Elle fronce les sourcils devant le message de son meilleur ami. Connaissant Aayden, une connerie sous le coup de l'impulsion peut aller de la réservation d'une semaine de vacances de folie à éclater la tête d'un type parce qu'il aura eu le malheur de regarder Cornelia trois secondes de trop. Sachant qu'il passait le week-end avec elle -comme tous les week-end depuis qu'ils se sont retrouvés il y a deux semaines, en fait- Lisa a donc toutes les raisons du monde de s'inquiéter. La dernière chose dont elle a envie, ou besoin, c'est de devoir filer au poste de police pour aider son meilleur ami à se sortir de là. Et elle ne tient pas d'avantage à solliciter Garrett pour qu'il intervienne en faveur d'Aayden, tout juge soit-il même si elle le ferait évidemment s'il en avait besoin.

Demander Cornelia en mariage, est-ce trop tôt ? Lisa recrache sa gorgée de coca et Lady relève la tête vers sa maîtresse tandis que Garrett, depuis la cuisine, s'inquiète de savoir si tout va bien. Lisa soupire en tapant rapidement sa réponse. L'odeur qui se dégage dans la pièce est délicieuse et lui confirme les talents de son cher et tendre pour la cuisine. Leurs lunchbox pour le lendemain s'annoncent incroyables.

"- Den se demande si c'est trop tôt pour demander Cornelia en mariage. Et je comprend qu'il soit tout feu tout flamme mais..."

Elle pince les lèvres. Garrett comprend ce qu'elle ne dit pas. Elle a peur que le bordel ne recommence pour Aayden si pour une raison ou une autre, Cornelia décide de le quitter de nouveau. Elle avait flippé une fois, avait eu peur d'être un frein pour lui. Cela pourrait très bien se reproduire. Bien sûr, ils ont promit que ça n'arriverait plus. Mais on ne peut jamais être vraiment sûr à l'avance.

"- Vas-y, vas le voir. Je vais nettoyer ne t'inquiète pas. Soit prudente sur la route."
"- Mhh est-ce que j'ai pensé à te dire à quel point je t'aime aujourd'hui ?" souffle-t-elle en contournant l'îlot central pour venir l'embrasser.
"- Mhhh oui. Mais ce n'est jamais déplaisant de l'entendre encore une fois... Allez, file je finis de m'occuper de ça, je nettoie et je sors Lady."
"- Homme parfait !" commente Lisa en attrapant déjà les clés de voiture. "J'prends le X6 !" prévient-elle avant de claquer la porte derrière elle.

La circulation étant plutôt fluide ce dimanche soir, Lisa arrive rapidement chez Den, d'autant plus que ce dernier n'habite pas très loin. Il ne s'est même pas écoulé dix minutes depuis qu'elle est parti de chez elle. Elle espère que dans ce laps de temps, son meilleur ami n'aura pas déjà fait une dinguerie en achetant la fameuse bague. Rapidement, elle toque à sa porte.

Bouge pas, j'arrive.

Tu relis le SMS en soupirant avant de poser le téléphone sur la table basse en passant tes mains sur ton visage. Vu le ton employé, sans smiley ni rien, ça veut dire qu’elle est juste en train de voir un truc avec son mari avant de prendre les clés de la voiture la plus rapide de son garage et de venir devant l’immeuble de ton appartement. Elle ne tardera pas à être devant la porte, mettre sa clé dedans et hop, elle sera devant toi, l’air bougon et les mains sur les hanches pour savoir à quoi ton cerveau a encore pensé.

Pourquoi tu es dans cette soudaine merde ? Pourquoi tu crains d’entendre la vérité de la bouche de ta meilleure amie ? Ta Sœur de cœur, celle qui a toujours été là pour toi ? Parce que tu sais qu’elle aura raison. Elle t’a aidé un nombre incalculable de fois, t’as sauvé la vie sans rien demander en retour et toi, tu as toujours essayé de lui rendre, de la protéger et d’être son oreille attentive. Et aujourd’hui, alors qu’elle avait sa vie en main, qu’elle devenait maman, tu avais besoin d’elle. Tu avais besoin d’elle parce que tu savais que tu étais peut-être en train d’aller trop loin trop vite.

C’était un gros souci chez toi. L’impulsivité. L’émotionnel. Merci le cerveau qui n’est pas calibré correctement, merci les neurones qui ont des chemins différents, merci le TDAH… Tu te maudis vraiment parfois. Tu baisses la tête avant de redresser la tête en entendant toquer. Tu te lèves pour aller ouvrir, un peu en traînant les pieds et essayes de sourire en voyant sa tête blonde devant toi. Tu recules, les mains devant toi.

- Hey… J’peux expliquer, t’énerves pas, c’pas bon pour l’bébé.

Ok. C’était bas d’utiliser ton ou ta futur filleul dans l’équation, mais… Hey ! C’était la vérité ! Tu retournes dans le salon, te posant mollement dans le canapé, la tête baissée en soupirant.

- J’ai encore rien fait, rien acheté, c’était juste… Une pensée parasite qui m’a poppé quand elle est retournée chez ses parents. Rien d’grave.

Ne pas s'énerver, c'est pas bon pour le bébé. Elle sait. Et faire du tort à l'enfant qu'elle porte et bien la dernière chose qu'elle veuille, alors qu'elle a mis pas moins de huit mois à tomber enceinte. Pendant un temps, elle a cru qu'elle n'y arriverai jamais, commençant à désespérer. C'est une chose terrible que d'espérer tomber enceinte sans y parvenir même quand cela ne fait que quelques mois que l'on essaie. Il faut dire que Lisa sait qu'elle n'a pas vraiment le temps devant elle. Son mari ayant 44 ans aujourd'hui, et déjà 3 enfants, elle sait et comprend qu'il n'a pas forcément envie de redevenir père à 46 ou 47 ans. Alors cet enfant que le porte, c'était un peu comme sa seule chance. Peut-être la dernière.

"- Fais moi d'la place, ce truc est une vraie sangsue d'énergie." remarque Lisa en entrant dans le salon à sa suite, comme son meilleur ami vient de s'affaler dans le canapé. "J'te jure j'ai l'impression que ça draine tout ce qu'il y a à drainer."

Les joies du premier trimestre, à ce qu'on dit, alors même qu'elle n'est pas certaine que ce soit bien mieux par la suite. Peu importe, elle n'est pas là pour épiloguer sur sa propre situation mais pour aider son meilleur ami à voir clair dans la sienne. Et à éviter, évidemment, de faire une connerie. Non pas que se marier en soit une mais, avec Cornelia, ça ne fait que deux semaines et qu'ils ont remis le couvert après 3 ans de séparation. Lisa ne peut pas le laisser s'emballer comme ça, alors même que leur relation reste fragile, récente. Elle n'a aucune envie de détruire ses rêves, absolument aucune envie de le peiner, mais c'est son rôle de lui ramener les pieds sur terre, de jouer les garde-fous.

"- Ok..." souffle Lisa en se laissant choir dans le canapé à ses côtés. "Ça viendra un jour mais vous avez le temps, vous venez juste de vous retrouver." poursuit-elle en passant une main réconfortante dans son dos. "J'te dis pas de pas le faire dans quelques mois, mais maintenant..." Oh elle se déteste pour ce qu'elle va dire. "Ça pourrait l'effrayer, lui mettre la pression et, tu sais..." remarque Lisa. "Peut-être que tu pourrais déjà commencer par lui offrir un double de tes clés. Si c'est pas déjà fait..."

Un double des clés, c'est bien. C'est une première étape tout en douceur. Encore que, elle n'est pas sûre que Cornelia n'ait pas récupéré sa clé dès le premier jour.

Vous avez le temps. Vous venez de vous retrouver.

Voilà pourquoi tu aimais profondément Lisa, elle avait les mots que tu ne voulais pas entendre, mais que tu avais besoin d'entendre. Les mots pour te rappeler à la réalité, pour voir le monde tel qu'il est et comment il doit être. Revenir sur terre, et éviter de se briser le coeur à espérer vainement. Tu serres les dents alors qu'elle te dit de peut-être y repenser dans les mois qui suivront, pas de te précipiter à le faire là, alors que vous étiez encore un peu en train de jouer les funambules.

- Hum…

Que tu réponds, mollement. Tu sais qu'elle a raison. Oui, c'était ta crainte. Que la petite ai peur de tes réactions, de ta façon de montrer tes démonstrations d'affection, de te précipiter comme ça. Alors qu'il y a deux semaines, c'était toi qui disait que tu ne voulais pas, JUSTEMENT, lui mettre cette pression sur les épaules de suivi cliché qu'un couple devait faire. Alors pourquoi ton cerveau s'était mis cette pensée ? Pourquoi tu étais en train d'imaginer le bordel ?

- Oui je sais…

Tu la coupes dans son explication. Oui tu sais… Tu sais ce qui pourrait arriver si la patineuse prend peur. Tu l'as vécu une fois, tu n'es pas certain d'encaisser une seconde fois. Tu te triture les doigts, nerveux, regard sur le sol et grimaces. Tu détournes le visage pour ne pas croiser son regard quand elle parle des clés.

- J'lui ai déjà filé… Quand elle est repartie chez ses parents la première fois.

Donc le soir de vos retrouvailles. C'est ce qu'il faut comprendre dans ta phrase. Tu soupires, passes une main sur le visage avant de venir t'affaler dans le canapé, posant ta tête sur son épaule.

- C'est juste… J'crois que… Qu'j'réalise pas que… Qu'elle est revenue et… J'flippe à l'idée d'la perdre de nouveau… Et… bah…

Tes mots ne viennent plus, le regard embrumé. Tu essuies rapidement les larmes qui coulent le long des joues. Tu grognes et grimaces.

- J'l'aime trop… J'veux l'montrer mais j'ai peur d'l'étouffer maint'nant…

Il avoue que les clés sont déjà données à Cornelia depuis un moment, depuis la première fois où elle est rentrée chez ses parents après leurs retrouvailles. Autant dire, donc, qu’il les lui avait donné tout de suite. Lisa opine de la tête. Il s’emballe mais, en même temps… Comment lui en vouloir ? Bien sûr, elle a peur pour lui. Mais elle a bien pardonné à Garrett. Elle s’est bien installée avec lui à peine quelques semaines après avoir découvert sa double vie. Elle n’est pas la mieux placée pour faire la leçon à qui que ce soit sur ce sujet, y compris à son meilleur ami. Il sait très bien que ce serait hypocrite de sa part que d’avoir cette position là, sachant ce qu’elle a vécu elle aussi. Ce qu’elle a fait. Garrett lui avait menti en lui dissimulant la vérité pendant cinq ans. Objectivement, Cornelia n’avait pas fait ne serait-ce qu’un dixième de ça à Aayden. Mais il n’en avait pas moins souffert et c’était cette perspective de le voir souffrir qui l’inquiétait.

"- J’aurais dû m’en douter."

Il est un peu perdu. Il ne réalise pas encore tout à fait que Cornelia est revenue dans sa vie et il flippe à l’idée de la perdre de nouveau. Il flippe à l'idée que le bordel recommence, se réveiller un matin et réaliser qu’il ne la tiendra plus entre ses bras. Y’a trois ans de ça, Lisa est allée le voir presque tous les matins pour contrer ça, pour combler le vide, la solitude, le manque. Même après avoir elle-même retrouvé Garrett, elle était allée bien plus d’une fois chez son meilleur ami pour le soutenir, parce qu’il avait besoin de ne pas être tout seul, tout simplement.

"- C’est normal, oui…"

Il commence à pleurer, essuyant ses larmes comme il peut et Lisa le prend dans ses bras tant pour le soutenir que pour le réconforter, comprenant les angoisses qu’il peut avoir, qu’il peut nourrir. Ce n’est pas simple. Et elle comprend qu’il puisse avoir peur d’étouffer sa belle, après tout ça.

"- Discute en avec elle ? Comme ça tu sauras ce qui est ok, ce qui ne l’est pas. Ce à quoi elle est ouverte et ce qui prendra plus de temps ?" souffle-t-elle en déposant un baiser sur sa tempe. "Et sinon rien ne t’empêche de lui offrir un bijou qu’elle pourrait tout le temps avoir sur elle, mais qui ne serait pas une bague de fiançailles. Une bague de promesse par exemple, pourquoi pas ?"

J’aurais dû m’en douter.

Tu gardes la tête baissée, honteux. Tout était allé assez vite depuis le retour de la brune dans ta vie. Comme si rien n’avait été effacé, tout s’était déroulé normalement, comme si elle avait toujours été là. Alors, naturellement, tu as donné tes clés, tu avais laissé un peu de place dans les placards. Tu soupires un peu alors que tu essayes d’expliquer ce qui te tracasse, les peurs qui te rongent de l’intérieur, les angoisses qui surviennent quand elle n’est pas à tes côtés alors que les larmes surviennent, font place sur ton visage et décident de rougir tes yeux gris.

Lisa te garde dans ses bras, en réconfort, prouvant encore une fois qu’elle était avec toi dans cette épreuve que tu t’imposais. C’est normal qu’elle te dit, alors que tu décides de t’allonger, poser ta tête sur ses cuisses pour fermer les yeux, le front contre son ventre. Et tu pleures en silence, l’écoutant attentivement, reniflant de temps en temps. Repliant tes mains contre ton torse, tu te roules en boule, cherchant une position pour te permettre de te calmer, oublier ce qu’il y a autour. Inspirer profondément pour que tes pleurs s’arrêtent d’eux-mêmes. Discuter… Oui, il faudrait… Mais tu as tellement peur….

Tu renifles de nouveau marmonnant un peu, voulant te remettre les idées en place. Tu sens les lèvres de ta meilleure amie sur ta tempe et souris légèrement. Un bijou ? Une bague ? De promesse ? Tu gardes les yeux fermés avant de prendre de grandes inspirations. Tu mets quelques secondes comme ça, à prendre le plus d’air possible dans tes poumons, soufflant l’équivalence et finit par te détendre enfin, te retournant pour être sur le dos, croisant le regard de la blonde avec toi. Tu souris un peu.

- Merci Za’...

Tu te redresses un peu, pour te remettre assis sur le canapé, une jambe dans le vide, l’autre repliée vers toi en tailleur. Sans demander, tu l’approches pour la prendre dans tes bras sans la serrer trop fort.

- J’sais pas où j’serais sans toi… P’t-être que j’aurais déjà quitté cette ville de dingue… Où j’sais pas… J’serais pas là...

Tu l’embrasses sur la tempe avant de reculer, retirer les dernières larmes rebelles qui s’accrochent et hoches la tête.

- J’vais… J’vais y réfléchir… À tout ça...

Elle aimerait voir Den parfaitement heureux, parfaitement détendue, parfaitement tranquille, mais elle sait que ce sera difficile. Elle sait qu’avec Andy ils l’ont ramassée à la petite cuillère plus d’une fois en raison de ses histoires de cœur. Notamment après sa rupture avec Cornelia. Il avait mis du temps à s’en remettre, à l’époque. Il ne s’en était, d’ailleurs, jamais vraiment remis. Pour les autres oui, peut-être, ils pouvaient y croire. Mais Andy et Lisa n’étaient pas dupes. Ils savaient que c’était encore difficile pour lui, qu’il pensait à la patineuse tout le temps, qu’il l’aimait encore violemment. Que cet amour agitait ses nuits, ses jours, l’empêchant de tourner la page. L’empêchant de complètement guérir.

Pour ne pas brusquer Cornelia, pour ne pas risquer que l’histoire se répète, le mieux est probablement de discuter avec elle. Quand elle était partie, la demoiselle avait voulu bien faire. Elle voulait lui rendre sa liberté, craignant d’être un frein dans sa vie, un frein dans son existence. C’était une raison honorable de quitter une personne. La preuve d’un amour sincère. Et si Lisa ne peut pas être sereine à cent pourcent en le voyant se mettre en couple à nouveau, il faut bien qu’elle soit objective.

"- Ça va bien se passer… C’est Corny, c’est loin d’être un monstre." remarque Lisa en passant une main dans ses cheveux.

Non, c’est sûr, c’est pas comme s’il essayait de donner une seconde chance à Karine. Lisa se serait beaucoup plus inquiétée des répercussions de cette seconde chance, alors. Mais Cornelia ? Si Lisa peut lui en vouloir pour l’état dans lequel leur rupture a laissé Aayden, elle ne peut pas non plus prétendre que la patineuse est ce qu’elle n’est pas.

"- Hé, t’aurais fais pareil pour moi…" souffle Lisa quand il la remercie, le laissant la prendre dans ses bras. "Et on sait tous les deux que sans moi, Andy aurait pris la relève…" poursuit-elle, rassurante, déposant un nouveau baiser sur sa tempe. Il n’avait pas à s’en faire, il était bien entouré.

Non. Non, Lisa a raison. Ta petite Princesse est loin, bien loin d’un monstre de foire, d’une sadique et d’un monstre qui pourrait profiter allégrement de ton énergie vitale et de tes biens. Non. Cornelia n’est pas comme ça. Elle t’a prouvé plusieurs fois qu’elle refusait même ton argent, tes cadeaux, était plutôt mal à l’aise à l’idée que tu dépenses autant. Alors que tu le faisais pour elle, que tu montrais juste ta générosité et l’envie de prouver que tu tenais à elle, quoi qu’il arrive. Alors, oui, peut-être que ta meilleure amie a raison, que tout se passera bien.

Tu sais très bien à quoi elle pense aussi. Corny n’est pas Karine. L’année passée avec la patineuse n’avait rien à voir avec les quatre autres qui s’étaient écoulées avec la blonde. L’un t’avait épuisé, puisé dans ton énergie vitale, puisé dans ton compte en banque, se vantant de sortir avec un sportif professionnel. L’autre se contentait de rester à tes côtés, comprenant tes phases de mal-être et ne voulait pas que tu t’épuises pour elle. Alors, oui, pour Lisa, c’était très différent de son point de vue. Et oui, tu aurais fait pareil pour elle. Comme tu l’avais, entre deux moments lucides, pu la conseiller quand elle s’est remise avec Garrett.

Puis quand elle a pu se marier avec lui après son divorce. Quand elle t’avait demandé d’être le parrain de son enfant. Ces petites choses qui pouvaient la rendre heureuse au détriment de ta propre santé alors que tu combattais tes démons et que tu hésitais à envoyer un bon anniversaire à la brune, ou que tu te demandais si elle voyait les matchs, si elle était là, quelque part dans les gradins. Tu pouffes un peu et hoches la tête.

- Ouais… Andy et sa famille d’fou furieux.

Que tu dis en soupirant. Tu te redresses en secouant la tête, regardant tes mains qui tremblent sous les émotions et pouffes un peu. Tu redresses la tête.

- J’ai des yeux rouges hein ? C’mort si on m’prend en photo…

Tu renifles.

- Je… Ouais… Une bague… Juste une bague… Ce… C’s’rait bien et…

Tu regardes autour de toi, l’appartement que tu occupais maintenant depuis des années, que tu avais pu avoir à ta majorité, qui avait changé de décoration un nombre incalculable de fois.

- Et si… Si j’lui demandais d’aménager avec moi… J’veux dire… Dans un mois ou deux...

Il peut parler de ses doutes et de ses craintes avec Cornelia. Bien sûr Lisa n'oublie pas que cette dernière a fait du mal à son meilleur ami, mais elle sait parfaitement que la demoiselle n'est pas un monstre, qu'elle écoutera son cher et tendre et pourra répondre à ses questions, atténuer ses angoisses. Elle sait que le plus simple et le plus sain que le jeune homme puisse faire, c'est de parler à la petite patineuse qui fait battre son cœur et lui confier sa peur de la cour disparaître de nouveau. Il peut le lui dire, car Cornelia n'est pas un monstre sans cœur. Et parce que dans un couple, il faut se dire les choses. Le manque de communication n'amène jamais rien de bon, tout au contraire. Il vaut mieux qu'il ouvre son cœur à sa princesse, alors, pour qu'ils puissent discuter de tout ça ensemble et espérer résoudre tant la situation que les inquiétudes du goalie.

"- Et sa famille de fous furieux, ouai." souffle la jeune femme en riant un peu. "On leur dira pas, même si c'est comme ça qu'on les aime, en réalité." remarque-t-elle. "Même si évidemment Andy reste le premier Ackermann dans nos cœurs !"

Il se redresse, secoue la tête, observe ses mains et Lisa peut voir qu'elles tremblent un peu sous le coup des émotions du goalie. Et puis, il a les yeux rouges, trahissant les pleurs qu'il vient de laisser couler. Elle hoche la tête, confirmant ses doutes.

"- Ouai, un peu rouge. On voit que t'as pleuré." confirme-t-elle en levant un sourcil. "Te prendre en photo ? Pour ?"

Une bague c'est bien. Une simple bague, quelque chose qui ne marque pas d'engagement, c'est une bonne idée. Cela ne devrait pas faire peur à la demoiselle, pas lui faire craindre un engagement trop prononcé et des souhaits qui menaceraient, en allant trop vite, ses désirs de médailles, tout en lui démontrant, quoiqu'elle n'en doute probablement pas, l'attachement pour elle de son hockeyeur.

Mais il a une autre idée, aussi. Celle de proposer à la demoiselle de s'installer ici, avec lui, dans cet appartement qu'il occupe. Lisa pèse le pour et le contre. Bien sûr ils sont ensemble depuis peu mais, considérant qu'ils ont déjà été en couple toute une année, ce n'est pas si tôt pour se projeter dans une vie à deux. D'un autre côté, elle n'oublie pas qu'ils se sont séparés et que si cela se reproduit… elle n'ose pas imaginer l'état de Den s'il faut vider l'appartement de la présence de la patineuse. Mais elle repousse cette idée. Elle peut envisager le pire. Elle ne peut en revanche pas détruire Den en disséminant ce genre de pensées dans son esprit.

"- Tu peux en discuter avec elle oui. C'est déjà ce que vous faites le weekend finalement. Il faut voir si elle est prête à quitter le domicile de ses parents, par contre. Il faut en parler avec elle. Et attends toi à ce qu'elle veuille payer sa part et participer aux frais."