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Bon sang de bonsoir de bordel de Dieu, est-ce qu’elle en fait exprés ou pas ? Bishop en doute fortement, la jeune femme est bien trop nature et naïve pour ça, ce qui est encore plus dangereux au final. Il va vraiment devoir lui expliquer que se balader à poil ou même en petite tenue dans la rue, ce n’est vraiment pas recommandé, déjà aux yeux de la loi, mais aussi avec tous les gros pervers qui peuvent traîner. En attendant, il détourne les yeux quand elle tire sur le tissu de sa brassière, il n’est pas du genre profiteur, bien au contraire. Nettoyant le café qu’il a recraché, le sorcier se serre une nouvelle tasse avant de reporter son regard sur la brunette qui ne semble pas comprendre.  

— Je sais que c’est compliqué pour toi parce que tu vivais dans la mer avec une culture et des codes différents de ceux des humains, mais se balader nue ou même en petite tenue, je t’assure que ce n’est pas recommandé. On peut dire que la pudeur est une attitude de retenue qui empêche de faire, de montrer ou de dire des choses très personnelles et/ou qui pourraient choquer autrui. Parce que si toi ça ne te dérange pas de te balader dans le plus simple appareil, il y a des gens que ça dérange et il faut savoir respecter cela, je ne sais pas si tu comprends mieux ?

Puis en dehors de cela, c’est aussi un moyen pour elle de se protéger des éventuelles retombées négatives que son envie de naturel pourrait lui causer. Certes il a bridé sa magie innée, mais ça ne veut pas pour autant dire que les hommes ne peuvent plus la désirer, disons qu’ils ne seront pas tous instantanément charmés et certains pourront même ne pas lui jeter un regard. De toute façon, Bishop compte bien la garder à l'œil quand ils seront de sortie.

— Quand on sera en dehors de chez moi oui, sous-vêtements plus robe, mais si tu veux te balader en maillot de bain quand on est ici, tu peux.

Il la regarde s’approcher, le regarder, elle semble chercher à comprendre le pourquoi de comment, il voit bien que ça carbure sous ses mèches foncées. Finalement elle recule et enfile sa robe à l’envers, bon, ils ne vont pas sortir de toute façon, il lui expliquera le truc des étiquettes plus tard.

— Tu peux me faire confiance, je sais que c’est frustrant tout ça, mais c’est uniquement pour que ton séjour sur la terre ferme se passe bien, dit-il avec un sourire bienveillant. Mais enfin je confirme, nous avons en effet beaucoup de codes sociaux, si tu as la moindre question, il ne faut pas hésiter.

Bishop remarque ensuite qu’elle regarde sa tasse.

— Tu veux goûter le café ?

Ça m’étonnerait qu’elle en ait déjà bu, ça va être une sacrée expérience.

Avec son pouce et son index, Bishop lui fait signe qu’elle a tout bien compris, ne pas manger les lapins, ni les lapicornes, même si ces derniers n’existent pas donc ce serait difficile de les grailler. Bon, le sorcier sait bien que Nerina le taquine avec cette histoire de lapins au petit déjeuner, mais ça le rassure quand même de savoir qu’elle a bien saisi la situation. Son pire cauchemar aurait été de la découvrir un soir en train d’en becqueter un, il secoue doucement la tête pour chasser cette image horrible de son esprit. Aucune raison que ça arrive, la brunette sera bien nourrie pendant son séjour.

— Les araignées ne me dérangent pas, je sais même qu’elles sont très utiles, mais comme ce n’est pas toujours moi qui fait le ménage, je ne peux pas les laisser. Je crois que la personne qui vient n’aiment pas trop les arachnides.

Peut-être que le blond devrait lui demander de le laisser, sans doute qu’il aurait moins de moustiques chez lui, avec la chaleur et l’étang juste à côté de sa maison, ces saletés pullulent et lui suce le sang. Saletés de mini vampires. Il hoche ensuite la tête, heureux de savoir que la jeune femme se sent comme un coq en pâte chez lui, même s’il éspere que la nuit prochaine elle dormira, elle a tout de même une petite mine. Arrivée à la salle de bain attenante à la chambre, Bishop explique à la jeune femme tout ce qu’il faut savoir sur la douche et les savons qu’elle put utiliser, un vrai roi de l’hygiéne, ah, ah, ah ! Cependant, alors qu’il s’apprête à s’en aller, la jeune femme le rappel et s’excuse d’être visiblement aller se baigner.

— Non, non, pas d'inquiétude, va te baigner autant que tu veux Nerina, c’est juste que pour cuisiner et certaines activités sociales, avoir de la boue sur le visage et sentir le visage ce n’est pas tip top. Lave toi tranquillement, on en reparle après si tu veux.

Il lui offre un sourire bienveillant avant de quitter la salle d’eau puis la chambre, avant de s’emparer de son smartphone. Parce que bordel de merde, comment il est censé lui expliquer le pourquoi de l’hygiéne, chez les humains, parce qu’il se doute bien que dans la mer, y a pas vraiment besoin de se laver. Comme c’est un truc inné chez la plupart des humains, y en a quand même pour certains et certaines c’est à se demander s’ils n’ont pas raté le coche, il ne sait pas trop comment lui dire. Revenant à la cuisine, Bishop fait quelques recherches avant de trouver un article qui lui semble pas trop mal, bon, normalement c’est plus pour les gosses mais ça fera l’affaire, il faut juste qu’il adapte son discours. Tout en préparant les ingrédients pour préparer le petit déjeuner, le sorcier lit le fameux article tout en terminant sa tasse de café, en revanche il ne s’attendait pas à voir Nerina débarquer en petite tenue dans sa cuisine le faisant au passage recracher son café tout en s’étouffant à moitié avec. Faut le faire. Après avoir toussé plusieurs fois, il reprend la parole d’une voix enrouée.

— Non, non on ne va pas se baigner, ce n’est pas un maillot de bain mais des sous-vêtements tu portes ça au quotidien en plus de tes vêtements.

F’chier, il aurait dû regarder s’il y avait aussi un article là-dessus aussi.

— C’est pour protéger tes parties intimes contre pleins de trucs.

Pire explication ever, mais comment il est censé parler de ça, boudiou de merde.

Bishop sursaute légèrement, c’est lui ou il entendu comme un boum après avoir parlé quelques instants, c’est peut-être signe que la jeune femme réveillée. A moins qu’il n’ait rêvé bien sûr, il va surement avoir besoin d’une seconde tasse de café si tel est le cas. Il poursuit quand même, juste au cas où, attends quelques secondes et au moment où il s’apprête à faire demi tour, la porte s’ouvre. Et euh comment dire… Le sorcier se demande ce qu’elle a bien pu trafiquer cette nuit, beaucoup de choses au vu de ses cheveux mouillés et en désordre, de la boue sur son visage et de la légère odeur de vase qui semble s’être imprégnée sur la sirène. Est-ce qu’elle aurait été faire un petit tour dans l’étang de la propriété, c’est bien possible vu la curiosité qui s'était emparé d’elle hier.

— Non, non pas de lapins au petit déjeuner, ni au déjeuner, à l’heure du thé ou au dîner, je me contente de les aimer et de les élever, pas de les manger.

Si quelqu’un venait à faire du mal à ses petits amis à poils, le sorcier rentrerait dans une colère très noire, le genre auquel personne ne souhaite assister. Fort heureusement, il semble que Nerina n’ait simplement voulu que la taquiner, il esquisse un petit sourire, ouais il a tendance à prendre les choses trop à coeur quand il s’agit de ses lapins.  Mais pas de rancune envers la sirène. D’ailleurs, il découvre qu’en effet elle n’a pas dormi de la nuit, sans doute trop excitée à l’idée de découvrir son nouvel environnement. Puis elle lui pose deux questions qui n’ont pas vraiment de lien entre elles, sacrée phénomène cette demoiselle.

— Il doit sûrement y avoir des araignées ailleurs dans la maison, comme mon bureau, mais pas dans les pièces de vie, le ménage y est fait deux fois par semaine donc il y a peu de chance que tu en trouves. Et être comme un coq en pâte, c’est une expression pour dire que tu te sens dans ton élément, apaisée, sans soucis ou tracas.

Enfin, avant qu’ils aillent préparer le petit-déjeuner, il vaut mieux que la brunette fasse un brin de toilette, faire la cuisine avec de la boue sur le visage et après fait trempette dans un étang, c’est pas top top niveau hygiène.

— Enfin, avant de cuisiner il faut être propre et avec ton immersion dans l’étang ça complique un peu les choses.

Pénétrant à l’intérieur de la chambre, il fait signe à Nerina de la suivre dans la salle de bain et commence à lui expliquer comment fonctionne la douche, la baignoire ça attendra. Il lui montre également les savons pour le corps, ainsi que les serviettes pour se sécher.  

— Je vais te ramener des vêtements propres, tu sera plus à l’aise qu’avec ta robe, si tu as besoin de moi, hésites pas à m’appeler.

Un sourire, puis Bishop sort de la salle de bain, fermant soigneusement la porte pour lui laisser de l’intimité.

C’était bien la première fois qu’il s’était endormi si vite, il faut dire qu’en général il évite de trop utiliser sa magie plusieurs jours d'affilée, car il y a toujours un contre-coup physique. Il faut également pouvoir la recharger, en théorie la magie des sorciers est illimitée, cependant, plus ils sont fatigués physiquement et mentalement, plus la magie est faible et parfois utiliser un sort revient à ne rien faire dans certains cas.  Donc les grandes gueules qui disent utiliser de la magie tous les jours, il n'y croient pas, sinon ils utilisent des potions pour se booster mais là encore ça peut être dangereux. Mais dans le fond, il s'en fout complètement Bishop, tant que ça ne le concerne pas lui ou un proche, si un con ou une conne veut s’épuiser au point de passer l’arme à gauche grand bien lui fasse. Sa nuit est donc plus que reposante, il ne se réveille même pas pour aller pisser ou boire, c'est-à- dire à quel point il était fatigué. Dormir si bien ce n’est pas très usuel pour lui, de sorte que quand il ouvre un œil il a un peu de mal à sortir du lit, mais il le faut bien, il a une invitée et il doit s’occuper d’elle. Il espère d'ailleurs que la jeune femme s’est un peu reposée, quand il l’a quitté hier elle semblait très frénétique à l’idée de découvrir sa chambre et les extérieurs. Frottant son visage et baillant à en gober les mouches, le blond se lève finalement pour aller prendre une douche rapide et rejoindre la cuisine pour faire couler son précieux café. Impossible d’être sociable sans ça. La maison est calme en tout cas et tout en buvant sa tasse, Bishop se demande si la sirène est en train de dormir ? Reposant le mug, Bishop retourne à l’étage est frappe doucement contre la porte de chambre de la jeune femme.

— Bonjour, Nerina je ne sais pas si tu es réveillée, si ce n’est pas le cas je suis juste en train de parler à une porte.

Comme un parfait crétin, mais comme personne ne peut le voir, il n’y a pas mort d’homme n’est-ce pas.

— J’espère que tu as bien dormi en tout cas, poursuit malgré tout le sorcier. Je me disais qu’on pourrait faire le petit déjeuner ensemble, puis nous occuper des lapins, je sais que tu avais vraiment envie de les voir.

Et après, il verrait bien, le p'tit déj et s'occuper des lapins, c'était déjà un bon début.

Le sorcier se gratte le bout du nez, pas sûr de réussir à suivre la sirène dans ses explications, enfin il comprend bien le lien entre le poisson et le bruit qu’il fait, qui s’apparente au bien-être s’il saisit bien. Du coup, est-ce que le fait que Bishop lui fasse penser à un bruit sous-marin serait pour elle synonyme de tranquillité ? Le blond hoche la tête, il suppose avoir compris mais il n’est pas sûr que demander des éclaircissements l’aidera, Nerina à une vision et une façon de s’exprimer qui lui est propre. Il n’est pas sûr qu’il pourra en comprendre toutes les subtilités, le principal étant qu’il en a saisi l’essentiel. Enfin, il le suppose toujours. Ouais, il avait vu juste en se disant qu’il le faudrait encore du temps pour vraiment bien se comprendre, après tout c’était normal, ils venaient de deux univers bien différents.

— Je ne me sens en rien obligé, au contraire je tiens à ce que tu sois aussi à l’aise et confortable que possible chez moi, tu vas passer la semaine ici alors il faut que tu sois comme un coq en pâte.

D’autant plus que ce n’est qu’une chambre, pour lui c’est juste normal de pouvoir lui proposer une pièce rien qu’à elle pour que la jolie brunette puisse avoir de l’intimité quand elle le souhaite. Il lui présente rapidement les quelques pièces ou il passe, la vraie visite aura lieu demain matin quand il sera en état de faire le tour de sa propriété, pour l’heure il a juste envie de rejoindre Morphée. Mais encore un peu de patience. Il lui jette un regard interdit quand Nerina lui explique que oui il vaut mieux qu’il ferme la porte, parce qu’on ne sait jamais ce qu’une sirène peut faire. Le tout avec un visage si sérieux que Bishop ne sait pas trop comment le prendre, enfin, il suppose que c’est pas rapport avec cette histoire de calin. Le sorcier ne répond pas, la laissant plutôt approcher, elle met une main au-dessus de sa tête et penche la tête d’une façon tout à fait charmante.  Bishop esquisse un sourire, elle ne va pas fouiller, il a un peu du mal à y croire après ce qu’il a vu dans la voiture, il sait bien que ce n’est pas dans un but voyeuriste qu’elle fait ça, mais vraiment par simple curiosité et rien de plus.

— Fait comme tu le sens, tu peux tout toucher comme rien du tout, je te laisse découvrir le coin comme bon te semble.

Pour l’éternelle reconnaissance de la jeune femme il ne répond rien, pas parce qu’il s’en fiche au contraire, mais juste parce qu’il ne sait pas comment réagir ou quoi dire. Ce qu’il fait pour Nerina, c’est juste naturel, il veut l’aider et c’est tout. Baillant à s’en décrocher la mâchoire, il est grand temps que le sorcier aille se coucher. S’emparant délicatement de la main de Nerina et il y dépose un chaste baiser.

— Bonne nuit Nerina.

Un dernier sourire et Bishop laisse la jeune femme tranquille pour rejoindre sa propre chambre, fermant à clé, car il n’est toujours pas près a accueillir la brunette dans son lit d’une façon ou d’une autre. Il se déshabille, s'effondre dans son lit et ne tarde pas à s’endormir après cette belle soirée pleine de promesses.  

— La beauté c’est quelque chose de vraiment subjectif est propre à chacun, certains et certaines peuvent trouver les vampires et les loups-garous moches et trouver les démons très beaux. Moi je te trouve belle, je ne vais pas dire le contraire, mais dans le fond le plus important c’est la façon dont toi tu vois, dès lors que tu te trouves belle l’avis des autres n’a plus d’importance. Chaque créature est belle à sa façon.

La première fille dont il était vraiment tombé amoureux lui avait dit qu’elle ne sortirait jamais avec lui parce qu’elle le trouvait moche, ce qui l’avait profondément vexé. Il faut dire que le petit Bishop de douze ne fonctionnait pas encore comme celui qu’il est maintenant, parce que si aujourd’hui on lui disait il s’en ficherait pas mal. Mieux encore, il positiverait en se disant qu’il ne serait pas exclusivement dans une relation basée sur la beauté. Ouais, il est loin d’être une bombe sexuel, mais il s’en fout, il a bien d’autres atout dans sa manche et certains ne sont pas visibles.

— Bishop ça te fais penser à un bruit sous-marin ? demande-t-il en riant. C’est la première fois qu’on fait un tel parallèle avec mon prénom, c’est même la première fois tout court qu’on m’en fait un. J’espère que c’est un bruit sous-marin sympa alors.

Quant au fait de savoir s’il est grand, pas vraiment pour un homme, mais pour le côté grandeur d’âme il fait de son mieux en tout cas. Enfin, ils arrivent à destination, home sweet home, il est heureux de pouvoir retrouver la quiétude de sa grande maison et d’aller pouvoir se reposer dans son lit, demain il devra être en forme pour commencer cette belle semaine en compagnie de Nerina. La question de la brunette l’étonne un peu, visiter le jardin en pleine nuit ce n’est pas banal.

— Ouais, je n’y vois pas d’inconvénient, tu peux fouiller si tu veux, j’ai pas grand-chose à cacher, mais je vais d’abord te montrer ta chambre pour la nuit.

Bishop lui fait signe de la suivre, déverrouille la porte d’entrée et l’invite à entrer à l’intérieur.

— Tu peux circuler ou tu veux dans la maison, explique le sorcier en allumant les lumières. Il y a juste un endroit où je ne veux pas que tu ailles, c’est mon bureau, il me sert de laboratoire pour ma magie et mes potions. Tu ne peux pas te tromper, il est écrit bureau sur la porte avant d’entrer dans la pièce.

Ensuite, il entraîne la sirène à l’étage et va directement à l’une des chambres s’y trouvant, c’est un peu expéditif mais il lui montrera son chez lui quand il sera moins perclus de fatigue.

— Tu as une salle de bain privative qui jouxte ta chambre, j’ai mis dans la grande armoire quelques affaires de ma sœur qui devrait t’aller, je pense que vous avez la même taille. Sinon demain on ira te chercher des vêtements et ne t’en fais pas, ça ne me dérange pas.

Le blond traverse la chambre et ouvre une porte vitrée donnant sur son immense jardin ainsi que ce qu’il appelle sa piscine naturelle, qui est plus un grand point d’eau que réellement une piscine.

— Il y a un escalier au bout de la terrasse, ça t'évitera de devoir te farcir toute la maison pour atteindre les extérieurs. Ah oui, ma chambre est juste à côté de la tienne, si tu as un problème n’hésites pas à toquer, je n’ai pas oublié que je devais fermer la porte de ma chambre.

Il hausse un sourcil offrant à la jeune femme un sourire en coin.

— Oh et si tu as faim ou soif, n'hésite pas à te servir dans mes placards ou mon frigo, ce sera plus simple que de devoir me demander à chaque fois. Est-ce que tu as des questions ?

Nerina lui avait dit être impatiente, elle semblait également très curieuse de son nouvel environnement, elle ne tenait vraiment pas en place dans la voiture. En général, ça avait le don d’énerver le sorcier parce qu’il aime bien conduire dans le calme, mais pas cette fois, pas avec Nerina elle avait bien le droit de fouiner ici et là, de toute façon il ne cache rien de spécial. Son véhicule est toujours bien rangé et bien propre, donc elle peut l'explorer à sa guise ouvrir la boite à gant, jouer avec la ceinture tant qu’elle ne la retire pas, tout ira bien. A nouveau concentré sur la route, le sorcier réfléchit alors aux activités qu’il pourrait faire en compagnie de la sirène, parce qu’ils ne vont pas rester toute la semaine cloîtré chez lui, ce serait dommage de ne pas profiter de la réussite de son sortilège. Peut-être qu’en dehors de l’activité piscine et la rencontre avec ses amis, ils pourront aller voir un film et manger au restaurant, pour le reste il y doit y avoir pas mal d’activités à Bristol avec l’été. Il sait aussi que la communauté du surnaturelles organisent comme chaque année une fête qui célébrera l’été, il y emmenera la jeune femme ça devrait lui plaire également. D’ailleurs cette dernière finit par reprendre la parole pour lui expliquer que son nom de famille est bord océan à l’envers, si elle ne lui avait pas dit, il ne l’aurait sans doute jamais remarqué.

— La signification de ton prénom est très jolie et te va très bien, une nymphe est une créature très belle. La culture des sirènes semble très intéressante, dommage qu’elles soient farouchement opposées à s’ouvrir un peu aux autres, ce que je peux aussi comprendre, ton peuple n’a pas toujours eu la chance de vivre en paix.

Certains livres parlent des tragédies qu’elles ont pu traverser, le sorcier pense notamment à cette grande chasse aux sirènes initiée il y a un siècle de cela par une tribu de loup-garou qui avait pris goût à leur chair. Le sang avait coulé à flot, autant d’un côté que de l’autre. Donc, il peut parfaitement comprendre qu’aujourd’hui elle soit réticente à l’idée de partager un peu de leur richesse culturelle.

— Mon prénom fait partie intégrante de mon identité, je crois qu’il me manquerait quelque chose si je ne possède pas de prénom ça fait de toi un être à part entière. Mais oui ce sont bien mes parents qui m’ont donné mon prénom, c’est un hommage à mon arrière grand père qui était un sorcier de premier ordre et qui dirigeait le Coven ou je suis né fut un temps. Peut-être qu’en me donnant ce prénom mes parents ont espéré me transmettre un peu de la grandeur de mon aïeul.

Bishop hausse doucement les épaules, il ne sait pas trop si ça a fonctionné et il s’en fiche pas mal, si ses parents espèraient aussi qu’il dirige à son tour le Coven tel son arrière grand père, ils se sont bien plantés. Lui ça ne l’a jamais intéressé, il a toujours voulu faire sa vie en dehors de sa communauté sans pour autant couper les liens avec eux, ce qu’il a plus ou moins réussi à faire, même si ses parents lui en veulent encore. Dire qu’ils veulent lui coller un mariage arrangé dans les pattes pour qu’il soit pardonné, quelle horeur.  La route se poursuit tranquillement et finalement, ils arrivent enfin à destination, il était plus que temps, le sorcier a vraiment besoin de dormir.

— Voilà, c’est chez moi, dit-il en allant lui ouvrir la portière. Je te ferais visiter demain, je dois dire que je suis éclaté de fatigue.

— Je vois, je suis content de savoir que tu apprécies cette nouveauté dans ta vie, dit-il en souriant légèrement. Enfin moi aussi j’ai hâte de mieux te comprendre, visiblement il y a certaines subtilités que je dois encore apprendre à saisir.

Après tout, Nerina ne doit sans doute pas avoir l’habitude de s’exprimer autant avec quelqu’un, Bishop va devoir apprendre à lire au-delà des lignes. Cette semaine ensemble leur sera bien utile et le sorcier espère qu’à la fin de ces septs jours ils arriveront mieux à se comprendre. Nerina maintenant bien attachée, ils purent prendre la route en toute sécurité, ça devait d’ailleurs lui faire bizarre d’utiliser une ceinture de sécurité. Ce n’est d’ailleurs pas toujours agréable, heureusement qu’ils n’ont pas une route trop longue à faire.

— Houlà, j'espère tout de même qu’on n’en viendra pas à ce point, d’autant plus que je n’ai pas le sentiment que tu sois le genre de personne qu’on puisse détester. Je pensais plus au fait que ça ne collerait peut-être pas d’un point de vue plus romantique, tu peux t’entendre avec quelqu’un sans que ça n’aille plus loin. Cependant, si ça devait prendre ce chemin, j'espère qu’on pourra rester amis, enfin on n’en est pas encore là bien sûr.

Quoi qu’il se passe entre eux, Bishop ferait toujours en sorte de venir en aide à la jolie sirène, elle gagne vraiment à être connue et ne mérite pas de se noyer dans la solitude. D’autant plus que ça lui fait mal au cœur de la savoir seule… Tiens, le jour ou il en a marre de s’occuper de sa librairie il pourrait se lancer dans l’aide aux créatures surnaturelles qui comme Nerina sont seules. Il n’y a pas que les humains qui doivent souffrir d’isolement après tout. Reportant son regard sur la jeune femme, il rit doucement, apprendre l’impatience donc.

— En général, on apprend plutôt à être patient et pas impatient. Faut croire que tu ne fais pas les choses comme les autres.

Pendant plusieurs longues minutes, le sorcier se contente de conduire dans un silence agréable, c’est bien qu’ils sachent communiquer mais avoir des blancs sans gêne aucune c’est bien aussi. Ça veut dire qu’ils peuvent trouver un moment agréable avec l’autre sans pour autant devoir combler les blancs avec des mots.

— Maintenant que tu le dis, c’est vrai que certaines créatures n’ont pas forcément besoin de nom de famille, je comprends pourquoi tu as dû en inventer un. Ton prénom a une signification au fait ?

Bishop était soulagé, son sortilège avait fonctionné pour elle comme pour lui et cela n’avait pas l’air de perturber physiquement la jeune femme, elle pourrait donc profieter de cette semaine tranquillement. Néanmoins, le sorcier garderait un œil sur elle et sur le collier le temps du séjour, certes, tout semble aller comme sur des roulettes mais ça ne coûte rien de rester à l'affût. Créer des sortilèges bloquant la magie ce n’est pas évident et il est important de vérifier régulièrement que tout est stable. Comme pour l’heure la sirène va bien et que du bijou il n’émane aucune vibration  magique étrange en dehors de sa magie, le blond se concentre plutôt sur l’instant présent et les mots de la demoiselle.

— Merci pour le geste, mais ne t’en fais pas, je n’ai pas besoin de cadeau, je préfère en faire que d’en recevoir.

Parce qu’il ne sait jamais trop comment réagir quand on lui offre quelque chose, autant dire que son anniversaire ou même Noël sont toujours des moments problématiques pour lui. Oui c’est bien plus simple et plus plaisant d’offrir que de recevoir, enfin de son point de vue bien sûr, car il y a des gens qui adorent recevoir. Maintenant il est plus que temps de se mettre en route, mine de rien il se fait de plus en plus tard et Bishop a passé trois jours à faire des recherches et utiliser à forte dose sa magie. Autant dire qu’il a besoin de repos. Refermant la portière du côté passager une fois Nerina à bord, le blond fait le tour pour aller du côté conducteur et attachant sa ceinture, il fixe la brunette avec surprise quand elle se remet à parler.  Elle semble d’ailleurs s’embourber dans ses explications, n’ayant pas envie de ceci, avant de changer d’avis l’instant suivant, mais il ne lui en tient pas rigueur l’aventure qu’elle s’apprête à vivre doit lui être déstabilisante.

— ne t’en fais pas Nerina, tu n'es pas un boulet, tout ça c’est nouveau pour toi, je me doute qu’il y a des choses que tu as le plus envie de faire que d’autres. Pour les lapins, tu pourras leur faire des câlins dès demain matin, pour mes amis tu verras qu’ils sont vraiment très sympathiques et pour moi, les câlins ça attendra encore un peu qu’on se connaisse mieux.

Rapidement, il se penche vers la sirène pour attraper sa ceinture de sécurité car il se doute qu’elle n’a jamais dû en utiliser une, tout en lui offrant un sourire rassurant.

— C’est pour ta sécurité, on va rouler à une certaine vitesse et au cas où nous aurions un accident ça t’évitera d’être blessée.

Ou de passer en travers du pare-brise mais ça, il se garde bien de le dire. Démarrant sa voiture, Bishop se met en route reprenant en sens inverse le chemin emprunté il y a plusieurs minutes de cela. Trifouillant sa radio pour mettre un peu de musique, il jette un bref coup d'œil à Nerina qui parle de lui donner une liste d’ingrédients marins, avant de poser ses yeux sur ce qu’il se passe devant lui.

— C’est vraiment gentil de ta part Nerina mais...

Bishop pince les lèvres, comment lui expliquer qu’il n’a pas envie qu’elle en fasse de trop pour le moment, parce que même si pour l’heure tout va bien, rien ne garantit que ce sera le cas dans quelques jours. Cette semaine est aussi l’occasion pour eux de voir s’ils peuvent s’entendre en étant proches physiquement et de continuer d’apprendre à se connaître. Donc, le sorcier préfère qu’elle ne donne pas trop d’elle, qu’elle se ménage et se protège au cas ou.

— N’en donne pas trop d'entrées de jeu, je veux dire ton geste reste vraiment adorable, mais avant que tu ne fasse ça, je préférais qu’on voit comment la semaine se passe tu vois ? Tu as un cœur très grand et généreux, mais tu dois le protéger et rester prudente, même vis-à-vis de moi.

Jamais il ne lui fera de mal physiquement ça ne fait pas un pli, mais moralement c’est une autre histoire, Bishop n’est pas parfait loin de là et il peut très bien la blesser sans le vouloir.  

Visiblement Nerina n’en démordait pas, elle le trouvait beau, ce qui était aussi gentil que flatteur, bien que pour Bishop le fait était là, il ne se trouvait pas spécialement beau. Cependant et vu la détermination que la jeune femme avait mis pour lui dire cela, le sorcier doutait qu’il soit utile de lui répéter que non, il ne l’était pas. La conversation deviendrait vite stérile car chacun campera sur ses positions, même s’il pourrait lui prouver par a plus b qu’il était très loin des canons de beautés masculins. Ses meilleurs amis, eux, étaient des vrais beaux gosses. La sirène le découvrira sûrement durant cette semaine avec lui étant donné que le blond les voyait une fois par semaine pour manger et boire ensemble. Toujours est-il que plutôt que de se verser dans un combat perdu d’avance, Bishop rendit son sourire à la demoiselle, qu’il sentait plus détendue maintenant qu’elle avait compris que son charme n'allait plus opérer durant les prochains jours.

— Okay, tu devrais éviter de mettre la plus petite je crois. Quand on sera chez moi et une fois bien reposée, il y aura deux trois points qu’il faudra que nous abordions quand on sortira.

Observant le sac plastique que la brunette pris dans ses mains, le sorcier se fit la réflexion qu’il n’y avait pas grand-chose là-dedans, même pas de quoi tenir deux jours en matière de vêtements. Bon sang, elle n’avait même pas de chaussures. Sa petite sœur avait dû laisser des vêtements à elle quand elle était venue le voir, ils devraient aller à Nerina, elles semblent avoir la même corpulence. Quant aux sous-vêtements, il en commanderait sur amazon et pour les chaussures, peut-être que les baskets de sa sœur feront l’affaire. Bref, ils vont avoir de quoi faire demain. Le plus important pour l’heure c’est qu’elle soit protégée magiquement des autres et il ne tarde donc pas à lui offrir le collier. Nerina observe son présent avec curiosité, sans doute doit-elle se demander comment tout ça fonctionne.

— Tu te sens bien avec le collier ? Le sortilège que j’ai lancé dessus ne te gêne pas ? C’est important que je le sache, je pourrais corriger le tir au besoin.

La magie reste de la magie, mais elle influe différemment d’une personne à l’autre, ou d’une créature à l’autre, il est donc important que Nerina lui dise si elle ressent tout changement ou désagrément.

— C’est un peu le principe d’un cadeau non ? demande-t-il en souriant légèrement. En général, on ne les rend pas, ou alors il faut être un sacré enfoiré.

Se décollant enfin du capot de sa voiture, Bishop écrase dans son étui en métal la cigarette qu’il vient de finir, avant d'enfermer le mégot dans une autre boîte prévue à cet effet. Qu’il doit penser à vider d’ailleurs.

— Bien sûr, le principe de venir avec moi c’est aussi de découvrir les joies du monde extérieur en toute quiétude et de rencontrer du monde. Des personnes bien ne t’en fais pas, mes amis sont tous ce qu’il y a de plus sympathiques.

Elle semble vraiment contente d’avoir la possibilité de pouvoir sortir en ville et il voit bien qu’elle refrène son désir de contact physique, il lui en est d’ailleurs très reconnaissant. En dehors des plans cul qu’il a pu avoir, quand la relation est importante, Bishop aime d’abord apprendre à connaître la personne mentalement avant de pouvoir passer à la partie physique. Avec Nerina il ne compte pas déroger à la règle, chaque chose en son temps.

— Ne t’en fais pas, tant que tu ne me saute pas dessus ça devrait aller, dit-il en riant. Monte, je t’en prie.

Il lui ouvre la porte et attend qu’elle monte dans le véhicule.