Mettre sa mère en prison n’était pas une chose facile. Certes, cette dernière n’était pas l’ange absolu, non, elle avait tué un homme. Kate n’était pas restée sans rien faire. Non, elle s’était battue, accompagnée de cet homme, celui dont elle était une fan, mais surtout, elle avait appris à le connaître, et à présent, il était devenu son ami. C’était étrange de se dire qu’elle était amie avec un ancien Avengers, pourtant, c’était le cas. Clint était celui qui l’avait aidé, malgré des débuts un peu catastrophiques, elle n’allait pas se voiler la face. Mais depuis sa tendre enfance, elle avait tout fait pour elle comme lui, elle la version féminine de Hawkeye et elle avait réussi. Du moins, elle l’espérait. Mais surtout elle avait appris à connaître le vrai Clint, pas le super-héros. Non l’homme de famille, l’homme qui aimait sa femme et ses enfants. L’homme qui avait pris sans le savoir le rôle de père. Car il avait toujours été attentif envers elle. Sans doute qu’il l’avait apprécié bien plus qu’il ne voulait se l'avouer. Et même s’il ne se voyait pas beaucoup, ils s'appellent souvent, gardant le contact malgré les kilomètres qui les séparaient.

Après avoir passé Noël avec la famille de Clint, Kate ne se voyait pas repartir à New-York. Plus rien ne l’attendait, pas même son père, mort quelques années plutôt. Il n’y avait plus qu’elle et son chien. Et dans le fond, elle n’avait pas voulu retourner dans la ville qui lui avait tant pris. Après avoir discuté pendant un moment avec Clint et surtout, chercher un endroit où s’installer. La jeune femme avait quitté l’Iowa pour le Colorado. Et elle avait posé ses bagages dans un petit village du nom de Breckenridge. Il avait des montagnes un peu plus loin, qu’elle avait traversé dans sa camionnette, du moins camionnette prêtée par Clint, accompagné de son fidèle chien. Elle avait été éblouie par le paysage, et surtout, elle était tombée amoureuse. Avec l’argent qu’elle avait de côté, du moins avec un bout de son héritage, la jeune femme s’était attaché une maison tout meublée. Enfin avec le strict nécessaire, mais elle comptait bien refaire la décoration pour quelque chose de plus moderne.

Cela faisait six mois qu’elle était ici, six mois qu’elle avait passé dans les environs de sa maison, allant dans la forêt faire de longues promenades. S'entraînant toujours plus. Elle avait trouvé un travail dans la bibliothèque du village, rien de bien passionnant, mais au moins, elle avait un petit revenu. Elle avait passé son premier printemps ici à faire le grand ménage, elle avait vendu ou donné tous les meubles qui ne lui convenaient pas. Elle avait arraché le papier peint, repeint pour que son cocon lui ressemble plus. Maintenant, la maison était dans le couleur crème, enfin sauf l’un des murs de son salon qui lui était de la couleur bleu. Ses meubles étaient en bois, et sa cuisine était toute noir. Rien de bien extraordinaire. Mais elle aimait être ici. Elle aimait se poser sur son banc, et lire un livre tout en écoutant le monde extérieur. Elle aimait encore plus son jardin. Les différentes cibles, le tapis au sol. Même si elle avait quitté New-York, elle continuait ses entraînements. Elle ne savait jamais ce qu’il pouvait arriver.

Pourtant, en ce vendredi soir, elle pensait rêver. Kate ne pensait pas avoir de la visite. Elle n’attendait personne, mais quand on cogna de nouveau à la porte, elle se leva du canapé où elle s’était posée avec Lucky. Elle tira sur son t-shirt, comme si ce dernier descendait jusqu’à ses genoux, alors qu’il s’arrêtait à mis cuisses. Soupirant, elle ouvrit la porte, avant de la refermer d’un coup sec. Elle avait rêvé. Oui, elle devait être en train de rêver. Yelena ne se trouvait pas sur le pas de sa porte. Puis comment avait-elle fait pour savoir qu’elle habitait dans ce petit village. Ce n’était pas possible. Et quand elle entendit de nouveau cogner, elle ouvrit doucement la porte, un petit sourire sur les lèvres.

“Yelena ! Je crois que tu t’es trompé de maison. Quoi que tu cherches, je pense que tu devrais toquer chez les voisins.”

Compliqué d’aller toquer chez les voisins, puisque Kate n’avait pas de voisin à proprement parler. Car elle s’était éloignée du village, sans doute pour ne pas faire fuir ses voisins quand elle était avec son tir-à-l’arc. Mais voir la blonde ici était un sacré choc.

Tu avais installé le dernier détail ce matin. Un grand miroir dans le couloir de ton nouvel appartement à New York. Six mois étaient maintenant passés depuis ta rencontre avec le faucon. Après cela, le SHIELD est venu vers toi, t’as proposé un contrat. Tu l’as signé, et en attendant ta prise de fonction, ils t’ont accordé de longs congés payés. De quoi te permettre de faire ton deuil, découvrir la vie que tu as ratée pendant toutes ces années, d’abord à cause du snap, puis de tout ce temps sous l’emprise de Dreykov. Tu avais tant à découvrir, vivre. Alors tu ne t’es pas faite prier pour commencer à claquer cette immense somme d’argent que le SHIELD t’as généreusement offert pour te mettre en place confortablement près d’eux. Tu t’es trouvé un grand appartement en ville, très moderne dans une grande tour. Tu as également acheté une voiture, une BMW m8 noire. On pouvait dire que tu vivais bien. Même si à côté de cela, il y avait les mauvais côtés à supporter. Les traumatismes, les cauchemars, le deuil. Tu avais également quelques démons à affronter, mais tu ne te laissais pas abattre, tu étais bien trop solide pour ça, et puis, le monde avait tellement à t’offrir. Tu faisais énormément de sport d’ailleurs pour palier avec la tonne de fast-food que tu ingurgitais, toi qui voulais tous les découvrir - et on sait à quel point l’Amérique en contient. En ces quelques mois, tu as pu visiter la ville et même ses quartiers les plus malfamés. Faire du shopping aussi pour avoir autre chose que ta combinaison noire de combat. Tu as tenté les musées aussi, mais à vrai dire Dreykov avait déjà assez bourré ton crâne d’informations sur les divers pays de ce monde et tu n’en avais rien à cirer du reste. Tu as regardé des films. Des tas et des tas de films ainsi que de séries, le monde du cinéma était si grand ! Tous les soirs tu tentais un classique ou une nouveauté, te découvrant une préférence pour l’horreur et aussi un peu les romances. Les romances d’ailleurs… C’était tout un nœud dans ta tête. Tout doucement, tu t’étais d’abord découverte une préférence pour les femmes, ça c’était sûr. La pilosité, l’imbécilité, l’inutilité et les traits carrés des hommes ne t’attiraient pas plus que ça. Mais tu n’as pas eu l’occasion d’approcher une femme jusqu’à maintenant. Parce que ce n’était pas ta priorité et tu te disais qu’un coup de cœur viendrait tout seul. Oui il faut croire que tu avais développé un côté romantique. Il faut dire aussi que tu étais une grande timide. L’idée d’aller dans une bar gay à la recherche d’une rencontre ne te mettait pas trop à l’aise, toi qui apprenais seulement à sociabiliser et laisser tes réflexes de militaire russe de côté, c’était un niveau trop haut pour toi pour le moment.

Alors tu avais laissé ça de côté pendant ces six mois. Te concentrant sur l’aménagement de ton nouvel appartement, ta garde-robe et ta vie sociale. Et aujourd’hui, le premier point de cette nouvelle vie était terminé. Tout était prêt : chambre, salon, cuisine, salle de bain, et enfin, le couloir. C’était parfait, à ton goût, à ton image. La touche finale était arrivée de bonne heure ce matin par le livreur et vite installée par tes soins, quelle satisfaction. Et maintenant que la journée avait commencée, autant la continuer plutôt que d’aller te recoucher. Tu avais fait une bonne séance de sport dans la salle du coin, puis une fois retourné dans ton beau chez-toi, tu avais pris soin de ton corps avec une bonne douche et une séance d’essai des produits que tu avais acheté. Mais durant tout cela, il y avait quelque chose dans ta tête qui s’était faufilée dans tes pensées et ne te quittait plus. Ou plutôt quelqu’un. Ce matin, le livreur qui t’a apporté ton miroir avait un petit bonhomme qui pendait du rétroviseur de sa camionnette. Un petit bonhomme violet, blond, armé de son arc. Un fan d’Hawkeye. Mais ce n’est pas l’ancien ami de ta sœur qui t’as marqué sur le coup mais… Kate Bishop. Qu’est-ce qu’elle a bien pu devenir ? Qu’est-ce qu’elle fait maintenant ? Tu n’as pas réussi à faire sortir ces questions de ta tête de toute la matinée ainsi que son visage. Du peu que tu l’avais vu, elle t’avait laissé une bonne impression. Belle, courageuse, avec ce côté maladroit qui la rendait adorable et drôle. Hm… Ça te dirait bien de la revoir. Mais pas pour se battre dans un ascenseur avec elle cette fois-ci.
Alors, ton après-midi avait été occupée par une mission. Celle de retrouver Kate Bishop. En tant que bonne espionne, il ne t’a suffi que d’un ordinateur et de quelques recherches pour d’abord en apprendre plus sur elle. Sa mère, étant de grande fortune, avait été arrêtée peu avant Noël. Pas facile, ça. Tu es également tombé sur les divers prix qu’elle avait gagnés dans des concours de tir à l’arc. Douée. Puis quelques photos d’elle aux côtés de Hawkeye. Cool. Et après une bonne heure à fouiller internet et pirater quelques dossiers, bingo. Une adresse. C’était loin mais accessible. Il était temps de se préparer pour ce soir !

Musique à fond dans ta berline sportive, tu n’as pas vu le temps passer. Tu étais bien habillée, maquillée, coiffée. Un manteau gris, un pull à col roulé noir, un jean de même couleur, tu n’étais pas une grande fan de couleurs. Même tes bagues et ta montre étaient en argent, sans oublier tes piercings aux oreilles. Une fois garée devant la petite maison, tu as vérifié que la boite aux lettres portait le bon nom. Parfait. Alors tu prenais les trois pizzas posées sur le siège passager et tu te dirigeais vers la porte. Tu prenais une grande inspiration avant de frapper. Tu étais nerveuse ?
Lorsque la porte s’ouvrait, tu esquissais un grand sourire. « Hey ! Bonsoir, Kate Bi- » La porte se refermait d’un coup devant ton nez. « Hein ? » Qu’est-ce qu’il venait de se passer ? En tant que russe au sang chaud (et un peu émotive) tu te mettais à pester devant la porte. « Hé je venais en paix ! Pas cool ça ! C’est vraiment- » La porte se rouvrait. Elle ne t’a peut-être pas entendu ? Tu ré-esquissais ton grand sourire au cas où. Mais ses paroles te faisaient froncer les sourcils d’interrogation. « Quoi ? Mais non je viens voir toi ! » Tu avais encore des progrès à faire en anglais et ton accent russe était toujours à couper au couteau. Tu lui montrais les trois cartons dans tes bras. « Regarde, j’ai acheté pizzas pour toi, moi, et chien ! Elles viennent de New York mais sièges chauffants de ma voiture ont gardés ça au chaud. Très pratique ça ! Je te ferais faire un tour si tu veux. Mais allez, à table, avant que ça refroidisse ! » Tu profitais de la porte ouverte pour t’inviter toute seule avant qu’elle ne se referme à nouveau, entrant sans gêne dans la maison. « Oh c’est mignon chez toi ! Et toi, comment tu vas, Kate Bishop ? Ca fait tellement longtemps ! » Tu avais un grand sourire aux lèvres et tu la regardais. Elle n’avait pas changé, toujours aussi belle.

La voir ? Était-elle en train de rêver ? Il fallait dire que leur première rencontre dans son appartement n’avait pas été des plus joyeuses. Elle l’avait regardé manger tout en parlant. Et leur deuxième rencontre n’était pas mise. Se battre dans un ascenseur n’était pas ce qu’on appelait un rendez-vous des plus agréables. Enfin, ce n’était pas réellement un rendez-vous, mais plutôt une rencontre inattendue. Pourtant, Kate n’avait pas pu l’oublier aussi vite. Cette femme forte, blonde, son accent et son corps. Car oui, la jeune femme ne pouvait pas nier que le corps de Yelena était beau. Sans doute dû au sport qu’elle avait fait. Mais ce n’était pas pour ça que la brunette n’avait pas pu oublier la jeune femme. Non, c’était pour autre chose, mais elle ne saurait dire quoi. À vrai dire, elle avait toujours su qu’elle avait une préférence pour les femmes. Les hommes n’ayant jamais attiré son regard, pourtant être en couple ne faisait pas partie de ses priorités. Non, il fallait dire que les compétitions et les entraînements avaient pris beaucoup de son temps. Puis l’enquête encore plus. Alors Kate pouvait être classée dans la partie débutante dans ce domaine-là. Même si elle n’avait pas spécialement envie d’en sortir dans les mois ou même années à venir. Puis, ce n’était pas dans sa campagne qu’elle allait faire beaucoup de rencontres. Elle se rendait au centre-ville une fois par semaine, pour faire un tour sur le marché et faire ses courses. Sinon, elle vivait recluse dans sa maison. La solitude ne lui avait jamais fait peur. Dans le fond, elle avait toujours été seule, du moins, elle avait eu son père jusqu’à ce que ce dernier disparaisse de sa vie. La solitude pouvait avoir du bon comme du mauvais. Surtout, quand elle se mettait à parler toute seule pour avoir une réponse qui ne viendrait jamais. Mais c’était peut-être ce que l’avenir lui avait prédit. Une maison trop grande pour elle, un chien et la forêt. Et rien que Kate. Kate qui dans le fond pleurait le soir la perte de son père et de sa mère. Qu'elle pleurait cette maison vide sans vie. Qui pleurait pour… Elle ne savait pas vraiment. Peut-être un trop plaint qu’elle avait accumuler au fil des mois et qui ne demandait qu’à sortir.

“Tu sais, il existe des fours dans ces cas-là. Ou même des pizzerias bien plus proches que New-York. Tu sais qu’il est malpoli de rentrer chez quelqu’un sans en avoir été autorisé ?"

Fermant la porte de sa maison, elle soupira avant de la suivre. Que pouvait-elle dire ? Le seul moyen pour la mettre dehors serait en la battant. Et Kate n’était clairement pas apte à se battre. Elle attrapa un jogging sur la pile de vêtements qui était le canapé avant de le mettre. Puis son regard se porta sur Yelena, elle n’avait pas changé. Elle était toujours la même, celle qu’elle avait vue dans son appartement six mois plus tôt. Celle qu’elle avait retrouvée dans l'ascenseur.

“Kate. Appelle-moi simplement Kate. On ne dit pas vraiment les noms de famille. Je peux savoir ce que tu fais ici ? À part m’apporter des pizzas. La cuisine est au fond du couloir si tu veux.”

Pourquoi était-elle aussi gentille avec elle ? Sans doute, car cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu de compagnie. La suivant jusque dans la cuisine, Kate sortit deux assiettes, deux verres ainsi que de l’eau. L’invitant à s’asseoir, elle fit de même avant de la regarder. Que dire ? Que faire ? Pourtant, la brunette n’était jamais à court de mots. Non, elle savait toujours quoi dire, pas toujours au bon moment, ni ce que la personne voulait entendre. Elle pouvait même être agaçante à certains moments. Mais Kate était ainsi, et bien que la vie n’avait pas été des plus tendres avec elle, elle était toujours la même. Tout comme Yelena. Du moins, elle l’espérait. Cette dernière avait perdu sa sœur, avait voulu se venger et avait fini par pardonner à Clint. D’ailleurs, Kate avait oublié de l'appeler et elle ne doutait pas un seul instant qu’elle risquerait d’avoir des messages sur son téléphone quand elle prendrait le temps de le regarder. Mais pour le moment, elle avait quelque chose d’autre à faire. Comme s’occuper de son invité qui s'était invité toute seule. Cette dernière avait fait le voyage depuis New-York pour la voir. Personne n’avait fait ça jusqu’à maintenant. Mais c’était tout même étrange venant d’une personne qu’elle ne connaissait pas réellement. Pourtant, la brunette ne pouvait empêcher son cœur de se réchauffer un peu. Attendant que Yelena se serve, Kate remplit les verres d’eau avant de boire une grande gorgée. Pourquoi avait-elle la gorge si sèche ?

“Combien de temps compte, tu restais ici ?”

La brunette ne la mettait pas dehors, mais savoir qu’elle resterait peut-être dans sa maison était étrange. Elle avait de la place avec ses trois chambres en haut plus la suite parentale qui se trouvait en bas. Elle avait de quoi recevoir Clint et toute sa famille sans problème. Mais là n’était pas la question. La question était comment s’était-elle retrouvée assise autour d’une table avec Yelena et des pizzas ? Était-elle dans un autre monde ? C’était peut-être ça. Un multivers. Bon, elle savait que c’était impossible et pourtant, elle était en train de réfléchir à toutes les possibilités pour que la réponse soit le multivers. Du Kate toute crachée. Son cerveau tournait à cent à l’heure, prêt à refaire le monde comme elle le voudrait. C’était sans doute pour ça qu’elle regardait ses émissions de disparition, ou encore ses séries policières, pour pouvoir enquêter avec eux, comme si elle faisait partie de l’équipe. Pourtant, elle ne faisait partie d’aucune équipe, ni d’aucune famille. Voilà la vérité, celle que ne voulait pas s’avouer tant la douleur était immense. Elle n’avait pas été voir sa mère en prison. À quoi bon ? Comment pouvait-elle être la fille d’une meurtrière ? Pourtant, elle l’aime. Elle reste sa mère. Mais elle n’arrivait toujours pas à comprendre comment on pouvait faire ça.

“Et toi ? Comment vas-tu Yelena ?”

Tu ne sais pas vraiment comment tu as su pour ton attirance envers les femmes. C’est comme si ça avait été logique, comme les donuts qu’on préfère aux beignets. Tu ne regardais que les femmes, c’était comme ça, et tu ne t’imaginais pas dans les bras d’un homme. L’idée t’en répugnait même. Peut-être était-ce dû à ton passé entouré où tu n’étais entouré que de femmes jour et nuit, commandées par un seul homme sadique, allez savoir. En tout cas, c’était comme ça aujourd’hui. Et puis, tu en as eu la confirmation il y a quelque temps lorsque cette belle rousse t’a approché à la salle de sport. Elle était gentille, douce, d’un charme sans nom. Mais tout est allé un peu trop vite pour toi et tu as paniqué, la laissant seule dans les vestiaires. Par chance, elle a été compréhensive et aujourd’hui lorsque tu la croises durant ta séance de sport, de la politesse est échangée ainsi que quelques sourires, rien de plus. Tu ne te sentais pas seule pour autant. Quoi que ? C’était étrange, car depuis petite tu as toujours été entourée ; ta famille adoptive, les autres veuves, ta sœur… Désormais, tu étais vouée à toi-même dans ce grand appartement dans cette immense ville. Alors, oui, parfois les nuits étaient dures, à cause de la solitude que tu découvrais, mais également tous ces traumatismes qui te hantaient sans que personne ne soit là pour te réveiller ni te consoler. Tu as tout de même pu te faire ce nouvel ami avec qui tu passais quelques-unes de tes journées, Dimitri. Un jeune russe gay qui travaillait pour le grand Luke Jacobson, styliste et créateur de costumes pour super-héros. Dimitri est un homme ouvert d’esprit, un peu extravagant aux pensées étranges, mais tu l’appréciais, il t’acceptait comme tu étais, t’écoutait et passait du bon temps avec toi, c’était bon pour toi de te faire un ami. D’ailleurs, il t’avait appris quelque chose que tu avais visiblement oublié. « Aahh pardon pardon ! Dim m’a appris ça en plus mais je oublié… » Tu te grattais la tête de ta main libre. « Mais bon c’est trop tard je suis dedans, ahah ! » Tu commençais alors ta marche vers la cuisine tout en continuant : « Je sais que il y a autres pizzerias mais celles-là c’est celles de Patrick ! Petit camion devant chez moi, très très bon, faut que tu goûtes ! » Tu étais si sereine, bien sûr que la jeune femme n’allait pas se mettre à te combattre pour te mettre dehors. Vu votre dernier combat, elle savait très bien que c’était perdu d’avance. « Ah, d’accord Kate ! On devient familiers alors si je peux dire que ton prénom ? On est copines ? » Tu la regardais en faisant ce signe de l’index te pointant elle puis toi. Tu faisais exprès de la taquiner, car elle avait le don de plonger les deux pieds dans tes petites provocations et tu adorais toujours ses réactions. Tu écoutais ses indications en te dirigeant vers le fond de la maison. « Hé bien, ça fait longtemps qu’on s’est pas vu toi et moi et je me suis demandé ce que tu devenir. Tu es devenir ? Devenu…. Ah… J’ai encore petit problème avec anglais, pardon. » Tu posais les pizzas sur la table, puis allais fouiller dans les tiroirs pour chercher des couverts. « Aaaahh !! Kate !! Tu as retenu la leçon !! » Tu sortais deux fourchettes et deux couteaux du tiroir et lui montrais. « Tu as plusieurs couverts, wow !! Très bien ça, très bien ! » Puis te allais vers la table que la brunette préparait également, déposant les couverts puis t’installant sur une chaise après avoir pris soin de déposer ton manteau sur le dos de la chaise.

A sa question concernant le temps que tu passeras ici, tu haussais les épaules. « Hm, je sais pas ! On verra ce que destin nous réserve ? » Tu lui souriais, prenant une gorgée du verre d’eau. « Viens, assieds-toi ! A table ! Où est chien d’ailleurs ? J’ai pris une pour lui aussi ! » Et enfin, Kate te demandait comment tu allais, ça te faisait sourire à nouveau, plus sincèrement. Alors, ce côté brute de décoffrage aux gros sabots russe un peu humoristique s’effaçait quelques instants, laissant voir une Yelena plus sérieuse et sincère. « Hm, ça va, je dirais ? » Ton ton était également plus posé. « Je fais deuil de Natasha, doucement. Et j’apprends à vivre seule, je pense ça se voit ? » Tu riais doucement. « Mais moral, ça va. La plupart du temps. Et toi, Kate ? » Les blagues et les provocations de côté, en regardant Kate, tu voyais bien qu’elle n’était pas si rayonnante que la première fois que tu l’as rencontré. Elle vivait déjà des tas de secousses dans sa vie probablement, mais c’était dans le feu de l’action. Maintenant que tout était terminé, tu sentais que la jeune femme avait une certaine souffrance en elle. Ça te pinçait un peu le cœur.