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LE TEMPS D'UN RP

dynasties and dystopia ☾ Stormy Dream

everdosis
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everdosis
Lun 7 Nov - 16:45

Serena
Leonhart

J'ai 27 ans et je vis à Queenstown, Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis héritière investie dans l'humanitaire, justicière la nuit et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, encore, depuis peu et je le vis plutôt bien.

Informations supplémentaires ici.
Combien de temps est-elle restée immobile ?

Le regard rivé par la fenêtre, elle ne sait pas spécialement ce qu'elle guette. Les toits des immeubles alentours, une ombre potentielle, à l'embouchure de cette rue bordant le lac Wakatipu, laquelle s'enfonce progressivement dans le dédale animé des rues de la ville. Elle dévie, caresse de ses iris verts les sommets du fjord, dont les pentes éternellement enneigées se dessinent sous le soleil déclinant. Bientôt, ce sera l'été.

—...na

Et pourtant, elle jurerait sentir le froid glisser le long de sa colonne en dépit des fenêtres et portes fermées.

— Reena !
— Hm ?

Elle tourne la tête, longueurs brunes dansant sur les épaules pour en suivre le mouvement. Debout au milieu du salon - depuis quand était-elle là ? - Oona l'attend avec deux tasses fumantes entre les mains, sourcils froncés devant l'air pensif de sa meilleure amie.

— A quoi tu pensais ? Ton thé est là.
— Désolé. A rien. Et tout à la fois.

Le modèle typique de la réponse voulant très justement tout et rien dire à la fois. Mais elle n'était pas - et ne devait pas - être le sujet de conversation, les rideaux qu'elle tire jusqu'à dissimuler l'extérieur pour mieux revenir vers le canapé où elle se pose de concert avec la rouquine.

— Comment tu te sens ?

Pas la meilleure des entrées en matière, et pas le plus de tact, non plus. Elle voit bien, l'éclat éteint dans les iris perçants de celle qu'elle connaît depuis l'âge de douze ans. Elle distingue aussi la façon dont ses doigts se crispent autour de sa tasse et la subtilité par laquelle elle tourne un peu la tête pour mieux dissimuler le voile de larmes qui s'installe dans son regard.

— J'arrive toujours pas à y croire.

A juste titre. Ce n'est pas tous les jours qu'on perd à la fois son père et son fiancé. Enfin, son père a disparu, officiellement. Magnat de l'immobilier, ami de longue date de ses parents, Serena ne l'a jamais particulièrement senti. Mais ça reste le père d'Oona. Et de ce fait, elle s'y retrouve forcément mêlée, pour ça et pour tant d'autres raisons. Dans un geste de soutien silencieux, elle pose sa main sur le genou de la jeune femme pour y exercer une pression à peine perceptible.

— Je ne bougerai pas d'ici tant que tu ne me chasseras pas de cette maison, Nana. J'espère que t'en as conscience.

Et derrière son apparente tentative d'humour, elle est on ne peut plus sérieuse. Elle compte surtout camper ici tant qu'elle n'aura pas levé le voile sur la situation. Oona ouvre les lèvres pour répondre, mais est interrompue par la porte d'entrée, reposant sa tasse sur la table basse avant de se redresser. Elle ne laisse pas passer deux secondes qu'elle se redresse à son tour pour aller à sa suite, et la doubler.

— Je m'en occupe.

Qui que ce soit, elle préfère être celle prenant les devants par sécurité. Main sur la poignée, elle finit par relâcher les deux verrous sécurisés de la demeure pour découvrir trois hommes sur le pas de la porte. Bien habillés. Et elle n'arrive pas à déterminer sur l'instant de qui il s'agit : promoteurs immobiliers, clients de son père, collègues de Kyle, le défunt ? Le timbre s'élève finalement afin de dissiper les doutes, la silhouette se déportant automatiquement sur la gauche pour mieux dissimuler une Oona aux yeux encore rougis par les larmes.

— Je peux vous aider messieurs ?

Elle les analyse, tour à tour. Mais automatiquement, les yeux s'arrêtent sur celui tout à gauche, fronce les sourcils. Sensation de déjà vu troublante.


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Stormy Dream
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Tournesol
Stormy Dream
Dim 13 Nov - 12:13
@everdosis
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Vango Ponti
J'ai 30 ans et je vis à Queenstown en Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis Expert en criminologie, ou « profiler » comme on dit dans les séries américaine... et je m'en sors plutôt bien si on en croit les supérieurs. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien, car quand on traque des tueurs en série il vaut mieux ne pas avoir d’attache….

Vango est né en Sicile, sur l’île de Favignana. Il y a grandi, et s’est rapidement passionné pour les séries et romans policiers. Ultime but dans la vie : rentrer dans la police judiciaire : Vango a travaillé toute son adolescence pour avoir le meilleur dossier possible.
A l’âge de 15 ans, il est envoyé aux Etats-Unis en famille d’accueil par ses parents pour apprendre l’anglais. Il intègre l’une des meilleures écoles de criminologie à 18 ans, puis rejoint le FBI pour son premier job. Formé auprès des plus grands profilers americains, Vango ne vit que pour son travail.
Sûr de lui, surtout quand il s’agit de son travail, Vango sait se montrer particulièrement efficace. Son métier lui a donné un tempérament calme, très observateur et analytique. Très bon manipulateur et obstiné, il arrive à obtenir à leur près toutes les informations dont il a besoin pour mener à bien ses travaux.
Il n’en reste pas moins extrêmement têtu envers ses proches, à qui il ne raconte pas grand-chose. Trop peur qu’on découvre ses failles, il préfère en dire le moins possible. Bourreau du travail, il oublie souvent qu’à l’âge de trente ans la plupart des gens préfèrent profiter de leur jeunesse. Vango n’est pas un fêtard, ni un consommateur de relations humaines… Le sortir de sa routine n’est pas toujours évident. Mais pour ça, son colocataire Amaru est bien décidé à le faire changer un peu...
Le sifflement aigu fit vibrer ses tympans avec intensité. Il se protégea les oreilles tant bien que mal. L’épais brouillard qui l’entourait ne lui permettait pas de distinguer son environnement, ni la source de cette agression auditive. Où avait-il atterri ? Pourquoi était-il gelé ? Il abaissa les yeux lentement. L’explication était simple, finalement. La peau de son torse, dénudée, et recouverte de rayons lumineux aux symboles inconnus.

« Mec. »

Il sursauta. Il n’était pas seul. Était-ce cette voix à peine perceptible derrière le bruissement, qui était à l’origine de ces étranges dessins ? Il releva les yeux, réalisant que le brouillard devenait de plus en plus sombre.

« Vango ! » Une paume brûlante se posa sur son épaule, et la brume se dissipa aussitôt. L’homme ouvrit les yeux pour la deuxième fois, sorti de sa torpeur par les secousses de son colocataire et ami, Amaru, dont le visage semblait quelque peu tendu. « Mec sérieux, ça fait au moins cinq minutes que ton téléphone sonne en continu. »

Il fallait qu’il reprenne ses esprits. Ce rêve semblait si réel qu’il avait encore des frissons, même logé sous sa couverture. Certes, la chaleur de sa Sicile natale lui manquait, mais il n’avait pas la réputation d’être particulièrement frileux. Les températures s’adoucissaient de jour en jour.

Il se frotta les yeux, se redressa et observa le téléphone vibrer sur sa table de chevet : l’écran affichait une dizaine d’appels en absence, tous venus de la même personne. En temps normal, des appels répétés ne présageaient rien de bon. Cette fois, une boule d’angoisse se logea dans la poitrine de l’homme. Mac, le directeur de la police judiciaire de la région Otago, avait cherché à le joindre une dizaine de fois.

Il décrocha au bout du onzième appel, s’excusant d’un geste de la main auprès d’Amaru. « Bonjour Mac. » La voix rouillée par le sommeil le trahirait forcément, mais il se moquait bien de ce que penserait l’homme à l’autre bout du fil. « Vango ! Désolé de te sortir de ton lit aussi tôt, mais nous avons de sérieux doutes sur un corps retrouvé à côté du lac. Mon meilleur agent soupçonne un lien avec le cas du briseur de coeurs… Tu sais comme je fais confiance à mes gars. Tu pourrais nous donner ton avis ? » Bien sûr que Vango connaissait la confiance de Mac envers ses agents. L’inquiétude dans sa voix confirmait l’urgence de la situation. Le briseur de cœurs, drôle de nom pour un criminel. Vango n’avait jamais approuvé ce surnom, mais ils l’appelaient déjà comme ça dans tous les services de la police. C’était plus facile que l’homme qui arrache le cœur et dessine des pentacles sanglants

Il était rare que le jeune criminologue soit appelé sans vraie raison. Depuis quelques mois, il avait posé ses valises à Queenstown pour étudier les meurtres que les autorités locales ne parvenaient pas à élucider.

Formé aux États-Unis auprès des meilleurs profilers du monde, il avait préféré repartir de zéro après une expérience qu’il qualifiait de « complexe » sur le sol Américain. Une expérience dont il ne préférait pas parler depuis son départ, et que ses proches ne comprenaient toujours pas. Un départ pour la Nouvelle Zélande, sans explications… Il avait saisi la première opportunité qu’on lui avait proposée, ne vivant plus que pour son travail jusqu’alors. « Envoie-moi le dossier, je te rappelle au plus vite. »

Il avait toujours froid. Un café l’aiderait à émerger peut-être ? Vango sortit de son lit, enfila un sweat puis se dirigea vers la cuisine où il se prépara une tasse d’un café serré. Un vrai café à l’italienne, pas un jus de chaussettes comme ils les aimaient tant ailleurs. Il alluma son ordinateur, ouvrant les pièces jointes des nombreux mails qu’il venait de recevoir du secrétariat de Mac. Il envoya le tout à l’impression dans le bureau, priant pour que la machine ne réveille pas son colocataire une seconde fois… avec sa carrure de guerrier Maori, il ne donnait pas cher de sa peau s’il dérangeait son ami de nouveau.

Imprimer ? Oui… Vango était peut-être un peu vieux jeu, mais il préférait encore le support papier pour étudier ses cas. Plus visuel, plus facile à analyser… car il pouvait éparpiller les feuilles sur le sol, ou les accrocher au mur blanc qu’il avait libéré dans le bureau.

Cet étrange rêve le tracassait toujours, mais il se concentra sur sa tâche du jour : lire le dossier de cet homme répondant au nom de Kyle, qui avait été découvert quelques heures plus tôt. Le cœur arraché avec la plus grande des barbaries, un morceau de peau incisé entre les deux yeux. Le rapprochement pouvait en effet se faire avec le briseur de cœurs qu’il étudiait avec attention depuis quelques mois. Le corps d’un jeune homme avait été retrouvé proche du lac Wakatipu, le coeur arraché dans des circonstances similaires. Un symbole encore non identifié avait été tracé avec une larme de type cutter, entre ses deux yeux, et un large pentacle dessiné avec son sang autour de lui. Vango s’interrogeait notamment sur les fragments de diamant qui avaient été retrouvés à l’emplacement de son cœur. D’autres dossiers, plus anciens, avaient quelques similitudes. Les informations étaient encore trop peu étoffées pour qu’ils puissent parler d’un tueur en série.

Le palpitant du profiler battait la chamade : peut-être que cette affaire allait pouvoir l’aider à coincer le briseur de cœurs. Depuis le départ, il sentait le potentiel du criminel à récidiver, et il avait réussi à convaincre Mac de suivre son instinct.

Le trentenaire composa le numéro du directeur, qui décrocha après une seule tonalité : il attendait son appel de pied ferme. « Vous avez un suspect ? » Les politesses n’étaient plus de rigueur entre les deux hommes. Mac ne s’encombrait pas de discours creux : il excellait dans son métier car les faits étaient sa seule priorité. « Le père de sa fiancé. Porté disparu depuis. Verdict, Vango ? Est-ce qu’il faut lancer l’alerte sur un potentiel tueur en série ? » La responsabilité était lourde sur ses épaules, il ne pouvait rien proclamer haut et fort sans voir de preuves intangibles. « Trop tôt pour le dire, mais ton agent a eu du flair. Tu me préviens quand le légiste est là ? Il faut qu’on parle sérieusement. » La piste qu’il avait en tête resterait secrète tant qu’il n’aurait pas plus avancé. Mac ne posa pas de questions, laissant à l’expert la liberté dont il avait besoin pour se concentrer.

« On file interroger la fiancée. On a tout fouillé, pas de traces du cœur… mais on exclut pas le crime passionnel pour autant. » Évidemment, toute piste était bonne à prendre. « Est-ce qu’elle a vu le corps ? » Demanda le profiler. « Non, ce n’est pas elle qui l’a découvert. Mais elle pourra nous éclairer au moins sur son père. Tu nous rejoins ? Je t’ai partagé l’adresse. »

Aussitôt la position enregistrée dans son téléphone, Vango avait sauté dans la douche pour se rendre présentable. C’était la première fois que le Directeur de la police judiciaire acceptait de l’envoyer avec ses agents sur le terrain. Il n’avait même pas eu besoin de suggérer quoi que ce soit, ce qui relevait de l’exploit. Il s’efforcerait de faire bonne impression pour le remercier de sa confiance.

Vango retrouvera Mac et l’agent chargé du dossier, Wiremu, directement devant le domicile de la fiancée du défunt. Il portait un pantalon de couleur sable et une chemise blanche à manches longues recouverte d’une veste mi-saison bleu marine. Suffisamment habillé mais pas guindé pour ne pas dénoter dans le paysage. Les deux autres hommes avaient revêtu leur uniforme des forces de l’ordre de Queenstown.

Le fonctionnement de leur entrevue serait simple : Vango ne poserait pas de questions, et ne ferait qu’analyser la situation. Un mot, et il déguerpissait aussi vite qu’il était arrivé.

La porte d’entrée s’entrouvrit, laissant les trois hommes découvrir la silhouette d’une jeune femme, pas encore trentenaire, aux yeux clairs. À en juger par son expression plutôt maîtrisée, elle n’était pas la personne qu’ils venaient voir. « Mac Travis, directeur de la Police Judiciaire de Queenstown. J’ai rendez-vous avec Mme… » Il marqua une courte interruption pour vérifier le nom de famille de la femme à interroger, tandis que son regard balayait l’arrière-plan de leur interlocutrice.

Le regard de Vango, lui, se riva sur cette jeune femme qui leur ouvrait. Il ressentit une vague de fraîcheur, la même que celle de son rêve, la même qui le couvrait de frissons depuis son réveil. Décidément… aurait-il attrapé froid ? Il resserra les pans de sa veste jusque-là entrouverte. Pendant ce laps de temps, Mac avait présenté ses deux accompagnants : l’agent chargé de l’affaire, et l’expert en criminologie. Présenté ainsi, Vango passait pour un scientifique de la police judiciaire et n’était pas directement associé à une histoire de tueurs en série comme lorsqu’il prononçait le nom de profiler. Mac n’avait probablement pas envie de faire paniquer la population locale, ce qui était compréhensible.

« Nous avons quelques questions à poser à la fiancée de la victime. Nous avons conscience que ce ne sera pas facile, mais les premières heures sont décisives pour retrouver l’auteur du crime. »

Impassible, le sicilien suivit ses deux camarades en silence. C’était la première fois qu’il était aussi proche du terrain. Il croisa une nouvelle fois le regard de la jeune femme qui leur avait ouvert, ne comprenant pas pourquoi cette vague de fraîcheur le submergeait encore.

Le but de Travis était de comprendre qui était ce père disparu. Le retrouver lèverait un verrou important dans cette affaire. C’est d’ailleurs autour de ce sujet que ses questions tournèrent pendant tout l’interrogatoire. Vango se concentrait sur les réponses, notant quelques bribes de conversation sur un minuscule carnet qui tenait tout juste dans la paume de sa main. Il cherchait un lien avec ce coeur arraché, ces fragments de diamants qu’il était certain de trouver dans le rapport définitif d’autopsie… et pourquoi pas dresser un premier portrait robot ?

everdosis
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everdosis
Mar 29 Nov - 14:40

Serena
Leonhart

J'ai 27 ans et je vis à Queenstown, Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis héritière investie dans l'humanitaire, justicière la nuit et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, encore, depuis peu et je le vis plutôt bien.

Informations supplémentaires ici.
Elle analyse, malgré elle. Parfois, elle se demande s'il s'agit simplement d'un sens nouveau des responsabilités, d'un instinct plus développé, plus stimulé par tout ça. Incapable de définir sa situation par d'autres mots que cet éternel flou ambigu qu'elle n'est toujours pas parvenue à décrypter, comme un mystère au coeur duquel elle nage sans sortir la tête de l'eau. Pas le temps pour ça. Pas quand Oona a besoin d'elle, pas quand il y a ces inconnus sur le pas de sa porte, pas quand chaque détail peut représenter une menace réelle qu'elle se doit de potentiellement extraire et identifier avant qu'il ne soit trop tard.

Elle distingue tout. Le regard fixe de l'homme placé sur la gauche, la rigidité de la posture de celui s'adressant à elle, les deux autres, plus en retrait, comme s'ils attendaient tels des automates la marche à suivre. Elle inspire profondément, Reena, odeur de goudron humide et de pétrichor, cette odeur particulière que prend la terre après la pluie.

— Serena Leonhart. Oona Allen est mon amie.

Et en prononçant ces mots, elle se place encore un peu plus devant les hommes pour leur obstruer la vue.

— Je peux voir vos papiers ? Vous comprendrez que je ne laisse pas n'importe qui entrer sur une seule affirmation, monsieur... Travis.

Et pourtant, lorsque son nom est prononcé, ce n'est pas vers l'homme rasé du matin même et aux cheveux noirs légèrement grisonnants que ses yeux verts se tournent. Non pas parce qu'elle est suspicieuse envers cet homme là, mais plutôt parce qu'elle a cette sensation qu'il l'observe. A moins qu'elle ne soit celle laissant un peu trop son regard traîner sur lui ?

— Naturellement. Tenez, voici. Et ces hommes constituent mon équipe, je vous donne ma parole que la situation sera traitée avec rapidité et dans la mesure du possible, sans brusquer votre amie.
— "Dans la mesure du possible ?"

Elle se renfrogne, mais se trouve désarçonnée sitôt qu'elle sent la paume fraîche se refermant sur son épaule, dévoilant le visage d'Oona.

— Ca va aller, Ree. Laisse les entrer.

Elle laisse couler un long silence, au cours duquel elle cherche à déterminer si elle compte obtempérer, ou continuer de jouer les chiens de garde. Puis finalement, après de longues secondes, elle s'écarte du pas de la porte pour retourner à l'intérieur.

— Je vais préparer du thé.

Et ça ne dure qu'une seconde, ce masque de froideur qui s'efface lorsqu'elle détourne les yeux vers Oona pour laisser apparaître la moue d'une enfant boudeuse, mécontente d'avoir été contrée en plein élan. Elle s'évade malgré tout en direction de la cuisine pour y faire chauffer de l'eau, les yeux qui ne lâchent jamais le salon au travers de la porte entrouverte, pour y voir Oona guider les hommes à la grande table de la salle à manger pour s'y installer.

Lorsqu'elle revient finalement avec un plateau entre les mains pour le déposer au centre de la table, les questions portaient non pas sur Kyle, mais sur le père d'Oona.

— Quelle relation entretenait votre père avec votre fiancé ? Des tensions à l'annonce de vos fiançailles ?

Les mains jointes contre le bois vernis de la table, le regard d'Oona se rive sur le plateau sitôt fut-il posé sur la table, comme un point d'ancrage désespérément recherché pour s'évader de la situation.

— Monsieur Allen n'a jamais manifesté de refus vis à vis de ces fiançailles. Il n'a jamais montré sa joie non plus, mais il est comme ça.

Relai pris par mécanisme, sans doute parce que depuis l'enfance ça a toujours été comme ça : Oona en retrait, et Serena qui parle et termine ses phrases. Plusieurs paires d'yeux se posent sur elle, tandis qu'elle s'installe en appui sur le canapé, refuse de venir se poser à cette table ronde lugubre.

— Et que signifie "comme ça" selon vous, mademoiselle Leonheart ?
— Hart.

Interruption brève, mais calme, avant qu'elle ne reprenne en passant une main sur sa nuque, geste trahissant la nervosité face à la situation.

— Il n'est pas expressif quand il s'agit d'Oona. Ni qui que ce soit à vraie dire, il n'y a que le travail qui compte pour monsieur Allen. Les seules fois où je l'ai vu manifester quelque chose envers Kyle, c'est quand il a refusé de travailler pour lui.

La phrase semble éveiller une soudaine curiosité chez le directeur de la police judiciaire, dont les épaules se redressent, buste tourné en direction de la jeune femme.

— De quel genre de "manifestation" parlons nous ?

Reena tourne les yeux quelques secondes en direction d'Oona, qui n'a pas cillé, seulement refermé un peu plus ses paumes l'une contre l'autre. De toute évidence, elle aussi sait très bien où ils veulent en venir.

— Pas le genre qui laisserait envisager une telle barbarie.

Elle n'apprécie pas cet homme, mais sait être lucide. On parle d'une véritable boucherie. Oona étouffe un sanglot, et la brune le prend comme un signal.

— Si vous voulez faire un tour de la maison pour y chercher de quelconques indices, faites donc, le bureau de monsieur Allen se trouve derrière cette porte-ci. Oona a besoin de se reposer.

Et presque aussitôt elle se redresse pour aller chercher la silhouette frêle de son amie et l'aider à quitter sa chaise. Elle retenait clairement ses larmes depuis un moment maintenant. Quand elle redresse la tête, le regard de Reena revient croiser celui de l'expert en criminologie, tandis que les trois autres hommes se dirigent vers le bureau qu'elle vient de leur indiquer. Et chaque fois qu'elle le voit, elle ne parvient à pleinement définir la nature de ce frisson qu'elle perçoit le long de son échine.

Accompagnant sa meilleure amie jusque sa chambre, elle redescend pour récupérer les tasses et les amener à la cuisine. Dans le couloir, elle s'arrête face à l'expert, vagabondant toujours avec son carnet en main.

— Vous semblez chercher quelque chose.

Supposition évoquée à voix presque basse, d'une part pour ne pas attirer l'attention, mais aussi pour s'assurer d'entendre le moindre éclat de voix venant de l'étage, jamais confiante à l'idée de laisser Oona hors de sa vue.



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Sam 10 Déc - 10:43
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J'ai 30 ans et je vis à Queenstown en Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis Expert en criminologie, ou « profiler » comme on dit dans les séries américaine... et je m'en sors plutôt bien si on en croit les supérieurs. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien, car quand on traque des tueurs en série il vaut mieux ne pas avoir d’attache….

Vango est né en Sicile, sur l’île de Favignana. Il y a grandi, et s’est rapidement passionné pour les séries et romans policiers. Ultime but dans la vie : rentrer dans la police judiciaire : Vango a travaillé toute son adolescence pour avoir le meilleur dossier possible.
A l’âge de 15 ans, il est envoyé aux Etats-Unis en famille d’accueil par ses parents pour apprendre l’anglais. Il intègre l’une des meilleures écoles de criminologie à 18 ans, puis rejoint le FBI pour son premier job. Formé auprès des plus grands profilers americains, Vango ne vit que pour son travail.
Sûr de lui, surtout quand il s’agit de son travail, Vango sait se montrer particulièrement efficace. Son métier lui a donné un tempérament calme, très observateur et analytique. Très bon manipulateur et obstiné, il arrive à obtenir à leur près toutes les informations dont il a besoin pour mener à bien ses travaux.
Il n’en reste pas moins extrêmement têtu envers ses proches, à qui il ne raconte pas grand-chose. Trop peur qu’on découvre ses failles, il préfère en dire le moins possible. Bourreau du travail, il oublie souvent qu’à l’âge de trente ans la plupart des gens préfèrent profiter de leur jeunesse. Vango n’est pas un fêtard, ni un consommateur de relations humaines… Le sortir de sa routine n’est pas toujours évident. Mais pour ça, son colocataire Amaru est bien décidé à le faire changer un peu...
L’instinct de protection de la jeune femme qui leur ouvrit ne déconcerta pas les trois hommes. Mac et Wiremu étaient habitués à ce type de cas, et même si le terrain était nouveau pour Vango, il s’accommodait aisément aux méthodes de ses collègues. Ils devaient rester maîtres de leurs émotions, mais surtout factuels. Ce dernier point serait le plus compliqué pour le sicilien : non pas que ses ressentis ne soient pas contrôlables, mais plutôt parce que son instinct était la clé de ses meilleurs profils. Pouvait-il trouver un tueur en série en restant totalement factuel ?

Non. La réponse était celle-ci, et quiconque s’attendrait au contraire devrait faire une croix sur sa collaboration avec le jeune expert en criminologie. Il ne montrerait ni ses doutes, ni ses certitudes à la fiancée de la victime… mais les inscrirait dans le petit carnet qu’il avait emporté avec lui. C’est d’ailleurs ce qu’il avait commencé à faire pendant que Mac Travis avait démarré son interrogatoire.

Aucun détail n’était laissé de côté par les agents de terrain. Vango les observait patiemment mettre en place des techniques plus ou moins subtiles pour faire développer les paroles de Miss Allen.

La présence de la jeune femme qui s’était présentée comme son amie, Miss Leonhart, sembla quelque peu tendre le directeur de la police judiciaire. Il n’appréciait guère qu’une personne lui réponde sans y être invitée.

De son côté, le criminologue ne perdait pas une miette de la discussion : si la jeune femme n’était pas la personne interrogée, elle connaissait le suspect. C’était donc un point de vue supplémentaire à ajouter à son à analyse. Il nota quelques bribes d’échanges façon brainstorming sur ce qui concernait le père de l’interrogée : peu d’expressions de sentiments, enfermé dans le travail, et une tension avec le défunt sur ce même sujet.

Plus la discussion avançait, plus son intuition le poussait à faire des liens. Sur toutes ses enquêtes, le tueur avait un protocole qui lui était propre : dans le cas précis, une incision entre les yeux, le cœur arraché, des fragments de diamant retrouvés -qu’il avait encore du mal à comprendre certes-, et ce pentacle sanglant… Cependant, leurs analyses psychologiques identifiaient les racines de leurs actes à un traumatisme dans l’enfance ou l’adolescence, des émotions biaisées ou manquantes, et une grande difficulté à s’intégrer dans la société. C’est ce que Vango appelait le tronc commun. Ce n’était pas une science exacte, mais c’est la première liaison qu’il essayait de créer.

L’amie de l’interrogée leur donna la permission d’aller chercher des informations dans le bureau du suspect. Les deux femmes se retirant, Mac lança un regard interrogateur vers Vango. Celui-ci garda le silence : son cerveau fonctionnait à vive allure, et il préférait garder ses théories pour lui tant qu’ils n’auraient pas quitté les lieux.

Les deux hommes se dirigèrent rapidement à la recherche d’un indice, une piste… Plus les secondes défilaient, plus le visage de Mac se figeait : si leur théorie se confirmait, il n’était question que de quelques heures avant qu’un nouveau corps soit découvert. Alors qu’il fouillait les tiroirs du bureau avec vigueur, il espérait trouver une preuve que les meurtres de Kyle et du corps retrouvé à côté du lac n’étaient pas liés. Il ignora les vibrations de son téléphone qui s’agitait dans sa poche, trop occupé à detailler les papiers qui tombaient entre ses mains.

Le contraire était pourtant en train de se produire dans la pièce voisine. L’expert en criminologie faisait les cent pas entre le salon et le couloir de l’entrée, son carnet ouvert dans une main et son stylo s’agitant nerveusement dans la deuxième. Un nouveau frisson trembla le long de sa colonne vertébrale, le faisait s’arrêter net. Miss Leonhart revenait de l’étage. La confiance avec laquelle elle s’était adressée à l’expert le surprit. « Des réponses. » Répondit-il spontanément, laissant pour la première fois depuis son arrivée, l’éclat de sa voix s’élever dans la pièce.

Il n’avait pas vu le corps, ni interrogé le légiste. À ce stade de l’affaire, seul cet échange pouvait l’alerter sur une récidive. S’il était resté concentré depuis le démarrage de leur entrevue, cette étrange vague de froid le déstabilisait. Il se promit de poser la question au légiste lorsqu’il passerait à la morgue : s’il avait quelque chose qui allait de travers, autant le savoir tout de suite.

« …Des réponses à donner à votre amie. » Se força-t’il à compléter : il ne connsaissait que trop bien la frustration de subir sans pouvoir agir, sans pouvoir faire son deuil. Dans son métier, il passait des mois à courir derrière un tueur en série en tentant de penser comme lui pour anticiper ses gestes. Constater les nombreuses récidives sans savoir comment arrêter la série était le pire sentiment du monde pour Vango : chaque soir, il se couchait avec une rage impossible à effacer. Tant que sa cible n’était pas identifiée, il ne pouvait pas arrêter d’y penser.

« Je ne devrais pas vous dire cela, Miss Leonhart… » dit-il d’une voix plus basse encore. Il ne devait rien dire, mais il ressentait ce besoin fondamental, comme une pulsion vitale… Il devait la prévenir. « Miss Allen court un grave danger. »

Son instinct l’avait poussé à lui dire la vérité : comme s’il se doutait qu’elle aurait un rôle à jouer dans cette affaire, comme si elle pouvait représenter un allié de taille dans leur enquête.

Le silence était revenu, mais Vango ne quittait pas le regard bleuté de son interlocutrice. Elle devait lui faire confiance.

L’homme détourna le regard uniquement lorsque ses deux acolytes, dont les visages ne semblaient pas s’être apaisés, retournèrent à leurs côtés. « D’après son agenda, MR Allen devait se rendre chez un avocat, Maître Ateria, à l’heure où Kyle a été assassiné. Il n’a pas honoré son rendez-vous. » Expliqua Wiremu à la trentenaire tandis que Mac dévisageait Vango avec inquiétude. « Avez-vous une idée de la raison qui le poussait à rencontrer un avocat ? Nous supposons que Mr Allen ait eu des ennuis. » Les paroles de l’agent faisaient écho avec celles de l’expert en criminologie adressées à Miss Leonhart quelques instants plus tôt.

« Miss LeonhART, tous les détails que vous pourrez retrouver sur les personnes qui côtoyaient Kyle, et notamment sur le père de Miss Allen nous seront d’une aide précieuse. » La phrase qui pendait aux lèvres du Directeur de la police judiciaire ne sortait pas, mais se devinait sans mal. Le tueur était en liberté.

L’homme en uniforme sortit une carte de visite et la tendit avec assurance vers leur interlocutrice. « S’il vous plaît, appelez-moi si quelque chose vous revient. Nous vous recevrons dans nos bureaux à Queenstown, la discrétion est de mise dans…»

Vango fut interrompu par une nouvelle salve d’appels insistants sur son téléphone. Le numéro provenait de la région de Queenstown, mais n’était pas renseigné dans son répertoire. « Pardonnez-moi, je dois prendre cet appel. » dit-il d’une voix mystérieuse alors qu’il disparaissait dans l’entrée pour répondre. « Vango Ponti. »

« Monsieur Ponti ! Bonjour ! Secrétariat de la police judiciaire de Queenstown. Mr Travis m’a fait promettre de vous informer dès que le rapport d’autopsie serait disponible. J’ai tenté de le joindre à plusieurs reprises aussi, mais sans succès. Le légiste souhaite vous recevoir dans une heure. Il a précisé que c’était urgent. »

Son coeur s’accéléra. Après avoir répondu qu’ils feraient au plus vite,z il referma le carnet brusquement puis revint à grandes enjambées dans le salon où les trois personnes présentes se serraient poliment la main.

« Mac,... » Commença-t-il. Il n’eut pas besoin d’en dire plus : l’homme avait compris qu’il fallait qu’ils partent. Immédiatement. A son tour, Vango s’approcha de la jeune femme qui répondait au prénom de Serena, et lui tendit une main décidée. « Prenez soin de vous, Miss. » dit-il d’une voix à peine audible, faisant volte face aussi rapidement que s’il s’était téléporté.

Ce rendez-vous urgent ne présageait rien de bon. En tout cas rien qui ne puisse rassurer le Directeur de la police judiciaire, car le profiler avait été appelé le premier pour rencontrer le légiste. Le flair de Wiremu se confirmait. Pourvu qu’ils se trompent tous à la fin…

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everdosis
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everdosis
Sam 24 Déc - 15:51

Serena
Leonhart

J'ai 27 ans et je vis à Queenstown, Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis héritière investie dans l'humanitaire, justicière la nuit et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, encore, depuis peu et je le vis plutôt bien.

Informations supplémentaires ici.
Certains la diraient envahissante et sans gêne, d'autres la diront simplement protectrice. A vraie dire, dans l'immédiat, Reena n'en avait pas grand chose à faire de l'opinion de ces messieurs, sa priorité restait de préserver (de protéger) Oona de tout danger quelconque, de toute menace, et jusqu'à preuve du contraire inéluctable, ils resteraient des menaces, confiance très limitée dernièrement. Elle donnait des informations sans trop en dévoiler, et surtout sans émettre la moindre supposition. Encore moins dévoiler ses propres doutes, quand elle devinait déjà la probabilité de les avoir dans ses pattes... plus tard. A chaque question posée, chaque réponse d'Oona, elle se méfie un peu plus, les propos d'Artemis n'ayant de cesse de venir la hanter. Ne fais confiance à personne, et même si ça sera difficile pour toi... même ceux en lesquels tu penses pouvoir avoir confiance. Devrait-elle même se méfier d'Oona, la voir comme une potentielle suspecte, quand elle avait été celle séchant ses larmes des heures durant ? Improbable. Alors si elle demeure méfiante, elle choisit malgré tout de faire confiance à son instinct.

Le silence était retombé rapidement dans la demeure trop grande pour deux jeunes femmes, d'autant plus en temps de danger. Elle hésitait encore à mener Oona en lieu sûr, dans un hôtel par exemple, en dehors de la ville, pourquoi pas même lui payer un séjour vers Auckland, le plus loin possible d'ici. Bras croisés, songeuse quant à la méthode à suivre, elle ne le remarque pas tout de suite, le nez dans son carnet, boucles brunes tombant devant les yeux, elle devine malgré tout la concentration, l'application à ne rien manquer. Sa réponse est simple, concise, la précision satisfaisante. Elle détourne les yeux vers les multiples cadres montrant des photos de famille sobres ; pas d'étreintes chaleureuses, d'activités comme celles qui peuvent parcourir sa propre demeure. Oona a grandi seule, c'est comme ça qu'elle l'a vu la plupart du temps, Reena. Les portraits familiaux accrochés à ce couloir n'étaient qu'une façade publique sans la moindre saveur ni la moindre profondeur.

Alors qu'elle s'apprêtait à se détourner pour retourner vers le bureau, la voix de l'expert l'interrompt dans sa démarche, sourcils à peine froncés. Non pas seulement à cause des mots avec lesquels il s'adresse à elle, mais aussi ce tressaut inexplicable du cœur. L'observant par dessus son épaule, muée par cette nouvelle conviction, cet instinct lui étant propre, elle répond alors plus bas, simplement, les iris clairs ancrés dans ceux de cet inconnu :

— Je sais.

Comment l'ignorer, après tout ? Elle avait vu le corps de Kyle. Ne l'a évidemment pas dit à Oona. Comment expliquer sa présence sur place avant l'arrivée des secours, après tout ? Elle aurait immédiatement été soupçonnée. Interrompus dans ce jeu de regard par le retour des autres hommes, elle redevint instantanément plus raide. Elle prenait chaque information avec intérêt, gardant malgré tout une expression neutre, presque innocente.

— Naturellement. Je n'hésiterai pas.

Elle tend les doigts jusqu'à venir saisir la carte de visite, le pouce effleurant discrètement le nom et les numéros en relief sur le papier cartonné. Elle perçut deux sons distincts. Normalement, Oona qui redescendait, visiblement calmée pour l'instant. Moins normalement, la conversation qui se déroulait entre le dénommé Vango Ponti et le secrétariat de la police judiciaire, percevant l'urgence de la voix. Ils avaient de nouvelles données. Et des données importantes. Elle ne se remit en mouvement qu'à la fin de l'appel, revenant silencieusement auprès de sa meilleure amie. Jaugeant une seconde silencieusement la paume qui lui était tendue, elle vint finalement y glisser sa main avec délicatesse. Pourtant, la prise exercée autour de la paume du brun était plus ferme, plus affirmée.

— Comptez sur moi.

Elle ne laisserait passer aucun danger entre ces murs.

_________

— Viens avec moi, alors.

Voilà une heure maintenant que les deux femmes s'écharpaient au sujet du départ d'Oona. Sans lui demander son avis, Reena lui avait réservé une location privée dans l'île du Nord, dans une ville qu'elle ne découvrirait qu'à son arrivée. Elle ne voulait prendre aucun risque, redoutait jusque la possibilité que des caméras puissent se trouver ici. Victor Allen était capable de fliquer sa fille en temps normal, et elle n'osait pas imaginer ce qui pourrait se passer si ses doutes s'avéraient fondés.

— T'as dit que tu resterais avec moi.
— Non, j'ai dit que je bougerais de cette maison quand tu m'en chasseras.

Et si elle comptait essayer de retourner ses propres mots contre elle, Reena était maline pour ce genre de chose. Assise au bord de la fenêtre, elle guettait l'arrivée de son chauffeur de manière constante.

— Quelqu'un doit rester ici au cas où ton père revienne sain et sauf.
— Sain et sauf ? Tu crois que je n'ai pas compris qu'ils le croient coupable ?

La fêlure dans la voix lui brise le coeur, et l'espace d'un instant, Serena faiblit. Mais elle ne pouvait pas flancher.

— Tu y crois, toi ?

La question était sincère. De toutes les questions posées par la police, à aucun moment on ne l'avait interrogée là dessus... Sans doute pour la protéger, et éviter de simples spéculations.

— Il est dur... Mais ce n'est pas un monstre.

Et l'emploi du mot monstre n'a hélas jamais semblé si proche de la réalité. Les lèvres de la blonde disparaissent pour ne laisser apparaître qu'une ligne fine, alors qu'elle se redresse, vient poser ses paumes sur les épaules de la jeune femme.

— Alors fais moi confiance s'il te plait. On ne sait pas si quelqu'un visait ta famille, dont toi. J'ai besoin de te savoir en sécurité Oona.

Un long silence s'ensuivit. Dehors, le bruissement de pneus contre les cailloux lui indiqua une arrivée, et elle reconnait immédiatement le véhicule de River, son chauffeur.

— Comment tu vas t'en sortir sans moi ici ? Tu sais à peine faire cuire des pâtes sans te brûler.

Les bras d'Oona se refermèrent autour de Serena. Et à son humour, elle devine qu'elle a gagné.

— Uber eats sera mon meilleur allié dans cette douloureuse période sans toi.

Le sourire est rassurant, la prise refermée autour d'elle en retour.

— River est là. Il t'accompagnera jusqu'à ta location, je l'ai payé pour rester avec toi. Je te rejoindrai dès que possible.

Elle ne mentait pas. Pas vraiment, ne précisant juste pas que "dès que possible" semblait hautement improbable.

Elle laisse finalement la jeune femme s'éloigner avec son sac de voyage, ne la quitte pas des yeux jusqu'à ce que la portière de la voiture soit refermée derrière elle. Un signe de tête entendu est échangé avec River.

Et sur la banquette arrière, aux côtés d'Oona, Artemis ronronne sagement en venant se pelotonner contre ses cuisses.

_________

Il est vingt-et-une heures quand la voiture se gare devant les locaux de la police judiciaire. Dossier refermé entre ses mains, elle ne sait pas tant ce qui l'a poussée à venir jusque ici à une heure si tardive, considérant les chances que les bureaux soient déserts. Elle aurait pu joindre le directeur de la police judiciaire sur cette petite carte, plongée au fond de sa poche. Elle aurait pu, d'autant plus qu'effectivement, la plupart des fenêtres semblent être plongées dans l'obscurité. Toutes sauf une. Porte claquée et pile de papiers rangée sous son manteau, au lieu de se diriger vers la porte principale, c'est directement vers cette fenêtre qu'elle se dirige, précaution à ne pas faire de bruit quand elle jette un œil à l'intérieur, mais croise directement le regard de Vango Ponti. Comme s'il l'avait entendue arriver. Ou deviné sa présence. Mais elle ne se cache pas, Reena, à seulement rester plantée là jusqu'à ce qu'il vienne ouvrir la fenêtre.

— Monsieur Ponti.

Elle regarde autour d'elle, les sourcils froncés. Cette vague impression de sentir une paire d'yeux sur elle. Elle n'attend alors pas une seconde de plus, dossier à la couverture rouge qu'elle tend à l'homme.

— J'ai trouvé ces documents dans la chambre de monsieur Allen, sous son matelas. J'ai pensé que cela pourrait vous être utile.

En théorie, elle n'aurait pas du le lui donner. En théorie, Serena Leonhart ne sait pas les détails sur le meurtre ni ses circonstances, journalistes tenus au mutisme pour ne pas éveiller la panique au sein de la population. Alors pourquoi lui tendre des recherches en apparence inoffensives ? Des recherches en joaillerie et en alchimie, spécialisées dans les cristaux.



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Jeu 26 Jan - 16:15
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Vango Ponti
J'ai 30 ans et je vis à Queenstown en Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis Expert en criminologie, ou « profiler » comme on dit dans les séries américaine... et je m'en sors plutôt bien si on en croit les supérieurs. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien, car quand on traque des tueurs en série il vaut mieux ne pas avoir d’attache….

Vango est né en Sicile, sur l’île de Favignana. Il y a grandi, et s’est rapidement passionné pour les séries et romans policiers. Ultime but dans la vie : rentrer dans la police judiciaire : Vango a travaillé toute son adolescence pour avoir le meilleur dossier possible.
A l’âge de 15 ans, il est envoyé aux Etats-Unis en famille d’accueil par ses parents pour apprendre l’anglais. Il intègre l’une des meilleures écoles de criminologie à 18 ans, puis rejoint le FBI pour son premier job. Formé auprès des plus grands profilers americains, Vango ne vit que pour son travail.
Sûr de lui, surtout quand il s’agit de son travail, Vango sait se montrer particulièrement efficace. Son métier lui a donné un tempérament calme, très observateur et analytique. Très bon manipulateur et obstiné, il arrive à obtenir à leur près toutes les informations dont il a besoin pour mener à bien ses travaux.
Il n’en reste pas moins extrêmement têtu envers ses proches, à qui il ne raconte pas grand-chose. Trop peur qu’on découvre ses failles, il préfère en dire le moins possible. Bourreau du travail, il oublie souvent qu’à l’âge de trente ans la plupart des gens préfèrent profiter de leur jeunesse. Vango n’est pas un fêtard, ni un consommateur de relations humaines… Le sortir de sa routine n’est pas toujours évident. Mais pour ça, son colocataire Amaru est bien décidé à le faire changer un peu...
Le légiste avait voulu le recevoir dans l’heure, et cela n’avait rien de surprenant. Le dossier du potentiel briseur de cœur avait tourné entre toutes les mains des agents les plus expérimentés de Mac Travis. Ce dernier avait d’ailleurs présenté le travail de Vango comme un travail d’orfèvres… mais le concerné s’était révolté en disant qu’une touche d’humour dans ce cas de figure était malsaine. Le Directeur de la police avait soupiré, trouvant celui qu’il qualifiait de gamin comme un peu trop sérieux.

Un peu trop sérieux, certes, mais talentueux. Il manquait d’âmes créatives comme Vango dans son service.

Tous les trois avaient donc filé, sans détour, vers les locaux de la police judiciaire. Le bureau du légiste était vide alors que le rendez-vous approchait… Vango ne comptait pas patienter sagement alors qu’il aurait des réponses : il décida donc, escorté par les deux autres hommes, qu’une visite à la morgue pourrait être instructive. L’assistante du Docteur en médecine légale, la même personne qu’il avait eue au bout du fil une heure plus tôt, leur prit leurs effets personnels, et les fit revêtir des tenues plus appropriée pour s’approcher des preuves. Et des corps, accessoirement.

Les trois hommes, bien moins élégants en blouses, sur chaussures et charlottes jetables, patientèrent quelques secondes le temps que leur rendez-vous ait terminé sa dernière autopsie. Le concerné ne tarda pas à se présenter, ouvrant avec le coude d’une porte à double battants pour rejoindre le lavabo le plus proche. Il retira une paire de gants ensanglantés et se lava soigneusement les mains. « Messieurs, merci d’avoir été aussi rapides. » Commença le légiste. Vango, lui, avait déjà sorti son carnet –seul effet personnel qu’il avait été autorisé à prendre avec lui dans le laboratoire. « Je pense que les conclusions de l’autopsie devraient vous intéresser. »

Le sicilien eut l’impression de se trouver dans une série policière, où le médecin laisse planer un suspense insoutenable avant de lâcher une affaire cruciale pour la suite de l’affaire. Peut-être se jouait-il d’eux, avec leurs mines décrépies… « Venez avec moi. » Silencieusement, Wiremu, Mac, suivis de très près par leur profileur, obtempérèrent. Il les conduisit vers une salle où reposait un corps recouvert d’un drap blanc. Probablement la dépouille de Kyle… mais il ne fallait pas être un génie pour l’avoir deviné.

Le Docteur enfila une nouvelle paire de gants, puis découvrit le corps silencieusement. Des trois hommes, seul Wiremu ne sembla pas surpris : il avait assisté à la levée de corps, et donc avait tiré quelques conclusions. Mac fronça les sourcils. Bon sang, dans quel pétrin étaient-ils fourrés.

Et Vango… prit une longue inspiration. Pas l’ombre d’un doute. Le cœur avait été arraché avec une barbarie similaire à celui de la première victime, ses yeux à présent éteints semblaient sortis de leur orbite, témoins d’une cruauté sans pareils. Une incision parfaitement droite reliait son front et le bout de son nez, sans aucune trace de sang apparente. Une seconde incision, perpendiculaire à la première, formait une sorte de V à deux pattes inégales.

Devant le silence de mort –sans mauvais jeu de mot- le médecin avait commencé à lire son compte-rendu à ses interlocuteurs. « Cause de la mort : cœur arraché vivant. » Wiremu grimaça. Pauvre homme, pas étonnant que ses deux yeux se soient arrêtés de voir dans une telle expression. « L’incision est profonde, entre 2 et 4 cm. Elle a été réalisée après la mort. » Un protocole. L’admettre lui glaçait le sang, mais cela ressemblait bien à un mode opératoire de tueur en série.

Le médecin se dirigea vers la cage thoracique : en observant avec attention, ils purent constater de petites incisions nettes à l’emplacement du cœur. Le regard de Vango croisa celui du légiste qui acquiesça d’un geste entendu de la tête. « Tout à fait Monsieur Ponti. Nous avons retrouvé des fragments de diamant, comme sur votre autre cas. La victime a été ligotée avant sa mort, puis relâchée pour être placée au centre d’un pentacle de sang. Son sang. » Vango nota sans regarder son carnet, trop occuper à s’imprégner des moindres détails de ce corps entreposé devant lui. « Tout laisse à penser que le tueur utilise un bijou pour inciser le cœur, et laisser cette marque entre les yeux. » Le tranchant du diamant, bien sûr ! Comment avait-il pu passer à côté de cela ? « Le cœur n’a pas été retrouvé ? » Demanda Wiremu. Son premier ordre au départ de la scène de crime avait été de faire le nécessaire pour que le cœur de ce pauvre homme soit rendu aux gens qui l’aimaient.

« Non. Il est porté disparu. » Soupira le médecin, pensif. « Bien-sûr. C’est un trophée. » Affirma Vango comme si c’était tout à fait naturel. Les trois autres le dévisagèrent. « Hum, navré, mais il n’y a plus aucun doute Messieurs. Il s’agit d’un tueur en série. » Les soupirs conjoints de ses interlocuteurs validèrent l’inquiétude dans le regard du jeune homme. Oui, l’affaire prenait un tout autre tournant à présent que les mots étaient donnés. « Je vais peut-être paraitre un peu idiot, Vango, mais je vais avoir besoin de détails pour le justifier moi-même à ma hiérarchie. » Le concerné continuait de gribouiller à toute vitesse sur son carnet, en reliant des colonnes par des traits maladroits.

« Mode opératoire : le tueur attrape et attache sa victime poitrine en évidence. Il utilise un diamant pour retirer le cœur encore battant et le conserve comme trophée. Ce qui explique pourquoi il demeure introuvable. » Vango s’était mis à faire les cent pas, le regard dans le vide. « Ensuite, il libère sa victime et la place –sur ce point je n’ai pas encore suffisamment de détails pour conclure- pour dessiner le pentacle avec son sang. » Il s’arrêta, plus pour reprendre sa respiration que pour laisser ses interlocuteurs le suivre. « Et ce pentacle, quelqu’un cherche à le décrypter ? » Vango releva les yeux vers Mac qui venait de poser la question. « Ça fait partie de mon métier, ça. Mais il me faut un peu de temps pour comprendre. » Il se tourna vers le légiste. « Toute information technique sur la construction de ce pentacle pourra m’aider à le déchiffrer. » Le médecin acquiesça une seconde fois. « Très bien, j’orienterai un peu plus mes recherches sur ce point. »

La suite des évènements avait été précipitée par l’arrivée d’un autre corps à la morgue –sans lien apparent avec le briseur de cœurs. Les trois acolytes étaient donc partis s’aérer l’esprit à l’extérieur où la température ne semblait pas avoir envie de remonter. « Sale histoire, messieurs. Mais on va devoir communiquer. Vango, je te laisse me faire une note pour ce soir, j’irai la présenter à mes supérieurs, et au maire de Queenstown. » Tous savaient ce que ça signifierait : dès le lendemain matin, les quartiers généraux de la police judiciaires seraient assaillis par les médias.

* * *

L’homme reposait sa tête contre sa main, coude appuyé sur la surface de son bureau bien ensevelie sous la paperasse. Son autre main continuait de gribouiller dans son carnet alors que ses yeux comparaient les deux rapports de légistes. Rien de probant, ce soir, et son cerveau ne semblait pas décidé à relâcher.

Il n’avait pas vu l’heure passer, et n’avait pas écouté son estomac qui se tordait de douleur. Trop occupé pour penser à ce genre de détail… Pourtant, un immense frisson le gagna, encore une fois. Il avait ce sentiment d’avoir eu froid toute la journée, alors que personne ne se plaignait de la température autour de lui. Vango avait souvent un peu plus froid que la moyenne –encore habitué aux températures de son île natale… mais il était rarement à se plaindre de greloter quand les autres étaient en t-shirt !

Il attrapa son manteau pour se couvrir, mais ne ressentit aucune chaleur. Mouais… Il avait peut-être besoin de sommeil, en fait. Alors que ses prunelles tombaient hasardement sur la fenêtre, une lumière attira son attention alors qu’il faisait nuit noire dehors. Oups, il était si tard que ça ? L’homme s’approcha du bord de la fenêtre, pensif, tandis que son regard croisa celui d’une personne qui se tenait seule, à l’extérieur.

L’amie de la personne interrogée ce matin. La jolie blonde qui leur avait ouvert la porte. « Seigneur. » Murmura le profileur, plus par habitude que croyance. Il ouvrit la fenêtre, et elle s’adressa directement à lui. Il ne put s’empêcher de se dire à quel point elle était inconsciente de venir seule, dans la nuit, avec un potentiel tueur dans l’entourage de son amie.

Bien-sûr, la curiosité l’emporta. Vango lui pria de bien vouloir l’attendre, ferma brusquement la porte, enfila une paire de gants en latex, et descendit les marches quatre à quatre pour la rejoindre par la porte principale. « Entrez, Miss Leonhart » dit-il d’un ton formel en récupérant le dossier. Lorsqu’elle eut passé la porte, il la ferma soigneusement derrière lui et attendit sagement que le responsable de la sécurité vienne lui demander de se présenter. Bon sang ce qu’il pouvait avoir froid !

Les quelques formalités passées, Vango prit la tête et conduisit la jeune femme vers la cafeteria. Son bureau n’était pas en état de recevoir une dame… et encore moins alors que des images du corps de Kyles étaient entreposées partout. « Vous ne devriez pas traîner seule la nuit, Miss Leonhart. Pas avec un tueur qui se balade dans Queenstown en tout cas. » Commença-t-il en lui indiquant une banquette –certes un peu vieillotte mais confortable- pour qu’elle s’installe. « Je vous offre quelque chose de chaud ? » Proposa-t-il en désignant la machine à café d’un âge à peu près équivalent à celui de la banquette : les moyens n’étaient clairement pas positionnés sur la salle de pose du personnel. Lui-même fit couler le plus long café disponible pour essayer de se réchauffer.

Il s’installa ensuite devant elle. Et ouvrit le dossier avec sa main gantée. Son sang se gela en quelques fragments de secondes. Il releva les yeux vers la jolie jeune femme, tentant de dissimuler au mieux la surprise qui le gagnait. « Pourquoi ne pas avoir appelé Mr Travis ? » Ou plus simplement, pourquoi moi ? De précieuses informations figuraient dans ce dossier, et elles tombaient directement entre ses doigts. Lui, expert en criminologie. « Je ne suis pas l'enquêteur, Miss, je ne devrais même pas avoir ça entre mes mains. » Dit-il avec humilité alors qu’il refermait la première page. Des recherches en joailleries… clairement pas pour une demande en mariage.

Il porta la tasse de café à ses lèvres, doucement, sans la quitter du regard. « Je vous remercie pour votre confiance. Je m’assurerai qu’il tombe entre les bonnes mains… » Le liquide chaud lui procura l’effet inverse de ce qu’il attendait. Il eut encore plus froid, et se sentit grelotter, alors que leurs prunelles ne se déliaient pas. « Mais... Pourquoi ai-je l’impression que vous avez quelque chose à me dire ? » demanda-t-il a voix bien plus basse. Il ne devrait pas se tenir à ses côtés, ni la faire rentrer dans les locaux de la police. Mais… son instinct lui jurait qu’il prenait la bonne décision.

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Lun 20 Fév - 15:30

Serena
Leonhart

J'ai 27 ans et je vis à Queenstown, Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis héritière investie dans l'humanitaire, justicière la nuit et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, encore, depuis peu et je le vis plutôt bien.

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Comment expliquer sa présence et cette conviction qui l'anime ? Celle d'être au bon endroit, face à la bonne personne. Avec le temps - et surtout beaucoup d'entraînement - elle avait appris à jongler avec cette intuition étrange et nouvelle. Et celle-ci lui disait d'aller face à cet homme avec lequel elle n'a pourtant échangé que quelques courtes paroles chez sa meilleure amie. Est-ce qu'elle faisait bonne, ou fausse route ? A vraie dire elle n'en aurait la certitude que lorsqu'ils auront mis la main sur Allen senior. Peu importe dans quel état.

C'est dans la précipitation qu'il se dirigea vers la fenêtre pour lui faire signe de l'attendre. Elle hoche simplement la tête, dossier récupéré contre elle pour mieux se diriger vers la porte principal où il vient l'accueillir et l'inviter à entrer. Sitôt le pas de la porte passé, cette sensation d'observation s'estompe et se gomme peu à peu, pour laisser place à ce frisson étrange qu'elle assimile à son intuition, son instinct, sans jamais trop savoir discerner le bon du mauvais. Elle espérait toutefois ne pas se tromper cette fois. Dossier remis entre ses mains, elle attendit sagement que la sécurité vienne lui demander de décliner son identité, chose qu'elle fit sans mal, le nom Leonhart étant plus ou moins reconnu par les autorités de Queenstown comme un indice de confiance. Elle remplit toutefois docilement le dossier de visite, avant de suivre Ponti en direction de ce qu'elle reconnaît comme étant une cafétéria.

Il s'inquiétait. Instinct de flic, sans doute, et bien sûr qu'elle est inconsciente à se promener de la sorte dans la ville, seule, qui plus est, ayant laissé Oona entre les mains professionnelles de River. Pour être honnête, les savoir tous les deux hors de la ville l'arrangeait. L'ancien militaire a beau être un chauffeur et un garde du corps incroyable, il n'en est pas moins un peu encombrant lorsqu'il cherche à la suivre si par malheur il la voit sortir le soir. Et elle n'a vraiment pas besoin de ça. A vraie dire, elle n'avait même besoin de personne, ou plutôt de ne mettre personne en danger.

— Ne vous en faites pas pour moi, je pense que la priorité reste de protéger Oona, et pour cela, il faut que vous ayez les informations dans les plus brefs délais, je me trompe ?

Eloquente Serena, toujours si prompte à réagir et à contrer l'autorité, elle se laissa toutefois aller à un sourire à sa proposition.

— Un café ne serait pas de refus. La journée a été éprouvante.

D'autant plus compte tenu de la nuit qui s'apprêtait à être potentiellement longue. Elle attendit sagement de récupérer le gobelet entre ses mains, la chaleur englobant ses paumes sitôt récupère-t-elle la boisson tout en le remerciant. L'amertume du café envahit immédiatement sa gorge : ce café est affreux. Mais elle s'en contentera, revenant le porter à ses lippes calmement tandis qu'il ouvrait finalement le dossier contenant les quelques documents qu'elle a trouvés. Elle aurait pu détourner le regard, mais au contraire, elle fixait chacune de ses réactions avec attention, de la main gantée suspendue quelques instants jusqu'au regard qu'il remonta sur elle.

— Monsieur Travis ne m'a pas donné la meilleure première impression, et je suis le genre de personne qui se fie à son instinct et sa spontanéité.

Parfois, ça lui a causé du tort. D'autres fois, ça l'a conduit dans les meilleures directions. Elle fit mine de s'étirer, les paumes glissant dans ses longueurs blondes pour mieux les attacher en haussant les épaules.

— Qui plus est, à ce que je sache, vous étiez le seul sur place quand je suis arrivée, et je ne me voyais pas garder ce dossier toute la nuit avec moi. Vous n'aurez qu'à leur dire ça.

Précipitation à vouloir remettre les documents découverts chez Oona, peu importe à qui. Mais la réalité n'était pas tant celle-ci : ils auraient pu être tous présents, qu'elle l'aurait sans doute cherché lui, sans trop s'expliquer pourquoi. Il la remercia, et elle ne fit que sourire finement en retour, les paumes jointes autour du gobelet presque vide tandis qu'elle sondait silencieusement son regard clair.

— Nous sommes nous déjà rencontrés ?

La question est posée de but en blanc, les iris le scrutant avec cette curiosité, comme on essaie de déchiffrer un parchemin. Quelques longues secondes de silence s'ensuivirent avant qu'elle ne secoue la tête, baisse les yeux.

— Oubliez ma question, je suis étourdie, et j'ai tendance à me mélanger les pinceaux.

Elle termina son café avant de jeter le gobelet vide dans la poubelle à côté d'eux. Dehors, il commençait à faire nuit noire, les lampadaires offrant le confort d'une luminosité qu'elle jugeait insuffisante ces temps-ci. N'importe qui pouvait se terrer à chaque coin de rue.

— Oona a quitté la ville sur mes ordres. Pour sa sécurité, je préfere ne pas dire où elle s'est rendu, j'espère que vous comprendrez.

L'urgence de protéger ses proches, d'autant plus quand de tout leur entourage, elle restait la potentielle proie la plus probable si les doutes venaient à se confirmer. Reena jouait avec les manches de son gilet, tirant sur l'étoffe au point de la déformer, un signe trahissant sa nervosité à simplement penser à la sécurité de son amie. Elle reprit plus bas :

— Sachez toutefois qu'elle reste sur le pays, et disponible si vous avez besoin de quoique ce soit venant d'elle. Je serai son intermédiaire direct.

Tout comme elle a été celle ouvrant cette porte au manoir Allen. Elle resta ainsi quelques secondes, comme si une part d'elle... Attendait quelque chose, sans savoir toutefois quoi. Compte à rebours auquel elle mit fin d'elle-même en se redressant soigneusement, relâchant enfin le tissu malmené.

— Merci pour le café, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Il se fait tard, je suis sûre que vous avez largement mérité une bonne nuit de sommeil avant de poursuivre demain.

Loin de déprécier le travail quotidien de ces hommes, même ceux qui ne lui ont pas inspiré cette même aura de confiance que le brun auquel elle tend la main avec bienveillance.

— Merci pour votre temps également, par ailleurs, monsieur Ponti. Je vais trouver le chemin de la sortie.

Elle hoche la tête avant de s'écarter pour retrouver le couloir du bâtiment, finir enfin par adresser un signe discret au responsable de la sécurité avant de s'évader par les doubles portes menant vers l'extérieur, n'attendant pas une seconde de plus pour s'engouffrer à l'intérieur de sa voiture et mettre le contact pour rentrer. Le trajet était silencieux, sans River pour lui parler de tout et n'importe quoi, lui demander comment s'est passé son rendez-vous, sans jamais qu'elle sache s'il était simplement curieux de son quotidien, ou un peu trop protecteur, à la manière d'un frère aîné. Elle finit par allumer la musique pour rompre le calme ambiant sur les quelques vingt minutes de trajet qui devraient séparer les locaux de la police judiciaire de son appartement situé au sud de la ville.

C'est toutefois devant une bijouterie à l'est qu'elle coupe le contact, plongeant la voiture dans l'obscurité, les iris clairs se portant sur la devanture. Sur la liste de bijouteries qu'elle avait vue et remise à la police, celle-ci était englobée de plusieurs cercles rouges qui avaient retenu son attention. Appuyée pensivement sur son volant, elle regardait l'enseigne, puis l'intérieur de la vitrine luxueuse, brillant même sans éclairage nocturne pour polluer l'obscurité et gâcher de l'électricité injustement.

— Pourquoi...?

La question était posée à voix-haute, mais ne s'adressait pourtant qu'à elle-même. Elle sentait un point sur son coeur. Son instinct sonnait l'alarme. Elle pouvait presque entendre la voix d'Artemis lui dire de d'abord rentrer à la maison pour faire le point avant de revenir avec un plan établi, avant l'arrivée de la police pour y chercher des indices quelconques. Mais le poids s'appuyait un peu plus, faisant tonner son coeur jusque dans ses oreilles, à lui en donner la migraine.

— Tu le sauras bien assez tôt, très chère et curieuse Serena.

La seconde suivante, tout était noir.



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Sam 4 Mar - 11:43
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Vango Ponti
J'ai 30 ans et je vis à Queenstown en Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis Expert en criminologie, ou « profiler » comme on dit dans les séries américaine... et je m'en sors plutôt bien si on en croit les supérieurs. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien, car quand on traque des tueurs en série il vaut mieux ne pas avoir d’attache….

Vango est né en Sicile, sur l’île de Favignana. Il y a grandi, et s’est rapidement passionné pour les séries et romans policiers. Ultime but dans la vie : rentrer dans la police judiciaire : Vango a travaillé toute son adolescence pour avoir le meilleur dossier possible.
A l’âge de 15 ans, il est envoyé aux Etats-Unis en famille d’accueil par ses parents pour apprendre l’anglais. Il intègre l’une des meilleures écoles de criminologie à 18 ans, puis rejoint le FBI pour son premier job. Formé auprès des plus grands profilers americains, Vango ne vit que pour son travail.
Sûr de lui, surtout quand il s’agit de son travail, Vango sait se montrer particulièrement efficace. Son métier lui a donné un tempérament calme, très observateur et analytique. Très bon manipulateur et obstiné, il arrive à obtenir à leur près toutes les informations dont il a besoin pour mener à bien ses travaux.
Il n’en reste pas moins extrêmement têtu envers ses proches, à qui il ne raconte pas grand-chose. Trop peur qu’on découvre ses failles, il préfère en dire le moins possible. Bourreau du travail, il oublie souvent qu’à l’âge de trente ans la plupart des gens préfèrent profiter de leur jeunesse. Vango n’est pas un fêtard, ni un consommateur de relations humaines… Le sortir de sa routine n’est pas toujours évident. Mais pour ça, son colocataire Amaru est bien décidé à le faire changer un peu...
L’espace d’un bref instant, il eut semblé à Vango que le sentiment de confiance ressenti de son côte était partagé. Mais comment pouvait-il en avoir la certitude, alors qu’il découvrait le regard de la jeune femme pour la seconde fois ? Impossible de le savoir, même pour la personne la plus perspicace du monde.

La main gantée du profiler caressa subtilement le papier tandis qu’il se concentrait sur le contenu. Il y avait là de quoi relancer les dossiers bloqués au fond d’une impasse depuis plusieurs semaines. La source, si elle était fiabilisée, pourrait aider la police de Queenstown à retrouver un potentiel tueur en série. Cependant, le Sicilien fit tout son possible pour ne pas s’emballer. Après tout, ce n’était que la deuxième fois qu’il rencontrait cette femme : elle pouvait lui venir en aide… ou vouloir fausser ses pistes.

Et si ce sentiment de confiance qu’il ressentait, un peu trop présent à son goût, était ce qu’elle appelait elle-même « instinct » ? Le fameux flair dont parlaient les défenseurs de la Loi... Vango, plus attaché aux évidences qu’aux démonstrations divines souriait toujours à cette mention. Si ça leur faisait plaisir de le croire… après tout, qui était-il pour briser leurs rêves ? Tant que ça les rendait productifs, pourquoi pas.

Habituellement, il aurait pris le dossier, gentiment remercié son interlocutrice -quelle que soit son excuse pour lui avoir déposé le dossier à lui-, et se serait empressé de s’enfermer dans son bureau pour l’analyser.

Ce soir, c’était différent. Sans une once d’explication à ce frisson qui traversait une nouvelle fois son échine, Vango écouta son argumentation religieusement. Ce ne pouvait être qu’un hasard, en effet. Comment aurait-elle pu savoir qu’il serait là ? Il se détendit quelque peu, tandis que ses prunelles absorbaient les moindres détails du papier sous ses yeux. L’adresse d’une bijouterie raisonna dans sa tête, mais il ne voulut pas paraître impoli et referma la pochette cartonnée. « Je n’aurais qu’à leur dire ça, oui. La vérité. » Répéta l’homme sur le ton de la plaisanterie. Qu’aurait-il pu dire d’autre ? Qu’elle avait deviné sa présence et était venue sur un coup de bluff ? Qui l’aurait cru ? Pas même lui.

Sa question suivante raviva la sensation de fraicheur dans son corps. Il resserra les pans de sa veste, tentant de garder le plus possible le contrôle de ses émotions. Lui aussi se posait cette question depuis leur rencontre, un peu plus tôt dans la journée. Comment se faisait-il ressente de la normalité dans sa présence ? La ressentait-elle aussi ? « Je… » Il n’eut pas le temps de lui répondre qu’elle lui intima de ne pas en tenir compte. « Nous nous sommes rencontrés ce matin. Mais je suppose que la journée a été forte en émotions pour vous, Miss Leonhart. » Sa voix était douce, à la fois soulagée de ne pas avoir à répondre sincèrement à cette question, mais aussi compatissante. Derrière cette force de caractère qu’elle affichait, la jeune femme devait crouler sous le poids de la responsabilité de son amie. La charge mentale pouvait être énorme.

Elle reprit ses esprits, balançant quelques banalités au sujet de la sécurité de la jeune femme qu’ils avaient interrogée le matin même. Il hocha la tête aimablement, et tenta de la retenir lorsqu’elle lui annonça qu’elle trouverait la sortie toute seule… mais sa détermination le résigna. Il l’entendit quitter le poste -au bruit de la porte, et à l’écho de sa voix saluant l’homme de la sécurité.

Quelle étrange discussion… Pensif, l’homme de l’ombre attrapa la chemise cartonnée puis se dirigea vers son bureau : qu’il ferma à clé, ce qu’il faisait toujours lorsqu’il ne voulait pas être dérangé. Il s’installa devant son ordinateur, pianota sur le clavier, nota quelques inscriptions ici et là… Mais il était distrait. Distrait par la discussion qu’il venait d’avoir. Déconcentré par l’assurance de cette jeune femme qui était venue le trouver lui, plutôt que d’attendre le retour de Mac au petit matin. Soit ses intentions étaient réellement de les aider à coincer Mr Allen, et dans ce cas elle détenait plus d’informations à son sujet qu’elle n’avait vraiment voulu en donner… soit elle comptait le mettre sur une mauvaise piste. Et quelles qu’en soient ses intentions, elle devait agir vite.

Le hasard avait fait que c’était lui, ce soir-là. Et si c’était Mac Travis ? Comment aurait-il réagi ? Aurait-il suivi la piste ?

Vango décida de cesser son analyse du document. Acte difficile pour lui, qui chassait le briseur de coeurs depuis des semaines. Le savoir en liberté cette nuit encore l’aurait tué à petit feu s’il en était à son premier cas… Mais il commençait à avoir de la bouteille, comme le disait souvent Mac.

Il était épuisé, il ne parviendrait à aucune conclusion raisonnable avant une bonne nuit de repos.

Il soupira, éteint sa lampe de bureau, puis se dirigea vers le bureau de Mac Travis où il posa le dossier avec un gant neuf et une petite note lui expliquant rapidement comment il se l’était procuré. Il signa V., comme à son habitude puis reposa son long manteau sur le portant à l’entrée de son bureau pour le remplacer par sa veste renforcée. Vango avait opté pour un moyen de transport tout à fait original pour un pays aux hivers rudes… Il ne pouvait se résoudre à voyager en voiture quand sa passion pour la vitesse et les sensations fortes était comblée par la bécane qui patientait sur le trottoir devant le commissariat.

Il s’équipa chaudement, mis le contact du roadster, ferma sa visière teintée, puis s’élança sur la route fraîche de cette nuit d’hiver.

L’air frais ne semblait pas l’atteindre sous les couches de protection. L’homme emprunta les routes familières pour rentrer chez lui, réalisant qu’en plus de l’extrême fatigue, il avait faim. Il n’avait rien avalé de la journée, pour changer. Normal que tous ses vêtements commencent à flotter autour de son corps aminci.

A quelques minutes de l’arrivée, il fut contraint d’emprunter une déviation… des travaux la nuit, quelle idée… Mais ces gens travaillaient, et il ne s’en prendrait pas à eux ! Il suivit donc l’itinéraire de substitution, s’arrêta à la lumière rouge d’un feu où il posa pieds à terre.

Il avait hâte de rentrer. Il n’était jamais passé dans ce quartier… Ce devait être plutôt vivant la journée, avec tous ces commerces… Vango, pensif, ne vit pas le feu passer au vert. « Qu’est-ce que..? » Murmura-t-il alors que son coeur s’était mis à battre à une folle vitesse. La devanture d’une bijouterie avait attiré son regard comme un aimant, et il ne parvenait pas à s’en décrocher. Il ne revint à réalité que lorsque le véhicule derrière lui le klaxonna.

Irrité par l’agression sonore, il tourna brutalement la poignée de gaz et s’élança à vive allure pour se dégager du passage. Mais le nom de la bijouterie le hantait déjà, cinq cent mètres à peine après l’avoir dépassée. Il l'avait bien retenu. C’était cet endroit qui était largement entouré dans le rapport de Miss Leonhart. Il décida donc de faire demi-tour, sur un odieux coup de tête, loin de toute raison.

Il coupa le moteur à quelques mètres de la boutique, s’apprêta à mettre pied à terre quand le frisson, presque électrique cette fois, lui paralysa la colonne vertébrale. Coincé sur sa bécane, Vango serra les dents, sa vision se brouilla.

Que lui arrivait-il ?

* * *

Il était mort de froid.

« Vango ? » Une main brûlante venait de se poser sur son épaule dénudée, le secouant avec fermeté. « Vango, mec, tu vas bien ? » La voix d’Amaru l’arracha du sommeil de plomb dans lequel il était plongé. Déboussolé, le Sicilien se redressa brusquement, observant les alentours à la recherche de son casque de moto. Soigneusement posé sur la chaise à l’entée de sa chambre, comme d’habitude. Il soupira de soulagement. « Ca va… » Dit-il, vaseux, tandis que son colocataire s’installa au pied de son lit, concerné. « Tu as crié. Tu devais faire un sacré cauchemar ! » S’amusa le néozélandais en constatant que ses oreillers avaient valsé dans toute la pièce.

Vango paniqua. Il se souvenait de la bijouterie, de la douleur dans son dos. Mais rien d’autre. Au moins, il était vivant et avait réussi à rentrer.

Etait-il si fatigué pour que son cerveau ait effacé les souvenirs à ce point ? Avait-il rêvé ? « C’est compliqué au boulot en ce moment. » Se contenta-t’il de répondre alors que son colocataire ramassait les coussins amassés au sol. « Tu devrais prendre des vacances vieux, tu fais peur à voir. Je te prépare un truc à manger, t’as intérêt à partir avec sinon j’appelle mes potes rugbyman qui se feront un plaisir de te donner la becquée. » Humf, non, sans façons… Il grimaça, mais son ventre n’était pas tout à fait contre l’idée d’être ravitaillé.

« Ne me remercie pas. C’est normal, j’aimerais pas perdre mon coloc d’épuisement, ce serait dommage de devoir trouver une autre personne pour partager le loyer… » Vango soupira, jetant sa couverture sur ses épaules pour se protéger de la fraicheur matinale. « D’ailleurs, je sais pas ce que t’as fait aux plantes du salon mais elles t’adorent. Depuis que t’es là, elles fleurissent tout le temps ». Il grogna, et, hilare, Amaru s’éclipsa pour aller faire brouiller quelques oeufs.

Il s’étira, mais s’arrêta net lorsqu’un picotement au-dessus de son coude attira son attention. Il se contorsionna pour regarder sa peau, et découvre avec surprise -slash horreur- la marque rouge dessinée sur son bras. Un drôle de symbole incisé dans sa peau, formant une cicatrice boursouflée et douloureuse au contact. Contact qui le contraint à s’allonger quand une violente migraine le saisit.

Des flashes, c’est tout ce qu’il put en retenir : la bijouterie plongée dans l’obscurité, une voiture à la portière ouverte... Lui, marchant tel un robot avec son casque vissé sur la tête… Plusieurs silhouettes impossibles à définir, une rixe ? Beaucoup de lumière, une aveuglante lumière… mais surtout.. Surtout : les prunelles bleutées d’une jeune femme à terre.

Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Son palpitant ne se calmait pas. Qu’avait-il vu ? Etait-ce seulement son imagination qui lui jouait des tours ? Il regarda encore la marque, elle sembla s’estomper. Quelque chose ne tournait pas rond chez lui : il allait peut-être consulter finalement.

L’homme enfila un sweat et un jogging puis rejoint le salon pour se forcer à avaler quelque chose. Le voilà qui commençait à halluciner. « Mec, t’es aussi coloré que tes cadavres… Fais gaffe, tu vas finir par les rejoindre. » Il n’avait jamais visé aussi juste. Vango grimaça en mordant dans un toast recouvert d’oeufs brouillés. Ca, ça faisait du bien.

* * *

Alors que l’eau brûlante ruisselait sur son visage, Vango entendit la sonnerie de son téléphone. Il sortit à la hâte de la cabine de douche, décrochant en haut parleur à l’appel de Mac pendant qu'il se séchait. Il était à peine huit heures… Il ne savait même pas dire combien de temps il avait dormi. « Salut Vango ! Bien dormi ? J’ai trouvé ton rapport ce matin. Tu devineras jamais ! » Il n’eut pas besoin de beaucoup réfléchir pour faire le lien… Mac n’était pas le mec le plus mystérieux de la terre, c’était clair. « Heu… huit heures pour les devinettes c’est un peu compliqué, j’ai à peine avalé mon premier café. » L’homme au bout du fil ricana. Jaune, certes, mais pas insensible à son irritation. « La bijouterie de ton rapport. Elle a été saccagée cette nuit. »

Seigneur, qu’est-ce qu’il s’était passé pendant la nuit ? « Rejoins-nous sur place, je te renvoie l’adresse. » Au moins, les souvenirs lui reviendraient peut-être. Il observa son bras, la cicatrice avait complètement disparu.

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Jeu 6 Juil - 10:13

Serena
Leonhart

J'ai 27 ans et je vis à Queenstown, Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis héritière investie dans l'humanitaire, justicière la nuit et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, encore, depuis peu et je le vis plutôt bien.

Informations supplémentaires ici.


La conscience de Serena s'éveilla lentement, ses paupières papillonnant doucement avant de s'ouvrir complètement. Elle se trouvait dans une pièce sombre et étroite, sa vision encore floue. Elle essaya de bouger, mais réalisant qu'elle était attachée, elle se figea. Alors qu'elle commençait à retrouver ses esprits, une silhouette menaçante émergea de l'obscurité, et hélas... elle ne tarda pas à la reconnaître. C'était le père d'Oona, le regard rempli d'une lueur malveillante. Le cœur de Serena s'accéléra tandis qu'elle se rappelait les événements qui l'avaient conduite ici, enlevée par cet homme... et peu à peu, les indices qui confirmaient ses soupçons.

Le père d'Oona s'approcha lentement d'elle, un sourire démoniaque aux lèvres. "Enfin réveillée, Serena. J'espère que tu as profité de ton sommeil, car tu es sur le point de devenir témoin de notre grandeur." Serena réprima sa peur lorsqu'elle perçut l'aura sombre l'entourant, une aura déjà aperçue chez d'autres possédés au fil des mois passés. Corrompu, perdu. Elle regroupa toutefois son courage et fixa le père d'Oona avec détermination. "Ne faites pas ça, monsieur Allen. Il est encore temps de faire le bon choix." Un éclat de rage traversa les yeux du père d'Oona, sa voix se faisant plus tranchante. "Tu ne comprends pas, Serena. Cette puissance est au-delà de tout ce que tu peux imaginer. Je vais laisser ma marque sur ce monde, peu importe les sacrifices nécessaires." Elle ne saurait dire qui s'adressait réellement à elle : l'homme ou le démon ? Encore une belle preuve de la malveillance de cet homme qu'elle n'a jamais su apprécier mais aussi de son égoïsme. Serena sentit la colère monter en elle. Elle refusait de laisser cet homme pervertir les idéaux qu'elle défendait. "Vous êtes aveuglé par votre quête de pouvoir. Vous ne réalisez pas les conséquences de vos actes. Pensez à Oona !" Dit-elle dans une tentative de tirer sur ses liens, en vain. Monsieur Allen éclata d'un rire sinistre. "Le bon choix ? Il n'y a qu'un seul choix qui s'impose ici, Serena. Soit tu te ranges de mon côté, soit tu subiras les conséquences de ta stupidité." Les mots de l'homme résonnèrent dans l'obscurité, un rappel glaçant de la menace qui pesait sur elle. Mais Serena était déterminée à ne pas céder. Elle refusa de se plier devant la tyrannie de ce démon et de son hôte corrompu. Le père d'Oona s'approcha encore, le visage à quelques centimètres du sien. "Tu es faible, Serena. Tu ne comprends pas la véritable nature du pouvoir. Mais je vais te l'apprendre, de la manière la plus brutale qui soit." Les mots résonnèrent dans l'esprit de Serena alors qu'elle se préparait à affronter ce qui allait suivre. Elle ne savait pas comment elle s'en sortirait, mais une chose était certaine : elle ne reculerait pas. Elle se concentra sur sa détermination, se préparant à se battre pour sa liberté et pour ceux qui ne pouvaient pas se défendre. Il la toisa en silence, avant de laisser apparaître un sourire en coin. "Tu fais une belle dernière offrande. Peut-être qu'avec toi, j'aurai enfin la force que j'attends et qu'il me manque." La tension dans la pièce était palpable alors que Serena fixait le père d'Oona avec intensité. Elle pouvait sentir l'aura sombre émanant de lui, l'emprise du démon qui le possédait de plus en plus apparente. Mais Serena était résolue à ne pas se laisser abattre.

"Vous ne pouvez pas continuer ainsi", déclara-t-elle d'une voix ferme. "Ce chemin que vous empruntez ne mènera qu'à la destruction, et vous entraînerez Oona avec vous." Pouvait-elle compter ne serait-ce qu'un peu sur son bon sens ? Il la regarda avec un mélange de colère et de mépris. "Tu ne comprends rien, Serena. La puissance que j'obtiendrai en me soumettant à lui est au-delà de ta compréhension. Je serai invincible, et personne ne pourra me résister." La jeune femme sentit la colère monter en elle comme une vague déferlante. Comment pouvait-il être si aveuglé par le pouvoir, au point de sacrifier tout ce qui avait une réelle valeur ? Elle se débattit contre ses liens, cherchant désespérément une issue.

"Monsieur Allen, écoutez-moi", continua-t-elle, luttant pour garder son calme. "Ce que vous recherchez, ce n'est pas la véritable puissance. C'est une illusion créée par ce démon qui vous manipule. Vous n'êtes plus vous-même." Il s'approcha d'un pas menaçant. "Tu parles avec arrogance, Serena. Je te montrerai ce qu'est la vraie puissance, et tu regretteras d'avoir osé me défier." Un frisson parcourut l'échine de Serena, mais elle tint bon. Elle savait qu'elle devait agir, même si cela signifiait risquer sa propre vie.

Alors que le père d'Oona levait la main - ou autre chose ? tout est sombre, tout est flou - pour la frapper, Serena sentit une force nouvelle s'emparer d'elle, ou plutôt connue, mais jamais déclenchée de cette façon. Il fallait qu'elle se transforme, et maintenant, si elle voulait survivre et pouvoir l'arrêter. Pour Oona, pour le reste de la ville courant un si grand danger. Une énergie intense circulait dans ses veines, comme en proie à un danger immédiat : mais elle ne sentait aucune lumière, aucun changement, absolument rien; Parfaitement abandonnée par ses propres forces. Alors qu'elle était sur le point de perdre espoir, une ombre familière se matérialisa derrière le père d'Oona, entravant brutalement son geste sans qu'elle ne puisse même s'expliquer d'où il venait. Mais elle pourrait reconnaître chaque nervure dorée de ce corps, sa présence à la fois rassurante et surprenante pour Serena, ces prunelles semblant faites d'un or liquide, vif et brûlant. Homme, créature ? Elle n'a jamais su se l'expliquer, car chaque fois il va bien trop vite. Sans un mot, il se jeta sur le père d'Oona, déclenchant un combat féroce. Les coups s'échangeaient rapidement, emplissant la pièce d'éclats de violence. Serena pouvait à peine suivre les mouvements rapides des deux adversaires, dénuée des sens aiguisés de son pouvoir céleste.

Profitant de la confusion mais aussi et surtout d'un moment de faiblesse de Allen, l'homme aux dagues étincelantes parvint à libérer Serena de ses liens. Elle se frotta les poignets endoloris, reconnaissante pour son intervention inattendue. "Qui... qui es-tu ?" demanda-t-elle, haletante, mais la créature ne lui répondit pas. Il ne répondait jamais.

Elle sentit soudainement qu'on l'attrapait dans le dos, la prise autour de ses cheveux lui tirant une plainte de douleur jusqu'à sentir la trace d'une lame contre sa gorge. "Qu'est-ce que tu es ? Pourquoi cette chose est-elle venue, tu l'as appelée ??" Le cri était déformé par la rage, mais la voix semblait aussi déformée, comme si le père Allen n'était plus celui s'adressant à elle. "Si je ne parviens pas à faire le rituel, autant simplement en finir ici et maintenant avec toi." Elle geint, sentant la pointe de la lame toucher sa peau et la brûler. Mais la silhouette passa, comme un éclair d'or, pour désarmer l'homme et soudainement le jeter à l'autre bout de la salle. Instantanément, Serena s'écroula ; la lame avait été enduite d'un poison.

Désorienté par l'attaque soudaine de l'homme inconnu, Allen - ou qu'importe qui le contrôlait - saisit l'opportunité pour s'échapper. Il disparut dans l'obscurité, laissant Serena et l'homme aux nervures dorées seuls dans la pièce. Elle sentit vaguement une prise autour de sa silhouette, l'englobant d'une chaleur douce, rassurante. Par instinct, son visage s'appuya contre son torse, paupières closes : elle pouvait percevoir les battements de son coeur. Human. "Qui es-tu...? Dis-moi... dis moi ton nom." C'est balbutié, presque supplié alors qu'elle sent une main se poser contre sa gorge avec délicatesse, semblant mieux gommer la douleur et la brûlure, comme s'il brûlait le poison. "Chaque fois tu viens m'aider. Me sauver." Elle divague, Serena, en oublie qu'elle ne se trouve pas sous sa forme céleste, celle à laquelle il s'est heurté chaque fois précédente. Elle entend d'ici Artemis hurler, lui parler d'à quel point il est primordial que son identité demeure secrète. Mais il ne dit rien, ne sembla rien comprendre, la déposant simplement à nouveau avant de pousser la porte. Elle était dans la réserve de la bijouterie. Saccagée. Ravagée par le combat. Et alors qu'elle voyait les premiers rayons du soleil percer l'horizon, elle s'évanouit de nouveau.




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Jeu 13 Juil - 17:22
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Vango Ponti
J'ai 30 ans et je vis à Queenstown en Nouvelle Zélande. Dans la vie, je suis Expert en criminologie, ou « profiler » comme on dit dans les séries américaine... et je m'en sors plutôt bien si on en croit les supérieurs. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien, car quand on traque des tueurs en série il vaut mieux ne pas avoir d’attache….

Vango est né en Sicile, sur l’île de Favignana. Il y a grandi, et s’est rapidement passionné pour les séries et romans policiers. Ultime but dans la vie : rentrer dans la police judiciaire : Vango a travaillé toute son adolescence pour avoir le meilleur dossier possible.
A l’âge de 15 ans, il est envoyé aux Etats-Unis en famille d’accueil par ses parents pour apprendre l’anglais. Il intègre l’une des meilleures écoles de criminologie à 18 ans, puis rejoint le FBI pour son premier job. Formé auprès des plus grands profilers americains, Vango ne vit que pour son travail.
Sûr de lui, surtout quand il s’agit de son travail, Vango sait se montrer particulièrement efficace. Son métier lui a donné un tempérament calme, très observateur et analytique. Très bon manipulateur et obstiné, il arrive à obtenir à leur près toutes les informations dont il a besoin pour mener à bien ses travaux.
Il n’en reste pas moins extrêmement têtu envers ses proches, à qui il ne raconte pas grand-chose. Trop peur qu’on découvre ses failles, il préfère en dire le moins possible. Bourreau du travail, il oublie souvent qu’à l’âge de trente ans la plupart des gens préfèrent profiter de leur jeunesse. Vango n’est pas un fêtard, ni un consommateur de relations humaines… Le sortir de sa routine n’est pas toujours évident. Mais pour ça, son colocataire Amaru est bien décidé à le faire changer un peu...
Des souvenirs et une balafre ne pouvaient pas disparaitre en un battement de cils. Les explications étaient limitées à une amnésie traumatique… ou de la magie. Mais Vango était un pragmatique, et c’est la raison pour laquelle ses pensées essayèrent de comprendre comment toute une partie de sa nuit avait bien pu s’effacer depuis qu’il s’était arrêté devant la bijouterie.

Son casque était indemne, ce qui écartait l’accident de moto. Tombé sur la tête, c’était pourtant exactement ce qu’il ressentait. Tous ses repères étaient chamboulés : si sa mémoire se mettait à lui faire défaut, comment parviendrait-il à faire son travail correctement ? Et sans son travail, que ferait-il ? Que serait-il ?

Il ne lui restait donc qu’une possibilité logique : il avait pu être drogué. Sa dernière boisson remontait au café qu’il avait pris avec Miss Leonhart dans le commissariat. Alors qu’il essuyait énergiquement sa chevelure à l’aide d’un linge de bain moelleux, Vango sentit son sang se glacer dans ses veines. Impossible. Son métier était de traquer des tueurs en série, et la prudence était de rigueur. Si un excès de confiance envers une inconnue lui avait fait faire le moindre pas de travers, il ne se pardonnerait jamais. Jamais.

Réfléchis. Comment aurait-elle pu accéder à la machine à café pour le droguer alors qu’il avait lui-même fait le café ? Les yeux bleus flashèrent de nouveau dans son esprit, en bien mauvais posture. Impossible. Ce n’était pas elle. C’était un rêve. Un mauvais rêve, comme il en faisait trop souvent ces derniers temps.

Vango attrapa à la hâte une chemise blanche un peu froissée, un jean noir et une veste de coton épaisse pour contrer le froid qui le rongeait encore. Il jeta sa veste de moto sur ses épaules, posa son casque sur sa tête et ouvrit la visière pour profiter de l’air frais extérieur. Il fallait qu’il se ressaisisse, Mac avait besoin de son cerveau fonctionnel, pas d’un type aussi vif qu’un légume.

Il enfourcha sa moto, et fila comme l’éclair –vite, bien trop vite- vers la bijouterie dont le chef de la Police Judiciaire lui avait envoyé l’adresse.
Il ignorait que depuis quelques heures les gros titres des journaux locaux affichaient une sanglante nouvelle : l’appel à la plus grande des prudences pour tous les habitants de Queenstown et alentours, car un tueur en série était en cavale. Il ignorait qu’un problème de plus s’ajouterait à la longue liste : la Presse. Une fois prévenue, elle pouvait tout compliquer, et savait qu’en conséquence, les effectifs de la Police seraient mis sous tension pour retrouver cette ordure. Quoi qu’il en coûte…


***


L’agitation autour de la bijouterie était grande. Les équipes de Mac Travis étaient là, mais pas seulement : des fourgons de journalistes s’étaient postés aux entrées des rues annexes, bloqués par les équipes de sécurité de la ville. Vango avait tendu sa carte de profiler, passe-droit pour avoir l’autorisation de stationner sur le parking.

Avant qu’il n’ouvre la poignée de gaz, une jeune femme –la vingtaine, silhouette filiforme en tailleur, visage allongé soutenu par un carré de cheveux châtains clairs- s’était postée devant lui. Les mains sur les hanches, elle ne se laissa pas démonter face à la hargne du petit bout de femme qui appartenait sans nul doute à une équipe de journalistes en Duplex. « Bonjour. Je suis Meryl Williams, journaliste pour le Queenstown Daily. Pourriez-vous me dire si cette barrière de police est liée au tueur en série ? ».

En guise de réponse, le Sicilien aux yeux noisette ferma sa visière d’un coup sec. Il détestait les journalistes plus que tout. Le deux-roues s’élança dans l’emprise sécurisée pour aller vers le parking de la bijouterie. Bien sûr, il évité soigneusement de se poster à l’endroit qu’il avait choisi la veille car, ça, il s’en souvenait.

Son rythme cardiaque s’était accéléré. L’homme entreprit de longues respirations pour calmer son palpitant avant de rentrer. Il n’avait pas la moindre idée de ce qui l’attendait à l’intérieur. Lorsqu’il était arrivé quelques heures plus tôt, la façade était tout à fait normale. A l’instant où ses prunelles parcoururent les flancs du bâtiment, Vango put constater que toutes les vitres étaient brisées, et l’intérieur ravagé.
L’inquiétude le gagnait, mais son côté rationnel reprenait le dessus : impossible qu’il ait été à l’origine d’un tel désastre, sans cela, il aurait eu quelques traces sur ses mains, ses bras… Ce n’était pas le cas.

« Ah te voilà ! Quel fiasco… » Déclara Mac entre ses dents alors que les yeux du profiler prenaient connaissance des lieux. Aucun souvenir ne lui revint. Rien. Il put seulement constater que l’endroit avait été mis à sac. « Que cherchaient-ils..? » Se hasarda Vango à Wimeru qui prenait des photos de la pièce principale, autrefois réservée à l’accueil des prestigieux clients. « Des diamants, Vango. Et le propriétaire de la boutique est introuvable. » Seigneur, ils n’avaient plus d’autre choix que de relier ce ravage avec le Briseur de Cœurs.

« Toutes les pièces sont dans cet état ? » Il s’était accroupi pour regarder des morceaux de verre des vitrines intérieures jonchant le sol. « Affirmatif. Ils n’ont rien laissé. » Vango, perplexe, sortit son carnet pour griffonner quelques croquis des dégâts. Pourquoi ces diamants en particulier ?

Il se fit tout petit pendant que la médecine légale effectuait ses relevés, marchant précautionneusement au-dessus des débris pour ne pas risquer que l’un d’entre eux traverse sa chaussure.

Il passa devant un couloir pour s’aventurer dans l’arrière-boutique –ou réserve. Son cœur s’accéléra brutalement, sans explication rationnelle, alors que l'espace semblait s’allonger. Il se frotta les yeux à la hâte. C’était probablement lié la fatigue.

Ressaisis-toi, enfin ! L’homme entreprit de faire les derniers pas qui le mèneraient à la réserve, mais un vertige l’en empêcha. Obligé de poser sa main contre le mûr pour ne pas flancher, Vango ressentit le froid le gagner de nouveau, le tétanisant sur place. Et une odeur qu’il ne savait définir gagna ses narines. Ses doigts se crispèrent sur la surface lisse du mur en papier peint.

Autour de lui les collègues de la police continuaient à relever les indices, indifférents.

L’homme pivota sa deuxième main contre la paroi pour reprendre son souffle bien trop court, et quelque chose flancha sous son poids. Surpris, il fut emporté par la gravité... Dans une pièce sombre, adjacente à la réserve.

Il s’effondra lourdement sur le sol. Le bruit de sa chute attira l’attention des scientifiques qui se trouvaient à proximité. « Tout va bien ? » Des pas de rapprochèrent. Il se redressa sur ses coudes, et alors que ses yeux s’habituaient doucement à l’obscurité du placard, ils tombèrent sur une silhouette inerte à quelques centimètres de lui. Il sursauta violement. Une femme était allongée de tout son long, et lui tournait le dos. « Seigneur, il y a quelqu’un ici. » Murmura-t-il, le souffle coupé.

Vango se releva à toute vitesse, ignorant les étoiles qui apparaissaient massivement dans son champ de vision. S’approchant du corps inanimé, il approcha son oreille du visage qu’il ne pouvait distinguer. Avec un peu de concentration, il perçut un souffle. « Eh oh ! » Elle respirait encore. « APPELEZ LES SECOURS, VITE ! » Hurla le Sicilien en cherchant, paniqué, des gants en latex dans la poche de son manteau de moto. Reflexe de policier, pour ne pas risquer de mettre ses empruntes en voulant lui porter assistante… Il était persuadé d’en avoir quelque part… mais ?

Les renforts l’écartèrent instantanément pour prendre le relai. Malgré l’obscurité, Vango reconnut l’allure imposante de Travis qui se pressait aux pieds de la femme pour avoir de la visibilité, et sa voix grave qui poussa un juron. « C'est pas vrai... C’est la gamine qui protégeait Miss Allen hier… » dit-il à destination de son équipe.

L’étrange vertige qui l’ébranlait depuis les quelques secondes avant sa chute n’avait pas faibli. Il eut l’impression de tomber dans le vide alors que les connexions se faisaient dans son cerveau. Miss Leonhart.
Elle lui avait donné la piste, et c’est elle qui s’était fait enfermée dans un placard. Un placard qu’il avait eu la chance de trouver, par hasard.

« Rien de cassé Vango ? » Demanda Mac Travis en lui tendant la main pour l’aider à se relever. Le concerné attendit quelques instants que son palpitant se calme, et profita de ces quelques instants de répit pour observer la pièce dans laquelle ils s’étaient serrés : vide, et incroyablement propre contrairement au reste de la boutique.

En revanche, cette odeur qu’il avait sentie plus tôt se faisait bien plus présente : les vapeurs lui montaient à la tête, accentuant son sentiment de malaise. « Vous sentez cette odeur ? » demanda-t-il en esquivant la question du patron de la police « De l’ammoniaque. » Acquiesça le légiste en enfonçant son nez dans sa blouse pour ne pas respirer les effluves toxiques. « Sortez tous de là ».

La main de Mac se serra fortement sur celle du Sicilien, et le traîna hors de la pièce tandis que tout le monde s’en extirpait. Les jambes tremblantes, Vango se dirigea vers l’extérieur où il espéra retrouver son souffle.


* * *


Il ne sut définir depuis combien de temps il était là quand les secours arrivèrent, mais il peinait toujours à retrouver son souffle. Peu importait, il devait se ressaisir.

L’homme retourna dans la boutique où il intercepta les regards graves du Directeur de la Police Judiciaire et du légiste en pleine discussion. « Une chance que vous soyez tombé sur cette porte, Monsieur Ponti, je n’aurais pas donné cher à sa survie si elle avait passé quelques minutes de plus ici. » Déclara ce dernier en posant une main sur son épaule, inquiet. « Vous êtes sûr que tout va bien ? Vous êtes très pâle ! » Il acquiesça d’un signe de la tête. « Je préfèrerais que vous soyez examiné, Monsieur Ponti. Une intoxication à l’ammoniaque est vite arrivée. Et vu la quantité utilisée pour nettoyer cette pièce, ce ne serait pas étonnant que l’utilité de ce produit ait été double… » Il resserra sa main sur l’épaule du profiler, le contraignant à le suivre jusqu’aux véhicules de secours.

Plusieurs pompiers montaient une civière dans le premier camion.

« Vous pensez qu’ils ont essayé de nous tuer ? » Demanda Wimeru, au sommet de sa tension, tandis que les secours asseyaient le Sicilien pour l’occulter. « Je n’arrive pas à comprendre comment on a pu rater cette porte… » répondit Mac en marmonnant. « Elle est apparue comme par magie c’est pas possible ! ».

Prise de température, de tension, quelques drôles de questions, puis un verdict tomba: « On vous emmène en observation, c’est plus sûr. » Finalement, Amaru n’était pas loin de la vérité en disant qu’il aurait pu finir avec les cadavres du Briseur de Cœurs… Il soupira, résigné à suivre les recommandations. « Je veux un dispositif de sécurité autour de la gamine partout où elle va. » Ordonna Mac Travis en montant dans le premier camion. La porte du deuxième se referma sur lui, laissant les autres se presser pour terminer de relever les indices.

Il fallait qu’elle s’en sorte. Il fallait qu’il lui parle. Si elle avait vu quelque chose, elle pourrait peut-être expliquer son amnésie ?


***

Aussitôt libéré de son observation, Vango se posta dans le couloir à côté de la chambre où était surveillée la jeune femme. Amaru n’avait pas encore reçu son message dans lequel il lui demandait de passer le chercher aux urgences, ce qui lui laissait quelques minutes de répit pour espérer prendre des nouvelles Miss Leonhart. Le diagnostic s’était confirmé : elle avait été intoxiquée à l’ammoniaque, et avait failli y rester.

« Hey, Vango… J’ai besoin d’être relayé 5 mn le temps d’aller pisser. Tu peux surveiller la petite s’il te plait ? » Souffla Wimeru, épuisé. Seules des personnes de confiance, proche de Mac, avaient été acceptées au chevet de la jeune femme. Il hocha la tête en se relevant doucement pour se poster devant la porte de la chambre.

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