Cela fait bien des années que j’ai rejoint le rang des Rebelles, un groupe de créatures voulant renverser le pouvoir en place. Celui de ces maudits sorciers, ces monstres qui nous oppriment et nous traitent comme des esclaves. J’ai été moi aussi esclave d’une famille de sorciers durant des années, pendant plus de dix ans. Cette famille c’était les Kane et j’étais l’esclave de Gaël Kane. Ce monstre a tué mes parents, il m’a capturé, torturé et coupé les ailes.

Pourquoi les ailes ? Parce que je suis une griffonne. Vous savez, la créature mi aigle mi lionne qui aime voler à travers les nuages. Bah je suis l’une d’entre elles. Enfin à demi, car en fait je suis aussi une demi déesse. Mon père était un griffon, ma mère est la déesse Ran, déesse nordique des tempêtes. Les Griffons sont des créatures sauvages, qui aiment sa liberté plus que tout et le seul moyen de briser cette liberté, est de couper les ailes du griffon. C’est ce qu’elle fait Gaël avant de m’avoir violé. J’ai hurlé de douleur, j’ai supplié pour qu’on vienne m’aider, que tout cela s’arrête. Mais personne n’est venu me secourir. J’ai enduré cela plus de dix ans, jusqu’à ce que j’ai eu le courage de me sauver et de retrouver ma liberté.

Depuis bien des choses ont changé. J’ai rejoint les Rebelles, et j’en suis devenue la co chef. Nous essayons de retrouver notre liberté, nous essayons d’attaquer. Les Sorciers comprennent à présent les enjeux et ont compris qu’ils doivent choisir leur camp. Entre temps, malgré les tensions, je me suis mariée avec Hadrian, un dragon et j’ai eu un enfant. Un garçon de cinq ans nommé Vincent. Mon petit trésor. Nous avons emménagé à l’orée de la forêt, près des cascades, notre lieu préféré. En sortant de la forêt, il y a un parc avec des jeux où j’aime emmener mon fils, ce que je fais aujourd’hui.

Vincent joue à la balançoire, quand soudain mon regard croise celui d’une jeune femme que je n’avais pas revu depuis des années. Mon passé. Un passé que je veux oublier. Je détourne le regard pensant que cette femme va s’en aller.

Que de choses se sont passées depuis cinq ans. Ma petite Emma Wells-Kane a bien grandi, elle a aujourd’hui six ans. Son père et moi en sommes fiers tant elle est précoce en tout : elle est très intelligente, habile de ses mains et manie la magie comme aucune autre petite fille de son âge sur l’île. Elle comprend aussi très bien ce qu’il se passe sur l’île, toutes les guerres qui font de notre ancienne île paisible une île de l’enfer. Elle me demande souvent comment était le monde avant et je lui raconte la vie de rêve que moi j’ai vécue. Je lui apprends qu’à l’époque, son grand-père Kane était de la ville aux côtés des trois autres familles de sorciers et qu’ils arrivaient à s’entendre. Je lui explique aussi que malgré les tensions qu’il y avait entre la famille de sa maman et celle de son papa, ils arrivaient encore à gouverner ensemble. Après, je lui explique aussi pourquoi elle ne peut pas voir son grand-père, celui qu’elle appelle papy ogre, Gaël Kane. Je lui dis qu’il est méchant et qu’il veut faire du mal à tous ceux qui ne sont pas sorciers. A l’image de son père et de moi, elle comprend qu’il est important d’accepter tout le monde, qu’ils soient sorciers ou créatures magiques, ils sont tout aussi importants. Je lui raconte aussi comment son père et moi nous sommes rencontrés, comme notre vie a été semée d’embuches à cause de notre nom de famille. Lui, Maël Kane, le fils aîné de Gaël Kane, un sorcier sans pitié et moi, Shea Wells, la fille aînée de Pete Wells. Evidemment, il y a toujours eu des injustices, même à mon époque mais les temps étaient prospères quand on avait la chance d’être des sorciers. Pour les créatures magiques, par contre, c’était une période sombre déjà. A tel point qu’ils ont fini par se rebeller contre les sorciers et ce n’est pas la belle brune qui leur en voudrait. Depuis très longtemps, elle savait que les choses ne pourraient pas continuer de la sorte, que quelque chose allait changer. Elle fut d’ailleurs au départ de cette rébellion. Elle détestait voir la façon dont on traitait les créatures magiques, elle avait d’ailleurs réussi à convaincre son père de ne plus en prendre comme domestiques dans leur manoir. Et quand elle fut plus âgée, elle arriva même à convaincre son père de renverser les Kane pour reprendre le pouvoir et rétablir des temps plus heureux pour les créatures magiques.

Tout cela, je l’explique à ma fille parce que cela fait partie intégrante de sa vie. Après tout, elle est l’héritière des Kane et des Wells, celle qui devait réconcilier ces deux familles et rendre plus doux Gaël. Mais, évidemment, les choses ne se passèrent pas du tout de la sorte. Gaël renia son fils tout comme sa petite-fille et il détesta encore plus les Wells qu’il se mit un point d’honneur à surveiller. Un pas de travers de leur part et directement en prison, ce qui avait failli arriver à sa maman quand elle apprit que Dulce, la dernière fille de la famille Wells, avait été incarcérée pour avoir entamé une relation amoureuse avec une créature magique. Evidemment, ça n’était qu’une excuse pour la mettre en prison et déclarer la guerre à leur famille rivale. Mais, ça avait fonctionné et aujourd’hui, les Wells sont traqués et surveillés. Tout comme Emma et Maël d’ailleurs, qui sont aussi sur la liste rouge du maire de la ville. Je lui explique aussi que j’ai aidé les créatures magiques dans leur combat et que j’avais une amie très précieuse, Simone Virtanen. L’histoire de cette griffonne m’avait fendu le cœur même si j’avais mis du temps à entendre son histoire. Il avait fallu établir un climat de confiance et c’est à demi-mot que j’avais appris son histoire. C’était aussi pour elle, à la fin, que je me battais, pour que justice lui soit rendue. Néanmoins, j’étais prise entre deux feux et je ne pouvais pas complétement renié qui j’étais pour me battre contre mes amis. Des deux côtés j’avais des amis et je dois bien avouer que mon but, à moi, n’était pas la guerre mais l’entente entre tous les peuples… Ce qui n’était plus dans l’idée de mon amie qui avait viré totalement radicale. Enfin, elle avait en tête de libérer les créatures magiques, quoiqu’il en coûte, même s’il fallait tuer des sorciers ou leur rendre la monnaie de leur pièce…

Tout cela, je l’avais raconté et il me fut plus facile de tout raconter à ma fille quand j’aperçu de loin celle qui était, avant, une très bonne amie, l’une de mes meilleures amies. J’avais emmené ma fille à l’orée des bois, dans un jardin public où il y avait des jeux pour enfants. Elle aimait y aller et j’étais dans le coin avec elle alors, je l’emmenai là-bas mais je ne m’attendais pas à trouver Simone en train de regarder un petit garçon jouer à la balançoire. Mon regard croisa celui de mon amie mais elle détourne le regard, comme si elle ne voulait pas me voir. Je suis triste de cette réaction parce que même si on s’est quitté sur des mots durs, l’amitié est toujours présente dans mon cœur et j’espère pouvoir arranger les choses. Je prends Emma par la main et lui dit :

« Va jouer là-bas, je vais voir quelqu’un que je connais, d’accord ! »
« D’accord maman ! Je t’aime ! »

Lui répond-elle avant de poser un sourire sur sa joue et de courir vers la balançoire à son tour. Je lui souris à mon tour et la regarde s’éloigner avant de lui faire signe quand elle est arrivée à destination. C’est alors que je prends mon courage en main et que je me dirige vers Simone, le regard plein de regrets.

« Ça fait un bail, comment tu vas ? »

Je lui demande cela tout simplement, avec calme et sans animosité. J’espère qu’elle voudra rétablir le contact avec moi, elle me manque…

« Tu me manques tous les jours, tu sais… »

Je finis par lui dire, j’ai trop de regrets sur le cœur…

Spoiler:

Comment reprendre contact avec une amie quand on ne l’a pas vue depuis cinq ans ? Que lui dire quand on s’est quittés fâchées ? En réalité, je ne suis pas fâchée contre elle, je ne lui en veux pas. Je comprends son combat et pourquoi elle veut renverser les sorciers. Malheureusement, je ne peux pas prendre part à ce combat parce que toute ma famille est composée de sorciers, mes amis, ma propre famille – Maël, Emma – sont des sorciers qui risquent d’être emprisonnés, torturés ou pire tués si les créatures rebelles prenaient le pouvoir. Ils n’avaient pas de pitié, comme les sorciers n’avaient pas eu de pitié pour eux. Bien que je le comprenne, je ne le cautionne pas ou plus vu que j’y ai participé au tout début de notre rencontre. Au début, je pensais que le but des créatures rebelles étaient tout simplement de gagner leurs libertés, d’emprisonner les racistes et que tous les peuples vivent en paix. Vous pouvez parler de naïveté, peut-être le suis-je mais c’est ainsi, j’aime penser qu’on puisse vivre dans un monde où tout le monde se respecte, qu’on soit créature magique ou sorciers… Ce clivage ne pouvait plus arriver, il fallait que les choses changent et il était hors de question  que je participe à une rébellion qui prônait de nouveau ce clivage…

« On fait aller et toi ? »

Me répond la griffonne. Je jette un coup d’œil à ma fille qui s’était mise à jouer avec le petit garçon de mon ancienne amie, qui je l’espérais sincèrement, en redeviendrait une. Malheureusement, je ne pense pas que cela arriverait de sitôt, nous campons toutes les deux sur nos positions.

« Relativement bien compte tenu de la guerre qui fait rage sur Wonderland ! Je vois que ton garçon a bien grandi ! Il a l’air heureux et il est mignon comme tout ! »

Je lui dis cela en lui jetant un seul coup d’œil, puis je retourne à la contemplation de nos enfants. Je ne l’ai vu qu’une seule fois, quand il est né. Après ça, Simone et moi nous sommes engueulées, nous avons coupé les ponts et je ne l’ai plus jamais vu. Bébé, il était déjà très beau mais en grandissant, il était devenu un magnifique petit bonhomme. En les regardant s’amuser, j’ai un pincement au cœur en pensant qu’ils auraient pu devenir de très bons amis ces deux petites têtes blondes. Une créature magique et une sorcière qui jouent ensemble, preuve d’un nouveau monde sans guerre entre race…

« Tu ne peux pas dire cela après ce que tu m’as dit avant de partir ! Tu as refusé de m’aider, préférant rester dans ton petit cocon ! Je croyais que tu étais mon amie ! »

Je ne vois pas la réaction de Simone, je regarde toujours nos enfants jouer. Mais je m’imagine très bien qu’elle se crispe, elle ne supporte pas que je puisse ne pas la supporter et supporter toutes les créatures magiques. Je sais qu’elle ne me convaincra pas, je sais que je ne la convaincrais pas… Nous étions, à l’époque, dans une impasse et nous le sommes certainement encore aujourd’hui. Sauf que j’espérais qu’en prenant de l’âge, on arriverait à se mettre d’accord… Mais j’en doutais sincèrement…

« Mais c’est la vérité, tu me manques chaque jour ! Nous avons nos différents, nous n’avons pas la même vision de l’avenir mais cela ne m’empêche pas de t’aimer comme une sœur ! Cela ne m’empêche pas de ressentir le manque de ma meilleure amie ! »

Je tourne mon regard vers elle pour l’une des premières fois. Je ne veux pas lui cacher ce que je ressens, j’ai besoin de lui dire même si elle ne veut pas l’entendre.

« A mes yeux, tu es toujours mon amie et je veux prendre soin de toi ! Mais, imagines que ce soit le contraire, que tu sois mon amie mais sorcière ! Tu aurais aimé que je te tourne le dos pour me battre contre toi en rejoignant les créatures magiques ! Je ne veux pas rester dans mon cocon mais j’ai autant d’amis sorciers que créatures magiques et je refuse de choisir entre eux ! Est-ce que tu pourras un jour me pardonner de ne pas vouloir choisir entre tous ceux à qui je tiens ? »

C’était hors de question pour moi de choisir entre un ami ou l’autre. J’avais déjà perdu aussi des amis sorciers qui ne comprenaient pas mon entêtement d’aider les créatures magiques. Mais je préférais les perdre en tant qu’amis mais qu’ils gardent la vie sauve. Même si Simone m’en voulait, je préférais la savoir en vie et m’en vouloir que de la savoir morte à cause de mon choix…

Je regarde nos enfants jouer, ils ont l’air heureux et insouciant. Evidemment, ils sont bien au courant de toutes les guerres qui touchent le pays mais aucun d’eux n’a vraiment conscience de ce que cela implique vraiment. Je ne sais pas ce qu’il en est de Simone mais ma fille vit dans une espèce de bulle où elle n’est au courant que de peu de choses. Je devrais lui dire mais j’ai envie qu’elle ait une vie normale, qu’elle fasse sa jeunesse normalement. Par contre, j’étais à peu près certaine que la rousse à mes côtés n’était pas du genre à cacher à son fils ce qui se passait réellement sur l’île. En le regardant, j’imagine le sacré caractère qu’il doit avoir, à l’image de sa mère. Je n’imagine pas qu’elle l’élève sans le pousser à se défendre, elle était comme ça Simone, elle ne se laissait jamais faire. Elle l’avait trop souvent fait dans son passé et cela avait dû jouer sur le caractère qu’elle avait à présent. Je ne lui en voulais pas d’être fâchée contre moi bien que je trouvais cela un peu injuste. Elle ne voyait pas les choses de mon point de vue, elle ne voyait que le sien. Je comprenais qu’elle en avait bavé jusqu’à présent, qu’elle avait été humiliée et qu’elle pouvait détester les sorciers. Mais, ne voyait-elle pas que tous les sorciers n’étaient pas comme la famille qui l’avait torturée et violée ? C’était cela que j’essayais de lui faire comprendre en vain. J’avais beau l’avoir aidée et fais de mon mieux pour lui prouver que tous les sorciers n’étaient pas mauvais, si je ne prenais pas le parti des créatures magiques, j’étais comme les autres. C’est comme cela que je ressentais son rejet, elle rejetait le fait que j’étais une sorcière, il n’y avait pas d’autres mots, elle me rejetait par ma nature… Or, je prône depuis toujours pour l’ouverture et le mélange des genres, j’aimerais tant que l’on vive dans un monde où tous, sorciers et créatures magiques, vivent en parfaite harmonie. Evidemment, je sais que c’est une utopie mais je reste persuadée qu’il est possible de créer une entente et une paix entre nos deux clans… Aujourd’hui, je cherche à trouver une solution pour qu’un armistice soit signé et que l’on remette les choses à leur place. Une démocratie où siègerait des sorciers et des créatures magiques et non plus, une seule famille de sorciers mais plusieurs… J’en ai encore parlé à mon père récemment et il semble de plus en plus ouvert à cette idée. Le fait que je sois mariée à un Kane l’aide à relativiser ainsi que de plus en plus de créatures magiques se révèlent au monde…

« Oui il est heureux et je fais tout pour qu’il le reste. C’est un être libre sans attachement magique à qui que ce soit. »

Là encore, je sens un petit sous-entendu mais je laisse courir, je sais ce qu’elle a enduré et je ne peux pas, encore une fois, lui en vouloir de penser de la sorte. C’est son histoire qui fait qu’elle est aujourd’hui aussi fermée à la discussion mais au fond de moi, il est clair que j’espère qu’elle changera d’avis.

« Ta fille a déclenché ses pouvoirs ? »

Me demande-t-elle par la suite. Mon regard se tourne vers elle, je suis intriguée par sa question, elle n’est pas anodine, je la connais assez pour le savoir. Mais que cherche-t-elle à savoir ? Je fronce des sourcils tout en lui demandant :

« Elle commence à les développer, pourquoi ? »

Je lui demande, légèrement méfiante. Si je lui dis effectivement qu’elle me manque, Simone me fait peur avec sa question. Et mon instinct maternel vient de se réveiller, je suis prête à beaucoup pour protéger ma petite fille tout comme ma famille. Si Maël fait partie des Kane, il n’est pour moi pas l’un des membres de cette famille. Il est bien différent de son père et de certains membres de cette famille. Heureusement, il existe encore des gens de cette famille très bons, notamment mon Maël et sa sœur, Jill, une amie très chère à mon cœur, qui nous a toujours soutenus, mon mari et moi. Je vois bien qu’elle ne veut pas m’entendre, qu’elle ne veut rien savoir du fait qu’elle m’a manqué. Elle a quelque chose qui la tracasse, quelque chose qu’elle a sur le cœur qu’elle ne me dit pas et que je ne sais pas encore… J’aimerais tant qu’on arrive à percer cet abcès…

« Je ne me battrais pas contre toi, car tu étais mon amie. J’aurais compris ton choix. Je ne suis pas un monstre. Je veux juste que les créatures vivent en paix. Que mon fils vive dans un monde où il peut vivre sa vie. Je veux que Gaêl paie pour ce qu’il m’a fait. »

Elle regarde au loin, elle ne veut pas me regarder… Je ne veux pas la brusquer et je la laisse fixer ce point au loin, je veux que les choses s’arrangent mais en douceur, cela ne sert à rien de brusquer les choses. Nous sommes de vraies amies, j’en suis persuadée et je suis sûre que les choses peuvent s’arranger entre nous, avec le temps.

« Moi aussi tu sais que je tiens plus que tout à ce que tout le monde vive en paix ! Mon plus grand rêve est de voir toute l’île vivre dans un monde sans guerre ! Que nos enfants puissent vivre sans avoir à regarder derrière lui ! Que ce soit lui ou ma fille, pour moi, l’enjeu est le même, je veux que nos enfants soient en paix ! Tu imagines s’ils devenaient des amis, ce serait magnifique ! Quant à Gaël, tu sais bien que je suis la première à vouloir qu’il paie pour tout ce qu’il a fait ! Je n’espère que cela et j’œuvre tous les jours pour que les choses changent ! Même si je ne me bats pas à vos côtés, je me bats avec les mots pour faire avancer les choses ! »

Dis-je simplement, les larmes aux bords des yeux. Je suis sincèrement touchée par tout cela même si j’essaie d’être forte. Je dois l’être pour ma famille et si je ne me bats pas sur le champ de bataille avec mes amis, ce n’est que pour protéger tous ceux que j’aime, à commencer par ma fille et mon mari… Alors, je me bats avec ce que je sais le mieux faire, la parole…. Puis, Simone reprend la parole et dit :

« Je n’oublierais jamais ce que tu as fait pour moi. Mais cela m’a fait mal que tu ne me soutiennes pas. Que ton père ne libère pas Jackson de sa captivité, même si je n’avais plus de sentiment pour lui. »

Ce qu’elle me dit me touche, on touche enfin le nœud du problème… Elle croit que je n’ai rien fait pour Jackson, l’amoureux fou de ma sœur Dulce… Evidemment qu’elle avait voulu qu’il soit libéré et il l’était. Aux yeux de tous les Wells, Jackson était libre et il avait même fini par sortir avec sa petite sœur. Aujourd’hui, ils étaient en couple et heureux, Jack faisant pleinement partie de la famille.

« Je t’ai toujours soutenue et Jackson n’est plus un esclave aujourd’hui ! Je l’ai toujours défendu et j’ai toujours refusé de voir les créatures magiques comme des esclaves ! Depuis que je suis toute petite, je fais tout moi-même parce que j’ai toujours estimé que les créatures magiques étaient mes égaux ! Et j’ai longtemps cherché à convaincre ma famille de faire comme moi ! Au final, je n’ai pas su changer complètement leur mentalité mais aujourd’hui, nous n’avons plus de serviteurs au manoir ! D’accord, ça s’est fait petit à petit mais ça a fini par payer ! Qu’aurais-je dû faire de plus pour te soutenir ? »

Je n’avais pas élevé la voix. Juste, je lui donnais mon point de vue, ce qui s’était passé. Il fallait qu’elle l’entende, même si elle ne le voulait pas. Je sentais qu’on avançait et que je pouvais lui dire. Alors que je finissais ma phrase, on entendit un gros boom près de la plaine de jeux… De la fumée se dégagea et je vis nos enfants disparaître à travers la fumée. Ni une ni deux, je me mis à courir pour aller les rechercher, tous les deux…Quand j’arrivais, les deux enfants toussaient et criaient après nous mais ils étaient encore là et sain et sauf… Je les éloignais de la fumée et des flammes qui s’élevaient de plus en plus hautes… C’est alors que je vis des silhouettes s’approcher de nous…

« Nous ne sommes pas seules ! Il faut les mettre à l’abri, tu connais un endroit ? »

Lui demandais-je, sur un ton précipité….