Cela faisait bien longtemps que Rowena ne sautillait plus dans les couloirs de l’école en les parcourant. Âgée de seize ans, elle était devenue une belle jeune fille, dont la noblesse se devait d’être ressentie dans chacun de ses gestes, dans chacune de ses actions. Bon, il ne fallait pas se voiler la face, il lui arrivait encore de courir et de grimper aux arbres quand personne ne la regardait, ou avec certains de ses amis. On ne changeait pas du jour au lendemain. Et puis, elle devait se maintenir en forme car elle était toujours Batteuse de l’équipe de Quidditch de Poufsouffle.

Mais depuis quelques temps, elle avait d’autres soucis. Elle avait l’impression que certaines personnes, surtout des garçons, se retournaient sur son passage et elle n’aimait pas le regard qu’on lui lançait. Et ce jour-là, elle apprécia encore moins de voir un de ces garçons qui avait l’air de la suivre dans le couloir désert. Elle se demanda pourquoi il se trouvait derrière elle et la jeune fille, qui n’avait rien perdu de son éternelle franchise, n’hésita pas un seul instant avant de se retourner et de faire face au type qui avait un drôle de sourire sur les lèvres, qui l’intrigait.

« Tu me suis, toi ? Qu’est-ce que tu me veux ? »

Le jeune homme s’approcha, un sourire aux lèvres et tourna autour d’elle, comme s’il l’évaluait. Rowena se sentit très mal à l’aise. Elle ne savait pas trop comment réagir, n’ayant jamais été confrontée à ce type de comportement à son égard. Mais ce fut quand il répondit à sa question qu’elle commença à s’inquiéter un peu.

« T’es devenue plutôt mignonne, Emrys ! »

Il s’avança vers elle et elle eut un mouvement de recul dont il ne tint pas compte. Il avait un sourire un peu carnassier en la serrant d’un peu trop près, l’accolant à un mur. Il se mit à lui caresser la joue, semblant se délecter de la peur qu’elle avait de lui.

« Je suis sûre que ça doit être très plaisant de t’embrasser », affirma-t-il comme si elle n’avait pas son mot à dire sur la question, en avançant sa bouche vers elle.

C’était une journée de cours comme les autres. Pendant qu’elle marchait le long du couloir pour se rendre à un prochain, la jeune irlandaise se mit à se rappeler avec une certaine nostalgie la petite fille turbulente qu’elle était. Âgée de seize ans, bien des choses avaient changé chez elle depuis sa première rentrée à Poudlard. Elle était un peu plus calme, moins farceuse et elle pratiquait du Quidditch en tant que poursuiveuse chez les Rouge et Or, mais elle restait encore une jeune femme assez violente lorsqu’on voulait lui faire du mal.

Plus jeune c’était des moqueries de ses camarades car elle n’avait pas de famille, maintenant, ce sont des garçons qui se sont ajouté dans les agacements de la jolie irlandaise ! Car il fallait bien l’admettre, malgré qu’elle ne soit point une sang-pure, Eowyn était devenue une très belle jeune femme à la chevelure châtain clair et aux yeux verts, une beauté qui attirait les jeunes hommes sous les effets des hormones. Il y en avait au moins un chaque jour qui tentait de la draguer et pas de la manière la plus distinguées qui soit, et chaque jour, la demoiselle aux yeux clairs leur répondit par des coups de poing ou de pied bien placé pour apaiser leurs ardeurs. C’en était lassant mais la jeune gryffondor s’y faisait à devoir se défendre constamment, elle en avait l’habitude depuis des années.

Marchant tranquillement, ses affaires maintenue par une sorte de ceinture qu’elle transportait d’une main sur son épaule droite, la dynamique irlandaise vit soudainement un garçon tenter d’embrasser une jeune femme contre sa volonté. Une jeune femme qu’elle connaissait bien : Rowena Emrys. Les deux jeunes femmes se connaissaient depuis la première année, venant de la même promotion. Décidément, les garçons sont vraiment très cons ! Qu’elle se disait la belle irlandaise. S’approchant d’eux, la sixième année se mit à côté de sa camarade d’année avant de la prendre par la taille, le dos face au jeune homme et de dire à Rowena mais également au jeune homme qui harcelait la jeune poufsouffle :

— Tu es là ma chérie je te cherchais !

La jeune gryffondor tenait tendrement la jeune Emrys dans ses bras en faisant un clin d’œil à cette dernière, clin d’œil signifiant qu’elle jouait un rôle afin de l’aider à se débarrasser du jeune récalcitrant avant de déposer un bisou sur la joue de cette de cette dernière et de se retourner pour fixer le jeune homme en prenant la jeune femme à la chevelure blonde à la taille de sa main droite.

— Tu voulais quelque chose à ma chérie Jordan ?

Remarquant la gêne du jeune homme devant l’étreinte affectueuse qu’elle faisait à la jeune Emrys, ce dernier partit rapidement des lieux. Il fallait avouer que pour un plan totalement improvisé par la rouge et or, cela avait plutôt bien fonctionné, même mieux qu’elle ne l’espérait. Au moins la jeune poufsouffle allait avoir la paix avec ce gars pour un bon moment ! Après qu’il soit éloigné des deux jeunes femmes, la jeune Callaghan riait joyeusement à cette comédie qu’elle venait de faire au jeune Jordan en relâchant son amie avant de dire à cette dernière :

— Excuses moi Bisounours pour ce petit moment d’improvisation totale !

La jeune Eowyn avait l’habitude d’appeler la jeune Rowena Bisounours depuis la première année car elle était trop gentille, trop douce qui donnait cette impression de naïveté et de candeur chez la jeune femme. C’était au départ une sorte d’insulte de la jeune gryffondor envers la jeune poufsouffle qui s’était transformé avec le temps en un surnom affectueux de la jeune irlandaise.

Parvenant à calmer son fou rire car son plan improvisé avait mieux fonctionné que prévu, la belle irlandaise reprit un peu son sérieux avant de demander à son amie :

— ça va ? Il ne t’a pas trop embêté je l’espère ? De toute façon, il ne risque plus de t’embêter maintenant !

Il était sur le point de l’embrasser de force. La jeune fille reculait sa tête en espérant reculer le moment où leurs lèvres se toucheraient, mais elle était coincée et elle savait qu’elle ne pourrait pas l’empêcher de prendre ce qu’il voulait. Elle ressentit une peur à cette pensée, ainsi qu’un profond sentiment d’impuissance qui ne la quitta pas. Elle ne savait pas comment le repousser et elle se disait qu’il allait sûrement vouloir aller plus loin et ils étaient seuls. Elle n’avait personne ici, pour lui venir en aide et la peut augmenta dans le cœur de la jeune blonde.

Quand elle sentit une main se glisser autour de sa taille, elle n’eut pas l’impression qu’il s’agissait de son camarade. Ouvrant les yeux, elle constata la présence d’Eowyn, sa camarade et amie de Gryffondor, son chevalier blanc. Ce n’était pas la première fois que la Gryffondor lui venait en aide dans une situation pénible, mais elle n’avait jamais eu à le faire dans ce genre de circonstances. Quand elle l’enlaça en l’appelant sa chérie et en lui faisant un clin d’œil, Rowena comprit et joua le jeu. Elle lui sauta au cou, ce qui ne fut pas trop compliqué à jouer, compte tenu de la terreur qu’elle avait eue.

« Mon cœur ! Heureusement, tu es là ! Il n’y a que Eo qui peut m’embrasser ! » lança-t-elle au Serpentard, toujours dans les bras de la Gryffondor.

Eo se retourna et Rowena l’enlaça, posant sa tête sur l’épaule de la jeune fille, comme pour conforter le fait qu’elles étaient ensemble et que c’était incontournable. La Gryffondor s’en prit au jeune homme en lui demandant ce qu’il lui voulait. L’autre parut choqué et s’en alla pour le plus grand soulagement de la blonde qui lâcha Eo et s’appuya contre le mur, sa respiration reprenant un rythme normal maintenant que tout danger était écarté. Son amie se retourna vers elle et elle semblait très fière de ce qu’elle venait de faire.

« J’ai été surprise, mais ça va ! Je crois que j’étais pas mal non plus… » fit-elle avec un petit sourire nerveux.

Eo, pour sa part, était écroulée de rire. Cela fit sourire Rowena mais quand elle lui demanda si elle ne s’était pas sentie trop embêtée, la fillette fit la moue. La vérité, c’était qu’elle s’était vraiment sentie impuissante et fragile et elle n’avait pas aimé ça.

« Il m’a fait peur. Heureusement que tu étais là. Tu fais une bien plus jolie petite amie que lui », plaisanta la blonde.
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