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Préférence de jeu : Les deux
Asma
Jeu 9 Mar - 9:22
Orion
J'ai 27 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, je suis pilote d'aérostat et je m'en sors très bien. Sinon, j'étais célibataire et je le vivais très bien, mais on m'a arrangé un mariage, et je le vis un peu moins bien.En savoir plus.
Ignorant toujours totalement la jeune femme dont il entendait le cliquetis des talons résonner dans son dos, Orion traversa la pièce d'un pas décidé. Sombre, morose. Elle était à l'image de son humeur du moment. Il laissa errer son regard sur les étranges noms inscrits sur les caisses, se demandant à quoi ils pouvaient correspondre ? S'agissait-il des fameux endroits où les personnes pouvaient se faire transporter lorsqu'elles activaient leurs sabliers ? Si certains noms étaient assez évidents, d'autres semblaient porter en eux une certaine part de mystère. Orion ne cessait néanmoins de se demander pourquoi on voudrait s'enfermer dans mon monde virtuel, encore et encore, quand il y avait de si belles choses à voir dans le monde réel. C'était une notion qui échappait totalement au représentant de l'arche de bourlingueurs qu'était Zéphyr.
La traversée de l'étrange pièce eut au moins le mérite de calmer quelque peu les nerfs du grand brun. Ils étaient un peu moins à fleur de peau lorsque la dame derrière son bureau les aborda. Tant qu'Erika restait hors de son champ de vision, tout irait bien.
- Mère Hildegarde ? Tenta-t-il.
Après tout, il n'avait absolument aucune idée de ce à quoi l'arcadienne ressemblait, et cette femme n'avait en rien l'air d'être une descendante de Farouk. Sans lever les yeux de l'énorme livre de comptes étalé devant elle, l'intéressée se contenta de faire non de la tête. D'un autre signe de tête, elle lui indiqua un autre couloir que celui par lequel ils étaient arrivé, au bout duquel il pouvait déjà voir de la lumière, bien plus que dans cet espace mal éclairé.
- ' doit être à l'atelier, à c'te heure-ci.
A l'atelier ? Était-elle donc vraiment présente ? Quel que soit le résultat de leur échange avec l'arcadienne, cette fois-ci, le périple d'Orion touchait à sa fin. Il en était convaincu. De toute façon, si ça ne l'avait pas été plutôt, cette fois-ci, c'était clair. La rupture était consommée. Erika était allée beaucoup trop loin. Il avait fini de "jouer les héros" à son profit. Il lui tardait effectivement de retrouver le Boréal, son équipage et sa routine.
En quelques enjambées à peine, Orion atteignit le seuil d'une immense pièce, bien plus lumineuse que la précédente. De longues étagères remplies de sabliers couraient le long des murs. Rangées sur rangées de pupitres étaient alignées sur toute la longueur de la pièce. Derrière chacun d'entre eux s'affairaient des ouvriers et des ouvrières qui avaient l'air à peu près aussi anciens que les murs. Orion se rappela avoir entendu les convives se chamailler sur le fait que la mère Hildegarde n'employait que des gens inemployables par ailleurs. Était-ce de l'exploitation de ces personnes ou simplement un acte de charité de sa part que de leur offrir une raison d'être quand le reste de la société - surtout à la cour - avait beau jeu de les traiter comme des rebuts ? Le Zéphyr ne comprenait décidément pas le fonctionnement de cette arche. Toute en apparences et faux-semblants. D'une implacable hiérarchie, qui n'hésitait pas à piétiner les petites-mains qui assuraient le fonctionnement de cet engrenage terrible. Tout à ses considérations, le jeune homme laissa son regard errer à travers la pièce, en quête d'une femme dont il ignorait tout de l'apparence.
- C'est pour quoi ? L'alpagua une nouvelle voix, très similaire à la première.
Installée derrière une gigantesque loupe, occupee a fixer une vis microscopique, une énorme femme aux traits disgracieux émergea dans un nuage de fumée. Cigarette au bec, elle lui en souffla allègrement les volutes à la figure.
- C'est pour... , commença Orion, hésitant. Cest pour la Dona Mercedes, reprit-il sans ambages, plus confiant.
Il n'aurait su dire pourquoi, mais il avait préféré utilisé le nom sous lequel elle était connue à Babel que celui utilisé au Pôle. Une façon de se distinguer des clans et de la cour de Farouk ? Ce qui n'était pas forcément utile, étant donné qu'il ne ressemblait en rien à un descendant de l'esprit de famille.
- C'est l'un de nos amis communs à Babel, qui m'envoie. Lazarus ?
La femme avait replongé le nez dans son ouvrage, faisant mine de l'ignorer. Orion se demanda même si elle l'avait seulement écouté.
- Voilà bien longtemps que je n'avais plus entendu ce nom, s'exprima-t-elle enfin. Qu'est-ce que vous lui voulez à la Dona ? - La demoiselle aurait besoin de son aide. - Suivez-moi ! S'exclama-t-elle d'une voix qui ne laissait pas place à la discussion.
La vieille femme posa son ouvrage. Elle replia la loupe géante, essuya ses mains dans un torchon sans couleur et retira son tablier de cuir. Lorsqu'elle se leva, Orion réalisa que la femme était une force de la nature. D'une certaine manière, elle lui faisait penser à ce que pourrait devenir Rhona un jour, quand elle serait vieille et aussi ridée. Une femme qui dégageait toujours une aura forte et une puissance somme toute bienveillante. Il espérait ne pas se tromper sur son compte.
Hildegarde enfonça une clé dans une petite porte de bois branlante. Derrière, il découvrit ce qui ressemblait à l'intérieur d'une maison coquette. Un grand bureau de bois trônait près d'une cheminée où ronronnait un feu de bois. Au centre, sur un sol recouvert de tapis épais, un canapé tapissé de velours et deux fauteuils entouraient une table basse où était installé un service à thé. Un espace entre les espaces. Orion examina les lieux non sans une certaine fascination.
- Maintenant, dites-moi tout, dit-elle en leur désignant le canapé.
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Jen
Jeu 9 Mar - 13:22
Erika
J'ai 24 ans et je vivais à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je suis fille de famille inlfuente et je m'en sors bien selon moi, mal selon mon père. Sinon, grâce à ma malchance, je suis fiancée par arrangement et je le vis plutôt mal, évidemment.
Comme elle l'avait suspecté, les ateliers se trouvaient plus loin. Suivant les indications de la vieille femme, ils traversèrent la bureau et se retrouvèrent dans une immense salle qui ne laissait plus place au doute : il s'agissait bel et bien de la manufacture des sabliers. Mais alors qu'Erika contemplait avec curiosité les ouvriers fourmillant de toutes parts, une voix s'éleva tout près. Elle tourna le regard et manqua de s'étouffer. Une femme à l'aspect parfaitement rebutant, dont l'oeil était disproportionnellement agrandi à travers une grosse loupe, lui jetait des nuages de fumée nauséabonds au visage. La brunette grimaça malgré elle : si Hildegarde employait des ouvriers à l'aspect abominable pour maintenir les curieux à l'écart, c'était réussi.
S'en suivit d'un échange prudent, qui se solda par un ordre plus qu'une invitation à suivre la femme dans une salle adjacente. Alors seulement, ses neurones se connectèrent : il ne s'agissait ni plus ni moins que de la mère Hildegarde en personne. Après tant d'efforts pour la retrouver, Erika se sentit presque défaillir. Enfin.
Invitée à prendre place sur un canapé dans une salle dont le charme contrastait violemment avec la morosité des ateliers, la jeune fille ne se fit pas prier pour expliquer la raison de sa venue ici. Elle expliqua sans filtre et sans détour le périple qui l'avait mené jusqu'ici, en insistant sur la menace que représentait Astréos et les siens. C'était un soulagement de pouvoir enfin avouer la vérité à quelqu'un, sans peur d'être compromise. Elle conclut en formulant sa demande expressément.
"- C'est pourquoi j'ai besoin de votre aide pour gagner Arc en Terre avant eux, et m'y mettre à l'abri."
Un silence pensant s'en suivit. Durant le long monologue, l'Arcadienne les avait dévisagé avec une expression indéchiffrable. Avait-elle de l'empathie ? Etait-elle amusée ? Ressentait-elle quelque chose ? Elle n'en montra rien. Erika en vint presque à se demander si la vieille femme l'avait seulement écouté.
Puis la réponse tomba comme un coup de massue.
"- Non."
Le ton n'était ni agressif, ni en colère. Mais pas désolé non plus. Un simple fait, énoncé sur le ton du constat. La jeune fille se redressa sur le canapé, surprise. Comment ça non ? Elle s'était préparée à tout sauf à un refus simple et catégorique. Devant son air ahuri, Hildegarde eut un léger rictus de compassion.
"- Tu m'en demandes trop ma petite, reprit-elle sur le même ton. Ces gens ne sont pas les premiers à rechercher Arc en Terre, et ne seront certainement pas les derniers. Et j'ai une confiance absolue en la capacité des miens à ne pas se laisser trouver. S'ils se donnent tant de peine à s'isoler du reste des Arches, pourquoi devrais-je y envoyer la première venue ?
Elle marqua un temps d'arrêt, puis reprit un peu plus doucement.
- Une nécromancienne mariée à un Zéphyr, impliquée dans des affaires qui ne concerneront jamais mon Arche. Pourquoi devrais-je t'y conduire ? Ce serait une insulte aux miens, ils ne recueilleront pas chaque personne en faisant la demande alors même qu'ils ont une volonté forte et affirmée de n'être jamais retrouvés."
Erika sentit son coeur s'enfoncer dans un abysse de désespoir. Le choc du refus catégorique lui avait coupé l'herbe sous le pied. Incapable de réagir et encore moins d'émettre le moindre son, elle ne put que dévisager Hildegarde de son regard emplit de douleur et d'incompréhension.
Elle n'avait pas envisagé cette possibilité. Que si proche du but, l'accès lui soit tout simplement refusé. Elle pensait avoir des arguments solides. Il n'en n'était rien. Le souffle toujours coupé, la nécromancienne tenta de réfléchir. Alors quoi ? Etait-elle condamnée à être une fugitive toute sa vie ? Seule, isolée ? Tout ça à cause de quoi ? D'un maudit pouvoir dont elle n'avait jamais demandé ?
Face à son air qui devait de toute évidence transpirer le désespoir, Hildegarde se redressa sur son fauteuil, et lui effleura la main d'un geste qui se voulait sans doute réconfortant, mais qui ne fit qu'accentuer l'impuissance d'Erika.
"- Je suis désolée mon enfant."
Puis elle fit mine de se lever pour leur indiquer la porte de nouveau.
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Asma
Sam 11 Mar - 7:49
Orion
J'ai 27 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, je suis pilote d'aérostat et je m'en sors très bien. Sinon, j'étais célibataire et je le vivais très bien, mais on m'a arrangé un mariage, et je le vis un peu moins bien.En savoir plus.
Orion laissa Erika prendre le soin de mener la conversation. Il avait fait les présentations, plus ou moins, maintenant c’était au tour de la jeune femme de présenter et de défendre sa situation. Il suivit l’échange sans un mot, tandis que la petite brune faisait état de tout ce qui lui était arrivé. De ce qui leur était arrivé, en grande partie. Il scrutait le visage de la mère Hildegarde, tandis qu’elle écoutait le monologue de la jeune femme. Ses expressions étaient cryptiques. Orion n’aurait su dire ce qu’elle faisait de ce qu’elle entendait. Son cerveau traitait-il seulement l’information ? L’écoutait-elle vraiment ?
La sentence tomba comme un couperet et fut irrévocable. Orion savait qu’Arc-en-Terre ne comptait pas se laisser trouver. Il savait que ses habitants n’hésiteraient pas à sacrifier un individu pour protéger leur arche. Il avait toutefois eu l’espoir que le fait que cette fille en particulier soit une clé vers leur arche constitue un motif suffisant pour justifier une intervention de leur part. Ce n’était visiblement pas le cas.
Tant pis. On avait essayé. C’était ce à quoi Orion s’était engagé. Il s’était engagé à retrouver Erika, à l’aider à trouver la mère Hildegarde et à tenter de la mettre à l’abri sur Arc-en-Terre. Les deux premières actions avaient été couronnées de succès. La dernière, si elle avait été un échec cuisant, s’avérait toutefois avoir été réalisée. Il l’avait dit à la jeune femme, il n’irait pas plus loin pour elle, surtout au vu de leur dernier échange. Alors pourquoi décida-t-il soudain de prendre la parole ?
- Vous êtes en contact avec Arc-en-Terre, n’est-ce pas ? Affirma-t-il plus qu’il ne demanda, en désespoir de cause.
Il poussa un long soupir intérieur. Il se détestait d’en arriver là, surtout après la résolution qu’il venait de prendre de ne plus aider l’ingrate jeune femme. La mère Hildegarde affichait une expression toujours aussi impassible. Son silence lui sembla toutefois suffisamment éloquent pour qu’il décide de poursuivre.
- J’aurais un service bien moindre à vous demander. Je souhaiterais simplement que vous transmettiez un message à la dona Alba.
La commissure des lèvres de la vieille femme tremblota un instant. Le nom lui parlait. C’était certain. Son regard s’était fait plus intense et elle scrutait maintenant Orion. Elle devait se demander d’où le jeune homme connaissait ce nom. Son expression confirmait clairement la thèse du capitaine : elle était bel et bien en contact avec l’arche. A ce qu’Orion en savait, la femme qu’il recherchait n’avait jamais quitté Arc-en-Terre. Si Hildegarde la connaissait, c’était qu’elle se rendait sur son arche natale. Elle ouvrit la bouche, puis la referma. Elle semblait évaluer la meilleure stratégie possible. Elle cherchait ses mots. Elle tenta de répondre calmement.
- Que voulez-vous donc à Alba ? Elle ne vous aidera pas plus que moi. - Dites-lui simplement de me retrouver. - Quand bien même j’accèderai à ta requête, pourquoi donc montrerait-elle le moindre intérêt à le faire ? - Parce que je suis son fils, répondit-il du tac au tac, et que s’il lui reste la moindre once d’affection à mon égard, elle le fera.
Coup de poker. La mère Hildegarde sembla pensive, l’espace d’un long moment. Elle ne prononça plus un mot. Pensant ne plus rien avoir à tirer d’elle, Orion se leva de son fauteuil et se dirigea vers la sortie. Main sur la poignée, le jeune homme s’apprêtait à s’en aller quand une voix s’éleva dans son dos.
- Tu es Orion, n’est-ce pas ?
Sans un mot, l’intéressé opina du chef. Il ne savait pas où le menait cette conversation et détestait le fait qu’elle ait commencé à prendre un tour si personnel.
- Quelle malheureuse histoire… Tu as ses yeux.
Le silence qui suivit lui sembla durer une éternité.
- Laissez-moi voir ce que je peux faire.
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Jen
Sam 11 Mar - 11:24
Erika
J'ai 24 ans et je vivais à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je suis fille de famille inlfuente et je m'en sors bien selon moi, mal selon mon père. Sinon, grâce à ma malchance, je suis fiancée par arrangement et je le vis plutôt mal, évidemment.
La voix d'Orion s'éleva du fauteuil voisin, forçant la jeune fille à tendre l'oreille et à s'extirper, même momentanément, de son état de torpeur. En toute franchise, elle ne s'était pas attendu à une intervention de sa part. Elle avait bien compris qu'elle ne devait plus rien attendre de lui. Pourtant, en deux phrases habiles, le capitaine retourna la situation en leur faveur. Tout espoir n'était pas encore perdu. Erika reporta un regard brillant d'un intérêt neuf sur la mère Hildegarde.
Puis à sa grande surprise, la discussion prit une telle tournure que la nécromancienne ne put plus que suivre l'échange en tant que spectatrice. Il semblait y avoir des subtilités qui lui échappaient. Des non-dits qu'elle ne saisissait pas. Quelque chose autour de la mère d'Orion, mais quoi, elle n'aurait pas su le dire. Puis l'arcadienne déclara qu'elle ferait de son mieux, et cette fois, ils se retrouvèrent à la porte pour de bon.
Une curiosité mal placée l'incitait à questionner Orion sur ce qu'il venait de se passer. Mais s'il y avait bien une chose qu'elle avait compris sur le capitaine - en dehors du fait qu'il était d'une susceptibilité sans pareille - était qu'il détestait parler, et tout particulièrement parler de lui-même. Alors par dernier effort de cordialité, la jeune fille se retint. Bientôt, tout cela ne serait plus ses affaires de toute manière. Elle étouffa au plus profond d'elle-même cette sensation d'amertume que l'idée faisait naître dans ses pensées. C'est ta faute. Non, se raisonna t-elle, c'était simplement le plan. C'était ce qu'ils avaient convenu depuis le début, et leurs multiples accrochages n'étaient qu'une preuve de plus que le plan était la meilleure des solutions.
Toutefois, un mot ne put s'empêcher de franchir ses lèvres.
"- Merci."
Le ton de sa voix lui donna la nausée. Alors elle se rattrapa promptement, toujours en prenant soin de ne pas croiser le regard du grand brun.
"- Je sais que vous ne l'avez pas fait pour moi. Mais merci quand même."
Plutôt que de se torturer inutilement l'esprit en attendant stoïque devant la porte de bois, Erika entreprit un tour de l'immense hangar qu'était l'atelier. Les ouvriers, bien trop occupés à leur tâche, ne s'embarrassaient même pas de lui accorder un coup d'oeil. Curieuse, la brunette s'approcha du premier établi où une homme au dos voûté comme elle n'en avait jamais vu, s'affairait à tailler la structure de bois des sabliers. Il ne taillait que du bois peint en vert. Sur l'établi voisin, un jeune homme qui avait un oeil masqué s'occupait de tailler du bois rouge. Il en allait ainsi, chaque établi ayant une couleur attitrée, allant du bleu jusqu'au blanc en passant par le jaune. Erika les observa un instant, se demandant bien ce que pouvait signifier chaque couleur. Elle n'eut pas le temps de s'attarder près des établis, car le jeune homme à l'oeil masqué leva un regard sur elle qui la fit frissonner de peur.
Elle décampa jusqu'à l'autre bout de l'atelier, où les sabliers, maintenant montés avec la petite structure de verre dans celle en bois, s'entassaient dans des cagettes. Curieusement, ils étaient vides. Puis elle vit une main attraper un sablier, actionner une machine qui délivra une dose millimétrée de sable correspondant à la couleur du bois, puis refermer le haut de l'objet. Le processus avait quelque chose d'extrêmement satisfaisant. Le sablier ainsi prêt finissait sa course dans une dernière rangée d'établis, où les ouvriers s'affairaient à estampiller quelque chose sur le socle de bois. Puis ils allaient déposer délicatement leur création sur l'une des innombrables étagères contenant une ribambelle de sabliers organisés par couleur.
Comme hypnotisée, Erika tendit la main pour attraper l'un deux, et l'observer sous toutes ses coutures. Ils semblaient parfaitement ordinaires, et pourtant Lazarus avait semblé s'extasier sur leurs facultés tout à fait singulières. Elle avait beau le retourner dans tous les sens, le sable ne s'écoulait pas. C'est alors que son pouce passa sur une imperceptible goupille, qui semblait bloquer le mécanisme.
"- Hé toi, prends g..." l'interpella un ouvrier assis à l'établi le plus proche.
Trop tard, Erika avait actionné la petite goupille et se sentit engloutie dans une fumée de sable bleu.