C’était tellement facile, probablement parce que personne n’oserait imaginer que la belle et fragile Misaki serait capable de tels actes. Tout ce que j’avais à faire, c'était de battre des paupières et de jouer la demoiselle naïve et pratiquement tous les hommes me tombaient aux pieds. Je m’approche de l’homme ligoté contre un poteau et j’abaisse le bout de tissu qui lui servait de maillon. Aussitôt fait, il se met à hurler de le laisser partir. Je souffle du nez, un sourire se dessinant sur mes lèvres. «Oh, mais bien sûr que je vais te laisser partir seulement, ce sera en petit morceau dans un sac de plastique» lui murmurais-je à l’oreille alors qu’il se tortillait de plus bel. Pour m’éviter d’entendre son pleurnichage, je lui remets rapidement la motte de tissu en bouche.

Je me dirige vers une mallette posée sur la seule table de la pièce du bâtiment abandonné dans lequel je me trouvais. En ouvrant la valise, un pistolet muni d’un silencieux est couché sur un lit de velours rouge. D’une délicatesse surprenante j’enfile une paire de gant noir et j’attrape le manche de l’arme alors que les doigts de mon autre main glissent sur le canon de façon presque sensuelle. «Tu sais, il y aurait peut-être quelque chose que tu pourrais faire pour moi…» dis-je en m’approchant du blond. Son regard de détresse se transforme soudain en un regard plein d’espoir, il fait signe de la tête comme pour approuver ma demande. «Tu vois, ton organisation nous doit de l’argent… Beaucoup d’argent et Hiro n’aime pas les retards de paiement…» soupirais-je tout en faisant glisser le bout du silencieux de sa tempe jusqu'à son épaule. «J’aurais donc besoin de toi pour leur transmettre un message» dis-je en m’assurant que la chambre à balles était pleine. Probablement parce qu’il analysait mes mouvements et avait finalement compris, l’homme s'affole. Je pose mon index sur le tissu au niveau de ses lèvres. «Shhh, shhh, tout va bien aller» le consolais-je avant de presser l’embout du silencieux sous sa gorge et d’appuyer sur la détente. Son corps se détend et je glisse mes doigts sur ses paupières les refermant au passage.

Sans aucune émotion, je range la scène ne laissant aucun indice de mon identité hormis une carte portant un dragon de couleur or, c’était pour ainsi dire l’insigne de notre organisation. D’ici quelques jours, la gang rivale à la nôtre devrait recevoir le message et effectuer le paiement.