C'est fou ce que le temps passe vite… Trois ans déjà depuis mon départ du Canada. Trois ans que j'ai abandonné mon ancienne vie pour embrasser pleinement la nouvelle.
J'ai pris de nombreux risques pour en arriver là. J'ai définitivement coupé les ponts avec ma famille… J'ai tout quitté, sans me retourner, n'emportant avec moi que ma guitare, mon sac à dos et mon besoin de tout recommencer à zéro.
J'ai eu la chance de faire les bonnes rencontres au bon moment. Notamment Kristen, ma collègue, meilleure amie, colocataire… et surtout la bassiste du groupe que nous avons fondé ensemble il y a maintenant deux ans.

Fable, c'est un groupe de rock amateur qui, par chance, rencontre un certain succès dans les petites salles de concert de la région. Nous commençons à gagner doucement en notoriété dans le coin, au point même de tirer un peu d'argent de nos différentes prestations. On s'amuse énormément sans se mettre la pression. Nous n'avons pas spécialement l'ambition de devenir pro un jour. Pour l'heure, on se contente seulement de partager notre modeste musique avec notre public.

C'est justement le cas ce soir. Pour les soixante ans du Leicester Hall, Fable est invité à participer au concert réunissant plusieurs groupes de la scène pop rock londonienne. Nous sommes tous très excités à cette idée… C'est grisant de se retrouver là, dans une salle aussi grande au milieu de tant de musiciens talentueux.

– Prête ? me lance Ben, notre batteur.
– Oh que oui !

Nous ne serons sur scène que pour trois chansons... Alors, autant tout donner !

Trois ans !
Il s’en était passé des choses.

J’avais passé plus de six mois au Sahel, prenant tout ce que je voyais en photo. J’avais été au plus près des combats, en rapportant une série de clichés poignants qui m’avaient valu un instant de célébrité et le passage sur deux plateaux télé.
Après le Sahel, j’avais suivis les hommes de lutte anti-drogues en Colombie, une de mets photos ayant terminé en une du Times.
Ensuite, j’avais rejoint cette expédition dans le nord, celle à laquelle j’avais convié Hailey. Elle avait été reportée pour une raison géo-politique.

Voilà, en gros, ce qui a comblé mon planning sur les deux années qui ont suivie mon départ de l’appartement que j’avais avec Alex. J’avais toujours un appartement à Vancouver, mais je n’y étais finalement que de passage.

Sur l’année écoulée, j’avais profité de ma petite notoriété pour décrocher des contrats couvrant différents concerts à travers le monde. Des gros, des petits, j’avais croisé de très grands artistes, notamment Ian Gillan, le chanteur des Deep Purple.

Amateur de jeunes groupes, il aimait les petits concerts et m’avait fait venir pour que j’en couvre plusieurs à Londres.
Vu comment tu sais survivre sur les zones de conflits, tu devrais avoir les épaules pour le Rock ! M’avait-il dit avant de rire.
J’étais donc au Royaume-Uni depuis quinze jours pour une durée prévue de sept mois lorsque j’arrivais à ce petit concert.

Mon badge de photographe officiel accroché autour du cou, j’étais habillé d’un jean et d’une chemise noire, un sac sur le dos, posté derrière un rideau de la scène pour être invisible du public, j’étais là pour immortaliser les artistes lorsqu’ils se donnaient à fond.

Notre groupe est enfin annoncé ! C'est à nous… Je ferme les yeux, prends une profonde inspiration, puis je cours sur scène, guitare en main. Je salue rapidement le public puis c'est parti. Je me perds dans la musique, ma voix résonne à travers la salle. Les projecteurs braqués sur nous m'empêchent de voir plus loin que le premier rang, mais je reconnais deux ou trois têtes connues qui, visiblement, chantent avec moi. A notre niveau, on ne peut pas vraiment les appeler “fans”, mais ils connaissent nos chansons. Je trouve ça tellement génial finalement …

Les trois chansons sont rapidement pliées. L'on nous applaudit vivement tandis que nous brandissons nos instruments en guise de remerciements. Je suis franchement euphorique, heureuse. Il n'y a pas meilleure sensation au monde que celle-ci. Nous saluons le public avant de regagner les coulisses pour souhaiter bonne chance aux suivants. Ce n'est pas un concours. Nous nous encourageons tous, les uns les autres. J'aime cet esprit fraternel que je n'ai jamais su trouver ailleurs… Pas même dans ma propre famille.

– C'était génial ! s'écrie Kris, toute aussi excitée que moi. Il me faut une bière, tu viens Hailey ?

Je range ma guitare dans son étui avant de l'embarquer dans notre loge. Il y a beaucoup de monde dans les coulisses, c'est une vraie fourmilière. Je préfère donc éviter de la laisser traîner.
– Allez-y, je vous rejoins !

Allons bon ! Voilà que la guitariste-chanteuse de Fable ressemble à Hailey !

Matthew, concentre-toi, ça va être sportif ! Deux heures non-stop, ça va arracher. Puis des filles, tu en as vu deux ou trois depuis cet épisode !

Je range cette ressemblance avec le souvenir de la jeune femme dans un coin de ma tête, les spots m’empêchent de toute façon d’y voir vraiment clai… Bordel, non !
Putain, c’est vraiment elle !

Le choc passé, je me concentre sur mon job, faisant appel à cette capacité de cloisonnement qui permettait de ne pas “voir” ce que l’on photographiait.
Malgré tout, je reconnais qu’elle a une pêche d’enfer et qu’elle toujours aussi charmante. Les chansons sont sympa et le rythme plutôt motivant.

Les applaudissements retentissent, le temps pour moi de lui jeter un regard alors qu’elle quitte la scène.
C’est elle, aucun doute n’est permis. En plus souriante et visiblement à fond dans ce qu’elle fait, elle est rayonnante.

Le reste du concert s’enchaine, l’ambiance s’emballe et je dois user de trois cartes mémoire tant je mitraille.
Lorsque Gillan revient sur scène pour clore le concert, il me lance un sourire qui n’annonce rien de bon.
Le batteur du dernier groupe revient et alors que le chanteur annonce que la soirée était une bonne bataille bien rock, le batteur s’amuse à reproduire des bruits de mitraillettes.

Et pour cette soirée de bataille, nous avions un photographe devenu expert !

Oh non !

Matthew vient là ! Sors de ton trou ! Sachez que les photos seront disponibles à la vente et les fonds iront à une œuvre caritative pour les enfants de la guerre.

Je sortais donc de derrière mon rideau, les joues rouges. La scène, ce n’est pas ma place, moi, la mienne, c’est dans l’ombre bordel !

Un tonnerre d’applaudissement pour Matthew Pillips ! Lançait-il alors que je saluais de la main d’un air coincé, en sueur à cause des projecteurs, la couverture du Times projeté au fond.

– Oh merde.

Tels sont les mots qui se sont échappés de ma bouche lorsque je l'ai vu monter sur scène. Je suis assise au bar au milieu des membres de mon groupe et des autres artistes. La bouteille de bière que je tiens en main manque de chuter, rattrapée in extremis par Jake, notre pianiste.

– Waaaah, il n'est pas mal du tout, le mitrailleur…me lance Kristen qui, a vu de nez, n'en est pas à sa première bière. Tu le connais ?
–Une ancienne conquête, peut-être, ajoute Jake avant de boire à la bouteille .
– Tu parles, comme si notre petite sainte nitouche aurait pu le laisser filer celui-là…

J'affiche un sourire forcé. Premièrement, mes amis ne savent pas grand-chose de mon passé sulfureux. Depuis qu'ils me connaissent, jamais ils ne m'ont vu avec un homme. Et pour cause, j'ai totalement arrêté mes conneries. Faut dire qu'entendre son grand frère vous qualifier de salope – ou presque – ça peut éventuellement vous ficher un coup. Je suis donc passé du tout à rien, préférant troquer mes parties de jambes en l'air habituelle avec quelques répétitions. La musique, finalement, il n'y a que ça qui compte.

– Tu comptes aller lui parler ?
– Euh… Non.
– Alors moi je peux ?

Cette garce n'attend même pas ma réponse et part cueillir le photographe dès sa descente de scène. D'où je suis, je ne peux rien entendre, bien-sûr. D'ailleurs, je décide même de me retourner totalement pour ne plus rien voir non plus… Est-ce qu'il m'a reconnu ? Probablement pas … Enfin, j'espère que non …

Il me faut quelques secondes pour reconnaitre la bassiste du groupe de Hailey en la personne de cette…brune ? Brune à reflets rouge ?
Bref, c’est elle, d’ailleurs, elle m’en informe dans un parfum de bière.

Salut ! Moi, c'est Kris, la bassiste de Fable, le premier groupe de la soirée !

J’ai presque l’impression d’être tombé dans une embuscade en bas de l’escalier menant à la scène.

Euh ! Salut, moi, c'est Matt, photographe. Répondis-je un peu machinalement avant de me tourner vers la jeune femme. Elle est pas mal, il faut bien l’avouer, même si la blonde avait toujours indéniablement ma préférence, à plus forte raison avec son air bien plus joyeux.
Par ailleurs, je n’ai pas pour habitude de sauter sur tout ce qui passe, encore moins lorsque la fille a un peu trop bu. Si j’ai bien eu quelques aventures ces dernières années, la seule qui a été sur un coup de tête s’était avérée une mauvaise expérience puisqu’elle m’avait piqué mon appareil photo. Ensuite, je ne suis clairement pas à mon avantage. Je suis trempé de sueur, je dois puer la mort et j’ai terriblement soif. Enfin, le fait d’avoir revu Hailey m’a trop remué pour que j’ai la tête à ça.
Elle me propose un verre et j’accepte malgré tout afin de ne pas paraitre impoli ou trop imbu de moi-même. En revanche, je n’avais pas imaginé qu’elle me ramènerait vers l’ensemble du groupe.

Heyyyy ! La troupe ! J’vous présente Matt… C’est quoi ton nom déjà ? Lança-t-elle, à moitié ivre et à moitié loufoque.

Phillips ! Précisais-je en saluant tout le monde, remarquant qu'Hailey restait stoïque et concentrée sur autre chose.

La vache ! Mais comment t’as pris celle-là ? Demandait un gars qui, si je me souvenais bien, était le batteur. Il venait probablement de taper mon nom sur internet et était tombé d’un soldat qui courrait pour fuir une explosion dans son dos. Cette image était digne d’un film d’action américain.

J’étais au milieu de la rue. Ce qu’elle ne dit pas cette photo, c’est que le souffle a projeté le type sur moi et qu’on s’est envolés sur cinq mètres. Lançais-je en levant ma bière avant de boire une grosse gorgée.
Je voyais bien que ma présence dérangeait terriblement la blonde et lui gâchait sûrement la soirée. Aussi, je les remerciais pour la bière avant de prendre congés, Kris me talonnant, surprise.
Elle me fit alors rapidement des avances que je rejetais gentiment avant de la planter là pour rejoindre ma loge et prendre, enfin, une bonne douche.

Si j’avais imaginé revoir Hailey…
Je ne pus m’empêcher de sourire, elle avait semblé heureuse et en pleine forme sur scène. Ça me faisait plaisir. Toujours aussi à charmante à regarder, elle était plus lumineuse.

C’est un looser ce type ! Maugréa Kris en rejoignant son groupe. Il m’a jeté ! Bougonna-t-elle.

De retour à mon hôtel, je triais les photos de la soirée avant de les mettre en ligne, ce qui m’amena à me coucher à six heures du matin.

Mon téléphone sonna à huit heures. C’était l’organisateur du concert qui râlait parce que des fans de Fable étaient mécontents devant l’absence de photos de la chanteuse.
J’espère pour vous que vous en avez, sinon, vous vous démerdez avec le groupe ! Dit-il sèchement avant de raccrocher et de m'envoyer un sms avec un numéro pour joindre le groupe.
Je laissais tomber mon téléphone en poussant un profond soupir.
Oui j’avais des photos d’elle, mais aux dernières nouvelles, elle n’aimait pas cela, alors je n’avais rien publié.

Si j’aimerai la revoir ?
Bien sûr ! Je n’ai jamais oublié ces quelques semaines et, plus particulièrement les derniers jours, que j’ai passé avec elle.
Cela, c'est fini abruptement, violemment même, mais je ne lui en veux pas, pas vraiment.
Mais on verra ça plus tard !

Je passe le reste de la soirée à “consoler” cette pauvre Kristen qui peine à se remettre de cet affront. La pauvre, la connaissant, elle avait déjà choisi le prénom de leurs enfants…

De retour chez moi, je mets directement ma coloc’ au lit avant de prendre une longue douche bien chaude, dans l'espoir d'attirer le sommeil. La soirée a été éprouvante, excitante et mon organisme éprouve quelques difficultés à évacuer les restes d'adrénaline dégagée durant le concert. Sans parler des émotions provoquées par son apparition à lui.

Parée de mon pyjama, je récupère ma guitare, mon casque, et m'enferme dans ma chambre avec mon petit calepin aux pages noircies pas mes idées. Je gratte quelques heures, ajoutant quelques notes et paroles au morceau que je suis en train de composer. Le soleil se lève lorsque je me couche enfin. Mon rythme est toujours aussi décalé.

À dix heure, pourtant, mon téléphone sonne. Au bout du fil, c'est Ben qui me demande si je me suis disputée avec le photographe car je suis la seule participante du concert à ne pas apparaître sur les photos. J'éclate de rire malgré moi. Évidemment, avec les années et ce changement radical dans ma vie, les photos de moi se sont largement multipliées… Ils ne savent donc rien de mon inconfort quant au fait d'être photographiée.

– T'inquiète pas, ce doit être un oubli, dis-je avant de lui souhaiter une bonne journée et de me rendormir…

En début d'après-midi, je suis réveillée par une Kris rendue migraineuse suite à sa vilaine gueule de bois qui me demande où j'ai pu ranger les comprimés de paracétamol… Contrariée, je lui jette mon oreiller à figure avant de me cacher sous ma couette dans l'espoir de pouvoir me rendormir…

Peine perdue.

Je finis par me lever pour la rejoindre dans la pièce à vivre. En voyant sa mine déconfite, je crève d'envie de cogner contre les casseroles pour l'embêter.

– Ça t'apprendra à boire comme un trou !
– T'es méchante !

Je me sers un café puis commence à parcourir mon téléphone. Parmi toutes les notifications apparaît un message provenant d'un numéro que je connais pas. C'est probablement l'organisateur du concert qui me demande l'autorisation de publier mes photos… Je soupire avant de répondre que mon autorisation il l'a déjà puisque j'ai bien signé son foutu papier concernant l'utilisation des images ou que sais-je encore.

J’ai de nouveau été réveillé en fin de matinée par une série de messages de l’organisateur. Il montait en pression tout seul visiblement, car, au lieu de me dire si, oui ou non, j’avais l’accord, il me renvoyait à mon contrat sur un ton de plus en plus agressif.

“Je vous demande l’accord d’une personne, pas la terre entière ! Alors, baissez d’un ton !” Avais-je fini par répondre, franchement agacé.
“Alors démerdez-vous avec cette personne, vous m’emmerdez, tous les deux !” Avait-il répondu en ajoutant un nouveau numéro.
Furieux et fatigué de cette courte nuit en dents de scie, j’avais renvoyé un message laconique à ce nouveau numéro avant de laisser tomber mon téléphone sur mon lit avant de me lever. Encore dans la brume, je n’ai pas percuté que le type venait de m’envoyer le numéro d’Hailey.

Je commençais par faire mon sport, m’adaptant au mieux du fait que la chambre n’était pas immense. Ceci fait, je pris une longue douche pour finir de me réveiller avant de descendre prendre un café au bar de l’hôtel.

Ce n’est finalement que vers 13h que mon téléphone vibra, indiquant un nouveau message.
Alors, enfin, je comprenais à qui j’avais envoyé un message assez froid, une heure plus tôt. Je remontais dans ma chambre, m’installant sur mon lit avant de lui répondre.

“Hailey,
Désolé pour ce premier message un peu froid. L’organisateur me prend la tête depuis 8h ce matin et il a fini par me donner ton numéro sans me dire qui c’était.
J’ai bien des photos de toi, mais la dernière fois, tu n’aimais pas que j’en prenne. Du coup, je ne les ai pas publiés.
Les fans de Fable râlent de ne pas avoir de photo de leur chanteuse et, du coup, j’aimerais savoir si tu me donnes ton accord pour que je les publie.
Voici un lien qui te permet de toutes les voir.
Voilà, j’attends ton accord, ou non.
Merci à toi par avance.
Matthew”

Je sentais mon cœur qui avait accéléré sans trop demander la permission.
J’avais très mal vécu la brusque disparition de la jeune femme, trois ans plus tôt, à cause de ce que son frère lui avait dit. C’était en grande partie pour ça que j’étais retourné sur des zones de guerre, pour penser à autre chose.
J’avais bien eu quelques aventures, mais, au final, trois ans après, je pensais souvent à elle.
Je griffonnais rapidement un dessin au crayon avant de reprendre mon téléphone pour envoyer un second message.

“Hailey,
En tous cas, je suis heureux de voir que tu sembles en pleine forme. Tu as mis le feu hier soir !
En voici la preuve !
Au plaisir
Amicalement
Matt”

Ce dernier message s’accompagnait d’une photo de mon croquis où l’on reconnaissait très clairement Hailey, guitare en mains, se donnant à fond dans son chant, des flammes et des éclairs jaillissant de la scène.
Moi, j’étais représenté dans mon coin, lunettes de soleil sur le nez et, pour le petit côté amusant, même le flash de mon appareil portrait des lunettes.
Oh cela n’avait rien à voir avec la qualité des derniers dessins que je lui avais fait, mais celui-ci était plus pour vocation d’amuser, de faire rire.
De lui faire comprendre que je ne lui en voulais pas, aussi.

– Ah bah merde...

Ouais, ça c'est ma réaction en lisant la réponse que je viens de recevoir. Je suis assise sur mon lit avec ma guitare posée sur mes cuisses, mon casque sur les oreilles et le téléphone en main. Je ne sais pas pourquoi, mais ce message, je le relis à plusieurs reprises. Sans doute pour vérifier que je n'ai pas rêvé et qu'il m'a bien été envoyé par Matthew. Je me sens stupide, un peu gênée… Plus particulièrement après avoir repensé à la façon dont j'ai pris la fuite. Je me souviens très clairement de mon retour dans cet appartement, plusieurs jours après mon départ, lorsque je suis venue récupérer mes affaires. Je me rappelle de ma surprise et surtout de ma déception lorsque j'ai réalisé que les siennes avaient disparu…

“Ok.”

C'est tout ce que je trouve à répondre à ce long message… Je ne prends même pas la peine d'ouvrir le lien parce que si j'accepte la diffusion de ces photos, je ne tiens pas à me voir en image.  C'est vraiment ridicule mais je ne sais pas vraiment quoi lui dire après ces trois années. Je repose mon téléphone un peu plus loin et me replonge dans ma compo… Jusqu'à ce que l'écran s'allume de nouveau… Encore un message, et une image. Un dessin toujours aussi réussi qui m'arrache pourtant un sourire.

“Je me demande comment tu peux espérer voir quoique ce soit avec des lunettes de soleil…”

Je ne signe pas, simplement parce que je décide de ne pas fermer le dialogue. Pas totalement du moins.