’as pu revenir au centre que maintenant. Tu avais même appris l'arrivée des nouveaux, le transfert des US et les nouveaux repêchés après la sélection. Un défenseur, un attaquant et un goalie remplaçant. De quoi rééquilibrer la formation actuelle qui péchait un peu. Tu as hâtes de les rencontrer et aussi de te faire une idée sur le fameux jumeau Carter… Que tu as failli percuter en arrivant sur le terrain parce que tu ne l’avais pas vu. Faut le faire quand même.

Toi qui pensait qu’ils étaient tous extraverti et enjoués… Enfin, tu veux dire. Le père sait se faire entendre, avec une aura imposante de coach de patinage. River rayonne dans ses costumes, son charme naturel et Romy… Tu vas éviter de trop t’étaler sinon tu vas baver. Mais Rory… Incroyablement silencieux, invisible et limite si son aura est inexistante. Et pourtant… Pourtant il baladait sur la glace avec une aisance folle. A croire que c’est de famille, pour avoir déjà vu le patineur faire. Assez impressionnant. On te souffle que c’est comme ça depuis qu’il est là et que l’envie de gagner pour la saison s’est ravivée.

Tu as pensé à aller te présenter tranquillement avant de rejoindre les étages pour ton rendez-vous hebdomadaire avec la jolie rousse. Tu inspires devant la porte, vérifie l’heure un instant et tapote deux fois avant d’entendre une voix de l’autre côté. Tu entrouvres pour qu’elle ne voit que tes yeux et souris.

- Surprise !

Que tu clames avant d’entrer et referme derrière toi. Tu pouffes un peu.

- Désolé pour avoir décalé le rendez-vous, je n’étais pas du tout en ville à ce moment-là. Puis après j’ai eu une crève monstre… Cloué au lit, je te raconte pas. Si Diana n’était pas venue avec ses soupe, j’y serais encore.

Que tu commences à raconter avant de retirer ta veste et ton pull.

- Oh, j’ai appris pour ton frère. Je l’ai vu là sur le terrain. Hey, il est bon !

Surprise, annonce-t-il en passant la tête par la porte entrouverte, avant d'avancer dans la pièce, fermant la porte derrière lui. Les excuses rapidement pour avoir eu besoin de décaler le rendez-vous, expliquant qu'il n'était pas en ville, pour commencer et qu'ensuite, il était malade. Une bonne crève comme il en arrive toujours en début de saison. Elle note de parler au docteur de l’équipe pour une prescription en vitamine C pour tout le monde, qui ne fera pas de mal, puis elle reporte son attention sur son interlocuteur.

"- Et tu te sens mieux ?" questionne-t-elle en attrapant son dossier. "Heureusement qu’elle était là." rit-elle. "Même si je ne suis pas sûre que la soupe, en dehors de la libération des voies nasales grâce à sa vapeur, quand elle est bien chaude, soit vraiment un médicament contre la crève." poursuit la rousse, passant une main dans ses cheveux avant de reprendre, le questionnant comme elle se souvient qu’il a dit ne pas avoir été en ville dernièrement. ”Tu es allé où ?"

Il s’installe, retirant sa veste et son pull avant de prendre place, remarquant qu’il a appris l’arrivée du petit dernier des Carter, qu’il a pu voir à l’entraînement, et dont il vante les mérites. Le sourire de la kiné s’élargit. Bien sûr que son petit frère est bon. Bien sûr qu’ils le sont tous les deux, dans leurs disciplines, même si elle n’est forcément pas très objective quand il s’agit d’eux. Son regard glisse en direction du cadre qui trône sur son bureau, affichant les visages de son père et de ses frères. Ils sont tous très doués.

"- Bien sûr qu’il l’est." elle rit. "Ce n’est pas comme si j’avais eu un jour le moindre doute à ce sujet…" remarque la rouquine.