Daggry, dit Dag, était placé devant la maison de l’humaine. Il remonta son nez doucement avant d’étirer des lèvres dans un sourire. Oh. Elle était là. Le petit mouton terrorisait avait décidé de se cacher dans une maison abandonné. Quelle idée ! Dans une ville sans protection solaire, c’était déjà plus malin… Mais là encore, Daggry n’avait pas trop de soucis à se faire.

La couleur de ses yeux se reflétait la lumière de la journée. Ses yeux gris semblaient presque lumineux, de leur propre manière. Eclatant, brillant, donnant une nouvelle notion aux humains de la perfection. Le gris était unie, presque entièrement, et tirer plus sur l’argent pure que sur la simple couleur. Ses cheveux noirs lui donnaient un air arrogant, ce qu’il était, et sexy, ce qu’il était aussi. Des cicatrices ne parsemaient son visage que quand il avait soif. Là, il contrôlait. Il contrôlait vraiment.

Sauf que maintenant, il n’avait aucune envie de contrôler. Prenant une taff de sa cigarette, il sourit de l’ironie de la situation. Les vampyrs étaient les plus grands consommateurs de cigarettes et de cigares de ce nouveau monde. Il fuma, tira sur la cigarette de longue minute jusqu’à arriver aux filtres. De journée, les chasseurs de vampire se pensent plus en surêté. Ils ne connaissent pas les capacités des jumeaux HelvedeMane. Aube (Daggry en danois) et Skumring (crépuscule dans cette même langue) avaient une capacité supérieure. Dag laissa échapper un rire de sadique pur. Ils étaient, les deux jumeaux, la nouvelle étape de l’évolution vampyrique. Et ça, sa victime ne le savait pas encore.

Alisson McGrove allait mourir, maintenant. Et il allait boire son sang en lui laissant le plus de souffrance possible. La morsure peut être bien des choses, agréable parfois même, mais Dag préféré quand il arrachait pour prendre et que sa victime se tortiller pour mourir.

Il rentra dans la maison, entouré de ses ombres, la lumière du soleil ne le faisait rien. La chasseuse était à l’étage. Elle pensait elle aussi qu’elle serait en sécurité ? Il s’approcha de la petite blonde, si fragile, si douce. Il l’attrapa alors qu’elle glapit un hurlement juste avant que Dag ne lui plante ses crocs sauvagement dans son cou. Se délectant du sang, il ne sentit –presque- pas la chasseuse qui descendait les escaliers. Il lâcha un rire, ressemblant plus à un glouglou violant –il avait un peu la bouche pleine de sang-. Quand il chassait, quand il tuait, il n’était jamais seul.

C’était aussi ça, la particularité de leur puissance. Dag n’était jamais réellement seul. L’aube était toujours accompagnée d’un crépuscule.

Skumring, dit Skum, arriva pour mettre à taire la chausseuse alors que son frère jumeau finit de se remplir la panse. La magie des jumeaux, surtout eux, était qu’ils étaient liés. Plus fort que ce que le monde pouvait penser. La plupart croyait que, ayant des caractères diamétralement opposé, les frères n’avaient rien en commun du tout.

En réalité, les frères partageaient plus d’une chose. Ils avaient leur propre pouvoir, leur propre pensée, leur propre soif … mais ils pouvaient se les partageaient. Skum et Dag pouvaient s’échanger leur particularité, puiser dans la force de l’autre, dans la faim aussi. Ainsi, même si Dag était le seul à avoir les dents plantaient dans le corps refroidissant de la blonde, Skum en ressentait les bienfaits.

- Dag, ça suffit, on est plein, fit-il à son frère qui grogna pour jeter le corps de la blonde à travers la pièce.

Le corps se fracas contre un meuble, éclatant une vitre qui ne pourrait pas lui faire de mal. Elle avait la gorge arrachait et Dag se retourna alors que du sang coulait de son menton, tachant son t-shirt noir. Les deux frères se ressemblaient, énormément. Leurs différences fondamentales se trouvaient dans la couleur de leurs yeux. Quand Dag avait les yeux gris, Skum avait des yeux marron, pratiquement doré.

- On fait quoi d’elle ? demanda Dag, je suis repu, je pourrais rien avaler de plus. On la tue.
- On devrait voir si elle n’est pas recherchée, proposa Skum.

Skum était plus réfléchit, plus calme. Il ne tuait pas. Il tuait peu. Il faisait attention à ce qu’il tuait et pourquoi. Il préférait faire attention. Il ne voulait pas tuer pour rien. Il avait les mains propres et pour tout avouer, il était plus propre que son frère qui n’hésita pas à laisser passer un rot vibrant. Loin d’être une licorne, le rot sentait le sang et la mort. Son frère se recula et toucha son nez.

- Quoi que, fit Dag en s’approchant pour enlever des mèches de cheveux du visage de la chasseuse, cette femme as dû tuer plus des nôtres que de raisons, je la garde … je veux la baiser.
- Dag …
- Je la baiserais, et elle me suppliera de le faire, on l’embarque.

Voilà comment, le lendemain dans la cité de Mane, la cité de la lune, capitale du Groenland et dôme vampyrique le plus prolifique, Dag et Skum observaient la belle endormie. Dag avait proposé de l’enfermé dans les donjons. Skum avait expliqué que, pour se taper une femme, il valait mieux commencer avec de meilleures considérations. Ils étaient allés dans un manoir leur appartenant. Personne à l’horizon, des montagnes tout autour. De la neige. Skum avait préparé tout ça. Pour que la jeune femme soit dans de bonne considération. Une fois que Dag l’aura eu, la baisant assez pour que tout le monde en attendant parler… il pourra se débarasser d’elle. Mais ça, c’était sans avoir vue ses yeux. Quand la chasseuse ouvrit les yeux, nue dans un drap de satin, dans une chambre épuré mais luxurieuse, Skum qui pourtant n’avait pas de cœur battant, cru rater un battement.  

musique d'ambiance:

 

Je n'avais pas envie de quitter SunCity, la ville de rébellion anti vampyres du coin, surtout si c'était pour retourner au Mane. Je n'y étais pas retournée dans la capitale depuis l'Uprising. De la fumée de cigarette - "cadeau" de ma dernière victime - sortie d'entre mes lèvres. Y retourner, c'était dangereux. Je n'étais pas recherché que parce que j'étais une chasseuse, j'étais essentiellement recherchée parce que j'étais la ... propriété des HelvedeMane. Et la cliente du jour, Alison McGrove, avait eu la stupidité de s'y frotter. Honnêtement, ce n'était pas assez payer. Aucun boulot impliquant cette famille de vampyre n'était assez payé. Mais mon partenaire, Goro, avait la folie des grandeurs... et des implants défectueux à réparer.
Les implants... seule technologie permettant d'être à la hauteur contre ses monstres assoiffés d'immortalité. Les miens, plantés au-dessus de mon oreille droite, me permettaient de doper mes réflexes et ma vision à l'aide de  "composants chimiques" ... ouais 'fin qu'ils appellent ça comme ils veulent, au final, c'est juste de la drogue. Et une IA, aussi, V, pour Vexa. Mais avoir un implant, ou plusieurs, c'était illégal. Les rendant couteux, luxueux presque, et dangereux: cliniques et docteurs underground, contrebande... Mais, pour un chasseur, c'était tout, quasiment autant que son arme. C'est pour ça que j'avais fini par accepter le job: je n'pouvais pas laisser Goro sans ses implants plus longtemps.
"Nerveuse, gamine ?" fit mon partenaire en arrivant à mes côtés, sur la pile de déchet au sommet du quelle, je m'étais assise.
Je finis de tirer sur ma cigarette et la jeta, ajoutant un déchet insignifiant à cette décharge déjà bien remplie. Un sourire amer tordait mon visage. Bien sûr que j'étais nerveuse.
" Jamais, je t'emmènerais dans une mission suicide, Ama' " commença-t-il doucement en posant sa main sur mon épaule. " On a une équi-..."
"Je sais" fis-je en me redressant brusquement, le déséquilibrant au passage. "Arrête de me materniser, putain"
Le problème quand on avait grandit dans une guilde de chasseur vampyrique, c'est que certains ne nous voyait pas grandir. Je le distançai et après lui avait fait mon plus beau doigt d'honneur, je montai dans le van, direction le Mane.
Je t'emmènerais pas dans une mission suicide, c'est ce que Goro avait dit. Pourtant, lorsque je me réveillais, je n'étais pas dans la maison abandonnée qu'avait été la planque d'Alison. J'étais dans un putain de lit avec les draps les plus incroyablement confortable dans lesquels j'avais pu être. Un mal de tête me saisissait.
"Aaaah, putain..." grognais-je en me redressant dans le lit pour pouvoir me masser la tête.
Les draps glissèrent dans la manœuvre, révélant mes tatouages. Le "IV", mon numéro de série d'autrefois, mais également ceux que j'avais faits par la suite: un lycoris sous les seins, symbole de la mort avec laquelle je flirtais tous les jours, un loup en plein saut sur le côté de la hanche jusqu'en haut de la cuisse et la croix catholique inversée sur ma main droite. Le thème de la mort et la prédation dominait.
Soudain, je me sentis drôlement observée. Et, lorsque je tournais la tête, mon regard bleu glace croisa celui de deux vampires. Et le cri d'Alison me revint en mémoire.
Je ne t'emmènerai pas en mission suicide, avait dit Goro, pourtant, j'étais actuellement seule face aux célèbres...
Jumeaux HelvedeMane.
Je déglutis et remis le drap sur mon corps, jusqu'à la clavicule, pour cacher mon tatouage, mais impossible qu'ils ne l'aient pas vu pas vrai ? C'étaient surement eux qui m'avaient déshabillé ! Entre le tatouage et les cicatrices de perfusion sur mes bras, impossible de ne pas comprendre que j'étais une rescapée.
Je devais fuir, absolument. Je devais au moins essayer ! Je ne savais pas ce qu'ils comptaient me faire, mais rester ici pour le découvrir n'était pas une solution ! Je regardai instinctivement par la fenêtre: de la neige. Impossible de partir sans vêtements. Foutu Mane.
"Vexa, boost maximal, enlève la sécurité." annonçais-je, déterminer.
Aussitôt un message d'alerte apparu dans mon champ de vision. Bien sûr, je savais qu'activer tous les boosts d'un coup était dangereux… mais, avais-je le choix ?
Je validai la commande oralement et m'élançais, seule contre eux. Je réussis à esquiver leur première tentative de me récupérer et dérapa, au pif, dans un couloir. Vik, mon docteur déconnait pas quand il disait effet immédiat. C'était tel que je tremblais d'adrénaline. Je continuai de courir, avant d'hésiter devant une porte pour trouver mes vêtements.
Mais hésiter c'est une erreur, je devrais le savoir, en tant que chasseuse.

Dag observa l’inconnu avec des yeux de prédateurs. En la ramenant à la maison, il avait déjà eu envie de se la faire, pour le plaisir. Il y avait quelque chose de réellement sadique à l’idée de pouvoir lui briser le cœur, l’esprit et le corps. Dag était un sadique. Il avait eu son lot de problème depuis le début de sa vie, et la seule stabilité qu’il possédait lui venait de son frère jumeau. Il aimait l’idée de pouvoir se faire une chasseuse, et son frère tempérait son caractère de tueur. Si on devait l’écouter, il tuerait tellement de monde. Parce que ça lui faisait du bien de prendre et d’arracher et d’imposer. Il pourrait même en bander. Il jeta un regard vers son frère.

Skumring s’était figé quand il avait vu les yeux de l’inconnue. Oh ? Daggry laissa échapper un rire. Son frère venait-il de penser à baiser cette femme, lui aussi ? Partageur jusqu’au bout, Daggry ne voyait pas d’inconvénient à le faire en même temps que son frère. Skumring lui envoya un coup mentalement. Ouais. Ils pouvaient entendre les pensées l’un de l’autre, et Skumring trouvait l’idée de son frère jumeau très peu hygiénique. Normalement, c’était l’éthique qui aurait dû déranger, mais Skumring n’était pas comme son jumeau.

Daggry s’occupa à nouveau de la poupée. Il observa ce corps si ferme qui ne demandait qu’à être pris entre ses cuisses. Il fit un sourire quand elle se mit à puait la peur. Oh. Elle voulait cacher son tatouage. Il laissa apparaître ses dents, précisant qu’il avait clairement compris ce qu’elle était. Mentalement, il se mit à compter avec son frère. « Un » « Deux » « Trois ». La jeune femme se mit à courir et Daggry la suis sans le moindre effort. Il avait un avantage, il était dans un terrain connu. Il entendit son frère lâcher un long soupir résigné.

- JE T’INTERDIS DE TACHER ENCORE LE TAPIS, cria-t-il bien qu’il aurait pu le dire dans sa tête.

Certainement que Skum ne voulait pas être dans la tête de son frère pendant une chasse. Daggry était le genre à tuer la peau de l’ours avant de l’avoir tué … ou plus exactement, à penser comment il allait dépecer sa victime avant même de l’avoir attrapé. La jeune femme hésita et Daggry lui donna un violent coup d’épaule dans le dos pour qu’elle aille percuter le mur opposé. Puis, sans la moindre douceur, et sur le tapis, il se plaqua totalement sur son corps, les crocs dehors avec l’envie de les planter en elle.

- MON. TA. PIS, énonça Skumring en approchant.  

Skumring soupira encore une fois alors qu’il fit le chemin pour rejoindre son frère. Il trouva la femme totalement nu, sur un Dag clairement en chasse. Ses veines sur son visage étaient explosés de rouge et de sang. Quand un vampire était excité, par la chasse ou par le sexe, son corps devenait un peu plus blanc. On pouvait mieux voir les veines courir sur la surface. Quand on était un vampire de sang pur, les veines pouvaient être éclatés et sanguinolentes. Skumring rappela à l’ordre son frère avant qu’une goutte ne tombe sur son joli tapis.

Il avançait encore, observa la femme et se mettant à sa tête. Il essayait de comprendre qui elle était. Elle leur appartenait mais avait dû s’enfuir. Jadis ? Elle ne sentait pas le bétail comme la plupart des femmes et des hommes qui leur appartenait.

- Je veux la baiser, fit Daggry en rapprochant son visage vers elle.
- Elle nous appartient, reprit Skumring, mais je refuse que tu fasses quoi que ce soit sans consentement.
- Oh, elle le voudra, n’est-ce pas mon ange ? Tu le voudras pour vivre, sinon je m’occupe de toi comme l’autre pute blonde. Celle là, je lui ai fait crier mon nom avant qu’elle me trahisse.

Skumring leva les yeux au ciel. Bon. Son frère était un connard, mais il attendait le consentement … Simplement il était un connard et ne le disait pas. Alisson, la blonde qu’ils avaient tués, était non seulement consentante, mais désireuse de devenir comme eux. Quand Daggry lui avait expliqué qu’il était là pour la baiser, pas pour la garder, elle les avait trahis. Skumring n’avait aucune pitié pour les traîtres, et les connasses. Ainsi donc, Skum savait que son frère voulait avoir le consentement de la chasseuse avant de se la faire … Mais il n’en aurait jamais avec ce comportement de porc.

Attrapant sa tablette, il vérifia le programme qui avait hacké les implants de la femme. Il l’avait fait avant de se souvenir que son frère pourrait pourrir son tapi. Alors que son jumeau allait faire une nouvelle remarque dérangeante, comme celle de faire l’amour à trois qui dégoûter Skum au plus haut point, il donna un coup de pied dans l’épaule de son frère pour le repousser.

- Laisse-là se relever. Imbécile.

Daggry se massa l’épaule.

- Faux-frère.
- Ta gueule.
- Je te hais.
- Moi aussi.

Les deux se regardèrent, puis Skumring se rapprocha de la jeune femme, mettant son visage à sa hauteur.

- Tant que tu es avec nous, et que tu nous satisfais, on ne te rendra pas à notre mère. Elle a un traitement tout spécial pour les gens qui pensent pouvoir oublier leurs responsabilités et leurs obligations.

Parce que le bétail était presque tout le temps consentant, là encore. Vendus par les parents, offert contre de l’aide, épongeant une dette, faisant une peine de prison, chaque personne avait une raison, plus ou moins valable, de se retrouvait dans la ferme de sa mère. Et sa mère n’aimait pas perdre ses animaux.  

Alors que j'allais demander à Vexa de scanner les lieux. Un message apparu et une voix résonnait dans ma tête:
"Alerte, hacking en cours, alerte !"
Et les pourcentages s'affichaient défilant à une vitesse folle, paniquée, j'allais lancer une contre-attaque, mais un coup dans le dos, violent me coupa le souffle avant même que j'atterrisse dans le mur d'en face. Un "crac" morbide se fit entendre tandis acouphène violent me saisit alors que ma bouche avait le goût de sang et que ma cheville gauche me faisait un mal de chien, m'arrachant un cri de douleur. Oh putain. J'avais mal. Atrocement mal. Mes drogues n'agissaient plus ! Mais pas le temps de paniquer: L'un des vampires se plaqua contre moi, augmentant la tension contre ma cheville, et donc ma douleur. Je fermai les yeux. N'implore pas. Ne cri pas. Peu importe à quel point ça fera mal quand il plantera les crocs dans la peau. Car c'est ce qui allait se passer. Je serrai les poings. Je n'avais pas ressenti ça depuis l'enfance: la peur et la soumission.
Mais son frère intervint et je me reculai jusqu'au coin du couloir, encore terrifiée par ce qu'il venait de se passer. Tremblante à cause de l'arrêt soudain des drogues dans mon cerveau, la tension et la peur, j'avais le cœur au bord des lèvres. La douleur à ma cheville, qui pulsait, et les émotions me rendaient aussi nauséeuse qu'une femme enceinte. Dans ma bouche, le goût métallique du sang régnait. Putain c'était pas le moment de saigner. En analysant un peu plus, je réalisai que je m'étais violemment mordu la langue dans le choc. Elle aussi était douloureuse, mais moins que la cheville, c'est pour ça que je m'en étais pas rendue compte.
L'un des vampyrs s'agenouilla en face de moi et instinctivement, je me plaquai davantage contre le mur, le fixant telle une proie aux aguets. Car, malgré moi, c'était ce que j'étais.
Il me proposa un deal, me rappelant que j'avais des "obligations" envers sa mère. Je lui crachai au visage, littéralement. Ma salive était rouge sang.
" Et quelles obligations je peux bien avoir hein ?! J'avais six ans ! Je ne voulais même pas quitter mes parents ! Vous n'êtes que des putains de monstres opportunistes ! " Je tournai la tête vers son frère vers son frère avant d'ajouter: " Et jamais, vous me baiserez, plutôt crever !"
Car je n'avais pas oublier ce qu'il avait dit à son frère avant que celui-ci ne le dégage. Mais j'avais des principes. Et, dans ce monde, les principes, c'étaient ce qui nous définissait. Coucher avec un monstre pareil, n'importe quoi. Je les regardais, les défiant du regard, sauvage. Je ne pouvais pas me relever, mais j'étais prête à essayer de me défendre quand même.

Dag observait son frère en train de faire le "gentil vampire". Pour Dag, le jumeau maléfique, il était toujours drôle de voir son jumeau faire le gentil. Oh oui, Skum n'aimait pas tuer. Mais ce n'était pas par gentillesse ou par éthique humaine. Si Dag ne tuait pas, Skum savait que c'était en rapport à l'hygiène, comme pour beaucoup de chose. Dag n'aimait pas la saleté. Il n'aimait pas qu'on le touche, qu'on l'approche, il n'aimait pas planté ses dents dans les peaux douces de ses victimes.

Dag lui aimait tellement ça. Il pourrait en jouir rien que d'y penser. Il observait la petite femme qui cracha sur son frère ... et il éclata de rire. Un rire si fort et si intense que son frère lui lâcha un regard mauvais.

Il connaissait assez son frère pour savoir qu'il n'allait pas la toucher, même s'il en rêvait. Alors Dag s'approcha. Dag se mit à la hauteur de la jeune femme pour lui prendre la gorge. Il s'amusa à étrangler la jeune femme un peu en approchant son visage proche du sien.

- Tu ne tiens donc pas à ta vie ? fit-il avec violence, tu as été donné à ma mère, tu lui appartiens... mais si tu veux échanger ta salive avec quelqu'un ...

Il s'approcha et mis sa langue dans la bouche de la jeune femme alors qu'il ouvrit les lèvres de cette dernière pour l'embrasser. Il se savait expérimenté. Il savait faire jouir une femme facilement ... il savait aussi embrasser pour donner envie, alors il mordit la lèvre inférieure avec un peu trop de violence. Il prit le sang de la jeune femme et suça sa langue. Il lui partagea aussi sa magie en la soignant, juste cette langue qu'il avait pris dans sa bouche. Il se recula à peine.

- Je te baiserais. Crois-moi. Et tu le demanderas.

Parce que Dag savait être plus d'une chose qui plaisait à une femme. Il était sexy, il avait peut-être des marques sur le corps mais il donnait envie. Il savait avoir de l'expérience, plus que son frère en tout cas, et il avait toujours en faire le plus.

Skumring observait le baiser de son frère et fit un regard de dégoût. Un peu le même qu'il avait fait quand il avait reçu le crachat. Il avait essuyé son visage avec son t-shirt pour ensuite l'enlever et le jeter sur la femme. Il laissa son frère s'amuser avant de lui rappeler, mentalement, qu'ils n'avaient pas que ça à foutre non plus. Dag et Skum avaient des obligations.

Ils étaient ce genre de personne .

Ils étaient acteurs, auteurs, mannequins, personnalité publiques. Tout le monde les connaissait et Skum savait qu'ils n'avaient pas le choix. Attrapant son frère, il chopa la jeune femme par le bras avant de la prendre sur ses épaules. Tant qu'à être sale, il n'allait pas y aller par quatre chemins. Il la ramena dans la chambre et la jeta sur le lit, moins doucement qu'un chien fou, mais plus doucement que ce qu'on aurait pu croire de lui.

- Tu nous appartiens, pour le moment ta survie vient du faire que mon frère te veux.

Dag était reparti en rigolant et expliquant qu'il allait baiser une prostituée de son bétail personnelle avant leur présentation publique de la soirée dans la tête de Skum. Skum soupira.

- Cherche un moyen de t'enfuir, si tu le peux, mais pour ça il faut que tu connaisses la maison, les gardes, alors il faudra que tu baises mon frère. Ou que tu fasses semblant de le vouloir.

Skumring fit un grand sourire. Un énorme sourire. Un sourire qui voulait clairement dire que voir son frère galérait lui faisait plaisir. Autant que ce que Dag avait aimé le fait que son frère se fasse cracher dessus. Après 225 ans avec un jumeau, on apprenait à apprécier faire souffrir l'autre. Même si Skumring avait des remords pour quelques actions qu'il avait laissé faire par ses parents. Et inversement.

Cela faisait un moment. Deux jours si j'avais bien compté. Deux jours depuis le baiser ensanglantée de l'autre dégueulasse, qui m'avait, d'une façon que je n'comprenais pas, guéris. Rien que d'y repenser, j'avais la nausée. Non pas qu'il ne savait pas y faire, malheureusement, mais plutôt, l'idée d'avoir été embrassée de la sorte par un vampyr. Sans oublier, le goût métallique du sang. Machinalement, je portai la main à mes lèvres. Elles étaient sèches et gercées. J'avais si soif, putain. J'avais faim aussi, mais ça, j'avais l'habitude. Manquer de nourriture, à SunCity, c'était pas rare. Mais la déshydrations. Par le soleil, c'était un ennemi dangereux. J'avais même essayé de boire l'eau des toilettes, mais, j'avais vomi quasiment aussitôt. Pas potable, évidemment. L'eau sur cette foutue planète était trop précieuse pour qu'on la foute dans des chiottes. Mon mal de crâne empirait en même temps que mon état. J'étais encore plus pâle que ces putain de vampyrs. Je m'endormais parfois sans savoir si j'allais me réveiller. J'allais nourrir comme une merde dans des draps de luxe. Je ris un peu. Ma fin me faisait rire. Merdique et ironique, comme ma vie. De toute façon, il n'y'a pas de "bonne" fin dans ce monde de merde.
La fenêtre cassée me frigorifia davantage et je me pelotonnai dans le lit, désespérément. Dans un premier temps, quand j'allais encore bien, j'ai totalement essayé de m'échapper. J'avais défoncé la fenêtre et couru, nue, dans la neige mais, sans mes implants, impossible de semer les gardes ou surpasser la froideur du Groenland. Pourtant, j'ai essayé, plus d'une fois, poussée par la rage et la peur.
Ma peau était désormais bleue. Impossible de me réchauffer, quoi que je fasse. Mes tentatives d'évasions n'ayant pas aidé. Je me sentis partir. Putain ce que j'avais soif. Alors c'était ça la fin ?
Mais la porte - que j'avais désespérément essayé de défoncer et qui en gardait les marques - s'ouvrit à la volée.
"On vient enfin m'achever ? " demandais-je en un murmure éteins.
Je préférai qu'on m'achève à cette fin pathétique.

- Il faudrait aller la nourrir, fit Skumring en l’observant.

Daggry remonta son nez, entre les deux anneaux de fer, il survolait le terrain d’entrainement en bandant ses bras. Il jeta sa tête en arrière, faisant une magnifique pirouette alors qu’il tenait toujours ses deux mains sur les anneaux. Puis, il remonta son corps en un piquet, les pieds tenus en arrière avant de se jeter dans le vide. Un tour sur lui-même, réception parfaite sur le tatami. Regard de vainqueur vers son frère. Depuis l’arrivé de la pouffiasse, qui avait une langue si douce qui donner envie de bander à Daggry, son frère lui en parlait souvent.

- Toi aussi, tu veux te la faire ? demanda-t-il alors que son frère fit un pas de recul avec un visage clairement dégoûté à l’idée de se faire toucher.

Daggry n’arrivait plus à se souvenir si Skum a toujours été comme ça. Quand ils étaient jeunes, réellement jeune, si jeune que cela en était risible, non. Ils avaient été séparés cent cinquante ans. Daggry était devenu un connard. Skumring un intouchable. Ils s’étaient retrouvés. Ils ne se lâchaient plus. Ils étaient un, mais avaient été deux. Et Daggry avait dû prendre la saloperie de son frère. Daggry se rapprocha de lui… Il pensa qu’après son entrainement, il irait bien dans le bétail pour se délecter d’une femme ou trois. Il avait une passion pour le bétail, surtout quand les mamelles étaient si incroyablement ouvertes à ses assauts. Skumring ne se rendait au bétail que quand il le fallait, et rarement pour autre chose que pour prendre le sang à deux / trois vaches qu’il trouvait moins sales que la moyenne. Pour le reste, il laissait son frère assouvir sa soif.

- Tu auras le droit de la nourrir, si tu me touches le bras.

Skumring regarda le bras transpirant de sueur dégoulinant de son frère. Il fit une grimace et recula. NOPE. Tant pis. La femme pouvait mourir. Il tourna les talons et parti. Pas question de toucher ce bras plein de germe. Skum se rendit dans son bureau. Il savait que son frère allait continuer à s’entrainer pour quelques heures… Et il pensa à ses yeux. Les yeux de la jeune femme. Pour la première fois de sa vie, Skumring avait trouvé que la couleur était propre. Depuis combien de temps ne voyait-il que la saleté partout ? Si la jeune femme, tout le reste de sa personne, était sale comme le reste, ses yeux étaient purs. Il se releva. Il avança dans la maison pour se rendre dans le bétail. Là, des femmes étaient nues et se déplaçaient dans les couloirs pour être prise par son frère comme il le sent. Elles étaient consentantes. Comme Alisson. Elles étaient là pour avoir quelque chose d’eux. Le sang d’un vampire pouvait soigner une blessure. Si elle était prise quotidiennement, elle pouvait soigner un cancer. Bien que le sang pouvait être une drogue encore plus puissante quand elle venait avec le sexe.

Skumring évita qu’une femme ne le touche avec adresse et prit ce qu’il fallait pour leur prisonnière. De l’eau, une bouteille entière, et de la nourriture. Il prit plus d’un plat, au cas où la jeune femme avait une préférence. Pas qu’il en eut quelque chose à faire, mais simplement que si elle vomissait, ça serait peu hygiénique. Il s’approcha de la porte, puis de la chambre. Lui, il ne ressentait pas le froid, mais il remarqua la paleur de la jeune femme.

- On ne veut pas te tuer, expliqua-t-il à nouveau, mon frère coucher avec toi.

Il se mit contre le lit et tendit la bouteille, fermé, et posa les quelques nourritures qu’il avait apporter. Deux clubs sandich en triangle, de la salade fraiche, des pommes et quelques choses qui ressemblait à … du pain mais mou et peu ragoûtant (du pain au lait). Il n’avait jamais mangé de nourriture humaine. Il était un né-vampire. Il n’avait jamais eu besoin d’autre chose que du sang.

- Si tu laisses mon frère t’avoir, tu pourrais passer du bon temps, et il ne serait plus aussi attentive pour tes fuites, tu le sais, n’est-ce pas ?

Lui ? Il ne baiserait avec personne pour tout l’or du monde. L’idée même le terrifiait. Vierge. Il l’était. Jamais il n’avait ressentit de désir pour une femme. Jamais il n’allait en sentir. Jamais. Il tourna la tête vers la jeune femme et regarda ses yeux à nouveau. Jamais ? Il prit le pain au lait dont il ne connaissait pas le nom.

- C’est bon ce machin ? fit-il en lui tendant, la cuisinière dit que c’est le petit déjeuner préféré du bétail avec ça là, mais je n’en ai jamais mangé.

C’était une barre de chocolat qu’il sortit de son tas. Les vampires pouvaient manger autre chose, mais ça ne leur rapporter rien. Jamais. Alors il ne savait même pas que le chocolat faisait parti des produits de luxe pour les humains et ne se trouvant qu’à des prix vraiment exhorbitant. Le bétail des jumeaux étaient composé de femmes, qui se donnait à Dag sans soucis et nourrissait les deux… Mais personne ne pouvait dire qu’elles étaient maltraitées. Elles étaient mieux traités qu’énormément. Daggry était un amant qui leur faisait du bien, soumission et dominance. Skumring était un vampire qui n’aimait pas les problèmes, ni devoir les remplacer. Les deux faisaient donc attention à ne pas avoir à tuer leurs propriétés. Alisson les avait trahis. Alisson méritait la mort.

Un des vampyrs, j'ignorais lequel, était là. Ce n'est pas comme si j'allais m'amuser à retenir leurs noms, malgré leur célébrité. Pour moi c'étaient juste les jumeaux, point barre. En revanche, ce que je savais, c'est que là, sur le plateau, il y avait de la bouffe humaine. Et surtout...
"De l'eau..." fis-je d'une voix qui me semblait pas être la mienne tant elle était... morbide.
J'attrapai la bouteille et, il me fallut toute ma force mentale dont j'étais encore capable pour ne pas tout boire d'un coup. Car si je buvais tout d'un coup, j'allais vomir, c'était un fait. Je l'avais déjà expérimenté et d'ailleurs Goro, c'était bien moqué de mon inexpérience ce jour-là. Goro.
"Où sont mes partenaires au fait ...? " Osais-je enfin demander, d'une meilleure voix, me détournant de l'eau.
Je n'avais pas encore osé demander, mais il était temps. Je ne pouvais pas rester dans l'ignorance plus longtemps, surtout pour Goro, qui m'avait pratiquement élevée.
La voix du jumeau me coupa de me pensées et je le regardai, bouche-bée, avant de répondre, entre colère et effarement:
" "passer du bon temps" ? Tu te moques de moi, là, hein ? Les vampyrs sont dégoutants ! Et lui, il tape dans le haut du panier, putain ! Le pire ce sont les crocs, je crois. Depuis petite, je supporte pas ! Et ne me parle surtout pas du baiser, putain ! j'en ai encore la nausée." Je le regarda, mes yeux dans les siens. "Votre perfection me dégoute, votre attitude est horrible... y'a pas moyen, tu m'entends ? Y'a pas moyen que je sois consentante." Je pointai les femmes nues dans le couloir. "Regarde ça, je refuse. Jamais. C'est sale. Immonde, même.
Ignorante d'à quel point on se ressemblait dans le fond, j'attaquai ma salade. Jusqu'à ce qu'il me montre, ignorant, le pain au lait et surtout...
"Du chocolat ?!"
Je lui saisis des mains sans le toucher. Je n'en avais jamais vu, encore moins gouté, mais j'en entendais parler par les anciens, qui avaient connu un autre monde. J'observais la chose comme un enfant à noël. Putain, ils étaient riches à quel point pour donner ça aux humains ? Leur mère était moins généreuse. Sans plus de cérémonie, je le dévorai. Le gout sucré-amer m'emplit les papilles. Je fermai les yeux un instant. C'était trop bon. Puis j'eu une idée. Je saisis aussi le pain au lait que j'associai au chocolat.
"Putain, je suis un génie, c'est encore meilleur" fis-je une fois fini.
Je repris un peu d'eau et, avant de repartir sur ma salade, encore groggy de chocolat, je lui lançai:
" Toi, tu n'as pas d'intérêt à me garder, si ? Regarde, tu dois même m'entretenir à la place de ton frère... allège ton fardeau... libère-moi." Susurrais-je en continuant de le fixer.
De toute façon, son frère n'aura jamais ce qu'il cherche.

Skumring la laissa boire et la regarda faire avec intérêt. Peu de captive aurait eu autant de maintien. C’était presque un maintien parfait. Elle ne buvait pas assez vite pour ce qu’elle devait manquer. Elle était au bord de l’assoiffement. Elle jeta un regard vers lui. Et il la regardait en retour. Skumring se déplaça, s’éloignant un peu plus de la jeune femme.

- Alisson est la seule à être morte ce jour là. Daggry l’a tué. Pour les autres, je les ai assommés. Ils ont dû se réveiller avec un gros mal de tête. Et le cadavre d’Alisson.

Il fit une grimace. Daggry l’avait tué en suçant son sang d’une manière très sale, puis avait jeté son cadavre d’une manière tout aussi sale. Et Skumring n’aimait pas le sang, ni les morts, ni le sale. Il observa la jeune femme et malgré lui, il fit un sourire. Que la jeune femme, qui avait des yeux si purs, puisse avoir la même opinion que lui sur son frère … Cela le faisait sourire. Il observa la jeune femme et son dégoût.

- Je ne suis pas parfait, dit-il. Et vous ne me connaissez pas pour parler de mon attitude. Pour le reste, je suis d’accord. Je n’aime pas l’idée non plus.

Voir des femmes nues qui se trimballent en puant le sexe et le sang … Il fit une grimace en plissant le nez. Son jumeau savait que Skumring détestait ça. Il détestait l’idée que l’on se promène tout nu. Lui, il se lavait parfois trois fois par jour. Il lui arrivait de faire plus. Il avait aussi prit l’habitude d’avoir de quoi se laver les mains, des lingettes, dans ses poches. Il ne faisait pas dans le sale. Il soupira.  

- Pas d’intérêt à te garder, mais pas non plus à te faire partir. Si je te libère, mon frère te traquera, nuit et jour, et il te tuera. Simplement. Parce que tu lui as échappé et qu’il ne supporte pas l’idée qu’on lui échappe.

Doucement, il regarda la jeune femme. Ses yeux. Ses yeux étaient si purs. Il avait envie de le toucher. Il tendit une main vers elle, vers ses yeux, mais il ne la toucha pas. Préoccuper par ses yeux, il en oublia qui elle était.

- Si tu promets de ne pas t’enfuir, je peux t’emmener ailleurs. Prendre une douche, dormir sans craindre mon frère, pour une nuit, et manger un peu mieux. Il continuera à vouloir te prendre, mais si je suis là, il ne le fera pas.

Et … Skumring n’avait aucune envie que la pureté de ses yeux ne disparaît d’un coup. Il ne pouvait pas l’imaginer. Il ne voulait pas l’imaginer. Son frère était sale. Il ne sait pas pourquoi son frère est devenu ainsi. Son jumeau n’était pas ainsi, avant. Il était parti vivre avec leur mère, et Skumring était resté auprès de leur père. Tellement d’années séparer. Leur lien s’était émoussé mais ils n’avaient jamais été brisés. Maintenant, il se demandait ce que sa mère avait pu faire. A cette femme, à son frère.

- Racontes moi, finit-il par dire, ce que ma mère vous fait subir. Je veux savoir.

Il n’était pas dans l’intimité de l’entreprise. Sa mère était une vampire millénaire. Elle vivait depuis milles ans. Milles ans et elle était devenu ainsi. Seront-ils pareil ? Il jeta un regard à la jeune femme. Il avait besoin que la jeune femme lui dise ce qu’il ignorait pour le moment.