Pas de nouvelles de la journée... je passais ma journée à attendre, à regarder fréquement mon téléphone mais rien... aucune nouvelles. J'avais cru qu'elle le ferait. Ne m'avait elle pas répété sans cesse qu'elle ne cesserait de m'envoyer des messages, de me harceler même si je faisais tout pour mettre de la distance entre nous. Il fallait croire que j'avais réussi, que mon dernier message avait eu raison de sa détermination. Je ne veux pas que tu m'aimes... Non je ne voulais pas. Parce que ce n'était pas sain pour elle, qu'il n'y avait rien de bon qui pourrait sortir de tout ça. Les relations à distance ce n'était pas sain. On avait besoin de contact dans une relation, de voir la personne, de la toucher d'être avec elle... Elle ne pouvait pas rester à espérer quelqu'un qui ne viendrait jamais. Je ne voulais pas qu'elle m'aime non, parce que je voulais qu'elle soit heureuse et que je savais que moi je ne pourrais jamais la rendre heureuse.

Je finis par aller me coucher le soir, essayant de rattraper le sommeil, cette nuit quasiment blanche que j'avais passé. Mais je n'y arrivais pas. Le sommeil semblait me fuir encore... je ne pensais qu'à elle....

Cinq jours. Cela fait cinq jours maintenant que je n'ai pas répondu à Nath et à chaque fois que je regarde mon téléphone, les larmes me montent aux yeux. J'ai dû enfermer mon portable dans une commode pour ne pas être tentée de parler à Nath. Ce n'est pas que je n'en ai pas envie, c'est juste que je ne sais pas quoi lui dire. "Désolée pour mes messages d'ivrogne, je ne le pensais pas, passons à autre chose ?" non..... Ça n'aurait que crée un malaise entre nous, un malaise qu'il se serait fait un plaisir d'élargir pour m'éloigner encore plus de lui. Non. Je ne veux pas de ça, ses mots ont été assez blessants et j'ai besoin de prendre le temps de me remettre de tout ça. De ma révélation, de sa réaction, de mon humiliation.... J'ai besoin de temps. Ça ne m'était pas arrivée depuis le lycée de me faire rembarrer de la sorte et j'ai passé ces cinq derniers jours à me sentir comme la Yzia du lycée. Je n'ai que très peu mangé, je ne suis pas sortie une seule fois, je n'ai donné de nouvelles à personne. Je me complais dans ma déprime, migrant de mon lit à mon canapé et vice versa quand j'ai besoin de marcher.

Alors que je suis en train de me prendre un panaché, le seul truc alcoolisé qu'il me reste à la maison, la porte de mon appartement se fait pulvériser à coup de pieds ! Je hurle et lâche mon verre sur le sol pour aller me cacher !

"Yzi ?! Tout va bien ?"

"Connor ? Tu rigoles ou quoi ! Tu viens de péter ma porte et tu me demandes si ça va ?!!"

Mon cousin me prend dans ses bras avant de me secouer fermement.

"Putain de merde, Yzia, tu peux pas répondre au téléphone ?! Ça fait cinq jours que tu donnes de nouvelles à personne, j'ai cru que j'allais finir par prévenir les flics putain ! Je suis allé à ton ancien taf pour voir si t'étais pas passé vite fait récupérer des trucs ou quoi, rien ! Personne ne t'as vu pendant ces cinq jours ! T'es folle ou quoi de faire ce genre de chose ! Putain mais t'es vraiment trop conne !"

Me hurle-t-il dessus ! Mais je sais que c'est la peur qui l'a fait parler. Connor et moi sommes plus que cousins germains, nous sommes comme des frères. Tout deux enfants uniques, nous avons grandi ensemble. Mes parents sont des hippies qui parcourent le globe pour faire des docus animaliers, quant aux parents de Connor, son père gère une entreprise de sucre très fleurissante, du coup, il le voit rarement et sa mère est le cliché de la femme riche qui ne fait rien de ses journées, même pas s'occuper de son fils ou de sa nièce. Alors pour le coup, si nous sommes aussi unis c'est surtout car le reste de notre famille ne l'est pas un brin. Mes parents pourraient être au Groenland actuellement, ils n'auraient jamais su que j'ai disparu pendant cinq jours. Connor est mon aîné de quatre ans, c'est pour cela qu'il est si protecteur.

Je finis par m'excuser et par pleurer dans ses bras comme une merde. On a longuement parlé, j'ai beaucoup pleuré et finalement, j'ai réussi à me calmer. J'ai pris l'initiative de ramasser mon panaché au sol pendant que Connor ramasse les débris de porte.

"Tu vas dormir à la maison ce soir, tu ne peux pas reste ici toute seule, sans porte, dès demain je te commanderais une porte. Et ton Nath, je veux plus en entendre parler t'as compris ! Si je le vois, je lui péterais la gueule !"

Je roule des yeux en essuyant le sol. C'est quoi cette manie qu'ont les hommes à croire que toutes les femmes doivent leur obéir au doigt et à l'œil ?! Nath qui me dit que je dois pas m'attacher à lui, que je dois pas apprendre à le connaitre, que je dois pas l'aimer, Connor qui ne veut pas que je m'attache à Nath, que je m'intéresse à lui, que je lui reparle un jour ! Non mais ça va oui ?! C'est ma vie quand même !
Je me relève en le regardant sévèrement.

"C'est ma vie !"

Il me regarde surpris.

"Quoi ?!"

Déterminée je ne le lâche pas du regard.

"C'est ma vie ! Ok ? Si j'ai envie de parler de Nath, ou de penser à lui ou de le voir, tu ne pourras pas m'en empêcher ! C'est ma vie et j'en fais ce que je veux ! Vous êtes personne me dire ce que je dois faire ou qui je dois aimer !"

Et comme une star je le laisse planté là pour aller dans ma chambre et claquer la porte derrière moi. Mon pauvre cousin ne comprend pas tout puis finalement, il se met à soupirer et une fois qu'il a ramassé les dégâts, il s'assoit sur le canapé.

"Yzi, prends-toi un sac pour la nuit."

Aucune réponse.

"Ça va, Yz, tu vas pas bouder cent sept ans ! Excuse-moi de me faire du souci pour toi !"

Et c'est vrai que du souci il s'en était fait. En sortant mon téléphone de ma commode je vois que j'ai une centaines de notifications différentes ! Textos, appels manqué, Fb, Snapchat ! Connor a alerté toute la matrice de ma disparition et le peu de gens pour qui j'ai de l'importance ont essayé de me contacter. Mais pas Nath... lui apparemment n'a pas remarqué mon absence. En même temps, pourquoi le ferait-il, il ne veut pas de moi dans sa vie...

Je m'assois sur mon lit et commence à pleurer en silence en relisant les deniers messages de Nath.
Connor entre dans ma chambre et s'assoit à côté de moi.

"Yzi... pleure pas... J'aime pas te voir comme ça...."

Il passe un bras autour de mes épaules.

"Pourquoi tu vas le voir ce mec ? Si tu veux vraiment te battre, va le voir et ne lui laisse pas le choix ! En face de toi il ne pourra que craquer, c'est obligé ! Bats-toi ! Arrête de pleurer !"

Je le regarde en séchant mes larmes.

"Je....Je ne sais pas où il habite ! Je ne connais même pas son nom de famille !"

Là je m'attendais à une nouvelle leçon de morale sur la dangerosité des inconnus par téléphone mais non. Au contraire, il s'est montré compréhensif et a même proposé de m'aider.

"Rooooh Yzi, on est 2020 ! Tu peux avoir ce que tu veux sur internet ! Suffit de s'y connaitre c'est tout ! Je te parie qu'à la fin de la journée, on aura le nom de ton Nath machin chose !"

Je le regarde avec une lueur d'espoir.

"C'est vrai ? Tu penses qu'on pourra le retrouver ?"

Connor ébouriffe mes cheveux avec tendresse.

"Bien sûr ! Je t'ai déjà déçu ? Non, parce que je suis le meilleur ! Alors ne t'inquiète pas, on va le retrouver ! Puis je connais deux trois personnes qui pourraient nous aider."

Il me fait un clin d'œil entendu avant de m'embrasser le front.

"Écoute, ne te prends pas la tête, fait ton sac et puis dès que j'ai des infos, je te dirais. Donne-moi juste son prénom et son numéro de téléphone. On va commencer par là."

Je me sens tellement heureuse que j'ai l'impression d'avoir repris du poil de la bête. Je commence à faire mon sac à la hâte et mon cousin sourit de me voir dans cet état. Je faisais peur à voir avec mes cernes, mes yeux rouges en permanence et ma silhouette amaigrie.
Je réunis mes affaires vitales dans un sac de sport puis me voilà fin prête. J'aurais pu m'habiller mais je n'en ai pas envie, je reste en pyjama, préférant me laver chez Connor.

Deux jours après, je prends le petit déjeuner dans la grande cuisine américaine de mon cousin. Viennoiseries, pain beurré, galettes, il n'a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands pour me faire plaisir !

"St John !"

Je relève la tête de mon bol de chocolat au lait.

"Quoi ?"

Il me regarde avec un grand sourire.

"C'est son nom de famille !"

J'en reste bouche bée !

"Comment tu le sais ?"

Il s'assoit en face de moi comme pour me donner le scoop de l'année.

"Il t'a envoyé des fleurs ! Je n'ai eu qu'à appeler le fleuriste et me faire passer pour lui et il m'a dit "Vous parlez bien de la commande St-John, Nathaniel St-John ?" et BAM voilà son nom !"

Je lui saute au cou, folle de joie !

"C'est incroyable ! J'hallucine ! Alors, tu as trouvé quelque chose ?"

"J'y ai passé toute la nuit ! Je pensais pas que retrouver une personne serait si long ! À la télé, en deux clapotements de clavier ils retrouvent son carnet de santé ! Enfin bref ! J'ai d'abord essayer de chercher du côté de son job. J'ai trouvé la boite où il bosse mais bien sûr, pas d'adresse puisqu'en soit, les gens n'ont pas besoin de le savoir. Je savais que son patron ne me la donnerait pas donc c'était mort. J'ai cherché sur google, dans les pages jaunes, je me suis perdu sur la toile ! Jusqu'à ce que j'atterrisse sur le forum de psychopathes, qu'il faut sans doute dénoncer aux autorités, dont certains disaient que pour retrouver leur ex, ils pistaient leur sœur/frère/cousin/ex etc !"

Je fronce les sourcils.

"T'as retrouvé son ex ?!"

Il me pince la joue.

"Ouaip ! Et elle est mignonne !"

Je tourne la tête en croisant les bras.

"Roooooh, boude pas, t'es bien plus jolie qu'elle et puis tu as l'avantage de la jeunesse ! Bon, du coup, elle aussi, ça a pas été facile de la trouver. Je ne sais même pas combien de page google j'ai dû fouiller avant de trouver son Facebook ! On trouve vraiment tout sur google, il suffit de se montrer patient ! Bon, son Fb ne m'a rien donné d'intéressant, la seule photo de son ex est une photo où se trouve la meuf, ses parents et son mec, je pense que c'est pour ça qu'elle la garde encore.
Sur Fb, elle avait une adresse indiquée mais en regardant sur Maps, je me suis rendu compte que ça ne correspondait pas à un appartement mais plutôt un petit pavillon. J'ai trouvé son Instagram mais pareil, la même adresse ! Cela dit, je suis sûr que c'est elle car certains commentaires font allusions d'un certain Nath.
Je commençais un peu à désespérer, je te le cache pas.... Jusqu'à ce que je tombe sur son compte Twitter ! Hahaha, réseau social à l'abandon, que ferions-nous sans toi ! Sur son Twitter, elle n'a pas la même adresse que les autres, je suis donc allé vérifier et BINGO ! Ça correspond à un immeuble avec appartement !"

Et il pose un postit avec l'adresse. J'ouvre la bouche et je reste pantoise. Vraiment, j'hallucine... J...Je ne sais même pas comment réagir. Qu'est-ce que je dois faire ?! Connor me voit buger et agite une main devant moi.

"Yzi ?! Putain je m'attendais à ce que tu sautes au plafond, que tu bâtisses un temple à ton héros ! Je sais pas, moi ! Montre un peu de joie et de reconnaissance !"

Je souris en le bousculant.

"T'es con ! Je....Je sais juste.. pas quoi faire...."

Je baisse la tête tristement et il passe un bras rassurant sur mes épaules.

"Tu vas te mettre fresh so fresh et tu vas te pointer chez lui, tu vas le voir et quand il posera les yeux sur toi il sera obligé de craquer ! C'est sûr même !"

Je le regarde.

"Tu crois ?"

Il me pince la joue.

"Mais oui, c'est sûr ! Au fait, j'ai une photo de lui, je pense pas qu'elle soit trop vieille. C'est la fameuse photo avec son ex et ses beaux parents. Tu veux la voir ?"

Je fronce les sourcils en réfléchissant vraiment à si je voulais voir cette photo ou non.

"Non. Merci, Connor. Merci pour tout !"

Dis-je avant de le serrer dans mes bras.


Dans l'après midi, j'ai pris une douche du turfu ! Gommage, soin pour les cheveux, le visage, gel douche qui sent la barbe à papa ! Parfum, coiffure, tenue, au top du top ! Je me suis même autorisée des talons parce qu'il est plus grand que moi !

Je sors de la salle de bain et me présente à Connor.

"Alors, tu penses que c'est bien ? Je ne voulais pas en faire trop !"

Il me montre son pouce.

"Nickel ! Si avec ça il craque pas, c'est qu'il est gay ! C'est ça son secret !"

Je secoue la tête.

"T'es con putain."

Talon c'est fait, jean moulant pour éviter le short ou la jupe aguicheuse c'est fait, débardeur fleuri et veste en jean c'est fait ! Bon ok, Connor a peut-être raison, ma tenu est top !

Je finis par sortir de chez moi, impossible de courir après le bus avec mes talons, aussi je décide de prendre mon temps. C'est pas que je ne suis pas pressée, c'est juste que... J'appréhende.... Si ça se trouve il va encore me repousser.... J'ai pas vraiment envie de pleurer devant lui.... Je me mordille la lèvre puis m'ordonne d'arrêter pour ne pas faire partir le rouge à lèvres.

Je tiens fermement mon téléphone dans mes mains pendant tout le trajet du bus, quelle ironie de voir qu'il est sur la même ligne de bus que mon nouveau travail. Je serais passée devant chez lui tout les jours sans savoir qu'il était là....
Le bus s'arrête à quelques mètres de son immeuble et une fois devant la porte, je me retrouve bloquée par un interphone ! Merde !
J'appuie sur un nom au hasard en espérant que la personne ouvre sans me demander quoi que ce soit. Malheureusement, je tombe sur une vielle dame.

"Oui ?"

"Pardon de vous déranger madame, j'ai un colis pour Mr St John mais comme il ne répond pas à l'interphone... Je vais simplement le déposer au-dessus de sa boite aux lettres, pourriez vous me laisser entrer ?"

Elle réfléchit un instant.

"Oui, oui, je vous ouvre."

"Merci madame, encore pardon du dérangement !"

"Ce n'est rien, bonne journée."

"À vous aussi madame."

Et j'entends le schling du déverrouillage. Je prends une grande inspiration en entrant dans son hall. Ça y est j'y suis..... Je soupire longuement. Ok. Courage. J'envoie un message à Nath.

Yzia a écrit:

Je vais te donner l'occasion de me dire ça en face.

Hop, envoyé. Je commence à monter les escaliers, ne connaissant pas son étage, je regarde sur chaque porte le nom des gens jusqu'à trouver le sien. Il n'aura pas décidé d'épargner mes pieds.

Je finis par taper à la porte. Toc toc toc. ... ... Rien. Toc toc toc. .... ...

"Nath ? C'est....C'est Yzia."

Toc toc toc.

... ... ...

"Nath ? Tout va bien ? Ouvre la porte, je sais que tu es là ! Ou réponds-moi au moins, que je ne me dise pas que tu as trébuché dans la douche !"

Ça fait plus de cinq minutes que je suis devant sa porte maintenant.... Je finis par m'asseoir dos à la porte, sur le sol.

"Je ne m'en irais pas avant que tu me dises de vive voix que tu ne veux pas de moi dans ta vie."

Je me mords la lèvre en laissant retomber ma tête désespérément contre la porte.

- Je suis désolé ma chérie, ma réunion s'est éternisé.

Je ris légèrement alors qu'elle protestait gentiment sur le fait que mon travail passait avant elle. Je m'installais dans ma voiture et mis le bluethooth avant de démarrer.

- Tu sais bien que je t'aime. Et j'ai de bonnes nouvelles. Non ce n'est pas une demande en mariage voyons, je ne la ferais pas comme ça.

Je souris alors que je quittais le parking du journal pour aller rejoindre la route. Je pris directement l'autoroute, prenant le chemin le plus court pour rentrer. Il était tard et j'avais hâte de la retrouver.

- C'est moi qu'ils ont choisi, pour la conférence de presse du maire. Je vais couvrir l'événement demain soir. Tu te rends compte? Je vais pouvoir posé des questions au maire. Bon je vais propablement passé une partie de la soirée et de la matinée de demain à me préparer mais putain ma chérie, je vais couvrir le maire!!

Je souriais largement alors qu'elle me félicitait chaleureusement au téléphone. Je commençais à percer dans le journalisme et c'était vraiment agréable. J'avais travaillé dur pour d'abord entrer dans ce journal. Je m'étais d'abord contenté de "petits" reportages. Mais ça y est, j'avais commencé à me faire remarquer par mes supérieurs. Ils me confiaient un reportage important. Si je me démerdais bien, ça m'ouvrirait tout un tas de porte. Mais déjà là, un de mes articles ferait la une du journal. Ca serait ma première une.

Je secouais doucement la tête alors qu'un abruti me doublait à fond, musique hurlant dans sa voiture. Je l'écoutais qui me parlait, qui me racontait sa journée à son travail. Elle était entrain de se plaindre d'une patiente, une de ces pimbêches comme elle les appelait qui la rendait folle à vouloir essayer de trouver LA fragrance parfaite de parfum qui collerait à leur personnalité tout en rendant fou les hommes. Je l'écoutais, riant légèrement. Dans le noir je ne l'avais pas vu. Il faisait beaucoup trop sombre. Je n'avais vu que deux petites lumières rouges au loin. Je pensais que c'était une voiture qui roulait encore. Je me trompais.... Mais quand je me rendis compte que ces lumières appartenaient à une voiture accidentée, il était déjà trop tard pour que je l'évite. Je tentais quand même de tourner le volant, dans une dernière attitude désespérée mais ça n'empêcha pas le choc. Je sentis la voiture se soulever, faire quelques tonneaux dans les airs avant de retomber violemment.

Il parait que lorsqu'on meurt, on voit toute notre vie défiler devant nos yeux. C'était des conneries. Je n'avais rien vu défiler du tout. Tout s'était passé beaucoup trop vite. Le premier choc, la voiture qui part voltiger toute seule. Puis le second choc et ma tête qui heurta le volant. J'entendis ses cris affolés retentir dans la voiture. Je ne lui répondis pas. J'étais trop occupé à essayer de dégager ma jambe mais elle était coincé. Je tirais un peu sur la poignet de ma portière mais elle aussi elle me résistait. Je me penchais alors pour atteindre celle côté passager. Par chance elle n'était pas bloquée et elle s'ouvrit facilement. Je m'étirais, tentant de dégager ma jambe gauche. C'est certainement ce qui me sauva. J'étais allongé sur le côté droit, mon bras gauche tendu au dessus de moi pour essayer de s'accrocher à ce que je pouvais, pour me hisser hors de là. Je sentis la chaleur sur ma peau, le bruit de l'explosion résonna à mes oreilles et...

***

Je me redressais dans mon lit, me réveillant en sursaut. Mon coeur battait encore la chamade alors que je respirais difficilement. Il me fallut quelques instants pour reprendre mes esprits, pour que mon souffle se calme un peu.

- Ca va... ce n'était qu'un cauchemar....

Ou plutôt un souvenir... un mauvais souvenir de la nuit où toute ma vie avait basculée. Je n'avais plus jamais été le même après. J'avais perdu mon travail et toutes mes perspectives de carrière brisant au passage mes rêves. J'avais perdu tout ce que j'avais pu être. Je n'étais plus le même, défiguré physiquement, brisé mentalement... et je l'avais perdu elle. Elle n'avait pas été là. Elle n'était pas resté. C'était trop dur...

Je jetais un coup d'oeil à mon réveil avant de jurer. Six heures du matin... trop tard pour me rendormir, beaucoup trop tôt pour que je puisse me dire que j'avais passé une bonne nuit de sommeil. Tant pis, de toute façon cela faisait un moment que je ne dormais plus bien. Les rêves étaient revenir, plus fréquents qu'autrefois, me torturant sans cesse. Il n'y avait quasiment pas de nuit qui passait désormais sans que je ne me réveille en hurlant.

Je laissais tomber l'idée de me rendormir, je n'étais pas en état là. Je me levais et allais me doucher. Je passais plusieurs minutes sous la douche, tentant vainement de régler la température. Un coup trop chaud, puis trop froid... ma peau ne supportait plus grand chose. Je finissais toujours par laisser tomber, n'arrivant jamais à trouver la température parfaite, à profiter d'une bonne douche.

Ma journée se déroula comme toutes les autres, toujours la même routine. Le petit déjeuner puis le ménage un peu de l'appartement. Le déjeuner avant de recevoir les premiers articles et de commencer les corrections. L'envoi finalement des articles dans la soirée puis préparation du diner avant de manger devant la télé. C'était ma vie désormais. Elle avait retrouvé de sa normalité depuis qu'Yzia avait cessé de me parler. J'avais fait de mon mieux pour éviter d'y penser, pour tenter de m'en réjouir. Elle allait m'oublier désormais. Belle et adorable comme elle était je ne doutais pas qu'elle se trouverait quelqu'un. Elle le méritait. Et moi.... moi j'allais continuer ma petite routine. C'était très bien.

Et ma journée se passa comme ça. J'étais d'ailleurs entrain de corriger mes articles quand j'entendis un son que je ne pensais plus entendre. Je me retournais surpris, par certain d'avoir bien entendu mon téléphone sonner. Je l'avais abandonné quelque part dans l'appartement, ne le regardant qu'à peine pendant la journée. Je me levais et allais fouiller ma chambre, l'endroit où j'étais le plus susceptible de le trouver. Il me fallut plusieurs minutes pour mettre la main dessus. Je maudis mon coeur qui s'accéléra quand je vis son nom s'afficher. J'eus à peine le temps de me demander de quoi elle parlait dans son sms quand je compris... Je les entendis.... Les petits coups qu'elle venait de mettre dans ma porte. Elle était là... Je ne savais pas comment elle s'y était prise mais elle avait fini par trouver mon adresse. Et elle l'avait fait. Elle m'avait promis qu'elle viendrait un jour frapper à ma porte et elle était là.

"Nath ? C'est....C'est Yzia."

Je restais figé dans ma chambre, mon téléphone à la main. Qu'est ce que je devais faire? Je pouvais rester là et faire comme si je n'étais pas là. Elle s'en irait peut être si elle pensait que j'étais sorti. Ouais... sauf que je lui avais avoué que je n'avais pas mis le nez dehors depuis plus de deux ans, super crédible que je sois sorti.


"Nath ? Tout va bien ? Ouvre la porte, je sais que tu es là ! Ou réponds-moi au moins, que je ne me dise pas que tu as trébuché dans la douche !"

Je soupirais avant de m'approcher de la porte. Je posais la main sur la porte, comme si je pouvais l'atteindre ainsi... comme si je pouvais vraiment la sentir...

"Je ne m'en irais pas avant que tu me dises de vive voix que tu ne veux pas de moi dans ta vie."

Je posais mon front sur la porte, restant comme ça sans bouger.

- Je veux de toi dans ma vie Yzia....

Je poussais un nouveau soupir. Je n'aimais pas ce que j'étais entrain de faire. Je n'aimais pas me sentir faible comme ça. Ces larmes... toutes ces larmes qui n'avaient que trop coulé dans le passé, ces larmes que j'avais réussi à chasser de ma vie... elles revenaient à cause d'elle.... et je détestais ça...

- Mais je te l'ai dit. Je ne peux pas ouvrir cette porte. Je ne veux pas que tu restes à espérer pour rien. Je veux que tu sois heureuse Yzia, que tu rencontres un type bien qui t'aimera, qui saura voir la fille merveilleuse que tu es. Je ne veux pas que tu gâches ta vie à m'attendre. Parce que cette porte ne s'ouvrira jamais...

J'avais finis par enlever mes talons et par les mettre à côté de moi. Je désespérais qu'il vienne m'ouvrir ou qu'il me réponde....
J'ai envie de pleurer, je me retiens mais dans le fond, j'ai envie de pleurer.... son silence veut clairement dire qu'il me repousse encore et j'en ai marre. J'ai envie de chialer comme une merde....

Mais c'est au moment où je cache mon visage dans mes mains, que j'entends du bruit de l'autre côté. Je me relève et pose mes mains sur la porte. Dire que s'il n'y avait pas cette porte, j'aurais ma main dans la sienne et je pourrais me blottir contre lui..... mais non...

Je reste silencieuse, attendant. S'il est venu jusqu'à la porte, peut-être va-t-il me dire quelque chose.
Il me dit exactement ce que je voulais entendre : qu'il veut que je reste dans sa vie même si à contrario il fait tout pour m'en chasser.
Je souris niaisement derrière la porte avant que mon sourire ne s'efface peu à peu.

Je reste silencieuse un moment avant de prendre une grande inspiration et de taper du poing sur la porte.

"Nathaniel St John, tu vas arrêter de me dire ce que je dois faire et tu vas m'écouter !" Je me mets à parler à la porte comme si je l'avais vraiment en face de moi. "Si j'ai envie de venir ici tout les jours pour te parler à travers cette porte, c'est moi que ça regarde. Si j'ai envie de m'attacher à toi, de penser à toi et de laisser mon coeur battre au rythme du tiens, c'est mon choix ! Ose me dire que tu ne penses pas à moi ? Aller vas y ! Dis moi qu'il ne t'es pas déjà arrivé de vouloir que je sois prêt de toi ? Vas y je t'écoute ! Et soi honnête ! Je suis sûre que tu y as déjà pensé parce que dans le fond tu veux que je sois avec toi.
Si tu veux qu'on s'aime à travers cette porte alors très bien, on s'aimera à travers cette porte ! Mais arrête de me sortir ton baratin sur le fait que je mérite mieux bla bla bla. C'est toi que j'ai choisi !
Alors ouais, le grand amour est bon pour Disney, mais où tu vois du grand amour là ?! Où tu vois une princesse en détresse, un preux  chevalier et un loyal destrier ?! Nul part ! Non y'a qu'une hystérique qui galère à faire en sorte que le gars qu'elle aime daigne arrêter de la repousser !
Je me suis encore fourrée dans une histoire complètement étrange et complexe mais pourtant.... je n'ai pas envie de faire une croix sur toi. C'est impossible ! Tu me manques Nath...."

Pendant mon monologue je faisais les cent pas dans son couloir, tantôt j'étais calme, tantôt en colère en sortant tout ce qu'ilme passe l'esprit et qui a besoin de sortir ! Pour finir, je soupire et pose mon front contre la porte.

"Je....j'en sais rien.... je suis peut-être juste complètement folle..."

Me dis-je plus à moi-même qu'autre chose.

"Nathaniel St John, tu vas arrêter de me dire ce que je dois faire et tu vas m'écouter !"

Je soupirais à nouveau. Je la laissais parler, me doutant que je n'allais pas aimer ce qu'elle allait me dire. Et je n'avais pas tord. Elle était entrain de faire exactement ce que je redoutais. Elle s'accrochait à moi. J'avais beau lui dire que ce n'était pas une bonne idée, que cette relation ne la mènerait nulle part, elle s'accrochait. Elle ne s'en rendait pas compte mais elle allait finir par se faire du mal. Elle se rendrait compte un jour que c'était trop dur de tenir ainsi, d'avoir cette personne qu'on aimait mais qu'on ne pouvait jamais voir ni toucher. Elle finirait par ne plus le supporter, par beaucoup trop souffrir. Ca finirait en dispute, beaucoup trop souvent. Jusqu'à ce qu'elle finisse par comprendre qu'elle ne pouvait plus continuer ainsi. Et elle partirait... mieux valait qu'elle le fasse maintenant tant que ça ferait moins mal. Elle s'épargnerait beaucoup de souffrance ainsi.

- Je veux juste que tu sois heureuse Yzia...

Je la faisais peut être sourire comme ça en lui envoyant des petits messages, mais ça ne durerait pas. Ca ne suffirait pas sur le long terme.

- Bien sur que je pense à toi... tous les jours... mais je n'ai pas envie de te voir souffrir à cause de moi.

A quoi bon parler? Elle semblait être une sacré tête de mule. Elle ne changerait pas d'idée. Elle resterait, jusqu'à ce que la souffrance soit trop forte, qu'elle en vienne à me haïr pour ça. Et là elle partira... je n'avais pas vraiment le choix de toute façon.

- Rentre chez toi Yzia. Je répondrais à tes messages ne t'en fais pas. Je ne te repousserais pas. Juste... je ne répondrais pas aux questions trop personnelles et je n'ouvrirais pas cette porte.... laisse moi au moins ça...

Je cédais. Je la laissais foncer dans une relation qui la détruirait bien plus que son ex. Je demandais juste qu'elle me laisse mes limites sans tenter de me les faire franchir.

Il reste un moment silencieux en écoutant ma tirade avant de finalement me répondre qu'il veut juste que je sois heureuse. Je soupire en roulant des yeux face à cette réponse vieille comme le monde.

"Si tu veux que je sois heureuse alors laisse moi être près de toi. Le plus près possible même si ça veut dire être toujours derrière cette porte."

Je pose mon front et mes mains contre la porte, je voudrais pouvoir le voir, le toucher, le sentir... mais c'est trop tôt. Je me contente de la froideur de la porte en bois.

"Je souffre quand tu me repousses..."

Encore un moment de silence avant de que finalement il ne me demande de rentrer chez moi. Je l'écoute en fronçant les sourcils. Bon, au moins il s'est engagé à me répondre. Je m'en contenterai.

"Soit. J'imagine que trop personnelle, ça veut dire tout ce qui tourne autour de ton secret, n'est-ce pas ? Quand à ta porte, ce n'est pas grave, je reviendrais quand même chaque jour ! Tu sais pas quoi, tu habites sur le chemin de mon nouveau taf ! Tu ne peux pas m'échapper ! Je viendrais tout les jours !"

Je remets mes chaussures en souriant, trop heureuse à l'idée de le retrouver. Il m'avait tellement manqué. Je passe une main dans mes cheveux en souriant à la porte.

"Je vais y aller mais je reviendrais demain ! Oh et Nath, j'aime beaucoup ta voix ! Aller, à demain !"

Le coeur regonflé d'espoir, je dépose un petit baiser sur la porte avant de partir.

Et elle s'obstinait. Je n'avais aucune envie de la voir revenir ainsi tous les jours devant ma porte. Ca ne serait pas bon pour elle. Les sms tous les jours ça pouvait passer encore mais venir... rester devant ma porte à espérer pour rien c'était mal.

Mon secret, elle me faisait rire aussi avec ça. Oh je pouvais lui dire que j'étais brûlé sur presque la moitié de mon corps. Je connaissais déjà sa réponse. Elle voudrait me voir malgré tout. Elle me jurerait que cela n'aurait pas d'importance, qu'elle m'aimerait toujours. Jusqu'à ce qu'elle me voit en vrai... Et là elle serait dégoutée. Je ne pourrais pas le supporter, pas une nouvelle fois. Ces mots qui me hantaient encore. Son regard dégouté quand il s'était posé sur moi...

J'étais arrivé à l'hôpital dans un état de semi conscience. J'appelais l'inconscience de tout mon être, pire même j'aurais préféré être mort. La douleur était là, horrible, irradiant dans tout mon corps. Le moindre mouvement était une torture. Ils avaient fini par réussir à me calmer avant de me transférer dans le service des grands brûlés. J'avais plusieurs fractures mais je ne les sentais même pas, ce n'était rien comparé au reste.

J'étais resté plusieurs heures comme ça, dormant à peine, ne pouvant même plus bouger sans que la douleur ne revienne plus forte que jamais. Mais ce n'était rien comparé à l'autre douleur qui m'attendait. Je l'avais entendu dans le couloir, pleurer, demander à me voir. Ils avaient tenté de la prévenir mais elle avait insisté. Elle voulait me voir. Elle était alors entrée et j'avais pu voir son visage se décomposer littéralement. J'avais bien tenté de lui sourire, de lui dire que c'était moins grave que ça en avait l'air, elle restait figée. J'avais tendu la main, celle qui restait intacte, vers elle pour prendre la sienne. J'avais eu besoin d'elle, de sa force pour m'en sortir mais elle s'était reculée. Elle s'était éloignée de moi, secouant la tête sans me quitter du regard. C'était la dernière image d'elle que j'avais... reculant, me fuyant, l'horreur peinte sur ses traits alors qu'elle me disait que non... jamais elle ne pourrait supporter ça.

Je n'étais pas assez fort pour vivre tout ça à nouveau.

Je la laissais partir en soupirant avant de retourner à mon bureau. Il fallait que je continue de travailler, que j'avance malgré tout. Je n'avais pas vraiment le choix.

Alors que je finis par attendre le bus sur le bord de la route. J'envoie un message à Connor pour lui dire que tout va bien et que je rentre. Je ne devais rester qu'un jour chez mon cousin et voilà que ça fait maintenant une semaine que j'y suis. Il ne voulait pas me laisser seule et je n'avais pas envie de l'être non plus. Mais maintenant, je me sens capable de reprendre le court de ma vie. Maintenant que Nath est de nouveau dans ma vie.

Je suis tellement heureuse que je ne cesse de sourire. Tout à coup, je me retourne vers l'immeuble de Nath pour voir s'il était à sa fenêtre. Au début, je tente de trouver sa fenêtre, en fonction de l'étage et de l'orientation de sa porte dans son couloir, j'en conclue que sa fenêtre est celle la. Celle juste au dessus du livreur de journaux. Je souris en me disant qu'il n'est pas au bout de ses surprises.

Le bus arrive et je rentre chez Connor pour récupérer mes affaires et lui dire tout ce qu'il s'est passé avec Nathaniel.

"Il n'a pas voulu ouvrir la porte ?! Chelou ton pote. Si ça se trouve, il est grave moche ! Tant c'est ça qu'il veut cacher !"

Je lui cogne le bras.

"Tu dis n'importe quoi !"

Il rigole avant de m'ébouriffer les cheveux. On charge mes affaires dans sa voiture puis il me raccompagne chez moi. Il avait fait réparer ma porte depuis un moment.
Une fois chez moi, je pense à Nath, forcément. Aussi, je lui envoie directement un message.

Yzia a écrit:

Je suis rentrée. Je te manque déjà pas vrai ? Nul crainte, je serais là dès demain avec une surprise !

Je souris en posant mes affaires sur le canapé et de chercher à boire dans mon frigo. Je pose mon téléphone sur le comptoir et soupire de bonheur. Je me sens mieux maintenant, j'en avais marre de pleurer et de sentir mon cœur se briser constamment... Mais maintenant, je sens que je vais remonter la pente et je vais le rendre heureux, je me le promets !

Nath a écrit:

J'ai le droit d'avoir peur de ta surprise?

Yzia a écrit:

Oui tu as le droit d'avoir peur mais ne t'inquiète pas, je pense que tu aimeras ma surprise ! ^^

J'avais envie de lui poser 1001 questions ! Mais je voulais pas plomber nos retrouvailles, ça pourra attendre demain.