Attendant patiemment que ses bagages arrivent à lui, il esquissa un sourire à peine perceptible en constatant que son ex-femme était toujours à ses côtés. Apparemment, cette dernière ne semblait pas vouloir rejoindre l’extérieur de l’aéroport seule et s’était habituée à sa compagnie après ces quelques heures dans l’avion côte-à-côte. Wyatt se saisit de sa valise qu’il posa au sol alors qu’elle l’interrogeait sur le nom de son hôtel. Il émit un petit rire devant la remarque quelque peu moqueuse de Johanne « Je ne t’ai pas menti » confirma-t-il. Le politicien souhaitait seulement s’éloigner de New York, de Washington, de la solitude, de ses obligations politiques, de ce portable qui sonnait sans cesse. Il souhaitait laisser tout cela derrière lui le temps de quelques jours et ne penser qu’à sa personne. Mais avec la présence de Johanne, il avait également envie de renouer avec son ex-femme, de passer du temps en sa compagnie et en entendant son invitation, il se rendit compte qu’il n’était peut-être pas le seul à éprouver la même envie. Il la coupa dans son élan alors qu’elle s’apprêtait à rebrousser chemin et confirma l’invitation « J’en ai envie » renchérit-il pour confirmer qu’il souhaitait passer du temps en sa compagnie. Wyatt leva la poignée de sa valise et la fit glisser à côté de lui alors qu’ils rejoignirent l’extérieur de l’aéroport.

En voyant le monde qui quittait également le lieu pour se rendre aux taxis garés devant, ce fut tout naturellement que Wyatt proposa de partager l’habitacle. Un sourire alors qu’il déposa ses lunettes de soleil sur le nez « Moi aussi ». En d’autres termes, ce n’était pas un argument suffisant, à ses yeux, pour qu’il prenne seul ce taxi. Wyatt pénétra dans l’habitacle pendant que le chauffeur chargeait les bagages dans le coffre du taxi et le beau brun ouvrit la fenêtre afin de profiter de la chaleur qu’offrait l’île, puis tourna la tête vers elle « J’ai toujours trouvé ça mignon. Quand tu te justifies de la sorte ». Il se saisit ensuite de son portable, ainsi que de de son billet d’avion aller, et comme tout politicien qui se respecte, il ne sortait jamais de chez lui sans stylo et griffonna donc son numéro de téléphone dessus, puis le lui tendit « Pour que l’on puisse se donner rendez-vous » non sans un petit sourire espiègle. En entendant le chauffeur s’agacer devant eux, Wyatt donna l’adresse de son hôtel, puis fronça légèrement les sourcils en entendant Johanne bafouiller « Tu plaisantes ? » avant de se mettre à rire doucement. Il fallait croire que la Vie avait des projets pour eux et qu’ils en étaient les protagonistes. Un nouveau rire « Moi aussi ! ». Il l’observa quelques secondes, puis se laissa glisser au fond de la banquette, tout en observant l’extérieur et appréciant la vue, mais ses pensées étaient dirigées uniquement vers Johanne à ses côtés. Le trajet fut rapide et le taxi déchargea les bagages en échange d’un pourboire généreux, et Wyatt récupéra les deux valises qu’il poussa jusqu’à l’employé de l’hôtel qui s’en occupa à son tour. Le quadragénaire prit quelques secondes pour observer les alentours. L’hôtel étoilé était installé sur le bord de mer et ils pouvaient entendre d’ici le flot des vagues qui se mêlaient au bruit de la ville. Un sourire de bien-être, et s’avança jusqu’à l’hôtel. Arrivé à la réception, il donna son nom, récupéra sa clef et attendit patiemment que Johanne en fasse de même « Chambre 221 avec vue sur mer. Et toi ? ». Il glissa machinalement sa main dans son dos pour s’avancer jusqu’à l’ascenseur « Pas de caméra caché alors » et retira sa main devant les portes closes de la machine en acier dont les portes s’ouvrirent au bout de quelques secondes, puis ils entrèrent et il appuya sur son étage, pressé de découvrir sa suite pour les deux prochaines semaines.

Elle l’avait invité à passer une soirée en sa compagnie. Ça avait été plus fort qu’elle. Quatre ans sans le voir, sans la moindre nouvelle. Et aujourd’hui, ils se retrouvaient sur la même ile, pour la même durée. En vacances en plus de ça ! Ce qui voulait dire que la politique ne viendrait pas troubler l’emploi du temps de Wyatt. Pas de coup de fil au milieu d’une conversation, pas d’excuses pour le travail. S’ils prenaient le temps de se revoir, ils seraient libres de diner. Elle serait surtout en compagnie de Wyatt. De l’homme, pas du politicien. Elle ne voulait pas le voir partir ainsi. Rien qu’une petite soirée… Son esprit espérait déjà plus, peut-être une journée ou une sortie sur l’ile, mais elle n’osait pas se l’avouer. En voyant la surprise de son ex-mari se peindre sur son visage, Johanne décida de revenir sur sa proposition. Mais il accepta. Et confirma. « -d’accord… » avait elle de nouveau ajouté, sourire aux lèvres, avant de prendre la direction de la sortie, à ses côtés.

Elle venait de l’inviter, et pourtant partager un taxi lui semblait déjà trop. Son esprit était contradictoire. Parce qu’elle savait que c’était un terrain glissant. Un sourire amusé en baissant la tête. Elle accepta. Puis elle parla d’échanger leurs numéros, se justifiant en bafouillant. Elle leva ensuite les yeux au ciel devant la réflexion de Wyatt, avant de le regarder écrire sur son billet d’avion. Billet qu’elle prit, avant de légèrement bloqué en entendant l’adresse de l’hôtel. « -ba heu… non… » elle prit son téléphone pour vérifier. C’était bien ça, c’était bien le même hôtel. C’était dingue comme situation. Ne préférant pas jeter de l’huile sur le feu, elle se concentra sur le paysage qui défilait. C’était magnifique. Elle allait passer deux semaines merveilleuses ici.

En arrivant devant l’hôtel, elle avait déjà hâte de se changer et de se rendre à la plage. Une fois à la réception, elle donna les informations nécessaires et récupéra la clé de sa chambre. « -425. » annonça la jeune femme. « -hé non ! » s’amusa Johanne avant de monter également dans l’ascenseur. Pas le même étage. Elle lui sourit lorsque les portes s’ouvrir à nouveau. « -bon et bien… bonnes vacances. » elle savait parfaitement qu’ils allaient se croiser. Elle l’espérait même. Un petit signe de la main et les portes se fermèrent à nouveau sur elle. Quelques minutes plus tard, elle était dans sa chambre. Elle apprécia la décoration, testa le matelas, ouvrit de grands yeux devant la vue. Puis elle prit le temps de défaire sa valise, de prendre une douche, histoire de se délasser du voyage. Une bonne heure plus tard, elle quittait sa chambre pour se rendre à la plage. Lunette, chapeau, maillot, paréo. Dans son sac, un livre, mais également quelques revues de modes, d’autres plus légères. Il y avait du monde sur la plage, mais elle trouva sans souci une chaise longue où s’installer. Les vacances pouvaient commencer.

Un « À toi aussi » alors qu’il se retourna vers Johanne en entendant que les portes d’acier ne se referment sur elle. Il resta quelques secondes à observer l’ascenseur avec un sourire niais sur les lèvres, puis se décida à trainer sa valise le long du couloir jusqu’à sa chambre. Il glissa la clef dans la serrure, puis poussa la porte 221 qui s’ouvrit sur une suite amplement suffisante pour lui. Mais ce qui interpella davantage son attention en dehors du champagne et du panier de fruits sur la petite table face au lit, c’était la baie vitrée donnant sur le balcon. Il lâcha la poignée de sa valise puis fit ces quelques pas qui le séparait de la petite terrasse, ouvrit la baie vitrée et inspira à plein poumon l’air légèrement iodé. Son regard se porta sur la magnifique plage face à lui et resta ainsi à la contempler quelques minutes, à se laisser porter par le bruit des oiseaux, le flux des vagues, le rire des enfants et le brouhaha des voitures qui venaient déposer les clients. Il retourna à l’intérieur, se glissa sous la douche et troqua sa tenue pour quelque chose de plus léger. Un short, un t-shirt, une paire de basket, et surtout ses lunettes de soleil, sa crème solaire et sa serviette sur l’épaule. Une main dans la poche, il arpenta le chemin qui le séparait de la plage avec décontraction. Il était pratiquement inconnu ici, pas de téléphone, pas de Claire ou encore de politique. Ici, durant ces deux semaines, il n’était que Wyatt et il en avait besoin. Il avait l’impression que ça faisait une éternité qu’il n’avait pas été lui.

Ses pieds s’enfoncèrent dans le sable à son arrivée et ainsi jusqu’à ce qu’il dépose sa serviette près de l’eau. Il retira bien vite ses vêtements pour ne garder que son short de bain, étala rapidement la crème solaire et se hâta dans l’eau chaude d’Hawaii. Il nagea, stagna sur le dos pour profiter seulement de l’instant précis, puis nagea de nouveau. Il finit au bout de presque heure de se décider à retourner sur sa serviette, mais quand il rebroussa chemin jusqu’au sable, son regard s’attarda sur la femme posée sur les chaises un longue et un sourire étira ses lèvres. Il ne s’arrêta pas à sa serviette finalement et poursuivit sa route jusqu’à Johanne devant laquelle il resta de bout « Tu appelles ça des vacances ? » sur un ton amusé alors qu’elle lisait des magazines. Il s’essuya les mains avec la serviette de son ex-femme, puis lui retira ledit ouvrage lentement des mains « Laisse-moi faire » et le posa au pied de la chaise longue, avant de lui saisir les mains de l’attirer à lui. Son corps proche du sien, Wyatt eut soudainement des difficultés à respirer posément, son cœur battant un peu plus vite, alors que ses yeux ne savaient plus s’ils devaient regarder les prunelles sombres de Johanne ou ses lèvres… Il finit par reprendre contenance, se baissa légèrement, saisissant ses jambes pour la hisser sur son épaule et se mit à courir jusqu’à l’eau « A la flotte ! » et la lâcha lorsque ce fut assez profond dans un éclat de rire. Il se laissa tomber aussi, et plaqua ses cheveux en arrière en sortant la tête de l’eau salée, souriant toujours « Elle est bonne hein ?! » avec amusement et se moquant gentiment d’elle.

Ne rien faire ! C’était le fil rouge de ces deux semaines de vacances. Pas de planning, d’emploi du temps. Johanne avait envie de voir au jour le jour. L’ile ne manquait pas d’activité et d’attrape touriste, elle savait parfaitement qu’elle parviendrait à remplir ses journées. Elle n’avait pas peur de l’ennui. Ni d’être seule. Parfois être seule avec soi même faisait beaucoup de bien. Enfin… elle s’imaginait être seule, face à son besoin de repos, face à son besoin d’inspiration pour sa nouvelle gamme… mais il y avait un hic. Cela faisait quelques heures qu’elle était allongée sur une chaise longue, dans ce décor merveilleux et… et Wyatt s’était invité dans son esprit ! Le savoir dans cet hôtel, peut-être sur cette plage… c’était difficile de ne pas regarder de temps à autres touristes. Avec le secret espoir de le voir non loin. Johanne s’agaçait elle-même. Quatre ans de séparation, de silence et d’effort pour tourner la page, et voilà qu’une rencontre au hasard foutait tout en l’air !

Elle gribouillait sur son magazine sans vraiment prêter attention à ce qu’elle faisait. Qu’est ce que ça voulait dire tout ça ?! Est-ce que ça voulait seulement dire quelque chose ? Elle tentait d’arrêter de trouver des signes ou des significations à tout. Elle avait prit conscience de ça en travaillant sur la perte de Marcus. Parfois les choses arrivaient sans raison ! Parce qu’il n’y avait pas de grand plan dessiné à l’avance ! Alors, retrouver Wyatt après ces quatre années, c’était peut-être simplement un hasard. Qui venait foutre le bordel dans son esprit, certes. Mais un simple hasard ! Et si elle tentait d’accueillir cela comme une chance. L’occasion de passer quelques jours ensemble, dans un autre contexte.

Il y eut une ombre sur elle, Johanne leva le nez. « -tu me caches le soleil ! » râla la belle brune alors qu’il se foutait de ses magazines. Il avait toujours trouvé ça ridicule qu’elle aime ce genre de presse féminine un peu futile. Les horoscopes, les tests de personnalités… « -hé ! Je te le prêterais quand j’aurai fini. » râla-t-elle de nouveau joyeusement. « -rends le moi ! » ajouta Johanne en se redressant pour reprendre son magazine, alors qu’il venait de lui saisir les mains. Trop proche ! Trop proche ! Hurla son cerveau ! Il était là, torse nu, avec des gouttes d’eau qui lui dégoulinait encore des cheveux. Comment rester insensible ?! Même s’il n’avait pas été son ex-mari, l’homme de sa vie, elle l’aurait trouvé sexy et désirable. « -tu l’as fait exprès ! Traitre ! » lança Johanne alors qu’il venait de la hisser sur son épaule pour la jeter à l’eau. Le regard de Wyatt, cet sorte de trouble… tout ça pour mieux la duper ! C’était ce qu’elle avait envie de croire pour le moment. « -lâches moi Wyatt ! » elle finit à l’eau. En remontant à la surface, elle le fusilla du regard avant de se mettre à rire et de lui envoyer de l’eau au visage. « -tu sais toujours aussi bien nager ? » elle montra un rocher plus loin, d’un signe du menton, l’invitant ainsi à faire la course. Avant qu’elle ne réponde, elle se lança dans la course.

Johanne avait encensé chacune de ses pensées depuis qu’il avait croisé son regard dans l’avion quelques heures plus tôt. Omniprésente, il ne cessait de ressasser chacun moment passé ensemble, leur rencontre, leur mariage, leur premier baiser et leur première dispute… Peu importe le temps qui s’était écoulé depuis leur divorce, elle était toujours la femme de sa vie et rien ne pouvait changer cela. Et la revoir ainsi, après quatre ans, réveillait des sentiments qu’il avait pensé fermé à double-tour dans un coin. Oui, il était parfois un peu naïf. Donc après avoir contemplé la plage de son balcon, Wyatt avait choisi de la rejoindre à pied après une douche bien méritée. Il aima la sensation de la caresse sur sa peau et du sable sous ses pieds alors qu’il s’était délaissé de sa serviette de bain pour s’avancer jusqu’à l’eau turquoise. Pas de téléphone, aucune obligation politique. Libre de tout. C’était un sentiment qu’il avait oublié depuis plus de six ans, mais qu’est-ce que c’était délicieux de le retrouver. Il était le seul à pouvoir dicter sa journée, et pour le moment, il souhaitait profiter de l’eau. Ce qu’il fit un long moment avant de rejoindre sa serviette, mais lorsque son regard se posa sur son ex-femme, il décida de dévier et s’avança jusqu’à elle. Elle était toujours aussi belle. Le temps ne semblait pas avoir eu d’emprise sur sa beauté, ou peut-être était-ce dû au fait qu’il la voyait toujours avec ce même regard depuis vingt ans maintenant. « Je t’évite d’attraper un mélanome » rétorqua-t-il sans pour autant se décaler, puis se saisit du magazine « Tu as sûrement déjà fait tous les tests, alors ça n’a aucun intérêt » et le déposa au pied de la chaise longue « Tutututut » répliqua-t-il en faisant un signe négatif de la tête. Le politicien avait d’autres plans en tête.

Wyatt se saisit donc de ses mains pour lui faire poser pieds à terre. Mais la sentir si près de son corps… Son cœur se mit à battre un peu plus fort dans sa poitrine. Il n’avait qu’une envie, goûter ses lèvres. Il se pinça les siennes, comme pour s’interdire ce genre d’initiative, et reprit contenance, la soulevant pour la poser sur son épaule, et se hâta jusqu’à la mer. « Tu me connais pourtant ! » et tapota sa cuisse avant de la lancer à l’eau tout en se laissant emporter également. Lorsqu’il sortit la tête de l’eau, il ne put s’empêcher de rire devant le regard de Johanne qui ria à son tour. Il connaissait assez bien cette dernière pour savoir qu’elle ne lui en voulait pas d’une telle initiative. Après tout, c’était ce qui l’avait charmé vingt ans plus tôt. Son rire s’estompa et fronça légèrement les sourcils d’incompréhension « Euh… Oui, bien sûr », puis suivit son regard jusqu’au rocher, et lorsqu’il le reporta sur Johanne, cette dernière avait déjà entamé sa nage « Tricheuse ! » et la rejoignit rapidement. Finalement, quelques années s’étaient écoulées depuis sa dernière nage et même s’il la talonna jusqu’au rocher, il arriva second et essoufflé « Le temps n’a pas eu d’emprise sur toi, mais je ne peux pas en dire autant » et se hissa sur le rocher et observa les environs « Rappelle-moi pourquoi on vit à New York et pas ici ? », puis posa sa main dans le dos de Johanne et la poussa à l’eau, avant de plonger à son tour. Il émergea et s’approcha de la jeune femme « Ce soir… Dîner ? Avec moi ? C’est moi qui invite ».

« -pour ta gouverne, j’ai mis de la crème solaire. » répondit Johanne du tac au tac. « -non, c’est faux ! » ajouta-t-elle au sujet des tests. Elle n’avait pas encore tout fait. Mais visiblement Wyatt n’était pas d’avis de lui laisser terminer. « -Wyatt… » râla la belle brune, avant qu’ils ne se retrouvent bien trop proche l’un de l’autre. Quatre années que cela n’était pas arrivé. Plus si on comptait les années de distances entre eux. Et pourtant… il lui faisait toujours autant d’effet. Heureusement, il décida de l’entrainer dans l’eau, mettant fin à cette proximité troublante. Elle râla de plus belle, même si cela laissa place au rire très rapidement. L’eau était délicieuse, comment ne pas apprécier. Un mouvement de menton pour les rochers au loin, avant qu’elle ne prenne son élan avant lui.

Johanne se hissa sur le rocher en premier, balançant une vague dans la figure de Wyatt au passage. Le souffle court, elle répondit, sourire aux lèvres : « -non… bien sur… je ne suis… pas du tout essoufflée. » ils vieillissaient, comme tout le monde. « -tu as peut-être moins le temps de faire du sport. » ajouta la belle brune avec un léger haussement d’épaules. En entendant la question de son ex-mari, elle fut tentée de lui répondre : parce que tu as voulu faire la politique. Mais elle n’avait pas envie de gâcher ce moment. « -parce qu’il y a des moustiques ? » préféra répondre Johanne en grimaçant avec humour. Sourire qui s’estompa légèrement lorsqu’il posa sa main dans son dos, avant qu’elle ne pousse un cri en finissant dans l’eau. « -je me vengerais. » menaça Johanne en riant. « -parce que tu pensais vraiment que j’allais me battre pour la note ? » lança-t-elle toujours avec humour. Il avait toujours payé. Elle ne s’était jamais opposée à cela. Elle regarda au loin, la plage. « -c’est d’accord. » lança Johanne avant de reprendre la nage pour revenir vers le sable et les gens.

Une fois plus proche de la plage, elle attendit qu’il arrive et lui demanda : « -tu as regardé ce que propose l’hôtel comme activité ? » elle avait jeté un rapide coup d’œil et forcement elle avait retenu la croisière pour aller nager avec les dauphins et les tortues. Mais aussi un sorte de trek pour aller admirer les volcans. « -j’adorerais voir des tortues. » lança Johanne. Puis elle réalisa qu’il n’avait peut-être pas envie de faire plus qu’un diner avec elle. Après tout, il était là pour des vacances. « -quelle heure ce soir ? » demanda la belle brune comme changer le sujet.

Debout devant elle, les pieds enfoncés dans le sable chaud et la peau portant encore les traces de sa baignade dans les eaux turquoises d’Honolulu, Wyatt ne put retenir davantage ce petit sourire en coin face à leur joute verbale. Il avait toujours apprécié sa vivacité d’esprit et cette capacité à ne jamais se montrer désarçonnée devant lui. Mais dans l’exercice d’avoir toujours réponse à tout, le politicien ne manquait pas d’entraînement « Je suis plus efficace et plus agréable à regarder également » rétorqua-t-il donc tout en se désignant de la main. Il avait beau approcher à grand pas de la cinquantaine, Wyatt continuait de maintenir une activité physique pour combattre contre la gravité. Et de ce qu’il put lire dans le regard de Johanne, le charme opérait toujours. Avec les années et la distance, elle n’était pas devenue insensible à son charme, et une certaine attractivité des corps était présente. Toutefois, le politicien ne voulait pas perdre ce qui était en train de renaître entre eux, alors il poursuivit dans son idée première et se saisit de la belle brune pour l’entrainer avec lui dans l’eau. Le quadragénaire souhaitait retrouver cette complicité d’antan, qu’elle redevienne son amie avant tout. Parce que c’était ce qu’elle avait été pour lui. Sa meilleure amie, sa confidente, son amante et l’amour de sa vie. Il savait qu’il ne serait plus son mari, mais il aspirait toujours à redevenir son ami, son confident. Sinon pourquoi se seraient-ils retrouvés sur ce vol ? Et dans cet hôtel ? S’il n’y avait aucune issue favorable pour eux deux.

Toutes ces pensées furent balayées d’un revers de main fictif lorsque son ex-femme lui proposa de nager jusqu’au rocher au loin. Johanne l’atteignit avant lui alors qu’il la talonnait difficilement. Le temps avait fait son œuvre avant tout sur son corps. Il se hissa sur le morceau de granite qui surplombait l’océan, rejoignant ainsi Johanne « Tu m’as tout de même battu » et lui fit un clin d’œil et se mit à rire doucement « Je prends le temps d’en faire depuis un an ». Il avait changé. Il le lui avait dit. Peu à peu, sa carrière n’arrivait plus en premier plan dans son existence. Il prenait également plaisir à vivre tout simplement. Le regard de Wyatt se perdit dans la contemplation de leur environnement, puis posa son regard sur Johanne « Ou que je passais mon temps au travail ». Parce que ses ambitions politiques avaient été un frein à leurs projets commun, une excuse pour partir en vacances, et un obstacle insurmontable pour leur mariage. Il ne voulait pas en parler davantage et glissa sa main dans le dos de Johanne, la poussant ainsi du rocher et émit un rire franc quand il l’entendit crier alors qu’elle atterrissait dans l’eau. Il plongea à son tour pour la rejoindre et ria de nouveau en entendant la menace de la jeune femme « J’attends de voir ! », puis après un bref silence, l’invita à dîner en sa compagnie. Il appréhendait sa réponse alors même qu’il n’avait pas terminé de formuler sa demande. Et si elle refusait ? Contre toute attente, elle accepta à sa manière et un soulagement l’accabla alors qu’il se mit à sourire avec presque une certaine timidité « Je pensais que tu prônais l’égalité des sexes ?! » et l’observa reprendre la nage pour rejoindre le bord de la plage, ce qu’il fit à son tour jusqu’à avoir enfin pied.

« Brièvement en arrivant. Il y a une randonnée pour contempler les volcans et de la plongée sous-marine », puis posa son regard sur Johanne, n’étant pas certain du message subliminal qui se cachait derrière sa question, alors il osa un « Tu aimerais qu’on aille voir les tortures demain matin ? On pourrait ensuite voir les volcans dans l’après-midi ? Ou juste louer une jeep et découvrir les environs ». Il fit quelques pas à ses côtés tout en répondant un « 19 heures ? », et lui donna un petit coup d’épaule « J’aimerais beaucoup t’accompagner ».

« -ça je te l’accorde. » avait elle répondu toujours avec la même répartie. Cela lui avait manqué. Depuis bien trop d’années. Lorsqu’il la jeta dans l’eau, Johanne se mit à rire en regagnant la surface. Elle eut soudainement la sensation de revenir des années en arrière. Lorsque tout était encore simple entre eux. Lorsqu’ils ne se souciaient de rien, qu’ils vivaient au jour le jour. Rire avec Wyatt, cela faisait si longtemps que ce n’était pas arrivé. Elle retrouva le même bien-être qu’à l’époque. Et elle prit conscience que le sourire de son ex-mari avait toujours autant d’effet sur elle. Il était beau, encore plus beau lorsqu’il avait cette petite étincelle de malice dans les yeux et ce sourire en coin, taquin. Elle n’était pas certaine qu’il ait changé, mais en tout cas, l’homme dont elle était tombée éperdument amoureuse, était toujours là. Et ici, dans ce cadre paradisiaque, il était bien présent, bien vivant devant elle, prenant le pas sur l’homme politique.

Pour poursuivre sur cette note de bien-être entre eux, elle lança une course à la nage, et tricha de façon à arriver la première au rocher. Il était meilleur qu’elle à la nage. C’est lui qui lui avait appris. Même si avec de l’entrainement et les années, elle s’était grandement améliorée. « -j’ai triché. » répondit Johanne avec un sourire. « -hé c’est bien ça ! » lança la belle brune comme si Wyatt avait besoin d’être félicité. Finalement leur séparation leur avait fait du bien à tous les deux. Elle en était heureuse. Il ne s’était pas laissé aller, il avait continué d’avancer lui aussi. Et pas que dans sa carrière. Un sourire et elle chassa rapidement la gêne qui avait envie de s’inviter : « -oui, enfin au départ, on avait pas les finances pour des tels voyages. Mais on se rattrape aujourd’hui non ?! » enfin, même si c’était le hasard qui les avaient réunis. Ils savaient, à ce moment de la conversation, l’un comme l’autres qu’ils passeraient plus qu’un diner ensemble. Comment s’éviter alors qu’ils étaient tout sourire et heureux de se retrouver ?!

Elle accepta d’ailleurs le diner. Avec grand plaisir et sans la moindre hésitation. « -oui, mais là c’est de la galanterie. » s’amusa la jeune femme avant de reprendre la nage pour retourner vers la plage. Elle lui demanda s’il avait regarder les activités possibles durant le séjour. Il l’avait fait. Et il avait retenu les mêmes informations quelle. Elle pouffa de rire : « -les tortues oui je veux bien. » ce qui était de la torture c’était d’être avec lui, là juste à quelques mètres l’un de l’autre. Elle le trouvait tellement beau… il lui avait tellement manqué… « -les volcans c’est sur deux jours je crois… et puis pas la peine de surcharger le planning. Disons les tortues demain après-midi. Et les volcans en fin de semaine. » elle prit place sur la chaise longue, seulement assise : « -mais je suis partante pour la découverte de l’ile en jeep aussi ! » il y avait tout un pant d’histoire américaine ici. Bien des choses à voir et visiter. « -tu sais faire de la plongé ? » demanda Johanne en réalisant que de son côté, elle était totalement novice. « -je sais pas comment ça se passe, il faut que je me renseigne. »

Depuis le jour de leur rencontre, il persistait une attirance entre eux. Un lien invisible et inexplicable. Ce n’était pas uniquement physique. C’était une attraction semblable à celle de deux aimants. Wyatt avait pensé que le jour où leurs routes se recroiseraient de nouveau, ce qui était inéluctable en vivant dans la même ville, ils se rendraient compte qu’il avait finalement disparu. Contre toute attente, il était toujours présent. Seulement en sommeil. Et la proximité qui leur imposa sur la plage lui confirma qu’il n’était qu’endormi. Johanne l’attirait toujours autant, et de ce qu’il put en déduire du regard qu’elle porta sur lui, c’était également le cas pour elle. Leur petite excursion au rocher n’était qu’une manière comme une autre de rester ensemble. En tout cas, cette pensée plaisait à Wyatt et il voulait s’y accrocher. Cela signifiait que même s’ils n’étaient plus unis par les liens du mariage, elle ferait toujours partie de sa vie, de son quotidien. Arrivé au sommet du rocher, un sourire étira les lèvres du politicien « Je prendrais ma revanche », puis confirma qu’il n’avait pas délaissé le sport. Malgré ses obligations, Wyatt désirait garder une partie de sa vie libre de toutes obligations. Et plus les années passaient, plus il regrettait d’avoir fait ce choix si tard. Peut-être cela aurait sauvé son mariage avec la belle brune à ses côtés « J’ai besoin d’être autre chose qu’un sénateur » répliqua-t-il tout en la fixant. Si Wyatt l’avait compris plus tôt, ils auraient pu faire ce voyage plus tôt, et sûrement avec encore leur alliance à l’annulaire. Mais avec des « si », on pouvait mettre Paris en bouteille. Maintenant, il ne restait plus qu’à ne plus commettre les mêmes erreurs « Vaut mieux tard que jamais ».

Et aujourd’hui, le quadragénaire avait tiré des enseignements de ses erreurs passées. Notamment avec Johanne. Elle lui avait manqué durant ces quatre années. Rares étaient les jours où il n’avait pas une pensée pour elle. C’était un parfum dans l’air, sa fleur préférée en vitrine en passant devant le fleuriste, un magazine affichant sa collection, ou encore le client devant lui qui commandait sa boisson préférée. Et la retrouver ici, à Hawaii… Wyatt voulait profiter du temps offert à eux, durant ces deux semaines hors du temps, pour renouer le contact. Il ne cherchait pas à la reconquérir. C’était peine perdue. Elle s’était reconstruite, et il n’aurait de cesse, par sa seule présence, de lui rappeler ce qui l’avait poussé à prononcer ces mots ce fameux soir, quatre ans auparavant. Mais ils pouvaient être amis ?! Alors il l’invita à dîner et elle accepta « En effet ».

Ils finirent par rejoindre le bord de mer, s’extirpant de l’eau turquoise à pas lent alors qu’ils planifiaient de passer davantage de temps ensemble. Cette fois-ci à l’initiative de la jolie brune. En la voyant rire, il fronça les sourcils d’incompréhension « Oui, les tortues. C’est ce que j’ai dit, non ? » en ne comprenant pas pourquoi Johanne riait, mais ça le faisait sourire d’amusement et d’incompréhension aussi. Sa maladresse lui ayant échappé. Quand il proposa plusieurs activités dans la même journée, c’était pour laisser du temps sans lui à Johanne, mais apparemment, elle appréciait sa compagnie et voulait passer du temps avec lui. Il l’enveloppa du regard tout en esquissant un sourire presque timide « Tu as raison. On a tout le temps » et acquiesça « On pourrait faire le tour de l’île en milieu de semaine, qu’en penses-tu ? » alors qu’il la suivit jusqu’à la chaise longue, plaquant ses cheveux humides en arrière alors que les gouttes de l’eau salée lui tombaient dans les yeux. Un petit rire résonna « Pas le moins du monde ! » et précisa « À moins que tu considères que des lunettes et un tuba à un mètre du bord de l’eau soit de la plongée. Alors là oui, j’en ai déjà fait ». Il n’avait jamais eu l’occasion d’en faire, et lorsqu’il était enfant, il ne partait jamais en vacances, et encore moins en bord de mer « Et toi ? ». Après tout, durant quatre ans, elle s’était peut-être autorisée à découvrir de nouvelles activités sans lui. Wyatt finit par prendre place assise sur le rebord de la chaise longue de Johanne alors que celle à ses côtés était déjà occupée « On peut demander à la réception de l’hôtel ce soir si tu le souhaites ». Un regard pour le bord de mer, puis Wyatt se leva, et se montra soudainement timide « Je… » et désigna sa serviette du pouce derrière lui « Je vais retourner à ma place… Ma serviette m’appelle… » et recula lentement sans la quitter du regard « On se dit dix-neuf heures dans le hall ? » et continua ainsi, risquant de peu de percuter un enfant et fit une légère grimace à Johanne, et tourna les talons pour s’assurer qu’il n’allait percuter personne à nouveau. Il osa tout de même un nouveau regard à son attention, et finit par prendre place sur sa serviette de plage, l’observant de temps à autre.

Il s’était mis au sport, il prenait des vacances… Il lui disait avoir changé… Johanne était heureuse d’entendre ça. Parce que c’était positif pour lui. Parce qu’il avait finit par se rendre compte que la politique c’était gentil, mais ça restait un job. Et que passer sa vie à travailler, et bien ça n’était pas vraiment vivre. Entendre cela la rassurait. Il avait également cheminé. Surtout il ne s’était pas laissé couler. Et c’était sans doute le plus important pour elle. Savoir qu’il allait bien. Parce qu’elle s’était posée tant de fois la question. Leur divorce ne l’avait pas détruit plus encore. Elle était soulagée. Elle n’avait pas envie de voir naitre plus de regrets qu’ils n’en avaient déjà. Ils s’étaient retrouvés dans cet avion, ils avaient les mêmes semaines de vacances ici… c’était un beau coup du sort non ?

Une fois sur la plage, ce fut son tour de lui demander, à sa façon, s’il souhaitait passer du temps avec elle durant ces deux semaines. Elle n’avait pas envie de passer son temps sur la plage. Il y avait des tonnes de choses à voir ici, et elle avait toujours été de nature curieuse. Elle s’amusa de l’erreur de mot de Wyatt, et répondit toujours en riant : « -oui oui, les tortues. » elle adorait se foutre de lui ainsi. Mais elle finit par proposé d’étaler les visites sur plusieurs jours. Ils avaient le temps. « -oui, et se sont des vacances, donc tranquille. Grasse matinée, super petit déj’ et ensuite on bouge. » elle n’avait pas envie de se stresser ou de de devoir regarder sa montre. « -oui parfait. » cela lui allait parfaitement. Elle sourit en l’entendant rire : « -pas du tout ! On va peut-être devoir prendre un cours ou deux avant non ? Tu ne crois pas ? » une légère grimace. « -oui, on va se renseigner. » oui, ils allaient faire ça. Un léger froncement de sourcils en le voyant soudainement prendre de la distance. Un sourire se dessina à nouveau sur ses lèvres, elle aimait tellement son côté maladroit… « -parfait. » elle s’allongea en l’observant de loin, son sourire ne la quittant pas.

Johanne resta encore une petite heure à la plage, puis elle décida de rejoindre sa chambre. Le décalage horaire se faisait sentir. Après avoir pris une douche, elle décida de faire une petite sieste, histoire d’être en forme pour le diner. Elle dormit une heure, puis se prépara pour son tête à tête avec Wyatt. Elle décida de descendre un peu avant l’heure. Johanne s’installa au bar, et commanda un cocktail en attendant l’arrivée de son ex-mari. Un homme s'approcha, elle soupira d'avance.