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LE TEMPS D'UN RP

The Anuirean Covenant (feat Jo')

Houmous
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Houmous
Lun 18 Juil - 23:20
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Malvo
J'ai 39 ans et je vis en Anuire. Dans la vie, je suis mercenaire des Impavides et je m'en sors de moins en moins bien.

Je suis un rescapé, quelqu'un qui avait de l'importance.


copyright: aenaluck


Maintenant que Malvo était sorti du brasier, cet au-delà que les prêtres et les mystiques évoquaient à demi-voix en doutant de son existence, il lui fallait reprendre les choses en main. Allongé depuis si longtemps dans son lit, on avait, tout portait à le croire, pris grand soin de lui sans douter de son réveil. Mélampe elle-même le veillait à son chevet et il avait ce sentiment ténu que ce n’était là pas la première fois que cette situation avait lieu. Grimaçant en faisant de son mieux, remonter la pente de son édredon pour trouver une position assise était d’une grande difficulté pour son corps fondu. Le bruit qu’il produisait la réveillerait certainement mais il ne voulait pas passer un instant de plus à être celui qui jouissait encore et toujours des bons soins attentifs de ses camarades.

Une fois redressé, il balaya la petite chambre à coucher dans laquelle il se trouvait. Elle semblait être décorée non richement mais tout de même avec un grand soin. Il en déduisait être dans une chambre conçue à l’intention des invités, encore à Valanne, mais ce qui focalisa son attention était les nombreux signes de passage régulier d’une foule d’amis et de soignants. Une bassine d’eau mêlée d’écarlate avait été laissée dans un coin de la pièce. Les linges y prenaient toute la variation du vermeil à l’immaculé. De même, tout un assortiment d’épais pansements de lin à proximité de diverses poteries dont on deviner les onguents et crèmes à l’odeur restaient à portée de main. Également, une fronde et l’arrangement d’un bouquet, dont la cigüe et le pavot ressortaient peu au milieu des millefeuilles et autres digitales aux mille teintes, laissaient entendre la présence récente de Tilli et Lodeth. L’un n’avait jamais été vu sans son outil et l’autre avait maintes et maintes fois démontré sa passion pour les plantes par le passé. Un léger sourire lui vint lorsqu’il remarqua, à son chevet, pour le materner, une statue de Saint Voyl, premier prophète moderne de l’Eternelle et patron des miracles.

Un sourire lui vint en regardant la jeune fille se réveiller. On sentait que les mois passés dans la nature, à parcourir ses terres dans la clandestinité, l’avaient rendue alerte et, à fortiori, inquiète. Elle se réveilla en plusieurs temps, probablement sans le remarquer elle-même. Tout d’abord, elle se mit à observer ses alentours en recherche d’une menace à combattre et sauvagement assassiner avant de l’être. Juste après, elle sembla observer les sorties et les cachettes potentielles pour pouvoir les mettre à profit si jamais la situation l’y invitait finalement. Enfin, un léger bâillement, en la faisant souffler le sommeil, acheva de lui ramener les pieds sur terre. Ils se regardèrent un instant. Plus qu’il ne l’aurait imaginé, elle affichait une grande stupéfaction sur le visage. Elle semblait exténuée par ses pérégrinations et en grand besoin d’un repos bien mérité mais elle ne semblât plus cligner des yeux pendant de longues secondes.

Elle commença de suite à l’embarquer dans le récit de ses dernières aventures sans attendre. Elle lui avait vaguement dit son soulagement de le voir de retour mais sans pour autant appuyer son propos par un quelconque autre signe de familiarité qu’il imaginait un peu recevoir en cet instant. Il semblait qu’elle voulait accélérer le recrutement de ses troupes et la constitution de son armée rebelle, en dépit de toutes les déconvenues qu’ils avaient rencontré. Il hocha simplement de la tête, sans remettre en cause son jugement, attendant qu’elle finisse son déroulé factuel des événements récents. Elle prit également le temps de lui détailler le déroulement de sa convalescence et ses différents acteurs de l’ombre.

- Mélampe, je vais faire vœu de te porter jusqu’à la victoire, fit-il en regardant vers la nuit étoilée qui se développait à l’extérieur, lui tournant ainsi le dos. Je sais être infirme mais je ne vais pas me tourner les pouces, pas plus que je ne l’ai jamais fait auparavant. Mais je souhaite quelque chose en échange. Je t’avais dit vouloir abattre le maitre de l’ordre pour ma vengeance et ce n’est plus ce que je souhaite. Je veux pouvoir préparer le Royaume à combattre le chaos primordial lorsqu’il arrivera. Les bêtes que nous avons combattues, les prystes et tant d’autres monstres vont déferler sur notre monde, je le sens. Nous aurons besoin de tous les hommes disponibles pour pouvoir permettre à certains de survivre, acheva-t-il en la regardant, une intensité anormale dans le regard.

Tout dans son attitude dénotait d’un changement important. Plus aucune flammèche de colère ne paraissait dans ses gestes et dans son langage. Il avait l’air détaché, aérien et même un peu plus sage. Peut-être cette idée venait-elle de sa barbe, plus fournie, à la manière des ermites. Ou même son physique, rendu atypique par l’amputation, rappelait-il quelque ascète ayant fait un don de lui à une obscure divinité étrangère. Son image se superposait étrangement à celle d’Adeluvior lorsqu’il parlait de l’arbre et du cycle de la vie.

- On raconte souvent une légende sur Lucilia, la première Reine du mythe fondateur d’Anuire, aux enfants dans l’Ordre. Tu ne connais probablement pas cette histoire mais elle t’aidera peut-être à comprendre l’importance de mes préoccupations, déclara-t-il en guise de préambule. Il était une fois, il y a bien des âges de cela, une jeune femme du clan qui reçut la visite du Voyageur sous les traits d’un vieillard. Le vieux sage lui annonça qu’elle était promise à un grand destin, celui d’être sa représentante sur Terre. Il commença par la charger de guider son peuple jusqu’à ses terres. Les anuiréens étaient alors un peuple vagabond, toujours en quête de conquêtes pour pouvoir s’établir. Comme il le lui avait ordonné, la jeune Lucilia découvrit un passage dans les montagnes jusqu’à des terres inhabitées et amena les siens jusqu’en Anuire. Le Voyageur, malicieux, lui apparut à nouveau sous le masque d’un garçonnet et lui confia de forger une première épée de fer et de météore, semblable à celle des paladins de nos jours. Elle s’appliqua jour et nuit pour le satisfaire sans remettre en cause son jugement. L’arme était magnifique, d’un éclat parfait et sans pareil, et on raconte qu’elle est à l’origine des armoiries de la famille royale. Le Dieu, enfin, revint la voir avec le visage d’une jeune femme de bonne famille, et lui ordonna de mener la guerre contre les prystes qui hantaient les nuits en Anuire. La guerre dura des décennies et laissa le pays en dévastation pour enfin voir la victoire des anuiréens. Les prystes furent repoussés dans l'outreterre pour ne jamais réapparaitre sous les cieux. Eh bien, je pense que la Flamme a voulu nous prévenir du retour des Prystes en les mettant sur notre passage. Je crois que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver l’Anuire de l’ombre qui s’allonge dans ses souterrains et qu’il faut à tous prix solder cette guerre au plus vite pour nous préparer à la suivante, acheva-t-il, solennel.



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Mer 20 Juil - 11:29
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Mélampe Hildegarde Gertrud
de Lanasthël

J'ai 24 ans et je vis où je peux, dans l'Anuire. Dans la vie, je suis fille aînée d'Aymeric Mosse Gawen de Lanasthël, Roi d'Anuire décédé d'une crise cardiaque et je m'en sors bannie du Royaume puisque j'ai convoité le trône.

Valla (Diablo) (c) Kyrie

"Gouverne comme un homme et ne te laisse pas avoir par tes humeurs féminines. Puis-je te faire confiance ?"

Oui, Aymeric le pouvait. Elle contint d'ailleurs sa joie de voir Malvo dont rien ne présageait la survie s'éveiller, coincée dans un égarement entre la retenue, la fatigue, et la surprise. Il venait à lui le soir même où elle rentrait et elle trouva la situation éloquente. Elle revint néanmoins sur terre pour lui détailler les événements déroulés durant sa convalescence. Elle apprécia la confiance qu'il lui portait en ne remettant nullement en cause ses décisions, et le tutoiement lui fit un drôle d'effet.

Malvo semblait à la fois différent et plus que jamais lui-même. Elle ignorait sur quels rêves l'avaient embarqués ses délires fiévreux et suppliques à Lanaël, mais il se porta à elle plus solide qu'avec tous ses membres, et surtout il n'y avait pas cette violence vague derrière ses yeux. Il était déterminé, grave, mais précis et transporté. Particulièrement, il semblait investi d'une mission nouvelle - qu'il lui explicita d'ailleurs - qui la rassura. Lui qui l'avait suivie sans trop de convictions après Pontblanc, enfermé dans des affres torturés qui le poussaient toujours plus à se mettre en danger, était ici devant elle prêt à mener la guerre aux créatures du chaos originel. Elle lui servait un verre d'eau tout en l'écoutant : après des jours de coma où on avait probablement lutté pour le substanter dans ses heures de veille, elle se figura qu'il devait se sentir déshydraté. Son expression en revanche ne s'était pas débarrassée de concentration, aussi, ce geste plus trivial n'entama en rien le sérieux du discours qu'elle venait d'entendre. Ses yeux se perdirent sur les reflets lunaires dans la poussière. Leur vue acclimatée à l'obscurité leur permettaient de se discerner suffisamment bien sans rallumer la bougie. Plus que jamais et avec les essais de Faramond, l'appréhension de Malvo quant au déferlement des bêtes était justifiable. Elle prit de la distance.

"Eh bien, cette Lucilia était très docile. Si un vieillard, un enfant et une bourgeoise me demandaient monts et merveilles, j'aurais tôt fait de me hérisser." Elle s'appuya d'un sourire qui se voulut complice - en réalité, elle était très appliquée à ce que venait de lui exposer Malvo. "Je fais de mon mieux car plus véloce encore que les monstres est cette chose que l'on appelle avidité, dont Faramond semble être la personnification même." Elle lui reprit son verre vide pour qu'il ne se heurte pas à se pencher pour le poser, et poursuivit sa réflexion. "J'ai confiance en vous et je sais combien ce qui nous menace est sinistre." Elle se leva avec raideur, témoignant des longues journées de monte qui lui avaient tambouriné les os.

"Non seulement j'accepte vos conditions mais je comptais un peu sur vous pour la suite." Nouvelle estocade souriante, plus espiègle. "Je trouverai de nouvelles solutions demain." Il lui semblait que la pression ne quittait jamais ses épaules, et elle, quitta la pièce.

*

Elle fit un cauchemar cette nuit-là.

Elle ne parvenait pas à voir qui se tenait dans son dos tant la chose qui lui serrait l'abdomen se refusait à lui laisser du leste ; tout ce qui s'offrait devant elle à sa vue était son lit princier sur les baldaquins duquel elle s'appuyait pour ne pas défaillir. Chaque expiration donnait l'espace au monstre enroulé sur elle de la comprimer davantage, rendant chacune des inspirations suivantes plus insuffisante. Elle réalisa en passant une main fébrile à son ventre que c'était un corset qui était à l'origine de cet suffocation, ce qui n'enlevait rien à sa panique. L'air lui échappait terriblement, elle sentit dans ses tempes battre son coeur, aucun son ne pouvait sortir d'elle. Il n'y avait que l'économie de petits soupirs difficiles s'échappant de ses narines, et son visage tordu d'étouffées qui laissaient deviner la détresse mortelle dans laquelle elle se trouvait.

Elle sentit alors une semelle se poser sur ses reins. Prenant appui sur son dos, le bourreau qui se tenait derrière elle s'octroyait d'autant plus d'ampleur pour tirer sur les cordés du vêtement. Cette fois l'inspiration était totalement impossible. Elle tenta de se faire entendre mais seul un crissement de son larynx, presqu'inaudible, ne se fraya un chemin dans son corps comprimé. Elle sentit une côte, puis deux, puis trois se briser. Ses yeux virevoltaient en quête d'une solution lorsqu'elle aperçut sous l'oreiller, à l'autre bout de la couche, le manche d'un poignard. La solution était si proche, mais hors de portée. Elle tendit vainement un bras puis elle s'élança de tout son corps en hissant un genou sur la bordière boisée du lit. Dans l'envolée, le corset réorganisa ses organes. Elle attrapa le poignard déchiqueta sa prison et avala une goulée d'air qui mit le feu à son tronc défiguré. Mais au moment de se retourner pour voir qui tentait de l'étouffer, elle s'éveilla en suées froides.

*

Elle dormit bien après le lever du soleil ce jour-ci et s'étonna que personne à Valanne ne vienne la réveiller. Les nuits sans sommeil avaient réclamé leur dû et lorsque la princesse émergea de ses appartements et salle d'eau où elle fit une toilette nécessaire, elle fut étonné de voir Malvo vêtu, et en conversation avec ses acolytes des Impavides. Reposée et lavée, elle avait reprit un peu de ses traits finement distingués.

"Bonjour messieurs." Et puisque les affaires n'attendaient jamais avec elle. "Le Comte Warton nous confie toute son artillerie mais nous n'avons pas d'hommes. Si le Duc Nolmënn et Sieur Marvin coopèrent de leurs troupes, ce sera toujours léger face au Royaume. Quoi qu'il en soit vu les distances, Titus et Krah ne vont pas revenir avant une bonne dizaine de jours, ou plus. Je ne compte pas les attendre oisivement."

Tili quitta la pièce. Il était manifestement toujours si peu prompt à faire confiance à Mélampe qui avait faillit faire ébouler les mines d'Erüne sur sa propre équipe, et elle sentit qu'il lui faudrait régler ce différend pour la santé du groupe. Mais il y avait bien, bien plus urgent. "J'ai une idée qui est risquée mais qui pourrait, si elle fonctionnait, nous assurer la victoire." Elle pesa une dernière fois des yeux le pour et le contre avant de se livrer. "Ma tante paternelle est l'épouse du Roi Holt." Le Roi Holt était le souverain d'un royaume similaire en importance à Anuire mais surtout en alliance militaire avec ce dernier. Obtenir ses troupes équivaudrait à noyer totalement celles de Faramond, mais il était incertain que la soeur d'Aymeric parvienne à convaincre son époux de renier les accords politiques - d'autant que ces accords exigeraient d'Holt qu'il prévienne Ulrich, et par là Benedict, qu'on (et qui) fomentait contre lui. "C'est à double tranchant mais nous manquons de temps je pense qu'il ne faut pas avoir peur de jouer gros. J'espère qu'apprendre à ma tante la vérité sur les circonstances de la mort de Père pourrait la faire basculer en notre faveur."

Les prophéties de Malvo lui ajoutaient une hâte supplémentaire de récupérer le trône pour affronter quelque chose de pire encore que l'armée royale. Avec Byrnes dans la nature et la multiplication des voyages de recrutement, leur nasse de discrétion s'étiolait de jour en jour et si Faramond apprenait quels peuples les soutiennent, il n'aurait aucun mal en l'état à les démunir. Il fallait frapper vite et fort et que, dès le retour de Krah et Titus, l'offensive puisse être organisée et lancée. Le temps jouait contre eux.

"J'ai besoin d'y aller accompagnée parce que quelqu'un va devoir surveiller mes arrières. J'ignore ce que Mère a pu leur dire de moi ou quel est leur positionnement de manière générale, mais de deux choses l'une : soit ils seront déterminés à nous aider, soit ils vont attendre que je ferme les yeux pour me planter en plein coeur." Elle insista une oeillade vers Malvo.


The Anuirean Covenant (feat Jo') - Page 6 16532433The Anuirean Covenant (feat Jo') - Page 6 16532434
"Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir" - Boris Vian
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Houmous
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Malvo
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Malvo hocha de la tête, satisfait de la réponse que lui fit Mélampe. Il lui sembla qu’une forme de confiance s’était établie entre eux, bien loin de leurs premiers contacts. Elle lui parut même faire preuve d’une certaine forme de familiarité taquine et espiègle. Encore groggy par des jours de coma profond, il ne releva pas la chose et la regarda partir de la pièce en lui demandant de prendre du repos. Malheureusement, le sommeil venait à lui manquer et il profita donc de cet instant pour entrainer ses jambes à le porter à nouveau. L’engourdissement qu’elles laissaient transparaitre était rapidement balayé par une tension intense. Il comprit qu’il avait largement perdu en masse musculaire et que cela aurait un poids sur la suite. L’absence de l’un de ses bras déséquilibrait également ses mouvements, à son grand dam. Il eut un léger soupire en voyant le chemin qui l’attendait et, loin d’abandonner, se mit à faire les cent pas avec une ferme intention à chacun d’entre eux.

La cour, plongée dans son silence auroral, réverbéra le sifflement menaçant du fer qu’on tire du fourreau. Avec une lenteur dans l’approche qu’on ne lui connaissait pas à l’accoutumée, il se mit dans une garde adaptée à sa nouvelle physiologie. Le mannequin qui lui faisait face, simple sac de toile monté sur une pique, serait plus que suffisant pour lui permettre de se redécouvrir. Tournant lentement autour de son ennemi, sa nouvelle condition invitait, il remarqua, à plus de prudence et de tactique. En effet, sa force physique, auparavant semblable à une vague tempêtueuse, ne serait plus assez intense pour submerger. Il se jeta dans un premier assaut, dans un silence plus inquiétant que ses prières habituelles, et la lame se ficha dans le bois sans signe de s’en décoller. Improvisant, un coup d’épaule lui parut être le mouvement le plus logique dans cette situation. Son moignon, encore mal remis, lui fit ressentir une certaine douleur au niveau des sutures alors que l’arme quittait son refuge ligneux. Sans rage aucune, il se repositionna et acheva d’une botte son partenaire invisible, lui tranchant les deux jambes dans un grand coup ample.

Avec force, l’arme se ficha dans le sol, permettant ainsi de libérer sa main pour s’essuyer le front. Il serait capable de combattre mais il avait bien remarqué que son bras s’était affaibli. Le maintien de son arme était malaisé et fatiguant, beaucoup plus gauche qu’à deux mains. L’inquiétude montait en lui à l’idée de devoir repartir aussitôt en mission. Les forces vinrent même à lui faire défaut alors qu’il tombait à genoux face à l’arme élevée du sol. Il soupira en prenant le temps de masser ses mollets pour y mobiliser la force de reprendre l’entrainement et remarqua alors les reflets colorés de la lame. Il n’y avait pas prêté attention jusqu’ici mais effectivement, la gloire d’Attano brillait de reflets multiples aux teintes de l’hortensia. La vision du soleil levant dont les rayons pénétraient à même la lame pour en révéler la complexion rappela à son souvenir la discrète fierté des artisans d’Erüne et leur passion pour l’art de la forge. Encore une fois, l’idée de la chance infinie des rencontres qu’il avait vécues éveilla en lui un second souffle. Il se releva avec empressement, et presque une honte d’avoir chuté une fois de plus.

C’est à ce moment là que ses jeunes acolytes choisirent d’arriver sur les lieux de son réveil martial secret. La joie se lisait sur leurs visages, bien évidemment, mais aussi une crainte de voir Malvo trop rapidement solliciter son corps et le remettre à l’œuvre. Ils se précipitèrent à son contact pour l’observer sous toutes ses coutures et guetter le moindre signe de faiblesse pour le forcer à rentrer et se reposer encore un peu.

- Merci pour votre aide, mes jeunes amis, fit-il, d’un ton posé qui dissimulait le souffle qui s’écourtait. La princesse m’a prévenu que vous aviez veillé sur moi pendant tout le temps de ma convalescence. Je dois dire que j’apprécie particulièrement votre geste…

- Cap’taine ! C’normal ! Z’avez veillé sur nous d’puis toujours ! Sans vous, on s’rait dans des fosses à Pontblanc d’toutes manières, justifia l’un.

- Ouais ! Et pis, z’avez toujours été un brave drille avec nous ! Z’avions été mort d’inquiétude qu’vous revindrez pas parmi nous pour qu’on puisse vous l’dire en vrai mais on vous r’mercie, acheva-t-il en s’inclinant avec un semblant de manière anoblie.

- C’est gentil mais c’est moi qui vous remercie, les coupa finalement Malvo avant de s’arrêter sur chacun d’entre eux. Mmh… Je sais comment je vais vous rendre la pareille, mes jeunes amis. Je vais faire de vous de vrais chevaliers. La princesse aura besoin de gardes capables et dignes de confiance, déclara-t-il, l’air d’un sérieux ne permettant le refus.

Il était grand temps qu’il transmette ses connaissances sur la guerre à des gens qui en feraient le meilleur usage. A vrai dire, c’était même une évidence maintenant qu’il prenait le temps d’y penser. Les deux jeunots qui l’avaient suivi sans faillir depuis tant et tant de temps sans jamais rien demander en retour étaient plus que parfaitement qualifiés pour recevoir l’héritage des paladins d’autrefois. Il fantasma de les voir en armure mener la charge de quelque cavalerie et apportant la victoire pour les fidèles sur les prystes, amenant un nouvel âge victorieux. Peu lui importait leurs manières ou le fait qu’ils étaient nés d’une basse classe : la noblesse de leurs âmes n’était plus à prouver. Le sortant de ses considérations, Mélampe sépara le groupe, malgré elle. Une trop grande pureté rendait le cœur de Tili fragile face aux injures de la dure réalité… mais il apprendrait à garder cette bonté et à moduler ses attentes pour pouvoir en tirer le meilleur. Mélampe débuta alors son discours et à l’issue de celui-ci, ce fut au tour de Lodeth de quitter la discussion, s’excusant de ne pas se sentir tout à fait concerné.

- Mélampe, je me dois de te donner mon humble sur ton dessein. Je pense que tu fais erreur en traitant de ce conflit comme une guerre de succession, commença-t-il, avec une honnêteté brute. Tu ne te rends peut-être pas encore compte que nous aurons besoin de tous les hommes en âge de prendre une arme pour faire face aux démons qui approchent et permettre la survie des plus chanceux. Nous ne pouvons pas faire de victimes collatérales dans ce conflit et devons concentrer nos efforts sur la capitale, suggéra-t-il directement. Jamais Faramond ne se doutera que nous viendrons le frapper en plein cœur sans attendre. Il pense encore que Valanne fait de la résistance et pas que tu es en train d’organiser la prise du pouvoir. Je pense que nous connaissons suffisamment de monde que nous pourrions rallier pour permettre une attaque surprise et intestine qui nous évitera de voir de grandes batailles où le sang coulerait par torrents. Avec quelques pièces d’artillerie, des hommes bien entrainés et un réseau de contrebandier, nous pouvons nous introduire dans le palais royal et abattre tes opposants sans même avoir recours à l’aide d’un pouvoir extérieur, estima-t-il finalement, en utilisant la pointe de son épée pour tracer dans le sol un plan de bataille. De plus, le Roi Holt ne sacrifiera certainement pas ses soldats sans avoir quoi que ce soit à y gagner. A sa place, je pense que je refuserais d’ailleurs parce que tu serais plus difficile à entourlouper que Faramond dans les négociations de traités, plaisanta-t-il, un léger sourire aux lèvres, pour clore son propos.



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Mélampe l'écouta achever son plaidoyer tout en sachant déjà qu'elle ne garderait pas une miette. Une décision déjà mûrement réfléchie, mais aussi une pointe d'égo, la campèrent sur ses positions alors qu'elle le témoigna sans le vouloir en croisant ses bras sur sa poitrine. Elle savait néanmoins que Malvo n'était pas mal intentionné, et plutôt logique, mais observa pour elle-même quelle fatigue cela représentait de gouverner - il fallait tout expliquer et justifier, constamment. Elle comprit mieux la fréquence qu'elle jugeait exagérée de réunions soporifiques qu'organisait son père.

"Il s'agit exactement d'une guerre de succession, commença-t-elle. Et si nous la perdons, non seulement il n'y aura personne pour faire face aux créatures du Chaos lorsque le moment sera venu, mais nous n'auront rien et plus même la vie pour réitérer une tentative. Faramond pense déjà bien au-delà de Valanne, peut-être pense-t-il d'ailleurs lui aussi aux monstres souterrain ou aux attaques extérieures : on ne troue pas une défense nationale en dépeuplant l'armée ses comtés par une simple peur de rébellion, même lui, et même pour asseoir une tyrannie. Il s'entoure parce qu'il est terrifié par quelque chose d'ampleur, et sans me vanter, ça peut être des bêtes tout aussi bien que de moi. Avec Byrnes en liberté et bien vivant, nul doute qu'il a déjà été renseigné à mon sujet de toutes façons."

Elle faisait désormais les cent pas, révulsée que les mots ne puissent pas fuser à la vitesse de ses pensées, qu'elle ne puisse juste transposer avec immédiateté l'entièreté de son propos dans la tête de son ami.

"Vous souhaitez entrer en catimini dans le château, affronter à quoi, trente hommes et moi, l'ensemble de la garde ? Admettons que nous y arrivions, que faisons-nous une fois à la salle du trône ? Tuer Faramond d'accord, mais ça ne fait pas de moi la reine derechef, ma mère reste la régente et elle peut désigner qui elle souhaite pour remplacer le Maréchal. Quelqu'un fera monter l'armée pour abattre l'exilée devenue folle de pouvoir qu'ils verront en moi et nous serons faits comme des rats dans un seau."

Puis plus apaisée, et une pointe d'affliction dans la voix.

"Je ne joue pas seulement une victoire, je joue une guerre de légitimité. L'armée Royale que nous affrontons, qui deviendra mon armée, doit voir que je suis compétente et digne pour mener des troupes - leur validation est notre seule chance d'outrepasser les dispositions de Mère. Passer dans les bas-fonds et poignarder un homme posé en toute légalité sur le trône n'est pas à la hauteur d'une future Reine et encore moins d'une Lanasthël." Cela, elle l'avait appris lorsqu'elle s'était jetée au-dessus de la table du conseil dans l'espoir de tuer Benedict. "Si je n'ai pas l'approbation du peuple je ne suis pas plus légitime que le Maréchal à gouverner. Il y aura des victimes c'est certain mais nous n'avons pas le luxe de penser pouvoir gagner en jouant petit et surtout notre victoire doit être franche pour être stable. Si les monstres sortent et que je suis entourée de traîtres en puissance, croyez-moi, nous serons davantage dans l'embarras que si nous manquons simplement de pairs de bras ... sans mauvais jeu de mot." Loin d'être cynique, cette estocade avait vocation à tempérer son opposition rude, ainsi qu'en témoigna la douceur sérieuse de son sourire.

"Quant à Holt, j'en fais mon affaire. Je venais quérir votre protection parce que vous êtes clairvoyant et j'aimerais que ce soit vous plutôt qu'un autre. Si vous n'adhérez pas à ma stratégie je le respecte mais je ne compte pas changer mon fusil d'épaule." Et contemplant l'avenir qui les attendait. "Je serai seule tenue pour responsable de l'issue de toute cette histoire, et j'ai des promesses à honorer coûte que coûte envers nos alliés. Je ne peux pas douter de mes positions et je me refuse à prendre le risque d'échouer complètement sans avoir mis toutes les chances de notre côté, pour cela, les troupes voisines ne seront pas de trop."

Et sa tante avait le droit de savoir que son frère avait été assassiné et comment.

*

Ce matin-là Krah arriva au Havre de Clalle et y fut reçu en qualité de mercenaire. Ce n'est que face à face avec Marvin que le jeune homme déclina sa véritable identité, celle de la princesse pour qui il le visitait, et le projet qu'ils nourrissaient. Il ne manqua pas de parler de leurs alliés avérés et de ceux qui n'allaient pas tarder à les rejoindre, mais le chef était déjà bien renseigné : il avait anticipé les agissements de Faramond et avait profité de ses libertés singulières pour disperser tous ses combattants dans le Royaume. Il était au fait du passage de Malvo et Mélampe à Pontblanc, de leurs victoires à Erüne, et de leur épreuve de force face à Byrnes à Valanne. Ses "murmures" comme il aimait les appeler l'avaient aussi renseigné sur la venue de Krah, les itinéraires de Titus et la réunion de Mélampe et Warton. Il était évident que s'il n'avait pas été rangé de leur côté, Marvin aurait eu de quoi les faire tous arrêter depuis bien longtemps.

"Et sur Byrnes ?
- La dernière fois qu'il a été aperçu c'était aux grèves de Fréçon où il a sauvagement tué les hommes qui l'escortaient. On raconte qu'il a ... changé d'apparence.
- Du genre ?
- Mes murmures ont ordre de ne pas prendre de risques. J'en sais pas plus."


En tous cas, le réseau de Marvin leur serait fort utile à coordonner les différents alliés entre eux.


The Anuirean Covenant (feat Jo') - Page 6 16532433The Anuirean Covenant (feat Jo') - Page 6 16532434
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Ven 22 Juil - 19:21
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Malvo
J'ai 39 ans et je vis en Anuire. Dans la vie, je suis mercenaire des Impavides et je m'en sors de moins en moins bien.

Je suis un rescapé, quelqu'un qui avait de l'importance.


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Musique:
Malvo la laissa parler un long moment sans pouvoir s’empêcher d’esquisser un léger sourire qui allait croissant à mesure qu’elle crachait le fond de sa pensée et que ses sentiments se révélaient peu à peu, comme le vin débordant d’une coupe qu’il aurait agité. Il posa la main sur son arme et la tira d’un coup sec du sol avant de la soulever pour la présenter devant Mélampe. Dans un mouvement solennel, il s’agenouilla devant elle et commença à lui exprimer les choses telles qu’elles étaient.

- Mélampe, je t’ai promis de te mener à la victoire quoi qu’il en soit. Je ne suis ni un régent en devenir, ni un noble en recherche d’une importance politique : j’ai renoncé à tout cela en prononçant mes vœux, il fut un temps. Ma seule préoccupation est de protéger les enfants de la Flamme, et toi en particulier, déclara-t-il simplement en la regardant prendre son arme avec hésitation. Je sais que tu as tes plans en tête et que tu réfléchis énormément à comment parvenir au mieux à tes fins, mais je te conjure de ne pas t’enfermer dans des certitudes… Quoi qu’il en soit, je t’accompagnerai tant que tu auras confiance en moi, non pas parce que le Brasier me l’a montré, mais parce que c’est là mon seul souhait, consentit-il, avec un calme imperturbable.

Peut-être que la relation qu’ils avaient entretenus jusqu’ici s’effritait à mesure qu’ils en venaient à se faire face sur des sujets d’une importance croissante et sur lesquels ils n’étaient pas d’accord. En ce qui le concernait, Malvo considéra au contraire que leurs désaccords les aidaient à mieux se connaitre, se cerner et surtout, s’apprivoiser. Après tout, quel meilleur moyen de savoir qui est la personne face à soi que lorsqu’elle présente ses pensées sans égards pour la réaction de son interlocuteur ? Il avait appris qu’à la guerre et dans les débats, les sentiments étaient souvent violentés pour une bonne cause et cela quelles que soient les intentions. Mélampe, elle, était encore trop jeune pour faire preuve de la même contenance experte, et semblait balancer d’un sentiment à l’autre selon le fil de son argumentaire et les intentions manifestées. Son geste, de donner avec cérémonie la seule chose d’importance qu’il ait encore, symbole même de sa vie et toutes ses peines, visait à lui faire entendre la profondeur de sa détermination à l’aider. Le regard qu’ils échangèrent, alors, sous la lumière du levant, ne nécessita pas de mots.

Les jours qui suivirent furent à nouveau emplis de projets et de préparatifs. Malvo apprivoisa son corps à chaque instant qu’il avait de libre entre deux recherches de manuscrits et de plans permettant de préparer au mieux le voyage. Il prit également le temps, puisqu’il était obligé lui-même de le faire, de revoir les bases du combat à ses deux jeunes acolytes. Contrairement à ce qu’il fit au sein des Impavides, il corrigea sans cesse leurs positions et leurs mouvements, pareil au forgeron qui bat le fer pour en faire ressortir la plus grande dureté. Tili fut le moins doué des deux, plus dodu, et surtout, plus gauche que son frère d’armes. Il avait grandi dans les forêts et aurait eu une plus grande aise à apprendre à manier l’arc et se camoufler comme pouvait le faire Mélampe mais là n’était pas le dessin de Malvo. Pour lui, un véritable guerrier pouvait apprendre le maniement de toutes les armes et se défendre en toutes circonstances. Nul n’était immortel et, même avec la haute bénédiction que les paladins revêtaient sur leur armure, elle n’en était pas moins criblée de failles infimes et nombreuses. Pour lui, il fallait que les deux jeunes hommes deviennent capables de défendre ce qui compterait pour eux, quoi que cela fût.

Chaque fois que Mélampe et lui se croisaient de l’œil, ils savaient. Les épreuves qu’ils avaient traversé jusqu’ici les avait forcé à apprendre à se faire confiance l’un l’autre. Mélampe était une archère de talent et Malvo savait pouvoir compter sur elle pour couvrir ses arrières si le besoin en était. Pour sa part, il savait qu’elle voyait en lui un imposant défenseur derrière lequel elle pourrait toujours se réfugier. Il n’était ni un roc imbrisable, ni un pavois permettant de prendre d’assaut n’importe quel bastion, mais un acharné qui ne permettrait pas, de son vivant, qu’elle soit blessée. Après les événements récents, cela dit, leur estime s’était mue au-delà de leurs compétences martiales vers une forme d’appréciation réciproque. Il était difficile d’exprimer ce sentiment mais il y avait certainement un peu de fierté d’avancer ensemble, d’empathie au sort, discret, de l’autre et, oserait-on le dire ? d’amitié franche et sincère.

Vint finalement le jour du départ. Comme nombre de leurs ancêtres, il leur faudrait traverser les chaines de montagnes du Colosse pour atteindre le royaume Brévian du Roi Holt, dans les hautes terres. L’amitié entre les deux patries rendrait à priori le voyage aisé mais cela n’empêcha pas les deux intrépides de porter à leur côté armes et onguents en tous genre. On leur confia deux chevaux, des demi-sang aulnais, aux épaisses fourrures et puissante stature. Ces canassons n’étaient guère plus adaptés à un autre exercice que celui de traverser des paysages abrupts comme ceux qui les séparaient de leur destination. Malvo avait pris le temps de se renseigner sur le sujet des monstres qu’ils seraient amenés à rencontrer en chemin et il fallait avouer que la saison semblait bonne. Les traitres de montagne, ces dangereuses créatures se terrant dans les neiges des corniches pour précipiter leurs victimes n’étaient plus si nombreuses qu’il y avait quelques années de cela. Apparemment, les seigneurs les plus proches des chemins de traverse avaient mis en place primes et refuges pour les braves qui acceptaient de les affronter dans leurs antres glaciales. Le meilleur était encore à venir...



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Mélampe Hildegarde Gertrud
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J'ai 24 ans et je vis où je peux, dans l'Anuire. Dans la vie, je suis fille aînée d'Aymeric Mosse Gawen de Lanasthël, Roi d'Anuire décédé d'une crise cardiaque et je m'en sors bannie du Royaume puisque j'ai convoité le trône.

Valla (Diablo) (c) Kyrie

"Tu ne dors pas ?"

Elle accompagnait son père en campagne pour la première fois et ce malgré l'entorse protocolaire dont il s'agissait. Il l'entendait se tourner et se retourner dans sa couche, agacé des bruits de froissements nerveux du coton qu'il entendait par-dessus les sons de la faune qu'il ignorait par habitude. Prise sur le fait, elle s'immobilisa, ce qui ne confirma que mieux l'hypothèse du Roi.

"Si tu as de l'énergie pour tortiller, tu en as pour travailler.
- Navrée de vous importuner,
chuchota-t-elle alors que lui-même sermonnait à haute voix, j'étais un peu inquiète pour l'assaut de demain.
- Lève-toi."


Il l'amena aux archers et congédia le plus âgé d'entre eux à aller dormir.

"Tu sais tirer, tu sais donc tailler des flèches, observa Aymeric. Messieurs, ne la ménagez pas." Puis vers elle, à l'écart. "Je veux que tu travailles jusqu'à ce que tu t'endormes sur ton ouvrage."

Et il l'abandonna au poste de celui qui était parti se reposer, d'un air qui ne tolérait pas de protestations. L'épisode lui avait conféré un sommeil de pierre.

*

Malvo était probablement le premier à être engagé auprès de Mélampe pour Mélampe. Il n'était pas auprès d'elle parce qu'elle était la fille du Roi, il lui donnait sa confiance sans qu'elle n'ait à se montrer digne d'elle au préalable, il respectait sa position délicate au sein du groupe et l'embrassait sans égo. Mais il était aussi sans détour et elle savait qu'il détenait une illumination dont les gens de pouvoir, asservis aux affres humains, étaient privés. Elle intégrait grâce à lui que l'apprentissage n'avait pas besoin d'être rude et didactique, qu'il pouvait se faire dans la coopération et l'écoute mutuelle dont le paladin avait fait exemple. L'homme qui la menaçait aux marais était fort loin et s'offrait à elle aujourd'hui la patience d'un être en accalmie.

Comme d'une injustice sanglante, alors même que Malvo réapprenait à se battre suite aux plaies infligées par la bête, Arthur avait succombé aux siennes. Sa mère lui offrit une cérémonie sobre à laquelle ils assistèrent tous, y compris les gens de la lie en les personnes de Tili et Lodeth, et Vergile y resta digne. Seules trahissaient ses mains tendues sur le pommeau de l'épée du jeune homme qu'elle les déposa sur le cercueil avant l'immolation traditionnelle. Ce fut un nouvel ouragan d'auto-flagellation pour Mélampe qui avait manqué à une flèche près de venger ce garçon qu'elle avait connu de loin, mais qu'elle savait pour l'estime que lui portait son père être un homme de bien. Le départ vers Brévian n'en fut que plus motivé.

*

Les trois premiers jours de monte n'étaient pas encore trop frais : les routes serpentines entre les roches n'atteignaient pas de hauteurs pour l'instant et hormis un vent frais que les arbres n'étaient plus là pour arrêter, le temps était clément. La conversation s'habillait de la même légèreté, entre bavardages et trivialités du voyage (sur leur menu et tours de garde nocturnes en particulier).

"Qu'est-ce qui vous a fait entrer dans l'Ordre du Feu Eternel ? demanda-t-elle les yeux égaré en contrebas des reliefs. Vous étiez déjà très pieux ou vous avez fait ça plutôt qu'autre chose ?"

Quoiqu'il ne fût pas rare que des garçons égarés dérivent vers l'Ordre faute de mieux, brigands de bons fonds ou difficiles à marier, il était plus étonnant que ce type de recrues aille plus loin que petits fidèles attelés à l'entretien des établissements religieux. La pierre devait régulièrement être récurée, les potagers entretenus et les boiseries huilées, aussi, il n'était pas absolument nécessaire de vouer sa vie à la Flamme pour la passer effectivement à lui cirer, non pas les pompes, mais les autels. S'il était manifeste que la foi vibrait en tout acte et parole de Malvo aujourd'hui, puisqu'il avait été père de famille contrairement aux prérequis de l'Ordre, elle s'imaginait qu'il n'en n'avait peut-être pas toujours été ainsi.

Mélampe était une mauvaise croyante. Elle connaissait mal les textes et prophéties, faisait rarement confiance au destin, priait si peu qu'elle avait oublié toutes les incantations qu'on lui avait apprises. Il y avait peu de place dans son éducation pour la foi si bien que dans sa vie d'adulte, elle adressait peu ses pensées à l'au-delà. La Flamme ne lui apparaissait jamais comme une solution, une conseillère ou une créatrice : elle savait que le feu brûle et était peu sûre de faire la part des choses. Nonobstant, elle n'en n'était pas moins superstitieuse, et c'était là un vice qu'elle héritait de sa mère. Elle voyait volontiers dans les événements n'importe quel élément qui pourrait la conforter dans ses a priori, la recrudescence des monstres comme l'indice que Faramond n'était pas à sa place par exemple.

Malgré cette mauvaise foi, elle avait beau se concentrer sur son environnement, elle ne voyait son père nulle part. Aucun signe d'un conseil ou de sa veille. Il n'y avait que le néant de son départ. La fille de Malvo semblait au moins lui rendre visite lorsqu'il fermait les yeux sur son souvenir, mais Mélampe était totalement imperméable à son mort. Elle se demanda à quoi pouvait ressembler la femme et l'enfant de son acolyte. Le Roi, tout le monde connaissait sa tête, qui était sur les pièces. Tout le monde croyait le connaître un peu, le peuple entier se vantait de s'endeuiller, certains aristocrates assistant à la crémation officielle s'étaient laissés aller à pleurer. La mort du Roi appartenait à tout le monde, ça la rendait folle. Malvo, lui, avait le luxe de garder jalousement son deuil. Il n'en guérissait peut-être pas mieux - sûrement pas. Mais il n'avait pas à s'en disputer un morceau, au moins.


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Comme le temps était bon et que la route était encore longue, Malvo décida qu’il serait probablement bon de s’ouvrir à Mélampe. Elle semblait curieuse à son sujet de comprendre qui il était dans le fond. De plus, il avait le sentiment de pouvoir lui faire confiance pour garder ses révélations pour elle.

- Je n’ai pas vraiment choisi de rentrer dans les Ordres, commença-t-il. Le petit garçon que j’étais y a été envoyé par sa famille et j’y ai appris à devenir l’homme que je suis désormais. J’étais trop jeune pour réfléchir par moi-même et si on avait voulu me faire avaler l’existence d’un autre Dieu, cela n’aurait fait aucune différence.

Il contempla les paysages et tenta d’y raccrocher les éléments de son récit pour parvenir à ne pas en perdre le fil. Tous les événements précédents sa rencontre avec sa femme s’étaient mues en une brume épaisse et peu compréhensible avec le temps. Les moments qu’il avait passé en sa compagnie, les plus heureux de toute sa vie, étaient d’une lumière si éblouissante que le reste s’en voyait effacé. Il eut un léger soupir en se grattant la tête.

- Parfois j’y pense, mais je ne me rappelle pas très bien de ma famille. J’ai réellement grandi entouré par des prêtres, comme un orphelin. L’Eglise était tout pour moi sans qu’elle n’ait un véritable sens à mes yeux. Les sermons ne portaient pas grand-chose de plus pour moi que des mots jusqu’à ce que je vive quelque chose qui a changé ma vie, acheva-t-il, un regret écrasant s’abattant sur lui.

A mesure qu’il en disait plus, il était un peu plus perdu et un peu moins capable d’y voir clair. Il était depuis longtemps déjà noyé dans la somme de ses expériences sans parvenir à leur offrir du sens. C’était ce qui l’avait écarté de sa foi un temps. Il avait cru qu’il trouverait toujours les réponses tant qu’il priait avec ardeur et certitude. Les événements lui avaient donné tort, lui prouvant que rien de ce qui était périssable n’était sacré et inviolable. La beauté, la première, était foulée au pied par les hommes de peu de vertu, au grand dam des justes.

- J’ai rencontré… un être divin sous forme humaine, fit-il, un sourire mélancolique et éclatant sur le visage, observant un lointain sommet. Elle s’appelait Elena, c’était la plus belle chose qu’il m’ait été donné de voir. Nous nous aimions follement, bien que cela me soit interdit, et je bravais mes obligations en ayant un enfant avec cette femme. Ma foi a commencé à diverger des canons lorsque je connus les bonheurs de la vie d’un homme, tenant dans mes bras ma petite Lanaël. Malgré tout, j’étais un dignitaire, même parmi les paladins, et ma parole avait de l’importance pour beaucoup. J’ai plusieurs fois entendu que je deviendrai le nouveau héraut de la Flamme… ajouta-t-il avec un air plus grave, toujours sans cesser de se perdre dans son histoire.

A bien y réfléchir, il était partagé entre des idées contraires. A la fois, la douleur insoutenable et écrasante le lardait en permanence d’avoir survécu à ses proches et de s’être à nouveau trouvé seul mais d’un autre, il avait une joie réelle à repenser à ces douces journées passées sur le perron de sa maisonnée. Le bruit des arbres qui remuaient lentement, au rythme des quatre vents, se perdait dans les rires de sa fille. La douce odeur de la nourriture que préparait sa femme à partir de quelque animal chassé dans la journée et les étoiles comme seuls juges de ses errements. Se replonger dans cette vision lui apportait une sérénité surprenante bien que chargée d’une amertume certaine.

- Cette vie ne m’était pas destinée et on me l’arracha. Je suis tout ce qu’il reste de cette époque, déclara-t-il avant de se rappeler de son bras manquant dans un rire amer mais amusé. Enfin, je suis même un peu moins encore désormais. Je m’étais juré de me venger de ceux qui ont causé ma douleur mais désormais, ça n’a plus d’importance, ajouta-t-il, comme pour conclure son récit dans les grandes lignes avant de lui poser sa lourde main sur l’épaule, ne la laissant reposer que le temps qu’elle ressente ce qu’il voulait lui dire par là. Tu dois me trouver pathétique, à m’être laissé tant aller depuis que nous nous sommes rencontrés…

Un long soupir le prit, dans lequel il vit son souffle se glacer. Depuis qu’il était sorti de son sommeil, la chose lui était apparue comme une évidence : Mélampe ressemblait beaucoup à l’idée qu’il devait se faire de sa fille une fois devenue une jeune femme. Cela expliquait ses réactions partiales envers depuis leur rencontre. L’importance de cette réalisation n’en était pas plus grande pour autant. Il avait la joie d’avoir trouvé un prolongement à son histoire. S’il mourait pour elle, il savait qu’il n’aurait pas de regrets car il aurait le sentiment de l’avoir fait pour sa fille. De plus, il savait qu’elles l’attendaient dans le Brasier pour se joindre à la grande danse qu’il avait pu observer alors la peur l’avait quitté.

- Peu importe : finalement, ce qui est fait est fait. Les regrets ne concernent que les vivants, les morts n’en ont cure !

Peu après, il décida de prendre une pause pour se restaurer. Ses émotions lui avaient creusé le ventre et il avait à cœur de changer de sujet. Bien qu’elle se soit tue tout du long, il avait du mal à se figurer ce qu’elle pouvait bien penser de lui et de sa vie. Si elle le rejetait dans ses derniers instants, il savait que cela le blesserait et il ne voulait pas se montrer écrasant en lui offrant de partager son fardeau.



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Mélampe Hildegarde Gertrud
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J'ai 24 ans et je vis où je peux, dans l'Anuire. Dans la vie, je suis fille aînée d'Aymeric Mosse Gawen de Lanasthël, Roi d'Anuire décédé d'une crise cardiaque et je m'en sors bannie du Royaume puisque j'ai convoité le trône.
(c) Wlop

Les chevaux se repaissaient des maigres touffes d'herbe courant le long de la petite rigole auprès de laquelle Mélampe et Malvo s'étaient arrêtés pour manger. Leur robe suintait de la condensation frappée entre la chaleur de leurs muscles et le froid des montagnes ; l'eau ne traversait pas l'imperméabilité de leur sous-poil et demeurait à leur surface, trempant les mollets par endroits de leurs cavaliers. Mélampe s'était tue pour offrir à Malvo l'occasion de lui parler désormais qu'il était plus assagi. Quoiqu'elle était assez prompte au jugement, elle ne l'avait pas trouvé pathétique comme il semblait le croire. En fait, elle l'avait trouvé dangereux, violent, imprudent, impulsif et secret - "pénible" serait éventuellement le meilleur terme. Mais elle avait toujours pu lui faire confiance pour sa propre vie et en cela, il n'avait rien de pathétique.

Aucun feu ne démarrerait dans le bois humide des monts et plateaux, et ils décidèrent de garder leurs branches amenées de Valanne et fermement emballées pour les nuit glacées des hauteurs. Le repas serait donc froid lui aussi, quelques fromages à pâte dure et miche de pain tailladés irrégulièrement par leurs couteaux de poche, noix et noisettes dont les chocards feraient un festin après leur départ, et une chaste rasade d'eau des cours clairs qui taillent la pierre. L'heure était à un peu plus de légèreté et le soleil de la mi-journée, quoique pris dans le pergélisol plus haut, était clément.

"J'ai faillis être mariée plusieurs fois, énonça-t-elle distraitement, comme pour rester sur le thème conjugal que Malvo avait introduit. Ce ne sont pas toutes les princesses qui savent lire un plan de guerre alors j'avais des prétendants, sans parler de l'alliance précieuse que ça conférait avec Anuire." Elle finissait sa bouche avant de poursuivre. "Mais épouser quelqu'un signifiait perdre mon trône : j'aurais vécu sur les terres de mon mari alors et j'aurais été une Reine de bas étage parmi les autres - du genre qui salue du plat de la main. Moi je veux être du genre qui gouverne, donc ..." Elle tailla un morceau de brie. "Pour éviter l'incident diplomatique d'un refus, je faisais des paris avec les Princes. S'ils revenaient de chasse avec un plus beau trophée que moi, j'accédais à leur requête." Et gloussant candidement, le coeur bombé de fierté. "Je pense que la moitié de ma salle de chasse est constituée de leurs égos en miette."

Elle se leva pour remplir sa gourde au fleuve. "Chez nous il n'y a pas d'union d'amour ou d'enfants attendus. On s'épouse parce qu'il faut, on fait des héritiers, et au mieux on se tolère. Au pire ..." Elle s'arrêta. Au pire quoi ? On s'entiche d'un Maréchal et on empoisonne son mari ?

Spoiler:

Elle n'eut pas à achever sa phrase puisque de l'autre côté du cours d'eau lui sembla voir se mouvoir une silhouette qui l'interrompit. Qu'étais-ce ? Elle avait un mauvais pressentiment - un air enfoui prédateur, bipède surtout, qui s'était évanoui dans la végétation au moment même où ses yeux l'avaient croisé. Rien de comparable à ce qu'elle avait eu l'habitude de voir dans la faune, si bien dans le gabarit que dans le comportement.

C'était en réalité comme si quelqu'un les observait secrètement - mais dans les sentiers dégagés et surélevés qu'ils avaient parcouru jusque là, ils n'auraient pas pu le louper, alors quoi ? Soit cette chose les y avait suivis et s'était perchée plus haut dans les reliefs pour le faire (et alors, quel athlétisme !), soit elle venait de leurs tomber dessus. Dans tous les cas, elle était à l'aise dans ce biome, pas comme un humain le serait. Mélampe marqua un temps d'arrêt tendu pour discerner un nouveau mouvement ou un moyen d'identifier ce dont il s'agissait. Plus rien. Disparu comme une vision.

Les chevaux quant à eux étaient calme, alors elle n'en fit pas non plus une affaire et décida de ne pas alerter Malvo. Elle tâtonna entre se faire confiance et se figurer qu'elle avait dû rêver, et opta pour la vigilance. Elle se sentait logiquement pressée d'atteindre un bout de civilisation, pressentant que quoi que ce soit, si cette chose les traquait en effet, elle avait largement l'avantage en milieu sauvage.

"On devrait se remettre en route pour espérer atteindre le premier relais avant que la nuit ne tombe." Elle faisait allusion à ces baraquements aménagés par les Sieurs environnants pour les voyageurs, coursiers et aventuriers. Ces espaces clos limitaient le nombre de points faibles en cas d'attaque, ils étaient aussi bien lumineux, et en surplomb. Elle renfila le mord à sa monture et ajusta la lanière de la selle pour qu'elle ne la trahisse pas s'il lui faudrait galoper.

*

Le silence agréable de la contemplation du paysage se teinta d'un mutisme inquiet. Mélampe tendait son être aux bruits alentours, égarant son regard parfois dans les hauteurs, mais ils avaient dépassé les vallées nues et sinuaient désormais au-delà de pins émeraude - ceux-là même parmi lesquels ils avaient déjeuné plus tôt. Le climat général était lui aussi devenu plus abrupt, le froid s'installant puissamment dans chaque interstice de la montagne pour mieux mordre les yeux et les phalanges. La surveillance en était d'autant plus compliquée, mais après quelques heures de monte sans aucun signe de la menace et le vent des hauteurs les chahutant en s'engouffrant dans les crevasses, l'attention de l'héritière s'était émoussée. Elle devait avoir imaginé l'ombre, ou confondue pour celle sans effet d'un chevreuil.

*

Ils arrivèrent le soir au premier point de repos du trajet. Des bourrasques tonnaient fort mais n'emportaient pas de neige avec elles, et le froid sec permettait de contempler le ciel sans ennuis. La nuée violine du soleil couchant enveloppait Malvo et Mélampe de ses lavandes, dardant d'orangé derrière un pic qui barrait la vue de l'astre en lui-même. Les nuages en traînées dégradées désépaississaient en s'étalant, fines lignes de coton bouloché qui laissaient songeur. La princesse n'avait pas recroisé sa menace mais ne se détachait pas de sa vulnérabilité.

A l'intérieur du chalet construit pour les courageux, un brasero en terre cuite attendait qu'on l'allume pour vomir ses fumées par un trou d'air dans le toit. Trois couchages avec leurs couvertures de peaux encadraient l'espace restreint et dans un recoin patientaient une grille et une casserole de fer de mauvaise facture - très usée par ailleurs, et calcinée par endroits. Une grange solide et sobre offrait un abri aux animaux, sans foin toutefois, qui moisit dans l'humidité.

L'heure était aux douleurs de monte - courbatures dans les reins, point chaud sur toute l'assise, et contractures dans l'échine constamment crispée par le froid. Le feu allumé dans son socle offrait un peu de souplesse aux corps et aux âmes et le fumet de la préparation du soir inspirait la chaleur d'un chez-soi. Quelques navets et pommes de terre frémissaient dans de l'eau avec un lièvre dépecé qu'ils s'étaient trimballé à la ceinture, si exposé à la rudesse des températures qu'il avait la fraîcheur de sa mise à mort. Le bouillon exhalait une odeur d'amidon et de chair molle, pas de quoi crier à la gastronomie, mais c'était là tout ce qu'il leur fallait pour se revigorer de la route de l'après-midi. L'engourdissement des extrémités allait avec celui de l'esprit et ils ne se remirent à parler qu'une fois réunis devant les vapes de leur préparation.

"Je prends le premier tour de guet ce soir, annonça Mélampe."

Elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait parvenir à s'endormir tant qu'elle ne serait pas assurée que, la nuit noire tombée, la chose ne réapparaîtrait pas. Elle ne voulait pas non plus exposer Malvo à un risque potentiel dont elle ne l'aurait pas prévenu - et dont elle avait évacué le sujet chaque fois qu'il lui demandait pourquoi elle s'agitait. Elle se refusait à l'angoisser pour quelque vision de la fatigue et un pressentiment, son père lui avait assez répété de ne pas céder à ses émotions, et de ne communiquer et agir que par la raison.


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Je suis un protecteur qui trouve du sens.


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Malvo fut surpris d’apprendre que la convoitise du trône par Mélampe remontait à bien plus loin que son expulsion du palais royal. La couronne lui avait déjà susurré de prendre le pouvoir sur elle. En d’autres termes, elle était peut-être déjà depuis longtemps sous son influence. De ce qu’il avait constaté et compris, les couronnes rendaient les hommes fous en se nourrissant de leurs peurs et de leurs ambitions. Elle demandait et les Rois, devant elle seule, ployaient le genou avec enthousiasme. En serait-il ainsi pour elle également ? Porter le fardeau du pouvoir avilirait-il aussi la femme ?

L’ambiance dans les montagnes était propice à la paranoïa et la plus grande inquiétude. Le son s’y réverbérait d’une étrange manière. Tantôt, il résonnait longtemps et dans le lointain, tantôt il s’absorbait dans la neige pour disparaitre aussitôt. Être seuls dans cet environnement allait probablement les atteindre d’une manière ou d’une autre. Cependant, il fallait toujours se rappeler que l’Ombre s’étendait quand les justes manquaient de vigilance. Aussi, quand Mélampe s’interrompit dans son illustration d’une élite dévoyée, il resta calme et se mit à balayer les alentours pour essayer de voir de ses propres yeux ce qui lui posait soucis, en vain. Il lui laissa prendre le temps qu’il lui fallait avant de se détendre à nouveau. Si elle avait eu la preuve manifeste qu’un ennemi les guettait, elle l’aurait probablement dit. Lorsqu’il l’interrogea, à plusieurs reprises, elle nia l’évidence que tout dans son comportement trahissait. Au lieu de s’expliquer, elle plia le camp rapidement et enfourcha sa monture bien avant que Malvo n’ait eu le temps de ranger ses affaires.

Il sentait la peur en elle, pas une simple frayeur que le combat surgisse sans prévenir mais une vraie terreur. Son angoisse l’avait poussée à forcer le pas plus que de raison, jusqu’à ce que son cheval ne ralentisse de lui-même. Elle se rassurait autant qu’elle le pouvait mais malheureusement, elle était la seule à détenir sa vision. Malvo aurait pu la raisonner ou, du moins, offrir des solutions si elle s’était ouverte à lui. Elle en semblait incapable maintenant tant elle se concentrait sur la surveillance. Il fit de son mieux pour ne pas la rejoindre dans sa paranoïa et se contenta d’observer la route qu’ils empruntaient, se figurant qu’il fallait bien que quelqu’un vérifie leur itinéraire. Régulièrement, des marques sur le chemin indiquaient qu’un refuge s’y trouverait sous peu.

Malgré ces indications, le chemin n’en finissait plus de s’achever. Les chevaux étaient adaptés à ce genre d’environnements mais probablement pas à un exercice aussi intense et prolongé. Malvo voulait proposer de poser le camp depuis quelques temps. En effet, le ciel commençait à décliner et il n’aurait pas été sérieux de planter le camp en dernière minute. Alors qu’il ouvrait la bouche pour commencer à le proposer, au-delà d’une colline enneigée, un refuge de pierre sombre se dévoila. Il se retint alors et garda son calme, faisant un commentaire de piètre importance à Mélampe auquel elle ne répondit.

Le froid avait mordu largement dans les chairs de Malvo. En particulier, ce qui avait été son bras souffrait d’une violente douleur brûlante, il s’en rendit compte en s’abritant du souffle givré. Aussitôt que possible, ils démarrèrent un feu avec un peu du bois laissé ici pour les braves. Jamais un simple ragoût n’avait été aussi réconfortant, songeaient-ils certainement en se resservant jusqu’à la dernière goûte. A l’annonce sur les tours de garde, Malvo haussa des épaules en objectant qu’il prendrait tout de même un peu de temps avec elle avant de se reposer. Ils passèrent de longs instants sans savoir quoi se dire, tout vidés mentalement qu’ils étaient. Malvo consentit finalement à s’allonger avec son arme à portée de main, et le repos vint rapidement.

- Mélampe, fit-il dans un dernier demi-sourire rassurant et endormi. Réveille-moi si tu sens le sommeil venir...

Il y eut un cri et un grondement. Il n’y avait pas longtemps qu’il s’était assoupi. La chaleur s’était employée tout ce temps à s’engouffrer en lui. La détente était réellement bienvenue après l’ascension rude des derniers sommets qu’ils avaient passés. Un œil s’ouvrit puis le suivant, dans un voilé impromptu. La paix avait quitté les lieux et bientôt lui aussi. De toutes parts, la neige et ses manifestations brisaient le refuge de part en part. Il y avait eu un cri, puis un grondement, et c’était tout ce qui le séparait du repos.



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Houmous
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HOUMOUS
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J'ai 16 hivers et je suis de la tribu Palan-Palan. Dans la vie, je suis la plus jeune Mana.


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- Lok ! Lok ! Loook !!

Musique:

La fureur de Mana-Aloun, le grand esprit blanc, se levait de son sommeil. Ses mains surgissaient alors qu’il se sortait de sa demeure du pic endormi. Les hak avaient pénétrés jusque dans les montagnes sacrées, menaçant la tribu Palan-Palan. Les antiques interdits avaient été bafoués et elle devait donc y réagir. Avec les chants rituels et les incantations, dont les autres Mana lui avaient accordé la connaissance millénaire, Nalin chuchotaient des requêtes aux esprits du vent. Ces derniers les portaient promptement, les criant à tue-tête, dans les creux des vaux et des crevasses, jusqu’au pic de l’Aloun.

Bientôt le paroxysme arriva et d’un large geste, le Dieu balaya les impies. Face à l’écrasante domination, elle tomba en prière, à genoux dans la neige. Les grondements terribles lui rappelaient la rumeur des hivers précédents, alors que la tribu ne vivait pas dans ses nouvelles terres sacrées. Elle promit les plus précieuses des offrandes, celles d’élan, d’airelles et d’orichalque que le maitre des montagnes appréciait tant. Et alors, le calme revint, ne laissant derrière le champ de bataille qu’une pente enneigée et pacifiée. Les esprits du vent la parcouraient sans obstacles et en chantaient naturellement leur joie.

Comme le voulait la tradition, elle approcha de la catastrophe pour constater de ses propres yeux la force du grand esprit. Elle parcourut quelques vaux sur sa planche jusqu’à arriver en vue d’une forme sombre dépassant légèrement de la poudre nacrée. Elle s’en approcha et la saisit pour tenter de la tirer, sans résultat. Elle se baissa donc et commença à sonder la couche de glace qui durcissait. Elle n’avait jamais vu un hak de près et doutait qu’ils usent d’objets sacrés comme l’arc. Elle déterra donc la chose et la plaçait soigneusement dans sa planche pour la tirer jusqu’à la tribu et tirer les choses au clair là-bas.

Au village, tous avaient ressenti le cri fugace de l’Aloun et l’inquiétude avait gagné les plus jeunes et les anciens. Les Palan-Palan n’étaient pas un peuple guerrier, aussi l’usage des chants n’était pas forcément bien vu venant d’une Mana. Elle prit le temps de rassurer et de raconter les événements. Il fut finalement décidé de mettre la hak suspecte dans le temple pour pouvoir l’interroger et l’examiner une fois qu’elle aurait dégivré et séché. Plusieurs hommes du village débarrassaient Nalin de cette tâche.

Quelques temps plus tard, elle rejoint le temple et s’assit à côté du feu pour observer la grande gravure sacrée. Elle avait enfin vu pleinement un éveil et s’en sentait plus forte. Elle perçait un peu plus des secrets des Mana, et fit pénitence de ne pas avoir protégé les pics saints plus tôt, avant l’intrusion. Elle fit donc le sacrifice de son sang, dans une coupelle de bois en plus des offrandes promises. Léchant la plaie, elle sursauta en voyant le regard éveillé de la hak.


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