Quelle soirée ! Tu ne peux pas oublier ce qui s’est passé durant la nuit. Tu te rappelles encore de quelques anecdotes que Kai t’a confiées pendant votre tour de l’exposition sur les pharaons, mais c’est surtout la petite enquête pour retrouver l’invité surprise qui t’a marquée. Tu n’aurais jamais pensé vivre ça en compagnie du directeur à suivre la piste des grattements qui résonnaient à travers les couloirs du musée. Qui aurait pu deviner qu’un chaton viendrait se perdre dans une des caves, se retrouvant emmêlé dans un morceau de ficelle et coincé entre les bâches et les cartons entreposés à cet endroit. Pauvre petite boule de poils, elle était complètement apeurée et s’est largement débattue malgré ses forces amoindries par le manque d’hydratation et d’alimentation.

Pippin. C’est le petit nom que tu lui as donné, repensant à la scène dans le film Le Seigneur des Anneaux où le hobbit du même nom fait tomber un squelette dans un puits, alertant les ennemis. Kai a approuvé ta proposition, notant la référence à la trilogie sans que tu en dises un mot. Tu aurais bien aimé adopter le chaton, seulement tu n’étais pas certain qu’il se sente à l’aise en compagnie de ta propre boule de poils. Merry aurait adoré un compagnon de jeu, mais tu sais parfaitement que ton chien est un peu trop foufou quand il trouve un autre animal, alors c’est Kai qui a pris Pippin sous son aile. Il a déjà une chatte, Mittens, il s’y connaît bien mieux que toi et a déjà le nécessaire pour le prendre en charge. Et puis, ça te donne une bonne excuse pour venir lui rendre visite, non ? C’est donc pour cette raison que tu te mets en route après le travail pour aller le voir et prendre des nouvelles de l’animal.

Il est assez tard, le directeur devrait être rentré chez lui, surtout que tu lui as envoyé un message pour t’assurer qu’il était bien disponible ce soir. Tu n’as pas envie de débarquer et de l’importuner avec ta présence. Tu as l’impression que le courant passe vraiment bien avec lui, tu te sens toujours bien à ses côtés, mais tu as toujours cette peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être assez bien pour lui. Ridicule, non ? Kai ne semble pas être le genre à s’arrêter aux apparences, à s’intéresser à ton statut social. Pourtant tu as encore quelques craintes, et tu sais que c’est forcément lié à ton passé, à ce que ton coeur a déjà subi avec ton ex-femme. Tu n’as pas envie de souffrir à nouveau alors tu te protèges en essayant de ne pas laisser tes sentiments s’emballer un peu trop.

Heureusement tu ne penses pas à tout ça alors que tu t’approches de la porte d’entrée pour appuyer sur la sonnette. Tu regrettes juste de ne pas avoir eu le temps de passer chez toi pour enfiler une tenue plus appropriée pour retrouver Kai, même si tu es loin d’être négligé. Tu as quand même pris le temps de quitter ta tenue d’infirmier pour mettre des vêtements normaux. C’est mieux que rien.

Kai poussa un soupir. Il ne pouvait s’empêcher de consulter sa montre toutes les deux minutes, comme si cela avait la moindre chance de faire avancer le temps plus vite.
Il avait bien essayé de s’occuper l’esprit en allumant la télé, en brossant Mittens et Pippin, en faisant un dernier tour de la maison pour s’assurer que le ménage était fait et que tout était à sa place. Sans succès.
Impossible de tenir en place depuis qu’il avait reçu un message de la part de Lukas, une heure plus tôt. Il y avait longtemps qu’ils avaient prévu de se revoir, depuis leur dernière soirée ensemble au musée, à vrai dire. Mais ni l’un ni l’autre n’avaient trouvé le temps d’organiser ça, trop occupés par leurs emplois du temps respectifs.
Jusqu’à ce soir. Ils avaient enfin pu trouver un peu de temps pour se voir et l’impatience était à son comble. Du moins, Kai espérait qu’il n’était pas le seul à ressentir ça.
Il n’était pas encore bien certain de comprendre la nature de ses sentiments pour Lukas. Tout ce qu’il savait, c’est que ce n’était pas désagréable et qu’il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas autant apprécié la compagnie de quelqu’un d’autre.
Il avait décidé de laisser le temps au temps et de simplement voir comment les choses évolueraient entre eux. Autant pour ne pas se faire de faux espoirs, que parce qu’il n’avait ni le temps ni l’énergie de trop s’investir émotionnellement dans quelque chose dont il n’était pas certain de l’issue. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas sérieusement réfléchi à la possibilité d’une relation sur le long-terme et l’idée lui plaisait autant qu’elle l’effrayait.
La sonnette retentit enfin et c’est tout juste s’il n’envoya pas valser la brosse qu’il avait encore à la main. Il prit quelques secondes pour reprendre ses esprits et maîtriser le sourire niais qui menaçait de poindre sur ses lèvres, avant d’aller ouvrir la porte.
« Bonsoir ! Entre, je t’en prie. » dit-il en s’écartant pour lui laisser le passage. Comme à son habitude, Pippin accourut aussitôt pour se jeter sur ses jambes et saluer le nouveau venu. À l’inverse de Mittens, qui battit aussitôt en retraite dans une autre pièce, toujours fidèle à elle-même et à son aversion pour les inconnus.
« Comment vas-tu ? J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est pas vus. » Quelques semaines tout au plus. Et pourtant Lukas lui a manqué, beaucoup plus que ce qu’il avait prévu.

Ton coeur s’emballe inutilement à peine tu as appuyé sur la sonnette, attendant que l’homme qui hante tes pensées viennent t’ouvrir. C’est fou comme tu es sensible à Kai, à sa présence, à son sourire. Ton impatience grandit au fil des secondes, en y repensant ça fait plusieurs semaines que vous n’avez pas pu vous croiser, chacun étant assez occupé. Tes horaires décalés, son poste à haute responsabilité, votre vie personnelle, tout ça vous a retenu, mais ce soir tu ne comptes pas laisser filer ta chance. Tes collègues savent que tu n’es pas disponible, même si en cas d’urgence tu répondras toujours présent, tu ne peux pas dire non quand tu sais que la vie d’enfants est en jeu.

La porte s’ouvre enfin sur le directeur de musée, tandis qu’un sourire enjoué prend place sur tes lèvres. « Bonsoir », Souffles-tu en passant l’entrée pour te retrouver assailli par un chaton curieux. L’animal semble avoir repris du poil de la bête, il ne te fait plus la moindre peine. Oh, tu savais qu’il était entre de bonnes mains avec Kai, tu n’en as pas douté une seule seconde. « C’est vrai, le temps est passé si vite. » Tu te penches, tendant une main vers le chaton qui s’approche pour venir la sentir avant de se frotter contre celle-ci. Il t’a probablement oublié, mais il ne semble pas avoir peur de toi. « Et pourtant, j’ai presque l’impression que c’était hier qu’on découvrait ce petit monstre. » Certaines personnes sont convaincues qu’elles doivent passer tout leur temps avec ceux qu’ils aiment pour ne pas les perdre. Tu ne vois pas les choses de cette façon. Peut-être es-tu un peu trop indépendant, mais tu sais que si tu aimes la personne et que c’est réciproque, qu’importe ce qui vous sépare quand vous serez ensemble tout ira bien. C’est sûrement naïf de ta part de penser ça, pourtant tu l’as vu avec tes amis les plus sincères, tu peux passez des mois sans leur parler, le moment où vous prendrez des nouvelles de l’autre ce sera comme si le temps s’était figé et que vous aviez discuté la veille.

Tu relèves le regard vers le visage de Kai, laissant le chaton s’amuser avec ta main, ne craignant pas quelques griffures au passage. « Sinon, je vais plutôt bien, malgré une légère fatigue. Mais ce serait étonnant que je sois en pleine forme après mon service ! Les enfants ont tendance à être épuisants. » Tu ris légèrement, finissant par te relever pour faire face au directeur. Tu aurais envie de le serrer contre toi, de retrouver cette proximité comme le soir où vous avez dansé, mais tu oublies cette envie pour te apprécier l’instant présent. « Et toi, tu vas bien ? »

« C’est vrai, le temps est passé si vite, souffla Lukas, une main tendue vers Pippin. Le chaton s’approcha pour la flairer avec curiosité, avant de se frotter contre lui. Et pourtant, j’ai presque l’impression que c’était hier qu’on découvrait ce petit monstre. »
Kai ne put retenir un sourire attendri en les regardant interagir. Il ne restait plus grand-chose du petit monstre agressif et terrifié qu’ils avaient trouvé dans l’une des caves du musée. Pippin était en réalité un chaton très doux et affectueux, quoiqu’un peu turbulent par moments, comme tous les enfants.
« Sinon, je vais plutôt bien, malgré une légère fatigue. Mais ce serait étonnant que je sois en pleine forme après mon service ! Les enfants ont tendance à être épuisants. »
Ils se mirent à rire tous les deux. Ça, Kai ne le comprenait que trop bien, et il admirait Lukas. Lui-même se savait incapable de s’occuper d’autant d’enfants en même temps. Les quelques classes en visite au musée dont il devait parfois s’occuper mettaient déjà ses nerfs à rude épreuve.
Et ça ne se terminait pas toujours très bien. Il fronça un instant les sourcils en se remémorant la fois où une gamine de seize ans avait vandalisé plusieurs œuvres, ce n’était définitivement pas un de ses souvenirs favoris liés à son métier.

Ils s’étaient installés dans le salon, aussitôt rejoints par Pippin. Ce dernier avait élu domicile sur les genoux de Lukas, qu’il ne semblait plus vouloir quitter.
« Et toi, tu vas bien ? » Kai ouvrit la bouche pour répondre, avant de se rendre compte qu’il n’en savait rien. Ce n’était pas une question qu’il prenait souvent le temps de se poser. Parce que ce temps, il ne l’avait tout simplement pas. Il avait toujours quelque chose à faire, quelque chose à penser, un papier à signer, un rendez-vous auquel il devait courir.
Ça ne laissait que peu de place à l’introspection. Il avait souvent besoin que son entourage lui rappelle qu’il ne pouvait pas être sur tous les fronts à la fois et qu’il devait ralentir, de temps en temps.
« Eh bien.. je crois que ça va ? répondit-il finalement, un peu hésitant. Je n’ai pas beaucoup de temps pour moi en ce moment. C’est épuisant. Mais c’est toujours comme ça à cette période de l’année. »
Avec l’année qui touchait à sa fin et toutes les obligations administratives que cela impliquait pour préparer la suivante, sans compter la période des fêtes qui arrivait à grand pas.
L’hiver prenait toujours des allures de marathon et c’est à peine s’il avait le temps de penser à autre chose. Il n’avait pas eu l’occasion de se pencher sur son manuscrit en cours depuis plusieurs semaines, rien que cette pensée lui filait le cafard.
« Je te propose un thé, pour se remettre de cette journée de travail. » Il esquissa un sourire en se remémorant le thé qu’ils avaient bu ensemble la fois où ils s’étaient retrouvés par hasard à une soirée littéraire. Une pensée bien plus agréable.
Il préférait se concentrer sur le positif plutôt que sur ses inquiétudes, s’il se laissait envahir par ces dernières il ne savait pas combien de temps il pourrait garder l’équilibre.

Installé dans le salon, tu vois le chaton s’approcher de toi pour venir prendre place sur tes genoux. Tu souris, attendri par l’animal qui ne semble pas farouche. Tu savais qu’il serait bien avec Kai, tu n’en as jamais douté. Comment pourrait-on être mal en vivant avec un tel homme ? Tu le caresses distraitement, demandant justement au directeur s’il va bien. Tu vois immédiatement l’hésitation de ton interlocuteur. Une pointe d’inquiétude te guette, attendant de voir ce qu’il va te répondre. Beaucoup esquivent la question en disant que tout va bien, ne voulant pas spécialement entrer dans les détails, mais tu espères que Kai acceptera de t’en dire plus. Certes, tu ne dois pas être son ami le plus proche, il doit avoir bien d’autres personnes à qui se confier si ça ne va pas fort, mais tu as envie d’être là pour lui.

Lorsque Kai te répond enfin, tu sens ton inquiétude diminuer, tu comprends parfaitement ce qu’il veut dire. Ce n’est jamais évident de savoir comment on va quand on n’a pas le temps de se poser et de penser à soi. C’est rare que tu prennes le temps, c’est aussi pour ça que tu te fais régulièrement tirer les oreilles par ta famille et tes amis, tu tires un peu trop sur la corde. Mais tu te demandes s’ils ne sont pas comme ça parce que tu as connu des périodes difficiles dans ta jeunesse et que tu as même failli mourir si tu n’avais pas eu ce rein pour te sauver. Heureusement que ton frère était compatible, tu n’oses pas imaginer ce que serait devenu ta famille s’ils avaient du t’enterrer. « Je comprends. » Tu esquisses un sourire, grattant le cou du chaton. « J’espère que tu pourras te reposer bientôt quand même. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu me fais signe. » Tu hésites un instant, avant de rajouter quelques mots. « Tu a pensé à faire une cure de vitamines ? Ça aide pas mal à tenir durant cette période. » Tu conseilles à tout ton entourage d’en faire une, même très courte, tu sais à quel point ça peut aider à tenir le coup quand la fatigue se fait un peu trop sentir.

Kai te propose finalement de boire du thé. Ton sourire s’agrandit en repensant à cette soirée où vous avez dansé avant de sortir dans un café pour boire une tasse tout en discutant. « Avec grand plaisir. J’ai hâte de goûter au thé que tu vas choisir. » Tu lui laisses le choix, tu n’es pas bien difficile. De toute façon, tu es persuadé qu’il peut te servir n’importe quel thé de sa collection, il sera forcément bon, Kai a l’air de bien s’y connaître. C’est agréable, car beaucoup de tes amis ne jurent que par le café. Tu aimes ça, mais parfois tu apprécies bien plus une bonne tasse de thé, posé devant la télé, en charmante compagnie. Et aujourd’hui, tu es plutôt gâté niveau compagnie, entre Kai et le petit monstre qui commence à mordiller tes doigts, tu te sens bien.

« Je comprends. J’espère que tu pourras te reposer bientôt quand même. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu me fais signe. » Kai laissa échapper un sourire attendri, tout en priant intérieurement pour que ses joues ne soient pas devenues cramoisies. L’infirmier avait toujours eu le cœur sur la main, toujours prêt à se mettre en quatre pour aider les autres.
Dans le fond, c’était sans doute pour ça qu’il avait tout de suite senti qu’il pouvait lui faire confiance pour s’occuper de son fils. Et c’était probablement aussi la raison pour laquelle il s’était attaché à lui aussi vite, aussi fort, depuis qu’ils avaient recommencé à se fréquenter régulièrement.
Kai avait toujours eu un faible pour les personnes bienveillantes et généreuses, surtout en matière d’hommes. Pour les gens aux antipodes de sa famille, en somme. Il n’y avait guère que ses tantes pour qui il avait de l’estime et une affection sans bornes. Il avait tiré une croix sur tout le reste depuis bien  longtemps.
« Merci, c’est gentil. Mais je risque de faire tache au milieu de tes petits patients. » Il eut un sourire en coin taquin et se mit à rire en s’imaginant infiltrer le service de pédiatrie de Lukas.
« Mais ne t’inquiète pas pour moi, c’est juste le mois de décembre qui est un peu compliqué. Ça ira mieux une fois que les fêtes seront passées. »
Chaque année à cette période il avait hâte qu’elle se termine, que la suivante prenne sa place, que tous les préparatifs soient terminés et qu’il puisse enfin émerger de la montagne de paperasse dans laquelle il se trouvait.
« Tu as pensé à faire une cure de vitamines ? Ça aide pas mal à tenir durant cette période. » Il devait probablement avoir l’air encore plus fatigué qu’il ne le pensait. Il y avait bien longtemps qu’il n’était pas allé chez le médecin et ne savait même pas si ses vaccins étaient à jour. Heureusement qu’il avait Lukas pour le rappeler à l’ordre de temps en temps.
« Non, je n’y avais pas pensé. C’est une bonne idée, je vais essayer. » Il aurait même pu se casser une jambe qu’il n’aurait pas plus pensé à aller à l’hôpital, trop accaparé par son travail. Il aurait probablement continué à ramper jusqu’au musée chaque jour jusqu’à ce que Cosme ou une autre personne raisonnable de son entourage ne le force à s’arrêter.
Il se passa les mains sur le visage et soupira. L’hiver ne lui réussissait vraiment pas, il avait hâte que ça se termine. Que les jours rallongent enfin et qu’il puisse à nouveau respirer et prendre un peu de temps pour lui. Enfin, il ne perdait rien à prendre quelques vitamines en attendant, ça ne pouvait pas faire de mal.
Il avait proposé un thé parce que Lukas était l’une des rares personnes qui semblaient apprécier ça autant que lui. Et ça lui faisait voleter des papillons dans le ventre de constater une fois de plus tout ce qu’ils avaient en commun. Il se demandait encore comment il ne l’avait pas réalisé plus tôt.
« Avec grand plaisir. J’ai hâte de goûter au thé que tu vas choisir. » Kai l’abandonna un instant pour aller mettre la bouilloire en marche et se perdre dans la contemplation de son étagère à thés bien garnie.
Au vu de l’heure tardive il opta pour une infusion à la lavande et aux fruits rouges, délicatement relevée de quelques notes vanillées. C’était une de ses préférées, qu’il accompagnait généralement de quelques biscuits.
Il regagna finalement le salon avec un plateau garni d’une théière fumante et d’une assiette de McVitie’s.
« J’espère que ça te plaira. » souffla-t-il en versant le thé dans les tasses.

Tu essayes d’imaginer Kai se joignant à tes patients. Si le directeur risque de dénoter entouré d’adolescents, tu ne peux t’empêcher de penser que les enfants l’adoreront. Tu les vois déjà le harceler de questions, voulant connaître les secrets du musée. Tu as déjà eu droit à ça quand tu leur as dit que tu avais été la nuit là-bas. Certains ont vu un film où les statues du musée se mettaient en marche dès qu’il n’y avait plus personne alors ils s’imaginent que c’est pareil dans la vraie vie. Tu n’oses pas leur briser leurs rêves, c’est important pour ceux qui restent coincés à l’hôpital. Tu étais comme eux à l’époque, laissant ton esprit sortir de cet enfer pour te créer un monde bien à toi où tu n’aurais plus à supporter les médecins et les murs blancs de l’hôpital. « Pourtant je suis certain qu’ils t’apprécieront. » Presque autant que toi. Mais ça, tu préfères le garder pour toi.

Une cure de vitamines peut faire du bien durant les périodes d’hiver, surtout quand la fatigue se fait sentir. Tu n’es pas le genre à pousser à la consommation de médicaments ou de compléments alimentaires, mais parfois il n’y a pas vraiment le choix. Il t’arrive d’en faire régulièrement lorsque tu enchaînes un peu trop, les remplacements sont fréquents en cette saison vu tous les arrêts. Et encore, en tant qu’infirmier, à force de côtoyer des jeunes malades, tes défenses sont quand même bien plus résistantes ! « Tu me diras, je pourrais t’en amener si tu veux. » Ça te fera une excuse pour passer voir Kai. Tu es même prêt à faire un détour au musée s’il le faut, maintenant tu connais bien les lieux après votre dernier rendez-vous.

Tu laisses Kai s’occuper du thé, pendant que Pippin te réclame encore des câlins. Tu l’entends ronronner, tandis qu’il se met sur le dos, le ventre complètement exposé et prêt à recevoir des caresses. Tu es épaté de le voir si à l’aise alors que la dernière fois que vous vous êtes croisés il faisait tout pour vous fuir. Vivre avec Kai lui fait vraiment du bien, quel petit chanceux. Tu es donc encore en train de papouiller le chaton quand le directeur revient avec un plateau. Tu notes la présence de petits gâteaux pour accompagner le thé, mais c’est surtout l’odeur qui se dégage de la théière qui te frappe. Tu sens immédiatement les fruits rouges et tu ne peux qu’approuver ce choix. « Déjà j’aime beaucoup l’odeur ! » Le chaton se redresse, venant frotter son museau contre ton torse, visiblement jaloux que ton attention ne soit pas totalement posée sur lui. Tu souris, lui grattouillant la tête. « Il est toujours aussi demandeur ? » Quelque part tu te demandes s’il n’a pas été abandonné trop tôt et que c’est justement à cause de ça qu’il cherche le contact des autres, pour se rassurer. « Sinon tu as bientôt des vacances de prévu ? » Cette question peut sembler banale, mais au fond, c’est loin d’être le cas. Si Kai a des jours de repos, tu pourras peut-être réussir à le revoir plus facilement.