Aujourd'hui, contrairement à d'habitude, je peux enfin avoir le luxe de rester au lit toute la matinée. Les cours sont terminés et les vacances d'été débutent. Mon téléphone ne cessait de vibrer me tirant de mon envie de paresser. Une personne m'harcelait de notifications. Qui pouvait être assez fou pour gâcher ce premier jour de repos ? Les yeux à moitié fermé, je me saisis de mon portable et je fis un bond. MISÈRE !! Dans une trentaine de minute, une conférence de presse d'Hayato Miyazaki allait avoir lieu pour présenter le nouveau musée Ghibli. Impossible que je manque cet évènement.

Je m'empressais de sortir du lit et d'aller à la cuisine me chercher de quoi grignoter devant cette interview. Quelques minutes avant le début, je me connectais sur mon site favoris qui réunit tous les fans des studios Ghiblis. On était à l'affut du moindre évènement et on partageait sur notre passion commune.

Parmi toutes ces personnes, il y avait une abonnée que j'appréciais plus que les autres. Le feeling est passé direct entre nous. Nous avions les mêmes goûts, les mêmes délires, les mêmes pensées sur beaucoup de sujets mais surtout, un amour inconditionnel pour ces oeuvres. Personne ne pouvait nous battre en quizz ou autre à ce sujet.

L'interview commence et elle n'est toujours pas connectée. Ne me dîtes pas qu'elle a eu aussi une panne de réveil ou une envie de flemmarder. Je refuse de visionner ça sans elle mais aucun moyen de la contacter en dehors de ce site. Tant pis, je vais devoir prendre des notes le temps qu'elle se connecte. Elle me le revaudra !

Une heure s'écoula et une visite guidée de ce jardin d'Eden, à mes yeux, nous montra la beauté de l'univers Ghibli. Mon voisin Totoro, Ponyo sur la falaise, Le voyage de Chihiro, Le royaume des chats et tous les autres sont représentés de part et d'autre de ces bâtiments allant des vitraux jusqu'au plafond en passant par l'extérieur du bâtiment. Aucun détail n'a été laissé au hasard. Il y a même un grand jardin avec des statuts du château dans le ciel.

Excité, je m'imaginais gambader en ce lieu à courir partout comme un enfant. L'idée d'aller le visiter avec elle m'effleurait l'esprit et je me rendis compte que je ne savais strictement rien d'elle finalement. Son prénom, son visage, sa voix ou ne serait-ce que son âge. Tout m'était inconnu. Deux ans que je parle avec une personne de nos journées, nos états d'âmes sans même connaître ne serait-ce que son prénom. Je lui poserai la question lorsqu'elle sera connectée, après lui avoir passé un savon pour son retard.

Quand on parle de la louve, on en voit le pseudo. L'interview est terminée, tout le monde fait son debrief sur la chatbox.

- Te voilà enfin belle au bois dormant, tu as loupé la visite guidée du musée de Ghibli à Tokyo ! Quelle est tout excuse pour cette bavure ?

Les cours étaient peut-être terminés, mais pour mes parents cela signifiait que j'avais énormément de temps à tuer. Aussi, ils ne tardèrent pas à me mettre à contribution afin de les aider au restaurant. Cette veille de weekend avait conduit de nombreux travailleurs éreintés et autres fêtards dans notre établissement. Je ne comptais plus le nombre de verres servis… Et encore moins le nombre de taxis appelés pour raccompagner tout ce petit monde à leur domicile, sains et saufs… Je dus ensuite m'occuper de la vaisselle à la place de ma mère. La pauvre était éreintée à force de travail acharné. Il était près de trois heures lorsque je pus, enfin, me laisser tomber sur mon lit…

Le soleil était déjà bien haut lorsque j'ouvris enfin les yeux. Les oiseaux chantaient en chœur avec les cigales et il faisait atrocement chaud. Je me saisis de mon téléphone pour regarder l'heure … Et…

– Merde !

Je me relevais d'un bond, oubliant totalement la mansarde au-dessus de mon lit. Je me cognais la tête sur la petit poutre en pestant… Je venais de rater l'événement que j'attendais depuis des mois. Précipitamment, je me relevais, mon téléphone toujours en main pour me connecter sur le forum et sur la chatbox. Je vis passer les différents messages et plus particulièrement le sien.

MiyaKisa Je suis tellement déçue ! écrivis-je en ajoutant une dizaine de smileys larmoyants. J'ai dû travailler tard, je ne me suis pas réveillée. Qu'est-ce que j'ai manqué ????

L'effervescence s'était emparé du forum entier. Tout le monde y allait de son petit commentaire sur son ressenti. Le moindre détail était passé au peigne fin. Certains tentaient même leur chance pour dégoter une place tant convoitée. Mais comme on s'y attendait, le site a crash quelques minutes après le lancement de l'interview. Tout est complet. Des mois d'attentes seront nécessaire si on veut fouler le sol de ce paradis terrestre. Et allonge un bon billet aussi.

Elle donna enfin signe de vie. Quand l'évènement est terminé bien entendu, sinon ça ne serait pas drôle. Malgré mes notes, comment je pourrai lui décrire la beauté de ce lieu ? Les détails même les plus minimes ?

Il est vrai que ses parents tiennent un petit restaurant. Elle m'en avait parlé au détour d'une discussion anodine sur la gastronomie. Elle ne doit pas avoir une vie facile avec ce genre de petit boulot même pour rendre service à ses parents.

Haru Pas grand chose, juste la visite guidée du musée et de ses jardins. tentais-je pour limiter les pots cassés. Même si tu n'as pas les images, je t'ai pris des notes sur ce qui a été raconté et montré. Avec quelques photos aussi, faut que j'essaie de te les envoyer en mp.

Gardant un oeil sur la chatbox qui défilait à une vitesse incroyable, je fouillais le système de messagerie du site. Comme je pouvais m'y attendre, aucun moyen n'est possible pour envoyer une photo. Sans doute pour éviter les piratages et les dark Sasuke qui se croient intéressant à envoyer une photo de leur attribut.
Ce n'est pas plus mal, la gente féminine est protégé et nos yeux aussi. Bon, il va falloir que je trouve un moyen de lui envoyer ces photos sinon elle va me mener la vie dure jusqu'à ce qu'elle puisse les voir. Pas le choix. Je vais donc devoir la contacter sur un réseau social.

Haru Je ne peux pas t'envoyer de photo en mp, du coup, tu peux m'envoyer ton Instagram ou ce que tu veux ?

MiyaKisa: Comment ça "pas grand-chose"? Tu viens précisément de dire que j'ai loupé ce qui m'intéressait le plus… tapais-je précipitamment… J'étais tellement déçue, mais, heureusement, il était là et je me sentais si heureuse de lire qu'il avait pensé à moi. Finalement, j'étais surtout triste de ne pas avoir pu découvrir tout cela avec lui…Merci beaucoup en tout cas. Je ne sais pas ce que je deviendrai sans toi.

Oh si, je le savais très bien. Je m'ennuierai ferme. Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis. Je me sentais constamment en décalage parmi mes semblables comme si… Comme si nous n'appartenions pas au même monde. J'avais pu trouver un grand soutien sur ce forum… Surtout auprès de Haru.

Finalement, il m'apprit qu'il ne pouvait pas m'envoyer les photos via le forum et me demandait mon instatruc ou autre chose.

MiyaKisa : C'est que, je n'ai rien de tout ça. Je ne suis inscrite sur aucun réseau social… Ah si, j'ai un compte Line, il me semble.

Encore fallait-il vérifier… Je cherchais la fameuse appli dans mon téléphone… Je finis par la trouver, mais j'avais totalement oublié mes identifiants. Je dû donc accomplir les manipulations d'usage sur fond de "mot de passe oublié." Et lorsque je pus enfin me connecter, je m'empressais de lui donner les ID qui lui permettrait de me contacter…

J'étais un peu nerveuse… Après tout, cette application de messagerie le menait un peu plus vers ma véritable identité. Alors, certes, ma photo de profil représentait le masque de Monoké. Mon nom n'apparaissait nulle part, pas plus que mon numéro de téléphone… Mais quand même…

Sa réponse laissait entrevoir son impatience et une pointe d'agacement. Cela me fit inconsciemment sourire. La taquiner était devenu mon passe-temps favoris sur ce site. Imaginer la moindre de ses mimiques, ses réactions ou même la tête qu'elle fait à chaque fois que j'essayais de la titiller un peu, m'amuser au plus haut point.

Haru : Ahah Rien bien évidemment. Tu me devras un milkshake si un jour on se voit pour me remercier !!

Ce n'était pas cher payé en échange des précieuses informations et photos que je lui ai pris. Si elle savait que c'était moi qui serait perdu à l'instant même où elle disparaitrait. Sa présence m'est importante non pas que sur le forum. Dans ma vie de tous les jours aussi. Beaucoup de filles s'intéressaient à moi. Pour mon physique. Mais aucune ne cherchait à savoir qui j'étais réellement. Mes hobbies. Mes envies. Mes états d'âmes. Tous ces petits détails, elle, elle le savait. Elle remarquait le moindre changement. J'étais comme devenu un livre ouvert qu'elle lisait sans peine. Ce n'était peut-être pas grand chose mais juste la voir se connecter suffisait à me faire sourire. C'était le signe que j'allais passer un bon moment à rire. À être avec elle.

Un compte Line ? Cela fait un bail que je n'ai pas mis les pieds dessus. Je ne sais même plus qu'elle est ma photo de profil. Heureusement, mes identifiants sont les mêmes à peu près partout donc je n'eus aucune peine pour me reconnecter et... MON DIEU !!! Il faut vite que je change cette photo de profil avant qu'elle ne la voit. C'est le genre de photo où nous pensons être à notre avantage, totalement "cool" à faire une pose ridicule et malaisante. Oui, ce genre de photo ! Une violent vague de honte indescriptible me submergeait. Comment ai-je pu la poster ? Où avais-je la tête à ce moment-là ? Comme on dit, "jeune et con" cela défini parfaitement ce cliché. Bon... sans aucune hésitation, j'arborais un magnifique portrait du Baron des chats. Mon pseudo venait de la petite fille qu'il protégeait dans l'oeuvre Le Royaume des Chats. Un film d'animation tout en légèreté qui m'avait énormément plu étant plus jeune.

Cette messagerie va nous apprendre tellement de détails l'un sur l'autre. Et si ça brisait quelque chose entre nous ? Non. Impossible. Elle est si spéciale à mes yeux que ça ne changerait rien pour moi. Du moins... j'essayais de m'en convaincre au plus profond de mon être. Et si.. ce n'était pas la douce Miya mais plutôt Robert, 40 ans qui s'ennuyait chez lui ? Non. Je refuse de croire que notre relation soit basée sur un vulgaire mensonge.

La voilà. Un masque de Princesse Mononoké. Sans l'ombre d'un doute, j'ai su que c'était bien son profil. Aimant l'embêter, je prenais tout mon temps à scruter le moindre détail. Tiens... un détail m'intriguait. Kyoto City University Of Arts... c'est le nom de la Fac où j'étudiais le piano. Nous serions donc étudiants au même endroit ? Quelle coïncidence ! Même si nous parlons tous les jours ensemble, il ne nous était jamais venu à l'esprit de présenter nos vies. Hormis nos âge, nos humeurs et nos hobbies, on ne parlait jamais du "à côté" pour nous offrir ce petit moment d'évasion loin de tout. Je repassais en revu tous les visages que j'ai pu croiser dans les couloirs ou sur le campus. Et si c'était l'un d'entre eux ? Et si nous nous connaissions finalement plus qu'on ne le pensait ? Le doute s'installe peu à peu. L'envie de découvrir qui se cachait sous MiyaKisa m'obnubilait. Mais avant tout, il faut que je lui envoie les photos sinon elle risque de me passer un sacré savon si je tarde trop.

Haru : La princesse est servie, tu as du les recevoir normalement. La dernière photo termina de se télécharger. La dernière est ma préférée de tout le reportage, j'espère qu'on ira un jour ensemble admirer ce musée !

Les yeux brillants, j'observais les photos, une à une, au fil de leur téléchargement. J'avais tant attendu ce moment, dès lors que la construction de ce parc avait été annoncée. Dans mon esprit, j'avais imaginé un parc à la Disneyland où l'on pourrait flâner le long des différentes allées dans différents mondes tous droit sortis de l'imagination de Miyazaki et de ses collègues… À l'évidence, il ne s'agirait pas de ce genre d'univers, même si je ne pouvais m'empêcher de me réjouir à l'idée de le découvrir un jour. L'immense statue du géant me ramenait à l'une des scènes chargée de nostalgie du tout premier film du maître que j'avais découvert. Durant des années, Le château dans le ciel, avait été mon œuvre préférée . J'étais émue, bien qu'un peu déçue. D'une part, le musée se trouvait à Tokyo, enfin, dans sa banlieue. Jamais je ne pourrais trouver le temps et l'argent de m'y rendre… Enfin, pas tant que je serai étudiante. D'autre part… Mon imagination était si riche que je savais que ce qui se trouvait dans ma tête était bien plus grandiose que tout ce qui pouvait réellement être construit… Alors comment ne pas être déçue lorsque votre tête vous montre un Ghibliland plein de mascottes et d'attractions merveilleuses et que vos yeux ne voient "que" de jolies statues totalement dépourvues de la moindre petite "âme"?

Fichue cervelle ! Tu gâches toujours tout.

Haru : La dernière est ma préférée de tout le reportage, j'espère qu'on ira un jour ensemble admirer ce musée !

MiyaKisa: Merci beaucoup :) Ce serait vraiment génial de pouvoir le découvrir ensemble… Puis ce serait l'occasion de t'offrir ce Milkshake !

Affirmer ceci n'avait rien de bien difficile. Des fois, je me disais que je l'avais imaginé lui aussi. Il était presque trop parfait pour exister réellement. Les gens de mon entourage me paraissaient si fades… Ceux de mon école l'étaient plus encore. Je les observais, de loin sans vraiment trouver une bonne raison pour leur parler. Les filles semblaient tellement plus intéressées par la mode et les garçons que par la musique… Quant aux mâles, je préférais les ignorer purement et simplement.

Je n'ai jamais été particulièrement appréciée dans cette école, mais honnêtement, je n'en avais rien à faire. Lorsque je n'étais pas en train de m'exercer, je m'isolais dans mon coin avec mes écouteurs. Je ne faisais strictement rien de mal, mais nous étions au Japon. Ici, l'on ne tolère pas tout ce qui peut paraître différent. C'est sans doute pour cela que j'ai souffert de harcèlement scolaire toute ma vie… Jusqu'à la fac du moins. Et je dois bien avouer que je préfère – et de loin - être seulement ignorée.

MiyaKisa: J'ai tellement envie de voir ce géant de plus prêt !

Pendant des heures, nous échangeâmes nos impressions avec une passion mitigée. Finalement, cette application permettait des conversations plus fluides et animées. C'était vraiment très plaisant.

MiyaKisa: Que comptes-tu faire de tes vacances ?

Plusieurs heures passèrent sur cette plateforme et le temps me semblait différent. Personne n'était autour à intervenir dans nos échanges ou à nous épier. C'était juste elle et moi. Comme si le temps s'était arrêté. Qu'est-ce que c'était niais de penser ça. J'écarquillais les yeux à m'imaginer avoir pu penser ça une seule seconde et pouffa de rire. Si elle m'avait entendu, elle se serait fichu de moi.

Haru : J'aimerai tellement voir ce Totoro et rejouer cette scène à l'abri bus pour prendre une photo.

Je ne peux pas lui avouer que c'est elle que j'aimerai voir le plus. J'essaie si souvent de l'imaginer. Sa taille, ses yeux, ses cheveux, son sourire... notre lien me semble si irréel que la découvrir me hante. Mais ce n'est pas le sujet.

Haru : Pas grand chose, je vais trainer avec des amis sûrement aux bornes d'arcades. Ils voudront sûrement se trouver une copine avec qui allait aux festivals d'été et voir les feux d'artifices... tu vois le genre de scène. Et toi, tu vas bosser avec tes parents je suppose ?

Cela doit être dur pour elle de devoir travailler pendant ses vacances alors que ses amis profitent. Je vais essayer de négocier avec mes parents pour que je puisse prendre le train jusqu'à chez elle et lui rendre une visite surprise. Cela pourrait être pas mal de la rencontrer ailleurs que derrière un écran et discuter réellement. D'ailleurs, il me semble qu'une audition a lieu prochainement, peut-être qu'elle y participera aussi.

Haru : Ah j'oubliais, dans une semaine, il y a une audition dans la salle Hachi où tous les instruments s'affrontent. Ça te dit de venir me voir jouer ?

Je lançais une bouteille à la mer mais ce n'est pas comme si je m'attendais à ce qu'elle accepte de me voir. Si ça se trouve, elle viendra dans les gradins me regarder jouer sans me saluer. Elle aurait un avantage sur moi. Mince, je lui ai donné les clefs pour qu'elle puisse me voir et moi non. Mais je ne me faisais pas de soucis là dessus, je sais qu'elle n'était pas comme ça.

La période d'examens va bientôt commencer aussi après les vacances, je devrai songer à réviser un peu si je ne veux pas me retrouver aux rattrapages et passer mon été dans les bouqins.

Haru : La période d'examens va bientôt commencer. Tu es prête à carburer à la caféine tous les jours après avoir passer tout ton temps à réviser ?

Haru : Pas grand chose, je vais trainer avec des amis sûrement aux bornes d'arcades. Ils voudront sûrement se trouver une copine avec qui allait aux festivals d'été et voir les feux d'artifices... tu vois le genre de scène. Et toi, tu vas bosser avec tes parents je suppose ?


MiyaKisa: Pas "grand-chose ", c'est déjà un programme je trouve. Pour ma part, je vais effectivement travailler. En cette période, le restaurant ne désemplit pas alors j'ai assez peu de temps pour faire autre chose.

Je n'ai jamais réellement pu profiter de mes étés, même enfant. Mes parents étaient beaucoup trop occupés pour nous en offrir la possibilité. Je n'ai même jamais participé à l'un de ces festivals. Généralement, je me contente d'observer les passants portant leur joli yukata et dévorant leurs dangos. Les feux d'artifice, je les regarde depuis la fenêtre de ma chambre. Je me suis toujours demandé s'ils étaient plus beaux à leurs pieds… Sans doute…

Haru : Ah j'oubliais, dans une semaine, il y a une audition dans la salle Hachi où tous les instruments s'affrontent. Ça te dit de venir me voir jouer ?

J'observe mon téléphone pendant un long moment de silence… Je suis moi-même inscrite à cette audition, c'est… Pour ainsi dire, ma seule activité de l'été… J'ai évidemment envie de le voir mais… L'idée même de le rencontrer en vrai m'effraie atrocement. Il serait forcément déçu de voir à quel point je suis… moi. Après tout, si les gens ne m'aiment pas, ce n'est certainement pas sans raison.

Et puis, j'ai largement eu le temps d'imaginer son visage, le son de sa voix. Et comme pour tout le reste, je sais que mon imagination surpasse grandement la réalité… Alors, tant pis… Je suppose que je n'irai pas à cette fameuse audition.

MiyaKisa: Je ne pense pas avoir le temps, malheureusement :(

Je n'aime pas lui mentir, mais je pense que c'est préférable. Ce que nous avons à présent est tellement précieux que je ne tiens pas à courir le risque de tout perdre. La réalité est si cruelle après tout. Cette vie réelle ne m'a jamais rien apporté de bon alors… Oui, je préfère mentir pour protéger tout ça.

MiyaKisa: Qui sait, tu te trouveras peut-être une copine toi aussi !

Pourquoi est-ce que je dis ça moi ? Mince, j'efface aussitôt ce dernier message en priant pour qu'il ne l'ait pas vu.

Haru : La période d'examens va bientôt commencer. Tu es prête à carburer à la caféine tous les jours après avoir passé tout ton temps à réviser ?

Ah ! Un sujet neutre, parfait.

MiyaKisa: Oh, tu sais, je carbure déjà à la caféine, lol. Je révise toute l'année alors je n'ai pas vraiment besoin d'augmenter le rythme.

Je n'ai rien de mieux à faire pour m'occuper de toute manière. Mes livres et mes partitions sont mes seuls amis tangibles après tout.

MiyaKisa: Tu es inquiet ?