Ce qu'il y avait de plus rigolo dans ce château, c'était définitivement la poussière qui vole. C’était peut-être un château magique avec des proies que Schrodinger n'aurait trouvé nulle part ailleurs, mais malgré toute la magie du château, il n'y avait rien qui l’émoustillait plus qu’un magnifique mouton de poussière qui volait. Alors qu'il était au quatrième étage en train d'enquêter très sérieusement sur la disparition de cette dernière croquette, que non ce n'était pas lui qui avait mangé, il l'aurait su quand même. Il était donc au quatrième étage quand il était tombé sur ce magnifique mouton de poussière qu'il s'était mis à pourchasser à travers tous les couloirs.

Son nouveau jouet l'avait entraîné au niveau de l'escalier et, bien entendu, le maladroit petit chat n'avait absolument pas pensé à regarder devant lui et à constater la présence d'un escalier et de marches surtout. Quand il sauta pour attraper le mouton, il le loupa de loin et tenta de rebondir en posant ses quatre pattes sur le sol. Résultat des courses, il se retrouva en boule à rouler le long de l'escalier jusqu’à tomber à sa base en secouant la tête sans comprendre ce qui lui était arrivé. Le pire dans tout ça, c'était qu'il avait perdu son mouton de poussière si magnifique.

Mais la tristesse de Schrodinger fut de courte durée. En effet, il venait d'apercevoir au loin une nouvelle distraction. Il y avait un autre chat. Tout blanc, et probablement pas beaucoup plus âgé que lui, ce ne pouvait être qu'un nouvel ami pour Schrodinger qui ne concevait pas l'idée qu'on puisse ne pas l'aimer. Il se précipita donc sur cette curieuse bête qu'il se mit à renifler de tous côtés avant de se frotter contre elle en ronronnant de toutes ses forces. C’était bien connu, le ronronnement mettait tout le monde aux anges et Schrodinger en usait sans aucune restriction.        

Pour Libertad, petite chatte blanche de six mois, le château de Poudlard était un magnifique terrain d’exploration, vaste et varié. Et plein de ‘‘jouets’’ différents s’offraient à elle : rideaux, valises, mobilier, armures, et tant d’autres. Quant au parc, c’était un parfait terrain de chasse avec tout ce qu’il fallait de proies en prime. Pour tous les goûts, il y en avait pour tous les goûts ici ! Un véritable paradis pour chats.
Et ce jour-là, pendant que sa maîtresse était en cours, le chaton s’était glissé hors du dortoir et elle était partie en quête de nouvelles découvertes, d’élargir son territoire. Elle explorait donc les alentours, allant de couloir en couloir. Elle avait finalement pris le grand escalier, descendant par rapport au niveau où se trouvait le dortoir des Serdaigle.

Ce fut alors qu’elle vit un autre chaton, pas plus âgé qu’elle rouler bouler. Alors, certes, selon les dictons, un chat retombait toujours sur ses pattes – et Shrodinger en était la preuve vivante – et selon un autre un chat possédait neuf vies, mais tout de même, il était à souhaiter que ce rouler boulé n’eût été qu’un incident passager et que la victime n’eût rien.
Bientôt, Libertad vit le chaton se précipiter vers elle. Moins sociable que lui et surprise par sa vivacité, elle s’était reculée. Elle le regardait comme pour le sonder, légèrement méfiante. Puis, lentement, elle se décida à le sentir elle aussi, pour apprendre à mieux le connaître ; elle s’était rendue compte qu’il se frottait à elle et ronronnait. Elle le laissa faire, mais n’y répondit pas.

Il n’y avait pas besoin d’encouragements pour que Shrödinger se montre doux, gentil et câlin. Et même si la chatounette était plutôt froide, il continua ses cajoleries un petit moment. Il n’y avait pas de meilleur moyen de se faire des amies qu’en ronronnant allègrement et en se frottant à l’autre. Cette demoiselle ne devait pas savoir ça mais Shrödinger allait le lui apprendre. Il n’avait aucune difficulté à concevoir que la jeune féline serait enchantée de sa proposition et l’idée qu’elle n’ait pas du tout envie de se faire de nouveaux amis ne l’effleura pas une seule seconde. Elle serait forcément enchantée.

Et puis, il y eut le mouton de poussière. Il passa à côté d’eux avec une provocante attitude. Il voletait. On ne pouvait rien faire d’autre que de le pourchasser. Shrödinger grogna et bondit sur le mouton qui avait juste eu le temps de voleter un peu plus loin. Protestant de l’avoir raté, il continua de le chasser, sautant d’un côté, puis de l’autre, puis de nouveau d’un côté, puis de l’autre. Mais il ne parvenait pas à rattraper le mouton de poussière, il était décidément trop volatile. Le chaton se retourna vers Libertad pour l’inciter à le suivre et à l’aider à capturer ce mouton.

Mais au moment où il se retourna vers le mouton, surgit un elfe de maison qui fit disparaître toute trace de poussière à plusieurs mètres à la ronde. Voilà qui contraria sévèrement Shrödinger qui n’était pas content que l’on fasse disparaître son jouet. Il feula en direction de l’elfe vers qui il bondit abruptement. Mais l’elfe disparut d’un claquement de doigt et Shrödinger s’écrasa brutalement, la tête la première contre le sol. Il protesta bruyamment contre le sol qui venait de l’attaquer férocement et de l’empêcher à son tour d’atteindre son objectif.

« Miaaaaaw »

Libertad comprit bien vite les intentions du chaton qui se frottait à elle et ronronnait, mais légèrement farouche, continua à ne pas y répondre. En tout état de cause, elle avait eu largement pu constater qu’il n’avait rien et que son rouler-bouler n’avait pas eu de conséquences. Et c’était mieux ainsi.
Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas se faire de nouveaux amis, mais elle avait besoin de plus de temps que le chaton qui l’accompagnait pour être mise en confiance. Et pour l’heure, elle ne l’était pas, même s’il semblait très amical, mignon, bien qu’un peu foufou.

Et comme si elle ne l’avait pas encore suffisamment remarqué, elle le vit s’attaquer à un mouton de poussière et grogner après lui. Bientôt, après quelques échecs en la matière, elle le vit l’inviter à l’imiter. Il semblait penser qu’à deux ils seraient plus efficaces. Mais, c’est alors que la proie de Schrodinger disparut.

« Miaw ? » fit-elle d’une fine et douce voix, surprise, en voyant l’autre chaton feuler sur l’elfe de maison.

Puis, elle le vit s’écraser au sol, et tout aussi farouche qu’elle était – elle était d’ailleurs jusqu’alors restée en retrait de tout ce qu’il se passait – elle se rapprocha de lui à toutes pattes. Elle le renifla, pour s’assurer qu’il n’avait rien et le gratifia d’une timide et légère léchouille sur la tête, comme pour le réconforter.

S'il y avait bien une chose à laquelle Schrödinger était habitué, c'était à se casser la figure sur toutes sortes de surfaces. Et la petite femelle farouche qu’était Libertad avait certainement pu le constater puisqu'il venait de dévaler des escaliers, avant de se heurter la tête sur le sol, tout cela sans apparemment manifester la moindre envie de se calmer et de jouer de façon un peu plus réfléchie. Le chaton préférait foncer dans le tas, quitte à se casser la figure, mais rien ne lui faisait peur. Il était juste frustré d'avoir perdu son jouet. Et d'avoir raté l’elfe.

Malgré tout, le fait que la petite femelle se décide à lui montrer un peu d'affection et de réconfort, avec une petite léchouille sur la tête, suffit à remonter le moral du bébé félin. Maintenant que le choc était passé, il était temps de trouver un autre moyen de s'amuser, puisqu'on venait de leur voler le plus sympathique des jouets. Et il s'avérait que Schrödinger savait exactement à quel endroit on pouvait le plus s'amuser dans cette école. Heureusement qu'il ne se fiait pas trop à Alice pour lui trouver des endroits de jeu, parce qu'elle le laissait tout seul toute la journée. Il valait mieux apprendre à jouer tout seul, ou à se trouver de nouveaux copains.

« Miaaaaw », lança-t-il à la demoiselle, d'un air entraînant pour l'inciter à l'accompagner dans le parc de l'école.

Alors qu'il parcourait les couloirs en direction de l'extérieur, Schrödinger aperçut soudain la classe d'Alice, qui se rendait d'un cours à l'autre. Mais ce ne fut pas vers sa maîtresse que le chaton se précipita, enjoué. Il se rua dans les jambes de son meilleur ami, qui eut bien du mal à ne pas se casser la figure dans le couloir. Convaincu que le jeune homme était aussi ravi de le voir que lui de le croiser, Schrödinger se frotta à ses jambes sans regarder si sa nouvelle camarade de jeu s'était approchée du groupe à son tour.

Sa timide léchouille avait été bien accueillie par le chaton – rien de surprenant dans la mesure où il s’était frotté à elle un peu plus tôt – et fort heureusement, il tenait toujours sur ses pattes. Bien vite, elle l’entendit miauler avec entrain. Il semblait vouloir lui montrer quelque chose. Et définitivement, il allait bien.

« Miaw ? » fit-elle de nouveau, intriguée.

Et elle lui emboita une nouvelle fois le pas, ou plutôt les pattes. Ils traversaient des couloirs et des couloirs sans que la femelle ne comprît où est-ce qu’il pouvait bien vouloir aller. Au détour de l’un d’eux, il vit Shrodinger se précipiter vers un jeune Poufsouffle, se ruer dans ses jambes et se frotter à lui ainsi qu’il l’avait fait avec elle un peu plus tôt. Le chaton semblait apprécier cet humain.
Aussi farouche avec les êtres humains qu’avec ses semblables, voire encore plus, Libertad, elle resta en retrait, observant simplement la scène. D’autant plus qu’il s’agissait de tout un groupe. Ils étaient toujours bruyants, trop à son goût, et il y en avait toujours pour les embêter eux, petits félins. Alors, si elle ne s’approchait pas trop, cela lui éviterait certainement des contrariétés. Néanmoins, elle finit par appeler le chaton roux de sa voix fluette :

« Miaw »

Si la chatonne ne semblait pas particulièrement sociable, elle avait suffisamment adopté Schrodinger pour accepter de le suivre à travers les couloirs de l'école à la rencontre du parc. Mais il fallut qu’une cohorte d'élève parmi lesquels celui qui l'obsédait distrait notre chaton. La pauvre chatounette ne put que regarder avec désespoir le fripon s'accrocher aux jambes d'un pauvre élève qui n'avait rien demandé à personne. Elle ne pouvait pas savoir que c'était dans ses habitudes de faire ce genre de choses avec lui et que le pauvre garçon avait énormément souffert de l'affection excessive que lui portait le chaton.

Encore une fois, Schrodinger se glissa dans ses pattes et le jeune homme fit tout ce qu'il pouvait pour se dépêtrer de l'animal sans grand résultat. Le malheureux était sur le point de se casser la figure quand il fut rattrapé par la maîtresse du chaton qui était à moitié entre le rire et de désespoir face au comportement de son chat. Sa pauvre victime grommela à l'égard du chat de le laisser tranquille, sans grand résultat sur le concerné qui ne semblait présenter qu'un intérêt limité au fait que le meilleur ami d'Alice avait peut-être envie de rester campé debout sur ses pattes.

Quand sa petite compagne l’interpella, Schrodinger leva un regard intrigué dans sa direction, ce qui fut suffisant pour que Matthew se dégage de lui et que le groupe reparte tranquillement. Remarquant que l'objet de son obsession était en train de s'enfuir, le chaton décida que le plus simple était de revenir à son premier projet et d'emmener sa petite camarade découvrir le parc de l'école, qui avait pour avantage d'être un véritable terrain de jeu grandeur nature. Pour se faire pardonner de l'avoir laissé de côté, il revint auprès d'elle et se frotta à nouveau à elle en ronronnant de contrition.

Il se mit à sautiller en direction des escaliers, en regardant régulièrement que sa petite compagne suivait bien la route. Ils arrivent rapidement tout en bas du château et le chaton se glissa à l'extérieur, et partit en direction des cours de botanique. Là-bas, il y avait non seulement des plantes à renifler, mais des petits animaux et des petits insectes à chasser. C’était l'un des terrains de jeu favoris du petit félin qui pouvait y entraîner ses talents de prédateur. Il ne savait pas si sa jeune camarade aimait courir après les insectes, mais ils allaient vite le découvrir.

En arrivant au niveau des serres, Schrodinger repéra tout de suite une colonie de mouches qui avait choisi de se grouper autour d'une plante récemment couverte d'engrais. Les créatures étaient naturellement attirées par l'odeur de fumier qui s'en dégageait. Miaulant avec intérêt à l'égard de la minouchette, il se précipita en direction des plantes concernées et sauta directement sur les mouches, pour montrer à Libertad comment il fallait faire. L'idée qu'il aurait peut-être pu risquer de casser le pot ne vint même pas en tête au jeune chaton qui n’attendait que de voir si sa copine allait suivre son exemple.

Libertad vit donc Shrodinger se frotter à un jeune sorcier, de telle manière que le garçon manqua de peu se casser la figure. Elle observait la scène, attendant le retour de son compagnon de jeu. Ce n’était pas parce qu’il connaissait deux des jeunes sorciers présents dans le groupe d’étudiants que la petite chatte blanche était décidée à s’approcher.
Quand celui-ci revint suite à l’appel qu’elle lui avait adressé, elle eut de nouveau affaire à un chaton ronronnant se frottant à elle. Il n’y avait pas de doute, il était particulièrement affectueux dans son genre. Elle se contenta d’accepter ce geste de la part du petit félin.

Puis, elle reprit la route derrière lui, le suivant toujours. De marche en marche et après la traversée du hall, les deux chatons se retrouvèrent enfin dehors, dans le parc, le terrain de jeux initialement prévu. Et puis, les serres.
Là, après avoir entendu Shrodinger s’adresser à elle, elle le vit sauter après des mouches. Pourquoi pas ? Mais…
L’attention de la petite femelle fut attirée par une odeur qu’elle trouvait particulièrement bonne. Celle d’une des plantes cultivées là. Alors, elle se précipita sur le végétal en question, enfouit sa tête dedans et commença à léchouiller les feuilles. Elles avaient bon goût, alors, elle commença à la manger. Heureusement pour elle, il s’agissait d’une plante qui, toute magique qu’elle fût, était également non toxique pour les chats.
Ce n’est qu’après qu’elle se décida à rejoindre le jeu du chaton roux et à sauter aussi après les mouches, sans grande efficacité.
Sous l’assaut des deux chatons conjugué, la plante finit par se renverser, dans un bruit sourd.

La petite mignonne ne répondit pas à son câlin ronronnant, mais Shrödinger ne s’en formalisa pas. Après tout, c’était lui qui l’avait abandonnée, il n’allait certainement pas lui demander de lui faire des câlins en échange. De toute façon, il n’était pas temps de se complaire dans les cajoleries s’ils voulaient s’amuser un peu. Il avait promis à sa nouvelle camarade de jeu une balade intéressante de l’extérieur de l’école. Il n’allait pas des dédire maintenant. Il s’était laissé distraire par Matthew mais c’était terminé. Il était tout entier à la demoiselle. Il fallait bien trouver une façon de la faire s’amuser.

Rien ne pouvait cependant lui faire plus de plaisir que de se retrouver avec un groupe de mouches et il devait bien avouer que la chasse occupa son esprit pendant un moment et qu’il en oublia la petite femelle, mais il l’appela rapidement pour qu’elle vienne jouer avec lui. C’était bien plus amusant avec une compagne. Et puis, s’ils jouaient à deux, ils attraperaient probablement beaucoup plus de mouches. Ils pourraient les partager ensuite comme un trophée. Du moins, c’était ce que se disait Shrödinger. Mais elle préféra se diriger sur une plante pour la manger. Shrödinger pencha la tête avec curiosité pour comprendre pourquoi elle mangeait la plante.

« Mwouh ? » demanda-t-il avec perplexité.

Il ne savait pas si c’était l’effet de son appel ou si elle avait simplement fini de manger, mais elle s’approcha de lui et se mit à chasser les mouches. Cela fit bondir Shrödinger de joie et il se mit à sautiller partout allègrement avec la femelle. Cela fit soudainement tomber le pot et la plante. Le bruit terrifia Shrödinger qui ne songea plus à rien d’autre qu’à s’enfuir le plus loin possible de ce bruit terrifiant. Il se précipita dans le parc, droit devant lui, même pas capable de savoir si son amie le suivait. Il courut tant qu’il le put.

Finalement, il se retrouva face à un obstacle et sauta brusquement dessus, instinctivement. Ce fut à cet instant, en voyant où il était, qu’il redescendit et se calma. Il se trouvait sur une citrouille dans un jardin qui en contenait une grande quantité. Epuisé par la fuite, qui l’avait terrorisé, il se roula en boule dans le creux de la citrouille sans avoir la moindre idée si la chatte se trouvait proche ou loin de lui. Elle l’avait peut-être suivi, mais lui était encore sous le choc de la peur qu’il avait eue. Il n’était pas un petit chat très courageux.