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LE TEMPS D'UN RP

Tous ceux qui errent ne sont pas perdus. [PV Lulu] [+18]

Ezvana
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Ezvana
Mar 12 Sep - 20:00

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Visage aussi lisse que de la porcelaine, aucun tic ne venant agiter une joue ou plisser la bouche d'un rictus amer. Jamais il ne cède à baisser son regard et croiser celui de la fée, comme une tentation a laquelle il ne pouvait pas céder. Car il sentait le poids de ces belles prunelles dorées sur lui, glisser sur lui une supplication muette comme un avertissement d'un hurlement silencieux.
Un battement de cil pour faire disparaître cette sensation de cœur qui se serre, ce palpitant mit à rude épreuve alors qu'un frisson glisse sur sa colonne vertébrale. Oui, il sentait la honte lui hérisser le poil. La culpabilité lui glissant au fond de la gorge en une bile amer.
On ne peut plus me sauver. Mais pour toi, on peut essayer.

Un masque de fer parfaitement ajuster dont la maîtrise revient à des années d'entrainement. Pour des contrats il a dû se montrer conciliant, docile. A courber l'échine tandis que le fouet mortifier sa peau et que son égo, lui, hurlait de rage. On lui a demandé de devenir une machine sexuelle à donner son corps pour des soirées orgiaques qui ne sont que des rumeurs courantes dans le bas-fond du désir. Une arme de guerre lâchée sur des cibles, parfois des faibles. Souvent, il avait pleuré quand il était isolé, geignant sur son sort et sur celui de ces victimes, perles traitresses qui dévalaient ses joues et essuyaient d'une main rageuse. Comment le monde a-t-il pu devenir aussi fou ? Non, c'était juste qu'avant ce n'était pas dans ses environnements. Cela à toujours exister, pendant les guerres de son vécut d'humain il a vu les atrocités qui marquent les esprits et fait tourner les âmes dans l'abîme. Aujourd'hui c'était juste différent. Toutes les créatures étaient ciblées.

Maintenant il n'arrivait plus à pleurer. A croire que son cœur était devenu sec, que son esprit se laissait corrompre par tout ce qu'il a pu faire. Le Loup était tout simplement épuisé, incapable de se laisser aller, dans un contrôle permanent pour ne jamais craquer.
Être solide. Comme un roc. Pas parce qu'il était viril ou autre suggestion stupide. Seulement parce qu'il était seul et que personne ne serait là pour l'aider à se relever si le deuxième genou tombait à terre.

Parfum de la peur, acide, qui flotte dans l'air et se dépose sur sa langue. Et quand la menace tombe, Méléän serre les crocs. A peine une respiration plus marquée, à peine un frémissement pour faire trembler son large thorax. Tout à l'heure il avait perdu le contrôle comme une furie de la nature à qui on a laissé sa nature sauvage s'exprimer. Maintenant il devait être le militaire inflexible. Ne pas laisser le Loup s'exprimer et le mettre derrière une cage qu'il ronge de ces crocs enduits de salive.

Prendre le papier qu'on lui tendait et ses yeux bruns se rivent dans ceux du propriétaire des lieux.

- Je ne changerais pas « quiconque ». Comprenez bien, il peut y avoir d'autres gardes qui maltraitent vos employés ou des personnes malintentionnées qui entrent par effraction. Je dois pouvoir agir en toute circonstance sans être jugé ou tenu responsable. Mon but étant de prendre soin de vos protégés.

Modifier la tonalité de sa voix, essayer de retirer le rauque de cette gorge serrée. Il avait parfaitement compris le sous-entendu et c'était spécifiquement ce qu'il avait ciblé. Tout le monde devait être inclus, ainsi s'il voyait ce Wraith s'attaquer à un employé il pourrait agir en toute légalité. En cet instant il rêvait de pouvoir briser les poignets de cette raclure juste pour voir la douleur se lire sur son visage luisant de perfidie et qu'il ne puisse plus toucher la peau caramel de Pansy.

- Et si j'apprends que vous avez modifié mon contrat derrière mon dos je me réserve le droit de répondre. J'ai une réputation à tenir.

Maintenir le regard suffisamment longtemps pour se faire comprendre. Image d'un Loup qui déplie les dents et gronde tout en gardant une apparence humaine. Qu'il pense maintenir une muselière. Il n'aurait aucun mal à mordre la main qui le nourrit.

- Je prendrais une chambre ici, le temps que vous versiez mon premier salaire. Et je gérerais les clients un peu trop aventureux.

Saisir l'opportunité de se retrouver dans le même lieu que la Nymphe. Il ne comprenait pas pourquoi il n'y avait pas une sécurité mise en place pour éviter toute agression des alcoolisés dans les parties, cela le mettait en colère. C'était un manque cruel de considération pour ceux qui faisaient marcher la boîte de nuit. Mais il ferait de son mieux pour agir et sécuriser tous les autres employés. Les heures seraient longues, le travail harassant. Les nerfs prêts à craquer, à fleur de peau, mais c'était ça ou courir après un autre contrat.

- Pour le cadavre, mettez-le dans une benne, à l'arrière. Quelqu'un va venir le récupérer à la fermeture de l'établissement. Mr Skart n'aura jamais existé.

Finir le travail correctement. Efficace comme une lame parfaitement aiguisée.

- Pansy va me guider pour me présenter les lieux. Cette soirée fut asse mouvementée pour elle et il faut la préserver pour qu'elle soit efficace n'est-ce pas ?

Les yeux se détournent de l'homme, se braque sur la femme. Un mouvement de menton.
On y va. Maintenant.
Ne pas laisser le temps à Wraith de réagir ou même à la fée de réfléchir. C'était lui qui prenait les rênes d'une poigne de fer.

Un bras derrière le dos sans la toucher pour la pousser à avancer et se départir de la peur qui l'engluait et suintait de sa peau. Être un support pour la fée, qu'elle se repose sur ses épaules pour fuir le piège tendu par son patron. S'il devait y avoir des conséquences c'était lui qui en prenait la responsabilité.
Et déjà ils sont dans le couloir, ils avancent et esquive la présence de Wraith. Pour cette fin de soirée, ils vont pouvoir respirer, gonfler leurs poumons pour la première fois depuis plusieurs minutes.

- Je vais devoir changer de haut. Avez-vous un stock quelque part ?

Tee-shirt auréolé de taches sanguines devenus sombres après coagulation. Cela lui piquait le nez, le rendait inconfortable et lui donnait envie de se frotter la peau jusqu'à la faire rougir. Détourner son visage comme s'il voulait fuir une image qui le tourmente. Il voulait s'excuser pour son comportement sans savoir comment le formuler. Certainement qu'elle ne voudrait plus l'écouter, que sa présence le dérange. Peut être même qu'elle le déteste en cet instant.
Étrange comme cela pouvait l'atteindre. Mais si c'était le prix à payer, il ferait amende honorable. Il lui laisserait de l'espace, de quoi étendre ses ailes pendant un instant, juste de quoi se préparer à cette traversée au-dessus du vide tels les funambules qu'ils étaient tous dans cet établissement. Une lutte perpétuelle pour la survie, à danser au-dessus de l'abîme sans connaître la durée de la chute.

- Montrez-moi ma chambre et vous serez libre de partir. Je ne veux pas vous retenir de force.

Lulu
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Lulu
Mer 13 Sep - 20:49

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
PANSY'S POV. Consumé dans l'orgueil, Wraith avait osé rêver qu'il pourrait soumettre le loup, pareil à un cabot qu'on assujettit. La muselière lui fila entre les doigts, et faillit être réduite en haillons par la volonté de sa nouvelle acquisition. Nul démon malveillant ne serait désormais à l'abri de la morsure lupine, quels que fussent ses offrandes. Face à l’obstination de la bête, le spectre serra sa mâchoire, discrètement, mais sa volonté demeurait inébranlable. Alors, dissimulé derrière un sourire envoûtant, Wraith simula la soumission à l'impérieuse volonté du Cerbère. Il n'était pas le seul à vouloir protéger sa réputation, et le spectre était prêt à dévorer celle de la créature pour préserver la sienne. Il suffisait de contempler les ruines de la renommée de la fée, et les lambeaux des autres âmes naufragées, pour comprendre que son prestige reposait sur un amas fumant aux relents putrides d'honneurs sacrifiés. L'Ombre clôtura la transaction avec une habileté sans pareille, puis s'évapora promptement, emportant avec elle sa protégée.

Malheureusement, la peur ne quitta pas la peau de la fée, elle s'y accrochait telle une puce avide du sang de sa victime. Les tourments qui émanaient du choix fatal de l'Ombre étaient savoureux et nombreux, au point que même la brise fraîche qui caressait les couloirs du Nymphéa, ne sut les dissiper. Néanmoins, en dépit de son être dépourvu de toute aura effroyable, la fée embrassait une résolution farouche, celle de vaincre les créatures monstrueuses qui oseraient s’attaquer à ce loup. Sa silhouette ténue et évidée, n’hésiterait pas à se dresser face à l’Hydre, aux babines couvertes du sang de toutes ces âmes qu’elle avait échoué à sauver.
Non, pas une de plus.

Le guerrier ensanglanté, qui parvenait à préserver l'intimité de la fille d'Hérodiade, exprima son désir de se défaire de son vêtement souillé. La jeune fée s’extirpa aussitôt de ses songes agités pour effleurer avec douceur cette mine qui tentait de lui échapper. La honte semblait perler sur ses traits, tout comme le cruor du vampire perlait sur son haut maculé. Son cœur se serra douloureusement face à cette vision qui l'attristait profondément, et qu'elle n’arrivait pas à comprendre. La honte ne hantait pas le bon visage. Le désir de le questionner sur son malaise, afin de le soulager, s’empara d’elle soudainement. Cependant, elle se trouvait déconcertée quant à la manière d'aborder la question sans froisser cette précieuse âme. Pansy, consciente de sa maladresse potentielle en explorant ces abysses émotionnels, choisit donc la prudence, soucieuse de ne pas briser ce lien encore fragile qui commençait à s'établir entre eux.

— « J'en ai sans doute quelques-uns à votre taille… » confia-t-elle, « Nombreux sont ceux qui quittent le Nymphéa en laissant derrière eux certaines de leurs possessions », ajouta-t-elle, confidence soufflée à celui qui allait sûrement pourrir à ses côtés dans les entrailles de cet enfer.

Privée de l'autorisation de quitter cette prison enchanteresse pour renouveler sa garde-robe, Pansy avait pris l'habitude de fouiller les chambres des envolés à la recherche des vêtements laissés à l'abandon. C'est ainsi qu'elle avait amassé une collection d'habits de tailles variées, qu'elle n'hésitait pas à offrir aux nouveaux arrivants pour les dépanner en attendant qu'ils puissent acquérir leurs propres parures.

La honte tenait le cœur du loup en otage, comme une ronce de chagrin qui s’enroulait autour de l'esprit de l’admirable, le convainquant que sa présence était un fardeau pour la jeune fée. Celle-ci, affichant un air surpris, ressentit la douleur érafler son cœur déjà meurtri. Tu te trompes, chuchota la petite danseuse, et sa nouvelle empathie pour cette âme la poussa à oraliser ce cri du cœur.

— « Curieusement, votre présence m'inspire plutôt un sentiment de liberté. »

Ce n'était pas en se laissant dépérir seule dans sa chambre qu'elle pouvait goûter à la liberté. Jamais elle n'avait pu la toucher dans cet espace confiné, même si elle avait tenté de le décorer de couleurs naturelles pour se créer l'illusion. Aucun lierre ne pourrait briser les barreaux de sa cage, aucune plante en plastique ne pourrait lui procurer la sensation authentique de se lover à nouveau dans une forêt mirifique. Alors que lui… De sa peau émanait cette fragrance terreuse tant désirée, et en sa nature, vivait l'essence même de la liberté. C’était plutôt elle qui pourrait le retenir de force.

— « Alors, si vous le désirez, après vous avoir donné de quoi vous changer et après vous avoir présenté votre chambre, je peux vous… » s’activer les méninges pour vite trouver une combine qui lui permettrait de maintenir la colombe auprès d’elle.  «… vous présenter les lieux. »

L'aider à apprivoiser sa prison. Les lèvres de la nymphe s'arquèrent légèrement, exprimant des doutes quant à la nature alléchante de cette proposition. Pansy se lançait sur le fil tendu de la sociabilisation avec la grâce incertaine d'une estropiée. Elle n'avait jamais su convier qui que ce soit à partager son intimité autrement qu'en exhibant ses courbes vénustées. Tisser des liens avec autrui avait toujours été une entreprise ardue pour la captive, et l'ambiance empoisonnée du Nymphéa rendait la tâche encore plus difficile. Dans cet endroit maudit, personne ne restait bien longtemps, et les rares connexions qui se créaient entre les naufragés étaient tissées par des sursauts de survie. Ils s'entouraient des individus les plus utiles pour prospérer ou, à l'inverse, cherchaient à saboter certains pour mieux s’en sortir. Pansy avait été spectatrice de nombreux drames et scandales, des leçons cruelles qui lui avaient appris qu'une âme désespérée pouvait être aussi dangereuse qu'un prédateur affamé.

Le laissant méditer sur sa réponse, leurs pas les guidèrent vers le deuxième étage, réservé aux quartiers du personnel. Le couloir était un espace à la fois restreint et exigu, les murs revêtus de légers rideaux aux teintes chaleureuses. Seules quatre chambres étaient présentes, toutes verrouillées par de massives portes en bois. Pansy effleura délicatement la longue natte qui ornait sa chevelure, dissimulant en son sein une minuscule clé, précieuse sésame pour ses quartiers privés. Inutile de préciser que cette clé ne pouvait être cachée parmi ses sous-vêtements, tant ils étaient souvent explorés par des mains intrusives.

Le cliquetis des clés résonna, et Pansy ouvrit la porte avec délicatesse. Une bouffée d'air frais caressa son visage, tandis qu'une fragrance enchanteresse caressa ses sens. Des notes fruitées se mêlaient à des arômes boisés, le tout relevé d'une touche florale. La chambre baignait dans une lueur ambrée, des lanternes diffusant une douce lumière. Face à eux, un lit moelleux trônait, entouré de coussins aux couleurs chatoyantes. Des voilages diaphanes, brodés d'or et de perles, encadraient ce cocon douillet. Des plantes luxuriantes, des calatheas, des fleurs de lune, ou encore des pothos, semblaient prendre vie dans cette forêt miniature qui  resplendissait dans chaque coin de la pièce. Leurs racines dansaient vers le plafond, tandis que des jasmins étoilés s'épanouissaient dans cet écrin de verdure. L’illusion d’une nature idyllique, qui n’était rien de qu’un vulgaire amas de polymères. Sur une antique commode en bois, des fruits luisants et des baies juteuses s'entassaient dans des corbeilles tressées, côtoyant des carnets aux couvertures usées. Cette chambre était le fruit de longues années de fouilles et de découvertes, une mosaïque d'objets abandonnés par leur ancien propriétaire, que la fée s’était empressée de recueillir pour créer son propre oasis. Les doigts graciles de Pansy glissèrent sur les rosaces de la commode, en extrayant avec précaution un pile de vêtements soigneusement pliés. Elle la tendit à l'Ombre, un sourire timide effleurant ses lèvres.

— « Et voici pour vous, espérant qu'ils vous conviennent », souffla-t-elle avec douceur. Puis, sa main se glissa vers un petit compartiment, et elle y attrapa une clé. « C'est la clé de votre chambre, juste à côté. Elle a été récemment nettoyée. Si un élément manque ou ne vous convient pas, n'hésitez pas à me le signaler. »

Après s'être glissée dans le rôle d'infirmière improvisée, la fée se tenait maintenant prête à endosser celui de gouvernante. Son cœur, autrefois isolé dans la froideur du Nymphéa, s'ouvrait peu à peu à la possibilité de prendre soin du damné.
Ezvana
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Sam 16 Sep - 19:33

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Un feu follet qui dansait dans les couloirs, les sources de lumières accrochant une mèche d'encre, l'arc d'une pommette saillante ou encore la délicatesse d'une pointe d'aile. Mouvement gracieux que ses pas foulant le sol des damnés, de ces voilages presque brumeux qui révèlent des courbes de Néréide.

Douceur infinie quand elle se rapproche de lui, qu'elle lui confie à demi-mot que les âmes se perdaient ici puis repartaient tout en lui confirmant la présence d'une potentielle garde-robe. Pourtant le Loup esquive le moindre toucher en reposant son poids sur l'autre jambe, en regardant ailleurs comme si quelque chose avait pu l'attirer, autre que cette incroyable créature face à lui. C'était discret, presque imperceptible, mais il savait pertinemment qu'elle capterait les signaux parce qu'elle pouvait les comprendre. Quand on ne devient plus qu'un objet soumis aux désirs et pulsions des autres, on perd son identité, on s'étiole peu à peu jusqu'à devenir une Ombre.
Un demi sourire, amer.

Seul depuis tellement longtemps qu'il ne connait plus la douceur et la tendresse. Il n'était qu'une enveloppe écorchée par la rudesse de la vie et cela l'effrayait d'être ainsi approché par une créature qui semblait doué d'une sensibilité accrue. Quel était la profondeur du vide insondable qu'il avait en lui ? Depuis longtemps il était tombé tout en bas, la vase s'accrochant à ses membres pour le garder prisonniers. Parfois il a tenté de remonter les parois abruptes, à s'érafler les mains en essayant d'apercevoir la lumière au loin. Des rencontres qui ont chassé les lamentations des banshees pour un temps, mais qui au final qui sont tous partis. Évaporé, disparut, décédé. Pour finir il était toujours retombé, chaque chute plus difficile que la précédente.

Ne pas vouloir que cette femme puisse percevoir ce qu'il était réellement, qu'une créature du crépuscule qui a tout abandonné pour se perdre dans les bas-fonds des villes et des forêts. Ne pas vouloir noircir cet éclat léger qui était si rare dans leur monde comme une précieuse flamme que l'on préserve des intempéries.

Un sentiment de liberté ?
Le géant frémit, semble chanceler avant de se ressaisir par réflexe pour sauver les apparences. La respiration est coupée et l'émotion lui noue à nouveau la gorge d'un collier beaucoup trop serré qui l'étouffe. L'envie de griffer les murs pour se raccrocher au réel et ne pas trembler sous l'émotion, faire taire ce geignement qui ne filtre pas entre ses lippes.
Saigner de l'intérieur sans dévoiler la souffrance que de telle parole pouvait laisser sur son passage.

Se reprendre. Se mordre l'intérieur des joues. Il ne pouvait pas se laisser aller au sentimentalisme. Méléän hoche simplement la tête en acquiesçant pour la proposition de la femme, incapable d'ouvrir la bouche pour lui adresser la parole. Il aurait été incapable d'articuler un mot, seulement un son rauque et rocailleux pouvait sortir de sa large poitrine.

Alors, il la suit sans rien dire, monte à l'étage en observant les lieux. L'impression d'être trop large pour un couloir aussi étroit, comme être dans une cage trop petite pour lui. Faire taire cette sensation d'oppression et rester devant l'entrée de cette chambre qui n'était pas la sienne. Ne pas vouloir violer l'intimité de la fée et de respecter son territoire.
Le visage ce tend vers l'avant, les narines frémissent alors qu'il prend de longues inspirations pour identifier la moindre odeur provenant de ce lieu comme une carte mentale qui lui permettait de reconnaître des lieux, des émotions, des secrets. La chambre est chargée en détail, ambiance orientale avec des couleurs chaudes qui flattent la rétine, un ensemble de petites chose qui tissaient ensemble forme une toile aux reflets d'or.

Le regard brun se pose sur ce grand lit qui semble promettre plaisir et décadence par ses draps lourds et annonciateurs de fantasme d'Eros. Frémissement qui dévale son échine alors qu'il aurait aimé s'en approcher, de porter les draps sur son nez, s'y glisser pour en capter la moindre note parfumée.

Se reprendre en se raclant la gorge. La remercier en prenant les vêtements et la clé. Se diriger vers sa chambre qu'il ouvre en inspectant les lieux. Curieusement il y avait de l'espace et la lumière jouait sur les mosaïques de couleur chatoyante sur le mur. Des tonalités de bleue et vert habillait l'espace, des dorures ornant le pourtour d'un très grand lit aux multiples coussins aux couleurs de l'arc-en-ciel, un miroir aux arabesques fantasmagorique qui représente des animaux et des fruits. L'ensemble donné l'impression d'être dans un endroit luxueux, un hôtel particulier qui promettait des nuits torrides ou reposantes.

Pourtant, le Loup remarque le détail qui ne trompait pas, la fenêtre était petite, en hauteur. Impossible de pouvoir s'échapper par là.
S'avancer dans l'espace qui n'était pas vraiment le sien. Il vient effleurer une commode, réajuster l'angle du miroir. Esquiver le lit comme s'il voulait fuir la réalité de cet endroit, juste y jeter son manteau de cuir brun. Plutôt se diriger vers la salle d'eau attenante où il ferme la porte pour se préserver du regard de la fée si elle désirait entrer. Elle n'avait fait que découvrir une petite parcelle de se passer graver dans sa chair et il n'aimait pas que l'on puisse imaginer des scénarios. Comme si les blessures étaient toujours ouvertes, à vif.

Retirer le haut avec une grimace alors qu'il tire sur les fils de son épaule. Face au miroir il inspecte le travail, touche les parties plus boursoufflées. Puis avec une serviette imbibée d'eau il vient se nettoyer le torse, retire les petites traces de sang encore collé à son épiderme, frotte et frotte encore, comme l'envie de se décaper pour retirer ce qui était dans l'air et se colle à lui. Pousser un soupir, poser ses mains sur le rebord du lavabo pour ne pas chuter alors que sa tête tourne, qu'il se met à trembler. La jointure de ses phalanges blanchisse et quand il se voit dans le miroir, les pupilles sont dilatés et les traits tirés. Le contre-coup de cette prison qui l'entourait, de la réalisation de ce qui était en train de se passer. La barbarie de son meurtre restait imprimée dans son esprit, ce contrat signé en se jetant lui-même dans la cage. Souffler, longuement. Vider ses poumons jusqu'à en avoir mal, jusqu'à ce que sa veine batte à sa tempe et que sa peau rougisse. Et quand il semble sur le point de suffoquer il respire à nouveau. Maîtriser les battements de son cœur. Reprendre ses esprits avec la violence d'un coup de poing sur le menton, se redresser et essayer de trouver un tee-shirt à sa taille. Il y en a un blanc qui semble vouloir fusionner avec son corps, mais l'un des seuls qui est asse grand. L'autre, ample, lui servira de haut de pyjama. Retirer le long coutelas de son étui pour le rincer, venir le récurer pour en retirer chaque grain de saleté avec minutie.

Quand il a terminé il ouvre la porte, jette un nouveau coup d'œil à la pièce. C'était bien plus chaleureux que la plupart de ces trous il dormait parfois quelques nuits avant d'en chercher un autre. Traîner de squat en squat qui ont une ambiance austère, ou les détritus cohabitaient avec des fantômes. Méléän avait réussi à trouver un petit appartement ou loger pour quelque temps, récompense d'un contrat bien réalisé. Mais il n'y avait aucune décoration, aucune âme. A quoi bon alors qu'il était seul et toujours en train de courir dans les rues ?

- Je pensais qu'il y aurait plus de pensionnaire ici.

Réflexion dite à voix haute. Il s'attendait à ce que presque toutes les âmes perdues de ce lieu se retrouvent dans le même endroit, enfermé dans une prison dorée. Mais visiblement, Pansy était particulière, un trésor que l'on gardait jalousement. Cela l'attriste, forme un pli sur son front.

- Je tenais à vous remercier pour votre accueil.

Chercher son regard pour plonger dans cet océan d'or en fusion. Et naturellement un vrai sourire vient s'étire sur ses lèvres boudeuses qui dérident son visage d'ordinaire si soucieux. Un peu de candeur dans ce monde était un baume sur le cœur.

- Vous me présentez la suite ?

La tête se penche sur le côté alors qu'il la dévore du regard, son sourire plissant ses yeux en amande.
Si elle pouvait lui être agréable, il le pouvait également.


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Lulu
Lun 18 Sep - 0:13

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.  

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
PANSY'S POV. La frêle silhouette de la fée n'avait osé franchir le seuil de la tanière du loup, soucieuse de ne pas imprégner de son parfum cet endroit désormais inextricablement sien. Le corps massif occupait tout l'espace, engloutissant les maigres rayons de lumière qui parvenaient à s'infiltrer par la minuscule lucarne. Là, dans cet endroit lugubre et oppressant, l'ombre de ce corps pesait comme une sentence implacable, une démonstration cruelle d’une captivité nouvelle à laquelle la fée était forcée d’assister. Cette vision déchirante lacéra son cœur, et dans un souffle d’agonie, celui-ci lui murmura :
Regarde ce que tu lui as fait.
Et le poison de la culpabilité lui ravagea la poitrine, dévorant ce qui subsistait de son estime, scellant ainsi la chute de la créature autrefois pure et parfaite qu'elle avait été.
Tu n’es peut-être pas celle qui l’a enfermée, mais tu es celle qui l’a appâtée jusqu’à la géôle.
Le palpitant, exténué et blessé, persistait à gronder de fureur, prêt à exploser pour anéantir le monstre qui le détenait. Comment pourrait-elle donc ourdir pour lui un cocon de douceur dans cet enfer ? Les griffes acérées des démons continueraient de le déchirer sans relâche et les flammes inextinguibles le consumeraient jusqu'à ne laisser que des cendres. N'était-elle pas en train de perpétuer ce que Wraith lui faisait endurer ? Le réduire à un trésor, l'emprisonner pour l'astreindre à éloigner les ombres de son sinistre quotidien. Le dégoût se mélangea à la culpabilité, irradiant la gorge de la bête qui refusa de le rincer pour apaiser ces acidités.

La voix du damné, tel un écho lointain, jaillit soudainement, arrachant la conscience de la fée de ce feu intérieur qui la consumait. Ses prunelles, d'abord vides comme des gouffres, agitèrent leurs ailes ciliaires dans le vide, cherchant à se réancrer, ne serait-ce qu'un instant, dans la réalité palpable. Paroles qui trahissent une constatation amère sur la solitude qui enserrait cette mécréante, telle une malédiction dont la créature sociale souffrait depuis des années... Peut-être même des siècles ? Son esprit était embué, dénué de repères temporels, car on l'avait arrachée aux forêts verdoyantes à une époque où le temps n'était encore qu'une notion abstraite.

— « Cet endroit n'est pas propice au bien-être du personnel. Tout d'abord, car la grande majorité a une vie au-delà de ces murs, ensuite, car le calme y est rare, et enfin, le plus grand des inconvénients... c’est la sécurité insuffisante. »

Ses doigts délicats frôlèrent avec douceur la serrure endommagée de la porte, illustrant ses propos de manière éloquente. Quelques stigmates d'effractions persistaient, leur présence était d’autant plus flagrante sur celle menant à la chambre de la nommée Pansy. Nombreux étaient ceux qui avaient osé braver les limites de son intimité, et il ne fallait pas plonger dans les affres du détail pour deviner qu'à force de saper ces remparts fragiles, quelques-uns avaient réussi à pénétrer son sanctuaire intime.

— « Gardez votre couteau à proximité lorsque vous dormez. »

Conseil d'une proie à une autre, même si elle n'avait jamais eu la vigueur d'user du sien pour lacérer les chairs de ses agresseurs.
À l'instant où des remerciements franchirent les lèvres de l'Ombre, elle sentit à nouveau son cœur hurler de douleur. Ses ongles, qui avaient labouré la surface érodée de la porte, s'enfoncèrent en elle jusqu'à blanchir entièrement. L'irrépressible envie de les enfoncer dans sa propre chair la saisit, mais elle parvint à refréner cette pulsion morbide en présence du loup qui veillait.

— « Ne me remerciez pas. »

Supplication d'une âme déchirée par le dégoût qu'elle nourrissait pour elle-même.
Ne m’aime pas. Haïs-moi.
Ici, elle l'avait accueilli pour le plonger dans l'abîme d'un meurtre atroce, une entreprise qui, loin de ne laisser qu'une simple cicatrice, avait entraîné sa propre captivité. Comment pouvait-il ressentir la moindre reconnaissance envers elle ? Leurs regards se rencontrèrent, et le cœur de la fée se comprima douloureusement. Toutefois, aucune larme ne perlait dans ses yeux, car la créature déchue qu'elle était devenue avait perdu la capacité d'exprimer les émotions les plus élémentaires. En revanche, lui, il lui offrit un sourire sincère et sublime. C'était comme si ses lèvres incarnaient le soleil lui-même, capable de consumer toutes les souffrances et de dissiper les ténèbres qui la menaçaient. Elle aurait souhaité graver ce sourire à jamais dans ses yeux, ne percevoir que cette étoile lorsque ses paupières se fermaient pour la plonger dans le monde des songes. C'était ce sourire qu'elle aurait aimé contempler. Ce soleil près duquel elle aurait aimé se blottir, apportant un peu de chaleur à son être avili. Cependant, elle n'était pas digne d'un tel trésor, et ses yeux n'étaient pas dignes de contempler une telle splendeur. Même si une part d'elle-même la suppliait de s'y réfugier, de le savourer.

Et l'Ombre accroît sa beauté en embrassant la suggestion que la petite fée lui avait soufflée avant d'être témoin de cette vision terrifiante. Une lueur d'admiration dansa dans ses prunelles, puis Pansy finit par se détacher de ce regard, pourtant si tendre pour son âme. Son regard se perdit dans les méandres du plancher, et ses mains s'entrelacèrent. Ses doigts menus jouèrent les uns avec les autres, tandis que sa gorge demeurait en proie à une brûlure persistante. Elle ne désirait pas devenir comme Wraith, ni ressembler à ces hommes qui lui avaient coupé les ailes.

— « De combien avez-vous besoin pour vivre ? »

Elle interrogea, dirigeant ses prunelles déterminées vers le loup. Pansy avait amassé des économies au fil des ans, voire des siècles. Jamais elle n'avait su que faire de cet argent, une monnaie qui s'était enfouie dans l'un des tiroirs de sa commode, pourrissant là sans but. S'acheter de nouveaux habits ? À quoi bon ? Elle ne connaissait que l'uniforme de labeur, une tenue que l'on revêtait par contrainte. De plus, la fée n'avait jamais éprouvé de plaisir à étouffer sa peau sous ces étoffes maudites. Acheter de la nourriture ? On lui offrait deux plateaux-repas par jour. Orner son logis ? Elle trouvait tout ce dont elle avait besoin en fouillant les affaires abandonnées ici et là. Acheter sa liberté ? L'argent n’était pas la raison de sa captivité. En revanche, l'Ombre semblait cruellement dépendre de ces pièces d'or pour survivre. Sinon, jamais elle n'aurait contracté cette alliance funeste avec le spectre.

— «  Je connais Wraith, il ne respectera pas vos termes. Vous êtes condamné à devenir son jouet, à pourrir ici, à agoniser lentement. Saisissez votre liberté avant qu'elle ne s'évapore complètement, prenez l'argent que je vous offre pour vous protéger de l'horreur qui vous attend. » souffle tremblotant, chahuté par les palpitations effrénées de son palpitant. « Et si ce n’est pas suffisant… Je vous trouverez plus d’argent, ce ne sont pas les opportunités qui me manquent. »

L'or, ce métal que son âme n'avait jamais convoité avec avidité, pouvait aisément s'écouler entre ses doigts si tel était son désir. Ces pièces brillantes, symboles d'une société qui se consommait elle-même dans l'avidité, ne l'avaient jamais séduite. À ses yeux, la véritable richesse s'incarnait dans la danse des feuilles au gré du vent, dans le chant mélodieux des oiseaux au crépuscule, dans la tendre caresse de la rosée du matin sur les pétales des fleurs et dans l'observation des créatures errant librement. Les trésors qu'elle chérissait étaient impérissables et insaisissables, bien loin de l'attrait vénéneux de l'or. Jamais n’avait-elle été aussi pauvre, qu’en ayant ses tiroirs remplis d’or.
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Ezvana
Mar 19 Sep - 4:41

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Les prunelles chaudes voient passer des expressions sur ce visage délicatement sculpté, il voit une tension soulignait une veine au niveau de sa gorge, cette façon de baisser la tête comme pour réfléchir. Instinctivement il se redresse, observe les alentours comme si des yeux invisibles étaient en train de les épier. Il plisse le nez à la recherche d'odeurs inconnues, essai d'identifier ce qui tourmentait la jeune femme. Un besoin pressant d'agir, cette image du Loup qui tourne sur lui-même en jappant d'inquiétude. Tel une éponge à émotion il sentait le mal-être de cette fée comme une marque au fer rouge gravé dans son cœur.
Et quand elle relève son visage, la douleur se lisait dans ses yeux beaux yeux dorés. Méléän ne comprit pas la question se contente de froncer des sourcils tandis que la belle souffle à nouveau une douleur.

Serrer la mâchoire, grincer des dents. Relever la tête et regarder le fond du couloir comme si sa propre colère pouvait pulvériser les murs de ce lieu maudit, fuyant le regard de la femme. Une rage sauvage étreint son palpitant qui se serre pour battre ensuite bien trop fort en une musique assourdissante çà ses tympans.
L'animal se contraint à respirer profondément, à chasser le pique qui s'enfonce entre ses côtes et lui fait mal, tel un poignard qui lentement mais surement s'approchait de son cœur. Comment s'exprimer en articulant ? Il n'avait pas l'habitude de la douceur, de la tendresse. C'était presque oublié, devenue une fumée qui depuis des lustres c'est évaporé dans un courant d'air. Sa vie n'était que rudesse et dureté. Sa façon de répondre, c'est dans la violence. Il était facile de réagir à une action, d'utiliser son corps tel une arme à disposition. Fuir les pensées intrusives qui polluent sont âme et le hantent à chaque nouvelle journée, courir tous les jours sans but précis.

De combien il avait besoin pour vivre ?
Jamais il ne serait assez riche pour fuir sa situation actuelle et pouvoir balayer son passé d'un retour de main. Jusqu'à l'éternité il sera poursuivi par la culpabilité et le remord, l'odeur putride des petites ruelles de quartier lui colleront toujours à la peau.
Bien des fois il a voulut tout balancer, garder sa forme lupine pour vivre dans la forêt, louvoyer entre les elfes et les meutes, à chasser sa nourriture de lui-même, a seulement profité du soleil caressant sa peau et de la lune qui l'appelle chaque mois. Mais sa conscience se serait perdue peu à peu, devenant la bête plutôt que lui. Et parfois, bien trop souvent, il pensait que c'était cela la délivrance. La vraie liberté. Plus le temps passe, plus son esprit se penche dans la mauvaise direction. L'oublie devait être rassurant non ? C'est un peu une mort douce.

Baisser la tête pour croiser son regard. Il avait l'impression de plonger dans un océan de doute où elle se débattait pour rester à la surface, les algues essayant de lui attraper les chevilles pour la maintenir vers le fond.
Parce qu'il sentait la détresse de Pansy. Non, son désespoir

- Je ne suis plus libre depuis longtemps.

N'essaie pas de sauver une âme damnée.
Un soupir, un souffle. Les yeux se plissent sous l'émotion et pourtant il n'énonçait qu'une vérité crue. Le Loup se reprend.

- Wraith ou un autre, cela revient au même. Je suis le pantin de ce type de personne depuis des décennies. Mais je sais me protéger, à ma manière.

La violence tourbillonne dans sans regard et il ne cherche pas à le cacher. C'était ce qu'il était, ce qu'il était devenu. Son âme était rongée par tous les malheurs par lequel il était passé. Il n'y avait rien de noble à faire ce qu'il faisait, bien loin de cette fierté qu'il garde à toujours garder un genou relevé. Jamais deux. Courber l'échine, se montrer conciliant. Mais à tout moment il pouvait ce rebeller. On a toujours voulu le mater, le mettre en laisse pour avoir l'impression de dompter une force de la nature. Et bien qu'il c'était toujours défait de ces emprises, de ses chaînes cliquetantes qui à jamais résonnera dans ses oreilles, il laissait peu à peu des parties de lui à chacun de ses ravisseurs, comme des griffes qui creusent encore et encore plus de cicatrices sur sa peau. Un jour il aura perdu l'envie de se battre et des menottes orneront ses poignets qui blesseront ses chairs.

- Jamais je ne prendrais votre argent. Jamais je ne profiterais de votre situation. Et si je devais prendre votre argent et partir, Wraith fera très vite le rapprochement puisque c'est vous qui me guidait. Il est hors de question qu'il puisse vous faire du mal par ma faute.

Il gronde presque, les dents serrées. Méléän savait que la fée ne pensait pas à mal, qu'elle ne voulait pas froisser son égo. Mais jamais il ne serait une de ces putains de raclures à profiter de son corps, jamais il ne la ferait couler pour que lui puisse remonter.
Si tu ne remontes pas vers la lumière, nous sombrerons ensemble.

- L'argent ne pourra jamais combler ce vide.

A nouveau il avait parlé à voix haute. Se flageller mentalement de cette phrase si sincère qui lui avait échappé. Galoper derrière l'argent avec véhémence, juste pour pouvoir s'offrir à un toit sur la tête, de quoi se nourrir, boire des verres pour se perdre dans l'alcool le temps d'une soirée. Rien à mettre de côté, aucun patrimoine à transmettre. A qui de toute façon ?

- Ne vous reprochez pas ma décision. C'est à moi qu'en reviens la responsabilité. Préservez votre cœur.

Je ne le mérite pas.

Baisser les yeux, honteux de sa pensée. Cacher les tréfonds chaud de ses yeux pour ne pas effrayer la douce créature face à lui. Ne pas vouloir couvrir la fée de ses malheurs, ne pas l'étouffer sous sa large carcasse secouée de spasmes. Les boulets de sa vie ne doivent être traînaient que par lui quitte à vivre éternellement dans la solitude pesante qui l'entoure en permanence.

- Montrez-moi les lieux. Que les yeux avides et les langues vipérines ne vous portent par défaut.

Une voix de velours pour la rassurer alors qu'il relève son visage vers elle avec un sourire en coin. Une tendresse particulière étreignait son cœur alors qu'il perçoit la bonté de cette âme face à lui. Elle n'avait pas à s'inquiéter ainsi pour lui, l'important c'était sa propre sécurité et éviter le moindre colportage des autres résidents du Nymphéa.
Chante petit oiseau en cage, tant que tu le peux.

Lulu
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Mer 20 Sep - 0:16

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
PANSY'S POV. La vérité implacable pénétra son être comme un poignard affûté, tranchant sa trachée avec une cruauté sans pareille. Sa gorge se contracta, la douleur s'intensifia, et ses espoirs se fracassèrent en mille éclats, condamnés à errer éternellement loin de l'autel de la liberté. Peu importaient ses efforts et ses rêves, ils n’avaient jamais compté. Pansy découvrit alors la raison profonde de son irrésistible attraction pour cette âme tourmentée et brisée. Elle aurait préféré rester fidèle à son premier ressenti : tous deux incarnaient l'idéal insaisissable de la liberté.
Elle était risible.
La danseuse, égarée dans l'illusion, fut emportée par des flots tumultueux qui brisèrent sa frêle carcasse contre les récifs cruels d'une réalité implacable. Elle avait, en réalité, découvert en lui un compagnon de détresse, un camarade de cellule, dont le cou portait les stigmates des chaînes qu'il traînait depuis de longues lunes. Au loin, les rires narquois des Parques se firent entendre, ces déesses du destin qui n'avaient jamais tissé un seul fil en sa faveur.

Ses prunelles, à nouveau, se baissèrent, fixant ses doigts qui s'entremêlaient anxieusement les uns aux autres, comme s'ils cherchaient désespérément à s'accrocher à quelque chose qui pourrait l’aider à ne pas se noyer. L'espoir désirait renaître de ses cendres, comme si une partie d’elle restait convaincue que seule la libération de l'Ombre enchaînée pouvait apporter tendresse et bonheur. Comment faire fleurir la joie dans ces terres stériles où elle n'avait jamais subsisté ? Pourtant, elle s’était tant efforcée à en semer les graines. Mais ici, seul le malheur et la souffrance perduraient, et elle-même n'était plus qu'un spectre du malheur et de la douleur. Pansy avait oublié les effets de l'amour, de la tendresse et des caresses. Douleur qui lui déchira soudainement le cœur.
Et peut-être en était-il de même pour le loup qui se dressait devant elle. Douleur qui s'amplifia, frôlant l’insupportable. Ses yeux, chargés de compassion et de peine, se levèrent vers lui, et rencontrèrent un océan d'or en fusion. Il savait comment se protéger, lui. Ses doigts délicats cessèrent de s'agiter dans le vide. Venait-elle de trouver enfin une lueur d'espoir pour s'élever des eaux tumultueuses qui la submergeaient ? Pas vraiment. Pansy respira, sans pour autant se sentir totalement sauvée de ces eaux agitées. Sa férocité, incontestable, était le fruit des maltraitances. Elle n'était en rien une manifestation de sa nature lupine, mais plutôt une contrainte imposée pour sa propre survie. Encore une fois, elle s’était trompée. Toutefois, cette tendance demeurait précieuse puisqu’elle pourrait le sauver.

La fée, éblouie par son propre altruisme, avait déployé son argent avec les meilleures intentions qui fussent. Elle avait toujours été une âme solitaire, n'ayant jamais connu la douceur d'une protection offerte par autrui. Lorsqu'il cracha ses mots avec une colère retenue, sa mine s'assombrit, et ses ailes délicates frémirent.  Elle avait simplement voulu tendre la main, mais désormais, elle percevait l'abyssale douleur qu'elle avait involontairement fait naître en lui. Son regard, empreint de tristesse et de compréhension, se posa sur l’Ombre meurtrie, implorant silencieusement son pardon. Pansy avait été maladroite, ne sachant comment appréhender une telle bienveillance tant elle n’y avait jamais été exposée. Ou au moins, plus depuis longtemps.

—  « Je suis désolée, ce… Ce n’était pas mon intention. » lui souffla-t-elle, d’une voix aussi douce que le souffle du vent.

Quand bien même aucune lueur de colère ne perçait dans l'âme du loup, ce constat ne fit qu'accentuer son désarroi. Pansy ressentait le besoin profond de présenter ses excuses avec une sincérité criante, d'une voix emplie d'humilité. Cette fois-ci, elle ne percevait aucune atteinte à son orgueil dans cette démarche. Il n'était pas tel ces monstres du passé, à qui elle avait dû jadis implorer le pardon. La pureté de son intention l'inspirait à rectifier ses propres erreurs, à apprendre de son malentendu pour épargner au cœur de celui-ci davantage de souffrance. Et non pas pour se soustraire à des maltraitances supplémentaires.

Plainte du cœur soufflé dans un soupir souffreteux celui d’une âme maudite par ce vide. Elle est reçue par une autre, qui sut reconnaître les traces du même abîme qui continuait de l’engloutir. Elle non plus, ne parvenait guère à trouver un réconfort au sein de ces lourdes pièces d'or. Elles ne venaient pas l'envelopper de leurs bras pour adoucir les tourments de ses cauchemars quotidiens. Aucun bouclier d'or ne se dressait pour la préserver des sévices de ce monde cruel. Les pièces demeuraient de marbre, insensibles à toute la tendresse que la petite fée avait à offrir.
Elles ne représentaient en rien une issue à son mal-être, au contraire. Son corps et son cœur n’avaient jamais autant souffert du froid que lorsqu'ils se trouvaient cernés par cette richesse étincelante. Chaque pièce d'or semblait refléter la solitude de son existence, une solitude bien plus insupportable que le poids de ses trésors, car ils étaient des compagnons silencieux et froids dans sa quête éperdue de chaleur corporelle et émotionnelle.
Je comprends ce que tu ressens, murmurèrent ses prunelles à l’âme en peine.

—  « Peut-être que… » hésitation qui lui enserra la gorge, hors de question de laisser gagner. « Nous trouverons une manière de réchauffer nos coeurs endoloris. » mâchoire qui se serra, prunelles qui tombèrent sur ses mains qui avaient cessé de s’entortiller entre elles.

Pansy, en son for intérieur, s'infligeait de cruelles tortures mentales, appréhendant d'errer encore dans les méandres de l'ineptie. Toutefois, elle entrevoyait comme une lueur fugace que peut-être, entre eux, s'établirait une connivence d'une essence plus vaste. Deux âmes lacérées, assoiffées de la douceur des étreintes, se reconnaissant en l'autre. Peut-être avait-elle, à l'excès, puisé à la source des romances sirupeuses, peut-être avait-elle, depuis l'ombre, trop guetté les gestes tendres des amants de passage au Nymphéa. Elle s'était ainsi abreuvée aux délices de la tendresse par procuration, consolant son âme avide, elle qui n'avait jamais goûté au fruit de la tendresse, toujours condamnée à languir dans l'attente vaine de cette délectation.
Tu ne peux pas prétendre à un tel luxe.
Nul ne se risquerait à s'éprendre d'un corps maintes fois profané, nul n'aurait l'endurance de l'accompagner dans la guérison, nul ne serait assez insensé pour pourrir à ses côtés dans ce lieu infâme. Au sein du Nymphéa, où pullulaient des poupées et des poupons immaculés, confiants, sublimes, qui donc consentirait à cajoler une vulgaire loque ?

Les paroles du loup résonnèrent comme un écho mélancolique dans le cœur de jeune fée. Elle perçut l'authenticité de ses mots empreints de douleur, et un sentiment d'empathie profonde l'envahit. Son regard doux et compatissant ne quitta pas le visage du loup, bien que ce dernier eût baissé les yeux, honteux de ses propres pensées. Pansy pouvait sentir la chaleur de sa tristesse à travers son regard, mais elle ne fut nullement effrayée par ce qu'elle percevait. Au contraire, elle sentit un désir profond de partager le fardeau qui pesait sur lui, de l'aider à alléger le poids de ses chaînes. Elle voulait lui ouvrir son cœur, et préserver le palpitant du loup comme il s’efforçait à préserver le sien.

—  « Non, vous n'avez pas à subir ça seul. » sinon, le Nymphéa l’abîmerait davantage. « Si vous souhaitez parler, je suis là pour vous écouter. Ce que vous vivrez ici et ce que vous avez vécu peut être un fardeau écrasant, mais il existe des épaules sur lesquelles vous pouvez déposer vos peines.  »

Parce que tu mérites de trouver un peu de paix.
Puis, voix douce qui lui caressa les tympans, et lui ôta quelques frissons savoureux. S'ils avaient été dans un lieu plus intime, la petite fée aurait pu ronronner sous leurs effets. Sans compter qu’un petit sourire réconfortant, réhaussa les lèvres du bienfaiteur. De nouveau, Pansy se nourrit de cette chaleur qui émanait de son visage, et il parvint à lui ôter un sourire qui souleva ses pommettes saillantes. Première fois qu’elle souriait, avant de s’aventurer dans les entrailles du Nymphéa.

—  « J’espère être un bon guide. »

Sur cet espoir, la petite fée prit ses distances avec la silhouette qui suscitait sa fascination, tel un papillon de nuit ensorcelé par la lueur d'une lanterne mystérieuse. Elle fit une bref interlude dans sa chambre, où elle s’enveloppa de la caresse soyeuse d'un voile de bleu persan, pour dissimuler ses courbes tentatrices, afin ne pas éveiller l’appétit des clients potentiels qu’ils allaient croiser. Car cette nuit, elle se reposait, exigence du loup qui l’accompagnait. Elle ferma la porte à double tour, et prit soin de glisser la clé dans le décolleté de sa guêpière, à l'abri de mains avides et intrusives.
Ses prunelles se posèrent de nouveau sur l'Ombre, ses lèvres trahissant un sourire fugace, incontrôlable. D'un geste empreint de grâce, elle l'invita à la suivre, et ensemble, ils retrouvèrent l'éclat tamisé des bougies parfumées, dont les lueurs dansaient sur les murs, baignant les couloirs de l'établissement somptueux dans une ambiance feutrée. À travers des tapis moelleux parés de motifs chatoyants, chacun de leurs pas les rapprochait davantage de l'opulence et du raffinement du premier lieu qu'elle souhaitait lui présenter. Il s'agissait de l'un de ses refuges préférés, lorsque les clients disparaissaient.

—  « C’est l'un des endroits où notre clientèle la plus fortunée se rassemble. Il est celui qui est le plus éloigné de la piste de danse, afin de préserver le calme du lieu. » murmura-t-elle, afin de ne pas briser la quiétude qui y régnait.  

Les Bains du Nymphéa, était une vision enchanteresse faite d'éclatantes mosaïques, de lanternes suspendues, et de fontaines délicatement ruisselantes. L'air était saturé d'un parfum ensorcelant, où se mêlaient les essences d'huiles précieuses, de roses voluptueuses, et de jasmin envoûtant. Des bassins d'eau chaude se déployaient dans une grande salle, chacun orné de pétales de fleurs à la surface ondulante. Les nénuphars en céramique, avec leurs feuilles larges et leurs pétales délicats, semblaient accueillir les convives à se perdre dans ces eaux apaisantes.

—  « Les relations intimes y sont formellement interdites… Mais vous noterez que ce lieu est en mesure d’éveiller certains désirs. C’est pour cette raison qu'on trouve à proximité de cet endroit un long couloir qui donne accès à plusieurs pièces privées. Seuls les clients qui ont payé ce type de prestation peuvent y accéder… Si vous êtes amené à surveiller cet endroit un soir, vous pourrez les reconnaître par un bracelet pourpre. » ajouta-t-elle, toujours à voix basse.

Tout en respectant l'intimité des derniers clients qui se prélassaient dans ce sanctuaire de détente, elle guida ensuite le loup vers les hammams, ornés de mosaïques opulentes, où ils pourraient se délecter de la vapeur parfumée. L'atmosphère, chargée de sensualité, était également porteuse de sérénité, créant ainsi un havre de paix au milieu du tumulte du monde extérieur. C'était un endroit où l'on pouvait se perdre, où l'on pouvait oublier les tourments du monde, ne serait-ce qu'un instant, dans la douce luxure et la chaleur apaisante de ce lieu enchanteur.
Pansy s'abstint de guider le loup dans le fameux couloir, soucieuse de préserver l'intimité des clients et des employés. Cependant, elle lui révéla la porte menant à cet endroit secret, située à l'opposé de celle par laquelle ils étaient entrés. Cette porte, ornée d'un éclat mystérieux, était sculptée dans un bois sombre aux reflets chauds. Un lourd rideau de velours, d'un pourpre royal, encadrait la porte avec élégance.

—  « Revenons sur nos pas. Je vais vous présenter notre bar privé qui dispose d’une carte plus variée que celui qui se trouve dans la salle de danse. » annonça-t-elle, avec un sourire discret.
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Ven 22 Sep - 22:25

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Ses yeux parcourent les épaules de la frêle fée face à lui. Pouvait-elle seulement estimer ce qu'il avait vécu ? C'était un gouffre insondable, un vortex sombre qui aspire tout éclat de lumière. Cela l'a rendue aigrie, agressif. Cherchant sa propre liberté dans les méandres des ruelles oubliées de la ville. Une fierté qui lui colle aux coussinets tel une seconde nature qui n'a fait que s'accroître depuis sa transformation et qui à chaque contrat se fait léser, lacéré.
Les yeux bruns se plissent. Mais cette fleur oubliée dans une boîte de nuit a dû éclore sous la lumière tamisé des néons et des bougies, déployant ses pétales mortifier pour attirer de plus gros insecte qui butineront son précieux miel et qui satisferont son jardinier tyrannique. Elle-même a dû connaître des horreurs innommables.

Son sourire lui coupa le souffle. Ces deux ourlets de chairs pulpeux dévoilent l'émail de dents parfaites. Une chose aussi simple lui semblait être digne du plus grand poème, le chef d'œuvre d'un peintre. Pour un tel sourire, il aurait pu se battre jusqu'à ce que son cœur cesse de tambouriner dans sa poitrine.
Battre des cils alors que déjà elle s'écarte, semble s'envoler tel une libellule attirée par la lumière de sa chambre. Elle se pare de bleue et Méléän se demande quelle couleur ne pouvait pas lui aller au teint.
Se reprendre, s'ébrouer comme un chien qui vient de recevoir une averse. C'était loin de ses habitudes de penser ainsi et de s'émouvoir devant la beauté d'une personne. Pendant quelques secondes il se demande si c'était vraiment une bonne idée de rester prêt d'elle, de s'attacher à un être qui ne pourra jamais être comme lui. Ils étaient diamétralement opposés, lui si rude, elle si douce. Lui si massif et elle si frêle. Lui d'une banalité à toute épreuve et elle si belle. Elle réveillait en lui des envies de courir, de fouler l'humus pour remplir ses poumons d'odeurs boisés et humide. Il avait déjà perdu le contrôle une fois en la voyant prisonnière de l'étreinte d'un Vampire, il ne fallait pas qu'il perde pied.

Alors il la suit sans rien dire, se cache derrière un mur qu'il dresse à chaque pas, brique par brique. S'éloigner de ces couleurs aux couleurs de l'arc-en-ciel, loin de ces bougies qui dégagent des phéromones séduisantes pour un Loup tel que lui. C'était un travail comme un autre, il devait se tenir à ce qui était demandé.

Pourtant il vacille à nouveau face à ces bains à l'humidité chaude et ou l'odeur avait une emprise sur ses sens. Il y avait encore quelque personne à cette heure tardive mais bientôt il n'y aurait plus âme qui vive pour troubler la quiétude de ce petit bout de paradis. Il ne manquait plus que des fruits juteux dans des coupelles étincelantes et il aurait une fabuleuse représentation de la tentation du jardin d'Eden.
Il avait envie de s'y glisser pendant la nuit pour profiter d'une baignade à la lueur de quelque bougie, pouvoir détendre les muscles noués par les pressions et s'abandonner le temps de quelque instant à la détente.
De l'eau qui coule sur la peau, une paire de jambe accroché à sa taille, le goût de lèvres sur les siennes et quelques choses de secret avoué dans le creux de son oreille.

Inspirer profondément pour gonfler ses poumons et évacuer la tension qui tourbillonnait dans le creux de son estomac. C'était une mauvaise idée. Il y avait vraiment quelque chose dans ses bougies.

- Je vois que tout est fait pour faire tourner les sens, notamment avec les fragrances soigneuses choisie.

Un mouvement de tête vers l'une de ces flammèches qui dansent. Pas étonnant qu'il y a des pièces affiliées pour évacuer tout ce surplus, même s'il trouvait le procédé intolérable. Mais à quoi s'attendait-il en venant ici ? Dans ce lieu on pouvait se repaitre de la chair d'autrui en allongeant les billets. Même en tendant l'oreille, il n'entendait aucun râle, aucun soupir. S'il devait se passer quelque chose de terrible, il allait devoir surveiller les pièces de près. Il enregistra cette porte dans un coin de son esprit, n'ose pas s'approcher de ce repère de luxure.
Continuer de suivre le feu follet qui le guide dans les méandres de ce lieu bien plus spacieux que ce que l'on pouvait imaginer. Il y a de rare client qui passent, lorgne sur la femme d'un œil avide avant de relever le visage et de tomber sur son Ombre au regard perçant. Méléän ne quittait pas Pansy, si près qu'elle devait parfois sentir son souffle sur l'arrière de sa nuque. C'était un jeu d'équilibriste à laisser suffisamment d'espace à la fée pour qu'elle ne se sente pas piégé tout en affirmant sa position et la protéger.

Son intention se détourne quand ils arrivent au bar. Des sièges capitonnés doubler de dorures, un immense miroir qui reflète la lumière et les bouteilles toutes parfaitement alignés. Le bar en lui-même était fait en bois massif, des arabesques soigneusement gravés qui semble alléger son apparence presque baroque. Au plafond pendaient des lumignons dans les tons rosés qui réchauffait la pièce d'un éclat chaleureux, faisant danser des ombres sur les murs. Un peu plus loin il y avait des banquettes molletonnées ou de multiples cousins apportent des touches de couleurs, des bougies dans des chandeliers sur les petites tables qui étaient sur le point de s'éteindre.

Il y avait une femme derrière le bar, qui nettoyait des verres avec un torchon. Le Loup s'approche et la salue d'un mouvement de tête.

-Ombre. Je suis le nouveau gardien du club. S'il y a besoin de quoi que ce soit, il faut m'alerter.

La femme sourit et dévoile quatre canines. Méléän inspire discrètement et dénote des odeurs diluées qui lui chatouillent le nez. Une hybride Louve ?

Pendant un instant il croise son regard et la lueur jaune qu'il y voit confirme sa suspicion. Parfois quand un couple de deux races différentes copulait, il pouvait y avoir un enfant soit de la race du père ou de la mère et dans de très rare cas un mixte entre les deux. C'était un phénomène particulier que personne ne pouvait expliquer.
Encore une fleur rare retenu par Wraith.
La demi-Louve propose de servir un verre et il décline l'offre poliment c'était sa première soirée ici, pour le moment c'était son devoir qui l'appelait.

Mains veineuse qui vient tâter une poche arrière pour sortir un paquet de cigarette froissée. Sortir négligemment une tige cancérigène et venir l'allumer de son zippo chauffé par sa chaleur corporelle. Tirer dessus en fermant les yeux un instant comme pour savourer la fumée crasse dans ses poumons et expirer longuement comme si c'était ce qu'il attendait depuis des lustres. Peut importe si c'était interdit en ce lieu. Là, maintenant, il avait envie d'une cigarette.

Tendre son paquet vers la fée en se souvenant qu'elle fumait aussi.

Lulu
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Dim 24 Sep - 11:56

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
PANSY'S POV. Sous l'éclat azalée des lumignons, la fée aperçut aphrodite virevolter au cœur des prunelles dorées de la demi-louve. Ses étoiles mordorées effleurèrent les formes de l'adonis, et ses lèvres s'ouvrirent pour lui proposer un verre. L’intéressé refusa, et fit fleurir la surprise sur les traits de l’hybride et de la fée. Rares étaient ceux qui suscitaient les faveurs de la première, qui, contrairement aux danseurs et danseuses, n'était pas contrainte de monnayer ses charmes pour défendre sa place au Nymphéa. En toute discrétion, la barmaid lança un regard désobligeant en direction de Pansy, imputant à sa présence le refus du nouvel arrivant. Fée et Wraith, tels des facettes d'une pièce, étaient des spectres que l’on croyait complices. Ils hantaient ensemble les galeries du Nymphéa depuis sa genèse. Ainsi, les naufragés nourrissaient à son égard une sinistre méfiance, refusant de la compter parmi leurs pairs. La condamnée n'entreprenait pas d'efforts pour dissiper leurs doutes, préférant un silence lourd au lieu de prendre position pour défendre son honneur. Inutile de se battre pour défendre des cendres.
Riposter par une œillade courroucée n'aurait pour effet que d'attiser les flammes de la discorde. Échanger un regard meurtri ne ferait que lui accoler une réputation des plus déplorables. Alors, la fée n’adressa aucune oeillade à la demi-louve, son ignorance pour meilleure défense. L’Ombre lui offrit, sans le savoir, une opportunité de consumer définitivement son malaise grâce à une cigarette, mais Pansy déclina poliment. Pas ici. Avec la délicatesse d’un félin, elle avança doucement son index vers le paquet, pour le retourner dans la paluche de son détenteur.

—  « Je vous remercie… Mais je ne fume pas. »

Un mensonge éhonté, car il avait été témoin de sa dépendance à la fumée lors de leur toute première rencontre… Et elle ne l’avait pas oublié. D’ailleurs, elle lui adressa un regard entendu, pour lui faire comprendre sans mots le fond de sa pensée.
Les vipères guettaient, prêtes à lancer leur venin perfide dans son sillage en la dénonçant à Wraith si elles avaient le malheur de la surprendre en train de se souiller. Ce n'était pas le désir qui lui faisait défaut. Pansy prenait un plaisir certain à consumer quelques-unes de ces fragiles tiges à la fenêtre de sa geôle, cherchant ainsi à se délester du poids oppressant qui enserrait son âme. Dans ses heures les plus funestes, elle s'en servait même comme d'un artifice pour tromper la faim qui dévorait ses entrailles, espérant que la détresse qui creusait son ventre finirait par étouffer les battements de son cœur. Il était évident qu'elle n'avait jamais été capable de mener à bien ses desseins funestes. Elle caressait toujours l'espoir de retrouver les majestueuses forêts hyrcaniennes et les murmures des setârs.

—  « Eh bien… C’est assez exceptionnel », fit-elle remarquer, gratifiant d'un sourire de connivence le loup, dès que l'hybride s'éclipsa pour vaquer aux besoins de son ultime client. « Vous êtes de ceux à qui elle donnera une seconde chance dès que l’établissement aura fermé ses portes », déclara-t-elle, elle qui avait, à l'évidence, eu de multiples opportunités d'observer la séduisante demoiselle aux prunelles dorées. Et puis, comme tous les autres damnés, c’était Pansy qui l'avait guidée lors de ses premiers pas au sein du Nymphéa, alors oui, elle connaissait Nina.

Flatterie voilée, la fée trouvait que l'Ombre brillait d'une magnificence rare. Un charme viril et magnétique émanait de sa personne, à tel point qu'elle peinait elle-même à détourner son regard de cette silhouette. Parmi les ombres sublimes qu'avait croisées Pansy, celle-ci se distinguait comme une exception à part. Comme si, en explorant les recoins d’une galerie d'art, elle avait enfin déniché la toile qui lui inspirerait des frissons d’extase sans équivalent. Et elle n’était pas la seule à apprécier la contempler.

—  « Après la fermeture, nombreux sont ceux qui se rassemblent dans la salle de danse pour décompresser un peu. Vous devriez peut-être faire un tour, pour faire connaissance avec les autres. C’est important d’obtenir leur confiance… Particulièrement en tant que gardien. »

Les naufragés demeuraient des âmes soupçonneuses, empreintes d'une hostilité farouche envers celles qui, de près ou de loin, liaient leur sort à leur geôlier. Elle nourrissait l'espoir que ces infortunés ne déchaînent pas une telle destinée sur l'Ombre, c'est pourquoi elle lui partageait l’existence de ce petit rendez-vous quotidien auquel la majorité consentait, pour s'abandonner à un peu de détente ou de consolation. Pansy s'accordait également un petit temps de détente, mais contrairement aux autres, elle préférait se prélasser dans les sources chaudes du Nymphéa.

—  « Personnellement, je préfère la salle où les fragrances font tourner les sens », souffla celle qui avait repris les mots du loup, la lueur d'une malice à peine voilée flottait dans ses prunelles.

Étrangement, la fée ne se trouvait pas éprise des mêmes tourments que les autres créatures face aux émanations de ce parfum énigmatique. Cette senteur enchanteresse exerçait sur elle un réconfort singulier, insufflant en son âme une sensation similaire à l’étreinte tendre d'une figure aimante.
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Ezvana
Mar 26 Sep - 19:48

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


La tête se penche sur le côté quand la fée refuse poliment sa cigarette, un mouvement d'excuse comme si c'était une maladresse de sa part. Coinçant la cigarette du bout des lippes il range le paquet dans la poche arrière, fuyant le regard appuyé de la barmaid envers Pansy. Il ne connaissait pas les relations intrinsèques à l'établissement et il était hors de question qu'il se mêle à toutes ses gamineries dès le premier soir. Il se voulait neutre au Nymphéa, mais toujours du côté des victimes. Pour le moment il se contenterait d'observer et de noter dans son crâne les détails qui font toute la différence.

La barmaid s'éloigne et ce que dit la fée lui fit tourner la tête, une mine surprise se peignant sur les traits de son visage. Pourtant le Loup n'avait rien fait pour attirer l'intérêt de la demi-Louve, se contentant d'être poli.

Après quelque seconde de réflexion il se demande si ce n'était justement pas sa nature qui l'intéressait, cherchant naturellement la présence de la même espèce que la sienne. Ni totalement Humaine, ni totalement Louve, cherchant à se rapprocher à ce qu'elle trouvait de similaire. A moins qu'elle soit métisse d'une autre race.
Un haussement d'épaule pour chasser les pensées. Cela n'avait aucune importance il pouvait gérer les hormones d'une femelle.

Tirer de nouveau sur sa cigarette alors qu'il entend de nouveau la fée. Ouvrir la bouche pour exhaler une fumée qui s'accroche à ses canines, tourbillonne sur sa langue pour caresser la pointe des crocs. Eclat d'ivoire qui brille à la lumière tamisée. Un coup d'œil de biais, un pincement de lèvre amusée alors qu'il retient un rire. A grande peine il maitrise se sourire qui tiraille ses joues. Il découvrait une nouvelle facette de la fée qui lui plaisait bien, plus joueuse.

- Je vais aller voir le reste de l'équipe dans ce cas. Profitez bien des… fragrances.

Un sourire narquois lui échappe alors qu'il s'éloigne, frôle l'épaule de la femme, qu'il hume son odeur avec délicatesse pour ne pas se faire remarquer. Si elle devait être parfumé des essences des bains, elle pourrait faire tourner la tête de n'importe qui.

Il déambule dans les couloirs, se fie au son de la musique qui s'atténuait déjà pour se retrouver dans ce dédale où il ne possédait pas de fils de Marianne. Ayant un plutôt bon sens de l'orientation il repasse devant les vestiaires où il y avait déjà des artistes qui retiraient leurs vêtements de nuit, devant cette salle où le meurtre a eu lieu. Il ne s'arrête pas, se contente de humer fort pour savoir s'il y avait encore l'odeur du sang ce qui n'était pas le cas.
Bien, tout a été nettoyé.

Il émerge de l'ombre en entrant dans la salle principale. Il était étonnant de voir l'harmonie entre une piste de dance pour strip-teaseurs et l'ambiance orientale qui imprégnait tout le Nymphéa. On imaginait bien plus facilement un décor urbain, des néons et des spots de lumières dansant sur les murs. C'était bien différent des lieux qu'il a pu côtoyer, mais le principe était toujours le même, le fonctionnement ne différait pas.

Il y a du mouvement, des clients menés vers la sortie alors que déjà les danseurs se regroupe autour de siège matelassé. Entendre une exclamation, un homme en costard qui visiblement refuse de s'éloigner de sa proie, l'androgyne aux yeux argentés. S'approcher en tirant une dernière fois sur sa cigarette avant de l'écraser dans un cendrier, ses pas ne faisant aucun bruit, étouffé par le bruit de la musique en sourdine. Main veineuse qui attrape une épaule, détourne l'attention du client.

- On vous a dit de sortir.

L'homme se dégage d'un mouvement brusque et quand il l'insulte, l'odeur d'alcool prit les narines de Méléän. Il suffit d'un échange de regard avec yeux argentés pour prendre la décision. Il attrape un morceau d'étoffe et traîne le client vers la porte. Il se débat, grogne, manque de tomber à terre plusieurs fois mais le Loup le tient d'une main ferme tel un piège refermé sur l'épaule et sans ménagement il le lance en dehors et le vigile ferme la porte derrière lui.

Il entend un applaudissement alors qu'il se retourne mais n'y prête pas attention, retenant simplement le physique de la personne. S'approcher du groupe qui allumait déjà des cigarettes et autre tiges festives, se servant des fonds de verres pour finir la nuit.

- Je suis Ombre. Je suis votre gardien dès ce soir. Si vous avez besoin d'aide, il faudra venir me voir ou me faire un signe.

Certain hoche la tête, d'autres le dévorent du regard, d'autres détournent la tête comme s'il dégageait une mauvaise odeur.

- T'as cru qu'on était du bétail le berger ? Tu crois que va pouvoir nous bouffer le Lycan ?

Cela provenait d'un homme torse nu, la coupe rasée tel un militaire, au corps finement sculpté, taillé pour la beauté. Il se dégageait de lui une arrogance qui allait vite poser un problème et une assurance de l'homme le plus virile de la soirée.
A croire qu'il veut savoir qui pisse le plus loin.
Un détail attire son œil, les deux canines aiguisées sur la mâchoire supérieure. Un vampire. Avait-il un grief sur le fait qu'il avait occis un membre de son espèce ?

- Ce soir il y a eu la preuve qu'il vous fallait une protection rapprochée. Je ne suis pas là pour vous poser un problème, mais pour vous soutenir.

Rappeler discrètement ce qu'il était capable de faire et qu'il était vraiment nécessaire d'avoir une protection.

-En même temps avec cette Pansy…

-Ta gueule Emi.


Méléän fusille du regard cette femme à la longue chevelure blonde qui baisse les yeux, comme honteuse de son propos. Elle triture le bord de son vêtement qui cachait à peine les courbes de son corps.

Je n'accepterais pas que vous puissiez accepter le sort des autres. Personne ne mérite ce traitement. Et si j'apprends que vous n'avez rien dit parce que c'est une personne que vous n'appréciez pas, il y aura des conséquences.

- C'est moi où tu as la petite fée dans la peau ?

Une femme à la chevelure courte d'un rouge flamboyant arborant un grand sourire qui fait presque vibrer ses longues oreilles pointues. Elle ne semblait pas méchante, juste taquine mais la réflexion fit froncer des sourcils le Loup qui n'appréciait guère que l'on s'intéresse à ses passe-temps ou à ses liens.

- Je te fais marcher, ne t'en fais pas. Ravie de te rencontrer, Ombre. Je suis Amaryllis. Viens t'asseoir avec nous !

Prendre place au milieu des coussins qu'il repousse doucement, se tient au bord de la banquette pour ne pas gêner les autres de ses épaules massives. On lui tend un verre, mais il refuse une nouvelle fois, attends que tous se présentent à lui avec leurs surnoms, certains détaillants leurs affectations ou même depuis combien de temps ils étaient ici. Il n'y en avait que deux ou trois qui était plus réticent à l'idée de devoir se confier à un inconnu qui allait leur tenir les basques pendant un temps.

Méléän est bref et concis, vieux réflexe de militaire qui lui colle à la peau malgré les deux siècles passés, cherchant à se faire comprendre sans dévoiler de sa personne comme une protection érigée face à toutes ces inconnues qu'il devait pourtant protéger.

Il instaure un signe s'ils avaient besoin de lui en urgence qui était connue dans certains pays. Le pouce dans le creux de la paume, les doigts repliés sur le pouce, ce point que l'on ferme et que l'on montre le plus discrètement possible. Un nom de code pour un cocktail, Battle Angel, qu'il mettra en place dès la prochaine nuit. Ainsi on viendra lui indiquer au plus vite le nom de la personne en détresse dès qu'il sera commandé.

Il demande s'ils avaient des questions et visiblement son air revêche dissuade les sous-entendus mal placés. La soirée continue, avance dans le temps et les employés de détendent, reprennent leurs habitudes. Cela rit, échange des anecdotes sur certains clients. Une fois ou deux le Loup est surpris ou retient un petit sourire. Le venin était toujours là, mais dilué dans des joints échangés ou des fonds de verre que l'on siffle d'un mouvement de tête. C'était à celui qui allait survivre le plus longtemps dans cette prison dorée, alors pour faire semblant un peu plus longtemps on fait la commère et se pare d'un nouveau visage. Méléän en était bien conscient et il espérait que sa présence pourrait calmer certaines rumeurs ou non-dis.
A un moment l'androgyne s'approche, prend un pouf et s'assoie à ses côtés, repoussant une mèche sombre derrière une oreille.

- Ne pense pas à ce qu'a dit Emi. Elle est juste jalouse. Et Silas, c'est sa nature d'être con. Moi c'est Moon.

Un hochement de tête pour le saluer alors que le jeune homme se triture la lèvre inférieure en regardant la blessure encore rouge sur son épaule.

- Je voulais te remercier. Pour Pansy, pour nous. Merci aussi pour tout à l'heure.

Méléän baisse la tête, un peu surpris. Il ne s'attendait pas à des remerciements et il ne savait pas comment répondre à cette gentillesse.

- C'est normal.

Un souffle alors que l'émotion lui noue la gorge. Moon voit bien qu'il avait mit mal à l'aise le grand loup à l'apparence sauvage et cherche rapidement un moyen de détendre les muscles noués de cet animal peut accoutumer au contact humain.

- Dommage que tu ne travailles pas ici comme nous. Tu embrasses très bien.

Le Loup manque de s'étrangler et le rire cristallin du jeune homme résonne à ses oreilles, mettant sa main devant sa bouche comme pour contenir son hilarité. Mel le regarde une seconde avant d'afficher un petit sourire devant cette boutade en secouant sa tête.

- Merci Moon.

Celui-ci répond d'un clin d'œil avant de repartir.
La soirée avance et les paupières se fatiguent, peu à peu l'excitation du travail laisse place à l'envie de se blottir dans un lit. Certains se lèvent et serre la main du Loup comme pour accepter un accord tacite.
Quand c'est au tour de Silas, celui-ci l'insulte et repars la tête haute.
Méléän ne s'en formalise pas. Il était plus mature que ce gamin en manque de pouvoir.

Dire au revoir à ses nouveaux collègues avant de repartir dans les tréfonds du Nymphéa. Il était un animal nocturne, mais lui aussi avait besoin de repos et de silence, plus habitué à la solitude qu'à être sollicité sans cesse. Naturellement il se dirige vers les bains chauds qui seraient parfaits pour dénouer ses muscles tendus, pour se débarrasser de toute cette tension qui lui nouait l'estomac. Ce soir, il avait tué quelqu'un. Prendre une vie c'était toujours un acte difficile à digérer, chasseur suprême capable d'avoir pitié de ses proies. Par son acte, une personne avait disparu, ne foulerait plus les rues de cette Ville. On parlerait de lui de temps en temps puis on l'oubliera. L'immortalité n'empêchait pas l'éternité de s'accomplir. Tout avait une fin. Même lui il oubliera que le sang a couler cette nuit. Il oubliera le Nymphéa.
Il oubliera Pansy.

Le corps si massif vacille, la main s'appuie sur le mur pour ne pas glisser sur le sol. Il se traîne jusqu'à l'odeur sensuelle et les odeurs font baisser son attention maintenant qu'il était seul. Lui d'habitude toujours sur le qui-vive, toujours prêt à bondir, toujours prêt à agir, il ne pouvait pas maintenir cet état critique continuellement. Comme une batterie qui ce vide, la machine ne pouvait plus fonctionner.
Il avait déjà tant oublié, tant de souvenirs ne sont devenus que des courants d'airs qui ne laissent sur leurs passages que des semblants d'odeurs, parfois l'éclat d'un sourire, ou l'intonation d'un rire.

Les yeux se plissent et la démarche n'est plus sûr. L'humidité chaude lui colle à la peau et sans réfléchir il dénoue sa ceinture qui claque, balance ses chaussures et ses chaussettes, le pantalon suit le mouvement. Un mouvement rapide et il retira le tee-shirt. La plupart des bougies étaient éteintes, à peine de quoi voir dans le noir même avec sa vision nocturne. Il manque de glisser sur une flaque.

- Fuck.

Sa voix grave résonne autour de lui, comme s’il était seul au monde. Alors qu’il rentre dans l’eau il rejette la tête en arrière, pousse un râle entre ses crocs, une sorte de grondement appréciateur qui roule dans sa poitrine. Étant seul, il pouvait être lui-même et lâcher les codes de la société pour être plus… Lui. L’eau monte jusqu’à son ventre, caresse sa peau d’une touche doucereuse. Fermer la bouche et pousser un nouveau grondement alors qu’il s’approche du bord et s’appuie dessus pour garder le bas de son corps dans l’eau qui vibre à son contact.
Fermer les yeux pour apprécier le moment.



Lulu
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Jeu 28 Sep - 16:55

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
PANSY'S POV. Les lueurs mordorées de la devanture du Nymphéa caressaient timidement le minois de la fée perchée à la fenêtre de sa cellule. Cette alcôve située juste au-dessus de son lit offrait à ses prunelles une jolie vue céleste qui l'accompagnait lors de ses insomnies. Un spectacle bien plus doux que le plafond qu'elle connaissait par cœur, orné de taches et de fissures qu'elle avait scrutées mille fois. Pansy chérissait ces contemplations nocturnes, où elle pouvait se laisser bercer par l'illusion que ses ailes étaient assez puissantes pour la porter à nouveau, que son être pouvait se réfugier dans les abysses infinis, et qu'elle pouvait devenir l’un de ces astres que nulle ne pourrait attraper.
Quand ses prunelles ne flattaient pas les cieux, la petite sylphide jetait un œil curieux vers les marches du temple profane, et elle contemplait ces âmes éperdues, insouciantes, enflammées, qui s'entrelaçaient sous les feux mordorés. Puis, ces amants s'éclipsaient dans l'obscurité pour vivre leur épopée passionnelle loin des mirettes rêveuses de la fée. Ce soir-là, les derniers soupirs d'amour s'éteignirent en même temps que sa cigarette. Là où tant de passions s'étaient consumées, il ne restait que des cendres froides qui reposaient en silence dans les rues désertes.
Ainsi, la ronde des amants touchait à sa fin, chacun regagnait son humble demeure, leur ivresse d'amour, de luxure, et d'extase éphémère s'effaçait avec la nuit. Mais pour Pansy, pas de refuge ni d’étreinte réconfortante pour conclure sa journée. Les étoiles scintillaient hors de sa portée, lui rappelant que le monde extérieur s'éveillait, vivait et aimait, alors qu'elle demeurait emprisonnée et égarée dans l'antre de ses pensées. Comme une ombre oubliée des vivants, tandis que la vie continuait sa danse tourbillonnante à travers les rues de la ville, lui laissant pour seule consolation l'écho lointain de ces existences qu'elle ne pourrait jamais connaître.

Sa frêle silhouette s'éloignait de la lucarne, sans toutefois la refermer, car les murmures qu'elle recueillait l'empêchaient de se noyer dans sa solitude. Depuis toujours, cette fenêtre demeurait ouverte, telle une porte vers l'espoir et la délivrance, un rappel inaltérable que, même au sein des abysses, la vie persistait.
Malheureusement, ces murmures lointains ne pouvaient empêcher le repli de ses songes au sein de souvenirs sinistres. Elle pouvait toujours ressentir la pression de ses doigts sales, les éclats de douleur qu'il avait arrachés à son être, et l'effroi qu'il avait distillé en elle. Telle une cuirasse frêle, ses ailes se replièrent autour de son corps… Ce n'étaient pas elles, qui l'avaient sauvée ce soir-là. La fée se souvenait de sa fureur ardente qui avait consumé les ténèbres, de ses bras protecteurs qui l'avaient enlacée pour la préserver des horreurs, et de sa vengeance incarnadine qui avait éveillé en elle davantage d'admiration que de crainte. Lui, avait su invoquer une parcelle de justice en ce sépulcre où prospéraient les injustices.
Mais à quel prix ? Pansy gardait en sa mémoire ce regard empreint de honte qu'il lui avait jeté, et sa propre liberté qu'il avait sacrifiée pour préserver l'honneur des naufragés. Aucune fin joyeuse ne pouvait éclore sur les terres calcinées et vénéneuses du Nymphéa… Mais ce soir, des fillettes dormiraient paisiblement. Le monstre, dont elles étaient devenues les innocentes victimes, n'était plus qu'un spectre dans les sombres méandres de leur mémoire et peut-être leurs rêves seraient marqués par l’empreinte de ce justicier inconnu. Le sacrifice d’une âme était le prélude à la renaissance de nombreuses autres.
Tandis que ses pensées s'essoufflaient, sa peau s’embrasait peu à peu et sa chair devenait lourde, difficile à supporter. Il était grand temps pour la fée de céder à l’appel des eaux purificatrices, de s'y plonger et d'expurger les souillures qui avaient souillé son être aujourd’hui. Ainsi donc, elle ferma sa fenêtre, et délaissa sa chambre, pour se réfugier dans les eaux chaudes du Nymphéa.  

Là, dans le miroitement des eaux thermales et sous les lueurs des candélabres, Pansy déposa ses soucis, ses peurs et ses cicatrices. Chaque goutte d'eau était une caresse apaisante, une tendre étreinte qui la ramenait doucement vers la vie. Les doigts de la sylphide parcoururent avec une douceur infinie sa peau qui brillait tel le satin ambré, emportant avec eux les souvenirs douloureux. Les souffrances semblaient s'effacer à mesure que l'eau les emportait, comme si le Nymphéa, en écoutant ses tourments, avait décidé de les lui prendre en pitié. Les minutes s'écoulèrent, s'étirant comme un éternel présent, pendant lesquelles elle ne fut qu'un faible écho parmi les sources chaudes. Elle ferma les yeux et se laissa emporter par cette sensation apaisante, savourant chaque instant comme si sa peau était flattée de milles baisers.

Après un long moment d'immersion dans les eaux bienfaisantes, elle surgit des abysses avec une sérénité nouvelle. Ses pas légers la menèrent jusqu'à une petite alcôve où elle avait délicatement déposé son peignoir de soie. L'étoffe semblait avoir été tissée par les songes lunaires, tant sa blancheur scintillait d'une éclatante pureté. Pansy s'enveloppa du voile argenté, dont les plis accompagnaient chacun de ses mouvements, comme une valse intime avec son corps. Dans l'intimité de ce lieu, à l'abri des regards profanes, la belle s'adonna avec plaisir à l'ajustement minutieux de chaque détail, de chaque pli du tissu, éveillant en elle une conscience nouvelle de sa beauté et de la force régénérée qui la traversait. Elle avait jusqu’à son prochain effeuillage pour les savourer.
Alors qu'elle se perdait dans cette cérémonie quotidienne, un bruit de pas se fit entendre à l'extérieur de la salle, se rapprochant inexorablement des bains. Ces pas, loin d’être discrets, résonnaient comme un rappel de la réalité, un signal de l'arrivée d'un intrus dans ce temple. Les prunelles de la fée furent frappées par un mélange de curiosité et d’appréhension, se questionnant sur l’identité de l'inconnu qui s'apprêtait à pénétrer ce lieu. Pansy distingua rapidement cette silhouette imposante, bien que leurs rencontres aient été rares, cette ombre possédait des traits si singuliers qu'elle ne pouvait que la reconnaître. L’Ombre, paraissant accablé par l'effort, avançait pesamment, ses mouvements maladroits manquèrent de le faire glisser sur une petite flaque d'eau. Il semblait n'avoir nulle conscience de la présence de la fée, qui, par précaution, s'était dissimulée dans l'obscurité. Par chance, cette silhouette n’était pas celle d’un intrus, mais bien celle du gardien des lieux.

La présence de Pansy se maintenait, tel un souffle furtif, dissimulée dans les replis obscurs des bains, tandis que le loup, dans son insouciance, pénétrait avec une grâce farouche les eaux de la source. Un son primitif s'échappa de sa poitrine, emplissant l'atmosphère chaude et vibrant en harmonie avec le silence sacré de ce lieu, déserté de toutes âmes profanes. Pansy ressentit un frisson agréable parcourir son être en réaction à ce grondement rauque. Le loup se révélait alors sous un jour sauvage d'une beauté incontestable, une vision qui l'enveloppa de charme.
En cet instant, elle se sentit presque transportée au-delà des murs du Nymphéa, comme si elle observait, sous la douce lumière lunaire, une créature majestueuse s’octroyer un peu de repos. Peut-être était-il venu, pour elle, le temps de s'éclipser, laissant ainsi au loup l’opportunité de savourer cet agréable moment. Elle révéla donc sa présence par des enjambées délicates, caressant le sol de marbre de son empreinte feutrée. Les chandelles, dans leur lueur tamisée, révélèrent peu à peu sa silhouette à la clarté ambiante.

— « Je m'apprêtais à partir », s’empressa-t-elle de déclarer, pour lui signifier qu'elle ne désirait pas troubler sa quiétude.

La fée s'avança, toujours d'un pas aérien, jusqu'à atteindre le seuil des bains. À contrecœur, elle s’éloigna davantage de la silhouette du loup, tandis qu'elle s'apprêtait à s'enfoncer dans l'obscurité. Peut-être pourrait-elle se rendre demain un peu plus tard aux sources, afin de pouvoir échanger un peu plus avec lui, s’il le voulait bien, évidemment. Le velours de la nuit enveloppa peu à peu sa silhouette gracile, alors qu'elle se préparait à regagner sa chambre, espérant y grappiller quelques heures de sommeil.

— « La journée a été éprouvante, et les autres le seront également. Si vous avez besoin de quoi que ce soit… N’hésitez pas à venir me voir, je ferai de mon mieux pour vous aider », déclara-t-elle, une volonté sincère enveloppait ses mots.

Pansy savait que n’importe quelle consolation était précieuse ici. Elle croyait en la diversité de cette douceur, perceptible en un silence profond, en un échange de regards complices, une communication muette qui transcendait les barrières des mots. Parfois, la simple présence de l'autre, une épaule où se reposer, pouvait apaiser les blessures de l'âme, un baume invisible pour soigner les tourments du cœur.
À l’égal du silence, elle percevait les rires comme un antidote, un doux élixir capable de chasser les ténèbres de l'esprit. Un sourire partagé, un éclat de rire sincère, étaient autant de moyens de briser les chaînes de la tristesse. L'humour, la légèreté, l'ironie, autant d'armes pour combattre l'obscurité des moments difficiles.
En dépit de ses incertitudes quant à son aptitude à maîtriser chaque variété de ces consolations, Pansy était prête à faire de son mieux pour se familiariser avec celles qui pourraient soulager un peu le cœur du nouvel arrivant. D’ailleurs, elle se remémorait son air amusé lorsqu’elle avait dévoilé une parcelle de sa malice. Les fées étaient des entités facétieuses, et la survivante avait indubitablement su maintenir intact cet instinct.

— « En sortant du bain… Évitez de vous briser la nuque, » murmura-t-elle d'une voix douce, tandis qu'un sourire mutin dansait sur ses lèvres.  « Car j’adorerai entendre plus de vos râles satisfaits. »

Ses mots furent accompagnés d'un clin d'œil complice, puis la taquine se fondit dans l’obscurité, ne laissant derrière elle que le parfum envoûtant de sa présence évanouie.
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