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LE TEMPS D'UN RP

car j'appartiens aux forêts et à la solitude (abel)

Lojzo
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Univers fétiche : fantasy, science-fi, réel.
Préférence de jeu : Les deux
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Lojzo
Sam 7 Avr - 0:02

Abel Sinclair
J'ai 36 ans et je vis dans une cabane au bord du lac Baïkal, en pleine Sibérie russe. Dans la vie, je suis ? et je m'en sors ?. Sinon, grâce à mon caractère de merde, je suis seul et je le vis plutôt mal.

A longtemps vécu en ville ⊰ a 2 petits frères, Caleb et Neven ⊰ sa famille a implosé suite à un évènement malheureux qui le poursuit encore ⊰ il semblerait qu’il y ait un jour eu une femme dans sa vie ⊰ a une forte propension assez peu constructive à la culpabilité et au manichéisme


charlie hunnam © Morrigan
Les vers du poème résonnent dans son esprit bien longtemps après avoir fini de les lire. Lui qui n’a pas toujours partagé son amour pour la poésie commence doucement à comprendre à quel point elle pouvait être passionnée. Les mots mettent du sens et touchent un point précis de son coeur, parfois. D’autres fois, c’est juste du vent qui le balaient sans qu’il n’arrive à toucher du doigt ce que cela traduit. Pourtant les mots dégagent d’une force qui le déconcentre et quand il voit l’oiseau bouger il perd tout ce qu’il avait pu comprendre. Il refuse d’être quelqu’un d’autre que lui-même et son caractère pourri, il l’assume. Enfin, ça n’a pas toujours été comme cela.



Ses souvenirs le ramènent trois ans en arrière et il vit la porte se claquer une fois de plus devant ses yeux. La dispute était complètement débile, sûrement qu’il l’avait poussée à bout en restant campé sur ses positions, sans même écouter ce qu’elle avait à dire et Abel l’avait perdue une fois de plus cette nuit-là. Il ne lui donnait jamais son coeur en entier, il avait sûrement trop peur de souffrir à nouveau et d’être brisé, alors dès qu’il se sentait s’attacher, il la faisait fuir, verbalement souvent. En lui reprochant tout un tas de connerie, parce qu’il était incapable d’admettre qu’ils pouvaient être heureux.

Etonnamment calme, Abel commence à ressentir les bien fait de l’isolement, dans cette nature tranquille, profonde, pure et silencieuse, il n’y a rien pour animer la colère. L’étincelle de violence qui peut naître s’éteint bien vite sans brasier ardent pour l’alimenter. Et là, au lieu d’en vouloir au monde entier et de casser une assiette ou d’hurler des obscénités, il va délicatement amener des miettes de pain à l’oiseau. Le temps a une autre saveur ici et doucement le jeune trentenaire commence à l’apprécier. Il lui a fallu beaucoup de temps pour le reconnaître, mais la violence qui l’habitait depuis quelques années ne lui a pas apporté du bien. Il s’est renfermé sur lui-même, croyant se suffire, d’ailleurs cette expérience ici est bien la preuve qu’il n’a besoin de personne.

En admettant cette pensée, il se rend compte à quel point il se ment. Il est bien ici, loin de l’agitation, loin de la mondialisation, loin des autres, mais il lui manque quelque chose que rien ne pourra combler. Il lui manque cette découverte à partager. Alors il repense à ce film, à ce Christopher McCandless qui quitte tout pour finir par avouer que le bonheur est fait pour être partager. Cette phrase il la connaît, il l’a entendue des millions de fois, surtout quand il a pris ses valises pour se barrer dans la Taïga, mais rien n’y faisait, tant qu’il ne l’avait pas vécu il ne pouvait comprendre. Et aujourd’hui seulement, après trois mois passés ici, il commence à entrevoir la possibilité d’être accompagné.

Seulement une nouvelle question se pose, qui ? Des images, des visages, féminins, masculins, familiaux, proches, éloignés, tous types de personnes font leur apparition dans son esprit, mais il n’arrive à se focaliser sur un seul. Il repousse cette question à plus tard et sort dans la fin d’après-midi.

Sa lampe torche au front, il marche au travers de la neige qui s’enfonce jusqu’à ses genoux, il a choisit exprès de prendre un chemin plus long qu’il n’a jamais pratiqué pour se concentrer sur sa marche plutôt que sur ses pensées qui le hantent. Il marche d’un pas énergique, se fatiguant à chaque foulée, mais il a un but en tête : aller sortir et retendre ses filets avant de rentrer boire de la vodka. Cette habitude russe a été vite prise tout de même, il comprend mieux pourquoi ils en boivent autant de cette saleté si agréable. Il se concentre sur le blanc de la neige et apprécie la douce lueur qui s’échappe du soleil couchant. Il espère rentrer avant la nuit, mais au pire, il verrait le soleil se coucher et ce serait absolument magnifique. Ce paysage blanc qui devient rose grâce aux reflets du soleil, ce lac gelé qui réfléchi en faible lueur la puissance de l’astre solaire.

Le ciel s’assombrit quand il arrive à ses filets, c’est une piège à poisson redoutablement efficace, mais qu’il fallait surveiller régulièrement avant que d’autres animaux viennent se servir. Une fois les filets abîmés, c’était bien trop de travail de les réparer. Quelques minutes plus tard, le voilà en route dans l’autre sens, pour regagner sa cabane. Le soleil se couche sur sa gauche, un peu trop dans son dos pour qu’il le voit directement et les ombres s’allongent. Cette fois-ci, il prend le chemin habituel, marchant dans les traces de pas qu’il a laissé au fur et à mesure de ses allées et venues dans la neige qui commencent à s’écraser et durcir sous ses pas.

De retour sur sa chaise, il regarde l’oiseau frigorifié qui semble reprendre vie, ses yeux bougent dans tous les sens et un mince sourire s’étire sur les lèvres d’Abel. Il est sûrement capable de faire quelque chose en fin de compte.
June
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Lune
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June
Jeu 7 Avr - 15:51

Abel Sinclair
J'ai 36 ans et je vis dans une cabane au bord du lac Baïkal, en pleine Sibérie russe. Dans la vie, je suis ? et je m'en sors ?. Sinon, grâce à mon caractère de merde, je suis seul et je le vis plutôt mal.

A longtemps vécu en ville ⊰ a 2 petits frères, Caleb et Neven ⊰ sa famille a implosé suite à un évènement malheureux qui le poursuit encore, mais dont il ne semble pas parvenir à se souvenir ⊰ était avec une femme, Adeline, qu’il aimait vraiment mais à qui il n’arrivait pas à s’ouvrir ⊰ ils ont enchaîné les disputes jusqu’au jour où Abel est parti par lâcheté ⊰ a une forte propension assez peu constructive à la culpabilité et au manichéisme


charlie hunnam (c) Edana

    11 avril
    Deux mois aujourd’hui. Le printemps se fait attendre.
    Allé au ravitaillement dans la bourgade la plus proche. Refait le plein de vodka.
    La mésange semble presque totalement remise. Je devrais pouvoir la relâcher demain.

    17 avril
    Dernière tempête de la saison.
    Les températures ont de nouveau chuté. Nuits glaciales. Bourrasques de neige, vent violent depuis deux jours, impossible de sortir plus de quelques minutes. Les rafales emportent tout.
    Il ne faut à la neige que quelques minutes pour recouvrir définitivement la moindre trace.
    Une grande remise à neuf.
    Une grande page blanche au milieu de la tourmente. Ou un truc du genre.

    Addie,
    Je suis désolé d’être parti
    J’ai beaucoup réfléchi et je
    Je voudrais pouvoir revenir en arrière et tout eff PUTAIN DE CONNERIES
    T’ES QU’UNE MERDE

    21 avril
    Temps calme à nouveau. La lumière a changé.
    Content de retrouver l’extérieur. Beaucoup marché, pêché. Joué de la guitare que j’ai ramenée l’autre fois. Je suis un peu rouillé, mais c’est pas désagréable. Pourquoi j’écris tout ça déjà ?
    Étrange d’entendre sa propre voix quand même.
    Ouais, je suis pas vraiment un poète.

    Adeline,
    Je sais que je t’écrirai jamais vraiment. Trop lâche pour ça. On va faire comme si ça allait se produire. Donc ouais, j’ai merdé j’ai fait que de la merde depuis le début. Dès que tu commences à me dire ce que tu ressens je suis incapable de te répondre. Je connais que ça. Le silence. Dans ces moments ma tête est juste totalement vide et je ne sens plus rien. Je sais pas comment faire pour exprimer ce que je ressens. C’est juste un grand vide. Pourquoi je suis comme ça, putain j’aimerais bien le savoir. Dur comme de la pierre, c’est ce que t’as dit une fois. Je voudrais être capable d’autre chose parce que tu me manques

    29 avril
    Je crois que je deviens meilleur pour couper du bois, ça me prend pas mal moins de temps qu’avant. La pêche ça va aussi. Et ça fait trois soirs que je me suis endormi encore à peu près lucide. Pas mal, non ? Tu parles d’un progrès.


    13 mai
    Températures positives !!!!


Mi-mai. Il avait fallu attendre mi-mai pour que le printemps soit enfin là.

Assis sur le porche de la cabane, Abel profitait de la belle matinée en jouant de la guitare, célébrant le soleil qui caressait son visage mangé par une désormais épaisse barbe blonde. C’était devenu son rituel : tous les jours, jusqu’à ce qu’il ne sente plus le bout de ses doigts gelés, il s’asseyait sur cette chaise en bois qu’il avait construite lui-même, rudimentaire mais solide, face au lac Baïkal, et il grattait les cordes. Donner de la voix, se laisser absorber dans les paroles de toutes ces chansons de sa vie d’avant, s’y inventer mille vies nouvelles et des histoires qui n’étaient pas les siennes, remplir l’espace et l’immensité de sa musique énergique avait un effet profondément libérateur. Plus il chantait, et plus la paix le gagnait. Ou peut-être pas la paix encore, tout à fait, mais en tout cas une forme de sérénité, ou de terrain neutre – un terrain sur lequel il pouvait s’avancer sans s’accabler aussitôt, sans se haïr tout à fait.

Il avait finalement appris à s’organiser, à couper le bois avec efficacité, à tirer ses filets au bon moment, à maintenir une température constante à l’intérieur de la cabane. Il s’était plongé dans les quelques bouquins qu’il avait amenés, il avait dispersé des graines à sa fenêtre et observé les oiseaux venus s’y nourrir. Il avait exploré les environs, repéré les sentiers praticables, constaté la venue des premières fleurs, vu les brins d’herbe tendre qui perçaient à travers la neige et les bourgeons aux branches des aulnes, écouté le ruissellement de l’eau qui se libère peu à peu de la glace. Il avait lu et relu À la lumière d’hiver, aussi, à tel point qu’il commençait à connaître certains poèmes par cœur, pourtant quelque chose dans leur compréhension lui échappait encore – mais quoi ? Il avait pris son parti des tempêtes intérieures auxquelles il avait dû faire face, en laissant passer l’orage pour réfléchir plus posément à ses erreurs ; il avait même voulu écrire une lettre à Adeline, mais il n’y était pas parvenu, en tout cas pas encore.

Croyant progresser vers la lumière, il ne s’était pas aperçu que ce qui sourdait au fond de lui n’avait rien d’un printemps. Qu’il n’avait fait que réunir les conditions nécessaires pour que la vérité le frappe enfin.

Et oh, comme finalement tout cela n’avait rien à voir avec Adeline. Comme tout cela était plus profond encore, plus ancien. S’il avait su, d’ailleurs, sa vie avec elle en aurait été changée.

    « Do I take more than I give?
    It’s all I’ve known
    But I don’t want to roam
    From you
    For long
    Before I find you gone
    »

Les derniers accords de la chanson s’évaporèrent dans l’air sibérien, tandis que les volutes blanches formées par le souffle chaud de sa voix disparaissaient sur le bleu du ciel. Abel se leva, déposant la guitare contre le mur de la cabane à l’entrée. La journée était superbe, il se sentait de bonne humeur, actif. Cette session matinale lui avait procuré une énergie positive, et il comptait bien en profiter. Au loin, la rumeur d’un torrent s’ajoutait au paysage sonore du printemps. Le lac était encore majoritairement gelé, mais la couche de glace était beaucoup moins épaisse. D’imperceptibles fissures laissaient passer l’eau qui accélérait la fonte, et des pans entiers se détachaient par endroits. L’heure était venue de prendre la température.

Abel s’équipa de sa pioche et se dirigea vers la rive du Baïkal. Il avisa un endroit où la glace n’était plus qu’une fine pellicule et, à coups secs, il entreprit de la briser patiemment pour dégager un vaste bassin d’eau vive. La sensation était des plus agréables, et ce fut plus facile encore que ce qu’il avait imaginé. Il laissa retomber l’outil et se déshabilla sur cette grève de neige devenue plus collante, enlevant couche après couche et ne gardant que son caleçon, pour offrir au soleil son corps nu. Il étendit les bras dans l’air froid, sa peau blanche se hérissa, mais ce n’était encore rien par rapport à ce qui l’attendait. Il s’approcha du bord et glissa un pied dans l’eau, qui devait être à 2 ou 3 degrés. « Allez putain, te défile pas », râla-t-il pour s’encourager. « On y va d’un coup. »

Il se fit violence pour entrer dans le lac. La chair de poule resserra le moindre de ses pores, ce fut comme une vague qui le souleva avec brutalité jusqu’en haut du crâne. Instantanément, il se mit à haleter et son rythme cardiaque s’accéléra. Il poussa un juron et s’éloigna de la rive d’une brasse, pour atteindre le rebord de glace qui subsistait. Il s’y agrippa puis se retourna pour s’y accouder de dos, faisant un effort énorme pour contrôler sa respiration, maîtriser son souffle et calmer son organisme en état d’alerte. Il regarda vers le bas et constata qu’il ne pouvait pas voir ses jambes ni son bassin, qui disparaissaient dans l’eau noire. Il renversa ses épaules et sa tête en arrière contre la glace et regarda le ciel, trouvant l’immobilité ; de toute façon il ne sentait plus rien, toute sensation était anesthésiée et il aurait cru être paralysé s’il n’avait pu voir de ses yeux ses membres encore capables de mouvement.

Il pensa à lui, il se visualisa tel qu’il était : un minuscule point au milieu de ce lac immense, flottant au-dessus de profondeurs abyssales dont il imagina qu’elles pouvaient contenir toutes sortes de monstres terrifiants. L’eau gelée avait provoqué une décharge à l’intérieur de lui. Il eut l’idée très claire que la fonte de ses souvenirs avait généré un torrent qui venait d’exploser les dernières barrières de sa mémoire. Ou encore que pendant deux mois il avait creusé profondément, à travers l’hiver ; tellement profondément qu’il était tombé sur quelque chose qu’il n’aurait jamais dû retrouver. Descendu toujours plus bas dans la solitude, à travers les strates de toute son existence, il avait buté contre un vieux souvenir, abandonné loin dans l’enfance, recouvert de mensonges. Il y était, maintenant. Il se trouvait au bord de cette immense masse sombre au cœur de lui-même et dont il ignorait tout ; il se trouvait face à ce trou noir béant qui avait toujours été là, qui était demeuré tout au fond de lui, prêt à l’engloutir.
Lojzo
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Lojzo
Mar 10 Mai - 16:15

Abel Sinclair
J'ai 36 ans et je vis dans une cabane au bord du lac Baïkal, en pleine Sibérie russe. Dans la vie, je suis ? et je m'en sors ?. Sinon, grâce à mon caractère de merde, je suis seul et je le vis plutôt mal.

A longtemps vécu en ville ⊰ a 2 petits frères, Caleb et Neven ⊰ sa famille a implosé suite à un évènement malheureux qui le poursuit encore, mais dont il ne semble pas parvenir à se souvenir ⊰ était avec une femme, Adeline, qu’il aimait vraiment mais à qui il n’arrivait pas à s’ouvrir ⊰ ils ont enchaîné les disputes jusqu’au jour où Abel est parti par lâcheté ⊰ a une forte propension assez peu constructive à la culpabilité et au manichéisme


charlie hunnam (c) 1erjuin
On dit que le froid est vivifiant, c’est faux. Le froid est putain de paralysant. Abel ne sent plus le moindre centimètre carré de sa peau ou de ses muscles. Il est frigorifié, gelé, incapable de bouger. Pourtant, il se sent incroyablement vivant. Petit, minuscule, rien au milieu d’un monde immense, mais en vie. Et ça change tout. Les yeux s’ouvrent, les mensonges font place à la vérité, le soleil prend le pas sur les nuages. Alors, il pousse un cri, comme un loup qui hurle à la lune. Seulement, ce hurlement n’est pas pour une meute, puisqu’il n’a plus personne dans sa vie, mais pour lui-même. Parce qu’il est vivant, parce qu’il comprend, parce qu’il grandit.

Longtemps, il a cru qu’il savait qui il était, il pensait se connaître et savoir ce qu’il valait. C’est pourquoi ce voyage a surpris tout le monde, cet abandon vu comme tel pour certain, n’en était pas. Abel est un égoïste, mais qui avait besoin de se connaître lui-même avant de se donner aux autres. Adeline rythme ses pensées, bien entendu, mais un jour il lui parlera. Un jour, cette solitude prendra fin.

Satisfait de cette idée, il force son cerveau à contrôler ses muscles pour se sortir de l’eau avant de perdre pied et mourir bêtement. Finir dans les Darwin Awards n’était pas son but premier. Il s’échappe de l’eau gelée et se met à courir sur la neige. Ses pieds sont déjà insensibles, pourquoi se rhabiller ? Il faut d’abord se sécher.

Habité par une énergie nouvelle, par la joie du printemps, par les idées qui refont surface après des années d’emprisonnement intérieur, il court. Il court à en perdre haleine, il court comme si sa vie en dépendait. Et il rit. Il rit comme il n’a pas ri en trois mois. Il se laisse aller, totalement, heureux d’être totalement en vie.

En réalité, il se force pour tenter de faire taire cette voix, au fond de lui, qui lui rappelle les horreurs et les raisons pour lesquelles il les avait enfoui à l’intérieur de lui. Cette lâcheté, cette fuite qu’il a toujours privilégié vient bien de quelque part finalement. Il a fuit le premier, lorsqu’il était enfant, il a fuit de nouveau quand ça a sauté aux yeux de tout le monde, et il fuit, encore, aujourd’hui quand les souvenirs sont clairs.

D’un autre côté, la décharge d’énergie lui fait du bien. L’hiver l’a enfermé dans sa petite cabane et, dans le froid mordant de l’hiver qui faisait apparaître du givre sur ses cils tout en cristallisant l’air de sa respiration, il n’a pas pu aller se laisser à courir de la sorte. Maintenant que la température est positive, il peut faire un mouvement sans geler sur place.

Une fois son corps sec, mais rougit par l’effort et le froid, il se rhabille en prenant soin d’enlever son caleçon afin de ne pas se geler les couilles, au sens propre du terme. Puis il s’assied, sur le bord du lac, et admire les signes du printemps qui se reflètent. L’air plus lumineux, le chant d’un oiseau, la neige qui fond, l’eau qu’il entend depuis le trou qu’il a créé. Il savoure chaque signe et laisse tomber le masque de l’homme indifférent. Face à cette nature, qui pourrait l’être ? Le changement est réel, dans la nature comme à l’intérieur de lui.

Maintenant qu’il est calmé, il se sent prêt à affronter la réalité et, qui sait, peut être même à l’accepter pour ce qu’elle est.
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