Après lui avoir dit que je la trouvais mignonne et avoir lancé, pour la blague, que je n’avais rien contre le fait qu’elle se balade à poil, elle s’était cachée sous les couvertures et semblait fuir mon regard. Finalement, elle fit remarquer que je lui donnais l’impression de flirter avec elle, ajoutant peu après qu’elle ne me reprochait rien du fait de l’ennui lattant lié à notre condition.

Si c’était le cas, tu le vivrais comment ? Comme une bonne chose ou comme une mauvaise chose ? Demandais-je d’un ton mi-sérieux, mi-amusé.

Je te trouve mignonne, tu es loin d’être stupide et, ta robe en plastique mise de côté, tu sembles avoir plutôt bon goût. Ajoutais-je en me penchant doucement vers elle. En fait, la vraie question, c’est de savoir si tu as envie que je fasse ça… La fin de ma phrase, ce fût la rencontre de mes lèvres sur les siennes en un bref baiser qui révélait tout de même un avant-goût de passion.
Mon aventure sur ses lippes ne dura pas longtemps, car, dans l’optique où elle refusait cette approche, je ne voulais pas non plus la braquer. La suite de notre aventure dans le désert deviendrait pénible.

Aussi, je me reculais après avoir écourté ce baiser, guettant sa réaction, me préparant à recevoir une gifle, sait-on jamais.
…Ou que je ne fasse rien du tout ? Concluais-je ma question, un sourire sincère aux lèvres.

C’est que ça s’était réchauffé dans cette caverne ! Et je ne parlais pas de la température. Il y a longtemps que l’on n’avait pas flirté avec moi de manière si ouverte et délibérée. Et pour le coup, j’étais toute chose. Il me demandait comment je le vivrais si vraiment il s’agissait d’un flirt et je ne savais quoi répondre. Paniquer ? Me laisser aller ? Le baiser comme une possédée jusqu’à l’épuisement ? Il ajoutait qu’il me trouvait mignonne et pas stupide. Des compliments que je ne recevais que très rarement. C’était quoi le protocole ? Je devais le remercier ou serrer sa main peut-être en mode « Merci de reconnaître que mon bagage génétique a fait de moi un être humain attirant, toi aussi » ». Mais je n’eus pas le temps d’agir qu’il posait ses lèvres sur les miennes. Ses lèvres bulbeuses… Euh pulpeuses qui me donnait l’impression d’embrasser un marshmellow. Par réflexe, j’avais fermé les yeux et décidant que la logique pouvait aller se faire enculer je me laissai bercer par son étreinte. Mais à peine commençais-je à me détendre qu’il s’éloignait déjà. Wtf man. Puis je compris qu’il s’éloignait au cas où je refuserais ses avances. Décidant de ne pas répondre je me contentai de le ramener contre moi pour capturer ses lèvres d’une manière que l’on pourrait qualifier d’agressive. On se tournait les pouces, autant s’amuser. C’était quoi mes chances de recroiser ce mec ? Je supposais qu’un peu de plaisir mutuel ne ferait de mal à personne et aiderait sans doute à chasser le vide existentiel qui menaçait de m’engloutir depuis le début de cette maudite journée. Et puis au pire, il pourrait dire qu’il avait batifolé avec une quasi-vedette.

A peine avais-je terminé de poser la deuxième partie de ma question que Page m’attrapait pour me tirer à elle, soudant ses lèvres aux miennes avec une détermination furieuse.
Aussitôt, je l’enlaçais de mes bras, ramenant une main sur sa nuque pour appuyer encore un peu plus notre baiser fougueux.



Aucun mot n’était nécessaire, nous étions seuls, visiblement, nous nous plaisions, alors si ce n’est agir, qu’y avait-il à faire ?
Un moment hors du temps et de l’espace, rien qu’à nous, du réconfort dans cette aventure délicate.