Xia Rulin
J'ai bientôt
600 ans et je vie
un peu partout, dans le
monde. Dans la vie, je suis
exorciste et je m'en sors
avec les honneurs dirons-nous. Sinon, grâce à mes
pouvoir, j’ai
plusieurs identités et je le vis plutôt
bien.
J’approche de mes
600 printemps sur cette terre. Je suis né sur le Mont Emei, en
Chine. A l’époque je n’étais qu’un minuscule
serpent vert, mais tout comme ma mère j’avais déjà éveillé une conscience supérieure à celle de mes congénères. Grâce à son enseignement et à des siècles de méditations j’ai fini par acquérir des pouvoirs magiques. Et ainsi j’ai pu prendre
forme humaine. J’ai eu de nombreuses identités au cours des 300 dernières années. Il y a cependant deux apparences qui ont ma préférence et lorsque que je n’emprunte pas le visage d’un.e autre ce sont sous ses traits là que j’évolue parmi les mortels. Certains prétendront que je suis un démon mais je ne me suis jamais considéré comme tel bien que ma réelle forme puisse en effrayer plus d’un. Sachez qu’il est devenu plus difficile de dissimuler ma carcasse reptilienne de plusieurs mètres de long de nos jours. Je m’accommode donc d’une vie presque ordinaire. Je voyage beaucoup, là où mon travail m’amène. J’ai oublié de préciser : je suis
exorciste, je m’arrange pour que les esprits agités trouvent le repos et que les objects hantés et/ou maudits ne causent pas trop de désagréments. La richesse et la reconnaissance n’ont pas d’importance pour moi, je ne suis qu’un animal qui aime à se jouer des humains pour obtenir ce qui lui fait plaisir et à grignoter quelques rongeurs bien gras.
CC :
#63a762 @Val
Un doux parfum d'âmes érudites...
Tu es une personne discrète, une personne d’habitudes. Chacune de tes journées est prévisible, sans doute efficace pour atteindre tes objectifs. Tu n’as pas beaucoup d’amis, pas non plus le temps de t’enivrer du parfum doux de l’automne en traversant le parc jusqu’à la bibliothèque. Ta démarche est pressé mais légère, presque sautillante. Tu m’es sympathique et j’ai l’impression de te connaitre à force. En un sens c’est bien le cas… Cela fait un moment que je t’observe. Peut-être as-tu senti ma présence, avec cet étrange sens que vous avez, vous, humains, lorsque l’indicible s’accroche à vos semelles. Tu n’as pourtant pas fait réellement attention à ma personne, peut-être faudrait-il pour cela que je le souhaite. Malgré la distance que je m’impose, je m’étonne encore de l'affection que j’éprouve pour des traits qui me paraissent vaguement familiers, émergeant vaillamment du brouillard d’une mémoire volontairement amoindrie. L’humain est tout aussi vivace qu’il est fragile, voilà une leçon à ne pas renier.
Qu’importe bien les remous de l’âme, tu vas dormir profondément et lorsque je me regarde dans le miroir je peux reconnaitre tes yeux sombres et tes lèvres pâles qui m’adressent un sourire. Voler des identités est un art de vivre à part entière, celui que je pratique d’instinct, en m’accordant ce dont j’ai besoin et ce dont j’ai envie. Pourquoi s’encombrer quand la liberté est à porté de main ? Il arrive que je fasse preuve de malice ou d’une bienveillance inattendue à l’égard de mes créditeurs, cela dépend de mon humeur…. Je suppose. Dans ton cas, jeune demoiselle, il se pourrait que la chance soit de ton coté. Quelques étirements pour vérifier que tout est bien en place, longueurs des bras, forme des oreilles, et même ce grain de beauté discret sur le pouce. Me voila rapetissé de plusieurs centimètres et bel et bien prêt à prendre ta place pour quelques heures si tout se passe comme prévu. Est-ce que les choses se passent comme prévu d’habitude ? Bien évidement que non.
Il y a deux choses que j’aime véritablement : lézarder au soleil et la nourriture fraiche, vivante pour être précis. Le climat ambiant est hélas peu propice à se prélasser sur un banc et partager les repas des humains, aussi savoureux soient-ils, ne satisfait jamais pleinement mon appétit. C’est la 4ème nuit, déjà. Mon esprit vagabonde vers des contrés plus ensoleillés et sauvages tandis que l’obscurité tombe sur ce temple de la connaissance. Bientôt le bâtiment sera déserté et j’aurais tout le loisir d’en explorer les recoins à ma guise. Rester plus tard n’éveille pas vraiment de surprise chez tes collègues. Un à un ils s’éclipsent, je m’impatienterais presque. Les rumeurs collectés auprès des étudiants et employés devraient enfin me permettre de trouver ce que je suis venu chercher.
Habituellement c’est ta fantaisie dans ton petit univers millimétré, ton moment. Rassure toi, ce n’est qu’un emprunt. La bibliothèque plonge dans un nouveau silence, pas un seul murmure, pas un seul pas feutré n’ose plus interrompre la mélodie secrète de ce lieu. Des craquements délicats, des courant d’air insoupçonnées, duveteux, mystérieux. Les endroits de ce genre sont des nids à esprits et bien heureusement ils sont, de façon générale, parfaitement inoffensifs. On pourrait même argumenter en leur faveur que ces présences invisibles sont indispensables pour l’apprentissage. Un lieu vide de toute substance spirituelle ne peut faire naitre que le néant. Un long moment songeur, je m’imprègne de l’atmosphère chargée d’énergie surnaturelle; elle est légèrement plus lourde que ce que j’avais envisagé. Peut-être est-ce dû à la lune qui s’arrondit, peut-être à ma propre intervention, peut-être à autre chose encore.
Il est temps de me mettre à l’œuvre et je commence par récupérer mes affaires là où je les ai rangés quelques heures plus tôt. Cette sacoche plus qu’usée n’est pas vraiment ton style mais je n’ai pas pu me résoudre à la troquer contre un vulgaire sac à dos. J’en sors quelques feuillets de talismans et je commence à les repartir sur mon chemin. Cela devrait éloigner les humains curieux tout en révélant ce qui est dissimulé dans cette bibliothèque depuis trop longtemps. Je m’adapte à ce siècle avec une certaine prudence comme si une partie de moi-même existait dans un autre espace temps; j’ai parfois du mal à ne pas sentir ses doigts s’accrocher à un ourlet de ma manche. Celle là même s’allonge de plusieurs centimètres, passant d’un lainage pelucheux à une antique soierie des plus raffinée. Même s’il s’agit de magie on se sent parfois à l’étroit dans certains corps. Il me tarde tant de retrouver mon apparence usuelle que ma physionomie fluctuent déjà sans que je n’en ai pleinement conscience.