Univers fétiche : Pas de préférence, avatars réels par contre
Préférence de jeu : Homme
Oskar
Jeu 8 Juin - 10:56
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit ! @Dreamcatcher
A défaut de la lune je te donnerai mes ailes ! «L'exception confirme l'aigle, alors j'ai pris mon envol » (Oxmo Puccino - Artiste, Chanteur, Musicien, Rappeur)
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
Dans un ciel aux couleurs fantastiques allant du vert vif à l'orange en passant par le jaune et le bleu, l'aurore boréale l'emplissait et l'entraînait... Loin, loin des réalités de l'humain. D'humains d'ailleurs il n'y avait pas, plus, dans les airs volaient deux aigles...
Pour l'éternité avait-il promis ?
Le couple d'oiseaux de proie tournoie, pique, reprend de l'altitude, plane... Dans l'immensité du ciel vide d'autre vie, le cri si caractéristique retentit, annonçant la suprématie des maîtres des lieux !
Pour l'éternité !
Combien de temps se passe-t-il avant que soudainement, allongé sur le lit du mobil-home, Oskar se réveille en sursaut !
Elizabeth !
Mu par la panique, il cherche, regarde, se lève, explore ! Son chez lui n'est pas assez grand pour qu'elle soit hors de sa vue ? Il ouvre la porte et sort, à demi nu, qu'importe ! Ils étaient deux et il est seul ! Où est passée sa moitié !
Dans le terrain escarpé qui a vue sur le fjord, il tend l'oreille, cherche de son regard perçant, l'oiseau qu'il est voit presque derrière sa tête, pourtant la campagne est vide, l'automne s'installe activement, les quelques arbres roussissent et adoptent sa couleur de cheveu, à elle, comme si toute la nature lui rendait hommage !
où ? Que s'est-il passé ?
Elizabeth !
Sa voix hurle, l’écho renvoie : Elizabeth ! Elizabeth ! Zabeth ! Beth !
Les montagnes se jouent de lui, promènent sa peur de pic en pic, il se rue vers la maison ! Est-il bête, elle en a eu assez de l'espace réduit, elle est retournée dans la maison plus bas au bord de la route.
Ouvrant la porte avec fracas il fait bondir Bjorn qui consultait sa tablette à l'aise dans un fauteuil devant la cheminée...
Elizabeth !
A nouveau il se réveille ! Comment peut-on se réveiller deux fois ?
Juin 2023
Dans le couloir, le bruit des chariots lourdement chargés est lancinant comme une litanie sans cesse fredonnée... Allongé sur le sol, je tente de revenir ! Je suis parti si loin dans le rêve, je ne sais plus où j'en suis ni dans le temps ni dans l'espace ?
Les voix résonnent au-dessus de moi « Il ne va pas s'en sortir, laissez tomber ! »
Tout à coup, l'aigle surgit, étendant ses ailes dans un cri d'effroi !
« Quel dommage ! Un si bel animal... Finalement ça avait porté ses fruits ? Nous étions si près, il n'a pas tenu le coup »
Je crie « Je suis vivant ! Voyons ! Vous ne le voyez pas ? Je suis vivant ! »
Peine perdue, en vue de dessus je vois les blouses blanches me ramasser sans ménagement, un encore adolescent aux cheveux blonds et aux rêves immenses... venu volontairement subir la torture et l'enfermement pour parvenir à acheter de quoi exceller dans son sport et représenter son pays aux jeux olympiques...
Le cauchemar m'emporte, encore et encore ! Je suis vivant ! Je vais sortir ! Vous avez ce que vous vouliez : fabriquer un monstre !
Je sens le chariot rouler, j'ai des visions de films historiques se passant pendant la grande peste, des chariots en bois aux roues grossières chargés de cadavres ! Combien en ont-ils tués de ces « volontaires » pour parvenir à leur but ? Et en quoi l'humanité profitera-t-elle de l'existence d'hommes hybrides ? Mi-humain mi-animal ? C'est bien loin de mes soucis, depuis j'y ai réfléchi... Et n'ai pas la réponse...
D'autres bribes de rêve s'emmêlent, une aurore boréale, je vole avec mon aimée ? Où ai-je rencontré une aimée ?
Une voiture, un chauffeur de maître ? Une femme rousse à la beauté déroutante, sa voix, son sourire, une course à cheval dans la neige ! Les fées !
Elizabeth !
Mon sommeil enfiévré me ramène, je suis chez moi, j'ai rêvé, un mauvais rêve qui filait le temps comme sur la quenouille d'une filandière...
J'essaie de me souvenir de tout de toute la teneur du rêve, de ce bad trip ? Par la fenêtre du mobil-home le soleil se couche, mais point d'aurore boréale ce n'est pas la saison. J'étends la main pour la toucher, elle n'est pas là ! Je me redresse, épouvanté, ce maudit rêve va-t-il finir !
À travers le portail, j'ai le temps de voir disparaître une longue chevelure rousse...
Mon Dieu ! Elle est partie... de l'autre côté.
J'attrape un pantalon et un haut, m'empresse de la suivre pieds nus ! Si je tarde trop je vais la perdre ! Et sans elle...
Je n'existe pas.
La musique...:
«Sweet Dreams / Hell Outro» par Marilyn Manson - Le son
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
Le froid s'invitait dans la grande pièce par la fenêtre ouverte. Un courant d'air cognait un des battant parfois contre le mur. Le vent semblait se jouer des humains qui n'en étaient plus, riant à souffle déployé autour des montagnes.
Le corps d'Elizabeth gisait sans vie apparente. Les battements du cœur s'étaient tus, les poumons se reposaient, le sang stagnait dans les veines. Allongés sur un côté, ses membres repliés offraient l'illusion d'une bonne sieste. Pourtant il n'y avait plus de pouls, aucune respiration. Les symptômes de la mort criaient dans un silence parfait. L'unique anomalie résidait dans la température corporelle qui ne chutait pas, se maintenant dans une constante incompréhensible des heures et des heures durant...
Où es tu Elizabeth ? Où es tu ?!
***
The Fight Will Be Your Own
L'extase de l'envol couplé à l'arrachement de l'attraction humaine lui fit pousser un cri. Voler ! Elle volait ! Des ailes ! Des plumes ! Planer ! Piquer ! Danser dans les bras des flux invisibles ! Voir si loin ! Sentir ses pattes en équilibre ! L'exaltation de tout ce qu'elle ressentait l'enivra à l'extrême. Une poignée de « secondes » elle devint follement euphorique, sublimée, transcendée ! Aucun langage ne pouvait décrire ce qu'elle vivait. L'aigle Ob la rejoignit et d'instinct elle se positionna contre son flan. Le bec rieur, Eli-Oiseau flottait dans un macrocosme irréel. Le portail franchi, subjuguée, fascinée par le monde qui s'offrait, l'animal se laissa envahir par la magnificence vertigineuse. Combien de TEMPS dura sa contemplation : une minute ? Une heure ? Une année ? Un siècle ? La pensée divagante, elle s'était détournée de son aimé. Enfin, repue de splendeurs, de sensations nouvelles, démesurées, innommables, elle finit par tourner la tête brusquement d'un mouvement bref : « son » Autre n'était plus à ses côtés! L'envergure étendue, elle se laissa porter par l'atmosphère. L'Inépuisable au bout des ailes...Se laisser glisser... Il ne devait pas être loin...
Her & the Sea
Deux ailes pour une seule plume
Nés mêlés comme à l'aRchaïque lumière, deux bouts de soleil, les terres noyautées de feu, les mille vagues courant sur les océans fuyants C'est lui ce charroi d'ondes qui mûrit ton destin comme l'étoile caressant la voie lactée Il t'abreuve à la cime du silence et son odeur s'élance à t'aimer. Il est ce plein d'écumes qui se lève pour te lover dans l'éternité Du bleu de ses yeux est la profondeur, du bleu de ses yeux est son âme sans souillure L'embrasement amoureux de vos présences liées *.
La femme-oiseau s'oublie, se déplie, se lie aux cieux et aux dieux. L'espace distendu l'accueille, l'effeuille, tourne et détourne les horizons. Mon Aigle ! Tu te joues de mon inexpérience ? Où te caches-tu ? Les vapeurs rosées des nuages s'alanguissent à son passage, elle surnage sur les soupirs parfumés...Les effluves inconnues jusqu'alors emplissent sa respiration de rapace, des lunes multicolores aux étoiles argentées se meuvent lentement. Le cosmos s'épanche...Soudain, une résonnance :
Elizabeth ! Elizabeth ! Zabeth ! Beth !
Refermant brusquement ses ailes vers l'avant, elle freina son vol, se mit à voleter sur place. De sa vision circulaire, elle scruta à gauche, à droite, loin, si loin... Ob ! La morsure du manque de Lui la griffa à nouveau mais l'Absolu de l'Immensité chamarrée l'appelait, l'aspirait ! Tout d'elle jouissait de sa métamorphose mais il y avait ce déchirement de...sa disparition ? Encore une fois ?! NON ! NON !NON !
" Je mourrai pour toi ! Je me sacrifierai pour toi ! Je volerai pour toi ! S'il le faut, j'abandonnerai mon humanité pour toi ! Ob ! Ne me laisse pas seule ! Je sens que tu es tout près ! Je le sens ! Je te respire de toutes parts ! REVIENS ! REVIENS !"
Là-bas, les azurs se mirent à s'assombrir, se rétracter. De pastels, les nébulosités devinrent troubles, orageuses, s'enténébrant petit à petit jusqu'à atteindre une teinte d'un bleu marine abyssal. Par contraste, les nuées colorées devinrent fluorescentes.
Mais l'aigle femelle n'en avait cure. Elle volait désormais à tire d'ailes partout et nulle part de toute la puissance et la vitesse dont elle était capable. Dut-elle y passer son éternité, elle n'aura de cesse de le retrouver !
Ob ! Je viens à toi ! À perpétuité !
Time
*D'après R. Lasnier
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Univers fétiche : Pas de préférence, avatars réels par contre
Préférence de jeu : Homme
Oskar
Sam 5 Aoû - 11:20
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit ! @Dreamcatcher
A défaut de la lune je te donnerai mes ailes ! «L'exception confirme l'aigle, alors j'ai pris mon envol » (Oxmo Puccino - Artiste, Chanteur, Musicien, Rappeur)
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
- Je mourrai pour toi ! Je me sacrifierai pour toi ! Je volerai pour toi ! S'il le faut, j'abandonnerai mon humanité pour toi ! Ob ! Ne me laisse pas seule ! Je sens que tu es tout près ! Je le sens ! Je te respire de toutes parts ! REVIENS ! REVIENS !
Je ne suis pas parti ! Ne me vois-tu pas ? Puis, mon regard s'arrête sur une forme au sol ? Je descends en piqué pour m'arrêter, humain, éperdu, horrifié ! Elle gît, immobile, gisant d'albâtre sur le sol rocheux, la pluie salée chargée de mer mange son corps comme... Oh ! Seigneur des hommes et des aigles ! Pas ça ! Je tombe à genoux, insensible au fait de n'avoir pas de mains mais des ailes ? Je me penche, me colle la bouche contre son corps, hurle sans pouvoir parler mon désespoir ! Inerte, absente, le corps abandonné de vie ? C'est un cauchemar ! Un cauchemar comme jamais je n'en ai fait même prisonnier d'une cage de verre entre deux injections !
- Elizabeth ! Je refuse ! Je refuse ! Je donnerai ma vie pour elle ! Ramenez-là ! C'est un ordre ! Je la veux à mes côtés ! Pour … l'éternité ! J'ai promis ! L'éternité !
Autour de nous, le monde se peuple de nuées d'oiseaux, de grouillements d'animaux, c'est pire qu'une arche de Noé, toutes les espèces y sont... sauf l'homme ! Tous me mettent en garde contre quelque chose que je ne saisis pas !? Je la veux ELLE, elle est ma vie ! Pour elle...
Je suis là, semi-humain, demi-aigle, à regarder un corps tandis que des cieux un cri me fait lever la tête ! Elle est là ! Elle est deux ? Morte au sol et vivante dans le ciel ? Quelle métaphore se cache derrière cette vision ?
En moi, le soulagement devrait provoquer une accélération du rythme cardiaque ? Une pointe fulgurante de bonheur ? Pourquoi suis-je soudainement si triste ? Je prends mon envol d'un mouvement d'ailes puissant, poussant de toutes mes pattes pour m'extraire au sol, elle vole, vole, cherchant du regard, ses yeux d'aigles sont posés sur...
Un monticule rectangulaire surmonté d'un gazon dru mêlé de bruyère arbustive dans les tons de rose violacé ? L'endroit est magnifique perdu dans la campagne finlandaise ? Finlandaise ? Comment sommes-nous revenus là ? Je ne me pose pas la question, autre chose m'interpelle, là, cet étrange tumulus provoque en moi un émoi... anormal ? Ma mère adore la bruyère et pourtant j'ai toujours obtenu que cette plante soit bannie de leur jardin ? Au sol, outre ce rectangle fleuri, il y a un chemin qui mène à un lac, entouré de bouleaux et de conifères. Puis, une minuscule maison en bois, presque abandonnée ?
Elizabeth le survole, descend en altitude, semble le scruter ? Je lance dans l'air un cri, strident et fugace, elle disparaît, sous mes yeux d'aigles il n'y a plus de fleurs, juste un trou béant, comme... une fosse commune immense ?
Mon hurlement est humain !
« Je suis vivant ! Voyons ! Vous ne le voyez pas ? Je suis vivant ! »
Je me sens secoué avec rudesse, la voix de mon père résonne dans le salon de ce que j'appelle « la grande maison » par opposition avec mon home à roue.
- Oskar ? Ob ? Tu es sûr que ça va ? Tu t'es évanoui ?
Bjorn est inquiet, ses traits le trahissent. Evanoui ? Mais ? Je volais ! Elle était là ! À portée d'ailes ? Je dois balbutier - Elizabeth ! Elizabeth ?
- Ob, elle est là ? Regarde, elle est là ?
Où ça !
Le cœur battant la chamade je cherche ? C'est mon tour de scruter, observer, tracer ! Comme je le lui ai vu faire tout à l'heure en vol ? Je souris en reconnaissant Helsinki ! Je ne sais pas ce que nous y faisons ? Elle est sur scène, elle déclame :
Longtemps, son bien-aimé gémit, comme un homme ivre. Aux terres des défunts, il descendit, sans peur, Guidé par son amour ; il entendait les pleurs De ceux qui ne sont plus, et qui veulent revivre ... La prenant par la main, avec lui l’emmena. Il voulut l’embrasser et il se retourna ; Mais elle disparut, doucement, comme une ombre, Repartant, sans un bruit, vers les royaumes sombres.(*)
Je prends alors conscience que je suis seul, assis dans un fauteuil du parterre ? Ce soir elle ne joue que pour moi ? Pas de partenaires, pas de troupe, pas de metteur en scène ou d'agent ? Pas de public dans la salle ? Seuls, elle... et moi... moi... sans elle ?
Je suis persuadé que le sort tente de me dire quelque chose, de crucial ! Mais quoi ?
Je me lève et regarde autour de moi ? Ai-je loupé sa sortie ? Pourquoi ? Comment ?
Il me semble dans le couloir qui mène aux coulisses apercevoir une longue chevelure rousse !
- Elizabeth ?!
Mais qu'est-ce que ce jeu de cache-cache ? J'ai juste promis une chose si simple : je volerai à tes côtés, pour l'éternité !
Dehors, le vent secoue le mobilhome, je suis revenu chez moi ? Nu j'attrape un peignoir suspendu à la porte, elle n'est pas là ! Mon Dieu ! Qu'ai-je fait pour que vous vous acharniez ? Pourquoi ?
Je traverse l'espace réduit jusqu'à la porte que j'ouvre.
Je ne suis plus ni en Norvège ni en Finlande ! Dehors un vent de sable déplace les dunes, à quelques centaines de mètres une mer bleue et agitée fait rugir les vagues sur une plage immaculée, dans le ciel, un aigle solitaire vole en cercles concentriques ? Là bas, sur un phare abandonné perdu en pleine mer, j'aperçois une aire, elle est seule ! Et moi ? Pourquoi ne suis-je pas à ses côtés ? J'ai dit : l'éternité !
Je laisse tomber le peignoir qui s'envole, moi non, mes ailes refusent de venir !
Dans le mugissement de la tempête, le hurlement de détresse de l'humain privé d'aigle déchire l'espace ! J'ai dit :
à défaut de la lune, je te donnerai mes ailes ?
Le sort cruel a-t-il compris que je les perdrais ? Et que pour qu'elle vole moi je ne pourrais plus ?
Si elle y trouve du bonheur, j'y suis résolu ! Je me condamne à la terre ferme, mais pourquoi ? Voler avec elle ? N'aimer qu'elle ? Renoncer au besoin à mon humanité ?
Le paysage change, dans un embrasement de nuages sombres et de rayons de feu, le soleil se couche sur la baie. En contrebas j'entends l'horloge « coucou » que ma mère a ramenée d'un voyage en Suisse...
Je ne comprends plus ! Je ne sais plus rien ! Je veux juste, être à ses côtés, vivre avec elle, l'aimer et être aimé en retour ? Est-ce tant demander ? Elle est moi comme je suis elle ?
J'ai ouvert le portail du rêve, pour elle, grâce à elle ?
Pourquoi se transforme-t-il en cauchemar où nous ne sommes que l'un loin de l'autre ? Il me faut comprendre.
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(*) juillet 9, 2020 -AuteurJean-Paul Labaisse -Catégories :Gluck, Monteverdi, Opéra et Musique
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
Elle s'était détournée de son aimé juste un peu, si peu et tant mêlés. Cela avait suffit pour qu'il disparaisse ! Mais comment résister ? Comment résister à cet univers différent qui l'acceptait ? « Envolée ! Je suis envolée ! » Conscientisée à cet espace inconnu, flottée sur le vertige de l'Ailleurs, elle planait sur le Souffle. « L'êtroiseau », inondée d'ondes enivrantes avait d'instinct répondu à l'Appel de la transcendance d'amour. Était-elle morte ? Non, car la conviction de revenir comme avant se nichait quelque part en elle. L'ultime dissolution viendrait en son temps ; Elizabeth n'avait pas encore vécu son plein de vivre.
L'esprit à trois cent soixante degrés, on lui offrit la Connaissance absolue, la compréhension de TOUT, des hommes, des astres et du reste. Peuplée de lumières, d'entités chatoyantes et de cette aura indescriptible qui suintait des étoiles, la Dimension l'accueillait telle qu'elle était : aigle et femme, rêveuse et réelle.
Symbiose
Breathe In
Folie d'amour. Amour de folie. Folie tout court ! Par amour pour Lui, Elizabeth s'était laissée emportée par la métamorphose brutale, soudaine, entière de son corps de chair en un corps de plumes. La transformation avait été à sa mesure : radicale, exclusive, sans filet. L'apothéose déclinait l'intensité des sentiments qui l'animait depuis toujours. Les flammes étranges couvaient en elle depuis tant d'années! Ce sentiment d'exil qui la hantait, ces étranges états intérieurs qui la rongeaient, ces rêves inassouvis qui la faisaient pleurer dans ses sommeils et hurler dans ses réveils.
Plus jamais.
Elle n'aurait pas du se détourner d'Ob. L'éternité en avait profité pour absorber son énergie en une poignée de secondes, par sa faute ! Son humanité débranchée mais prégnante se révolta à l'idée de le perdre à nouveau. Elle devait le retrouver. Il se trouvait là...là... Là ! Elle percevait sa présence dans chaque éclat, son énergie l'habitait, elle la sentait en particulier au creux de sa poitrine. Ob se nichait dans son cœur, l'imbibait tout autour, dedans. Le cœur... c'était la source, l'origine...
« Mon amour... » gémit l'aigle en son langage. Son cri résonna jusqu'en bas.
Elle devina tout à coup que cette réalité révélée dans laquelle elle évoluait désormais se jouait d'elle. On la mettait à l'épreuve. Soit. Elle relevait le défi.
Elle crut entendre un murmure : un « Chuuut » glissant sur les vaguelettes indicibles. Se taire ? Pour quelles raisons ? Les sombreurs bleutées qui s'installaient dans les cieux participèrent à étouffer les palpitations alentours. Une émotion indéfinissable la gagna alors. Ailes étendues, elle se laissa porter par l'invisible brise. Bien qu'animal, elle clôt ses paupières de rapace. "« Écoute, entend le chant de l'insondable...»
« C'est en moi. Il est en moi comme je suis en lui. » Sa respiration devint profonde. L'espace lui même ralentit.
Silence et consistance
Épurée de tous ses sens, une unique chose se mouvait sans discontinuer à l'unisson de la réalité qui l'entourait : son cœur qui battait. Boum-Boum... Boum-Boum répétait...un écho ? Non, elle ne rêvait pas, l'avait bien entendu ! Ce n'était pas l'écho ! C'était le sien qui clamait son existence ! Sublime évidence : il lui fallait...les réunir ! Ob... ! ObEli ! Deux cœurs, un seul battement...Un seul battement...
L'aigle femme concentra alors sa volonté à unifier en un rythme unique les contractions organiques. Un temps passa et puis...ensemble, ne palpita plus qu'un seul cœur. À cet instant précis, elle fut projetée.
« Ob ? Je t'ai retrouvé ? »
-Suis le chemin de son cœur, susurra une voix dans son oreille.
Mais elle n'avait plus d'oreille ! Elle était aigle non ? Qu'est-ce que... ?!
- Elizabeth ! Je refuse ! Je refuse ! Je donnerai ma vie pour elle ! Ramenez-là ! C'est un ordre ! Je la veux à mes côtés ! Pour … l'éternité ! J'ai promis ! L'éternité !
Elle l'aperçut, étrangement inaccessible, tandis qu'une volée immense d'animaux commençait à l'entourer. « Pourquoi refuser ? Ne t'inquiète pas ! Viens ! L'éternité est de ce côté...Juste là...Suis moi... » Elle ne s'était pas vue humaine, inerte sur le sol froid.
Et d'un coup d'ailes, elle reprit son vol afin de rejoindre ce lieu de prédilection qui la fascinait et l'appelait depuis toujours.
L'éternité...
Washing Away
Aller à la rencontre de son rêve enfin devenu réalité ! Une cabane au fond des bois, une rivière, un lac ! « Ob mon aimé ! » Il devrait être là ! « Où te caches tu ? » L'oiseau voleta, la vision affûtée fouillant de toutes parts. En vain. Il ne l'avait pas suivie ? Elle avait trouvé leur éternité pourtant ! « Je t'attends ! »
Elle se posa sur le toit de bois. « Je suis chez nous...chez nous... »
In dreams
Dis lui, ô Amour, dis lui les jours qui s'étalent en pétales L'aurore qui s'épanche et se penche sur les champs de la Lumière Béatitude des crépuscules flamboyants Montre lui, ô Amour, montre lui la naissance des cieux immortels L'absolu inépuisable qui implore et s'agenouille sur la grâce du Pardon
Félicité
Délices
Ravissement
« Ob rejoins moi je t'en supplie !...Je t'en supplie... »
Une bise douce s'éleva, l'embrassant avec légèreté. « Il ne peut pas venir ». On l'informait sans explication. La voix avait disparu faisant place à un entendement qui lui permettait de comprendre les messages transmis sans son.
« Je suis seule ! Je ne veux pas vivre ici sans toi ! Je renonce à cette éternité ! Écoutez moi ! Je n'en veux pas ! Pas sans lui ! Pas sans lui ! »
Brutalement l'Obscurité lui imposa de se taire.
Paix et Brumaille
Elle est Hawwā, allongée quelque part. Comme une longue vague, le sol est en forme de cercle, parfait. Les cendres mêlées à la terre ondoient et son corps ne peut que suivre leur mouvement d'orbe. Eli ne pense pas, respire profondément, lentement. Elle ne sait pas où elle se trouve mais cela n'a aucune importance. Au loin, des syllabes qui déclament... « ...Aux terres des défunts, il descendit, sans peur, Guidé par son amour... » Elle s'entend à côté mais s'éloigne d'elle même pour se rapprocher de Lui.
Attirance
S'évaporer vers cet Amour ! Rien d'autre que Lui ne possède autant d'inestimable. Soudain...Son odeur s'impose et dispose... Il y a un long temps... « Te souviens tu ? Les coulisses...Le baiser sur tes lèvres...J'ai compris à cet instant, sans le réaliser, que je venais de goûter au nectar de ton immortalité. »
Hyménée et Destinée
Starry Night
L'effluve est telle qu'Eli en devient délicatement limpide, son corps se délite, se transforme en eau pure. Elle s'écoule sur la terre tiède, aucun obstacle ne peut l'arrêter.
« Je t'aime ! Je t'aime ! »s'égoutte t-elle jusqu'à lui. Liquéfiée d'émotion amoureuse, elle se déverse onctueusement vers l'effluve d'ambroisie. « Abreuve toi de moi ! Bois mon amour déversé en toi ! Que je t'inonde à t'aimer... »
Mais... cette...mélancolie ? Que fait-elle ici ?! « Ob ! Je te donne l'océan de ma tendresse, pourquoi te sens tu seul ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Dis moi...Dis moi ce que je peux faire, ce que je dois faire pour toi... »
-Dis moi, dis moi... répétait-on.
Et de tourner et de tourbillonner soudain à en avoir mal au cœur. NON ! Ne m'éloignez pas de lui ! Pourquoi ? Pourquoi ? Ob ! Ob ! Son corps vrilla, se recomposa en chair, en os et en plumes. Le vertige de son absence lui fit monter les larmes aux yeux. « ...Mon amour... » L'oiseau eut l'impression que ses pennes pesaient une brique. Elle s'appuyait fort sur l'air afin de voler mais le cœur n'y était pas. Il était resté tout contre le sien.
Deux cœurs...
L'aigle, noyé dans sa peine, pleure et ses larmes sont incommensurables. Du ciel empourpré, elles s'écrasent en contrebas, emplissant à outrance de leurs vagues salées une mer de solitude et de désespoir. Mystérieusement unis aux éléments, les sanglots imposaient leurs soubresauts aux flots qui se déchaînèrent.
...un seul battement
Elizabeth... N'aie crainte. Va et sème l'éternité.
Chevaliers de Sangreal
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Oskar
Sam 26 Aoû - 11:11
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit ! @Dreamcatcher
A défaut de la lune je te donnerai mes ailes ! «L'exception confirme l'aigle, alors j'ai pris mon envol » (Oxmo Puccino - Artiste, Chanteur, Musicien, Rappeur)
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
« Quel dommage ! Un si bel animal !Quel dommage, un si bel animal !Quel dommage un si bel animal ! Quel dommage un si bel animal... »
Les mots tapent sur les parois de mon crâne comme les baguettes lourdes d'un tambour énorme, ils martèlent, impérieux, insidieux... Je revois la mini-pelleteuse arracher des bruyères magnifiques, creuser dans la terre noire un trou profond mais relativement étroit... je revois... des chevaux ? atelés à une sorte de carriole bâchée ? Des hommes qui charrient sans discernement bêtes et humains pour les jeter dans le trou...
Cette nuit va-t-elle finir avec ses cauchemars à répétition ! Elizabeth perdue, morte, puis moi qui ne peux plus voler pour la rejoindre dans les cieux et maintenant … ça !
Un cri de surprise suit les mots qui m'ont torturé, le « si bel animal » un aigle royal de belle taille bien que mâle, s'envole maladroitement mais avec une volonté de fer ! Il ne sera pas enseveli dans cette tombe ! Jamais ! Il volera dans le ciel, pour l'éternité ! Le strident appel du rapace fait écho aux glapissements des humains outrés d'avoir sorti du labo un aigle en vie, un métamorphe survivant cru mort ! Un sujet d'expérience envolé !
Dans mon sommeil agité je me fais la réflexion que je n'ai aucun souvenir de ma sortie du labo ? Je revois Sven, « mon » ambassadeur, m'ouvrir les bras plein d'une compassion et d'une empathie d'autant plus forte qu'il était, lui, un superbe spécimen de bison européen. N'ai-je rien à faire d'autre que de me bousiller le repos à rêver de telles stupidités ?!
A demi-éveillé désormais, j'ai la vague pensée que je déteste la bruyère ? Pourquoi ? C'est une plante à la fois commune et fort jolie dans nos régions ? Je tends le bras droit, paniquant un moment à sentir le lit vide ! Elizabeth ! Mes pérégrinations nocturnes avaient elles donc un support véridique ?
- Ob ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Dis moi...Dis moi ce que je peux faire, ce que je dois faire pour toi...
Elle est là ! Déjà levée ? Humaine ? J'ai échoué ? Échoué à la faire voler ? J'ai rêvé ? Uniquement rêvé ? J'ai un sourire piteux, par les dieux de mes pères quelle nuit !
- Ce n'est rien, j'ai rêvé... mais pas comme nous rêvons, tu n'étais pas là, c'est pour ça ! Le rêve est devenu cauchemar, je te cherchais, criais, je te voyais pour soudain me rendre compte que j'étais seul...
Je me dresse dans le lit, m'assois, pour me convaincre qu'elle est bien là, que je suis enfin réveillé, je tends la main pour la toucher. Est-ce un souvenir ou ce maudit cauchemar qui me rappelle ? Entre elle et moi une scène, des mots, un visage... Il est là, amaigri, le regard épuisé, comme si réellement ses ressources étaient insuffisantes pour qu'il se maintienne avec nous...
- Jensen ? Ob s'il te plaît, écoute-moi ! Le temps est venu pour moi, mais toi... toi tu peux rester, encore, il te suffit de le vouloir ? Comprends-tu ? Pense à la vie Oskar, pense à tout ce qu'elle a de beau qui échappe à ceux qui franchissent la porte des glaces ? Et gare toi des corbeaux ! Les corbeaux ont leur utilité mais pas pour nous, nous... ils nous ramènent là où ne voulons pas retourner...
Il était retombé, épuisé, quelques jours plus tard, malgré le voyage qu'il m'avait fait faire un ou deux mois auparavant jusqu'à une contrée reculée du Pérou -il me semble ? J'ai peur de mieux connaître la géographie du rêve que celle du monde réel- pour y trouver « des herbes » sensées le faire prolonger son séjour, il quittait ce plan de l'existence... Sven Larsen était un homme pieux d'une étrange piété, qui de sa vie n'avait jamais mis les pieds à l'église sinon pour y représenter son pays mais qui honorait la vie, la nature, l'éternité dans d'étranges cérémonies oubliées de ses contemporains... « Change-peau » assumé, il avait été mon initiateur et mon guide, mon père de substitution puisque je me refusais à parler de mon expérience « scientifique » à Bjorn que je voulais préserver.
Pourquoi vient-il s'interposer entre Elizabeth et moi ? De quel droit pense-t-il pouvoir le faire ? Y être autorisé ! J'ai le droit à l'amour ? Non ? Après une enfance que je me dois d'admettre heureuse j'ai reçu tant de souffrance, de douleur, de crainte sans commune mesure avec les peurs qu'on pu avoir les autres ! Elle est … ma vie. Avec elle, je me sens capable d'aller au-delà du temps, au-delà des mystères insondés et non découverts encore !
Je le lui ai dit, nous traverserons l'éternité, que dis-je nous la symboliserons ! Quand un jeune couple cherchera un modèle, il aura Ob et Eli, amants sublimes, aigles fidèles à vie, si liés l'un à l'autre qu'ils ne formaient qu'un... Et en regardant dans le ciel, certains doués d'une meilleure vie que d'autres les verront voler, encore et encore, parce que rien ne pourra les atteindre et qu'ils resteront ce qu'ils sont aujourd'hui à tout jamais !
Ses long cheveux roux sont dénoués et j'y enfonce mon visage, las, mais heureux.
- Crois-tu ? J'ai imaginé t'avoir perdue ! Je passais portes et portails, courais là et ailleurs, parfois je voyais tes cheveux disparaître au loin, parfois j'entendais le cri de l'aigle mais ne pouvais plus voler ! Te perdre ! J'en mourrais ! Tu est mon tout, ma vie, mon unique et éternel amour...
Je suis grandiloquent ? Peut-être, mais qu'importe ! Je ne sais de la littérature que ce que ma douce petite sœur me donnait en tartine pour le goûter, des choses sublimes, Roméo et Juliette, Orphée aux enfers, l'Amant, même... la petite sirène ! De superbes histoires d'amour et de douleur, car dans toutes, l'amour est douleur ? C'est mensonge n'est-ce pas ? Je n'ai pas mal de l'aimer elle ! Au contraire, sa présence est pour moi d'une infinie douceur, un remède à toutes les maladies : la solitude, le doute, l'amertume... même... l'âge !
Mon sourire est immense, intense, il dépasse la largeur de mes lèvres et la profondeur de mes yeux ! Je murmure tout en la serrant tout contre moi, avec force et résolution : elle ne m'échappera plus !
- Je t'aime ! Je t'aime ! Abreuve toi de moi ! Bois mon amour déversé en toi ! Que je t'inonde à t'aimer...
En prononçant les mots, j'ai l'impression de les avoir déjà entendus ? Je quitte son giron pour porter mes lèvres jusqu'aux siennes, mon baiser est comme une ancre qui va m'empêcher d 'être emporté par le courant vers des profondeurs dangereuses...
- Je voulais te donner mes ailes ? Avec ce stupide cauchemar je ne sais plus ?
Je ne sais plus si j'ai su, si j'y suis réussi ? Je m'accroche à elle pour être certain qu'elle est bien là et va y rester !
La-haut, des oiseaux volent, ils forment des cercles concentriques... Des corbeaux ? Et en quoi les corbeaux seraient-ils maléfiques ? Comme chez les aigles les couples sont liés pour une vie ? Comme les aigles ils défendent leur territoire ? Pourquoi Sven parlait-il de « gens comme nous ? » et de les éviter ?
- Je t'aime, ne me quitte plus ?
Une fois encore je la touche, elle est là ! Elle vit, elle a la peau chaude et douce, ses cheveux brûlent l'espace intime de mon mobilhome... Plusieurs cauchemars comme celui-là et je n'oserai plus rêver ! Et que suis-je, que sommes-nous sans le rêve ?
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La musique...:
- Forest Swords - Crow - SNOW RAVEN (OLOX) feat. ANDREAS OM
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
La Terre s'ouvre et se dé-chaîne. En bas, les eaux tumultueuses de son chagrin grondent, bourdonnent l'amour fou qui la rend si...VIVANTE ET DÉLIRANTE.
-OOOB !
La hurlée s'étend, se répand sur les voutes célestes. Elle voit littéralement le son immense qui s'étale sur les étoiles. Gorge déployée, elle s'époumone encore et encore!
-OOOB !
Elle rugit son nom, son ombre, son absence ! L'univers résonne le cri inhumain et intemporel.
-Ren-dez-le moi ! Ren-dez-le moi !
Des bourrasques incommensurables se levèrent, majestueuses, tueuses. L'aigle tournoya sur lui-même, perdit son équilibre, prisonnier d'une fulgurance de lumière. Alors qu'il tombait, son corps devint peu à peu plus lourd, se transformant au fur et à mesure de la chute innombrable. Incapable de lutter, balloté comme un fétu de paille au cœur de la tornade, ne demeura plus qu'un ersatz de pensée, une miette d'espoir insensé : « prenez de moi ce que vous voulez, prenez...Libérez mon amour je vous en supplie... »
Et de tourbillonner dans la tornade sombre et froide. Et d'espérer dans le couloir de l'absolu.
Tumulte Rêve Réalité Son cœur brûle de lui Son âme luit de lui
Par la volonté des dieux du Songe, elle devient mi-oiseau mi-femme, ses membres de terrienne sont recouverts de plumes, une paire d'ailes grandioses se déploye entre ses omoplates, somptueusement colorées. Un souffle doux et puissant à la fois ralentit sa chute vertigineuse. « ...Prenez...Prenez... » répète-t-elle. Paupières closes, elle sourit, apaisée par l'omnipotence qui la gouverne: l'Amour... C'est lui le saint Graal suprême, la délivrance, l'éternité. C'est par Lui que tout est possible, par Lui qu'elle le retrouvera, par Lui, qu'elle est liée à tout jamais. « Ob, Ob... » L'air suave transporte sa prière inassouvie au-delà de l'insondable.
Elle étendit ses ailes, les battit au rythme de son cœur. Boum boum, frrr frrr... Et soudain, le miracle se produisit, elle le vit là-bas ! Tout d'elle palpita son nom. Ob ! L'espace s'était modifié. Face à elle, s'éparpillait des montagnes, des fjords, des forêts, des lacs...la Norvège...Elle se trouvait en Norvège...! Alors, elle s'élança dans le ciel pur. Voler... S'envoler et le retrouver enfin ! Un sentiment de bonheur innommable l'étreignait. Elle savait où il se trouvait ou plutôt, elle le sentait. Une évidence, comment n'y avait-elle pas pensé ?
La caravane se rapprochait lentement. La distance paraissait assez courte mais il y avait beaucoup à parcourir en vérité. La perspective lui donnait... des ailes ! Elle volait, volait aussi vite qu'elle pouvait. Elle n'eut guère besoin d'ouvrir la petite porte. Naturellement, elle franchit la paroi, évanescente, ses ailes majestueuses repliées.
Elle les voit.
Tous deux, proches, complices, aimants, amants. Admira l'aura luminescente qui les enveloppait. Leur chatoyance ondulait lentement. Elle sourit à leur baiser. Embaumés par la Tendresse, transcendés de passion, elle découvrit sidérée, subjuguée, fascinée, la matérialité de l'Amour. L'Essence sublime poudroyait tout autour de leur corps, s' élevait au fur et à mesure de leur étreinte. Elle voit l'intérieur de leurs corps diaprés de nuances d'étoiles, d'éclats d'astres argentés. Elle se voit.
Elle est elle, ici dans ses bras, là sur le côté à se regarder, le contempler, tel un ange silencieux, unique et double. La caravane n'est plus, dissoute par l'univers qui se penche. Je me vois, je l'aime!Je nous vois, elle-moi, Toi. L'extase dura à la perpertuité de leur embrassement et puis, elle les vit qui s'éloignaient. Intouchables. Irréels.
- Je m'éloigne de moi... Le chuchot flotta et puis...
...La torture la fit hurler. HURLER ! Les yeux papillonnants, la bouche déformée, elle gueulait à en crever. Son corps de fer, bien trop étroit, bien trop étouffant, l'existait en bourreau. Un monstrueux frisson envahissait chaque strate de ses organes. Folle de douleur, la vision intermittente, elle reconnut brièvement entre deux spasmes le salon de Bjorn...Le salon...Ob qui lui parlait ? Elle entendait sa voix, ne comprenait pas ce qui se passait. -Je n'étais....pas... Je...ne...suis pas...d'ici... Elle ânonnait au cœur de son martyr, voulait à tout prix, à toute fin, de toute sa volonté retourner d'où elle venait. -Ramène...moi... Ces fringues sur le tapis. « M'envoler avec lui... » La grande fenêtre... Cauchemar La souffrance récurrente, profonde, longue, la faisait geindre, elle allait imploser ! Leur Réalité s'en est allée ! Elizabeth refusait d'exister ICI. -NOOON !
NOIR. ROUGE. LUMIÈRE. CARAVANE.
-Chut, je suis là...je suis là...
Elle pose le mug de café près de l'évier, un genou sur le lit, prend sa main entre les siennes. Ses prunelles peignent l'amour qu'elle lui voue sur son visage. Mais il semble ailleurs, un peu perdu.
-Hey ! Regarde moi.
Le regard fixe, il peine à retenir son attention. Elle caresse sa paume, ses joues, sa tempe, son front, redescend le long de son nez, ses lèvres...
-Ob...
...puis le contraint à se tourner un peu vers elle. Il revient, se niche dans ses cheveux.
-Mon amour, ce n'était qu'un mauvais rêve.
Elle entend son sourire, sourit à son tour. Comment peut-il, ne serait-ce qu'imaginer, qu'il pourrait la perdre ?
-Dites donc Monsieur Benedikt Jensen, vous me piquez mon langage ! Comment osez-vous ? Je vais vous...
Le baiser lui cloua le bec mais elle ne lâcha pas.
-Hum, tu me voles, alors je te les vole ces jolies ailes – et de faire semblant de les lui prendre dans son dos puis de les mettre dans le sien-
-Et vous volons ensemble pour l'éternité, murmura t-elle les lèvres collées à son oreille.
L'humeur taquine, elle s'assit sur lui, entourant ses hanches avec ses jambes, ses épaules avec ses bras.
-Te quitter ? Ce n'est pas de cauchemar dont vous souffrez Chevalier mais d'un gros coup sur le crâne !
Et puis soudain, elle le poussa pour qu'il s'allonge, se dégagea très vite, attrapa dans la foulée un des gros oreillers et commença à le frapper. Elle riait, riait, riait !
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Oskar
Ven 22 Sep - 6:45
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit ! @Dreamcatcher
A défaut de la lune je te donnerai mes ailes ! «L'exception confirme l'aigle, alors j'ai pris mon envol » (Oxmo Puccino - Artiste, Chanteur, Musicien, Rappeur)
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
J'ai l'impression sous ses caresses et ses baisers de prendre de la consistance ? Comme un dessin dont le trait serait repassé par une main déterminée et habile pour acquérir couleurs et relief ? C'est une étrange image non ? Reprendre vie parce que la femme de tes rêves est présente ? Non, pas « reprendre » … Prendre. J'ai dans la poitrine un poids, lourd, persistant... Comment ai-je pu la perdre ? Ne serait-ce qu'une nuit ?
O.B. a écrit:
Des flots de souvenirs indociles et désordonnés reviennent à moi ! Je me revois dans une fête foraine, j'ai accepté pour complaire à un... ami ? Je ne me souviens plus qui en fait ? Mais j'ai accepté de jouer la mascotte de la parade en portant un costume d'ours ridicule. J'ai un sourire en y repensant, quelle comédie ! Ce n'est pas l'ours qui me cause de la douleur, c'est... elle... une fort jolie femme, Maïween m'a-t-elle dit ensuite, je me souviens que nous avions chacun sur la peau un bout de phrase, et qu'à son contact ils se sont échangés ? Est-ce un rêve encore ? Un rêve inachevé ? J'avais d'après la légende, trouvé l'âme soeur ? Croisée, et perdue ? J'ai cherché cette femme entrevue qui m'avait juré fidélité et présence pour un jour constater que ma peau avait simplement perdu la phrase et que personne autour de moi ne se souvenait d'une jeune femme que j'aurais présentée comme mon aimée ?
Je ne sais même plus dire si mon souvenir est vrai ou inventé...
J'aurais avant Elizabeth aimé une autre femme ? Perdue ? C'est inconcevable ? Ce qui l'est surtout c'est que je l'aurais... oubliée !
O.B. a écrit:
Je réentends Sven, celui que j'ai toujours appelé « mon ambassadeur » parce qu'il était ambassadeur de Norvège dans le pays où j'ai passé mon enfance et a lorsque je suis parti pour le Centre pris sa retraite... Il était là, toujours, pour moi. Pourquoi ? Pourquoi cet homme qui avait été le patron de mes parents respectivement chauffeur et secrétaire a-t-il toujours veillé sur moi ? Je n'ai jamais eu la réponse, quand je l'ai rejoint, détruit, l'âme dépecée par les expérimentations subies, il était malade, très gravement malade même s'il ne me l'a dit que lorsqu'il a senti sa fin proche... Je n'ai pas eu le temps de demander, pas eu l'idée non plus, il était comme un père de substitution là où je voulais à toutes forces préserver Bjorn.
- Oskar... Range dans ta mémoire que la volonté permet de tout surpasser... Tout. Et que tu ne lâcheras prise que lorsque tu en auras décidé ainsi... Vouloir, c'est rendre ton âme intouchable, même par la mort ! Ton corps obéira, si tu le souhaites, tu reviendras tel que tu étais.....
Je me revois en train de lui tenir la main... Les délires de la fin, s'il avait besoin de le croire, pourquoi le dissuader ? Un homme qui meurt a des droits que les vivants n'ont pas ? Sven était parti, calmement, dignement, me laissant un océan de douleur dans les yeux... Parti ?
J'ai d'étranges pensées tandis que je serre contre moi une femme superbe à la chevelure d'automne impétueux ! Je cherche son odeur, son unicité, si je repense à tout cela c'est parce que j'ai cru la perdre !
J'aime à entendre son rire et à recevoir des coups d'oreiller punitif ! J'aime ce moment à nous ? Mais qu'ai-je donc ? C'est impossible aussi ! Je réponds de même la frappant de plume synthétique avant de la coucher emprisonnant le coussin rebelle pour voler ses lèvres !
Je ris, elle rit, nous rions ! Et pourtant... pourtant je m'accroche toujours à la vue que j'ai d'elle comme si elle pouvait soudainement disparaître ?
La volonté permet de tout surpasser !
Je VEUX garder Elizabeth ! Envers et contre tout !
Je me colle contre elle, le visage dans ses cheveux, qu'est-ce qui me fait imaginer que je pourrais la perdre ? Je suis décidément aujourd'hui d'une étrange humeur ? Je l'emprisonne de mes bras, l'étouffe de crainte de la voir s'éloigner !
- J'ai tellement besoin de toi ! Rien que rêver t'avoir perdue et j'en suis dévasté ! Je t'aime... tellement...
C'est grandiloquent ? Peut-être, mais il faut le dire ! Il faut ! Je dois me secouer, j'ai non seulement cette sensation de lourdeur dans la poitrine mais une terreur qui me barre le ventre. Je suis pourtant ordinairement un homme pondéré et pragmatique ? Je sais aussi être un rêveur, mais un rêveur positif ? Que se passe-t-il pour qu'au-delà du cauchemar j'ai encore cette douleur, cette peur ?
Je souris en sentant mes bras s'étirer, se couvrir de plumes... Je ne la serrais pas assez fort ! L'envergure des ailes d'un aigle permet de l'englober bien mieux...
- C'est horrible comme un cauchemar peut durer... J'ai encore peur de me réveiller et de découvrir que je suis seul !
Je me lève et lui tend la main.
Elle est là ! Elle est là... Je dois absolument m'en persuader et cesser de l'importuner en la touchant partout pour vérifier sa réalité ! Je présente au monde -c'est à dire elle et moi ? - un sourire béat et soulagé. Je l'entraîne dans le salon-cuisine-pièce à vivre de mon home sur roues, seul j'adorais ce sentiment de ne dépendre d'aucun lieu et d'être chez moi partout, si elle entrait dans ma vie, au quotidien, je me sentirais obligé de lui offrir mieux que cette existence nomade. Encore que ? À sa façon elle l'est aussi ? Elle, passe de chambres d'hôtels luxueux à chambre d'hôtels un peu plus classiques, au gré des tournées ? Je ne sais même pas si l'appartement au bas duquel je l'ai rencontrée abritait un « chez elle » ou si c'était une location de courte durée ?
Machinalement j'appuie sur le bouton « on» de la radio portative, je me retourne vers elle, le café est chaud, je prends la verseuse et lui propose d'en reprendre une tasse ? Moi je vais le faire. Je vais chercher dans un placard des petites pâtisseries faites par mon père qui ne sait comment meubler les longues absences de ma mère, encore en exercice pour un an... Je me fais la réflexion que je ne prendrais pas ma retraite avant elle ! de peur de me trouver comme Bjorn amant esseulé...
La voix du présentateur du journal suit le jingle, et je me fige... En moi, un écho indéfinissable et monstrueux se réveille.
« La police enquête actuellement sur les agissements d'un laboratoire de recherches médicales dont les travaux sur l'ADN humain ont été découverts il y a désormais quelques semaines. Cet établissement a tenu secrètes des investigations menées sur des prisonniers de guerre d'abord, puis des sans domicile fixe et enfin des volontaires abusés par une description liminaire et mensongère des expériences menées. La justice fait état de milliers de décès de 1945 à 2013 semble-t-il, nous n'en savons pas plus à ce jour, ni sur l'ampleur de ces recherches ni sur le but recherché par ces criminels dont l'éthique est semble-t-il fort discutable... »
Je me retiens au comptoir manquant renverser mon café...
Un carré de bruyères...
Un trou...
« Quel dommage ! Un si bel animal ! »
Je titube, j'éprouve du mal à respirer, j'ai l'impression de m'estomper comme un lavis trop dilué ? Il me semble à mes côtés sentir une présence ? Autre qu'Elizabeth dont je sens la stupeur ? La crainte peut-être aussi ?
La volonté permet de tout surpasser !
Pas de mépris ni de cupidité ici Pas d'épées ni de potence Pas de laisse autour de mon cou Pas de fouet pour déchirer ma chair
Nous parcourons le crépuscule Nous errons la nuit
Nous marchons dans l'ombre profonde et sombre Nous chassons sur les sentiers oubliés depuis longtemps
Péniblement je reprends ma respiration, souriant piteusement, faisant de la main signe que tout va bien ?
Que se passe-t-il ? Le rêve est sujet de la nuit ... la nuit ... Mais l'aigle est animal du jour...
C'est cela, la nuit et le jour... L'éternité !
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La musique...:
- Insomnium : Song of the dusk - Eternal Eclipse - Fate of the Fallen
Song of the dusk:
chant du crépuscule
À travers les bois sombres et les marais À travers le crépuscule apaisant Loin des pasteurs haineux Loin des limiers
Pas de mépris ni de cupidité ici Pas d'épées ni de potence Pas de laisse autour de mon cou Pas de fouet pour déchirer ma chair
Nous parcourons le crépuscule Nous errons la nuit
Nous marchons dans l'ombre profonde et sombre Nous chassons sur les sentiers oubliés depuis longtemps
À travers les clairières et les fourrés sombres À travers les bourbiers brumeux À travers les sentiers cachés qui nous ramènent à la maison
Où les cloches de l'église ne sonnent jamais Où les chasseurs ne mettent jamais les pieds
Pas de mépris ni de cupidité ici Pas d'épées ni de potence Pas de laisse autour de mon cou Pas de fouet pour déchirer ma chair
Nous marchons dans l'ombre profonde et sombre Nous chassons sur les sentiers oubliés depuis longtemps
Je ne m'agenouillerai jamais Je ne servirai jamais la croix Je ne porterai jamais les chaînes Je choisis de marcher dans l'ombre
Écoutez maintenant, le chant du crépuscule La forêt vénère ton nom Écoutez maintenant, à la louange du vent Les bois s'inclineront devant toi
Écoute-moi maintenant, mon enfant du crépuscule La forêt vénère ton nom Écoute-moi maintenant, mon enfant de deux mondes Les bois s'inclineront devant toi
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
...Juliette...Mélisende...Eurydice...Isolde...Mimi...Aida...Pamina...Penelope... ...Leonore...L'intruse, Elizabeth Van Sechetelen, comédienne, ne faisait que les interpréter le temps d'une représentation.
S'ils savaient... S'ils savaient !
Dans les replis de ses secrets, la fille se perd et s'y perd, s'y mêle et se mêle à la pâte encielée des rêves et des songes. Elle laisse le drame couler en elle, permet au tragique de la posséder, autorise la prise de pouvoir des sentiments extrêmes.Elle n'est plus ici, disparaît sous l'aile de l'Amour déchirant et déchiré. N'est plus ici... La rouquine déclame les répliques en une pluie douce et triste, s'émeut en un silence joyeux de la disparition soudaine d'une réalité qui ne la concerne plus. Les spectateurs assistent à une pièce classique ne se doutant guère de l'absence incarnée dont les pétales croissent en elle... Elle s'oublie, abreuvée de l'Ailleurs qui va durer, durer...à perpétuité...
À perpétuité. Déserter et puis danser dans les airs, chanter avec les étoiles, se baigner dans la voie lactée, se perfuser à l'Onirique... Le quotidien passe et trépasse, encore et encore, aveugle au mystère qui se joue devant ses yeux : Elizabeth couche avec ses rêves. Mais « faire l'amour » n'est pas assez puissant, pas assez explicite. Faudrait-il dire exister l'amour... ? Rêver l'amour... ? Oh rêver... L'Extase extasiée...L'Infini en Éternité, l’Éternité en Infini.
Sais-tu Ob comme je t'aime ?
L'aristocrate était née entre le Soleil et la Lune pleine sans en être jamais vraiment redescendue. Elle avait ainsi grandi au cœur d'un flot de malédictions bénéfiques qui la maintenait sans cesse dans un entre deux : ici ou là, un peu plus loin, si près...rarement où il fallait.
Où es-tu Eli ? Je ne sais pas !Quelque part !Et la part se déplace dans tous les sens ! Dans un seul sens en vérité. Celui du Rêve.
Et puis quelqu'un l'avait rejointe à l'intime de ses firmaments. Oskar. Oskar, ce grand blond aux prunelles azur. Au tout début, elle n'y avait pas cru. Bien sûr qu'elle se fourvoyait ! Qui aurait accepté de l'accompagner avec autant de détermination et de soif dans ce monde qui n'existait pas mais était pourtant bien réel ?!
Ob et ses fées, Ob et sa rose, ses bonnes manières, son assurance tranquille, ses cachettes intérieures, ses recoins et ses sourires, sa sincérité, son authenticité...Son cœur...Elle l'avait vu battre au travers de ses yeux. Avait respiré son âme à la douceur de ses paroles. Subjuguée, elle s'était élevée amoureuse. Il avait été trop tard. Il fut trop tôt.
Les oreillers joyeux et légers pleuvaient tour à tour. Il finit par la coincer avec un autre baiser et puis soudain il exprima cette gravité qui lui trouait les tripes à chaque fois, quelque part. Pourquoi ? Pourquoi cette angoisse intrinsèque qui finissait peu ou prou par transpirer ?! Elle accueillit son inquiétude une fois de plus, se tut, l'entoura de ses bras l'étreignant aussi fort qu'il le faisait contre elle. Une paume sur sa nuque, joue contre joue, elle lui murmura des mots doux de paix, de sérénité, de tranquillité.
-Fais confiance, fais moi confiance. Je ne peux pas ne pas t'aimer comme tu m'aimes, tu comprends ? Je sais, je sens comme tu m'aimes, je t'aime tout autant, sans fin. Mon amour je t'en prie, n'aie pas peur, n'aie pas peur de notre éternité...
Oskar n'était pas du genre à se torturer par plaisir et l'aurait épargnée comme il aurait pu. Quelque chose n'allait pas, ne tournait pas rond, en profondeur. Ses ailes l'enveloppèrent, elle se détacha un peu cependant, plongeant ses yeux dans les siens, maintenant son visage entre ses paumes.
Fountain Of Eternity
-Crois tu que je puisse te quitter réellement ? Abandonne ce mauvais rêve, ce cauchemar qui n'a de substance que ce que tu veux lui donner. La nuit est passée, terminée, le jour s'est levé. Si je devais partir je l'aurais fait depuis très longtemps. Souviens toi qui est parti sans rien dire...Souviens toi.
Une fraction de seconde, la vieille douleur refit surface.
-N'oublie jamais: je suis incapable de te quitter. Je ne peux pas. C'est comme...ordonner à l'eau de devenir pierre, au ciel de se transformer en océan, au vent d'apparaître, à la pluie de ne pas tomber...Entends tu ? Te quitter n'existe pas. Je te suis liée à la vie à la mort, à la joie à la peine, à l'ombre à la lumière...Il n'y a pas de fin, pas de solitude. S'il te plait...
Elle lui sourit, écarta une mèche sur son front, se mit à l'embrasser partout sur le visage avec une extrême douceur, entrecoupant ses baisers par les mots qui coulaient :
-Ob...ce que je ressens...pour toi...n'est pas de ce monde...ça vient d'ailleurs...c'est éternel...aucun langage...ne peut...l'exprimer en un mot...humain. C'est ainsi...je ne cherche...pas...à comprendre...je veux...le vivre c'est tout....Tu es...celui...que j'espérais dans une autre...vie...Tu entends ?... Celui...que...j'espérais...dans une autre vie...et cela m'est donné...ici et maintenant...Alors...je t'en supplie...laisse aller...laisse aller...Ne crains pas...Je ne partirai pas...Je ne partirai pas...
Il sembla enfin rassuré, se leva, lui tendit une main qu'elle saisit et le suivit. Un café chaud et bienvenu, une saveur dont ils raffolaient tous deux. Une gorgée, puis deux.
RA LEN TI
Elle le voit vaciller. Il va...tomber ?! Les gestes lents et lourds tout à coup, elle lâche la tasse qui chute trop lentement, le café se répand dans l'air en apesanteur. Elle veut l'aider, le retenir mais la distance est immense ! Son élan est pitoyable, difficile. Elle voit son grand corps musclé se rayer de lignes en pointillées comme une vieille image de télévision qui déraille ! Il sourit, fait un signe. Ob ! Elle parvient à avancer mais étouffe, ne peut plus parler, se tend vers lui pour le soutenir. Au moment où elle le touche, ses doigts traversent son épaule, elle est aspirée !
Elle émergea avec peine, nauséeuse. Ça cognait dans sa tête. Cette douleur dans la colonne, le ventre, la poitrine...Ouvrant les yeux, elle mit du temps à se rappeler. Elle se trouvait dans la maison de Bjorn... Où était Ob ? Elle l'appela faiblement, attendit un peu. Pas de réponse...Elle demeura ainsi sans bouger, recroquevillée sur le tapis, à moitié nue, une mauvaise fièvre la faisait frissonner, elle avait froid. Au bout d'un temps, elle se traîna jusqu'à ses vêtements, enfila son haut, s'allongea en chien de fusil sur le canapé. Elle grelottait, incapable de réfléchir, le corps rompu de courbatures affreuses. Elle ne pensait à rien, voulait juste dormir, dormir...