L’alcool, ça amenait toujours des débats philosophiques. On refaisait le monde beaucoup plus facilement avec un verre dans le nez. Et c’était ce que Lullaby et Glen étaient en train de faire en parlant des moustiques. Avaient-ils vraiment leur place sur Terre ? Dans le même écosystème qu’eux ? Glen en était venu à douter et Bee n’avait pas l’air tellement plus convaincue que lui. « Peut-être… Tu savais que les seuls moustiques qui piquent, ce sont les femelles ? » Ok, Glen n’était pas très sûr de son info mais c’est quelque chose qu’on lui avait dit plusieurs fois… et qu’il répétait donc aujourd’hui sans réfléchir plus. A force de se faire gratter la tête comme ça, Glen serait susceptible de se mettre à ronronner à tout moment. De temps en temps, il fermait les yeux pour mieux profiter. Ce qu’il était bien ! Bien au point d’envisager de faire annuler le mariage d’un ami proche. Ok, ce n’était pas très raisonnable mais d’une manière tout à fait égoïste, Glen n’en serait pas malheureux. « Ah, ton ingéniosité… Voilà ce qui me plait chez toi ! » que l’agent avait dit en se mettant à rire alors que Bee parlait de congeler le foie gras. « Et si c’était pas moi qui leur volais leur wedding planer mais eux qui me prennent ma… » Glen s’arrêta net. Comment la définir ? N’était-il pas trop tôt pour le faire ? Il se tourna vers l’arrière pour la regarder. Elle était si belle, Lullaby. Mais que représentait-elle pour lui ? Il prit quelques secondes de réflexion avant de se retourner dans sa position initiale et de finir sa phrase : « ...ma petite-amie ? » Parce qu’il n’était pas trop tôt pour prendre cet engagement. Ce n’était pas comme s’il la demandait en mariage et, en même temps, il définissait les limites de leur relation un peu plus clairement. Ce n’était pas qu’un flirt, ils n’étaient pas que des amis et plus si affinité. « Oui, partons. » qu’il acquiesça alors qu’elle lui proposait de s’en aller. Si Glen appréciait toujours autant les caresses dans ses cheveux, il n’y avait plus de paysage à observer. Et ils avaient fini la bouteille de vin. Il fallait bien partir se ravitailler. « Dégustation ? » Glen rit en se relevant et proposa sa main à Bee pour l’aider à se relever à son tour. « Non, on ne va pas déguster… On va engloutir, dévorer même ! » Et sur ces belles paroles, il entremêla ses doigts à ceux de Bee et commença à rebrousser chemin.
 

Comment en étaient-ils arrivés à discuter de la place des moustiques dans l’écosystème ? Pour n’importe qui, cette discussion aurait semblé être sans queue ni tête, étrange. Certains auraient affirmé que l’alcool faisait son œuvre et que le duo était complètement sous son emprise, délirant sur des sujets qui n’avaient pas de sens. Pour eux, toutefois, c’était tout ce qu’il y avait de plus normal. Ils avaient une facilité déconcertante à parler entre eux, à se laisser porter par leur conversation. C’était tout naturel pour l’un comme pour l’autre. De même que cette capacité à plaisanter de tout, de rien, à se sentir en symbiose et connecté l’un à l’autre. L’évidence même, qu’il était difficile de comprendre comment elle n’avait pas pu se révéler plus tôt. Peut-être parce que Bee avait tout fait pour réduire les contacts avec Glen, pour lui parler le moins possible, de peur qu’il ne découvre ce que son cœur crevait d’envie de lui faire savoir, qu’il avait découvert désormais.

”- Ces filles, toutes des pestes !” plaisante la demoiselle comme il mentionne le fait que seules les femelles moustiques piquent, aux dernières nouvelles.

S’ils pouvaient profiter simplement d’une semaine de vacances ici, ne plus avoir à se soucier du mariage dont ils avaient la charge - surtout Lullaby - pour les amis de Glen, ce serait parfait. Ils pourraient profiter des plages de l’île, vignobles, sites touristiques et autres, passer d’aussi doux moments ensemble qu’en cet instant. Mais ce n’était pas envisageable, même s’ils en plaisantent tous les deux, la demoiselle mentionnant même que les amis pouvaient toujours congeler les plats prévus et les ressortir plus tard, pour arranger les affaires de Glen, une pensée qui les fait rire tous les deux, l’homme soulignant l’ingéniosité de la jeune femme, qu’il dit apprécier.

”- Je suis épatante, je sais !” affirme l’organisatrice de mariage en riant. ”Je promets de ne jamais te faire manger de foie gras congelé !” poursuit-elle, levant la main comme quelqu’un qui prêterait serment.

Bee plaisante, imagine la discussion que l’homme pourrait avoir avec son ami pour lui réclamer de faire des efforts et libérer Bee de ses engagements afin qu’ils puissent profiter de l’île et d’une semaine ensemble. Mais la réponse de Glen, elle, la demoiselle ne l’avait pas envisagée, quand il évoque l’hypothèse que ce ne soit pas lui qui vole la wedding planner de son ami. Tandis que leurs regards se croisent, elle lève un sourcil. Eux qui volent sa quoi ? Pourquoi avait-il ainsi laissé sa phrase en suspens ? Le cœur de Bee s’emballant dans sa poitrine, la blondinette tente de deviner ce qu’il avait bien pu vouloir dire, avant que l’homme ne le fasse en se repositionnant dos à elle.

Sa petite-amie. Le cœur de Bee allait exploser, littéralement, de cette confession, alors qu’il est devenu fou, dans sa cage thoracique. Sa petite-amie. Cette idée lui plaît. Beaucoup. Trop. Sa petite-amie. Ce n’était plus juste une question de se découvrir, d’être d’abord amis. Non, il n’était plus question de ça à présent. Mais d’être ensemble. Vraiment. L’un avec l’autre. Ce n’était pas elle qui l’avait dit. C’était lui qui l’avait officialisé, alors même qu’il était celui qui voulait prendre son temps, avant. Et le cœur de la demoiselle bat la chamade, excité par ces mots, par ce constat, cette réalisation. Ils étaient ensemble. Elle. Et lui.

”- C’est… vrai.” souffle-t-elle, ne résistant pas à venir chercher un nouveau baiser sur ses lèvres, sans rien ajouter.

Ils étaient bien, là. Mais la nuit tombée les privant du spectacles du ciel - encore que la nuit étant claire ils pouvaient toujours rester là des heures à admirer les étoiles - la jeune femme propose finalement de rentrer, comme la bouteille de vin est désormais vide. Et que la faim se fait sentir. Comment ne pas avoir faim, d’ailleurs, en sachant que les sushis sont au menu ? C’était une information qui donnerait l’eau à la bouche à n’importe qui, assurément.

”- A l’attaque !” plaisante la demoiselle comme l’homme parle de dévorer, sa main dans la sienne. C’était bel et bien ce qu’elle comptait faire, en effet, quitte à passer pour une morfale qu’elle était, de toute façon, quand il était question de sushis.

En dehors de Lullaby, Glen n’avait jamais rencontré quelqu’un avec qui le contact passait aussi bien. C’était bien plus qu’un simple coup de coeur ou qu’une attirance physique. Bien qu’elle lui plaisait évidemment énormément, ce qu’il préférait c’était qui elle était. Son humour, sa gentillesse, ses goûts… Est-ce qu’il aurait un jour pensé partager les mêmes goûts musicaux qu’une femme plus jeune de douze ans ? Absolument pas. Il s’était plutôt attendu à ce qu’elle ne connaisse rien de son répertoire, qu’il lui fasse découvrir. Ça n’avait pas été le cas et c’était sans doute pour ça que ça marchait si bien : Lullaby était une vieille âme. Ou alors il était une jeune âme. Au choix. « Parait que c’est pour nourrir les petits alors, tu vois, c’est presque mignon… » Presque. Glen n’était pas sûr de réussir à être amadoué devant une famille de moustiques. Et pour cause, on est loin du Spitz nain qu’il rêve d’avoir. « Tout à fait incroyable. » qu’il précisa, un sourire tendre aux lèvres alors qu’elle lui promettait de ne jamais lui servir de foie gras congelé. L’homme gloussa devant son serment, toujours aussi amusé par la vivacité d’esprit de sa belle. Ou de sa petite-amie. C’est lui qui l’avait dit. Pourquoi se voiler plus longtemps la face. Ils avaient passé assez de temps partagés entre deux eaux… Se positionner, ça lui faisait du bien. S’embrasser, le coucher de soleil, la bouteille de vin à deux… Si Glen faisait tout ça, c’était parce qu’il avait fait un choix. Il allait laisser une chance à cette relation et faire son possible pour la faire accepter à leur entourage en commun. Et ils n’étaient pas obligés de se presser pour s’officialiser devant les autres d’ailleurs… Ils pourraient prendre du temps à deux. Pour se découvrir, pour apprendre à se connaitre autrement. Lullaby ne commenta pas sa nouvelle appellation. A la place, elle s’était contenté d’un baiser que Glen espérait être bon signe. Et si c’était lui qui lui faisait peur tout à coup ? Il préférait être optimiste et se dire que ça ne la gênait au moins pas. « Bon alors, c’est quoi le gage ? » qu’il avait demandé alors qu’ils prenaient le chemin des sushis. Si déjà ils jouaient, autant mettre quelque chose en jeu. Glen était tellement persuadé de gagner qu’il s’autorisait cet extra.
 

La demoiselle étire ses lèvres en un sourire comme l'homme fait remarquer que si ce sont les femelles moustiques qui piquent, c'est pour nourrir leurs petits, de sorte que le processus est presque mignon. La jeune femme dessine sur ses lèvres une petite moue sceptique. Pas certaine que cette information relève vraiment le niveau de l'estime apportée aux moustiques. Il n'en reste pas moins que ces bestioles piquent et laissent de belles marques qui démangent.

"- Elles pourraient piquer ailleurs que sur ma délicate petite peau !" fait remarquer la demoiselle en riant avant de l'embrasser de nouveau.

Elle préfère nettement que ce soit la mâchoire de son cher et tendre qui vienne picoter un peu son épiderme à chaque fois que leurs lèvres se rencontrent. C'était une sensation beaucoup plus agréable et dont elle se sentait incapable de se lasser. Bien sûr que non. Elle n'en serait jamais rassasiée. Ce ne serait jamais assez. Jamais trop.

"- Absolument parfaite…" plaisante la demoiselle, riant.

Et si elle ne l'était pas spécialement, parfaite, Lullaby espérait l'être au moins pour lui. À ses yeux. Maintenant qu'il la désignait comme sa petite amie, elle pouvait le croire toutefois. Et le cœur de la demoiselle bat la chamade à cette seule pensée. Bon sang. Sa petite amie. Quelle douce mélodie à ses oreilles. Quelle douceur.

Se redressant finalement le couple se met en route, à la recherche d'un restaurant où dîner ce soir et qui serait en même temps le territoire très officiel de leur concours de mangeur de sushis, qu'ils prennent très très au sérieux, Glen évoquant même un gage pour le perdant. Bee étire ses lèvres en un sourire.

"- Si tu gagnes, je te fais un massage. Si je gagne, tu me fais un massage."

En d'autres termes elle gagnait dans les deux cas.

« C’est vrai… » que Glen avait acquiescé quand Bee lui avait dit que les moustiques pourraient éviter sa délicate peau. « Je pourrais peut-être leur en toucher un mot. Je sais me montrer très persuasif… » qu’il avait rit en répondant à son baiser. C’était si simple, à se demander pourquoi il avait tant hésité à franchir le cap. Il ne regrettait pour rien au monde. Ce voyage, c’était l’opportunité d’une vie. « Evidemment. » qu’il avait répondu, très sérieux, alors qu’elle riait en se déclarant parfaite. Oui, elle l’était. A ses yeux en tout cas. Elle l’éblouissait par sa grâce naturelle, le ravissait par son esprit. En route vers l’endroit de leur concours de sushis, Glen proposa qu’ils mettent en place des gages. Jamais à court d’ingéniosité, Bee proposa des massages. Vu d’ici, Glen ne voyait pas le risque. Quoi qu’il en soit, il serait gagnant, non ? « Très bien. J’espère que t’es prête à faire le massage de ta vie. » Un large sourire étira ses lèvres alors qu’ils progressaient dans la ville. De nuit, avec toutes les lumières allumées, c’était ravissant. Pas autant que le bout de femme dont il tenait la main mais quand même. Ralentissant le pas, il déposa un baiser sur le sommet du crâne blond de la demoiselle. « Tu sais où on est là ? J’ai jamais eu un sens de l’orientation incroyable, je crois que je vais sortir le GPS sinon. » Vive l’invention du smartphone. Il était peut-être arrivé assez tardivement dans la vie de Glen mais il ne pourrait plus vivre sans. Et encore. Il n’utilisait aucun réseau social mais si c’était le cas, il vivrait probablement greffé à son téléphone portable. Comment faisait Bee d’ailleurs ? Il n’était jamais allé voir mais elle devait forcément y être très active, non ? Une autre question que Glen mit dans un coin de sa tête. Le moment venu, il lui demanderait comment ça fonctionne. Il aurait bien besoin d’un cours sur l’influence et les réseaux sociaux. Un coup de vent déclencha un léger frissonnement chez Glen. Et si elle avait froid, elle aussi, sa merveilleuse petite amie ? Prévenant, il passa un bras autour de ses épaules pour la ramener au plus près de lui. D’accord, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus pratique pour marcher. Et alors ? Ce n’est pas comme s’ils étaient pressés.
 

La jeune femme esquisse un nouveau sourire tandis que l'homme évoque sa force de persuasion qu'il pouvait mettre au service de sa belle, pour éviter que ces dames moustiques ne continuent de la prendre pour cible, elle et sa peau délicate. Comme il parle de leur en toucher deux mots, elle ne peut s'empêcher de visualiser la scène, de visualiser l'homme aller voir une famille de moustiques en leur demandant de bien vouloir stopper leurs agissements et laisser la peau de Lullaby tranquille. À crever de rire.

”- Oui, il faudrait ! Je crois que ma petite peau préfère largement tes assauts ! Non, je ne crois pas, j'en suis même sûre !” dit-elle, sourire aux lèvres.

Comment pouvait-elle se montrer aussi confiante à présent alors qu'elle était resté des années dans son coin sans oser se dévoiler, de peur que les réactions de l'homme ne soient pas celles qu'elle avait espérer ? C'était à n'y rien comprendre. Et son audace, sa confiance, l'étonnaient elle-même. Avec lui pourtant il semblait tout à coup très facile d'être soi-même, maintenant que tout était plus clair.

Évidemment elle est parfaite, assure-t-il comme elle plaisante à ce sujet et la demoiselle ne peut pas s'empêcher de sentir ses joues rougir. Pensait-il vraiment cela d'elle ? Pensait-il vraiment ce qu'il était en train de dire ? Naturellement la jeune femme l'espère de tout son coeur, de tout son être. Mais pour ce qui était de lui demander de répéter… elle n'ose naturellement pas s'y risquer. Et là conversation qui s'oriente sur un gage qu'ils pourraient donner à l'autre le soir même lui fournit une excellente raison de ne pas poser de questions gênantes.

”- J'espère que tu sais masser !” renchérit la jolie blonde comme il lui demande de se préparer pour le massage de sa vie.

Qu'il se tienne prêt à mordre la poussière. Il avait laissé entendre le premier soir qu'il pourrait la battre facilement tant elle n'était pas bien épaisse et c'était désormais une question d'honneur pour elle que de l'emporter ce soir, que de réussir à battre l'homme. Il verrait bien si elle avait tant que ça un appétit de moineau.

”- Oui, à peu près.” répond-elle comme l'homme s'inquiète de savoir si elle sait où ils sont.

Le chemin jusqu'à la ville ne serait plus très long mais naturellement l'obscurité tombée sur l'île ne peut que ralentir leur progression, de même que le froid dont il essaie de la préserver en passant un bras sur ses épaules et la ramenant contre lui, tel un parfait petit ami. Et Bee alors ne se fait pas prier pour passer le sien dans le dos de l'homme, sur sa taille, se rapprochant un peu plus de lui alors qu'ils se rapprochent doucement des frontières de la vie urbaine.

”- Par contre on va devoir trouver où dîner et je ne sais pas où peuvent être les restaurants de sushis. Je crois que nous allons bel et bien avoir besoin de Google Map !”

Il paraît que l’amour donne des ailes. A ce moment-là, Glen se sentait tout puissant. Invincible. Plus fort que jamais, il s’était senti pousser des ailes. L’effet de Lullaby lui était plus que bénéfique. Pour le moment. Il ne savait pas encore dans quelle mesure les obstacles qu’ils rencontreront dans le futur pouvait impacter le bonheur qu’il ressentait. Pour l’heure, il tenait simplement à en profiter. « C’est vrai, je te suce pas le sang moi… » Il y avait bien des choses que Glen aimerait faire à sa peau plutôt que de la piquer pour en sucer le sang mais il s’était abstenu de parler de ce genre de projets. C’était tôt. Il n’était pas prêt. Entre eux, c’était mignon, et ça devait nécessairement le rester. Lullaby, si douce, si pure. Il s’en voudrait terriblement de la brusquer ou de passer pour un horrible pervers. Alors, gêné par ses pensées, il avait perdu son regard au loin. En feignant de regarder le paysage, ça passerait tout seul. Il continuait leur progression dans la ville quand Bee s’exclama qu’elle espérait qu’il sache masser. « Mes massages sont divins, bien sûr, mais tout le monde sait que je vais gagner ce soir alors… » Il haussa les épaules, l’air de dire tant pis. Sa détermination l’amusait. Qu’on soit clairs, Glen ne pouvait pas croire une seconde que la demoiselle puisse être un goinfre. Il avait dîné avec assez de femmes pour connaître la chanson. Elles prétendaient toutes être de bonnes vivantes mais elles finissaient toujours par prendre une salade avec sauce à part. Un classique. Glen ne s’inquiétait puisse que Bee savait où ils étaient. Enfin, à peu près. Ça suffisait, à peu près, non ? Mais la demoiselle lui apprit qu’elle ne savait pas où trouver de restaurant à sushis et Glen dégaina son téléphone avec un air savant. TripAdvisor lui indiqua le restaurant à sushis le plus proche et il n’avait plus qu’à rentrer l’adresse sur Google Maps et se laissait guider par la douce voix du GPS. « T’as entendu ? La dame a dit à droite. » qu’il articula en augmentant le son de son téléphone. Ils passaient pour de gros bons touristes et Glen n’y voyait absolument aucun inconvénient. « J’adore cette voix. Elle a l’air si gentille, j’ai presque envie de lui faire un câlin à chaque fois qu’elle me donne une indication. » qu’il s’était amusé en prenant par la droite.
 

Il ne lui suçait pas le sang, lui, rendant forcément ses assauts plus agréables, comme il l’affirme. Et Lullaby chasse immédiatement les pensées qui s’invitent dans son esprit en l’écoutant parler. Il ne suçait peut-être pas son sang mais cette bouche pouvait largement lui faire absolument tout ce qu’il voulait sans qu’elle n’y voit le moindre inconvénient. A commencer par la dévorer de baisers comme ils ne se privaient pas de le faire depuis qu’ils avaient atteint les ruines du château dans le soleil couchant. D’ailleurs, alors qu’ils cheminent pour retrouver les habitations, la sensation de ses lèvres sur les siennes commençait presque à lui manquer.

”- Je dois avouer que je préfère ça !” commente-t-elle.

Non pas qu’elle n’ait jamais été fan de twilight au cours de son existence - l’adolescence était passée par là pour elle aussi - mais dans la réalité des faits, l’hypothèse qu’il suce son sang lui semblait beaucoup moins glamour. Surtout s’il était davantage moustique que chauve-souris. Plutôt insecte que ce bg d’Edward Cullen et ses yeux dorés. Des yeux auxquels elle préfère toutefois ceux de l’homme à ses côtés, lesquels font littéralement bondir son cœur dans sa poitrine chaque fois qu’elle les capte à la regarder comme lui seul savait le faire.

L’homme fanfaronne en avançant, se voyant déjà vainqueur de leur concours, profitant d’un bon massage alors même que les siens étaient absolument divins mais qu’elle ne pourrait pas en profiter. C’est ce qu’ils verraient, tant pour la victoire que pour cette affirmation si elle venait à perdre. Résisterait-il vraiment à lui rendre la pareille, quand elle aurait fini de détendre tous ses muscles, les uns après les autres, du bout de ses doigts ? Pourrait-il résister à leur alchimie, à l’appel de sa peau ? Il avait déjà passé tant de temps à caresser son genou qu’elle espérait bien que non. Qu’il pourrait, si elle venait à perdre, se laisser amadouer.

”- Crois-le !” souffle-t-elle amusée toutefois, entretenant la joute verbale.

En attendant, il leur fallait trouver un restaurant de sushis pour mettre leurs plans à exécution. Et un bon. Sollicitant donc l’aide de tripadvisor puis du GPS, tous deux tournent à droite comme le leur indique la voix féminine supposée les guider, de laquelle Glen ne tarde pas à faire l’éloge, recevant alors un petit coup sur son épaule et l’air boudeur de la demoiselle en guise de représailles, avant qu’elle ne détourne la tête de lui.

”- Je vais aller lui casser les rotules à celle-là, oui !” affirme-t-elle en s’autorisant un petit coup d’œil en direction de l’agent.

Qui aurait cru que de parler de moustiques pouvait être un tel sujet de conversation ? Il fallait le voir pour le croire. Ou l’entendre plutôt. Il n’y avait aucun doute quant au fait que Lullaby et Glen passerait énormément à refaire le monde. Et à discuter de banalités qui ne feraient probablement pas sens pour la plupart des gens mais qui valaient tout l’or du monde pour le nouveau couple. En couple. Tous les deux. Quand il la regardait, Glen avait encore du mal à y croire. Est-ce que quelqu’un avait jeté un sort à Bee pour qu’elle l’apprécie ? Ou comment expliquer qu’une fille aussi géniale s’intéressait à un vieux célibataire comme lui ? Il n’avait rien d’un prince charmant. En tout cas, c’est l’oeil très critique qu’il se portait. Mais elle… elle avait tout d’une princesse. « Je te fais la promesse de n’avoir aucun fétiche douteux ! » Il leva la main droite dans les airs, jurant sur l’honneur. « Enfin j’ai bien quelques petits trucs mais ça implique des sushis alors ça va, non ? » Glen explosa de rire sous l’effet de sa propre blague. Et c’était bien qu’une blague car, non, il n’avait pas d’idées saugrenues en lien avec des sushis. Ou avec quoi que ce soit à vrai dire. Les collections de culottes sales et les pieds manucurés, il laissait volontiers ça aux autres. Pour ce qui était de leur concours à venir, Glen se sentait déjà vainqueur. Est-ce qu’il la sous-estimait autant qu’elle voulait bien lui faire croire ? Il n’en avait aucune idée mais il ne tarderait pas à le savoir vu qu’ils s’approchaient sérieusement de leur destination. Tout occupé sur son GPS dont il venait de vanter les mérites à sa belle, Glen mit un peu de temps à comprendre ce qui lui arrivait quand Bee assena une légère tape sur son épaule. « Eeeh ! » qu’il s’était écrié en tournant la tête sur le visage boudeur de Lullaby. Donc sa douce et gentille Lullaby pouvait sortir les griffes… Il ne l’avait pas vu venir. « Casser les rotules… de la voix de mon téléphone ? » Glen avait poussé un petit soupir amusé avant de coller un rapide baiser sur le sommet du crâne de la demoiselle. « Dis, Siri. » qu’il avait dit dans son téléphone. « Hum ? » répondit ce dernier. « Lullaby veut te casser la gueule. » Rien que de dire ça à voix haute avait suffit à le faire rire. La réponse que lui avait fournit son téléphone l’avait encore plus amusé : « J’aime mieux pas. » Glen haussa finalement les épaules. « Tu vois. Pas de soucis à te faire, elle a trop peur de toi. » Et il resserra alors son étreinte sur la jolie blonde de son coeur.
 

Alors qu’il affirme n’avoir aucun fétiche douteux, la demoiselle laisse entendre un petit rire. D’un coup, elle lui prête les traits d’un Cullen, l’imaginant plus pâle que la mort, les yeux dorés, la beauté à couper le souffle. Correction. La beauté absolument incroyable, impensable, il l’avait déjà aux yeux de sa belle. Mais pour le reste, elle aimait bien mieux qu’il ne soit pas concerné. Comme elle préfère largement qu’il n’ait effectivement aucun fétichisme louches. Parce que si tous les goûts sont dans la nature, il y en a tout de même quelques-uns dont on pourrait se passer et que la jolie blonde préfère ne même pas imaginer. Parce que la nature humaine pourrait vraiment la surprendre. Ou la dégoûter. Peut-être même les deux, en fin de compte.

”- Ah, ça !? C’est pas un fétichisme les sushis, c’est normal de reconnaître leur suprématie gustative !” assure la demoiselle en levant les épaules, comme si c’était l’évidence même.

Et qui oserait dire devant elle que ça ne l’était pas, ou pire, qu’il n’aimait pas les sushis ? Cela n’avait aucun sens. Les sushis étaient un plat parfait. Réconfortants, copieux, doux, raffinés… Ils avaient tout pour plaire, surtout plongés dans une petite sauce soja salée, ou une spicy mayo. Bon sang, elle pouvait déjà en sentir le goût sur sa langue. Ils allaient se régaler ce soir, ça ne faisait aucun doute, à condition bien sûr que l’établissement soit bon. Il n’y avait rien  de pire que de mauvais sushis. Elle en avait mangé une fois, elle espérait bien ne plus jamais se faire avoir.

Tout comme elle espère bien ne pas réellement apercevoir un jour Glen en train d’enlacer une autre femme qu’elle, que celle-ci soit la détentrice de la voix de son GPS, une protégée mannequin ou quelque chanteuse que ce soit. Moins elle voyait de femmes autour de lui, mieux elle se porterait. Au moins le temps de réaliser que toutes ces filles exceptionnelles qui gravitent autour de lui, dont certaines que son propre père présente à son ami, ne sont plus des menaces.

”- Elle a bien un corps, cette voix !” remarque la jeune femme en continuant de faire semblant de bouder, tandis qu’il parle au téléphone. ”Elle a bien raison d’avoir peur !” prévient la demoiselle, comme si elle était capable, réellement, de faire du mal à une mouche. ”J’me laisse pas piquer mon chéri moi !” assène-t-elle comme ils arrivent devant la porte du restaurant, son cœur battant la chamade d’avoir osé ce diminutif.