Le visage de Wyatt n’était pas inconnu aux New-yorkais, il était coutumier des plateaux de télévision, et en pleine campagne sénatoriale, il apparaissait également sur les affiches placardaient sur les murs de la ville. Mais ce soir, ce n’était pas lui qu’on regardait, mais bel et bien sa femme. Dans cette robe rouge qui mettait ses formes en valeur, elle attirait tous les regards, même celui des femmes. Elle était belle et osa le lui dire, comme il avait toujours aimé le faire toutes ces années. Il l’observa fixement, comme pour mémoriser chacun de ses traits sous la lumière de la pièce, s’imprégnant de cette lueur qui illuminait son regard lorsqu’elle le posait ainsi sur lui « Malheureusement, j’oublie trop souvent cette chance… » souffla-t-il avec douceur. Ces deux dernières années tout particulièrement, et ce soir, il eut l’impression de revenir, le temps d’un instant, deux ans auparavant. Ils n’avaient pas perdu leur bébé, elle n’avait pas tenté d’en finir avec la vie. Ils étaient tout l’un pour l’autre et le savait. C’était ce qu’il souhaitait retrouver ce soir.

Il lança la conversation avec cette éternelle question qu’ils s’étaient toujours posé en rentrant le soir. Il aimait l’entendre parler de sa journée, partager avec lui ce qu’elle avait vécu les quelques heures loin de lui « Il n’y a aucune raison qu’ils n’aiment pas ». Wyatt voulait la rassurer sur son travail, sur son talent. Elle en avait toujours eu, et il avait toujours fait en sorte de l’encourager, de la pousser vers l’ambition, qu’elle se dépasse, parce qu’elle était douée, et qu’elle qu’en était capable. Ils portèrent un toast à cette soirée. Une pause dans leur quotidien qui s’écroulait peu à peu. Une parenthèse de bonheur, que Wyatt espérait, qu’elle finirait par durer. Un sourire à l’attention de Johanne alors qu’il porta son verre de vin à ses lèvres, puis rétorqua tout en le reposant sur la table « Elle aurait dû m’en parler pour que nous en discutions sans interlocuteur. Elle a eu tort. Nous sommes adultes et on peut très bien faire en sorte d’organiser nos emplois du temps l’espace d’une soirée ». Il était déjà une personnalité publique. Les journalistes, les paparazzis, ou même encore ses adversaires prenaient un malin plaisir à enquêter sur sa vie privée, son passé, pour en déterrer de la boue afin de le discréditer. Il ne souhaitait pas que sa propre équipe s’amuse à s’ingérer également dans sa vie personnelle. Il tenait à la garder privée.

Lorsque Johanne complimenta son choix concernant le vin qu’ils dégustaient actuellement, il lui rappela qu’ils l’avaient déjà goûté quelques années auparavant, lors d’une dégustation qui avait fini dans l’ivresse la plus totale les concernant. Un souvenir qu’il chérissait, et qui le fit même rire en cet instant « Je le constate » rétorqua-t-il avec amusement, avant d’ajouter, nostalgique « Moi aussi… », puis lui sourit avec tout autant de douceur qu’elle. Ils étaient si insouciants à cette époque-là… Maintenant, tout était différent. Un tel point que sa femme s’interrogea sur son départ à dix-huit heures du bureau, ou plutôt sur la réaction de ses collaborateurs « Oui, je pense aussi ». Son assistante avait apprécié qu’il se rende à un rendez-vous avec sa femme. Il n’était pas inscrit dans l’agenda. C’était une envie soudaine qu’il avait souhaité concrétiser. « J’ai toujours aimé nos rendez-vous » répliqua-t-il alors qu’elle prononça ce mot, comme si elle se remémorait leurs rendez-vous passés. C’était un terme qui correspondait à leur histoire. Pas de rendez-vous d’affaires, mais des rendez-vous d’amour les concernant.

Le quadragénaire glissa sa main jusqu’à celle de Johanne, entrelaçant ses doigts aux siens, et savoura ce geste tendre qu’il ne faisait plus depuis des mois à son encontre. Il retira toutefois sa main à l’arrivée du serveur afin de lui tendre les menus alors qu’il demandait au chef de lui préparer le dîner selon son inspiration. Une demande qu’il n’aurait jamais formulé avant d’avoir sa position. Il émit un petit rire à la remarque de son épouse « Si tu veux le voir jaillir de sa cuisine dans tous ses états, tu peux essayer », parce qu’il n’était pas sûr que l’idée séduise ce dernier. Il baissa son regard sur la main de Joe qui vint rejoindre la sienne, et resserra l’emprise de ses doigts sur ceux de cette dernière, avant de relever ses yeux verts sur elle. Il avait appris à ne pas se fier aux premiers mots et toujours laisser parler, alors il le fit. Elle voulait qu’ils cessent cette distance entre eux deux. Il baissa à nouveau son regard sur leurs mains, leurs alliances également, et hocha de la tête « Je le veux aussi » tout en reportant son attention sur elle « Je ne te promets pas que ça se produira tout de suite, mais je n’ai pas envie de continuer ainsi également… Je vais tenter de faire des efforts ». Il ne promettait rien. Les promesses étaient rarement tenues en politique, après tout. « Il me faut du temps pour changer, mais j’en ai envie aussi Joe. Crois-moi ». Il porta la main de sa femme à ses lèvres pour déposer un baiser sur sa peau, lui sourit, puis recula à l’arrivée du serveur avec leurs entrées « Voici le poulpe grillé, radicchio, clémentine du Chef ». Wyatt le remercia, observa son plat, puis leva son regard sur Johanne « On aurait dû demander la pizza » et lui fit un clin d’œil avant de commencer à déguster.

Johanne ne l’avait pas contredit. Elle n’avait pas non plus validé ses mots. Elle avait seulement sourire avec douceur, eut soudaine envie de pleurer. Hypersensible depuis toujours, la dépression n’avait pas aider de ce côté-là. Alors entendre Wyatt lui parler ainsi, c’était comme une flèche en plein cœur. C’était comme combler doucement le fossé qui se trouvait entre eux. Construire un pont. Rien n’était stable, mais ils se tendaient là main, chacun sur sa rive. Comment chaque jour, il lui demanda si sa journée s’était bien passée. Elle parla de sa collection, de l’espoir qu’elle soit apprécié comme les deux précédentes. « -c’est assez différent de ce que j’ai déjà présenté. Alors on verra bien… » un léger haussement d’épaules. Elle n’avait pas envie de parler boulot. Parce qu’elle était convaincue qu’ils étaient capables de trouver d’autres sujets de conversations. « -si elle a fait ce constat, c’est qu’il es réel. Et c’est ma faute. J’en suis consciente. » elle voulait dire par là qu’elle n’avait pas fait les efforts nécessaire. Qu’actuellement, la carrière de Wyatt devait passer avant tout. Mais cela sous entendait également qu’elle était fautive de tout ce qui leur arrivait.

Elle aima l’entendre rire en évoquant leur souvenir. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas vu ce regard rieur, ces petites rides aux coins de ses yeux. C’était pourtant ça qui l’avait séduite. Ce côté clown, taquin, souriant et jovial. Aujourd’hui, il était bien trop concentré à être un homme irréprochable. « -on devrait les remettre au gout du jour… » proposa Johanne avant d’ajouter : « -après l’élection… » parce qu’il était certain qu’il n’avait pas le temps ni la tête à ça pour le moment. Que si elle envoyait un : rendez vous chez Marco pour un café, il ne viendrait pas. Ça n’était peut-être même pas lui qui lirait le message. Enfin, c’était une idée comme une autre…

Johanne sourit un peu plus encore lorsqu’ils parlèrent de pizza. « -ça pourrait être très drôle… » commenta la jolie brune. Voir surgir la chef de ce restaurant étoilé. « -et peut-être qu’il est capable de faire une quatre fromage digne de son restaurant. » imagina Joe en souriant avant de faire mine de lever la main. « -je plaisante… » souffla la jeune femme. Elle savait qu’ils étaient observés. Avec bien plus de douceur, mais aussi de sérieux, Joe prit la main de son mari et lui exposa les faits. Elle voulait qu’ils se retrouvent. A nouveau elle eut cette boule dans la gorge, cette envie de pleurer devant les si belles paroles que son mari prononçait. Il était donc sincère, il l’aimait encore… « -merci… » souffla-t-elle. Ce qu’il venait de dire lui allait droit au cœur, lui redonnait de l’espoir. L’envie d’y croire.

Lorsque le plat arriva, elle porta une main devant sa bouche et ouvrit de grands yeux, transformant cela en étonnement pour le serveur. « -que c’est original ! » s’exclama-t-elle en ayant aucun envie de gouter cela. Un léger rire et un regard complice pour Wyatt. « -goute en premier… » elle faisait cela à chaque fois qu’un truc ne lui disait rien. Le parfum d’une glace, une sauce, un fruit exotique inconnu… Elle l’observa prendre une bouchée du plat. Puis elle se mit à rire. « -on dirait que tu mâches un chewing-gum. »
   

Même dans les instants les plus sombres de leur relation, jamais Wyatt n’avait regretté d’être tombé amoureux d’elle ou encore d’avoir scellé leur union par un mariage. Seulement, de temps à autre, il oubliait la chance qu’il avait de l’avoir dans sa vie, au quotidien, à ses côtés. Une femme qui avait su accepté sa carrière, et qui l’avait également poussé à poursuivre ses ambitions politiques. Une femme douce, bienveillante et armée d’une patience qui pourrait faire rougir plus d’un moine bouddhiste. Mais en voyant le regard de ces autres hommes sur sa femme, de voir qu’ils se rendaient compte à quel point elle était belle, il éprouva une certaine fierté qu’elle l’ait choisi lui pour partager sa vie. Et Dieu savait que depuis cet incident, il n’était pas le plus agréable des époux… Il ne prenait même plus part à son travail. La preuve en était, il fut surpris d’apprendre que la collection était différente cette année « Différente ? » demanda-t-il avec sincérité. Il voulait savoir ce qui faisait que cette collection était si différente des autres, de telle sorte qu’elle appréhendait les retours lors de la Fashion-Week. La conversation dévia ensuite sur Claire et la mise au point qu’il avait souhaité opéré en arrivant le matin même. Il baissa un instant les yeux sur la nappe blanche qui recouvrait leur table, l’espace de quelques secondes, puis répliqua, empreint d’une certaine culpabilité de l’entendre ainsi faire reposer la faute sur ses seules épaules « J’en suis la cause. Je peux comprendre que ma compagnie ne soit pas la plus agréable qui soit depuis quelques temps… Puis tu as tes propres obligations également, et je ne veux pas être un frein à ces projets qui te tiennent à cœur ». Oui, Wyatt avait besoin que cela soit clair dans l’esprit de son épouse, comme il voulait lui rappeler que la faute ne reposait jamais sur une seule et unique personne dans une relation.

Ils furent ensuite frappé d’un élan nostalgique lors du choix du vin, les ramenant plusieurs années auparavant, ivre d’alcool et de bonheur également. Wyatt se mit même à rire à l’évocation de ce moment qui lui était si cher. Une époque qui lui semblait si lointaine en l’évoquant ainsi. Pourtant, c’était aussi ces instants-là qui avaient façonnés leur relation, leur amour. Ces rendez-vous qu’ils n’avaient de cesse de se donner pour passer un moment ensemble. Johanne avait envie que ces rendez-vous fassent de nouveau partis de leur quotidien. Lui aussi. Un doux sourire sur les lèvres et il acquiesça « J’aimerais beaucoup également » et ajouta « Ce n’est plus qu’une question de quelques semaines ». Et ensuite, la campagne terminée, Wyatt aurait davantage de temps à lui octroyer. Elle redeviendrait même sa priorité. Un peu comme il le faisait ce soir, pour quelques heures. Ils se plaisaient à s’imaginer commander une pizza dans ce restaurant gastronomique « On aurait seulement un fragment de pizza. Rappelle-toi que nous sommes dans un restaurant gastronomique ». Il sourit avec douceur à sa femme « J’aime te voir ainsi » murmura-t-il, avant de baisser son regard sur sa main qu’elle venait de saisir. Le politicien entrelaça alors ses doigts aux siens, se laissant envahir par une sensation de chaleur et de bien-être. Cela faisait une éternité qu’il ne s’était pas sentie ainsi avec elle. Il voulait renouer avec sa femme, qu’elle redevienne le centre de son univers. Il voulait retrouver leur complicité d’antan. Mais ils allaient devoir s’armer encore de patience, elle accepta. En tout cas, c’est ce qu’il comprit en entendant son remerciement auquel il répondit « Tu n'as pas à me remercier, je t'aime et j'ai envie de nous retrouver».

Le serveur interrompit l’instant pour apporter le plat du jour. Du poulpe grillé. Finalement, le quadragénaire s’en voulu de ne pas avoir pris le temps de lire la carte… Un regard pour sa femme qui ne cacha pas sa réaction face au plat « N’est-ce pas ! » alors qu’il délaissa la main de Johanne pour se saisir de sa fourchette. Il échangea un regard complice avec son épouse qui ne pouvait retenir un rire qui le fit sourire. Ça faisait bien longtemps qu’il ne l’avait pas entendu rire en sa compagnie. Il la couva un instant du regard, puis reporta son attention sur son plat alors qu’elle l’invitait à goûter en premier. Une tradition chez eux. Il en découpa un morceau qu’il prit en bouche, prit le temps de déguster, et avala avant de relever ses yeux verts sur Johanne « Est-ce que tu as confiance en moi ? », puis fit signe au serveur, faisant un clin d’œil à Johanne avant qu’il n’arrive « Pourriez-vous m’apporter l’addition. Je m’excuse par avance, mais j’ai une urgence que je dois régler dans les plus brefs délais » « Ce n’est rien Monsieur Andrews. Nous comprenons. Je vous apporte cela tout de suite ». Évidemment, le restaurant lui factura l’ensemble du repas, qu’il paya sans rechigner. Il aida ensuite Johanne à enfiler son manteau, puis glissa sa main dans la sienne, sortant ainsi hâtivement du restaurant. « Suis-moi » rétorqua-t-il à son attention, traversa une ruelle sombre, puis arriva sur une autre avenue, un carrefour, et une autre rue, et s’arrêta devant la devanture d’un restaurant italien où ils avaient leurs habitudes. Il adressa un sourire à Joe tout en poussant la porte pour la laisser entrer, et une voix se fit entendre à leur arrivée « Joe et Wyatt ! Que je suis content de vous voir ! Qu’est-ce que vous êtes élégants ! ». Le patron du petit restaurant avait vieilli, les années avaient marqué son visage, mais sa mémoire était toujours intacte. Il avait connu le couple dès leurs premiers jours de relation, et les avait vu évolué avec les années. Il les serra tour à tour dans ses bras, puis leur présenta une table où ils prirent place. Wyatt tira la chaise pour Joe, et prit place à ses côtés « Tu veux voir la carte ou tu te souviens encore du menu ? ».

Johanne se passa une main dans les cheveux, la laissant finir sa course sur sa nuque : « -plus… sobre… peut-être moins extravagante et surtout… moins coloré… » oui, ça c’était certain. Elle s’en était rendue compte il y a peu en réalité. Comme si ce n’était pas vraiment elle qui avait créé cette nouvelle gamme. Comme si c’était la femme du politicien qui devait rentrer dans le moule. Ce n’était pas pour autant qu’elle n’aimait pas ses créations. C’était seulement différent. Différent comme elle était devenue différente. Le constat lui avait ouvert les yeux. Elle voulait se retrouver, redevenir la femme joyeuse et un peu cinglée qu’elle était avant le drame. Parce qu’elle devait reprendre sa vie en main, et vivre pleinement sa vie. Elle le devait à cet enfant. Oui bon la psychanalyse avait aidé pour le bilan. Même si elle était de plus en plus adepte des médecines parallèles. C’était la première fois que Wyatt s’intéressait à son travail. La première fois depuis bien longtemps. « -je sais parfaitement que tu serais toujours présent pour m’encourager. Mais tu avais raison hier, en t’épousant je savais parfaitement ce que tu voulais comme carrière. Je savais ce que cela engendrerait comme obligation en tant qu’épouse. Alors… on va mieux s’organiser… » oui voilà, ils allaient faire l’un comme l’autre des efforts de ce côté-là.

Elle apprécia qu’il aime son idée de remettre au gout du jour leur rendez-vous. Quelques semaines… ça n’allait pas être les meilleures de leurs vies. Elle espérait que cela allait passer vite. Joe se mit à rire de bon cœur : « -ou des mini pizza, avec des noms étranges. » ce n’était pas ici qu’ils ressortiraient en ayant trop mangé. C’était certain. Un sourire tendre, un regard rempli de douceur et d’amour. Si une photo étaient prise d’eux ce soir, le monde entier avait la preuve qu’ils s’aimaient ! Et pour une fois, en publique, rien n’était surjoué. C’était du vrai, de l’authentique ! De l’amour à l’état pur. « -non, je te jure que ça me touches vraiment… je ne veux pas te perdre… » souffla Johanne avec douceur, les yeux brillants d’émotions.

Lorsque le plat arriva, elle savait qu’elle serait incapable de manger ça. Alors elle laissa le soin à Wyatt de gouter, ne pouvait retenir son rire. « -je ne m’attendais pas du tout à ce genre de plat. » ajouta la jeune femme alors qu’il semblait avoir du mal à avaler. « -bien sûr ! » répondit la jeune femme sans comprendre pourquoi il disait cela. Est-ce qu’il avait besoin de l’entendre ? Elle suivit la conversation entre son mari et le serveur d’un regard interrogateur. Ils n’avaient rien mangé… Mais elle ne se fit pas prier pour enfiler sa veste et sortir du restaurant. Sa main dans celle de Wyatt elle le suivit aveuglement dans les petites ruelles sombres. Elle adora cette petite escapade, savoura le moment. Elle resta figée sur place quelques secondes en voyant l’enseigne devant laquelle ils se retrouvèrent. Un sourire radieux pour Wyatt, et elle entra dans la pizzeria. L’odeur lui donna l’eau à la bouche. Raviva les souvenirs. Elle aima retrouver l’étreinte solide et un peu trop forte du patron, appréciant sa convivialité, comme s’ils étaient toujours de vieux amis. Cela faisait pourtant bien longtemps qu’ils n’étaient pas venu.

Une fois assise, elle se mordit les lèvres d’impatience. « -une quatre formage avec oignons rouge. Du fromage dans le croute. » pas besoin de menu. Pas besoin de réfléchir. Elle passait une merveilleuse soirée. Lorsque la pizza fut devant elle, malgré la robe rouge, malgré le maquillage et les chaussures raffinées, elle prit la première part avec les mains, et mordit dedans avec envie. « -hum… toujours aussi délicieuses… » soupira-t-elle de bonheur.

Moins coloré, moins extravagante… Sa collection était à l’image de la femme qu’elle était devenue après la perte de leur bébé. Il n’y avait pas besoin d’années de psychanalyse pour s’en rendre compte. Seulement dix-sept de relation et quinze ans de mariage. Wyatt savait qu’il avait sa part de responsabilité dans la femme qu’elle était aujourd’hui, comme elle avait contribué à l’homme qu’il était également. Pas besoin de le dire pour en prendre conscience. Cela se ressentait dans leurs faits et gestes, dans le travail du politicien, tout autant que dans les créations de Johanne. Donc au lieu de s’excuser pour un mal qu’ils s’étaient causés mutuellement ces deux dernières années, il opta pour une approche différente « Tu vas les surprendre dans ton approche, et ils apprécieront d’autant plus les couleurs de ta prochaine collection ». Parce qu’il voulait que sa prochaine ligne de vêtements le soit. Colorée et extravagante, pleine de vie. Comme l’avait tant été Johanne toutes ces années. Peu à peu, ils finiraient par se rapprocher de nouveau et apprécier le temps passé ensemble, comme cela était le cas ce soir. Un regard pour leurs mains liées sur la nappe blanche du restaurant, il esquissa un sourire aux paroles de sa femme. Elle était prête à revenir sur le devant de la scène, à ses côtés, à se présenter comme la femme du probable futur sénateur de New York. Il releva son regard sur elle pour souffler un « Merci ». Cela comptait pour l’homme, mais également pour le politicien qu’il était. L’image de l’homme marié était rassurante pour son électorat, mais surtout celle de l’homme marié et heureux dans sa relation avec sa femme, soutenue par elle à chaque étape de sa campagne.

Son rire… Cela faisait une éternité qu’il ne l’avait pas entendu, et ce soir, il savourait. Aux yeux des autres, il devait sûrement raconter une anecdote amusante qui faisait rire son épouse de bon cœur. En réalité, ils plaisantaient sur une pizza dans un restaurant étoilé. Un rappel à un temps passé et qui était toujours présent dans leurs esprits « Oui, ou portant le nom des chefs ! » et se mit à rire tout en portant son verre de vin à ses lèvres. Les rires s’estompèrent alors que Johanne lui confia vouloir retrouver cette relation entre eux deux, cette complicité qui les caractérisait tant. Lui aussi le souhaitait. Elle le remercia. Il ne voulait pas. Il l’aimait et ses efforts, il voulait les fournir pour eux deux, parce qu’elle était et serait toujours la femme de sa vie, peu importe ce qui adviendrait de leur mariage avec le temps. Wyatt voulait être présent pour elle. Il porta la main de Joe à ses lèvres, en soufflant tout contre sa peau « Tu ne me perdras pas. Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Ce sont nos vœux de mariage et je veux m’y tenir ». Il relâcha l’emprise sur la main de sa femme à l’arrivée du serveur et du plat. Du poulpe. Cela eut le mérite d’amuser Johanne alors qu’il affichait une légère moue en fixant son plat « Moi non plus… ». La fois prochaine, il prendrait le temps de regarder le menu.

Une idée soudaine, spontanée, saugrenue l’accabla soudainement et sourit à la réponse de sa femme, tout autant qu’à l’incompréhension qui se lisait sur son visage en cet instant. Il interpella le serveur, demanda l’addition alors qu’ils n’avaient rien déguster pour le moment, puis quittèrent le restaurant main dans la main. Il la fit traversé quelques ruelles sombres, d’autres un peu moins, jusqu’à ce qu’ils arrivent devant le restaurant de leur passé. Un retour en arrière que le quadragénaire jugeait nécessaire ce soir. Il n’avait pas envie d’être un homme politique ce soir qui sortait en ville avec son épouse. Il voulait être seulement Wyatt qui emmenait la femme qu’il aimait déguster une pizza. Et quel meilleur endroit que celui où ils se rendaient les soirs de flemme, de jour de paie, ou encore lorsqu’ils avaient seulement envie de manger en extérieur ?! Le quadragénaire remarqua l’air interdit de sa femme et sourit face à elle. L’idée lui plaisait. Il poussa la porte pour la laisser pénétrer dans le restaurant où ils furent accueillis par Luigi, le patron. Une relation aussi ancienne que la leur. Une accolade et ils prirent place à l’une de ses tables typiques d’une pizzeria italienne, recouverte d’une nappe quadrillée blanche et rouge et encerclait de chaises en bois qui avaient subi les années, elles aussi. « La même pour moi » ajouta Wyatt avant que le chef leur apporte la pizza. Il imita Joe en prenant sa part à la main. Ici, pas de journalistes ou de paparazzis. Seulement la mère de Luigi dans un coin, lisant inlassablement le même livre depuis des années, qu’elle en connaissait sûrement chaque ligne, une famille qui n’était pas du coin et un jeune couple amoureux. Il acquiesça tout en reprenant une bouchée, levant la part pour espérer craquer le long filé de fromage qui s’étirait entre ses lèvres et sa pizza. Un petit rire quand il y parvint, et reposa la part dans l’assiette pour s’essuyer la bouche avec sa serviette en papier « Nous n’avons jamais été aussi bien vêtue pour venir manger une pizza ». Il réprima un bâillement, posa son coude sur la table et sa tête contre son poing fermé, et l’observa déguster son plat à 10$ avec tendresse.

Johanne baissa les yeux, presque gênée. Il avait toujours su trouver les mots pour l’encourager. Pour voir quelque chose de positif et de beau, là où de son côté elle doutait. Elle apprécia qu’il soit encore capable de le faire. Elle en avait besoin. Cela faisait deux ans qu’elle n’avait pas participé à l’évènement à Paris. Deux années compliquées pour elle. Alors c’était un peu le truc attendu que Johanne Andrews revienne sur le devant de la scène. Elle se savait qu’il y aurait des critiques. Elle espérait tout de même ne pas avoir perdu de son talent. L’avenir le lui dirait.

Johanne passait une merveilleuse soirée. C’était presque surréaliste. Mais qu’est-ce que ça faisait du bien ! Elle avait la sensation de retrouver enfin l’homme qu’elle aimait. Peut-être qu’ils devaient simplement souffler sur les braises de leur amour pour que le feu reprenne. Qu’il était prêt à lui pardonner, à faire ce pas en avant, lui tendre la main. Elle l’espérait. Elle en avait besoin. Lorsqu’il cita leurs vœux, elle baissa les yeux. La mort… elle l’avait frôlé de peu, elle avait voulu la rejoindre, l’accueillir pour que cesse la douleur. Ce jour-là, elle avait prit la décision la plus égoïste de sa vie. Et depuis son réveil à l’hôpital, elle s’en voulait chaque jour.

Johanne se laissa guider, sans poser de question pour la suite de la soirée. Elle ne chercha pas à savoir où il l’emmenait en serrant sa main dans la sienne. Comme elle lui avait dit, elle lui faisait confiance. J’irai où tu iras… mon pays sera toi… qu’importe la place et qu’importe l’endroit. Les paroles de cette chanson lui avait toujours fait pensé à eux. A ce lien si précieux et fort qui les unissait. Jamais l’un sans l’autre. Elle aima retrouver l’ambiance de cette pizzeria qui avait vu naitre leur histoire d’amour. Elle aima retrouver le patron, s’émerveiller en constatant qu’il ne nourrissait visiblement aucune rancune quant à leur absence dans son établissement depuis trop longtemps.

Elle adora retrouver ce qui était des habitudes. Sa pizza préférée, le croustillant de la pâte, manger avec les doigts, galérer avec le fromage qui faisait des fils. Mais ce qu’elle apprécia le plus, fut de retrouver son mari, celui qu’elle avait épousé. L’homme simple et rieur. « -c’est vrai… mais ça valait le coup. » elle se régalait. Elle le vit bailler. La soirée ne durerait pas jusqu’à cinq heures du matin. « impossible de terminer… » commenta Joe en poussant légèrement son assiette. « -tu veux bien qu’on rentre à la maison ? » demanda la belle brune avec douceur. La trajet en voiture fut silencieux, mais loin des silences pesant qui les entouraient parfois. Elle avait posa sa main sur celle de Wyatt, tout en regardant défiler la ville illuminée. Une fois chez eux, elle retira ses talons hauts, son manteau et souffla avec douceur : « -viens te coucher. Tu es épuisé… » elle le guida jusqu’à la chambre. Non pas parce qu’elle souhaitait qu’ils fassent l’amour, mais pour qu’il passe une vraie nuit de sommeil réparateur. De son côté du lit, elle tenta de défaire la fermeture de sa robe. Elle n’osa pas lui demander de l’aide.

Une soirée hors du temps. C’était l’impression qu’avait Wyatt en pensant à ces quelques heures qu’il partageait avec Johanne. Comme s’ils avaient traversé une ligne temporelle les ramenant quelques années auparavant. Un sentiment accentué lorsqu’il eut cette idée complètement inepte de quitter le restaurant étoilé alors qu’ils n’en étaient qu’à l’entrée afin de la conduire à la pizzeria de leur passé. Rien n’avait changé si l’on omettait les cheveux blancs du propriétaire et quelques rides qui venaient marquer davantage son visage. Les tableaux étaient toujours recouvert de cette fine épaisseur de poussière, les chaises avaient vieillis, elles aussi, certaines nappes étaient imprégnés de sauce tomate que la lessive n’avait pas pu effacer. Mais surtout, Luigi avait toujours ce même sourire et cette même chaleur lorsqu’il les vit entrer dans son restaurant, vêtue de leurs tenues de soirée. Le menu également n’avait pas changé avec les années, et ça ne fit qu’accentuer cette sensation étrange de revenir en arrière. Comme toujours, ils commandèrent cette même pizza quatre fromages qu’ils dégustèrent avec appétit, se débattant avec les fils de fromages. Wyatt n’était plus le politicien connu entre ces murs. Il était celui dont Johanne était tombée amoureuse une bonne dizaine d’années auparavant. Il se plaisait à la couver du regard avec tendresse alors qu’elle dégustait sa pizza. Pas de couverts, pas de vin hors de prix. Juste eux deux. Et il se rendit compte que ça lui avait terriblement manqué. Cette simplicité. Cette complicité. « Oui, je suis d’accord » souffla-t-il avait de réprimer un bâillement qu’il cacha de sa main avant de poser sa tête tout contre. Il était éreinté. Ses deux nuits sur le canapé avaient été courtes et douloureuses pour son dos vieillissant.

Un regard pour l’assiette de Johanne et esquissa un sourire « Je vais demander à Luigi s’il ne peut pas nous mettre tout ça dans une boite en carton » et prit un moment pour observer sa femme, acquiesçant d’un signe de tête « Je veux bien ». Il laissa le propriétaire leur mettre le restant de pizza dans une boite, seulement pour avoir le plaisir d’en manger encore un morceau le lendemain soir devant, peut-être un film. Il paya l’addition sans omettre un pourboire généreux pour tous ceux qu’ils n’avaient pas pu laisser par le passé parce qu’ils n’avaient jamais eu les moyens. Une dernière accolade et ils appelèrent Hadley pour venir les récupérer dans la rue. Le retour se fit dans un silence qui différait de celui qu’il les enveloppait le reste du temps. Plus léger. Wyatt avait serré la main de Johanne tout le long de la route jusqu’à rentrer chez eux. En pénétrant dans leur résidence, il ôta ses chaussures, se délesta également de sa veste de costume, puis leva la tête vers Johanne. Il obtempéra silencieusement, se laissant conduire jusqu’à leur chambre. Il retira son costume de son côté du lit, déposant le tout sur le banc en bout de lit, troquant sa tenue de soirée contre un bas de pyjama et un débardeur, puis s’approcha de sa femme « Attends, laisse-moi faire », l’invitant à se tourner dos à lui. Il se saisit de la fermeture éclaire sans pour autant la descendre, restant ainsi derrière elle à observer, presque caresser sa peau du regard. Il finit par défaire sa fermeture éclaire avec lenteur, prenant soin de caresser sa peau en même temps, et vint embrasser son cou avec douceur. Il posa ensuite ses mains sur les bretelles de sa robe et les firent glisser lentement sur sa peau, faisant chuter délicatement le tissu jusqu’à ses pieds. Il fit danser le bout de ses doigts sur sa peau, dessinant une ligne invisible tout le long de son bras alors qu’il déposa ses lèvres dans son cou, une fois encore. Arrivant à son poignet, il se saisit de sa main et la fit se retourner face à lui. Cette fois-ci, le visage d’une autre femme ne s’imposait pas à lui. C’était elle qu’il désirait. C’était avec elle qu’il souhaitait faire l’amour. Qu’il voulait redécouvrir cette nuit.

Wyatt était fatigué. Il tenta de la cacher mais cela se voyait à son visage. Ils avaient vieilli l’un comme l’autre, mais elle avait l’impression qu’en l’espace de deux ans, il en avait prit bien plus. Est-ce que c’était la politique ou bien ce qu’elle lui avait fait enduré durant ces deux années passées ? Peu importe ce qu’il pouvait dire, ce que sa psy pouvait dire également, Johanne se sentirait toujours coupable au fond d’elle-même. Cette soirée semblait irréelle, hors du temps. Elle prit soudainement peur d’être en train de rêver et d’ouvrir les yeux dans un lit vide. Pourtant c’était sa main chaude qu’elle sentait dans la sienne alors qu’elle le guidait vers leur chambre afin qu’il prenne du repos.

Chacun de son côté du lit, elle n’osa pas lui demandé de l’aide. Malgré ces quelques heures de complicité heureuse. Comme si abuser de cette belle entente d’avant allait faire éclater la bulle. La faire se dresser au milieu de drap et réaliser que c’était son imagination. Pourtant il vint à son aide de lui-même. Joe resta interdite, l’observa quelques secondes avant d’enfin lui tourner le dos. Elle libera son cou de ses cheveux, et attendit. En sentant la caresse de ses doigts, elle ferma les yeux. Son cœur prit de la vitesse, sa respiration également même si elle tentait de la contrôler au mieux. La premier baiser dans son cou la fit frissonner, le second embrassa ses reins. Face à lui maintenant, son regard s’accrocha au sien. Elle caressa sa joue avec douceur, comme si elle découvrait son visage pour la première fois. Son geste était rempli de tendresse, comme pour lui dire silencieusement : je suis là… je suis toujours là…

Cette fois pas de fougue, la soirée hors du temps se poursuivait. Ils prenaient le temps de se découvrir à nouveau. Johanne vint coller son font contre celui de son mari, moulant son corps au sien. Puis elle chercha ses lèvres, un baiser presque timide au départ. Comme si elle hésitait encore à vraiment y croire. Et puis un second plus prononcer. Et puis encore un autre, en passant ses bras autour du cou de Wyatt. Ils basculèrent sur le lit, et ils passèrent un temps fou à s’embrasser. Comme lors de leur tout premier rendez-vous. Ils n’avaient fait que s’embrasser, et dormir dans le même lit, blottit l’un contre l’autre. Doucement, elle lui retira son débardeur, voulant sentir sa peau contre la sienne. Ils firent l’amour avec tendresse. Alors qu’elle était au bord de la jouissance, elle caressa de nouveau sa joue avant de souffler : « -oh mon amour… » dans un chuchotement rempli d’amour et de tendresse. Elle cambra les reins et gémis sous la plaisir, mais cette fois-ci, elle garda les jambes autour de la taille de Wyatt. Elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Elle avait encore besoin de son corps, de sa chaleur.

Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes qu’elle le libéra. Totalement nue, elle vint se blottir contre lui, écoutant les battements de son cœur dans sa poitrine. Ce n’était qu’une soirée et pourtant, elle lui donnait la sensation que tout n’était pas perdu. Qu’ils pouvaient encore s’aimer, vraiment s’aimer. Qu’ils leur restaient des choses à se donner.

Aucun d’eux n’osait briser réellement ce silence qui les enveloppait depuis leur sortie du restaurant italien. Ce n’était pas uniquement la fatigue qui les enfermait mutuellement dans ce mutisme, mais davantage la peur que cet instant se brise s’ils parlaient trop. Ces murs contenaient tant de non-dits, de souvenirs douloureux, de silence pesant également. Comme si parler trop fort risquait de les réveiller brusquement de leur torpeur et anéantisse ce bonheur qu’ils éprouvaient tous les deux ce soir. Dans la chambre, ils restèrent chacun de leur côté du lit le temps de troquer leur tenue de soirée, sans mot dire. Enfin, jusqu’à ce que Wyatt ne voit sa femme toujours vêtue de cette robe rouge qu’il aimait tant voir sur elle. Il s’approcha lentement d’elle, lui demandant l’autorisant de lui ôter le bout de tissu qui recouvrait son corps. Ce qu’il fit avec lenteur, savourant le contact de sa peau au fil de la descente de la fermeture éclair. Ses lèvres se posèrent sur son corps avec douceur, comme si c’était la première fois qu’il osait un tel geste à son égard. Elle frissonna. Alors il recommença une nouvelle fois alors que sa robe était tombée au sol et que ses doigts dansait sur ses bras jusqu’à sa main. Il voulait voir son visage. C’était elle qu’il désirait ce soir. Pas une autre. Ce n’était pas une envie soudaine qu’il devait faire taire au plus vite. C’était une envie de retrouver sa femme, une envie de tendresse. Que leurs corps ne fassent qu’un. Son front contre le sien, il glissa ses mains dans le dos de sa femme pour la garder près de lui. Ce fut Johanne qui prit l’initiative de leur premier baiser. Comme le soir de leur premier rendez-vous. Un baiser presque chaste qu’il lui rendit avec tout autant de retenue. Le deuxième fut différent, et il la laissa passer ses bras autour de son cou alors qu’ils prirent place sur le lit sans quitter ses lèvres.

Encore cette impression de retour en arrière d’une dizaine d’années. Leur premier rendez-vous. Ils s’étaient embrassés inlassablement avant de passer la nuit l’un contre l’autre. Ce soir-là, il avait su qu’il était tombé amoureux d’elle et qu’il en serait ainsi jusqu’à la fin de sa vie. Peu à peu, ses vêtements rejoignirent le sol sans hâte. Tout était dans la douceur, la tendresse. Ils firent l’amour avec tendresse, comme s’ils se découvraient pour la première fois. Prenant le temps des vas-et-viens, des baisers, des caresses sur la peau, de la contempler sous la lueur des lumières de dehors. Ces mots… Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas appelé ainsi ? Mon amour… Il l’embrassa pour seule réponse, puis la jouissance l’accabla peu de temps après elle qu’il exprima dans un gémissement. Il nicha son visage dans son cou qu’il embrassa, faisant peser le poids de son corps sur le sien alors qu’elle désirait, silencieusement, qu’il reste encore un instant en elle. Il posa sa tête contre la sienne, tout en faisant danser ses doigts sur sa peau, dessinant des formes sans vraiment de formes. Lorsqu’il sentit ses jambes glisser le long des siennes, il sourit tout en posant ses lèvres contre les siennes. Wyatt se laissa glisser sur le côté, mais l’invita bien vite à venir tout contre lui, resserrant ses bras autour d’elle. Son regard fixant le plafond, il souffla un « Je t’aime » tout en resserrant son étreinte. Il finit par rejoindre également les bras de Morphée jusqu’au petit matin où il fut réveillé par la sonnerie stridente de son réveil. Un soupir de mécontentement, tout en tâtonnant sa table de nuit à la recherche du petit appareil qu’il fit taire à l’aide de son seul œil ouvert. Il referma les paupières quelques secondes, puis baissa les yeux sur sa femme, toujours blottie dans ses bras, entièrement nue. Il n’avait pas envie de se rendre au bureau tout de suite. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas éprouvé cette sensation de tiraillement entre l’envie de rester au lit avec sa femme, et ses obligations professionnelles. Il finit par se redresser légèrement dans le lit sans geste brusque pour ne pas réveiller Joe, et pianota sur son téléphone à l’attention de Claire : Trouvez-moi une excuse pour mon absence de ce matin. Je viendrais à 14 heures au bureau. Il reçut aussitôt une réponse : Je m’occupe de tout. Profitez bien. Un sourire alors que son assistante avait sûrement deviné la raison qui le poussait à ne pas venir travailler ce matin.

Wyatt finit tout de même par s’extirper du lit avec lenteur, enfila rapidement son bas de pyjama qui avait passé sa nuit au sol, et se rendit dans la cuisine où il s’attela à la préparation du petit-déjeuner. Pancakes. Œufs brouillés. Bacons. Toast grillé. Jus d’orange. Café. Méli-mélo de fruits. Il avait tout posé sur l’ilot central, puis était retourné dans la chambre. Un regard pour sa femme entièrement nue sous la couverture, et retira son bas de pyjama, le faisant rejoindre, une fois de plus, le sol. Il se glissa sous les draps, venant embrasser l’intérieur de ses cuisses avec un sourire en la sentant remuer alors qu’elle se réveillait. Il avait envie d’elle. Il désirait son corps. Il souhaitait l’entendre crier sous la jouissance. Peu à peu, avec son emploi du temps, il ne prenait plus la peine de s’octroyer un réveil coquin comme celui-ci. Ce matin, il avait le temps. Il se l’était donné. Il laissa ses mains glisser jusqu’à ses hanches, alors que sa langue s’aventura jusqu’à la féminité de Johanne, ne s’arrêtant que jusqu’à ce qu’elle atteigne l’orgasme, puis déposa à nouveau ses lèvres sur sa peau, remontant peu à peu le long de son corps jusqu’à sortir la tête de sous la couverture « Bonjour toi » et l’embrassa à pleine bouche, trahissant le désir qu’il éprouvait pour elle. Il se saisit alors de la main de sa moitié, et la conduisit jusqu’à sa virilité tendu, l’invitant à le caresser alors qu’il la dévorait du regard, soupirant sous l’habilité de ses doigts.

Elle n’avait jamais aimé lui répondre je t’aime à ses je t’aime. Ça faisait trop copier coller selon elle. Tu l’as dit alors je le dis. Donc elle sourit avec douceur, et vint se blottir dans ses bras. Elle nicha son visage dans son cou, et embrassa sa peau, avant de se laisser bercer par les battements de son cœur. Pourtant Johanne ne s’endormit pas tout de suite, elle lutta même contre le sommeil, pour profiter de cette étreinte, pour le regarder dormir. A nouveau cet élan de tendresse pour cet homme qu’elle aimait depuis tant d’année.

Elle dut finir par s’endormir, et elle fronça les sourcils en grognant légèrement quand elle sentit un courant d’air frais. Et puis ce fut une toute autre sensation qui l’envahit. Elle s’étira légèrement et son corps se couvrit de frisson. Avec lenteur, et sans rien dire, elle glissa ses mains dans les cheveux de Wyatt. Depuis combien d’année n’avait-il pas fait ça ? Elle ne se posa pas la question, profitant du moment et de ce réveil si particulier. Son corps se cambra sous l’orgasme et elle cria son plaisir, le souffle court. Un sourire lorsqu’elle vit Wyatt sortir de sous la couette. « -bonjour… » souffla-t-elle avant de lui rendre son baiser. Elle sourit contre sa peau alors qu’il guidait sa main. C’était tellement plaisant et rassurant également, de le sentir si dur entre ses doigts. Enfin, il la désirait à nouveau.

Elle s’occupa de lui ainsi durant quelques longues minutes, puis elle le fit se redresser. Elle vint prendre place sur ses genoux, entourant ses hanches de ses jambes, collant son corps au sien. Elle se laissa glisser sur son membre, lui souriant, complice et joyeuse, son visage très proche du sien. Joe imprima la cadence et cette fois-ci, ce fut elle qui fit l’amour à son mari. Elle adora l’entendre jouir. Lire dans ses yeux que c’était délicieux. Elle l’embrassa ensuite, entourant son visage de ses mains. « -tu as bien dormi ? » demanda-t-elle alors qu’il était toujours figé en elle. Un léger froncement de sourcils. « -c’est moi ou… ça sent le bacon ? » elle le regarda comme si elle pouvait lire dans ses pensées. Non ?! Il avait préparé le petit déjeuner ? Elle avait l’impression de revenir à leurs jeunes années, comme si en une soirée, toute la souffrance pouvait s’effacer.

Intérieurement, elle n’était pas naïve à ce point. Il lui avait demandé du temps. Ce qui venait de se passer depuis hier soir, c’était un peu comme un joli tapis. Il y avait beaucoup de poussière en dessous. Des vieux dossiers qu’ils allaient devoir ouvrir et étudier ensemble, s’ils voulaient que ça fonctionne sur le long terme. Mais pour le moment, elle n’avait pas la moindre envie d’aborder les sujets complexes et sensibles. Elle finit par se lever, et enfiler une nuisette, avant de rejoindre la cuisine, Wyatt juste derrière elle. Johanne ouvrit de grands yeux. « -tu… » mais elle savait bien que c’était son œuvre : « -merci… » le mot était plus juste. Bien sur que c’était lui qui avait fait tout ça.