Univers fétiche : City, dérivé de films/séries/livres
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Beloved
Jeu 13 Jan - 18:37
Le contexte du RP
Mise en situation
La situation Une réunion emplie d'âmes en peine, deux regards qui se croisent menant sur le début d'une amitié. Mais l'amitié, l'amour, peuvent ils survivre lorsqu'ils sont construit sur un mensonge?
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Jeu 13 Jan - 19:03
Keith Harrisson
J'ai 32 ans et je vis à New York, Etats Unis. Dans la vie, je suis serveur dans un starbucks et je m'en sors pas trop bien. Sinon, grâce à ma faute, toute ma faute, je suis veuf et je le vis plutôt mal bien sûr.
Mes mains tremblaient. Je n'arrivais même plus à les contrôler. Je sentais l'agitation me gagner petit à petit. Ca avait commencé doucement par les mains puis ça devenait de plus en plus fort, remontant dans mes bras. J'allais craquer, je le sentais. Je ne faisais que ça en ce moment. J'arrêtais de boire quelques jours. J'arrivais à tenir. Puis mes démons refaisaient surface. Ils revenaient me frapper de plein fouet et je ne parvenais pas à les contrôler. Je replongeais. Je m'enivrais jusqu'à perdre connaissance. C'était le seul moyen pour les faire taire. Pour que cette putain de culpabilité ne revienne pas me ronger, détruisant tous les jours un peu plus celui que j'avais été. Puis je me réveillais le lendemain, dans mon vomi assez souvent, dégouté par celui que j'étais devenu. J'entendais sa petite voix pernicieuse. Elle ne me reprochait pas de les avoir tué dans ces moments là, il me reprochait ce que j'étais devenu. Je n'étais plus le type dont il était tombé amoureux. Cet homme là l'écoeurait. Alors j'arrêtais. Je me promettais de ne plus boire. Cette fois c'était la bonne. Et tout recommençait...
J'étais donc dans une de ces phases l'un. Trois jours que je n'avais rien bu. J'avais été à une réunion la veille. Je me sentais plutôt bien. Je n'étais pas ivre à ce moment là, j'étais presque normal. J'étais décidé à m'en sortir, à retrouver un peu de l'homme que j'avais été. Mais c'était hier... aujourd'hui j'étais en manque. Aujourd'hui je me sentais mal. Et je rêvais de pouvoir me jeter sur une bouteille, n'importe quel alcool ferait l'affaire.
Mais je ne devais pas craquer. J'avais des cachets quelque part. Ils m'aideraient. Peut être qu'avec un peu de valium j'arriverais à franchir le cap. Je les attrapais, dans l'armoire à pharmacie. J'étais vraiment maudit. Il avait fallu que mes mains tremblent en ouvrant ce putain de tube. Les cachets de valium avaient fini leur course dans le lavabo. Il n'en restait plus un seul.
- PUTAIN!!!!
Le cri avait fusé, résonnant dans l'appartement alors que la petite boite de médicaments volait à travers la pièce. Il ne me restait plus beaucoup de solution. Je pouvais aller à l'hôpital sauf que je n'en avais pas les moyens. J'avais perdu mon assurance santé en même temps que mon ancien boulot. Aller dans un centre de cure était une mauvaise idée aussi. Je n'avais pas les moyens de me payer un établissement de ce genre. Je devais tenir... mais je n'y arriverais pas seul.
J'attrapais mon téléphone, m'y prenant à plusieurs fois pour réussir à composer le numéro. Quelques sonneries avant que je n'entende la voix de mon parrain résonner au bout du fil.
- Paul? Salut c'est Keith j'ai... j'ai besoin de ton aide. J'ai plus de valium et je... ça va pas Paul.
"Putain Keith tu fais chier."
Je restais un instant figé au téléphone alors que je l'entendais marmonner au bout du fil.
"Ca fait combien de fois que tu replonges Keith? Quatre? Cinq? Dix? Tu fais que ça. Je peux plus t'aider. Tu dois prendre tes responsabilités. Alors démerde toi. Trouve toi un autre parrain et arrête de me faire chier."
Il raccrocha sur ces mots, me laissant seul dans ma merde. Peut être qu'il faudrait que je laisse tomber. Je ne pourrais pas m'en sortir. Je ne faisais que plonger. J'aurais du crever avec eux, ça aurait mieux valu.
Je me retenais de balancer mon téléphone, poussant un cri de rage face à mon impuissance à me sortir de cette merde. J'avais besoin de quelqu'un ou je ferais une connerie. Mais qui appeler? J'avais perdu tous mes amis après l'accident. Ils avaient tous fui en voyant la loque j'étais devenu. Un collègue de boulot? Non personne ne savait que j'étais un putain d'alcoolique. Il fallait au moins que j'arrive à garder ce boulot là si je ne voulais pas me retrouver à la rue. J'étais entrain de faire défiler mon téléphone avant de m'arrêter sur un nom. Austin... on n'avait pas beaucoup parlé, à peine quelques mots échangés après les réunions, une ou deux sorties à plusieurs du groupe, mais pour le moment c'était le seul qui était au courant de ma situation et que je n'avais pas encore fait fuir. Alors pourquoi pas?
Je composais le numéro et laissais sonner quelques instants. Il décrocha finalement pour mon plus grand soulagement.
- Salut c'est... c'est Keith du... des... enfin du groupe et... Est ce que tu es libre ce soir? Ca te dérangerait de passer chez moi j'ai... j'ai besoin d'aide....
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j!han
Jeu 13 Jan - 20:40
Austin Lawkins
J'ai 30 ans et je vis à New-York, Etats-Unis. Dans la vie, je suis infirmier au service pédiatrique de l'hôpital et bénévole dans un refuge pour animaux durant mon temps libre et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis pas vraiment doué pour tout ca et je le vis plutôt comme ça vient
.
« Tu as à peine touché ton assiette Austin ! »
Le ton réprobateur de sa sœur sortit Austin de ses pensées. Il était souvent ailleurs ces derniers temps, il n’était pas rare qu’il décroche complètement de son environnement, les troubles de l’attention le suivaient depuis qu’il était enfant. Il détourna les yeux du verre qu’il avait observé durant de longues minutes pour les poser sur son aînée. Alya était une très belle femme, tout comme ses quatre autres sœurs réunies autour de lui. Le vendredi soir, c’était l’occasion pour la famille Lawkins de se retrouver autour de leur mère, veuve depuis bien des années. Et jusqu’à présent, personne n’avait manqué ce rendez-vous hebdomadaire. Un moyen de se retrouver tous ensemble, une fois par semaine, pour profiter de la famille unie qu’ils étaient. Austin reconnecta doucement avec la réalité en croisant les yeux noisettes de sa plus grande sœur et il haussa les épaules, comme s’il ne pouvait, de toute façon, rien y faire. Il récupéra sa fourchette, bien heureux que sa mère prenne la parole à ce moment-là pour lui épargner une situation embarrassante. C’était sans compter Elisa, une autre de ses sœurs qui se pencha vers lui, l’air aussi inquiet.
« Tu vas toujours aux réunions au moins ? »
La gêne commença doucement à le titiller et il baissa un instant les yeux. Elisa était la seule à qui il avait confié son envie de se faire aider, c’était elle qui lui avait trouvé cette adresse, elle qui l’avait poussé à s’y rendre. Tout ça, c’était sa faute à elle. Il finit par hocher la tête, répondant vaguement qu’il avait assisté à deux-trois réunions pour l’instant, c’était bien trop tôt pour s’attendre à un résultat. Il ne suivit pas le reste de la conversation, il était bien trop rongé par la culpabilité. Il était, progressivement, entrain de devenir un as du mensonge. Il avait cette faculté qu’il n’avait jamais expérimenté et visiblement, il mentait plutôt bien. Un détail qu’il détestait. Il continua de jouer avec ses légumes, sans avoir l'intention d’y toucher. Il écoutait d’une oreille distraite la conversation quand il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Tous ses proches étaient autour de cette table. Tous ses amis savaient que le vendredi soir, il ne fallait pas le déranger, sauf urgence extrême. C’est pourquoi il ne mit pas longtemps à jeter un œil inquiet à son écran. Le prénom de Keith apparut et il se retrouva encore plus confus. Il entendit sa mère se racler la gorge mais il n’y prêta que peu d’attention, il se releva, s’excusa brièvement et prit immédiatement l’appel en changeant de pièce, sans prêter attention aux regards outrés de sa fratrie.
- Salut c'est... c'est Keith du... des... enfin du groupe et... Est ce que tu es libre ce soir? Ca te dérangerait de passer chez moi j'ai... j'ai besoin d'aide....
Une main sur la poignée de la porte, Austin se figea. La détresse dans la voix de Keith était alarmante. La seule raison pour laquelle Austin était revenu à ces réunions étaient en train de lui téléphoner, de lui demander de l’aide. Il n’avait pas eu l’intention d’y retourner quand il avait compris son erreur mais le regard de Keith, il n’avait pas pu l’oublier, il n’avait pas su l’expliquer, cette envie irrépressible de le revoir, et surtout, de lui venir en aide. Et voilà qu’il l’appelait au secours et cela déstabilisa Austin. Il resta silencieux un instant, un court instant avant de se reprendre.
« Hey… j’arrive de suite, donne-moi ton adresse. »
Il n’avait même pas eu le temps de réfléchir, il avait répondu la première chose qui lui était venu à l’esprit et la seule réponse possible à ce genre d’appel. Il ne pouvait pas laisser Keith replonger, il ne connaissait que trop bien les ravages de l’alcool, il n’allait pas laisser qui que ce soit se débattre avec ce genre de démons. Keith lui donna son adresse et il lui répéta une nouvelle fois qu’il arrivait, qu’il n’en n’avait pas pour longtemps.
Sortir de chez sa mère ne fut pas une mince affaire mais il prétexta une urgence, ce qui n’était pas un mensonge. Il mit quelques minutes à supplier sa sœur de le conduire puisqu’il n’était pas venu seul et qu’il utilisait les transports en commun la plupart du temps. Elle accepta de mauvaise volonté et ne cessa de le questionner dans la voiture mais il répondit à peine, l’esprit bien trop encombré de mille questions. Ils ne mirent pas longtemps à arriver et il remercia sa sœur en l’embrassant, lui promettant d’être prudent pour rentrer. Il venait d’apprendre que Keith et lui habitaient visiblement à quelques rues l’un de l’autre, ce qui pouvait expliquer qu’ils se soient retrouvés dans le même groupe d’écoute finalement. Il se retrouva en bas de l’immeuble et suivit les instructions de Keith à la lettre pour franchir la porte, prendre l’ascenseur et pour atterrir devant la porte de son appartement. Il marqua un arrêt devant la porte et s'empressa de chercher un chew-gum dans sa poche. Il avait bu une bière et il devait absolument camoufler son haleine. Il se rendit également compte qu'il portait un pantalon et une veste plutôt chic, obligatoire familiale de gosse de riche, il détestait cette tradition. Il secoua la tête, il était trop tard pour retourner se changer, il se dépêcha de sonner. Quelques instants et il vit la porte s’ouvrir et les yeux de Keith apparurent. Il agita un peu bêtement la main en signe de salut et lui adressa un sourire bienveillant qui, il l'espérait, cachait un brin d'inquiétude.
« Hey, comment tu te sens ? »
Question stupide probablement mais là tout de suite, il ne trouva rien de mieux. Il était légèrement nerveux, il ne connaissait pas bien le jeune homme et avec le recul, il se rendait compte qu’il avait accepté de débarquer chez lui sans vraiment savoir où il allait atterrir. Il y avait une forme d’inconscience dans sa démarche mais il était incapable de ne pas répondre présent quand on sollicitait son aide.
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Ven 14 Jan - 10:02
Keith Harrisson
J'ai 32 ans et je vis à New York, Etats Unis. Dans la vie, je suis serveur dans un starbucks et je m'en sors pas trop bien. Sinon, grâce à ma faute, toute ma faute, je suis veuf et je le vis plutôt mal bien sûr.
Je ne pensais pas qu'il accepterait de venir si facilement. On se connaissait à peine lui et moi. Pourquoi serait il venu en aide à un parfait étranger? Ce n'était pas parce qu'on avait des problèmes d'alcool tous les deux que cela faisait de nous les meilleurs amis du monde. Il suffisait de voir avec mon cher dernier parrain ou avec les précédents. Ils avaient beau être passé par les même problèmes que moi, combattu les mêmes démons, ils avaient fini par en avoir ras le cul de moi. Alors pourquoi lui serait venu? Pourtant il me promit de le faire. Je ne savais pas combien de temps il tiendrait lui aussi avant de me lâcher mais une soirée de gagné c'était déjà beaucoup.
Je lui donnais mon adresse, le code de la porte de l'immeuble et le numéro de mon appartement, tout ce qu'il lui fallait pour être capable de me retrouver. Je ne savais pas où il était ni combien de temps il lui faudrait pour me rejoindre mais déjà l'idée qu'il arrivait m'apaisait un petit peu. Je raccrochais avant de me remettre prostré sur mon canapé. J'avais remonté les genoux contre ma poitrine, les serrant fortement pour les empêcher de trembler eux aussi.
Il me sembla qu'il avait mis des heures mais il finit par arriver. Je me levais et allais lui ouvrir, le laissant entrer dans l'appartement. Je lâchais un petit rire en entendant sa remarque.
- Comme une merde...
Je retournais m'installer sur le canapé, reprenant la position que j'avais au début. Je tentais de calmer mes tremblements mais je sentais qu'ils étaient de plus en plus importants.
- Je suis en manque. J'ai envie de boire. J'ai replongé y'a quelques jours. Une soirée difficile et j'ai... j'ai trop bu. C'était il y a trois jours. J'ai rien bu depuis et... je sens que j'ai envie là... je vais craquer... encore...
Je secouais doucement la tête. J'avais honte de ce que j'avais fait, d'avoir replongé comme ça. Mais j'avais aussi honte de l'avoir appelé au secours, de l'avoir emmerdé. Il n'avait pas à subir mes conneries, personne n'aurait du avoir à le faire. Je n'aimais pas qu'on me voit dans cet état, qu'on se rende compte de la loque que je suis. Je faisais pitié, j'en avais conscience. Je détestais l'idée d'être comme ça. Ce n'était pas moi. Je ne me reconnaissais plus. Mais je savais que je ne voulais plus être ce type...
- Je suis désolé de t'avoir appeler. Je savais plus vers qui me tournait. Mon parrain m'a envoyé chier. Je crois qu'il en a marre de mes conneries. C'est pas le premier à en avoir ras le cul de moi....
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j!han
Ven 14 Jan - 13:07
Austin Lawkins
J'ai 30 ans et je vis à New-York, Etats-Unis. Dans la vie, je suis infirmier au service pédiatrique de l'hôpital et bénévole dans un refuge pour animaux durant mon temps libre et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis pas vraiment doué pour tout ca et je le vis plutôt comme ça vient
.
"Comme une merde..."
Austin aurait pu sourire de sa répartie, il aurait pu croire que Keith plaisantait, faisait de l'humeur, ponctué d'un petit rire. Si seulement il ne savait pas la situation aussi délicate. Pour qu'il l'appelle de cette façon, qu'il s'adresse à un parfait inconnu et qu'il lui demande de venir en pleine soirée chez lui, c'était qu'il n'allait pas bien et que ce n'était pas une plaisanterie. Austin savait comment le jeune homme se sentait à l'instant présent, il n'était pas vraiment alcoolique lui-même mais il connaissait l'alcool et ses ravages, il l'avait vu de ses propres yeux. Et puis cette sensation de ne parvenir à rien parce qu'on ne sait pas s'arrêter, il ne connaissait aussi que trop bien ce sentiment. S'il avait menti concernant son prétendu penchant pour les boissons, il y avait des expériences qu'il n'avait pas inventé pour autant. Il ressentait la détresse de Keith comme si elle était la sienne. Il entra dans l'appartement quand le brun s'écarta pour le laisser passer et il le suivit du regard quand il retourna s'installer sur le canapé, d'où il devait être prostré en l'attendant. Sa position, ses mains tremblantes, Austin n'en perdit rien.
Il finit par se débarrasser de son manteau, de son écharpe, de son bonnet de ses gants et le fit aussi rapidement qu'il lui était possible de le faire et il s'avança doucement vers Keith et l'écouta quand il prit la parole. Il se doutait bien qu'il était en train de craquer, que le manque était en train de lui faire perdre la tête. Il était en train de lutter, de se demander pourquoi il ne buvait pas pour se défaire de tous ses problèmes et quand il se le rappelait, il agonisait de ne pas pouvoir se soulager. Austin plissa légèrement les lèvres quand Keith affirma qu'il allait de nouveau craquer et il secoua la tête en même temps que lui pour lui prouver que non, il ne le ferait pas.
"Non, tu ne vas pas craquer, je suis là et on va faire en sorte que demain tu puisses affirmer que c'est ton quatrième jour sans alcool!."
Il était encore debout devant le jeune homme qui semblait se battre contre autre chose que la simple envie de boire et il resta un instant interloqué par ses paroles suivantes. Il fronça les sourcils.
"Attends, ton parrain t'a envoyé chier ?"
Il lui était difficile d'intégrer l'information. Pour lui, un parrain n'était pas censé faire ça. Si ce mec était devenu parrain dans un groupe de soutien pour alcooliques, c'était bien qu'il savait les effets que le manque pouvait avoir. Et s'il était parrain, c'était bien pour gérer ce genre de choses. Austin constatait de nouveau et avec amertume combien l'être humain était égoïste, même lorsqu'ils sont censés traverser les mêmes galères. Il ne se souvenait pas bien de qui était le parrain de Keith mais à la prochaine réunion, il ne se priverait pas pour dire ce qu'il pensait. Voir le jeune homme dans cet état le peinait énormément et le problème à l'instant, c'était qu'il n'avait aucune idée de quoi faire exactement pour l'aider.
"Est-ce qu'il y a à boire chez toi Keith ? Une bouteille quelque part, n'importe où ? Et entre nous, je sais que tu chercheras à me cacher la mieux planquée de toute mais il faut t'en débarrasser." Il parlait encore une fois comme s'il connaissait la situation et dans un sens, c'était de nouveau vrai. Il y avait toujours cette dernière, celle qu'on ne veut pas voir mais pourtant, on sait qu'elle est là, comme un doudou sur lequel on pourrait s'appuyer.
Puisque Keith semblait en proie à une sacrée crise, Austin finit par se dire qu'il ne devrait pas voir d'inconvénient à ce qu'il bouge un peu et fasse comme s'il était venu des dizaines de fois. Il se permit donc de se diriger vers la cuisine, de prendre un verre propre sur le bord de l'évier et de le remplir d'eau. Il revint doucement vers son compagnon d'infortune et au lieu de s'asseoir à côté de lui, il prit la liberté de s'asseoir sur la table basse, en face. Des années d'une éducation guindée réduites à néant par la seule envie de pouvoir observer le jeune homme et d'être là pour lui au besoin. Il lui tendit le verre et lui offrit un sourire désolé.
"Tu as bien fait de m'appeler, inutile de t'excuser. Ce n'est pas tout seul que tu pourras gérer tout ça et que tu demandes de l'aide, c'est déjà une sacrée étape." Combien n'admettaient pas leurs problèmes, les fuyaient et cherchaient à se cacher quand ça n'allait pas. Austin avait aussi été de ce genre-là pendant des années. Il avait fini par comprendre que ça ne menait à rien.
"Tu veux aller prendre l'air ? Il fait tellement froid dehors que tu en oublieras vite comment tu t'appelles !" Essaya-t-il de plaisanter doucement, sans chercher à le brusquer. Il voyait bien les tremblements qui agitaient ses mains et son corps tout entier. La crise risquait de s'intensifier mais il y était préparé. Et dehors, il y avait des tentations, les bars étaient encore ouverts à cette heure, ils étaient dans un quartier plutôt calme mais quelques rues plus loin, l'ambiance n'était pas la même.
"On peut aussi rester ici, on fait comme tu le sens et je ne te lâche pas d'une semelle !" Il était nerveux mais tentait de ne rien montrer de sa propre agitation. De toute manière, Keith n'était sûrement pas à même de déceler son propre comportement tout en luttant contre ses démons.
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Ven 14 Jan - 13:43
Keith Harrisson
J'ai 32 ans et je vis à New York, Etats Unis. Dans la vie, je suis serveur dans un starbucks et je m'en sors pas trop bien. Sinon, grâce à ma faute, toute ma faute, je suis veuf et je le vis plutôt mal bien sûr.
Il était là oui et tant qu'il était là je n'oserais pas boire une goutte. Je ne voulais plus le faire en public. Je me sentais assez misérable comme ça alors affronter le regard des autres pendant que je buvais c'était aussi de mes forces. Et qu'est ce qu'il se dirait? Que je n'étais qu'une merde incapable d'arrêter de boire. Hors de question.
Je soupirais, détournant la tête alors qu'il se mettait à parler de mon parrain. Il avait eu raison de me lâcher. Je ne pouvais pas lui en vouloir. J'étais un cas désespéré. Il avait beau faire ce qu'il pouvait pour m'aider je n'arrêtais pas de replonger encore et encore. Il valait mieux tout arrêter. On ne pouvait pas aider les gens contre leur volonté. Et je ne lui avais jamais montré, avec toutes mes rechutes, que j'étais vraiment quelqu'un de décidé à arrêter.
J'attrapais le verre d'eau qu'il me tendait. Je serrais mes mains dessus, essayant de calmer mes tremblements de cette façon. Je me redressais tant bien que mal, avalant avec difficulté une gorgée. Je le regardais, un petit sourire triste aux lèvres. Je m'en voulais de lui faire subir tout ça. Il connaissait. Il était déjà passé par là lui aussi, et il s'en était sorti. Mais il ne devrait pas avoir à encaisser tout ça à nouveau parce que j'étais incapable de prendre soin de moi.
- Merci pour le verre mais je vais rester ici. Dehors il y a trop de bars et autres.. Je préfère rester là.
C'était beaucoup plus prudent. Je préférais rester là où il n'y avait aucune tentation. Si je sortais je n'étais pas certain de pouvoir me contrôler. C'était pour ça aussi que je lui avais demandé de venir. Je savais que si il n'était pas venu, que si je n'avais pas eu quelqu'un pour m'aider à résister, je serais sorti chercher un verre quelque part.
- Je n'ai rien ici. J'ai tout balancé quand j'ai arrêté l'autre jour. Je pensais être plus fort cette fois, que ce coup ci c'était la bonne...
Je repris une gorgée de mon verre avant de me réinstaller dans le canapé. C'était un de ces jours où je me sentais tellement mal, où la culpabilité revenait en flèche. Je m'en voulais de ce que je leur avais fait mais je m'en voulais encore plus d'avoir survécu, d'être encore là et de foutre en l'air ma vie pendant que eux n'en avaient plus.
- Ca fait combien de temps que tu as arrêté? Comment t'as fait pour... pour passer le cap et réussir à pas replonger? J'ai beau... essayé à chaque fois, je finis par replonger. Il y a toutes ces merdes qui me reviennent sans cesse et je ne sais pas comment les faire taire. Y'a que l'alcool qui marche. Alors si... si tu as le remède miracle pour m'en sortir je suis preneur.
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Ven 14 Jan - 14:46
Austin Lawkins
J'ai 30 ans et je vis à New-York, Etats-Unis. Dans la vie, je suis infirmier au service pédiatrique de l'hôpital et bénévole dans un refuge pour animaux durant mon temps libre et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis pas vraiment doué pour tout ca et je le vis plutôt comme ça vient
.
Keith lui indiqua qu'il préférait rester ici et il comprenait parfaitement pourquoi. Même si bien sûr, il n'insista pas en lui promettant de ne pas le laisser entrer dans le moindre bar. Non, c'était une tentation inutile et douloureuse à laquelle il ne préférait pas exposer le jeune homme et il comprenait son choix. Comme il venait de le lui dire, il resterait avec lui peu importe ce qu'il arrivait. Austin observa un instant les doigts de Keith serrés au bord de son verre, il avait toujours été plus observateur qu'acteur, il aimait déchiffrer la gestuelle des autres, cela le rassurait, il le faisait généralement quand la personne n'y prêtait pas attention pour ne pas avoir l'air lourd ou insistant. Et là, il avait l'occasion d'observer les réactions de Keith sans paraître bizarre, il s'inquiétait de son état. C'était également son côté médical qui ressortait, en tant qu'infirmier, il devait pouvoir détecter une anomalie rapidement, avant même qu'elle ne se manifeste violemment. Austin sentait qu'en dehors de sa pure détresse face à l'alcool, Keith s'en voulait encore de l'avoir dérangé et c'était un sentiment que, là encore, il comprenait parfaitement.
Le jeune serveur finit par lui avouer avoir déjà tout jeté et il resta un instant à essayer de détecter le mensonge dans ses traits, son attitude. Il n'avait aucun raison apparente de lui mentir mais combien de fois il avait fait face à ce mensonge justement. Plus rien, plus une goutte, plus jamais. Et pourtant, il y en avait toujours une dernière. Mais il ne pouvait pas vérifier, il ne connaissait pas assez Keith pour détecter le mensonge et il préféra le croire sur parole, il n'avait pas vraiment d'autre choix. Il hocha doucement la tête pour lui signifier que le message était bien passé. Il ne lui répéta pas qu'il ferait en sorte que ce soit bel et bien la bonne pour lui, il allait falloir qu'il l'épaule par des actes.
La suite de la conversation le mit immédiatement mal à l'aise. Il avait eu cette attitude à la première réunion quand était venu son tour de parler et chacun avait mis ça sur le compte de la gêne, bien sûr. Personne ne pourrait se douter qu'il n'était qu'un imposteur qui avait lâchement joué un rôle plutôt que d'admettre qu'il s'était juste trompé de porte. Mais la panique l'avait figé et il avait déblatéré une histoire qui n'était pas la sienne, heureusement assez vraie pour paraître totalement crédible aux yeux de tous. Mais il y avait mentir dans un groupe de parole et il y avait le faire yeux dans les yeux avec quelqu'un qui recherchait réellement de l'aide. Austin redressa son dos, il s'était légèrement penché en avant vers Keith sans y prêter attention. Il fit mine d'étirer son dos en se passant une main sur la nuque. "Ça fait un an et demi."
C'était assez éloigné pour expliquer qu'il n'ait plus de crise de manque et qu'il puisse gérer quelqu'un qui l'était mais pas assez loin pour pouvoir justifier sa présence aux réunions. Même s'il avait aussi admis être également présent pour aider, ce qui, dans sa longue série de mensonges, n'en n'était pas un. "Et je vais pas te mentir, c'est un combat de tous les jours."
Il lui suffisait finalement de remplacer les mots par d'autres, il avait bien un problème et il ne s'en sortait pas mieux avec le sien, quel hypocrite il était de vouloir aider les autres sans savoir lui-même se gérer.
"Tu vas en baver, tu auras des moments, comme aujourd'hui, où tout semble insurmontable et d'autres où ça te semblera plus facile. Tu vas passer par des tonnes d'étapes mais chaque jour sans alcool sera toujours une victoire et la fierté finira par prendre le relais. Et ça finira par passer, les crises vont s'espacer, le manque deviendra un murmure, toujours présent on ne va pas se mentir, mais assourdi."
Il ne faisait que répéter ce qu'il avait un jour entendu, mais il pouvait l'appliquer aussi à lui-même, ce qui était pratique. "Il n'y a aucune recette miracle, aucune astuce, j'aimerais tellement pouvoir t'en donner une."
Il posa ses coudes sur ses genoux, l'air attristé de ne pas pouvoir faire plus.
"Tu dis que tu veux faire taire les merdes qui te reviennent, tu n'as pas parlé beaucoup de ce qui t'avais fait plonger. Peut-être qu'en commençant par là, tu pourrais trouver un autre moyen de les faire taire, un moyen qui ne te ronge pas de cette manière."
Il voulait l'amener à se confier, pour qu'il oublie un peu de cette envie qui le brusquait, il voulait le détourner mais il était aussi convaincu qu'il ne pouvait soigner son problème d'alcool sans d'abord résoudre le problème qui l'avait fait plonger dedans.
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Ven 14 Jan - 18:59
Keith Harrisson
J'ai 32 ans et je vis à New York, Etats Unis. Dans la vie, je suis serveur dans un starbucks et je m'en sors pas trop bien. Sinon, grâce à ma faute, toute ma faute, je suis veuf et je le vis plutôt mal bien sûr.
C'était la réponse que tout le monde me donnait. Il fallait être patient et faire preuve de force et de courage. Ce serait une lutte de tous les jours. Maintenant que j'étais tombé dedans je n'avais plus le choix. Je devrais chaque jour lutter contre cette addiction, tout faire pour ne pas retomber à nouveau. A ce compte là, est ce que ce n'était pas plus simple de tout laisser tomber? De m'enfoncer dans l'alcoolisme, de le laisser m'emporter jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de moi. Tout oublier définitivement. C'était terriblement tentant. Vivre une vie de lutte, de souffrance quotidienne n'était décidément pas quelque chose qui m'attirait.
Quant à la fierté... je ne pensais pas être capable de l'éprouver un jour. Je n'avais aucune raison d'être fier de ce que j'avais fait. Et être fier de m'en sortir de l'alcool, ce n'était pas imaginable non plus. Il n'y avait rien de glorieux à être tombé là dedans, arrêter de boire comme une merde était bien la moindre des choses que je pouvais faire.
Je détournais un peu le regard, gêné par sa question. Je repris une gorgée de mon verre, le terminant même. Je n'avais jamais vraiment parlé de ça en réunion. J'étais resté vague sur le sujet. J'avais dit que mon mari était mort, que sa perte m'avait fait perdre pied. J'en voulais au monde entier de l'avoir perdu mais surtout à moi même de ne pas l'avoir protégé. J'avais juste omis un gros détail dans cette histoire. Je me doutais que plus personne ne voudrait m'aider après ça et je risquais même de faire fuir Austin là maintenant.
- Tu sais que j'ai perdu mon mec...
Je me penchais en avant pour reposer mon verre avant de venir serrer à nouveau mes genoux contre ma poitrine. Je le vis hocher la tête. Il avait été là les quelques fois où j'avais livré mon témoignage. Il savait au moins cette partie.
- Mais je n'ai jamais expliqué comment c'est arrivé. Parce que... j'ai peur du regard des autres si jamais j'avoue que... que c'est moi qui l'ai tué.
Je baissais les yeux. Je ne me sentais pas capable d'affronter son regard en cet instant. C'était dur à sortir. Je ne l'aurais pas fait en temps normal mais il était venu pour moi. Il était venu m'aider alors je lui devais au moins d'être honnête avec lui.
- Je travaillais dans un bar à l'époque. Un bar gay, je sais c'est cliché. Mais j'adorais l'ambiance. On était tous comme une grande famille. Quand t'es tout jeune, que tu débarques à New York, jeune mec gay sorti de ta campagne, tu fréquentes très vite ce genre d'endroits. J'ai trouvé une famille là bas et un boulot dans lequel je m'éclatais. J'y ai aussi rencontré celui qui est devenu mon compagnon.
Ce furent les plus belles années de ma vie. Je pensais bêtement que ça durerait toujours. Je ne pensais que je pourrais tout perdre du jour au lendemain.
- Un soir... je bossais. Il était là, faisant la fête avec des amis. Ils avaient tous un peu trop bu. Je ne voulais pas les laisser prendre le volant, pas dans cet état là. Alors je les ai convaincu de monter en voiture avec moi. Ils auraient voulu partir plus tôt et prendre un taxi mais je n'étais pas rassuré. J'ai insisté pour qu'ils m'attendent et qu'on rentre tous ensemble chez nous. Le lendemain quand ils auraient décuvé, ils pourraient rentrer mais au moins j'aurais pu veiller sur eux pendant la nuit au cas où.
Mais j'aurais du les laisser partir en taxi. Nous n'en serions pas là sinon.
- Je venais de démarrer à un feu. Je ne l'ai pas vu arriver. J'avais la tête tournée vers l'arrière, riant à une de leurs blagues. Elle nous a percuté de plein fouet.... A l'arrière ils sont morts sur le coup. Mais mon... Ian il... il était encore conscient. J'entendais les sirènes arriver... Je l'ai supplié de s'accrocher de... de tenir le temps qu'ils arrivent mais... il... il est mort dans mes bras...
J'essuyais mes larmes d'un geste rageur. Il était le premier à qui je racontais tout ça. Les autres ils connaissaient les grandes lignes de l'accident, ils en avaient entendu parler, mais pas pour moi. C'était la première fois que j'osais le dire à quelqu'un.
- Il ne se passe pas un jour où je ne pense pas à lui. Où je ne vois pas son regard se voiler... Je n'arrive plus à dormir. Je n'arrive plus à... à être autre chose qu'une pâle figure d'être humain emplie de colère. Il n'y a que l'alcool qui réussit à me calmer, à faire taire tout ça. Alors je bois... puis je me dégoute de voir l'alcoolique que je suis devenu. Alors j'arrête... et tout me frappe à nouveau de plein fouet et je bois à nouveau...
Un cercle vicieux duquel je ne pensais pas être capable de sortir un jour.
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j!han
Ven 14 Jan - 20:15
Austin Lawkins
J'ai 30 ans et je vis à New-York, Etats-Unis. Dans la vie, je suis infirmier au service pédiatrique de l'hôpital et bénévole dans un refuge pour animaux durant mon temps libre et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis pas vraiment doué pour tout ca et je le vis plutôt comme ça vient
.
Austin sentit que sa question le mettait mal à l’aise, qu’il aurait préféré ne pas en parler mais on ne plongeait pas dans l’alcool sans raison, il y avait forcément un déclencheur et trouver comment apaiser ses démons, c’était ce qui lui permettrait d’avancer. Alors Austin avait envie de savoir, ce n’était pas une curiosité malsaine, simplement l’envie de lui venir en aide. Même s’il ignorait si, à ce stade, c’était toujours possible. Il semblait avoir fait fuir son entourage et même son parrain n’en pouvait plus, ce qui continuait de le consterner. Que restait-il réellement à Keith finalement ?
- Tu sais que j'ai perdu mon mec...
Austin hocha immédiatement la tête, les yeux perdus dans ceux du jeune homme assis en face de lui qui venait de retrouver sa posture de base. Lui-même n’avait pas quitté la table et il reposa ses coudes sur les genoux, se penchant légèrement vers l’avant, attentif mais pas intrusif. Son histoire, c’était son histoire à lui qui l’avait le plus chamboulé et qui l’avait poussé à revenir, sans trop savoir pourquoi. Les membres de la réunion à laquelle il avait assisté avaient tous des histoires plus tristes les unes que les autres. La perte d’un être cher était très souvent un déclencheur.
- Mais je n'ai jamais expliqué comment c'est arrivé. Parce que... j'ai peur du regard des autres si jamais j'avoue que... que c'est moi qui l'ai tué.
Keith détourna le regard mais pas Austin qui continuait de l’observer. Il n’osa pas bouger ni respirer plus fort que nécessaire, il osait à peine ciller, tant il avait peur que Keith ne poursuive pas son histoire ou perçoive ses gestes de la mauvaise manière. Il était incapable de rester impassible pourtant et son air peiné ne cessait de s’accroître à mesure que le récit de Keith avançait et qu’il revivait cette soirée de cauchemar. Il sentit la détresse du jeune homme et ses larmes le percutèrent. Austin avait toujours été trop empathique, on le lui avait tant répété. Son père l’avait eu en horreur pour ça, parce qu’il pleurait quand une de ses sœurs se faisait mal, parce qu’il ne pouvait pas passer une bonne journée si quelqu’un était triste, parce qu’il se sentait oppressé face à la colère, tendu devant l’indifférence. Il absorbait les émotions avec violence, il ne pouvait pas le contrôler, il n’y était jamais arrivé. Et voir celles de Keith à cet instant lui était douloureux. Il déglutit, ravalant ses propres larmes pour ne pas qu’elles se pointent alors que le serveur chassait les siennes d’un geste vif. Son récit était poignant, triste, et il comprenait mieux pourquoi il avait plongé tête baissée dans une chose qui pourrait lui faire tout oublier. Quand il parlait des démons qui le pourchassaient et qu’il cherchait à faire taire, il voulait parler de ceux-là.
- Il ne se passe pas un jour où je ne pense pas à lui. Où je ne vois pas son regard se voiler... Je n'arrive plus à dormir. Je n'arrive plus à... à être autre chose qu'une pâle figure d'être humain emplie de colère. Il n'y a que l'alcool qui réussit à me calmer, à faire taire tout ça. Alors je bois... puis je me dégoute de voir l'alcoolique que je suis devenu. Alors j'arrête... et tout me frappe à nouveau de plein fouet et je bois à nouveau...
Oui, ça aussi il le comprenait que trop bien. Il baissa légèrement la tête et étudia un instant l’attitude prostrée de Keith avant de revenir à son visage que la douleur et la colère rendait si torturé. Il avait aimé cet homme de toutes ses forces et on lui avait enlevé cet amour, pire encore, la vie avait voulu que les circonstances le montrent responsable de ça. Une bien belle garce. Il mit quelques minutes avant de prendre la parole, il laissa d’aborder Keith digérer son récit, il avait le sentiment qu’il ne parlait pas souvent de cette histoire, peut-être même jamais. Il laissa les émotions continuer de le traverser, il avait lui-même besoin de ces quelques minutes de silence. Il finit par souffler discrètement pour se donner la force de trouver les mots justes, même s’il savait qu’il n’y en avait aucun.
« Tu as dû l’entendre des centaines de fois mais je suis désolé pour ce qui s’est passé et pour ta perte »
Il le lui avait déjà dit il lui semblait mais il n’avait jamais été aussi sincère qu’en cet instant. Il se racla légèrement la gorge, constatant que sa voix était légèrement moins assurée qu’il ne l’aurait voulu.
« Tu n’es pas responsable Keith. Je comprends que tu le crois, je comprends la culpabilité que tu portes et tu crois que tu les as tué mais ce n’était pas de ta faute. Vous étiez au mauvais endroit, au mauvais moment, rien ne dit que le taxi n’aurait pas été percuté lui aussi par une voiture, qu’ils n’auraient pas été renversé en rentrant à pied, on ne peut pas savoir de quoi la vie est faite mais en te rendant coupable de leur perte, tu t’inflige la pire des tortures. »
Il devait savoir tout ça et n’importe quel psychologue aurait pu le lui dire, il n’était pas un expert en la matière et dire les choses étaient sensiblement différentes que de les ressentir mais il devait le lui dire, il ne pouvait pas le laisser porter cette culpabilité en lui.
« Tu penses que tu lui en voudrais ? Mets toi à sa place, et demande toi si tu lui en aurais voulu d’avoir voulu prendre soin de toi, d’avoir cherché à te savoir en sécurité ? Tu lui en aurais voulu toi, de continuer à vivre sa vie, de se permettre d’être heureux à nouveau, de vivre les moments que vous auriez pu passer ensemble tout en le faisant en pensant à toi ? Tu n’aurais pas voulu qu’il se détruise par la culpabilité, qu’il se laisse ronger par les remords et qu’il revive incessamment cette soirée ?
Il marqua une légère pause avant de reprendre.
« Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, je sais que ce n’est pas ce que tu ressens et que tu t’en veux et qu’une partie de toi est un peu morte avec eux dans cette voiture. Tu ne la récupéreras pas, mais tu peux faire ça, lui rendre hommage, le laisser vivre à travers toi, à travers tes choix et les moments que vous partagiez. »
Il se tut cette fois, pas vraiment sûr du rassurant de son discours ni même si tout cela pouvait avoir le moindre impact, parce que Keith vivait un véritable cauchemar au quotidien.
« Cesser de boire, c’est la plus grande des étapes, ça prouve que tu veux en finir avec tout ça, laisser derrière toi et avancer. Il faut que tu franchisse les étapes une à une, de petits pas à petits pas, tu y arriveras mais avant même de chercher à cesser de boire, tu dois lâcher cette culpabilité et cesser de dire que tu l’as tué, ce n’est pas vrai. »
Il ne pouvait pas savoir ce que Keith ressentait à l’instant présent, cette situation, il ne l’avait jamais connu. Mais il savait ce qu’était la perte et la culpabilité du survivant et Keith était en plein dedans. Il en avait vu passer durant ses études d’infirmier et au cours de sa carrière, elle pouvait se manifester sous bien des formes mais elle était tenace.
Univers fétiche : City, dérivé de films/séries/livres
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Beloved
Lun 17 Jan - 11:57
Keith Harrisson
J'ai 32 ans et je vis à New York, Etats Unis. Dans la vie, je suis serveur dans un starbucks et je m'en sors pas trop bien. Sinon, grâce à ma faute, toute ma faute, je suis veuf et je le vis plutôt mal bien sûr.
Je soupirais discrètement en l'entendant parler. Oui je l'avais entendu des centaines de fois. Tout son discours en fait je l'avais entendu des centaines de fois. On me l'avait dit et répété maintes et maintes fois. Je n'étais pas responsable de l'accident. Ce n'était pas ma faute. C'était l'autre conducteur le responsable. Je ne devais pas me laisser ronge par la culpabilité. Je ne devais pas passer mon temps à me torturer avec des "et si". On ne pouvait pas savoir comment les choses se seraient passés autrement. C'était arrivé et je devais apprendre à vivre avec. C'était le raisonnement logique. Mais nous n'étions pas des êtres fait uniquement de raison mais surtout de sentiments. Et mon coeur ne cessait de saigner en pensant à ce soir là. Je ne pouvais pas oublier cette culpabilité qui me rongeait chaque jour. C'était juste au dessus de mes forces.
- C'est quand je pense à lui, à ce qu'il me dirait si il me voyait boire comme ça, que j'arrive à arrêter. Mais ça ne tient jamais longtemps. Parce que la culpabilité revient en force. Je sais que je ne suis pas responsable de l'accident. Mais... ça ne fait pas taire la culpabilité pour autant de le savoir. Et je ne sais pas ce qui pourrait la faire taire. L'alcool y arrive quelques temps mais ça ne dure jamais et ça ne peut pas être la solution.
Je soupirais en détournant la tête. J'étais épuisé, fatigué de toute cette merde, de ce gâchis qu'était ma vie. Je ne voulais plus y penser, plonger dans l'oubli que me procurait l'alcool. Je voulais juste pouvoir retrouver une vie normale sans être rongé de l'intérieur au quotidien. Une petite pause, une bouffée d'oxygène au milieu de la tourmente qu'était ma vie.
- Est ce que... ça t'ennuierait si on passait juste une soirée au calme? Regarder un film sur le canapé. Juste comme ça...
Juste débranché un peu le temps d'une soirée. C'était tout ce dont j'avais besoin pour franchir le cap. Parler ne m'aidait pas. Remettre sans cesse tout ça sur le tapis n'était pas la solution. Il fallait juste que je trouve une façon d'avancer sans revenir sans cesse dessus, sans avoir besoin de l'aide de l'alcool pour me sentir apaisé.
Il accepta, pour mon plus grand soulagement. Je le laissais venir s'installer sur le canapé à côté de moi. Je lui tendis la télécommande et le laissais choisir un film sur netflix avant de m'installer à ses côtés. J'avais pris un plaid que j'avais étendu sur nous deux. J'étais venu me coller à lui, cherchant un peu de chaleur dans ce simple contact. Il avait eu le don de venir me détendre. J'avais senti les tensions me quitter petit à petit à ses côtés. Je m'étais détendu, enfin, tellement détendu que le sommeil avait fini par m'emporter...