Terence suit son capitaine sans un mot, un petit sourire assuré et complice se baladant sur ses lèvres. Quant à toi, lorsque ton amant revient à tes côtés, déposant dans tes mains un verre de jus de citrouille bien frais, tu sens à nouveau une certaine assurance fière, unique te prendre aux tripes. Tu acquiesces doucement lorsqu'il t'apprend avoir retrouvé un ancien camarade et s'éclipser avec ce-dernier sur le balcon. Un petit hochement de tête se perd également pour saluer Terence mais il est coupé court par la main qui se pose contre tes reins. Tu t'y appuies, profitant du confort chaleureux de ce simple toucher avant de frémir à la caresse devenue commune contre ta colonne vertébrale.
Bien entendu, cette attention tendre déclenche un nouveau flot de questions de la part du rouquin et cette fois, tu n'y vas pas par 4 chemins pour lui répondre. Après tout, Marcus était l'amour de ta vie et tu en avais plus qu'assez de dissimuler votre relation à tous.

Sur le balcon, Terence attendait déjà Marcus, un sourcil levé dans une expression qui laissait peu de doutes quant au niveau de compréhension qu'il avait sur la situation. Et il n'avait pas l'intention de laisser la discussion s'éloigner de ce qui serait sans doute le sujet de la soirée.

"Nan, je l'ai quittée y'a quelques années. Bref. Alors, Wood hein?"

Un petit tortillement de sourcils indique clairement qu'il n'est pas dupe et a très bien compris qu'ils étaient ensemble sans en saisir la pleine vérité.

"Il porte bien le vert, je te donne au moins ça. Mais depuis quand? Vous êtes souvent médiatisés tout les deux, ça doit pas faire si longtemps que ça."

Une pelletée d'autres questions lui brûlaient la langue, certaines au-dessus et d'autres au-dessous de la ceinture, il n'avait après tout pas été envoyé chez les serpents pour rien... Enfin, pour l'instant il allait sans doute se contenter d'obtenir des réponses que même les jeunes oreilles pouvaient surprendre. Surtout s'il voulait plus tard obtenir une série de détails croustillants et garder sa belle gueule de séducteur intacte. Ca n'était sans doute pas au nom de leur camaraderie que Marcus se retiendrait de le défigurer sous le coup de la colère.

*Oh le petit con, il n’y va pas par quatre-chemins.*

Tu reconnaissais bien là, la fourberie propre à Higgs. Agacé et fier de lui à la fois, tu te contentes d’un sourire en coin alors qu’il essaye rapidement de changer de conversation. Puis, au vu des regards des gens dans la salle, du peu que tu peux apercevoir, c’est trop tard. Tout le monde va savoir d’ici la fin de la soirée. Les yeux curieux se sont baladés, les cris de Weasley ont alerté les oreilles des plus attentifs. Tu pourrais parier ton balai que ton mari a enfin dit la vérité à l’ancien préfet, vu les gestes que le rouquin commence à faire pour affirmer ses dires, que tu n’entends pas d’ici, mais que tu devines bien...

Tu soupires un peu et continues de boire ton whisky, attendant les questions qui brûlent les lèvres du serpent à tes côtés. Tu poses ton verre sur la rambarde et rigole doucement. Pas si longtemps qu’il dit hein ?

- Si tu savais… Je suis presque déçu de ne pas voir autant de Serpentard ce soir, rien que pour leurs réactions.

Il n’a pas tort en un sens. Officiellement, personne n’est au courant. Vous enleviez vos alliances quand vous deviez vous affronter, à l’époque où tu étais encore joueur. Personne n’a pris le nom de l’autre, pas pour faute pourtant d’avoir des papiers prouvant votre union et des témoins plus que silencieux. Officiellement… Dans les faits… Tu baisses un peu la tête, pour regarder le sol, souriant doucement avant de redresser les yeux vers celui qui partage ta vie depuis maintenant presque vingt-ans.

- J’ai peut-être menti à l’époque… Quand on était encore des ados… J’ai peut-être caché des trucs à propos d’Ollie et moi… Qui sait...

Nouveau sourire plein de malice, joueur. Tu reprends ton verre pour une gorgée alors que ton esprit se perd dans les méandres de ce passé commun qui te lie au lion.

~

Novembre 1993 ~

Introuvable. Tu as été introuvable pour tes amis. Disparu juste après un entraînement de Quiddtich, prétextant une envie d'être seul après avoir appris l'état de l'Attrapeur de l'équipe. Enfin… c'est ce qui avait été compris dans tes cris après t'être vengé physiquement sur le mobilier des vestiaires à ta portée. Ton absence prolongée s'est alors fait remarquer chez les serpents au repas du soir. C'est Adrian qui a donné le ton, commençant légèrement à s'inquiéter. Lucian avait grogné, disant que tu faisais ce que tu voulais, que si cela te chantait de ne pas venir, tu ne venais pas. Terrence, lui, s'était tut. Il avait bien une idée du refuge que tu avais trouvé pour être loin de tout. Il lança simplement un : 

-Vous n'avez qu'à essayer de le chercher si cela vous amuse. Il peut pas aller bien loin de toute façon, vu qu’on ne peut pas sortir du château. Quand il aura fini de bouder, il reviendra pour aller dormir.

Silence de plomb. Le petit groupe se contente alors de hocher la tête et de finir le repas. C'est juste après que Terrence s'est mis seul en quête de ta personne. Arpentant les couloirs dans un ordre précis, il se retrouve alors rapidement au pied des escaliers de la tour d'Astronomie. Il t'y avait surpris durant sa Deuxième Année une fois. Tu étais là, seul, à regarder le ciel. Il avait alors vu autre chose que l'espèce d'arrogant et talentueux joueur de Quidditch, il avait vu un ado normal, perdu dans ses rêves d'enfant. Depuis, il gardait ce secret au nom de votre amitié. Mais cette fois, s'il pensait voir les couleurs vertes de votre maison… Il fut surpris de tomber face à un rival de toujours, un Gryffondor bien connu de vos registres. Haussement de sourcils alors que seul sa tête dépassait de l'escalier, toisant alors son interlocuteur.

- Wood? Mais qu'est-ce…

Petit silence avant que le blond ne secoue la tête.

- Laisse tomber. Tu n'aurais pas vu Marcus?

Nouveau silence avant que l’ancien Attrapeur ne réalise ce qu’il est en train de demander et continue de parler sans laisser le temps d’entendre une réponse.

- Bah non putain, j'suis con… Si t'es là, il peut pas y être. Désolé.

Il repart alors aussi rapidement qu'il était arrivé, ne laissant qu'un écho de son poids sur le fer. Tu en profites alors de laisser dépasser ta tête de la colonne qui t'avait servi de dossier depuis le début pour vérifier alors sa totale absence et jettes un regard au lion à tes côtés.

- Il… Il ne m'a vraiment pas vu ou il l'a fait exprès ?

L'ivresse te monte à la tête, elle t'emporte, te fait nager dans une sensation de bien être inégalable. Le bruit constant qui habitait ton cerveau, te forçait à imaginer de nouvelles stratégies de quidditch et te posait des questions sur ton avenir se taisait enfin. Et tout ça parce que ta bouche se retrouvait sur celle d'un autre. Pas n'importe quel autre puisqu'il s'agissait d'un des élèves possédant la pire réputation de Poudlard, celui qui envoyait une bonne partie de l'école à l'infirmerie, celui qui débitait des insultes à la vitesse de l'éclair lorsqu'il était de mauvais poil, celui qui n'hésitait pas à te chercher à la moindre occasion, celui avec qui tu en étais venu aux poings plus d'une fois au cours de votre histoire: Marcus Flint.
Si on apprenait que toi et le serpent entreteniez plus qu'une rivalité obsessionnelle, le scandale déferlerait sur l'académie de magie en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Alors vous profitiez de moments volés, vous attiriez sans ménagement dans des salles de classe vides, vous poussiez en haut d'escaliers interminables, vous attrapiez au détour d'un coin de parc désert. Et tu es perdu si loin dans le baiser que le serpent vole littéralement à ta bouche que tu n'entends même pas que quelqu'un s'invite à votre rendez-vous privé. Le vert et argent, lui, a l'oreille plus fine et tu es écarté fissa de son espace vital, descendant à peine de ton nuage et t'apprêtant à protester lorsque le visage surpris de Higgs apparaît à ta droite, te faisant sursauter.

"Flint? J-..."

Tu n'as cependant pas le temps d'extrapoler que le camarade de ton amant fait déjà demi-tour, te laissant béat aux côtés du brun. A sa remarque, tu hausses une épaule indécise. Tu avais sans doute servi de leurre, avec ton air encore perdu, tes cheveux légèrement décoiffés, ta cravate de travers et ta bouche rosie.

" T'aurais pu prévenir avant de me pousser, Flint! J'aurais pu me casser la gueule! "

Tu ne réponds pas à sa question, il semblait évident que Higgs ne s'était pas donné la peine de scanner la pièce et s'était simplement arrêté sur toi. Tu ajustes ta cravate et envoie vers Marcus un regard contrarié, pas franchement ravi d'avoir été repoussé sans ménagement alors qu'il flottait encore bien loin au dessus de la tour d'astronomie une minute plus tôt. Tu regardes vite fait au dehors et souffle légèrement.

"Ca t'aurait arraché de sceller la porte en montant?"

Cacher vos escapades t'épuisait. Tu étais conscient que ton coeur se consumait tout autant que ton corps à l'égard du serpent, et tu n'avais aucune envie de te lancer dans la vie active en traînant une relation fragile et susceptible d'éclater à la moindre rumeur. D'où ta soudaine mauvaise humeur.

Tu avais ruminé ta colère toute l'après-midi. Tu avais explosé plus d'un casier du vestiaire Tu avais râlé, quitté tout ça pour prendre une douche froide et rapide avant de fuir tranquillement vers la tour d'Astronomie, pour passer ta colère sur autre chose que tes camarades. Mais il avait fallu qu'une touffe brune suivit d'une cape de sorcier à la doublure rouge se pointe dans ton havre de paix. Tu n'avais rien dit en sa présence, contrairement à tes habitudes.

Vous étiez seuls après tout, tu pouvais te montrer toi-même, te contenant de le garder à tes côtés pour te réchauffer le cœur. Mais si sa venue n'était pas attendue, elle était la bienvenue. Et tu lui as fait comprendre dans un silence, juste en posant tes lèvres contre les siennes dès qu'il s'est approché de toi. Mais cela n'a pas duré. Un bruit, une voix et ton esprit qui s’affole. Voilà que tu repousses ton Lion, que tu te figes comme un voleur et attend que tout se passe… Et au final, quand l'intrus disparaît et que tu oses poser une question légitime, c'est ton Gardien de Quiddtich favoris qui s’énerve.

- Qu’est-ce qui t’prend d’un coup, Wood ? C’est toi qui est monté en dernier, j’te signale!

Que tu clames, en râlant presque aussi fort que lui. Ce que vous pouviez être aussi têtu que des centaures tout les deux quand vous étiez lancés dans ce genre de joute verbale. Mais c'est trop tard. Il t'a lancé la perche, ta colère revient et tu craches ton venin.

- J’t’avais dit qu’j’voulais être seul à la base ! Mais t’as insisté avec ta tête d'hippogriffe buté, là !

Tu dis ça comme si cela t’énervais, comme si c’était quelque chose qui pouvait te pousser à faire la même tête, mais… La vérité était que tu aimais cela. Tu aimais quand il te jettait ce regard. Tu aimais bien quand il te résistait, qu'il osait faire sa forte tête pour que tu campes aussi sur tes positions, te forçant à redoubler d'effort pour le dominer complètement. Le seul qui n'avait pas peur de toi, de tes sautes d'humeur, de tes colères et qui pouvait contenir ta force.

Mais tu as décidé d'abandonner le premier cette fois. Tu soupires et te pose au sol, bras reposant sur tes genoux repliés, regardant le ciel et posant ta tête contre la colonne… comme résigné.

Un temps. Un silence. Et tu sembles plus calme d'un coup.

- Chier… va pleuvoir toute la s’maine… sale temps pour voler...

Voix qui semble soudainement lasse. Ce qui te pèse sur le coeur sort enfin, franchis tes lèvres.

- On jouera pas contre vous, demain.

La colère de Flint, qui fait écho à la tienne, est justifiée. Pourtant, le voir s'énerver en retour a le don de te frustrer plus encore, mon dieu mais quel entêté! Il ne pouvait pas simplement s'excuser de t'avoir repoussé, te plaquer contre une colonne et reprendre là où vous en étiez?! Comme si tu demandais la lune...

"Ca va être ma faute de vouloir te changer les idées, maintenant! Si ça avait pas été moi, ça aurait été Higgs et jusqu'à preuve du contraire il aurait été drôlement plus bavard que moi si tu vois ce que je veux dire!"

Une fois encore, pas de mensonge puisqu'après une petite prise de becs stérile vous vous étiez embrassé comme deux assoiffés découvrant une source d'eau claire. Tu estimais tout de même être une distraction au moins un peu plus appréciable que les bavardages de Terence Higgs. Malgré tout, tu remarques directement le changement dans l'attitude du serpentard, la courbe basse de ses larges épaules et l'arc défait de sa bouche. Tu le rejoins pour t'asseoir à ses côtés et jeter un coup d'oeil dehors et hausser une épaule.

"Tch! Ca t'arrange bien que ton crétin d'attrapeur soit à l'infirmerie. Harry est cent fois plus doué que Malfoy, il lui met la raclée à chaque match."

Un petit rire secoue tes épaules alors que ta tête oscille discrètement jusqu'à se déposer sur l'épaule du capitaine des serpents, te laissant échapper un soupir d'aise impossible à retenir. Tu voudrais te blottir contre son flanc, tirer son bras autour de toi et l'envelopper des tiens, mais c'est sans doute plus que le vert et argent pourrait endiguer sans monter sur ses grands cheveux.

"Cette année, c'est la notre de toute façon, on remportera la coupe. Demain, on écrase Serdaigle et en fin d'année je soulève la coupe."

Tu ne parle pas d'après, du contrat qui t'attend déjà pour garder les buts de Puddlemere United, de ce moment inéluctable où tu devrais laisser la main de Marcus te filer entre les doigts. A moins d'avoir le courage de lui avouer l'étendue de tes sentiments... et bien entendu qu'il te les retourne sans faillir.

Tu aurais dû te taire. Tu aurais dû t’excuser. Mais tu n’es pas comme ça, hein ? On t’a mal appris comment gérer les émotions. Il en faut pas beaucoup de toute façon pour que tu t’égosilles quand il s’agit d’Oliver tant tes sentiments quand on parle du Gardien sont assez flou et paradoxaux. Ce début d’année s’annonce vraiment plus compliqué que prévu. Tu le laisses râler à son tour, sous-entendant qu’à choisir entre lui ou Terence, sa présence était plus agréable. Tu ne pouvais pas le nier, c’est sûr, mais tu n’arriverais jamais à lui dire de toute façon. Pour cela que tu as abandonné, passer la discussion sur autre chose.

C’est facile après pour toi de savoir quoi dire, vous partagez cette même rage et amour du jeu. Du coin de l’œil, tu vois l’écossais venir à tes côtés. Tu as un léger rictus quand il te parle de ton Attrapeur.

- J’aurais mieux fait d’garder Terrence… C’te gonzesse d’Dray qui chialait quand il est arrivé à l’infirmerie en plus..

Mais vous saviez très bien tous les deux pourquoi l’équipe avait dû être changée l’an passé. Stupide famille que sont ces blonds patine. Tu ne réagis pas de suite quand tu sens la tête contre ton épaule. Tu as le cœur qui s’affole, l’esprit qui panique et tu te baisses un peu pour lui permettre d’être mieux installé. Tu rigoles un peu quand il parle de la coupe. Ta langue claque contre ton palais, frustré.

- Tu parles ! T’parles bien vite, Wood. Puis j’te le dit, il va faire un temps d’merde. Vous y verrez rien à deux mètres d’vant vous.

Que tu grognes un peu avant de laisser aussi tomber ta tête contre la sienne.

- C’qui m’casse vraiment les couilles, c’est qu’à cause de sa connerie d’vouloir humilier l’binoclard en cours, la tradition des matchs est foutue en l’air. Ca m’les brise d’pas ouvrir la saison.

*Avec toi.*

Derniers mots qui se bloquent dans ta gorge et que tu ne diras pas. Pas ce soir. Trop énervé pour ça. Tu te racles la gorge.

- M’enfin.. Dray a quand même une idée pour pimenter tout ça et s’faire pardonner, j’verrais bien.