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LE TEMPS D'UN RP

La vie n'est pas un long fleuve tranquille

Manhattan Redlish
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Manhattan Redlish
Sam 27 Nov - 22:14
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Nolan Campbell
J'ai 44 ans et je vis à Brooklyn, New York. Dans la vie, je suis chef de chantier et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis en couple et je le vis plutôt mal parce que c'est compliqué



Nolan n’avait qu’un souhait : Devenir architecte. Il passait la majeure partie de son temps entre le lycée et les chantiers sur lesquels travaillaient son oncle. Chaque dollar durement gagné était mis de côté pour l’université. Mais le destin en décida autrement… Il fut projeté soudainement dans une autre vie lorsque son père tomba gravement malade, engendrant des frais médicaux insurmontables pour sa mère. Pour la soulager financièrement, il s’engagea donc dans l’armée et envoya la majeure partie de son salaire à cette dernière. Après avoir passé les trois-quarts de son temps au front, et son contrat enfin terminé, Nolan revint au pays. Il s’autorisa un temps de recul pour s’adapter de nouveau à la vie civile et retourna travailler pour son oncle. Ce qui aurait dû être une solution de quelques mois, dura davantage de temps. Nolan rencontra sa première femme, acheta sa première maison, et eut son premier divorce. Il se remaria une seconde fois, eut un enfant, et divorça une fois encore. Au fil des tumultes de son existence, son rêve de devenir architecte disparu, ne lui laissant que d’autres choix que d’évoluer autrement, et cela, jusqu’à devenir chef de chantier. Exécutant les ordres des hommes et des femmes qu’il aurait pu être dans une autre vie…

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Les mensonges… Ils étaient devenus l’alternative ces derniers mois pour ne pas la faire souffrir face à une douloureuse sincérité. Ils étaient devenus rapidement proche des silences lorsqu’elle l’interrogeait et qu’il n’avait pas le cœur à lui dire la vérité… Ce qui était devenu leur quotidien. Nolan n’était pas naïf, il savait pertinemment qu’elle avait conscience de tous ces subterfuges, mais il n’aurait pas pensé que le surprendre ainsi dans un bar, en compagnie de ses amis, aurait un tel impact chez Maggie. Peut-être que c’était ce dont ils avaient besoin tous les deux pour enfin s’affronter et crever cet abcès qui tuait leur couple à petit feu… Parce que le chef de chantier était lassé de ce quotidien qui était devenu le leur depuis bien trop longtemps, et il ne semblait pas être le seul. Son rire nerveux, ce regard pour le ciel qui pleurait pour eux, ne faisait que trahir l’agacement qu’éprouvait Maggie. Elle semblait lui en vouloir de mettre en péril un projet dont il n’était même plus certain de désirer vraiment et sa mâchoire se crispa à sa réponse « Ce n’est qu’un mensonge Maggie » répondit-il avec tout autant d’aplomb qu’elle, lui faisant comprendre que ce n’était que le cadet de leur souci.

Fatigué, lassé, de ce qu’était en train de devenir leur vie à deux, Nolan se retenait pourtant de soulever le véritable problème qui pesait sur leur relation, et décida de lui reprocher ce quotidien qu’elle avait bouleversé en le poussant à reprendre ses études. Parce que oui, ces derniers temps, sa vie de simple chef de chantier lui manquait terriblement. Sa vie d’avant lui manquait. Cette vie qui n’était maintenant plus qu’un souvenir qui venait le hanter de plus en plus souvent ces derniers mois… Sa mâchoire se serra davantage en entendant Maggie qui lui parlait de courage, de sincérité, alors qu’il ne souhaitait que la protéger de cette vérité qui le consumait de l’intérieur, et l’empêchait de dormir sereinement la nuit. Ce fut donc à son tour d’avoir un rire nerveux, faisant quelques pas sur place en se passant les mains sur le visage, menant un duel intérieur pour ne pas se montrer trop abrupte avec la femme devant lui, et se limita donc dans sa réponse « Le courage… Tu penses que c’est une question de courage Maggie ? » alors qu’il la fixa d’un regard noir, comme il ne l’avait jamais fait auparavant.

Pourtant, malgré toute la colère qu’ils pouvaient éprouver en cet instant, sous cette pluie qui les accablait de plus en plus violemment, Maggie parvenait encore à trouver des paroles encourageantes sur ce qu’il était capable de devenir… Des mots que Nolan n’avait pas envie d’entendre. Pas ce soir. « Nouvelle du jour Maggie : Je n’ai pas les épaules pour devenir architecte ! » tout en écartant légèrement les bras, les laissant retomber lassement le long de son corps « Je vais t’apprendre quelque chose… Les rêves peuvent rapidement se transformer en cauchemar » et il ne parlait pas seulement de ce métier d’architecte, de leur cabinet. Finalement, Maggie aborda LE sujet par elle-même en évoquant cet enfant qu’elle ne parvenait pas à lui donner et pour lequel, elle s’en voulait. Silencieux un bref instant, la mâchoire serrée à se la briser, il n’en pouvait plus de rester renfermé dans son mutisme, et lâcha sans hausser la voix « Je ne suis plus vraiment certain de vouloir encore de cet enfant… Comme je ne suis plus vraiment certain de devenir architecte… ou encore de continuer ainsi… tous les deux ». Ces mots lui arrachaient tout simplement le cœur comme jamais cela ne s’était produit auparavant. Sa souffrance était égale à l’amour qu’il pouvait lui porter, et Dieu savait qu’il était inconditionnel. Mais Nolan ne parvenait plus à entrevoir la moindre issue à leur relation. Il se pinça l’arête du nez tout en baissant la tête, les yeux embués de larmes, et reprit en faisant un pas vers elle, la gorge nouée « On s’est perdu Maggie » et poursuivit après un maigre silence « Cette envie d’enfant aurait dû nous rapprocher, mais elle n’a fait que de nous séparer, nous deux, mais aussi envers nos amis. Elle nous a changé, et je ne veux pas de cette vie-là… ». Nolan s’essuya vulgairement les yeux avant de reprendre « Si on continue ainsi et qu’on n’a jamais cet enfant, on finira par se détester et je ne veux pas de ça… Alors le mieux est peut-être de tout arrêter avant que cela ne se produise… ». La gorge toujours serrée, il ajouta « Tu voulais que je sois sincère Maggie. Je le suis. Je voulais juste te préserver et j’ai eu tort ». Il se moquait que la pluie l’ait entièrement trempé, que ses cheveux collaient à son crâne et ses vêtements à sa peau. Tout ce qui lui importait, c’était la femme devant lui et uniquement cela. Il s’approcha lentement de cette dernière et souffla un « J’ai envie de mourir rien qu’à te dire cela parce que je t’aime à en crever, mais je préfère te quitter plutôt que tu me détestes Maggie, et je sais que tu y es presque ce soir… » puis déposa ses lèvres sur son front, fermant les paupières avec force. C’était le premier geste tendre qu’il avait pour elle depuis des mois, et pourtant, il avait le goût d’un au revoir.


Charly
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Charly
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Margaret Hall
J'ai 36 ans. Je vis à New York - Brooklyn, États-Unis. Dans la vie, je suis architecte et décoratrice d'intérieure et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance , je suis en couple et je le vis plutôt mal.


Enfant, Maggie passait son temps à aménager à ses poupées des maisons de rêves. Elle adorait ça. Bonne en dessin, pas trop mauvaise en math, c’est tout naturellement qu’elle a choisi de devenir architecte et de compléter son diplôme par une formation en tant que décoratrice d’intérieur. Dans ses rêves de jeune femme, elle était ainsi capable de proposer un projet à ses clients qu’elle pouvait mener de bout en bout. Mais lorsqu’on est une femme dans un milieu d’homme, ça n’est jamais évident de trouver sa place, encore moins de se faire sa place.
Sa rencontre avec Nolan Campbell fut comme une bouffée d'oxygène dans sa vie. Ils n'ont rien commandé, ça leur ait tombé dessus. Un lien unique et plus fort que leur volonté est né, les poussant l'un vers l'autre.
Aujourd'hui, après deux années de vie commune, leur envie d'avoir un enfant ensemble est en train de tuer leur couple à petit feu.

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« -peut être pour toi. » lui avait elle répondu sur un ton neutre, celui qui ne présageait rien de bon. « -venant de la part de l’homme avec qui on s’était promis sincérité… Excuses moi si j’ai un peu de mal à encaisser. » ça n’était pas qu’un mensonge. C’était le mensonge de trop. Celui qui allait faire exploser tout ce qu’ils ne parvenaient plus à se dire depuis des mois. Celui qui allait les détruire ou les sauver. C’était peut être le destin, qu’elle décide de rentrer à pieds malgré la pluie, qu’elle s’arrête devant ce bar pour rejeter l’appel de Tess. Qu’elle lève les yeux sur ce qui se passait à l’intérieur de ce bar ! Il ne pouvait en être autrement, le destin avait décidé pour eux, qu’il était temps d’arrêter de faire les autruches et d’enfin parler à coeur ouvert, même si c’était pour les faire saigner.

« -oui du courage. Le courage de voir plus loin, le courage de croire en toi, le courage de me regarder dans les yeux et de me dire que tu ne m’aimes plus, que tu ne me désires plus. Le courage de me dire qu’après ces deux années de relation tu as finis par comprendre que tu t’étais trompée, que tout ce que tu m’as dis était faux. Le courage de m’avouer que tes sentiments se sont envolés. »
elle l’avait tourné ainsi, c’était tout de même un peu plus glorieux que de le traiter de lâche. De son côté, elle l’aimait toujours, et elle crevait à petit feu de cette distance qu’il leur imposait. De ses silences lourd de sens, qui étaient devenu de la torture pour elle. Qui ne cessaient de faire naître des questions et des doutes dans son esprit. Qui était à l’origine du dégoût qu’elle éprouvait pour elle même.

Le mot cauchemar fut comme une gifle. Elle hocha la tête en se mordant les lèvres, détournant le regard, remerciant la pluie de cacher ses larmes parmi ses gouttes. Elle lança LE sujet douloureux. Celui qui avait fait vaciller leur couple, qui les éloignait alors qu’il aurait du les souder. Maggie ferma les yeux en souriant tristement, retenant ses larmes inutilement. « -on est d’accord sur un point. » souffla t elle en relevant le menton, se forçant à le regarder droit dans les yeux. « -je n’en veux plus. Je n’en peux plus. Je suis en train d’en crever. Je comptais t’en parler ce soir… » oui, elle avait prit sa décision. Elle baissait les bras, renonçait au projet. Pas de bébé. Elle était visiblement incapable de donner la vie.

« -non... » elle sourit encore une fois alors qu’elle pleurait. « -non on s’est pas perdu Nolan. Tu m’as laissé tomber. » c’était clairement ce qu’elle ressentait. « -tu as pris la fuite. Tu t’es renfermé dans ton travail, dans ton mutisme alors que j’avais… que j’avais besoin de toi. » elle avait soufflé ces derniers mots en reculant d’un pas. « -j’avais besoin de toi pour me rassurer, pour m’ordonner de lâcher prise, pour me consoler et me ramener à la raison. J’avais besoin de toi. Du vrai toi. De celui dont je suis tombée amoureuse. De l’homme sincère, tendre et compréhensif que tu étais. Tu m’as laissé tomber Nolan. » elle le pointa à nouveau du doigt en disant cela, la colère se mêlant à nouveau à la tristesse.

« -parce que tu crois que j’en ai envie ?! Que ça me plais de manger seule, d’aller me coucher seule, de mourir petit à petit de l’intérieur parce que je t’aime encore alors que... » elle se pinça les lèvres, leva les bras en signe d’impuissance. Puis elle plissa les yeux en penchant légèrement la tête. « -tu… tout arrêter ? Tu veux… tu veux dire nous deux ? » elle n’était pas certaine de vouloir comprendre. Soudainement elle avait la tête qui tournait, le souffle lui manquait. Elle avait cette sensation de sol qui se dérobe sous ses pieds. Alors lorsqu’il approcha d’elle, Maggie n’eut d’autre choix que de s’agripper à la veste de Nolan pour ne pas tomber.

Elle blottit son visage contre son torse et se mis à pleurer. C’était tellement douloureux. Entre deux sanglots elle parvint à dire : « -je t’en veux… » elle réalisa qu’elle se tenait tout contre lui, alors Maggie recula de deux pas, renifla et chassa ses larmes en tentant de reprendre contenance. Regardant quelques passant qui courrait parce que la pluie ne cessait pas. Puis elle se passa les deux mains sur le visage, chassant ses larmes, le visage levé vers le ciel. Elle prit une grande inspiration et finit par dire : « -je te déteste pas... » elle était tellement pleine de chagrin. Parler et trouver les bons mots étaient difficile. « -je t’en veux… je t’en veux terriblement. Et je m’en veux de ne pas avoir été capable de prendre conscience plutôt que ce qui était en train de nous arriver. » elle déglutit, regarda ses yeux, glissant ses main dans les poches de sa veste. Souffla doucement par la bouche et ajouta : « -je ne veux plus de cet enfant. Ça j’en suis certaine. Maintenant... » elle haussa les épaules jusqu’à ses oreilles, le menton se remettant à trembler : « -maintenant si tu veux me quitter… » elle leva les yeux pour ravaler ses larmes avant de le fixer durant de longues secondes. « -je t’aime. Et je ne veux pas te perdre définitivement. Alors… » elle prit la décision pour eux. « -alors je vais rentrer à la maison. » un léger sourire ironique en disant ce mot. « -et je… je vais faire ma valise. Je vais… Je vais m’installer chez moi. Quelques temps… et… » elle hocha la tête pour tenter de se convaincre que c’était la meilleure solution. « - on va se… on va se laisser de la place. Prendre de la distance… Se laisser respirer. Mener nos vies comme on en a envie. Et puis… et puis dans… Dans je sais pas… un mois ou deux… on verra… » elle se mordit à nouveau les lèvres. « -on verra si un nous deux est encore possible. » elle avait mal… Tellement mal… « -sauf si… sauf si tu veux tout arrêter tout de suite. Si c’est le cas... » elle porta ses mains devant ses lèvres, incapable d’en dire plus…


Manhattan Redlish
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J'ai 44 ans et je vis à Brooklyn, New York. Dans la vie, je suis chef de chantier et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis en couple et je le vis plutôt mal parce que c'est compliqué



Nolan n’avait qu’un souhait : Devenir architecte. Il passait la majeure partie de son temps entre le lycée et les chantiers sur lesquels travaillaient son oncle. Chaque dollar durement gagné était mis de côté pour l’université. Mais le destin en décida autrement… Il fut projeté soudainement dans une autre vie lorsque son père tomba gravement malade, engendrant des frais médicaux insurmontables pour sa mère. Pour la soulager financièrement, il s’engagea donc dans l’armée et envoya la majeure partie de son salaire à cette dernière. Après avoir passé les trois-quarts de son temps au front, et son contrat enfin terminé, Nolan revint au pays. Il s’autorisa un temps de recul pour s’adapter de nouveau à la vie civile et retourna travailler pour son oncle. Ce qui aurait dû être une solution de quelques mois, dura davantage de temps. Nolan rencontra sa première femme, acheta sa première maison, et eut son premier divorce. Il se remaria une seconde fois, eut un enfant, et divorça une fois encore. Au fil des tumultes de son existence, son rêve de devenir architecte disparu, ne lui laissant que d’autres choix que d’évoluer autrement, et cela, jusqu’à devenir chef de chantier. Exécutant les ordres des hommes et des femmes qu’il aurait pu être dans une autre vie…

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La sincérité et l’honnêteté du début de leur relation avaient cédé face à l’adversité, se laissant remplacer par les silences pesants et les mensonges. Alors qu’il ne voyait en son geste, qu’une simple dissimulation, Maggie le percevait comme une trahison et à juste raison. Mais alors qu’il aurait pu tout simplement s’excuser en acceptant l’erreur commise, il opta pour une certaine nonchalance froide alors qu’il souffla un « Je ne suis pas parfait ». Ce n’était pas la première fois qu’il le lui confia, mais il avait l’impression que ce soir, elle prenait pleinement conscience de ses imperfections. Maggie voyait en lui, un homme qui avait appris à mentir par manque de courage, par lâcheté. Il voyait en ses mensonges, une manière comme une autre de la protéger d’une vérité trop brutale. Pourtant, en l’écoutant, Nolan pris conscience qu’elle avait sa propre déduction de son éloignement. Elle voyait en lui, un homme qui n’était plus capable de la désirer, qui n’était plus capable de l’aimer, qui n’était plus capable d’entrevoir l’avenir à ses côtés… Et en cet instant, le quarantenaire eut mal, comme rarement il avait eu mal. Interdit devant elle, Nolan passa ses deux mains sur son visage et vint plaquer ses cheveux en arrière, le cœur serré en se rendant compte de l’image qu’il avait renvoyé ces derniers mois. La tête légèrement penchée, complètement désemparé, il lui demanda « C’est réellement ce que tu penses Maggie ? ». Parce que si tel était le cas, leur couple était dans une impasse bien plus profonde qu’il ne l’aurait soupçonné.

Ce rêve d’avoir un enfant s’était transformé en véritable cauchemar qui avait mis toute leur relation en péril, et non, Nolan n’était plus vraiment certain de vouloir fonder une famille. Il n’était plus certain de rien en ce moment… « C’est donc la fin… » souffla-t-il alors qu’elle lui confia de ne plus avoir la force de livrer encore un nouveau combat pour tomber enceinte. Ils renonçaient tous les deux à ce désir d’enfant qui leur avait tant coûté. Un désir qui avait fait qu’ils s’étaient tout simplement perdus tous les deux… Enfin, c’était la perception du chef de chantier et Maggie ne partageait pas son avis. Les sourcils froncés, il attendait une explication et ce qui suivit fut un nouveau coup de poignard. Il avait moins souffert sous les décombres que ce soir face à Maggie. Plus elle parlait, plus Nolan se rendait compte de ses propres erreurs. Il l’avait laissé tomber. Il s’était enfermé dans une bulle hermétique au monde extérieur, comme il l’avait fait avec Helen ou encore Julie. A la différence que ça s’était fait avec le temps pour ces précédents mariages, alors qu’avec Maggie, il avait commis cette erreur au moment où elle avait le plus besoin de lui… Il l’avait laissé tomber. Silencieux, le chef de chantier encaissa le coup, qu’il crut défaillir sur place. Il ouvrit la bouche, puis la referma aussitôt, détournant le regard un instant, et reprit la parole pour lui faire comprendre que ce n’était pas de cette vie-là qu’il souhaitait. Il était peut-être temps de tout arrêter avant qu’elle finisse par le détester pour tout ce qu’elle avait pu lui dire.

Cette décision était difficile à prendre et il avait mal à en mourir d’imager son avenir sans elle, mais il savait aussi qu’il préférait cela plutôt que de voir leur amour s’éteindre peu à peu, pour laissait place à seulement de la colère. Ses lèvres contre son front, il sentit les mains de Maggie empoigner sa veste en cuir, comme si elle se retenait à lui pour ne pas défaillir sous la nouvelle, et il eut encore plus mal. Il recula légèrement sa tête pour croiser son regard et acquiesça, n’ayant plus la force de le dire à voix haute. Il leva ses mains pour les poser dans son dos, mais laissa son geste en suspens à quelques centimètres. Nolan avait connu deux divorces et pourtant, il n’avait jamais souffert autant qu’en cet instant précis, et ce fut encore plus douloureux de la voir s’écarter de lui. Il hocha lentement de la tête. Il savait qu’elle lui en voulait, et pourtant, elle ne parvenait pas encore à le détester… Il avait envie de la serrer dans ses bras, de lui demander pardon, de lui dire qu’il l’aimait, mais il resta immobile, sous la pluie battante, à la fixer de son regard brun, les bras le long du corps. Nolan la laissa parler, détournant le regard au moment même où elle lui confia toujours l’aimer, et ne pas vouloir le perdre… Alors que lui ne parvenait plus à voir un avenir radieux avec elle… Il souffla un « Ok » à sa décision de rentrer chez eux pour faire sa valise. Le regard baissé sur le trottoir trempé, il continua de l’écouter pendant qu’elle faisait le choix de mettre de la distance entre eux. Un mois ou deux… Il releva son regard brun sur elle et souffla un « … Oui » à nouveau. Il mourait à petit feu de l’intérieur en cet instant, et quand elle ne put terminer sa phrase, il se rendit compte qu’il était capable d’avoir encore plus mal. Il murmura un « Je ne sais pas Maggie… » et ajouta « On rentre, viens ».

En retrait, Nolan la laissa préparer sa valise dans un silence de plomb. Le regard embué de larmes, la gorge nouée, le cœur serré, il revoyait les moments passés avec elle dans cet appartement qui était devenu rapidement le leur. Les soirées enlacées devant la télévision, les éclats de rires, les éclats de voix aussi, les réconciliations dans un baiser, dans une étreinte... Il revoyait aussi le déclin de leur relation au fil des mois, cet éloignement qui s’était fait progressivement, jusqu’à devenir de simples colocataires entre ces murs. Nolan marcha lentement jusqu’à la chambre, l’observa un moment, faisant sa valise et s’approcha de cette dernière, saisissant ses poignets avec douceur « Je suis désolé Maggie… Je suis désolé de t’avoir laissé tomber au moment où tu avais le plus besoin de moi… Je suis désolé… » et sans la quitter des yeux, lui retira ce qu’elle avait entre les mains et le jeta sur le lit derrière lui, puis posa sa main sur sa joue « Je n’ai jamais regretté notre histoire, je n’ai jamais cessé de t’aimer à en crever Maggie et c’est pour cela que j’ai mal à l’idée de ne plus être avec toi » et posa son front contre le sien « Mais j’ai peur aussi qu’on ne retrouve jamais notre histoire d’antan. J’ai peur d’avoir perdu ta confiance en moi… J’ai peur de cette distance… J’ai peur que tout cela nous ait détruit et que ça soit trop tard » et se recula légèrement pour croiser le regard de Maggie « Dis-moi que ce n’est pas trop tard ».


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J'ai 36 ans. Je vis à New York - Brooklyn, États-Unis. Dans la vie, je suis architecte et décoratrice d'intérieure et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance , je suis en couple et je le vis plutôt mal.


Enfant, Maggie passait son temps à aménager à ses poupées des maisons de rêves. Elle adorait ça. Bonne en dessin, pas trop mauvaise en math, c’est tout naturellement qu’elle a choisi de devenir architecte et de compléter son diplôme par une formation en tant que décoratrice d’intérieur. Dans ses rêves de jeune femme, elle était ainsi capable de proposer un projet à ses clients qu’elle pouvait mener de bout en bout. Mais lorsqu’on est une femme dans un milieu d’homme, ça n’est jamais évident de trouver sa place, encore moins de se faire sa place.
Sa rencontre avec Nolan Campbell fut comme une bouffée d'oxygène dans sa vie. Ils n'ont rien commandé, ça leur ait tombé dessus. Un lien unique et plus fort que leur volonté est né, les poussant l'un vers l'autre.
Aujourd'hui, après deux années de vie commune, leur envie d'avoir un enfant ensemble est en train de tuer leur couple à petit feu.

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« -oui. » ce petit mot lui arracha la bouche. Et pourtant, c’était vrai, c’était ce qu’elle pensait. Ce qu’elle ressentait. Qu’imaginait il ? Qu’elle le croyait encore fou amoureux d’elle ?! Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas eut la moindre preuve d’amour. Le peu de fois où ils avaient couché ensemble, c’était pour cette foutue grossesse. Et à chaque fois, elle avait eut cette sensation qu’il se forçait. Rien avoir avec la magie de leur amour initiale. Cela lui semblait faire une éternité qu’elle n’avait pas vu une étincelle d’envie pour elle dans ses prunelles. Et même sans ça ! Rien que la distance qu’il mettait… Si elle se trompait, elle voulait qu’il le dise ! S’il lui restait de l’amour pour elle, alors il le cachait bien !

« -oui… et je le regrette tout autant que d’avoir eut cette envie d’enfant. » le jour où il avait posé la question, si elle avait dit non, peut être que rien n’aurait tourné ainsi. Ou peut être que si. Ensuite elle se disait qu’ils devaient peut être en passer par là, que c’était pour la punir d’avoir crue mérité un meilleur amour que celui que David pouvait lui donner. Où pour lui prouver que la fautive c’était elle à chaque fois. Qu’elle n’était pas faite pour être aimé. Pas fait pour être mère. Maggie se montra sincère. Elle se savait dur aussi dans ses propos. Mais c’était la vérité. C’était ce qu’elle ressentait. C’était ce qui la faisait tant souffrir depuis tout ce temps. L’entendre dire qu’il voulait la quitter, parce que c’était ça qu’elle avait entendu, lui déchira le coeur et la fit suffoquer. Pour ne pas tomber elle se raccrocha à lui, incapable de faire autrement, pleurant sans retenue cette fois ci, souffrant la martyre.

Pourtant, comme elle le faisait toujours, Maggie se reprit. Elle se détacha de lui, sécha ses larmes et tenta de mettre en place une solution. Un éloignement. Une sorte de pause afin de faire le point, de prendre du recul et de voir s’ils se manquaient. Quelques semaines afin de savoir s’ils avaient encore envie de vivre ensemble, si un avenir était possible. Elle hocha simplement la tête avec lenteur lorsqu’il avoua ne pas savoir s’il voulait la quitter. La trajet retour fut long. Et fut une véritable torture pour la jeune femme. D’ordinaire les choses tournaient dans son esprit, prenaient une place folle. Mais là… c’était le vide. Elle marcha comme un zombi, comme si on venait de lui arracher le coeur de la poitrine.

Une fois à l’appartement, elle déposa sa veste, retira ses talons et se dirigea dans la chambre sans un mot. Elle poussa la porte afin de se changer, enfilant une robe en laine parce qu’elle était gelée. Puis elle prit sa valise, celle qui portait encore les étiquettes du voyage au Népal. Celle qui aurait du voir bien d’autres pays encore. Elle la déposa sur le lit, l’ouvrit en silence avant de se retourner vers le dressing. Elle prit ses affaires une par une. A mesure du temps passé ici, il y avait bien trop de ses vêtements pour qu’ils rentrent tous dans une valise. Alors elle prit ce qu’elle mettait le plus. Ceux qu’elle aimaient le plus. Faisant plusieurs aller et retour, pliant avec lenteur ses affaires, le coeur dans un étau. Un regard pour les cintres qui pendaient, vide, de son côté. Un soupire douloureux avant de prendre une veste. Elle n’avait pas vu Nolan à la porte.

Elle fut surprise de son geste, surprise de le voir là. Les moments à deux dans cette chambre étaient devenu rare. Pourtant elle était épuisée par la douleur et ne réagit pas. Elle l’écouta en silence, sans bouger. Bien sur les mots qu’il lui souffla pouvaient être rassurant. Il l’aimait encore. La tout de suite, elle ne savait même pas si c’était un soulagement. Et lorsqu’il lui demanda de le rassurer à son tour, elle le regarda, désemparée, les yeux à nouveaux brillant de larmes. « -je ne sais pas... » s’entendit elle souffler. Elle baissa le regard quelques secondes, puis regarda sa valise qui attendait là, pas encore totalement terminé. « -tout ce que je sais, c’est que je t’aime toujours. Et que c’est pour ça que ça fait si mal. » les faits étaient là. Ils s’aimaient encore. Ils ne savaient simplement plus comment se le dire. Elle se détourna de lui, récupéra ce qu’il avait jeté sur le lit, le mit dans la valise et la ferma avant de la déposer sur le sol. Puis elle souffla toujours en lui tournant le dos : « -je te demande pardon… » son regard se fixa sur les photos sur les tables de nuits. « -je te demande pardon d’avoir laissé l’autre Maggie prendre le dessus. D’avoir oublié le lâché prise… je sais que c’est ma faute et… » la jolie rousse ferma les yeux quelques secondes. « -c’est pour ça que c’est mieux qu’on se laisse de la place pendant quelques temps… tu vas... » elle se retourna et ajouta en lui souriant tristement entre ses larmes : « -tu vas retrouver ta vie d’avant… et… et on verra... » comment prédire si elle allait lui manquer ? Ou l’inverse. Si cette distance se révélait un soulagement.


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Nolan Campbell
J'ai 44 ans et je vis à Brooklyn, New York. Dans la vie, je suis chef de chantier et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis en couple et je le vis plutôt mal parce que c'est compliqué



Nolan n’avait qu’un souhait : Devenir architecte. Il passait la majeure partie de son temps entre le lycée et les chantiers sur lesquels travaillaient son oncle. Chaque dollar durement gagné était mis de côté pour l’université. Mais le destin en décida autrement… Il fut projeté soudainement dans une autre vie lorsque son père tomba gravement malade, engendrant des frais médicaux insurmontables pour sa mère. Pour la soulager financièrement, il s’engagea donc dans l’armée et envoya la majeure partie de son salaire à cette dernière. Après avoir passé les trois-quarts de son temps au front, et son contrat enfin terminé, Nolan revint au pays. Il s’autorisa un temps de recul pour s’adapter de nouveau à la vie civile et retourna travailler pour son oncle. Ce qui aurait dû être une solution de quelques mois, dura davantage de temps. Nolan rencontra sa première femme, acheta sa première maison, et eut son premier divorce. Il se remaria une seconde fois, eut un enfant, et divorça une fois encore. Au fil des tumultes de son existence, son rêve de devenir architecte disparu, ne lui laissant que d’autres choix que d’évoluer autrement, et cela, jusqu’à devenir chef de chantier. Exécutant les ordres des hommes et des femmes qu’il aurait pu être dans une autre vie…

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Lorsque Nolan avait divorcé d’Helen, tout s’était fait naturellement, sans éclat de voix. La décision avait été prise autour d’une table, alors qu’ils buvaient leur énième café de la journée. C’était inéluctable entre eux. Après plusieurs années à s’aimer, ils s’étaient finalement rendu compte, avec le temps, et l’éloignement progressif de Nolan, qu’ils ne s’aimaient plus comme avant. L’histoire s’était ensuite répétée avec Julie quelques années après, mais l’issue avait été vécue comme une trahison alors que le chef de chantier avait appris l’infidélité de sa femme, quelques mois après la naissance de leur fils. Une fois encore, son éloignement l’avait mené à sa perte. Cela n’avait pas empêché Nolan de réitérer les mêmes erreurs avec Maggie. A l’exception faite, que cette fois-ci, il souffrait comme jamais il n’avait souffert par le passé… Tout en acceptant le choix de l’architecte de prendre de la distance, Nolan prenait pleinement conscience que l’éloignement n’avait jamais altéré ses sentiments à son encontre, et qu’il l’aimait toujours autant, et cela, malgré ces derniers mois. Alors il eut mal quand Maggie acquiesça. Pour elle, il ne l’aimait plus, ne la désirait plus et regrettait ces deux dernières années passées à ses côtés, alors que de son côté, c’était son choix d’avoir eu envie d’un enfant avec lui qu’elle regrettait. Comment en étaient-ils arrivés là ?!

Comment en étaient-ils arrivés à ce que Maggie prépare sa valise dans cette chambre qu’ils avaient partagé durant des mois, dans cet appartement qui était devenu le leur avec le temps. Se rendant compte de son erreur en la laissant partir, Nolan s’était rendu dans la chambre et avait arrêté Maggie dans son élan. Il l’aimait et le lui confia. Mais aucune réaction de la part de la jolie rousse qui ne parvenait même plus à le rassurer. Peut-être que finalement, tout était définitivement terminé entre eux… Il eut mal et lâcha son emprise sur les poignets de Maggie, reculant même d’un pas en l’entendant « J’ai mal aussi… ». Il n’avait jamais autant souffert de sa vie qu’en cet instant. Reculant d’un nouveau pas, il fronça les sourcils alors qu’elle lui demandait pardon, et rétorqua aussitôt « On a tous les deux nos torts Maggie… On n’a pas su se dire stop au bon moment, ni su communiquer ou s’épauler… » et ils s’étaient perdus. Son cœur dans un étau, il acquiesça lentement et s’approcha de la jeune femme, essuyant ses larmes de ses pouces « Ne pleure pas, s’il te plaît » alors qu’il en faisait de même et embrassa son front avec douceur, avant de murmurer « On va surmonter cela Maggie… On va se reconstruire chacun de nos côtés et… » et il se tut, la gorge nouée, il se recula après un dernier baiser sur son front, prenant sa valise qu’il tira lentement jusqu’à l’entrée, et ajouta « On avait dit « plus jamais »… Plus jamais on ne se ferait du mal, plus jamais on ne prendrait nos distances… Une promesse de plus que je n’ai pas su tenir… » tout en esquissant un maigre sourire. Il s’essuya vulgairement les yeux, se racla la gorge en espérant reprendre contenance « Tu as mon numéro » et la laissa partir, ne sachant quoi dire à son départ.

Lorsqu’il arriva sur le chantier le lendemain matin, les traits tirés par sa nuit d’insomnie, il sut qu’ils savaient tous. Il n’y avait pas besoin d’être devin pour deviner que sa relation avec Maggie connaissait un sombre tournant, et qu’à tout moment, elle pouvait s’arrêter brusquement. Il aurait pu s’apitoyer sur son sort, comme il aurait aimé le faire, à avaler des litres de scotch et construire une cabane avec sa couverture. Mais Maggie lui avait demandé de retrouver sa vie d’avant, et ce n’était pas cela sa vie d’avant. Il continua donc de travailler, de s’occuper de Desmond qui ne s’étonna plus de ne pas voir Maggie en sa compagnie. Lui aussi, savait… Pendant presque deux semaines, il hésita plus d’une fois à envoyer un message à la jolie rousse sans y parvenir, puis un dimanche soir, il se décida : Salut… C’est Nolan. Comment vas-tu ? Un message simple, mais il avait juste besoin de savoir qu’elle allait bien et qu’elle continuait d’avancer, elle aussi. La douleur de leur dernière dispute, des mots échangés étant encore bien trop présente, le chef de chantier ne ressenti pas le manque de sa présence tout de suite, mais bien plus tard, alors que les jours se succédaient, et qu’il reprenait lentement le cours de sa vie d’avant. Il avait compris qu’il ne voulait pas de cette vie, pas sans elle à ses côtés, et encore moins un avenir sans elle. Alors, après trois semaines après leur dispute, il renvoya un message simple, avec la photo du film de Pitch Perfect qu’il lui envoya avec pour légende : Petit souvenir de notre première soirée et ajouta un second message : Tu me manques Maggie.


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Charly
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Margaret Hall
J'ai 36 ans. Je vis à New York - Brooklyn, États-Unis. Dans la vie, je suis architecte et décoratrice d'intérieure et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance , je suis en couple et je le vis plutôt mal.


Enfant, Maggie passait son temps à aménager à ses poupées des maisons de rêves. Elle adorait ça. Bonne en dessin, pas trop mauvaise en math, c’est tout naturellement qu’elle a choisi de devenir architecte et de compléter son diplôme par une formation en tant que décoratrice d’intérieur. Dans ses rêves de jeune femme, elle était ainsi capable de proposer un projet à ses clients qu’elle pouvait mener de bout en bout. Mais lorsqu’on est une femme dans un milieu d’homme, ça n’est jamais évident de trouver sa place, encore moins de se faire sa place.
Sa rencontre avec Nolan Campbell fut comme une bouffée d'oxygène dans sa vie. Ils n'ont rien commandé, ça leur ait tombé dessus. Un lien unique et plus fort que leur volonté est né, les poussant l'un vers l'autre.
Aujourd'hui, après deux années de vie commune, leur envie d'avoir un enfant ensemble est en train de tuer leur couple à petit feu.

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Maggie était incapable de lui dire qu’il y avait encore un espoir, encore une chance qu’ils puissent à nouveau se comprendre, s’aimer et vivre ensemble. Tout simplement parce qu’elle n’en savait rien. Après ce qu’ils avaient traversé, après tout ces non dits, ces mensonges, ces absences et cette distance… Est ce qu’elle était encore capable de lui faire confiance ? Est ce qu’elle était capable de lui pardonné tout ça ? De passer au dessus, de ne plus avoir mal… Pour le moment, elle n’en savait rien. Elle avait besoin d’air, d’espace, de temps pour faire le point. « -je sais... » bien sur qu’il avait mal. Il pleurait. Le genre de chose qui ne lui arrivait jamais. Un nouveau sourire lorsqu’il lui demanda de ne pas pleurer justement. « -je pleure pas... » souffla la jeune femme en détournant les yeux quelques instants avant de les fermer avec force lorsqu’il embrassa son front. Elle resta contre lui quelques instants savourant peut être pour la dernière fois sa présence, sa voix, son odeur. Surmonter ça… Elle le voulait de tout son coeur, de tout son être. Elle recula lentement lorsqu’il laissa sa phrase en suspens. « -ça va aller... » souffla t elle en détachant chacun de ses mots, lui adressant un sourire triste, retenant ses larmes. Maggie ouvrit la bouche lorsqu’il se flagella tout seul, mais elle ne trouva rien à dire, le laissant quitter la pièce. Un dernier regard pour la chambre, un long soupire, avant de retrouver Nolan dans le salon, de prendre sa valise en prenant soin de ne pas toucher ses doigts. « -toi aussi... » répondit la jeune femme en enfilant sa veste trempée qui la fit frissonner. Un dernier regard, une hésitation, puis elle quitta l’appartement rapidement, afin d’éviter d’aggraver les choses.

Une demi heure plus tard, elle tournait la clé de son appartement. Celui qu’elle avait acheté deux ans plus tôt, et celui dans lequel elle n’avait jamais vécu finalement. Cela faisait un mois que le locataire était parti. Un mois qu’elle avait décidé de ne pas relouer. Un mois qu’elle était déjà venue plusieurs fois ici pour trouver refuge, pour échapper à tout ça. Elle laissa la valise dans l’entrer, et prit la direction de la salle de bain. Elle était frigorifiée. Un bain chaud, avec des bulles… Elle avait l’impression d’être comme dans un état second. Un regard pour son téléphone alors qu’elle grimpait à l’étage pour mettre un pyjama. Trois appels de Tess, un de sa mère. Un soupire et elle se décida à laisser un message à sa meilleure amie. Elle lui présenta des excuses, et lui expliqua ce qui c’était passé ce soir, comment elle se sentait, et lui demanda de ne pas la rappeler, de la laisser seule quelques jours. Parce qu’elle avait besoin de cette solitude.

Deux semaines… La première, elle avait prit quelques jours de repos, prétextant être malade. Elle n’avait pas la moindre envie d’aller travailler. Deux jours passés en pyjama à manger du chocolat et de la glace devant la télé. Puis elle s’était secouée un peu. Et pour s’aider à aller mieux, elle avait décidé de s’investir dans la décoration de l’appartement. La journée, elle tenait le coup. Mais lorsqu’elle allait se coucher, seule dans son lit… Les larmes remontaient à la surface, le manque de lui la submergeait. Lorsqu’elle reçu son message un soir, la surprise fut totale. Elle dût le relire deux fois pour vraiment être certaine qu’elle ne rêvait pas. Je te mentirais si je te disais que je vais bien. Ça n’est pas le cas. Elle regarda ce qu’elle venait de taper. Non, elle ne voulait pas le faire culpabiliser. Alors elle effaça pour répondre : ça va. Et toi ? Puis après avoir envoyé elle ajouta un : j’ai toujours ton numéro, tu n’es pas obligé de préciser que c’est toi. Elle envoya le message avec un léger sourire aux lèvres.

Trois semaines plus tard, ce fut à nouveau lui qui envoya un message. Elle passait la soirée avec Tess, une soirée entre filles, d’explications et de larmes. Alors elle ne vis pas le message tout de suite. Pas un regard pour son téléphone en allant se coucher, Maggie le vit seulement le lendemain en fin de matinée, lorsqu’elle trouva le courage de descendre prendre un petit déjeuner. Son bol de céréale dans les mains, sa cuillère dans la bouche, elle s’était laissée tomber sur le canapé, et avait saisit le petit appareil. Son coeur avait rater un battement en lisant le second message. Elle se mordit les lèvres, et hésita. Mais c’était l’occasion de lui dire après tout. Je sais que l’anniversaire de Desmond est dans une semaine, j’ai oublié de te le dire, mais le cadeau dont on avait discuté est caché en haut du dressing. Tu lui souhaiteras de ma part s’il te plais. Elle avait envoyé, avait fermé les yeux, sourit en s’imaginant Nolan se demandé comment elle avait pu planquer la nouvelle planque de skate si haut. Elle avait déposé son téléphone, était retournée dans la cuisine pour prendre un fruit. De là, elle avait le regard fixé sur le portable. « -et puis merde... » à quoi bon trop réfléchir. Toi aussi tu me manques. Avait elle alors écrit avant de jeter son téléphone sur le canapé et de filer sur la terrasse.


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Nolan n’avait qu’un souhait : Devenir architecte. Il passait la majeure partie de son temps entre le lycée et les chantiers sur lesquels travaillaient son oncle. Chaque dollar durement gagné était mis de côté pour l’université. Mais le destin en décida autrement… Il fut projeté soudainement dans une autre vie lorsque son père tomba gravement malade, engendrant des frais médicaux insurmontables pour sa mère. Pour la soulager financièrement, il s’engagea donc dans l’armée et envoya la majeure partie de son salaire à cette dernière. Après avoir passé les trois-quarts de son temps au front, et son contrat enfin terminé, Nolan revint au pays. Il s’autorisa un temps de recul pour s’adapter de nouveau à la vie civile et retourna travailler pour son oncle. Ce qui aurait dû être une solution de quelques mois, dura davantage de temps. Nolan rencontra sa première femme, acheta sa première maison, et eut son premier divorce. Il se remaria une seconde fois, eut un enfant, et divorça une fois encore. Au fil des tumultes de son existence, son rêve de devenir architecte disparu, ne lui laissant que d’autres choix que d’évoluer autrement, et cela, jusqu’à devenir chef de chantier. Exécutant les ordres des hommes et des femmes qu’il aurait pu être dans une autre vie…

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La douleur avait laissé place au manque. Le manque avait engendré l’espoir, l’espoir de la voir devant sa porte lorsqu’il rentrait le soir, d’avoir un message d’elle lorsqu’il regardait son portable dans un petit moment d’accalmie, de la rencontrer au détour d’une rue… Mais les jours passés, et le manque se faisait de plus en plus présent, alors que l’espoir disparaissait peu à peu, et ça devenait douloureux à chaque jour qu’il passait sans elle à ses côtés. Il venait de commettre la plus grande erreur de sa vie en ne se battant pas davantage pour elle, pour son amour, pour leur relation. Il en payait l’amer prix chaque soir lorsqu’il rentrait dans un appartement vide de sa présence, et chaque matin, quand c’était le même silence qu’il quittait pour rejoindre le chantier. Nolan prit donc l’initiative du premier message, souriant en lisant la réponse de Maggie qui lui faisait plus de mal que de bien : Ça va… Je voulais être sûr que tu ne me confondais pas avec un autre brun sexy et au sourire ravageur. Il laissa tomber le portable à ses côtés, tourna la tête vers la porte, avec cet espoir qu’elle allait franchir le seuil de la porte… En vain.

Nolan respecta cette distance qu’ils s’étaient imposés avant de lui envoyer un nouveau message. Seul dans son canapé, devant une fin de burger de la veille et une bière, il se saisit à nouveau de son portable pour lui envoyer une photo de son programme du soir et de lui confier aussi qu’elle lui manquait. Sans nouvelle de sa part après plusieurs heures, il décida de rejoindre leur chambre, non sans un regard pour cette place vide à ses côtés. Il remua dans tous les sens sans parvenir à dormir plus d’une heure. C’était devenu récurent depuis leur séparation, tirant un peu plus ses traits qui portaient déjà les marques de la douleur éprouvée… Il resta dans les draps jusqu’à la sonnerie de son réveil, et poussa un soupir en se levant pour rejoindre la cuisine et se servir un café. Un regard pour son portable. Toujours aucune réponse. Il le laissa tomber sur l’établi de la cuisine pour se saisir de sa tasse, fixant un point invisible au sol, alors qu’il s’en voulait de lui avoir dit qu’elle lui manquait. Peut-être que ce n’était pas réciproque. Peut-être qu’il ne lui manquait pas. Peut-être qu’elle était prête à passer à autre chose… Puis son portable vibra et le message lui fit mal. Elle avait pensé à l’anniversaire de son fils malgré tout ça. Il relu le message à plusieurs reprises, avant de se décider à répondre : Comment as-tu fait pour atteindre le haut du dressing ? … Merci Maggie et envoya. De nouveau, son portable vibra et sourit en voyant les quelques mots. Il lui manquait… Il hésita un moment, posa sa tasse à ses côtés et pianota sur son écran pour lui répondre : Si jamais notre histoire se termine… Je veux juste que tu saches que l’unique chose que j’ai regretté durant ces deux années passées avec toi, c’est mon comportement à ton égard…et que je n’ai jamais cessé de t’aimer. J'avais besoin que tu le saches et appuya sur « envoyer ». Il se rendit ensuite dans la chambre et esquissa un sourire en voyant le cadeau de son fils dans le placard, et se laissa tomber sur le rebord du lit, son visage enfoui entre ses mains. Quelques secondes s’écoulèrent ainsi, avant qu’il ne se lève à nouveau et se prépare pour se rendre au travail.




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J'ai 36 ans. Je vis à New York - Brooklyn, États-Unis. Dans la vie, je suis architecte et décoratrice d'intérieure et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance , je suis en couple et je le vis plutôt mal.


Enfant, Maggie passait son temps à aménager à ses poupées des maisons de rêves. Elle adorait ça. Bonne en dessin, pas trop mauvaise en math, c’est tout naturellement qu’elle a choisi de devenir architecte et de compléter son diplôme par une formation en tant que décoratrice d’intérieur. Dans ses rêves de jeune femme, elle était ainsi capable de proposer un projet à ses clients qu’elle pouvait mener de bout en bout. Mais lorsqu’on est une femme dans un milieu d’homme, ça n’est jamais évident de trouver sa place, encore moins de se faire sa place.
Sa rencontre avec Nolan Campbell fut comme une bouffée d'oxygène dans sa vie. Ils n'ont rien commandé, ça leur ait tombé dessus. Un lien unique et plus fort que leur volonté est né, les poussant l'un vers l'autre.
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Un sourire en lisant son nouveau message auquel elle répondit : aucune chance, y’a que toi qui corresponde à cette description. Puis son menton se mis à trembler et les larmes lui montèrent aux yeux. Maggie se recroquevilla sur elle même, croisant ses bras autour d’elle pour s’enlacer. Il lui manquait à en crever. Elle en avait le souffle coupé. Elle avait froid tout le temps. Elle mourrait d’envie de se blottir dans ses bras, comme avant… Pourtant ils avaient encore besoin de temps. Ils s’étaient fait du mal. Et les plaies avaient besoin de temps pour cicatriser. Sinon elles allaient saigner à nouveau. Prendre le temps de guérir de tout ça. Alors elle ne chercha pas à poursuivre la conversation, elle laissa encore passer des jours de silence. Elle prit le temps de prendre soin d’elle, de se libérer de sa culpabilité, de son dégoût d’elle même. Sa psy lui avait conseiller de danser, afin de faire la paix avec son corps. Ce corps qu’elle avait détesté durant des mois, ce corps incapable de lui apporter le bonheur, ce corps que Nolan ne désirait plus. Chaque soir elle quittait le travail de bonne heure afin d’aller patiner, la musique dans les oreilles. Elle s’efforçait de cuisiner en se dandinant, et elle sourit en regardant Grey’s anatomy, voyant que les héroïnes dansaient dans les moments difficiles afin d’accepter tout ça.

Et puis Nolan avait de nouveau écrit. Elle s’en voulu de pas avoir pu lui répondre tout de suite. Surtout en voyant son second message. En lisant ces mots, une sorte de douce chaleur avait envahit son coeur. Son sourire s’élargit lorsqu’elle lu la question. Ma table de nuit et une chaise par dessus. Oui ça avait été casse gueule. Mais elle n’avait pas vu d’autre cachette possible. Elle joignit un icône qui levait les yeux en signe d’innocence. Puis elle se décida à lui avouer qu’il lui manquait aussi. Elle fixa durant de longue minutes la vue du balcon, ignorant la sonnerie qui annonçait un nouveau message. Mais la tentation fut plus forte. Les premiers mots lui crevèrent le coeur. Et d’instinct elle répondit : elle ne se terminera pas. Mais elle garda son doigt en suspens, hésita, et finit par effacer pour ne rien répondre.

Une semaine plus tard, cette fois ci ce fut elle qui appela en rentrant chez elle, après un rendez vous professionnel. Elle croisa les doigts pour tomber sur son répondeur. Ce qui fut le cas. Salut… c’est moi… je… j’espère que tu vas bien. Je… j’ai beaucoup réfléchit tu sais et… je vais aller au bout du projet. Je vais monter ce cabinet d’architecture. Parce que j’en ai envie, que ça me tiens vraiment à coeur. Et que je supporte plus mon patron aussi. Un léger rire. Pour tes études, je… je suis désolée si je t’ai mis la pression de quelques manières. Que tu poursuives ou non, c’est ton choix. Enfin tu as peut être déjà fais ton choix d’ailleurs. Enfin bref… je voulais que tu saches que… que je suis désolée pour ça. Et heu… j’espère que Desmond a aimé le cadeau. Il a fait un vœux en soufflant les bougies j’espère. Je te souhaite une… une bonne soirée et heu… voilà… et elle avait raccroché.

Maggie y allait étape par étape. Elle avait décidé d’y voir plus claire niveau travail, de lui présenter des excuses pour ça, parce que c’était sans doute la partie la plus facile. Se retrouver elle même, se pardonner à elle, pour avancer. Lui annoncer qu’elle ne laissait pas tomber l’idée de son côté. Ça ne changerait peut être rien. Mais au moins elle avait l’impression d’avoir fait quelques mètres en avant.


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Nolan n’avait qu’un souhait : Devenir architecte. Il passait la majeure partie de son temps entre le lycée et les chantiers sur lesquels travaillaient son oncle. Chaque dollar durement gagné était mis de côté pour l’université. Mais le destin en décida autrement… Il fut projeté soudainement dans une autre vie lorsque son père tomba gravement malade, engendrant des frais médicaux insurmontables pour sa mère. Pour la soulager financièrement, il s’engagea donc dans l’armée et envoya la majeure partie de son salaire à cette dernière. Après avoir passé les trois-quarts de son temps au front, et son contrat enfin terminé, Nolan revint au pays. Il s’autorisa un temps de recul pour s’adapter de nouveau à la vie civile et retourna travailler pour son oncle. Ce qui aurait dû être une solution de quelques mois, dura davantage de temps. Nolan rencontra sa première femme, acheta sa première maison, et eut son premier divorce. Il se remaria une seconde fois, eut un enfant, et divorça une fois encore. Au fil des tumultes de son existence, son rêve de devenir architecte disparu, ne lui laissant que d’autres choix que d’évoluer autrement, et cela, jusqu’à devenir chef de chantier. Exécutant les ordres des hommes et des femmes qu’il aurait pu être dans une autre vie…

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Le dernier message que Nolan lui envoya n’eut aucune réponse et il décida de respecter son silence en ne prenant plus l’initiative de la contacter à nouveau. Une fois encore, il s’enferma dans cette bulle hermétique au monde extérieur et se concentra uniquement sur son travail. Son dernier point d’ancrage, sa bouée à la mer. C’était l’unique chose qui lui permettait de ne pas penser continuellement à Maggie, d’oublier momentanément ce manque terrible qu’avait engendré son départ. Mais à la nuit tombée et avec l’aide immense des verres de whisky qu’il avalait les uns après les autres dans un bar du quartier, ce manque était exacerbé et il en avait presque le souffle coupé à la pensée qu’elle ne lui reviendrait jamais. L’anniversaire de Desmond ne fut pas réellement d’une grande aide non plus, alors qu’il avait dû offrir le cadeau d’anniversaire de Maggie au jeune garçon, sans qu’elle soit présente à ses côtés pour apprécier sa joie au moment de déballer sa planche à roulette. Et alors que ce dernier s’était éclipsé à l’extérieur pour l’essayer, Julie avait tendu un fond de vodka à son ex-mari qu’elle n’avait jamais vu aussi malheureux depuis qu’elle l’avait rencontré. Il n’était plus que l’ombre de lui-même, un corps sans âme. Elle ne connaissait pas les raisons exactes de la brusque séparation avec la jolie rousse, mais ce dont elle était certaine, c’était qu’il avait une part importante de responsabilité dans toute cette histoire, comme cela avait été le cas pour leur divorce, et pour celui qu’il avait eu avec Helen. Après tout, l’histoire n’était qu’un éternel recommencement …

En rentrant chez lui ce soir-là, Nolan s’était saisi de son portable qu’il avait laissé sur la table basse du salon et son cœur avait loupé un battement en remarquant un appel en absence de Maggie, et porta le petit appareil à son oreille pour entendre son message. Il se laissa tomber sur le canapé alors qu’il prit conscience que la jeune femme continuait d’avancer, qu’elle poursuivait sa propre vie en concrétisant son projet de cabinet d’architecte… seule. Il posa le portable sur le rebord de la table basse, il se laissa tomber dans le fond du canapé en prenant pleinement conscience des mots de Maggie. Elle avançait sans lui. Est-ce que cela signait la fin de leur histoire ? Il n’eut le temps de s’apitoyer sur son sort qu’on vint frapper à la porte d’entrée. Il se hâta, le cœur plein d’espoir, et ouvrit la porte sans un regard dans le judas en soufflant un « Maggie ?! » et il entendit en retour « Non, Helen, mais tu y étais presque » alors que sa première femme entrait dans son appartement sans y être invitée. Elle posa son sac dans la cuisine et se retourna vers lui, les bras croisés « Qu’est-ce que tu fais ici ? Je… » « Je sais, tu n’es pas d’humeur. Desmond m’a tout raconté » alors qu’elle commençait à préparer deux cafés « Desmond ? » demanda un Nolan intrigué « Oui, ton fils, la chaire de ta chaire.» « Je sais, merci » rétorqua-t-il en levant les yeux au ciel, passablement agacé par la venue de sa première épouse « Pourquoi Desmond t’a appelé ? » « Parce qu’il s’inquiète pour toi et je le comprends. Tu as vu ta tête ? Je dirais que tu as mélangé insomnie et whisky » et lui tendit une tasse de café « Tu m’expliques ce que tu as encore fait ou est-ce que je dois deviner ? ». Nolan se résigna et lui raconta toute l’histoire, jusqu’à aujourd’hui et le message qu’il venait de recevoir sur sa boite vocale.

Un long silence s’en suivit et le chef de chantier enfoui son visage entre ses mains alors qu’Helen caressa son dos de sa main, tentant de le réconforter comme elle le pouvait « Tu n’as toujours pas compris, après deux divorces… Et au lieu de reprendre ta vie en main, tu rentres complètement ivre chez toi le soir… Tu ne comprendras donc jamais Nolan ? ». Ce dernier releva son regard brun sur elle « Que dois-je faire Helen ? » « Reprendre ta vie en main, et lui montrer que tu es capable de te battre pour elle, pour son amour. Tu n’as pas su le faire pour Julie et moi, essaie de le faire pour elle et tu pourrais commencer en reprenant tes cours du soir, en t’investissant réellement dans ce projet, en arrêtant de boire à outrance et en te relevant de tout ça, comme elle le fait de son côté » « Et si elle me quitte… » « Alors tu finiras par guérir, ça mettra du temps, mais tu y parviendras ». Il la laissa se saisir de son portable, et baissa les yeux sur le petit appareil qu’elle lui tendit « Écris-lui ». Il hésita quelques secondes, et se résigna, une nouvelle fois, écoutant sa première femme. Au lieu de se limiter à un simple message écrit, il l’appela et tomba immédiatement sur sa boite vocale, il hésita, une fois encore, et se décida à laisser un message à son tour « Bonjour Maggie… C’est Nolan… Desmond a été ravi de son cadeau d’anniversaire, il te remercie et aurait souhaité te voir pour te le dire de vive voix… » Il regarda Helen, puis se leva pour se rendre dans la chambre, trouvant un peu d’intimité pour poursuivre « Tu n’as pas à être désolé de quoi que ce soit, tu as juste voulu faire de moi quelqu’un de meilleur et j’ai baissé les bras à la première difficulté… J’espère de tout cœur que tu arriveras à faire aboutir ce projet de cabinet. Tu n’as besoin de personne pour cela, pas même de moi… Tu es forte et ambitieuse, tu réussiras sans mal… Je te souhaite bonne continuation pour l’avenir et peut-être qu’on aura l’occasion de voir nos chemins se recroiser d’ici quelques années… » puis raccrocha parce que c’était trop dur et se laissa tomber sur le rebord du lit, les larmes aux yeux, la tête baissée. Il n’entendit pas la porte s’ouvrir, mais trouva rapidement refuge dans les bras d’Helen qui venait de prendre place à ses côtés, le serrant tout contre elle, tentant de le consoler tant bien que mal.





Charly
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Lune
Charly
Mar 30 Nov - 9:34
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Margaret Hall
J'ai 36 ans. Je vis à New York - Brooklyn, États-Unis. Dans la vie, je suis architecte et décoratrice d'intérieure et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance , je suis en couple et je le vis plutôt mal.


Enfant, Maggie passait son temps à aménager à ses poupées des maisons de rêves. Elle adorait ça. Bonne en dessin, pas trop mauvaise en math, c’est tout naturellement qu’elle a choisi de devenir architecte et de compléter son diplôme par une formation en tant que décoratrice d’intérieur. Dans ses rêves de jeune femme, elle était ainsi capable de proposer un projet à ses clients qu’elle pouvait mener de bout en bout. Mais lorsqu’on est une femme dans un milieu d’homme, ça n’est jamais évident de trouver sa place, encore moins de se faire sa place.
Sa rencontre avec Nolan Campbell fut comme une bouffée d'oxygène dans sa vie. Ils n'ont rien commandé, ça leur ait tombé dessus. Un lien unique et plus fort que leur volonté est né, les poussant l'un vers l'autre.
Aujourd'hui, après deux années de vie commune, leur envie d'avoir un enfant ensemble est en train de tuer leur couple à petit feu.

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Elle avait téléphoné parce qu’il avait été dans sa tête toute la journée. Elle s’était réveillée en pensant à lui, ouvrant les yeux sur cet oreiller vide, sur cette place froide qu’elle avait tant de mal à supporter. Et puis elle avait vu la date. L’anniversaire de Desmond. Son coeur s’était serré. Avec le temps, en très peu de temps en faite, Maggie s’était prise d’affection pour le fils de Nolan. Elle adorait passer du temps avec lui, leurs discussions, leurs fou rire. Elle avait aimé le voir grandir au fils des deux années passé ensemble. Il lui manquait lui aussi. Elle aurait aimé pouvoir être présente pour ses dix ans, le voir souffler ses bougies, ouvrir ses cadeaux. Alors oui, Nolan avait été dans sa tête toute la journée.

En prenant son téléphone, la jeune femme avait voulu faire comprendre à Nolan qu’elle e laissait pas tomber le projet, même si de son côté ça ne l’intéressait plus. S’il voulait renoncer à ses études, très bien, c’était son choix. Elle ne l’approuvait pas, mais elle ne pouvait pas le forcer. Si l’envie d’avoir un cabinet d’architecte commun ne lui plaisait plu, soit. Mais de son côté, elle voulait toujours tenter cette aventure. Et elle avait ce besoin de voir un projet aller jusqu’au bout. En laissant son message, elle se sentit soulagée. Lui avoir dit, et bien ça lui avait fait du bien. Entendre sa voix sur sa boite vocale également.

Maggie avait ensuite filé dans la salle de bain, elle devait diner chez ses parents. Chose dont elle n’avait pas la moindre envie mais elle fit au mieux pour cacher ses cernes, et afficher un sourire. La soirée fut longue, la discussion compliquée. Sa mère posa beaucoup de questions, sa sœur fit des sous entendus, et son père resta encore plus silencieux que d’ordinaire. Lorsque sa mère plaça le mot David dans la conversation, Maggie explosa. Elle lâcha tout ce qu’elle avait à dire. Elle leur parla de Nolan, de Desmond, de leur relation si parfaite. Pour enfin en venir à cet envie d’enfant. Cet enfant qui ne venait pas et qui avait mis en péril leur amour. Elle leur hurla tout ça, les laissant bouche bée. « -maintenant vous savez alors arrêtez ! Arrêtez de m’étouffer, de vous imaginez ce qui est bon pour moi ou non. Que cela vous plaise ou non, c’est Nolan que j’aime. Ça sera lui et personne d’autre. Alors il va falloir commencer à vous faire à l’idée ! » sa sœur osa ouvrir la bouche, marmonnant que de doute façon, elle n’était plus avec lui et qu’il la faisait souffrir. Maggie la fusilla du regard. « -fermes la madame parfaite. Je n’ai aucun conseil à recevoir de toi. Tu as tellement un coeur de pierre que John a décidé de travailler à l’étranger ! Tu appelles ça une relation de couple parfaite ?! » Ce fut sa mère qui lâcha un Maggie ! Alors que sa sœur se mettait à pleurer. « -oh je vois, c’est moi la méchante... » elle ravala ses larmes en quittant la table, récupéra ses affaires et s’en alla le coeur gros.

En voulant appeler un taxi, elle vis que Nolan avait appelé. Son coeur loupa un battement. Et elle fit l’erreur d’écouter le message qu’il avait laissé. Peu à peu, elle arrêta de marcher, et porta sa main à ses lèvres en bougeant la tête de gauche à droite. Non… Non… c’était impossible. Pas ça. Sans réfléchir ou se calmer elle l’appela à nouveau. Répondeur. Tu peux pas me dire ça ! Pas ce soir ! Pas comme ça ! Tu m’as demandé si c’était finit, et c’est pas finit Nolan. Pour moi c’est pas finit ! Parce que...  elle leva les yeux vers le lampadaire en tentant de garder ses larmes pour elle.  -parce que tu me manques à en crever. Parce que je t’aime encore et que ça sera toujours le cas. Parce que moi j’ai envie de me battre pour nous. Alors tu… tu… tu peux pas me dire que tu me quittes comme ça, sur mon répondeur. C’est trop… Je mérite mieux que ça. Je mérite au moins que tu me regardes dans les yeux et que tu me le dise en face. Et de colère et de désespoir elle raccrocha. Mais en arrivant chez elle quelques minutes plus tard, elle composa à nouveau le numéro de Nolan et laissa un nouveau message. Le dos contre le porte d'entrer, sans même avoir posé sa veste: ecoute je... j'ai passé une très mauvaise soirée. Je me suis pris la tête avec mes parents, je me suis engueulée avec ma soeur... et je... - elle se mis à pleurer et cela s'entendit dans sa voix - je me sens seule. Et perdue... et je... je veux pas que toi et moi ça s'arrête là, comme ça. Je veux plus... j'en veux encore... je veux... je veux te retrouver, te voir me sourire et t'entendre rire à nouveau. Je veux à nouveau voir cette flamme de désir dans tes yeux quand tu me regardes, retrouver notre complicité. Je... J'en veux plus... et elle laissa sa main tenant le téléphone glisser le long de son corps tout en raccrochant.


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