Trouver les réponses au test avaient été au final plutôt simple. La nana qu'il connaissait n'avait pas du tout rechigné à lui rendre service trop contente de pouvoir lui payer sa dette.

Spleen a écrit:

Voilà, mon conseil ça serait plutôt d'apprendre par toi-même mais je sais que tu vas pas m'écouter. Le fais pas tourner non plus, ça va t'apporter des emmerdes.
pièces jointes : text.pdf.

En n'espérant ne jamais avoir de tes nouvelles.

[ndlr : je te propose de passer au moment où il s'est fait chopper et qu'ils sont plusieurs à se retrouver en colle ?]

Je m'attendais à peu près à tout pour les prochaines 24h. Message de menaces, convocation chez le directeur du lycée, tentative de piratage de mon pc, virus, etc. J'avais imaginé un tas de scénario de représailles si jamais il m'avait percé à jour, mais rien. Le calme le plus total, jusqu'à recevoir un nouveau message sur le forum du lycée.

Flipper a écrit:

Merci. C'est un plaisir de négocier avec toi en tout cas.

Je me dépêche d'imprimer le sujet et de le parcourir, la plupart des questions étant trop complexes pour moi, je glisse la feuille dans mon sac. Je savais qui pourrait m'aider à y répondre. Je n'aurais qu'à dire que c'était un ancien sujet.


Les choses ne s'étaient malheureusement pas passées comme prévus. Je m'étais fait griller par quelques coéquipiers à faire les yeux doux à une membre du club des nerds pour qu'elle me fournisse les réponses et après ça, tout avait été très vite. Le sujet avait vite circulé dans l'équipe, les réponses aussi, et nous avions tous fait la même erreur lors du vrai examen. Six élèves à marquer la même connerie sur leur copie, six élèves de l'équipe de football, six élèves à être collés ensemble sans la moindre discussion possible. Et encore, une chance que personne n'avait balancé que c'était moi le premier à avoir eut le dit sujet. Ca n'aurait pas levé la punition des autres, mais ça aurait pu fortement renforcé la mienne. Je venais surement d'échapper à aux colles pour l'année, alors j'allais quand même me faire discret sur ce coup. C'est tous ensemble que nous arrivons en salle de colle, mais à notre grande surprise, nous ne sommes pas les seuls. Izaiah est là. Comme le reste de mes coéquipiers, je suis surpris de sa présence, même si contrairement à eux, j'ai une idée sur la raison de sa présence. Je prends place quelque part au fond alors que certains s'amusent déjà à provoquer l'étranger au groupe. Provocations auxquelles je ne participe pas. Je ne voulais pas qu'il puisse savoir que c'était moi qui le faisait chanter. S'il pouvait penser que c'était un autre membre de l'équipe, ça m'arrangerait.



[HRP = Pour justifier la présence d'Izaiah en colle, je me disais qu'on pouvait partir sur quelque chose qui n'a rien à voir, car sinon, le lien pourrait rapidement être fait entre le maitre chanteur et Dan. Mais comme ça, ça permet toujours à Iza de savoir vers où chercher    En tout cas n'hésite pas à m'envoyer un message si tu veux que je modifie ou qu'on reparte vraiment sur ce qu'on avait dit au départ   ]

Izaiah ronchonnait silencieusement devant son bureau. Enfin, aussi silencieusement qu'on pouvait l'espérer de quelqu'un qui était physiquement incapable de se taire lorsque c'était nécessaire. D'ailleurs, c'était comme cela qu'il s'était retrouvé collé (une fois de plus, sa mère avait fini par arrêter de broncher tellement elle était habituée. D'ailleurs, elle avait demandé au professeur s'il n'avait pas une carte de fidélité). Le garçon ressentait ça comme une injustice. Sa professeur de français avait le droit d'humilier un élève devant toute la classe sans problème et lorsque quelqu'un lui répondait que ça n'était pas parce qu'elle avait des problèmes personnels qu'elle avait le droit de se défouler sur les autres, c'est lui qui finissait collé. Personne ne lui avait rien demandé comme d'habitude mais son défaut de vouloir protéger la veuve et l'orphelin continuait toujours de se retourner contre lui. A son sens, son sarcasme était moins agressif que la remarque de la prof sous entendant que l'élève n'était pas très intelligent. Ce genre de choses ça pouvait flinguer l'égo de quelqu'un pour une vie. S'il abandonnait le lycée pour aller vendre des burgers, ça serait sa faute. Bon… peut-être qu'il exagérait mais il était persuadé que c'était déjà arrivé au moins une fois.

Il s'était installé bancalement sur une chaise. Ses Doc Martens étaient croisées et posées sur le bureau avec nonchalance pendant qu'il se balançait sur sa chaise. Comme un bonheur n'arrivait manifestement jamais seul, six connards décérébrés du cours de football venaient de faire leur entrée dans la pièce. C'était donc ça, sa punition personnelle ? Il aurait préféré rester seul à ruminer pendant son heure de colle. Les quelques provocations sont déjà de trop pour son humeur déjà mauvaise ce matin. " C'était une blague plutôt inspirée pour une cervelle d'oiseau, tu veux une étoile ?" grince-t-il sans même penser au fait qu'ils étaient six et que lui était tout seul. A tous les coups, ils allaient tenter de le foutre dans une poubelle à la sortie de cours. Il haussa les épaules, il n'avait pas peur et ça ne serait pas sa première fois. En fait, pour lui se rebeller ainsi et montrer qu'il n'était pas intimidé était sa manière de montrer aux autres que si on ne laissait pas les brutes avoir de l'influence sur soi alors on leur ôtait le peu de pouvoir qu'il avait. Il se demanda malgré tout, pourquoi les six chimpanzés se trouvaient en colle en même temps. En général, ils bénéficiaent tout de même d'un sacré traitement de faveur. Traitement donc Izaiah s'était d'ailleurs plaint de nombreuses fois. En vérité, il se plaignait tellement souvent à la directrice qu'elle avait investi dans sa marque de thé favorite à lui.

Je me pose vers le fond de la salle, bras croisés sur la table, menton appuyé sur ces derniers, profitant de la vue que m'offre le recul pour regarder mes coéquipiers faire le numéro de caïd. Habituellement, je me serais volontiers joins à eux, ne serait-ce que par principe, montrer que je n'étais pas un faible, que j'en avais dans le pantalon, que je ne me laissais pas impressionné, par rien ni personne. Le numéro classique du mal Alpha, mais aujourd'hui, je n'en avais aucune envie. Ca me faisait véritablement chier d'être collé, que cela puisse apparaître sur mon dossier, et pire, qu'on y inscrive que j'avais triché lors d'un examen. Mon dossier, c'était ma porte d'entrée pour une bonne université avec un bon programme sportif. Certes, les sélections étaient primordiales, mais les passer ne m'offrirait aucun avenir si je n'étais pas capable d'avoir mon diplôme. Et puis pour réussir les sélections, il fallait que je m'entraine. Et pour m'entrainer, il fallait que je puisse aller aux entrainements. Et pour aller aux entrainements, il fallait que je ne sois pas en colle. Le coach nous avait d'ailleurs pourri pour s'être fait collé tout les six, le forçant à repousser certains exercices pour l'entrainement. Et puis même moi, ça me déprimait déjà de me dire que j'allais rester coincé ici pendant deux heures. Avec Izaiah en prime dans la salle. Si l'un des gars l'ouvrait sur le fait que j'étais le premier à avoir eut le sujet, j'allais me faire tuer par ce dernier.

Un professeur entre dans la salle alors que les autres sont toujours entrain de régler leurs comptes. « Asseyez vous tous. MJ, assieds-toi. » Il s'exécute non sans donner un coup dans le pied de la chaise d'Izaiah pour le faire tomber alors qu'il se balançait dessus. « MJ ! » Le professeur crie, réussissant presque à couvrir le brouhaha de la chute d'Izaiah. « C'est pas moi Monsieur, je l'ai pas touché ! » Le concerné lève les épaules avant de s'installer, faussement outré par les accusations auxquelles il doit faire faire. « Je veux plus t'entendre. Vous six, vous avez un devoir de Maths à refaire. Et toi... » Il nous pointe vaguement du doigt avant de tourner un peu plus vers Izaiah. « Un devoir de français. » Nos punitions nous sont distribuées alors que je pousse un soupir de désespoir. Mon plan avait été complètement foutu en l'air, et maintenant, je devais refaire un devoir auquel je ne comprenais rien.

Iza lâcha un "Putain, connard." en même temps que sa chute. Il grommela et fusilla du regard le responsable alors que le prof leur donnait leur devoir. Il regard sa feuille d'un air moribond. C'était pas tant les répercussions qui l'inquiétaient, comment dire que ça n'était pas sa première heure de colle, mais plus le fait de s'être fait gauler pour un truc qu'il n'avait pas du tout envie de faire. Il regarda les six cons qui se trouvaient derrière se demandant quelle merde ils avaient bien faites pour s'y retrouver tous. Le fait que le prof parle de refaire un devoir maths, lui mis la puce à l'oreille sur le pourquoi du comment. C'était quand même une sacrée coïncidence qu'ils se retrouvent tous les six collés à refaire un devoir de maths quand Iza avait fourni à un inconnu le corrigé d'un devoir de maths il y a quelques jours. Il fronça les sourcils, l'autre abruti qui l'avait contacté avait certainement fait tourner le sujet malgré ses conseils. Comme quoi, con un jour, con toujours.

Cette histoire l'avait suffisamment mis en pétard pour qu'il décide qu'il allait démasquer le coupable et lui fait ravaler ses couilles. Il n'était pas idiot au point de penser qu'il pouvait réellement casser la gueule d'un de ces espèces de gorille mais la penser de pouvoir au moins l'engueuler en direct live, lui faisait bien plaisir. Il attrapa discrètement son téléphone, se disant qu'il allait essayer de tendre un piège. Il tapota le plus subrepticement possible.

Citation :

Qu'est-ce que t'as pas compris dans le fait de pas faire tourner le sujet à tes potes ? En fait, en plus d'être un connard qui manipule les autres, t'es aussi un idiot fini ou quoi ? Je me retrouve collé pour tes conneries.

Il zieuta essayant de voir si certains étaient sur leur téléphone pour répondre. Manque de bol, les individus n'étaient pas les plus concentrés et au moins 4 d'entre eux pianotaient déjà des textos lorsqu'il avait regardé. A l'affût, il patienta un peu espérant pouvoir lire une réaction. Son message se voulait volontairement assez provocateur. Il espérait pouvoir lire quelque chose sur ces visages simiesques et prognathes.

Coude sur la table, menton dans la main, j’avais vraiment l’attitude de l’élève distrait. En même temps, face à l’énoncé de l’examen, j’avais perdu toute motivation de faire quoique ce soit, si ce n’était des ronds dans un coin de ma feuille. Le sujet me paraissait encore plus difficile que celui qu’on devait initialement passer. Je me gratte plusieurs fois l’arrière de la tête avec mon stylo, essayant de me rappeler de mes cours, des exercices, de l’autre examen pour au moins répondre à quelques questions, histoire de ne pas me taper une bulle qui n’arrangerait pas mes histoires de dossiers, ni à ne plus être collé. Je prends une grande inspiration et vient coller mon front à ma table dans un moment de faiblesse et de désespoir. J’aurais dû le bosser ce putain d’examen finalement. Ça m'aurait pris du temps, de l’énergie et j’aurais sûrement fait une crise de nerf en le faisant, mais ça m’aurait évité d’autres problèmes. Izaiah avait raison. Et je n’arrivais pas à croire que je reconnaissais de moi-même.

Je relève la tête en sentant mon téléphone vibrer dans ma poche et tente de masquer le bruit avec un bâillement forcé. « Sheppard, tu t’es cru où ? Moins de bruit. » Je hausse légèrement les épaules avant de baisser à nouveau la tête sur ma copie, attendant que le professeur surveillant retourne à son occupation et se mette à nous surveiller que d’un œil distrait. Comme la quasi-totalité de mes camarades, je commence alors à pianoter sur mon téléphone. Notification du forum, j’ouvre un message privé. Je lève rapidement les yeux vers Izaiah avant de refermer le message. Quel con ! J’aurais dû me douter qu’il ferait rapidement le lien avec l’un d’entre nous. Je ne réponds rien pour ne pas me trahir. Même s’il avait compris que son maître chanteur était ici, ça laissait encore le doute sur six potentiels coupables. Suffisamment pour me protéger. D’autant plus que certains étaient bien plus véhéments envers lui que moi.

Tant bien que mal - et surtout mal - je tente de répondre aux questions du test, certaines réponses étant discrètement échangées avec mes camarades. Heureusement que le professeur n’était pas très attentif sur ce coup là.

Citation :

Ecoute, j'en ai rien à foutre que tu montres les photos au lycée. Je vais trouver qui tu es et quand j'aurais trouvé, je t'assure que tu regretteras de m'avoir cassé les couilles. C'est bien j'ai déjà quatre suspects possibles sur six. La liste se réduit. De toute façon, ça sera bien fait pour votre gueule vu à quel point vous vous défouler sur moi toute la sainte journée pour prouver que vous existez. En vérité, vous mériteriez tous une leçon.

Izaya fulminait intérieurement parce qu'il s'était comporté comme un con et s'était laissé avoir par un chantage à la con. Sur le moment, il ne réfléchissait pas vraiment aux impacts que sa remarque pourrait avoir. Déjà qu'il n'était pas apprécié, il se doutait que son homosexualité affichée en pleine face sur les murs ne l'aiderait certainement. Sa vie était déjà chiante parce qu'il ne savait pas se taire alors en rajouter une couche c'était presque du suicide au lycée. En plus de cela, bien qu'il ait une grande gueule, s'il y avait bien une chose sur laquelle il avait du mal à être sûr, c'était d'assumer sa sexualité. C'était assez nouveau pour lui et très intime. De plus son copain actuel n'était pas nécessairement le plus à l'aise avec ça. C'était un gars un peu alternatif qui se prenait pour un punk plus vieux que son âge. Il avait fini le lycée et passer une grande partie de son temps à traîner au lieu d'aller à l'Univercité. Le genre de gars qui était qu'à moitié recommandable. Subversif et avec un caractère difficile à gérer, c'était ce qui plaisait au garçon. Il avait l'impression qu'il fallait quelqu'un avec un fort caractère et qui hésiterait pas à le remettre brutalement à sa place quitte à employer la force s'il le fallait. Ses comportements pouvaient être un peu manipulateurs parfois mais il lui pardonnait parce qu'il savait qu'il avait eu une vie difficile et que c'était juste un moyen de survie.

Toutefois, il tenait particulièrement à ce que leur relation reste secrète. Même dans le cercle de son copain personne ne savait qu'ils sortaient ensemble. D'un certain côté, il avait l'impression qu'il avait un peu honte de lui. Leo disait que c'était parce qu'il n'était pas prêt à assumer d'avoir une relation avec quelqu'un et que c'était compliqué de se montrer autrement devant ses potes. Iza acceptait même s'il sentait qu'il y avait anguille sous roche. Après tout, lui n'était pas prêt à être démonstratif en public avec quelqu'un. Toutefois, il n'osait pas imaginer la réaction de Leo s'il apprenait qu'il venait d'exposer leur relation à tout le lycée par son coup de tête. Du coup, malgré sa colère, il hésitait franchement à renvoyer un message quitte à passer pour un con. C'était bien la première fois qu'il revenait sur une position qu'il avait prise ou une idée qu'il avait eue. Mais il était amoureux et parfois quand on aime les gens en plus de ne pas les voir pour qui ils étaient vraiment, on était amené à savoir mettre son ego de côté.
De toute façon, il était très con et s'était mis dans cette merde tout seul. La menace directe qu'il venait de faire était de toute manière lancée. Maintenant, il ne pourrait plus revenir en arrière. Même s'il suppliait l'autre de ne pas faire quelque chose, rien que pour se venger un de ces cons serait bien capable de le poster par petite vendetta pour avoir osé s'énerver.

L'heure de colle se passa finalement. Il termina son examen et rentra chez lui. Evidemment sur le passage il se fit engueuler par ses parents. Il raconta l'histoire à son copain. Après quelques heures de discussions (comprenez culpabilisation et engueulades au programme), il finit par se soumettre à l'idée de Leo pour éviter que tout le monde soit au courant. Il ne savait pas bien ce qui lui avait pris.

Citation :

Ecoute, j'ai bien réfléchi. Tout à l'heure, j'étais en colère mais la destruction mutuelle ça va rien nous apporter. Je suis prêt à t'aider à préparer les prochains examens à la loyale. Je dirais rien, je ferais rien d'autre et comme ça moi mon secret reste intact et toi tu peux passer tes exams. C'est le seul deal qui est gagnant- gagnant pour nous deux. Y'a d'autres vies en jeu que les nôtres sur ce coup.

Leo envoya le message presque à sa place. Il n'était plus en colère et même satisfait du comportement du jeune homme. Il le félicita, lui disant qu'il était mature et qu'il avait bien agi. Izaya sentait une boule au fond de sa gorge. Les dernières heures avaient été éprouvantes pour lui. Le jeune homme ne l'admettrait jamais mais il était très sensible et c'était pour cela qu'il cachait ce secret honteux par une grande agressivité.

Nouvelle notification sur mon téléphone, et cette fois, je préfère l’ignorer. Je me connais, j’allais finir par me trahir à un moment si je commençais à passer trop de temps sur mon téléphone. Aussi bien auprès d’Izaiah que de notre professeur surveillant. Mieux valait que j’ignore tout ça pour le moment et que je ne m’en préoccupe que quand je serais à l'abri de tout regard indiscret. Ce que je fais. Je me contente de faire mon test et de griffonner sur une feuille de brouillon en attendant que l’heure passe, un bras sur la table, la tête posée dessus. Rien ne s’était passé comme je l’aurais voulu, et ça n’allait pas arranger mes affaires tout cela. Sans parler que je ne savais pas vraiment comment j’allais justifier ça auprès de mes parents. Mes mauvaises notes pouvaient encore passer, mais le fait que je sois collé pour avoir triché… C'était une toute autre affaire.

L’heure passée, je fourre mes affaires dans mon sac et nous quittons la pièce avec le reste de l’équipe comme un seul homme. Check pour se saluer, on se sépare sur le parvis du lycée pour rentrer chez nous. De la journée, je ne touche plus à mon téléphone ou mon pc, préférant aller bricoler quelques trucs dans le garage pour me vider la tête et ne pas penser à la merde dans laquelle j’étais. Si Izaiah remontait jusqu’à moi et me balançait, c’est sûr que je pourrais oublier les bourses et toutes les universités possibles. Personne n’accepterait un étudiant qui a fait chanter ses camarades pour réussir.

Ce n’est que dans la soirée que je me reconnecte avec le monde via mon téléphone. Quelques messages de mes potes, d’inconnus sur les réseaux sociaux, bref la routine et ce message d’Izaiah dont je ne l’aurais jamais cru capable. Il devait vraiment tenir à ce que sa relation reste secrète pour venir me proposer ce deal. Je prends le temps de la réflexion avant de répondre. Après tout, ça pouvait être aussi un piège pour découvrir qui j’étais. Je commence à rédiger un message que j’efface. Je fais ça une dizaine de fois avant de réussir à envoyer quelque chose, si peu sûr de moi.

Flipper a écrit:

Comment je peux être sûr que c’est pas une combi pour me piéger ?

Ça restait un plan risqué pour lui étant donné que j’avais toujours les photos, mais il pouvait être malin quand il voulait. Et s’il me dénonçait, c’était fini pour moi. Pourtant, le deal avait ses avantages…. Merde ! Je ne savais pas quoi décider.

Flipper a écrit:

Imaginons que j’accepte, comment tu voudrais organiser ça ?

Je tente de recueillir plus d’informations, cherchant à savoir si ça pouvait tenir la route ou pas du tout.

Son pseudo ça devrait être flipette plutôt que Flipper se dit sarcastiquement Izaiah bien qu'il retient son sarcasme. L'heure n'était pas vraiment à être désagréable. Il fallait encore négocier le compromis. Ce n'était cependant pas vraiment non plus son point fort. Il soupira lourdement au message en expliquant son idée.

Spleen a écrit:

Je peux pas être sûr que tu vas diffuser la photo, donc dans un sens on est sur un pied d'égalité, non ? Et puis, je viens avec une solution qui nous arrange tous les deux. C'est mieux que de se battre à mort alors qu'on se connait pas. (même si c'est pas mon envie la plus exceptionnelle que de connaître le gars qui me fait du chantage)

ça lui avait glissé du clavier sans qu'il puisse véritablement retenir son pique. On ne se refaisait pas après tout.

Spleen a écrit:

Ecoute, on a plusieurs possibilités, on peut venir chez l'un ou l'autre mais ça attirerait sans doute l'attention des gens chez nous. Sinon on choisit un café loin du lycée là où personne ne va mais c'est un lieu public donc on aurait quand même des chances d'être vus. A voir ce qui est le mieux, je sais pas encore pour ça. On peut se voir une à deux fois par semaine en fonction de tes besoins (je vais parier deux fois vu que tu m'as pas l'air d'être le couteau le plus affûté du tiroir). Je m'engage à te faire passer tes partiels et quand tes notes sont suffisamment bonnes, tu supprimes la photo et on se parle plus jamais ? On a tous les deux beaucoup à perdre l'air de rien. Soyons moins cons qu'on s'en donne l'air, non ?

Il s'était inclus dans cette remarque car il savait bien qu'un de ses talents c'était de jouer au con qui a une opinion surtout et qui fait tout pour qu'on l'entende bien clairement.

Spleen a écrit:

Des suggestions ?

Le doute me gagne peu à peu. Il fallait avouer que la proposition d'Izaiah avait son intérêt. Même si ça me demanderait plus de travail, il n'y aurait pas de risques de me faire coller, ni de m'accuser à nouveau de fraude, et lui aussi avait suffisamment à perdre pour éviter qu'il ébruite quoi que ce soit et que ma réputation en prenne un coup. Ça restait très superficiel, je le savais, mais si je commençais à trop me faire railler par mes coéquipiers, mon dossier serait autant compromis que si je continuais à échouer mes examens.

Ce n'était donc pas très agréable à admettre, mais il avait raison. Ça restait la meilleure solution pour obtenir ce qu'on voulait tous les deux. Mais il fallait que ça reste entre nous. Pas question donc de réviser ensemble au lycée ou dans n'importe quel lieu public. Ni chez moi si je ne voulais pas que mes parents s'en mêlent. Un lieu neutre, pour qu'il accepte de venir, mais en même temps privé pour ne pas prendre le risque d'être vu. J'avais bien une idée mais ça allait me demander quelques jours pour m'assurer qu'elle soit viable.

Flipper a écrit:

Ca marche. On se voit pour réviser ensemble. Je te dis où et quand dans quelques jours.

Il m'avait fallu trois jours avant de renvoyer un message à Izaiah, cherchant un endroit où personne nous trouverait mais qui nous permettrait de travailler dans des conditions correctes.

Flipper a écrit:

Il y a une librairie sur Lincoln Road. Il te suffira d'y rentrer et d'aller frapper trois fois à la porte du personnel au fond. Je viendrais t'ouvrir. Je te propose des révisions le mardi et dans le week-end. En fonction de ce qui t'arrange aussi.