J'ai 19 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis étudiante en 2eme année de prépa (pour entrer à polytechnique) et je m'en sors plutôt bien. Sinon, j'ai Leo dans le crâne, dans le corps et dans le coeur, mais on n'en parle pas, c'est plus simple.
Sonia Ben Ammar (c) lesamourslunaires
Marjo n'est pas sûre que Leo la comprenne et ses paroles semblent maladroites aux oreilles de la travailleuse. Comment expliquer mieux ce qu'elle ressent quand elle-même n'en a pas la moindre idée ? Marjolaine se tait, préférant ne pas aggraver son cas. Un peu honteuse d'être parfois si à côté de la plaque par rapport à Leo, bien plus ancrée dans le réel qu'elle.
Au fond d'elle, Marjo sait que Leo la taquine, pourtant elle se sent con. Evidemment que Leo est douée, elle le sait pertinemment. Elle voulait lui faire un compliment, mais c'est encore raté. Vont-elles finir par se comprendre un jour ? « Je te prends pour la déesse que tu es, ça, j'espère qu'tu l'sais. » souffle Marjo quand Leo la rejoint.
Soudain la pièce est trop petite pour l'amour qui se forme entre les deux. L'une et l'autre sont collées, Leo est si légère sur elle, pourtant son poids la rassure, parce qu'elle est réelle et là, à portée de main. Leurs bouches se cherchent et le soulagement apaise Marjo. Là-dessus elles se comprennent. Le travail est abandonné, loin, il n'y a plus qu'elle qui compte. Leo, la plus belle fille sur terre, la plus drôle, la plus douée, la plus incroyable. « Je sais » souffle-t-elle. Elle était sérieuse tout à l'heure, elle voulait réfléchir à un compromis, mias au fond d'elle, elle savait ce qu'elle faisait. Elle espérait que ça se terminerait comme ça, parce qu'elle la désire tellement. Et qu'elle ne veut pas combattre ce désir, elle veut s'y perdre et tout oublier, au moins pour un instant. « Dînons » propose-t-elle avant de prendre les lèvres possession des lèvres de Leo.
Le monde s'arrête de tourner, le temps cesse de défiler et Marjolaine redevient Marjo. Elle se perd dans les bras de Leo, elle oublie que la vie doit continuer, parce que la seule chose importante au monde, c'est l'amour qui les lie, la passion qu'elles vivent. La seule chose réelle dans ce fichu pays, c'est la douceur et l'énergie de Leo, qui est parfaite, bien plus belle que les étoiles.
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June
Jeu 6 Oct - 0:21
Leo Sanchez
J'ai 24 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis serveuse dans un bar et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à mon côté légèrement instable, je suis célibataire… enfin, je sais pas trop, je crois ? Mon cœur brûle d’autre chose, mais… je suis impuissante à l'écouter. J’ai perdu je ne sais comment Le noir secret de mon tourment À son tour l’ombre se démembre Je cherchais à n’en plus finir Cette douleur sans souvenir Quand parut l’aube de septembre — Louis Aragon, « Zone libre »
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Tout n’est plus que joie pure soudainement, Leo rit, elle remplit l’espace entier de son rire tellement elle est heureuse, là, tout de suite. Le bonheur c’est juste ça, c’est juste Marjo qui la regarde, Marjo qui la voit ; c’est avoir réussi à capter son attention, c’est sentir qu’elle la retrouve, l’intention dans ses baisers. Leo est rassurée, même si en même temps c’est la peur qui l’aide à profiter de ce moment, comme s’il fallait dévorer jusqu’à la moelle tout ce que Marjo lui consent, tout ce que Leo réussit à grappiller, parce qu’elle sait, elle a bien compris que ça peut s’arrêter à tout moment. La vie est un éternel sursis. Bientôt on n’a plus que les restes, et après, quand toutes les tentatives sont épuisées, il n’y a plus rien.
Mais avant tout ça, il y a les baisers, il y a les caresses, il y a faire l’amour avec la plus jolie fille de la terre. Alors Leo embrasse Marjo avec passion, elle n’a pas assez de son visage dans ses deux mains, de ses lèvres, de sa peau, de son corps tout contre elle. C’est trop beau, trop beau pour être vrai. Ça la déborde et elle ne sait pas comment faire pour exprimer tout ce que son corps et tout ce que son cœur veulent dire.
Le tourbillon les emporte, Leo glisse les mains sous le haut de Marjo et le lui enlève ; elle se laisse enlever le sien, elle se lève, elle enlève sa jupe et son collant, elle n’est plus qu’en petite culotte au milieu de la pièce et elle entraîne Marjo au-dessus d’elle sur le lit, elle l’embrasse, elle glisse une jambe entre ses jambes, elles se collent l’une contre l’autre et laissent libre cours à leur désir partagé.
« Marjo c’est trop bon de faire l’amour avec toi », elle dit, Leo, d’un ton tout à fait sérieux, après qu’elles se sont fait jouir toutes les deux. Comme une enfant qui trouve un truc tellement cool qu’il en paraît presque injuste. Elle se penche vers la table de chevet où se trouve son téléphone pour regarder l’heure. « Ça te dit que je nous cuisine un truc ? Un truc genre plus consistant qu’une part de gâteau au chocolat », qu’elle dit, Leo, commençant déjà à réfléchir à sa meilleure recette, sans penser que Marjo va trouver qu’il est tard, peut-être, maintenant ; que Marjo va vouloir partir, sans doute ; rentrer, pour continuer de travailler.
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Lojzo
Mar 11 Oct - 12:17
Marjolaine Fonsi
J'ai 19 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis étudiante en 2eme année de prépa (pour entrer à polytechnique) et je m'en sors plutôt bien. Sinon, j'ai Leo dans le crâne, dans le corps et dans le coeur, mais on n'en parle pas, c'est plus simple.
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Marjolaine lâche prise, elle redevient Marjo. Celle qui a vécu un été splendide, qui a aimé profondément et a profité de chaque instant. Marjo se perd, remplie d'amour et d'impatience, elle s'abandonne face aux lèvres de Leo, elle oublie tout face à ses mains si joueuse, elle se laisse porter par la présence de son amante. Car c'est bien ce qu'est Leo, l'amante qu'elle n'a jamais eu, la première expérience de sa vie, mieux encore, une météorite incroyable qui efface tout le reste sur son passage, tout le reste lui paraîtra un jour fade, mais pour l'instant elle s'en fiche. Elle savoure.
« Oh »
D'un coup, ça lui tombe dessus. Le moment d'allégresse est pass et son coeur se brise. Elle s'est laissé aller et ça l'a rattrape en plein fouet. Les cahiers ouvert, sont téléphone qui s'illumine et une douce musique classique qui s'en dégage. Elle rougit. « C'est ma mère » explique-t-elle avant de prendre l'appel. Elle a une musique différente pour sa mère, l'Eté, de Vivaldi parce que c'était leur morceau préféré quand Marjo avait 8 ans et que depuis, elle l'a associé à ce moment où elles étaient toutes les deux, roulant sur l'autoroute, les vitres baissé et Vivaldi à fond. Un peu thug, mais pas tout de fait. Et puis, comme ça, elle sait toujours quand c'est sa mère qui l'appelle.
Idiotement, elle a fait ça avec quelqu'un d'autre, elle a mis une musique particulière pour Leo, mais Leo elle l'appelle jamais. Elle lui envoie des textos, elle débarque à l'improviste, elle l'a fait rire et monter au ciel, mais elle ne l'appelle jamais. Elle se sent idiote et bien trop amoureuse pour son propre bien. Quand elle raccroche, elle sourit à Leo.
« Pardon Leo, je dois y aller, j'ai encore ces maths à finir puis un peu de philo et il faudra que je » elle baisse la tête, la liste est infinissable, elle a bien trop à faire. « Je suis désolée, je te jure que je veux rester, je te jure que je veux passer du temps avec toi » Et soudain, elle s'arrête, parce qu'une fois de plus, ça la frappe en plein fouet. Elle s'était dit l'inverse au début de la journée, elle s'était promis de mettre de la distance, d'essayer de ne pas trop se voir pour ne pas sombrer. Elle croyait avoir fait un choix, mais Leo bouscule constamment sa vie.
Elle s'approche de Leo et dépose ses lèvres sur les siennes. Dans un baiser doux, intense, un baiser qui lui dire Bon sang, qu'est-ce que je t'aime mais sans prononcer ces mots, parce qu'ils sont trop forts, trop puissants, parce qu'elle n'a pas le droit de lui dire alors qu'elle s'enfuit, parce que c'est trop tôt et que ça n'a pas le moindre sens, parce que jamais Leo le dira, parce que malgré toute le rembourrage qu'elle a cru mettre devant son coeur, celui de Marjo est offert à Leo sans la moindre hésitation.
« Tu m'en veux beaucoup ? » Elle ne devrait pas dire ça Marjo, elle ne devrait pas se faire du mal de cette manière-là. Parce que Leo va nier, parce que Leo va faire comme si de rien n'était, parce que Leo va continuer sa vie, alors que Marjo va devoir travailler et la chasser de son esprit, alors que l'image de la Blonde ne cessera de s'imposer à elle.
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June
Jeu 20 Oct - 7:50
Leo Sanchez
J'ai 24 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis serveuse dans un bar et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à mon côté légèrement instable, je suis célibataire… enfin, je sais pas trop, je crois ? Mon cœur brûle d’autre chose, mais… je suis impuissante à l'écouter. J’ai perdu je ne sais comment Le noir secret de mon tourment À son tour l’ombre se démembre Je cherchais à n’en plus finir Cette douleur sans souvenir Quand parut l’aube de septembre — Louis Aragon, « Zone libre »
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Elle a les yeux pleins d’espoir, Leo, elle croit vraiment, elle veut vraiment croire que Marjo va dire oui, que Marjo va rester. C’est ce qu’elle veut lire dans le sourire qu’elle lui adresse quand elle raccroche, mais très vite la sentence tombe. Ça aurait été trop beau pour être vrai, pas vrai ? Mais comme Leo reste une enfant, son premier réflexe, son premier caprice, c’est d’insister un peu, en faisant sa moue la plus irrésistible – parce que la pensée que Marjo parte, que Marjo la quitte, est trop triste : « T’es sûre ? Si tu veux j’te fais réviser tes langues en même temps que je prépare. Ou ta philo. Et comme ça après t’as plus qu’à manger, ça sera tout prêt, tu perdras pas de temps », qu’elle dit, Leo, mais il y a une fébrilité dans sa voix, une fébrilité qui veut dire qu’elle n’y croit pas trop elle-même.
Et effectivement, en voyant le regard désolé de Marjo, Leo comprend que son intuition profonde était la bonne. Elle aurait pas dû se faire du mal comme ça. À la supplier comme ça, elle va juste finir par lui faire pitié. Je suis désolée, je te jure que je veux rester, je te jure que je veux passer du temps avec toi, qu’elle dit, Marjo. Mais dans la tête de Leo, ça ne fait pas sens. Si tu veux rester et passer du temps avec moi, alors, pourquoi tu ne le fais pas ? Ok, il y a les études, il faut travailler, tout ça, mais si vraiment, ce que tu veux, c’est rester, alors rien ne peut t’en empêcher, qu’elle pense, Leo. Elles n’ont décidément pas le même système d’exploitation. Et puis, ça paraît tellement peu naturel de le dire que ça semble presque suspect, et Leo, elle peut juste pas s’empêcher d’entendre un peu l’inverse.
Tu crois que tu voudrais rester, t’as peur que je me vexe si tu dis le contraire, mais en fait c’est faux ; en fait, tu veux rentrer, travailler c’est le plus important. Elle pense ça si fort, Leo. Quelque part à l’intérieur d’elle, ça résonne comme un cri ; mais elle s’efforce d’écarter cette idée. Et quand Marjo lui dit qu’elle va partir, elle se force à sourire, à ne pas penser qu’elle l’abandonne un peu, quand même. Elle répond, elle s’entend répondre : « Mais non, je ne t’en veux pas », mais c’est tellement évident qu’elle se force à dire ça, qu’elle n’en pense pas un mot, que son sourire est faux – douloureux, même. Oui, elle se force clairement à le dire, parce qu’elle a le cœur un peu brisé, mais qu’aurait-elle pu dire d’autre ? C’est bien ce que Marjo voulait entendre, non ?
Et Leo, elle veut rester fidèle à ce qu’elle s’est promis, elle veut être la bonne petite amie, l’encourager, la soutenir, ne pas être un poids pour Marjo, alors elle tente de toutes ses forces de se faire une raison, elle prend sur elle. Elle ne se doute pas que toute cette tristesse va se déposer au fond de son cœur et y rester. Pourtant l’intensité de ce qu’elle ressent pour Marjo devrait le lui faire comprendre, mais non, on n’est pas vraiment ensemble, on n’est pas vraiment amoureuses, n’est-ce pas ? Ouais… en fait, elle y croit de moins en moins, et ça lui fait peur de voir à quel point elle est devenue accro à cette fille.
Leo attrape Marjo dans ses bras, la serre fort contre elle, nichant son visage dans son cou. La gorge inexplicablement serrée. « Tu reviendras quand même, hein, Marjo ? » demande-t-elle d’une petite voix. Pourquoi est-ce qu’elle a l’impression de lui dire au revoir ?
Et puis Marjo s’en va, Leo ferme la porte, elle entend ses pas descendre l’escalier ; elle va à la petite fenêtre du petit appartement, elle s’y accoude, elle regarde en bas, dans la rue, et voit Marjo sortir de l’immeuble, s’éloigner dans la rue. Disparaître. Leo pousse un profond soupir, elle fouille dans un tiroir et sort un paquet de cigarettes auquel elle ne touche pas très souvent. Elle s’en grille une à la fenêtre, regardant la nuit qui enveloppe Paris petit à petit, le temps couvert, la vacuité de sa vie comparée à celle de Marjo. Puis elle écrase la cigarette, se retourne, regarde son petit appartement tout aussi vide, tout aussi sombre que ses pensées. Elle a envie de pleurer, elle a envie que quelque chose se passe, n’importe quoi, que quelque chose traverse sa vie à quoi elle pourrait s’accrocher. Elle croyait l’avoir trouvé. Mais ce quelque chose lui échappe, lui glisse entre les doigts sans qu’elle soit capable de rien y faire.
Alors sans réfléchir elle met ses chaussures, sa veste, prend son sac et s’en va à son tour. Elle sort – dans un bar, en boîte, peu importe –, incapable de rester en un lieu que Marjo vient de quitter, de demeurer dans son absence.
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Lojzo
Ven 21 Oct - 10:45
Marjolaine Fonsi
J'ai 19 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis étudiante en 2eme année de prépa (pour entrer à polytechnique) et je m'en sors plutôt bien. Sinon, j'ai Leo dans le crâne, dans le corps et dans le coeur, mais on n'en parle pas, c'est plus simple.
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Marjo elle comprend pas ce qu'il se passe dans la tête de Leo, elle ne sait pas ce qui se trame, ce qui s'amplifie. La seule chose dont elle a conscience, c'est qu'elle n'est pas sûre d'elle. Marjo elle n'a pas confiance en elle-même dans cette histoire d'amour. Elle sait que Leo est différente, elle est unique, elle est vivante, elle croit que Leo ne se contentera pas que d'elle et, encore une fois, elle choisit la fuite. Si c'est elle qui part, alors c'est plus simple non ?
Dans les bras de Leo qui lui murmure à l'oreille « Tu reviendras quand même, hein, Marjo ? » La gamine perd pied. Elle ne comprend plus, elles se disent adieu ? Elles ne se reverront plus ? Il n'y a pas cinq minutes, elle était en train de nager dans le bonheur, et maintenant, elles se font des adieux déchirants ? C'est trop pour son pauvre petit coeur. « évidemment » répond-t-elle aussi délicatement que son amoureuse. Comme si c'était réellement aussi évident, comme si elles jouaient un rôle et qu'elles ne faisaient que lire la pièce de théâtre. Les mots ne traduisent pas leurs pensées, ni les battements de leur coeur. Marjo en est consciente et elle a honte. Alors elle part, sans même se retourner.
Dans l'escalier, des larmes traitresses la surprenne et elle ne comprend pas comment l'instant s'est fissuré de la sorte. Elle essaie de revivre la soirée et cherche le point de bascule, comment elles sont passées de : je t'aimerai toute la vie à adieu. C'en est trop pour elle.
Métro puis marche, Marjo retourne dans ce qu'elle connait, ce qu'elle maitrise. Elle rentre chez elle, sur son visage un sourire de façade s'inscrit. Elle ne montrera rien à sa mère, elle ne songera qu'à ses cours. Elle se prétendra fatiguée et ira travailler. Toute la soirée, une partie de la nuit. Puis elle ira dormir, réellement épuisée et tous ses rêves ne seront centrée que sur une personne : Leo.
Une matin, puis deux. La routine recommence. Des cours, des pauses studieuse, des devoirs, des notes, de apprentissages. Quatre jours, puis cinq, le temps passe, avance. Elle cherche Leo dans la foule chaque fois qu'elle sort du lycée. Pourtant elle n'est pas là, elle ne vient plus. Marjo lui a envoyé des textos, tous bêtes, tous simples. Elles ne parlent que de banalités, comme si de rien n'était, mais son coeur brûle et elle met souvent plusieurs heures à répondre aux textos. Une semaine passe encore, les premiers examens sont annoncés, Marjo éteint de plus en plus son téléphone, histoire de ne pas être déconcentrée, de ne pas attendre désespérement un retour de Leo... Parce que chaque fois qu'elles essaient de se voir, ça ne colle pas. Comme si elles s'étaient déréglées, quand Leo a du temps, Marjo n'est pas dispo et quand Marjo se rend libre, Leo bosse. Marjo ne veut pas la voir dans son bar, elle veut n'être qu'avec elle, seule, dans un environnement sain et simple. Leo ne le comprend sûrement pas, Marjo ne sait pas l'expliquer. Alors, elle l'écarte de ses pensées, avec trop d'aisance pour que cela soit naturel, elle bosse. Huit heures par jour à l'école, puis au moins quatre heures à la maison, un repas entre les deux et elle va dormir, tous les soirs à vingt-trois heures, pour être en forme.
Tous les jours, elle évite le bus, marche une demi-heure jusqu'au métro, matin et soir, un podcast dans les oreilles - sur l'actualité politique, on ne perd pas de temps - elle marche pour faire un minimum d'effort physique. Ce n'est pas forcément sain vu la pollution de Paris, mais elle a l'impression de faire bien les choses. Pourtant, sa mère lui fait remarquer qu'elle perd du poids, qu'elle semble moins heureuse, qu'elle travaille trop. L'inquiétude de sa mère résonne en elle et Marjolaine décide de prendre les choses en main.
Un soir, elle ne rentre pas chez elle, elle envoie six textos à Leo.
Citation :
Pardon pardon pardon du silence des derniers jours. J'avais beaucoup de boulot et la promesse de l'examen blanc m'a terrifiée. J'ai décidé de ne pas bosser aujourd'hui, j'ai envie de te voir. T'es dispo ? S'il te plait, soit dispo !
Elle va devant chez Leo, prête à changer de lieu en cours de route, elle passera la soirée où Leo est. Au bar, en boite de nuit, dans les rues de Paris ou chez elle. Tant pis pour toutes ses idées précédentes, elle vient de comprendre qu'elle ne peut pas la mettre de côté et risquer de la perde.
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June
Sam 5 Nov - 22:40
Leo Sanchez
J'ai 24 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis serveuse dans un bar et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à mon côté légèrement instable, je suis célibataire… enfin, je sais pas trop, je crois ? Mon cœur brûle d’autre chose, mais… je suis impuissante à l'écouter. J’ai perdu je ne sais comment Le noir secret de mon tourment À son tour l’ombre se démembre Je cherchais à n’en plus finir Cette douleur sans souvenir Quand parut l’aube de septembre — Louis Aragon, « Zone libre »
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Elle sent son téléphone vibrer. C’est peut-être elle, se dit Leo ; elle se glisse en cuisine, se dérobe un moment aux obligations du service, s’éclipse pour regarder, même si elle devrait pas. C’est plus fort qu’elle, elle déverrouille son téléphone d’un geste rapide, retient son souffle. C’est elle. Elle expire d’un petit coup sec, soulagée, heureuse, et en même temps elle évacue la légère angoisse qui la prend à chaque fois qu’elle voit le nom de Marjo apparaître sur son téléphone – l’angoisse de ce qui se défait, inévitablement, entre elles.
Ça fait plusieurs semaines qu’elles se sont pas vues. Elles se sont ratées, encore et encore ; au début Marjo répondait aux textos, et puis de moins en moins, et puis plus du tout. Pendant ce temps, Leo, elle a pas vécu les meilleures heures de sa vie, clairement. Tout ce qui était devenu lumineux dans sa vie redevient sombre peu à peu ; il y a le petit appartement vide, la nuit qui tombe de plus en plus tôt, l’été qui s’éloigne comme un lointain souvenir de carte postale, irréel ; le jour qui rétrécit et qui s’annule pendant que la vie nocturne se déploie dans la musique, les couleurs des bars et des boîtes, la fête, la foule, rentrer tard, fumer un peu plus que d’habitude, boire un peu trop et un peu trop souvent.
Ne pas penser, mais en même temps elle pense trop, elle angoisse, et elle se sent tellement impuissante, Leo. Elle se sent abandonnée, et elle a l’impression que tout ce qu’elle pourrait faire ne ferait qu’empirer la situation. Elle le sent pourtant dans son corps, non ? ce qu’il s’est passé, entre elle et Marjo ? Il y avait de l’amour, elle en était sûre… ou en tout cas c’est ce qu’elle avait cru reconnaître, un moment. De l’amour si pur qu’elle en aurait pleuré, si beau qu’elle était terrifiée à l’idée de tout faire foirer…
D’ailleurs elle le sent encore, quand elle lit le message de Marjo sans pouvoir s’empêcher de sourire quand même. Et Marjo aussi elle sent tout ça, Leo en est certaine : Marjo sent bien que quelque chose est en train de disparaître, de lui filer entre les doigts et que si elle fait rien pour rattraper le bout du fil, tous les jolis ballons de l’été vont s’enfuir dans un ciel trop grand pour elles.
Leo lit le message de Marjo et il y a un sourire, mais il y a aussi la gorge un peu serrée, il y a aussi l’amertume, une impression de ressentiment et de fatalité. Pourquoi tu disparais comme ça Marjo ? Et pourquoi tu réapparais maintenant ? Et moi je devrais être là, au moment où tu l’as décidé, soudainement… Tu n’as pas voulu me voir pendant des semaines, alors pourquoi maintenant ? La vérité, c’est pas plutôt que tu culpabilises ? Que t’as de la peine pour la pauvre Leo qui n’est rien sans toi ?
Leo pense toutes ces choses si tristes et si noires, aussi noires que son âme ; et puis elle pousse un grand soupir, encore, et elle les balaye, elle les oublie. Marjo est là, l’heure est à la joie et à la légèreté, c’est tout ce qui doit compter. Alors Leo affiche un grand sourire et elle tape frénétiquement sur son téléphone :
Citation :
salut l’adorable chaton
comme t’es irrésistible je suis dispo, bien sûr
ceci dit j’ai mon service à finir avant, je crois que mon boss le prendrait mal si je me barrais maintenant sans rien dire
si t’as la patience de m’attendre je sors à 23h, sinon viens au bar et je te ferai le meilleur cocktail de toute ta vie
(ceci n’est pas un sous-entendu de nature sexuelle)
(quoique)
Elle glousse comme une idiote en envoyant ça, elle imagine facilement que Marjo rigole aussi en lisant ses messages. Et puis on la rappelle à l’ordre, on a besoin d’elle au bar et c’est pas la première fois qu’elle se fait reprendre ces derniers temps, d’ailleurs. À croire qu’elle a un peu l’esprit ailleurs, Leo…
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Lojzo
Lun 7 Nov - 8:32
Marjolaine Fonsi
J'ai 19 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis étudiante en 2eme année de prépa (pour entrer à polytechnique) et je m'en sors plutôt bien. Sinon, j'ai Leo dans le crâne, dans le corps et dans le coeur, mais on n'en parle pas, c'est plus simple.
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Les textos de Leo arrivent sans tarder et son coeur bondit de soulagement. Elle l'accepte. Malgré son silence, malgré son absence, malgré tout. Ses lèvres s'étirent en un large sourire et elle soupire d'aise. Elle colle son téléphone contre sa poitrine et lève les yeux vers le ciel. Elle lui adresse un merci silencieux.
Citation :
Bien sûr, j'arrive tout de suite ! J'ai déjà trop de chance que tu sois un peu dispo quand même, c'est inespéré !
Elle tape vite, avant de regretter, avant de rester sur des messages plus légers, avant de revenir sur ses pas. Elle ne veut pas ressentir le gouffre, celui dans lequel elle s'est enfoncé depuis la dernière fois qu'elles se sont vues. Ce sentiment de chute libre, comme si elles avaient tourné une page, alors qu'en réalité, elles ne sont juste que deux gamines à peine majeur qui ne savent pas trop y faire.
Les couloirs du métro sont bondés, elle déteste ça. Son pass navigo bip contre le portique et elle rentre de justesse dans la rame qui s'éloigne, remplie. C'est l'heure de pointe, sûrement. Serrée contre deux personnes, elle ne peut que penser à cette future soirée et elle ferme les yeux. Son arrêt arrive, changement de métro, marche, recherche - inutile - d'une place assise, arrivée.
L'air frais de la rue lui fait du bien et elle laisse ses pas la guider vers le bar de Leo. Elle inspire profondément en entrant et affiche un immense sourire, Leo ne doit pas remarquer combien elle a perdu du poids en un mois, combien ses soucis de la prépa l'ont changé en si peu de temps. Elle veut juste laisser de côté son futur, son avenir pour ce soir, ce qui compte c'est qu'elles soient Leo et Marjo.
« J'prendrai bien votre meilleur cocktail, mad'moiselle la plus belle de toute la pièce. » lance-t-elle en s'asseyant sur l'un des fauteuils haut du bar.
Elle n'a même pas jeté un coup d'oeil vers les tables pour voir s'il reste un endroit dispo, elle ne quittera pas Leo des yeux en attendant 23h, mais elle la laissera travailler, ça, elle le promet.
« Merci » souffle-t-elle enfin.
C'est un merci général, elle veut la remercier d'être patiente avec elle, de lui pardonner, de rester là. Marjo veut lui dire qu'elle fera des efforts, qu'elle dépéri sans sa Leo, mais elle est incapable de poser ces mots-là, alors elle dit juste merci.
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June
Sam 10 Déc - 11:30
Leo Sanchez
J'ai 24 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis serveuse dans un bar et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à mon côté légèrement instable, je suis célibataire… enfin, je sais pas trop, je crois ? Mon cœur brûle d’autre chose, mais… je suis impuissante à l'écouter. J’ai perdu je ne sais comment Le noir secret de mon tourment À son tour l’ombre se démembre Je cherchais à n’en plus finir Cette douleur sans souvenir Quand parut l’aube de septembre — Louis Aragon, « Zone libre »
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Il y a cette légère tension du corps et de l’esprit, les yeux qui se posent sur la porte du bar toutes les cinq secondes, les gestes qui se font plus imprécis, la façon distraite et inhabituelle qu’elle a de répondre aux autres clients. L’attente. L’éternelle attente. Dis-moi que tu vas venir… Et puis le soulagement, quand enfin la silhouette familière apparaît dans la salle du bar. Leo, comme par réflexe, baisse les yeux, se retourne vers ses bouteilles, fait mine d’être occupée à autre chose. Juste histoire de masquer un peu le fait qu’elle n’est qu’une âme en peine, quand Marjo n’est pas là pour illuminer sa vie et lui donner un sens.
Puis elle l’entend. Cette voix qui n’a pas changé, qui parle à son cœur et qui le fait bondir. Olala, tous ces trucs que son corps ressent, ça la dépasse.
Leo se retourne, elle peut pas s’empêcher de sourire. Enfin, elle est là, enfin, elle peut la voir, plonger ses yeux dans les siens et s’y noyer, s’y oublier. Leo connaît par cœur le visage de Marjo, chacun de ses traits, et pourtant, quand son regard se pose enfin sur elle, elle est foudroyée sur place. Tu es là, tu ne vas pas partir, tu es bien réelle ? Et puis… quelque chose a changé. C’est presque intuitif : une inquiétude, le souci d’elle s’installe instantanément dans le cœur de Leo. Elle est tellement attachée à cette fille… Elle voudrait la protéger contre tout, elle voudrait que rien ne lui arrive, et pourtant elle le voit bien : cet éclat dans son grand regard qui s’est terni, sa silhouette plus frêle, ses traits à peine plus fins, et plus marqués.
Ne pas se laisser désarçonner. Être la Leo que Marjo aime, la Leo légère, insouciante et joyeuse, pas la Leo bizarre, sombre et pessimiste. Sourire grand et parler fort, avec énergie. « J’ai exactement ce qu’il vous faut, même si je suis désolée de devoir vous dire que c’est vous, la mad’moiselle la plus belle de toute la pièce. Mais je suis sûre que vous le savez déjà. » Elle se retourne dans un sourire charmeur et, avec des gestes précis et fantasques, remplit le shaker qu’elle agite, avant de verser le cocktail dans une grande coupe haute, qu’elle décore joliment d’un brin de romarin et d’un quartier de pamplemousse.
« Votre filtre d’amour est prêt », susurre-t-elle en déposant le verre devant Marjo, le regard plein de malice. Elle dépose ses avant-bras sur le bar, le dos légèrement rond, et plante ses yeux dans ceux de Marjo, attendant le verdict – mais elle sait que ce mélange, qui n’est évidemment pas à la carte, est délicieux. Gin, sirop de romarin, glace pilée et jus de pamplemousse blanc – c’est là tout le secret, dans la douceur et la délicatesse que le pamplemousse rose n’a pas. Est-ce que ça suffira pour que Marjo tombe folle amoureuse d’elle ? Leo n’en sait rien, c’était bien sûr une plaisanterie, mais au fond d’elle, elle a quand même un peu d’espoir. Si Marjo ne peut pas l’aimer pour elle – parce qu’elle n'en vaut clairement pas la peine –, peut-elle qu’elle restera pour ses cocktails ?
« Bon alors, qu’est-ce qui vous amène dans l’antre du mal un soir de semaine, belle dame ? » Tu m’as manqué… C’est ça qu’elle pense, mais elle ne peut pas le dire. Tu as changé, je m’inquiète pour toi, parle-moi, dis-moi comment tu vas vraiment, pense-t-elle encore, mais elle ne peut pas montrer qu’elle se fait du souci pour elle, parce que Leo ne se soucie jamais de rien, pas vrai ? Parce qu’il faut jouer, toujours continuer de jouer, garder le masque coloré et les habits de fête, dissiper toute trace de sérieux, sous peine que tout s’arrête.
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Date d'inscription : 19/09/2017
Région : ardèche
Crédits : i4sullyoon (ava)
Univers fétiche : fantasy, science-fi, réel.
Préférence de jeu : Les deux
Lojzo
Lun 19 Déc - 10:39
Marjolaine Fonsi
J'ai 19 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis étudiante en 2eme année de prépa (pour entrer à polytechnique) et je m'en sors plutôt bien. Sinon, j'ai Leo dans le crâne, dans le corps et dans le coeur, mais on n'en parle pas, c'est plus simple.
Sonia Ben Ammar (c) icemacklin
Si Marjolaine est épuisée, par le fait d'être constamment en train d'utiliser son cerveau pour ses devoirs et ses cours, elle est heureuse de voir que Leo est toujours elle-même. Son sourire charmeur, ses yeux pétillants, ses gestes assurés. Leo elle est moteur dans leur relation, même si elle ne veut pas de ce rôle. Marjo c'est celle qui débute, qui ne sait pas trop, elle n'a jamais été en couple. Oh, bien sûr, elle a échangé quelques baisers derrières les toilettes au lycée, mais ce n'était pas un relation. Et là, elle aime vraiment Leo, elle est piquée, foutue, mais elle en est heureuse. Parce qu'elle vient de comprendre combien elle était bien et elle-même avec Leo. Avant la lionne, elle avait l'impression de jouer un rôle, maintenant, elle interprète la vraie Marjo.
Le léger rire qui s'échappe de ses lèvres est vrai, sincère, joyeux. Il est petit, mais déjà elle sent la pression s'éloigner de ses épaules. Oh, juste le temps de la soirée, elle ne fait qu'un petit break, mais c'est déjà la meilleure chose au monde. Elle trempe ses lèvres dans le cocktail et... « Han j'aime trop » qu'elle s'exclame, totalement sincère, surprise et heureuse. Elle boit une autre gorgée avant de se calmer. Il faut qu'elle fasse gaffe, elle boit si peu d'alcool ces derniers temps, elle va finir la tête à l'envers. « Je vois le pamplemousse donc je le sens, je reconnais la glace, mais le reste ? » Elle est curieuse, miss-je-sais-tout et elle n'aime pas ne pas savoir. Elle sourit, elle veut la répondre. Elle l'obtiendra. « On dirait une ... herbe ? » C'est à ce moment-là qu'elle la voit flotter sur son verre, merde, elle n'a aucun crédit, elle ne la reconnait pas. « T'es vraiment incroyable et diablement sexy quand tu prépares un cocktail. » susurre-t-elle en réfrénant sa jalousie, parce qu'ils sont trop nombreux ceux qui savourent cette chance de voir Leo plus qu'elle.
Les yeux de Leo, plongés dans son regard, la fait frissonner. De timidité parce qu'être regardée de la sorte, c'est fou. Mais aussi d'envie, parce qu'elle aime que Leo se concentre sur elle, que Leo oublie le monde alentours, que Leo songe que Marjo en vaut la peine. Et son coeur bondit dans sa poitrine, il explose de joie, elle ne savait pas qu'elle était capable d'autant d'amour, la Marjo, parce qu'en donner, c'est en recevoir. Putain de merde, pourquoi elle n'est pas venue plus tôt ? Bien évidemment, elle ne peut pas dire une telle chose, Leo elle aurait peur. Alors Marjo contient toutes ses émotions, pour les savourer pleinement quand elle sera seule. « Genre toi, t'es pas une excuse suffisante tu penses ? » Elle fait mine d'être choquée, mais elle sait - elle suppose plutôt - que Leo ne s'en contentera pas, parce qu'elle n'y croira pas. « J'en avais marre du boulot, » reconnait-elle distraitement, ne voulant pas s'appesantir sur le sujet « et je voulais pratiquer mon activité préférée » Elle lui lance un regard brûlant, qui peut se traduire de mille façon. Leo peut choisir laquelle. Et elle reprend une gorgée du cocktail.
Univers fétiche : Réel, SF, inspiré d'œuvres ou de jeux vidéos
Préférence de jeu : Les deux
June
Mer 21 Déc - 17:31
Leo Sanchez
J'ai 24 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis serveuse dans un bar et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à mon côté légèrement instable, je suis célibataire… enfin, je sais pas trop, je crois ? Mon cœur brûle d’autre chose, mais… je suis impuissante à l'écouter. J’ai perdu je ne sais comment Le noir secret de mon tourment À son tour l’ombre se démembre Je cherchais à n’en plus finir Cette douleur sans souvenir Quand parut l’aube de septembre — Louis Aragon, « Zone libre »
amanda arcuri (c) crushedstvrs (tumblr)
Leo prend un malin plaisir à faire mariner Marjo, quand elle essaye de reconnaître les composantes du cocktail. En même temps, un sourire gigantesque envahit son visage à lui faire mal aux joues. Elle sait bien qu’elle doit avoir un air béat un peu bête, mais c’est pas grave, elle est trop heureuse. « Tu reconnais la glace, ça va, t’as encore toute ta tête alors », elle la taquine, avant d’éclater de rire au mot herbe. « Oui, il y a du sirop de romarin. Et du gin, c’est quand même la base, d’ailleurs. »
Elle mime d’être flattée quand Marjo lui dit qu’elle est sexy quand elle prépare des cocktails. Intérieurement, elle se dit que le pari est réussi, que peut-être que oui, Marjo restera pour ses cocktails – et ça la rassure. Leo se penche très doucement vers l’oreille de Marjo et murmure sensuellement : « Tu n’as encore rien vu. » C’est bien, ça, non ? pour créer une attente, garder l’attention de l’autre en lui laissant entendre qu’on a encore de quoi lui en mettre plein la vue ?
Leo ne croira jamais qu’elle est une excuse suffisante, bien que le terme soit déjà assez péjoratif – mais dans le fond, elle n’en demanderait pas plus. C’est juste que ça lui semble improbable, et d’ailleurs Marjo confirme un peu ce qu’elle pense. Je vois, t’avais besoin de te changer les idées et tu t’es dis que Leo, c’était la personne parfaite pour ça, songe-t-elle, sans amertume, sans réelle tristesse, parce que pour elle c’est un propos neutre, une vérité à laquelle elle croit, quelque chose de normal sur lequel elle n’a pas de prise. Au contraire, elle se dit qu’elle a un atout de plus dans sa manche, Leo. Ça fait deux, peut-être même trois : les cocktails, ses talents au lit, et sa personnalité loufoque qui changerait les idées à n’importe qui.
« Tu veux dire, me faire mettre un sex-toy en douce et le garder pendant toute la soirée ? » fait Leo, sans baisser particulièrement la voix (mais dans la confusion du bar, personne ne fait attention à elles), en rendant à Marjo son regard brûlant. Puis elle se penche encore et lui chuchote à l’oreille : « Je suis chaude si tu veux. » Bon, c’est peut-être pas trop ce à quoi Marjo pensait. Peut-être que c’est un peu trop jouer pour le mood du moment. Sur ce, elle est bien obligée de s’absenter quelques minutes, plantant Marjo sur ces belles paroles le temps d’encaisser des clients et de préparer les margaritas de deux filles qui viennent de rentrer dans le bar.