Dans tout cet univers de formaldéhyde et d'insectes nécrophages, ça leur à fait bizarre aux Humperdoo de se dire qu'il allait falloir y faire une place pour parler berceau, couches et biberons.

Ouais, elle n'était pas vraiment prévue dans l'équation cette gamine. L'annonce de son existence, là, nichée discrètement et bien au chaud dans le ventre de sa thanatopractrice de mère, ça été un violent coup de massue. Pourtant, la question ne s'est même pas posée, c'est ce qu'on peut appeler un heureux accident. Maintenant qu'elle se développait en flottant tranquillement dans son bain de liquide amniotique, il n'y avait plus qu'à rebattre les cartes, enclencher le compte à rebours et éviter de trop paniquer.

Moi ma maman, elle est pompier. Et moi ma maman elle est docteur.Ouais bha moi ma mère elle observe les insectes les gens qui sont morts. Ha ouais, ça mets un petit froid les premiers jours d'école. Du plus loin qu'elle s'en rappelle, elle a toujours su quel genre de métier exerçait ses parents. Leur maison était située au-dessus de l'entreprise funéraire familiale. Elle ne garde cependant pas de souvenirs traumatisant de cette enfance particulière, vivre à proximité de la mort était un détail, rien dans sa maison ne venait lui rebattre les oreilles de cette troublante vie, là, à un étage de tous ces gens foudroyés par l'néant. C'était juste...comme ça. Accepter la mort, la comprendre un peu, en faire une compagne de route.

Et puis elle est mystérieuse cette mort, elle fait place à des histoires incroyables. Des histoires qui défient la sciences et la raison, qui font frissonner, qui font penser qu’il y a quelque chose là, derrière le voile. Elle, ça lui faisait pas peur, alors elle en a lu des histoires, elle a traîné dans des endroits lugubres, elle a même commencé à s’acheter du matériel pour aller débusquer des signes de l’au-delà. C’est de cette époque, alors qu’elle entre dans l’adolescence, que s’ancre ses deux passions pour l’urbex et la paranormal. Aller fureter dans des baraques abandonnées, c’est un hobby qu’elle n’était pas la seule à partager. C’est lors d’une sortie qu’elle est tombée sur un p’tit gars, il avait un paquet de chips dans son sac. Ils l’ont partagé avant même de savoir comment ils s’appelaient. Proinsias et Harper sont devenus inséparables, l’un ne va pas sans l’autre. C’est son oxygène. Elle dira jamais que ce qu’elle ressent, ça va au-delà de l’amitié. L’aimer comme elle l’aime, c’est d’une rare beauté mais ça ne devrait pas exister.  

J’vous ai dit que la mort, c’était une sorte de compagne un peu bizarre. Dans le genre qui gravite dans son existence, qu’elle a l’impression de connaître alors qu’elle n’a pas vu toutes les facettes de son visage. Elle l’a vécu comme une espèce de trahison, un couteau planté profondément dans le dos, dont la cicatrice, longtemps béante et suintante, n’est aujourd’hui pas totalement cicatrisée. Elle le savait ça, que la mort des autres, ça faisait du mal. Elle le comprenait mais le comprendre et le vivre, ça n’a rien à voir. Quand la Faucheuse lui a volé sa mère, à l’aube de ses seize ans, ça lui a explosé à la gueule. La douleur a serré ses mains autour de sa gorge et le désespoir s’est invité pour continuer d’appuyer. Et la colère, la rage, contre tout. Le monde. La vie. La mort. La seule petite lumière qui a subsisté, dans tout ça, qui brillera toujours, ça été Proinsias. Toujours Proinsias. Qui a su trouver sa main quand plus rien n’avait de sens.

Aujourd’hui, Harper, c’est un petit électron libre. Elle va où le courant la mène sans se soucier du lendemain. Elle ne roule pas sur l’or, ce n’est pas un modèle de réussite mais elle s’en fiche pas mal, tout ce qui l’importe, c’est d’être heureuse et en phase avec elle-même. Quoi qu’il y a une ombre qui est s’est ajoutée au tableau. Depuis l’accident dont a été victime Proinsias, elle se tape quelques suées, à chaque fois qu’elle réalise qu’il aurait pu disparaître de sa vie. Elle tient à l’épauler comme il l’a fait pour elle autrefois. Il aura beau être au plus bas, flirter avec ses idées les plus noirs, y a rien qui l’éloignera de lui.

31 mars 2001 - C’est une petite fille, elle a quelques cheveux châtains qui se battent sur le haut du crâne. Sa mère a à peine osé la regarder, elle a juste griffonné ce prénom étrange sur les papiers qui allaient l’alléger d’un fardeau endormi, dans son berceau. Ouais. Ca commence pas dans la joie c’t’histoire. Quittez pas, j’vous promets, ça s’arrange ensuite !

2001 - A défaut d’avoir une famille pour l’accueillir, Haksel est en pouponnière à caractère sociale depuis quelques mois. C’est un bébé très calme, peut-être un peu trop calme, elle babie tranquillement dans son berceau et ne semble pas rechercher particulièrement le contact. On se dit qu’elle est bien sage, qu’elle sera certainement réservée et timide. C’est ce qui s’annote dans son dossier, celui qui va atterrir entre les mains de ses futurs parents ; les Ollion, un couple de hippie ne pouvant concevoir d’enfant naturellement. Ils ont fait fortune dans la finance avant de prendre la tangente et s’épanouir dans l’art et le retour à la nature. Elle devient officiellement leur fille et la soeur du premier enfant qu’ils avaient accueilli quelques années auparavant ; Ivanwë.

2003 - Bébé Haksel est décidément beaucoup trop calme. Beaucoup trop silencieuse. On ne l’entend quasiment pas, quelques onomatopées par-ci par là, rien de plus. On attend patiemment son premier mot mais il ne vient pas. Elle fuit constamment le regard et les bruits trop forts. Trop de stimulations l’a font vriller proprement alors papa et maman lui font une chambre, un cocon hypostimulant. Pendant ces deux ans, elle fait connaissance avec son frère, voudrait le suivre partout, elle le trouve amusant, rassurant. On ne s’inquiète pas de son retard de langage, ça viendra quand ça viendra et puis elle montre de l’intérêt pour le monde, elle est curieuse, s’épanouie dans d’autres formes d’expression. Les services sociaux tirent la sonnette d’alarme ; il y a quelque chose qui cloche, on leur parle du test WAIS-4, pour diagnostiquer les troubles du spectre autistique. Les résultats sont sans appel ; Haksel a un TSA. On lui détecte cependant un énorme potentiel intellectuel.

2005 - Le diagnostic de TSA n’a pas bouleversé pour autant l’équilibre familiale. Rien n’a changé, si ce n’est que les enfants Ollion ont été d’autant plus aimés, soutenus et encouragés. A quatre ans, Haksel n’est toujours pas verbale. Elle en voit des spécialistes, qui veulent la faire parler mais ça lui fait peur, elle finit en crise à chaque fois. Ses parents disent stop, pas question de faire souffrir leur fille. Elle devient chaque jour plus proche d’Ivanwë, leur relation se construit, leurs codes s’ajustent. Elle finira par prononcer ses premiers mots en jouant avec des marionnettes, n’acceptant de parler que par leur unique intermédiaire.

2007 - Depuis quelques mois, Haksel s’adresse à sa famille sans ses marionnettes. Elle éprouve encore des difficultés à s’exprimer en dehors de la sphère familiale. A l’école, on se désole de son mutisme mais on arrondit les yeux devant son potentiel, on propose de lui faire sauter plusieurs classes, c’est un refus, ses parents veulent la laisser grandir tranquillement, développer ses habiletés psycho-sociales sans la précipiter dans la cours des grands. La relation entre Ivanwë et leurs parents se fait parfois conflictuelle, elle se réfugie dans son cocon quand l’atmosphère devient électrique, elle ne supporte pas le conflit. Elle aime lire des livres avec son frère, le regarder bricoler, ils sont différents mais ils s’adaptent, c’est leur plus grande force.

2008 - Haksel est heureuse. Elle n’aime pas beaucoup l’école, elle n’y trouve aucun intérêt, la salle de classe est trop lumineuse et les habits de la maîtresse sentent la naphtaline. Elle a appris à lire quasiment seule, feuillette des livres sur les animaux, sur les insectes, elle voudrait tous les connaître. Le frère et la soeur n’ont jamais été aussi proches, ils sont inséparables, Haksel calme dorénavant plus facilement ses crises dans les bras d’Ivanwë que dans son cocon hypostimulant. Alors quand il fugue, c’est un coup dur. Elle ne comprend pas, elle retombe dans le mutisme. Il n’y a que lorsqu’il l’appelle, qu’elle retrouve un peu de sa fougue, elle lui raconte ses journées et n’oublie pas de lui demander de rentrer.

2009 - Les souvenirs d’Haksel sentent la purée de patate douce. Elle déteste la patate douce. Un an qu’elle n’a pas vu son frère. Un an qu’à l’école, les enfants ont commencé à devenir méchants avec elle. Elle retombe peu à peu dans le mutisme. Elle passe de longues heures dans sa chambre, elle confectionne des marionnettes, presque compulsivement. On la retire de l’école, elle suivra des cours à la maison mais ça ne lui plait pas non plus. Parce qu’à la maison, il n’y a pas plein de la lumière et ça ne sent pas la naphtaline. Elle lit tout ce qu’elle peut sur les insectes, s’enferme dans son monde.  

2010 - “T’es sale et tu sens aussi mauvais que ton absence”. Ivan est revenu. La famille est au complet. Le sentiment de l’unité retrouvée donne des ailes à Haksel. Elle prend un nouvel envol et développe quelques compétences sociales. Elle émet le souhait de retourner à l’école, elle se sent forte parce qu’Ivan lui répète qu’elle est forte, et s’il le dit, c’est certainement vrai. Elle poursuit sa scolarité brillamment, ne se fait pas réellement d’ami mais les moqueries finissent par ne plus atteindre les strates de son monde.

2019 - Obtiens son bac avec les félicitations du jury. Elle s’en fiche un peu et ne se présente pas à la remise des diplômes. Trop de monde, trop de bruit et un risque trop grand de poignée de main et de tapes sur l’épaule. Bénévole dans une association dont ses parents sont trésoriers, pour la promotion des arts auprès des enfants malades ou issus de milieux défavorisés, elle perfectionne son art de marionnettiste, apprend le ventriloquisme et fait des spectacles dans les centres sociaux ou les hôpitaux. Son frère est son seul et son meilleur ami, ils passent beaucoup de temps ensemble, elle lui donne des coups de main quand il bricole, sa mémoire exceptionnelle pouvant s’avérer parfois fort utile. Ils refont le monde, leur monde, tordu, coloré, bordélique, pendant des heures, ils se promettent que rien ne pourra les séparer.

Septembre 2020 - Haksel finit par s’inscrire à l’université sans grande conviction, elle voudrait étudier les insectes.

Décembre 2020 - Haksel quitte l’université, elle se fait ouvertement chier.

2021 - Elle voudrait être plus autonome, elle décroche un petit travail dans une supérette. Elle range les rayons, encaisse les clients, les journées sont répétitives, elle s’enferme un peu dans cette routine, ça la sécurise alors qu’elle est en plein questionnement sur sa vie et son futur. Elle n’est pas malheureuse pour autant, la vie manque juste un peu de saveur.

2022 - La vie retrouve des saveurs, mais elles ne sont pas agréables. La dépression la guette. Elle comprend difficilement qu’elle ne verra plus Ivan, il n’abaissera plus son masque de soudure en clamant que “cette fois, je la tiens l’invention du siècle Haksel !”, ils ne referont plus aucun univers ensemble. Parce qu’Ivan est en prison “pour toujours” on lui a répété en voyant qu’elle ne réagissait pas quand on lui disait “perpétuité”. Elle a bien compris, elle n’a juste pas les compétences pour s’écrouler. Ils ont changé la caisse enregistreuse à la supérette, elle fait un bruit désagréable, en fa mineur, trop aigüe, il n’en fallait pas plus, par dessus son état anxieux et dépressif généralisé, pour la faire vriller. Elle fait une très grosse crise, comme jamais elle n’en a fait. Une bombe à retardement. Elle s’est blessée, elle a dû être hospitalisée. On a même décidé qu’un peu de repos dans un milieu médicalisé ne lui ferait pas de mal. A son tour de faire son séjour un psy’.

2023 - “Ton absence sent toujours aussi mauvais”. Ivan revient. Ivan revient toujours. Haksel est sortie de l’hôpital, elle se sèvre doucement de ses médicaments mais reste fragile. Ses parents ont installé une petite ruche dans le jardin, elle retrouve un peu la chaleur d’une passion et passe du temps avec les abeilles. Ivan entretient un état dépressif, elle le ressent, ils parviennent à se tirer un peu vers le haut mais leur état est précaire. La décision est prise ; Les Ollion ont besoin d’un changement radical. Alors ils partent, ils plient bagages et tracent leur route en Australie où, animés par la passion d’Haksel, ils se lancent dans une exploitation apicole biologique. La vie perd de son amertume.

On a déjà dit de moi que j'étais Une terroriste. C’est ma vieille sorcière de voisine qui est allée raconter ça à qui voulait bien l’entendre. Quand j’étais gamine, je faisais claquer des ribambelles de pétards dans le jardin, jusqu’à ce que ma mère ne supporte plus tout ce raffut ainsi que l’odeur de soufre qui s’insinuait par les fenêtres. Elle a menacé de confisquer mes précieux petits explosifs si je ne les laissais pas au placard pendant une durée qu’elle seule saurait juger suffisante. Spoiler alert : j’ai désobéi. Un jour, alors que je pensais qu’elle était partie faire des courses, j’ai fait exploser l’amorce de trop…en réalité, maman faisait la sieste dans sa chambre. Je l’ai entendu crier tout un tas de choses au sujet de mes oreilles qu’elle allait tirer si fort qu’on pourrait me les nouer au-dessus de la tête. Prise de panique, j’ai caché ma frauduleuse collection dans le premier endroit qui est apparu dans mon champ de vision ; la poubelle des voisins. J’ai eu le savon que je méritais et tout aurait pu se terminer ici…Seulement, le soir, en rentrant du travail, le mari de la voisine avait la sale habitude de fumer une cigarette et de jeter le mégot encore fumant dans cette fichue poubelle. Il a eu une sacrée surprise le pauvre…

Je suis une calamité pour gérer mes émotions, On ne m’a pas appris à extérioriser mes sentiments, ni à recevoir ceux des autres, je peux donc me montrer maladroite socialement parlant. Je joue les durs, je fais comme si rien ne m'atteint alors qu’en réalité, je suis beaucoup plus sensible que je ne veux bien l’admettre.

Quand j'étais gamine, on pouvait dire de moi que j'étais Gentille mais intenable. Je crois que mes parents ont sérieusement envisagé de me solder sur Ebay. J’aimais courir partout, jouer dans la terre, élever des escargots sur les salades de ma mère, construire des châteaux forts dans le garage, faire du vélo toute la journée, confectionner des bombes à eau pour les envoyer dans le jardin des voisins, escalader les arbres, sauter dans les plus grosses et profondes flaques d’eau, chanter très fort et très mal, faire exploser tout un tas de choses engendrant par la même occasion plus ou moins de dégâts…

Vous savez, moi l'amour ça me fait flipper. Cette sensation d’avoir le coeur en carafe, le cerveau en vadrouille, les pensées en l’air et la raison en berne. Je ne veux pas m’avancer mais je doute que je sois faite pour ça.

J'ai toujours vécu à Bowen J'aime ma ville et je la connais comme le fond de ma poche, pourtant, j'aurais aimé voir le monde, voyager et découvrir d'autres cultures. Les gens qui ont eu l'audace de voyager me fascinent, je pourrais les écouter parler pendant des heures.

Je suis terrifiée par le milieu hospitalier. Pas seulement les aiguilles, le sang et les médicaments, les charlottes affreuses qu'on met sur la tête..c'est plus complexe que ça. J'ai peur de l'hôpital dans sa généralité, pour ce qu'il représente, ce qu'il signifie à mes yeux, la résonnance qu'il a avec mon enfance.

Je réalise chaque jour mon rêve quand je vois les éclats de mes feux d'artifice pétiller dans vos yeux.

J'ai pas eu que des bons moments, je me rappelle d'ailleurs, ça remonte maintenant à dix-neuf ans. J'étais très jeune, je ne me rappelle pas de tout mais certains détails m'ont marqué au fer rouge. Mon frère a commencé par faire une violente fièvre avant d'être pris de vomissements. Tout s'est enchaîné rapidement à partir de là. Sans que je me souvienne comment, on s'est retrouvé aux urgences. Je serrais Mr.Piggle, ma peluche malodorante à l'effigie d'un lapin, contre ma poitrine et assistais à cette sombre soirée comme une malheureuse spectatrice, perdue dans un tumulte effréné. Je me souviens qu'on a emmené Layton loin de nous, qu'on a voulu parler à mes parents, qu'on m'a assise à une table avec quatre pastels - un bleu, un rouge, un orange, un vert - et une feuille d'imprimante blanche. Je me souviens de ce vieux crouton de médecin, celui qui a discuté avec mes parents et les a fait pleurer, qui me demande " Tu sais ce que c'est mourir ?". Non je ne sais pas ducon, j'ai six ans, mon monde est fait de chevaliers, de dragons et de nounours à la guimauve. Et toi tu sais ce que c'est mourir ? Non, je pense que tu n'en sais pas plus que moi...Je ne l'ai pas écouté, ou peut-être que si mais j'ai tout oublié...Je me rappelle seulement m'être réfugiée dans un coin, entre une poubelle et un distributeur de friandises. J'avais le nez empli de cette odeur de désinfectant, j'ai dû baisser les yeux pour ne plus voir les infirmiers et les médecins qui allaient et venaient, je me suis bouchée les oreilles pour ne plus entendre les sanglots de mes parents. Je me rappelle d'une sourde angoisse, de larmes brûlantes sur mes joues et de personne...personne pour me dire que tout irait bien...

Il s'avère, et je l'ai compris plus tard, que Layton a fait une méningite qui a bien faillit l'emporter. C'est depuis ce jour là qu'il a perdu l'audition.

On va pas finir sur une note aussi triste, j'me rappelle aussi ce jour où Mes gestes sont hésitants mais si je me souviens ce qu'a dit l'éducateur, il faut que je mette mes doigts comme ça et que je bouge le poignet comme ça. Bonjour Layton, ça va bien ?. Je lève un sourcil et regarde, avec une profonde concentration, les signes que me renvoie mon grand frère. Bonjour Hazel, je vais très bien.. J'ai été envahie d'une joie si intense que s'en était presque insupportable. C'était des mots tellement banals, tellement anodins, des mots prononcés du bout des doigts, les premiers que nous échangions enfin depuis sa sortie de l'hôpital.