Le sac sur le dos, Mao avait bien prévu un week-end camping. Il avait même tout préparé avant de partir, de quoi manger, de quoi dormir, de quoi s'orienter dans la forêt et les plaines de l'Irlande. Papio avait même offert une prière et une incantation pour que les esprits de la forêt les guident et veillent sur eux, pour leur protection. Pour crapahuter dans les cailloux, le tatoué s'était chaussé avec des boots de randonnée, c'est tout. Les vêtements ? Aucun. N'oublions pas qu'il ne supporte pas d'être habillé, lui qui a vécu et grandit au sein d'un campement naturiste, il n'a pas l'habitude des vêtements. Et puis ici, il n'y a personne, en plein milieu de la nature, contrairement où en ville il n'a pas le choix de s'habiller. Il profite du grand air. Disons que s'ils croisaient quelqu'un, ce quelqu'un verrait un homme nu comme un ver, mais chaussé de boots, avec un sac sur le dos. On le prendrait pour un fou, sûrement, et lui penserait que c'est une hallucination.

Mao se retourne vers son mari, pour lui demander, « Pas trop mal au pied, mon cœur ? », non pas que Rik ne soit pas sportif, bien au contraire, mais il a longuement été malade tout au long de sa vie, et Mao veut prendre soin de lui et de sa santé. Il rajoute, avec un petit sourire, « On fait une pause goûter ? », alors que ses yeux balayent le lieu, à la recherche d'un endroit ou s'installer le temps d'une pause. Profitant du bref arrêt pour se positionner derrière son époux et l'enlacer avec tendresse, posant son torse contre les omoplates de ce dernier. Après quelques baisers dans le cou, il lui montre du doigt une montagne au loin et il raconte avec un petit rire amusé, « Le sommet là-bas, c'est le mont de la couille perdue, Papio m'a toujours raconté qu'il en avait perdu une là-bas, tout en haut. J'ai jamais sût si c'était vrai ou pas. » Enlacé avec son amour, il contemple les lignes de l'horizon.

J’adore la nature et j’adore Mao. Deux passions combinées ensembles devraient être exceptionnel, n’est-ce pas? Eh bien, pas tout à fait. Cette petite escapade romantique est magnifique et mon compagnon qui me devance est clairement trop hypnotique pour mon propre bien, mais marcher en pleine forêt en ne portant que des bottes…je ne suis pas très à l’aise. En fait, je ne suis pas très à l’aise avec mon corps en portant des vêtements alors la nudité légèrement imposée de l’événement me rend encore plus maladroit qu’à mon habitude. J’avance en tentant de rester concentré sur le chemin et non pas sur le fessier de mon mari alors qu’on crapahute sur les sentiers et dans la forêt. Mao est toujours si libre lorsqu’on visite sa terre natale, j’adore le voir aussi heureux, lui qui a souvent des tendances à se porter sur la mélancolie. Il est si beau lorsqu’il sourit de la sorte. Trainant mon sac sur ma carcasse beaucoup trop maigre pour être typiquement attirante, je m’immobilise lorsque le chef de l’expédition déclare qu’il est temps de prendre une pause. Parfait, je commençais justement à avoir soif un peu.


Un sourire fleurit sur mon visage lorsqu’il me demanda comment j’allais. Mao et sa tendresse. « Je vais bien amour, ne t’inquiète pas » Le rassurais-je. Ma dernière récidive de leucémie était encore très récente et mon époux me couvait avec tant d’angoisse que j’avais peur pour sa santé mentale parfois. Mao devrait apprendre à s’occuper mieux de lui…juste au cas où la maladie m’emporterait, un jour. « Oui, faisons une pause. Je suis épuisé et déconcentré. Voir tes fesses remuées autant a failli m’estropier quelque fois » Plaisantais-je en déposant avec bonheur mon sac. J’avais encore un peu de difficulté à me montrer aussi à l’aise que lui avec ce genre de conversation, mais nous étions seuls et je me sentais beaucoup plus libre. Je sens mon homme derrière moi et je frissonne lorsqu’il me sert contre lui. Il est tout chaud et si tendre que je fonds à nouveau pour cet homme incroyable qui m’aime sans trop que je ne sache pourquoi.  Alors qu’il me raconte son histoire de couille perdue, je ronronne de contentement dans ses bras. « Hein? » Dis-je soudainement avant d’éclater de rire.


Les Sweeney sont vraiment des êtres à part des autres, c’est indéniable.


« Et tu n’as pas peur d’y aller? Ça serait triste que tu en perdes une ou pire, les deux » Le taquinais-je en me tournant vers lui afin de lui faire face. Mes yeux bleu ciel brillaient de malices alors que je me penchais pour l’embrasser sur les lèvres, incapable de résister plus longtemps à cette tendresse qu’il me prodiguait encore et encore.