J'avais vraiment un problème.

Je ne savais même plus vraiment combien de fois j'avais juste foncé dans le tas sans réfléchir, succombant tous simplement à l'appel de l'aventure. Mais jusqu'ici, j'avais toujours pu compter sur mon charisme, mon physique ou les nombreux livres que j'ai lu pour me tirer du pétrin. Dans ce cas ci, ça allait être un peu plus compliqué. Car j'avais beau avoir lu une douzaine de livres sur la survie et le camping, je n'avais même pas réussi à allumer un feu. Je devais être une honte pour la plupart des scouts, mais ça n'allait pas m'avancer. J'essayais de rassembler mes esprits en frottant mes mains l'unes contre l'autres, commençant à sentir le froid du soir se pointer.

J'avais eu raison. J'avais eu raison … Je ne pouvais pas laisser un jeune sous ma garde suivre les délires futiles, dangereux et inconscients d'un groupe de marginaux. D'ailleurs j'étais bien décidé à tous leurs remettre le cerveau en place et mettre fin à ces bêtises. Il était pas idée de venir courir en pleine forêt comme ça alors que la nuit tombait. J'ai grelotté. Bon certes, j'en avais fais autant. A peine une veste pour couvrir mon T-shirt et un pantalon bien trop fin. J'ai soupiré, je n'avais pas prit deux minutes pour me changer et j'enveloppais encore l'air autours de moi d'une douce odeur de plante médicinal et de vaseline. Je devais être une incompréhension total pour les prédateurs alentours.

J'ai trouvé un tronc mort un peu plus loin sur mon chemin et j'ai fini par aller m'asseoir dessus, en désespoir en cause. Mon téléphone ne captait plus de réception depuis 5 bon kilomètres et bien que je sois partis sur leurs traces à peine 10 minutes après leurs départ, le groupe que je suivais c'était tous simplement volatilisé. Tous autours de moi se ressemblait, du pins et du frênes poussant sur un sol meuble couvert de feuille morte annonçant la fin des saisons chaudes. Comme si ce vent ne me l'indiquait pas assez. Je regrettais vraiment de ne pas être plus sortie en balade étant jeune, j'avais beau aimer la nature, je n'étais pas du genre à lui survivre tous seul par mes propres moyens.

J'ai ressorti mon appareil une ultime fois, tendant bêtement le bras au-dessus de moi, dans l'espoir d'apercevoir une petite barre apparaitre, mais mon écran tourna au noir. Plus de batterie. SUPER. J'ai soupiré puis éclaté de rire. C'était typiquement moi, mais haut les cœurs. C'était en généralement à ce moment-là dans les histoires, qu'un indice tombe du ciel pour indiquer la route au héro. J'ai donc remis mon appareil en poche, me suis levé de mon tronc et j'ai tendu les bras vers le ciel en fermant les yeux. Aller l'univers, mon indice !

Il y avait une réalité qui était toujours d'actualité, à travers le temps et à travers le monde, qu’en toute chose, s'affrontaient le chaos et l'ordre. Rowena se refusait à parler de bien et de mal, car elle ne voulait pas juger les croyances, les valeurs et les rituels des autres personnes. Cela allait avec ces principes de tolérance et de respect des différences. Même si ses croyances à elle privilégiaient l'ordre, elle n'était personne pour prétendre qu’agir différemment, c'était faire quelque chose de mal. Certains pouvaient penser que cela revenait à fermer les yeux sur de mauvais comportements, mais il ne s'agissait que d'un regard sans jugement envers le monde.

Cela dit, si elle pouvait accepter de laisser des personnes faire leurs propres choix, alors que cela lui semblait être une mauvaise idée, elle avait tout de même quelques limites. L'une d'elle était le fait d’enrôler de jeunes adolescents, n'étant pas capable de définir si leur choix était de leur propre fait ou s’ils provenaient d'une volonté de défier l'autorité. Le côté influençable et manquant de maturité pour faire leurs choix justifiaient qu'on ne leur demande pas leur avis et qu'on les empêche de participer à ce genre de cérémonie. Dans le meilleur des cas, on les forcerait à commettre des choses impardonnables. Dans le pire des cas, ils deviendraient la victime de leur cérémonie.

Rowena ne savait pas que son cousins s'était déjà lancé à la poursuite de son protégé. Elle ne connaissait même pas le lien entre le jeune garçon et son parent. Elle avait seulement été sollicitée par la mère du jeune homme et, en son âme et conscience, elle avait décidé de partir à la recherche du fils de cette personne qui avait vraisemblablement été manipulé. Elle était donc partie dans la forêt afin de retrouver l'imprudent et de le ramener auprès de sa famille avant qu'il ne lui arrive quelque chose de grave. Heureusement, elle connaissait parfaitement la forêt et elle s'enfonça dans ses profondeurs.

Elle se dirigea dans la direction dans laquelle elle était persuadée que la cérémonie allait se dérouler. Le garçon qu'elle recherchait avait probablement pris cette direction. Elle avançait à pas feutrés et avec prudence, étant donné le peu de lumière qu'il y avait dans la forêt, et la crainte qu'elle avait de tomber sur des personnes mal intentionnées, notamment celles qui avaient prévu cette cérémonie noire. Elle finit par apercevoir au loin une ombre recroquevillée sur elle-même, qui devait être très probablement le garçon qu'elle recherchait. Elle s'avança, prête à l’interpeller d'une voix ferme afin qu'il la suive sans discuter.

« Eh bien jeune homme, où pensez-vous aller comme ça ? »

Que se passe-t-il ?:

L’univers avait de drôle de façon de répondre, parfois et alors que je baissais les bras, autant au littéral qu’à l’idée, une voix me parvint assez clairement à travers les arbres. J’ai ranger mon appareil, à présent vider de sa batterie, dans ma poche et me frottant frénétiquement les bras à la recherche de chaleur, j’ai avancé dans sa direction. Je n’étais pas sûr de ce que j’avais entendu et c’était peut-être simplement mon esprit qui me jouait des tours, mais j’avais la vague impression de reconnaître ma cousine. J’ai donc avancé, ne progressant pas très rapidement alors que la lumière baissait de plus en plus. J’avais perdu la notion du temps et sans mon horloge de téléphone, j’allais tous aussi passé la nuit ici m’en rendre compte, je n’avais donc pas la moindre envie de rester seul.

Mais je ne perdais pas mon but de vue et je n’avais pas l’intention d’apparaître visiblement dès le début. Le groupe que je suivais avait peut-être la salle manie de se composer de jeune, mais je ne voulais en rien sous-estimer l’hypothétique danger. Des adultes, bien plus sérieux, engagés et donc dangereux pouvaient très bien m’attendre au prochain coin de sapin. J’avançais donc prudemment, essayant de ne pas perdre de vue l’endroit d’où je pensais avoir entendu la voix et bientôt le doute me prit. Je tournais sur moi-même essayant de me rappeler de la direction que j’avais prise pour arrivée jusqu’ici, mais tous les arbres se ressemblaient dans le noir.

J’ai soupiré, prenant soudain la situation un peu plus au sérieux, alors que je dégageais mon visage de quelques mèches. Je faisais un bel idiot, incapable de prendre soin de ma personne, mais courant face au danger à la première rumeur et cela me fit sourire. On ne change pas un cœur qui gagne. Craquant mon dos, je me suis étiré avant de fermer les yeux, essayant d’être plus attentif au bruit. Ma mère disait qu’on peut entendre la nature respirer, quand on oublie son humanité. Et c’est précisément ce que je tentais de faire, me plonger assez loin dans mes racines, dans le sol de ce bois, pour en ressentir le moindre son. Et alors que j’attendais l’illumination, une corneille sortie bruyamment d’un arbre, s’acharnant un instant au-dessus de moi, sans doute de peur que j’attaque son nid.

J’ai sursauté, ouvrant les yeux sous l’étonnement, avant de me prendre les jambes dans les racines noueuses d’un chêne et de m’écraser dans les buissons derrière moi. L’oiseau sembla se calmer, sans doute en s'enorgueillant d’avoir défait le plus grand prédateur de la nature d’un simple crie. Je n’ai même pas pris la peine de me relever cette fois, le sol avait décidément besoin de câlin.

- Pourquoi univers ? J’suis un bon gars pourtant !

J’espérais au moins ne pas être tomber en plein milieu de leur cercle d’invocation ou pire sur un donjon de blaireau. J’ai donc arrêté de fixer le ciel, désemparé, et je me suis extirpé, non sans mal, des ronces qui m’enchaînaient encore.

Pile :
J’avais visiblement une bonne étoile ce soir et mon périple m’avait porté directement auprès de ma bien aimée cousine, qui n’avait sans doute pas bien comprit ce que je faisais ici, à premier vu. Et je n’avais pas pris la peine de m’étendre dans des explications avant de la prendre dans mes bras. J’étais à deux doigts de me résilier à vivre seul en forêt et ma joie était trop immense pour me faire remarquer autre chose que mon précieux sang, venu à mon secours.

Face :
Ma bonne étoile était visiblement parti parier tout son patrimoine ailleurs. Et alors que le ciel se couvrait d’une couche de plombs, j’avais définitivement perdu l’origine de la voix, tant cherché. J’ai soupiré, m’extirpant avec grand mal des ronces. Il y avait toute fois une lueur un peu plus loin et si je tendais l’oreille je pouvais presque entendre un murmure derrière un prit de feu. J’ai donc pris cette direction, espérant juste trouver une autre forme de vie intelligente.

Le jeune homme que Rowena avait en face d'elle semblait à la fois mal à l'aise et en colère d'avoir été découvert. La jeune femme était assez connue dans le coin et il devait bien se douter que c'était sa mère qui l’avait envoyée à cet endroit pour venir le chercher. A priori, il était suffisamment obsédé par son histoire de rituel pour être contrarié que quelqu'un ait décidé de contrecarrer ses plans. Mais il ne répondit pas à la question de la jeune femme, préférant la regarder avec provocation, comme s‘il estimait qu'elle n'avait pas la moindre chance de gagner son respect et sa coopération, tout en sachant qu'elle allait avoir du mal à le ramener par la force.

« Tu ne veux pas répondre ? Je ne suis pas sûre que tu saches bien dans quoi tu t'engages en prenant cette direction. Tu ne te rends pas compte dans quoi tu as été entraîné. Au mieux, ils ont effectivement l'intention de t’accueillir parmi eux et tu vas devoir faire des choses absolument odieuses pour eux. Au pire, ils ne t'ont invité que pour te sacrifier durant un de leurs rituels et crois-moi, tu t'en rendras compte bien trop tard. »

Le jeune garçon haussa les épaules comme si peu lui importait, peut-être davantage comme s'il ne croyait pas réellement ce qu'elle affirmait en pensant qu'il pourrait devenir une victime. La jeune prêtresse ne pouvait pas le convaincre s'il ne la croyait pas, car elle n'avait aucune preuve des véritables intentions de ces individus et c'était bien ce qui la préoccupait. Elle aurait aimé avoir plus d'informations afin de savoir si sa vie était en danger, tout en sachant que si elle ne l'était pas, il serait peut-être impossible de lui faire changer d'avis.

Pour le moment, en tout cas, il ne semblait pas décidé à le faire. sans même se préoccuper de répondre à la jeune femme. Il se contenta de repartir dans l'autre direction, vers de la fumée qui montait au loin et qui signalait le campement de ceux qui participent à la cérémonie funeste. Elle n'avait aucun espoir de le convaincre de partir et la seule chose qu'elle pouvait faire pour tenter de le ramener, c'était de le suivre en essayant de ne pas se montrer à ceux qui la connaissaient et qui pouvaient en vouloir à sa vie s’ils s'apercevaient qu'elle était à leur disposition.

En s'approchant du feu, elle resta dissimulée en espérant que le jeune garçon ne trahirait pas sa présence et qu'il se contenterait de prendre part alors cérémonie sans parler de leur rencontre. Si quelqu'un se mettait à sa recherche, elle risquait d'avoir des problèmes. Ils étaient plus nombreux qu'elles et ils avaient toujours eu le désir profond de lui faire du mal, surtout étant donné le fait qu'elle était leur plus farouche opposante.

Que se passe-t-il ?: