J'ai 21 ans et je vis sur le domaine de mes parents, en Angleterre sur une baronnie proche de Birmingham. Je profite d’une vie d’aisance sans pour autant abuser de ma condition de privilégier Du fait de mon altruisme naturel, mais surtout de ma maladresse sans pareil ainsi que de ma grande naïveté, je demeure célibataire. J’ai un talent inné pour me mettre dans les pires situations possibles et inimaginables et de croire à n’importe quoi. Dernièrement, je suis tombée enceinte et je cherche à corriger mes erreurs sans que ma famille subisse la honte pour mes péchés. J’ai un don naturel pour la couture et le piano.
D'ici à quelques années, je vais hériter de la baronnie de mon père. Je ne veux pas laisser sur sa dépouille un nom bafoué par les erreurs de sa propre fille. Je ferais n’importe quoi pour qu'aucun scandale ne vienne troubler la quiétude dont jouit actuellement ma famille. Tant pis si je dois finir en enfer, mais personne ne doit connaitre l’existence de cette graine qui pousse au fond de mes entrailles. Fruit de nombreuse erreur cumulé et de décision irréfléchie, je dois aujourd’hui remédier avant qu’il ne soit trop tard à ce que ce petit être ne grandisse pas de trop. Je suis pourtant de nature altruiste, mais pour la première fois de ma vie, je suis d’un égoïsme sans pareil. Est-ce à cause du fait d’avoir été abusé par cet homme avec qui je m’entendais si bien et à qui j’ai accordé une confiance aveugle au point de ne pas voir qu’il n’en voulait qu'à mon corps et à ma fortune. J’aimerais prétendre que je n’avais pas été prévenue. J’aimerais dire également que cela ne se reproduira pas. Toutefois, je sais parfaitement que je suis bien trop crédule et candide pour que cela soit un cas isolé. Depuis ma tendre enfance, je cumule les erreurs. Celle-ci est juste la plus grosse que je n’ai jamais faite.
Est-ce que de me rendre à ce rendez-vous secret n’en est pas une autre encore plus grosse ?
Le pire dans cette histoire, c’est que je ne me pose même pas la question malgré les inquiétudes de ma servante qui me confie tous les jours ses craintes. Je suis persuadée que cet inconnu est ma dernière chance…
C’est le souci avec la perfection des petites fleurs. À la moindre, petite brise, elles perdent un pétale, s’écorchent, se blessent. Bien entendu, elle n’est pas entièrement détruite, elle pourra guérir et tenter de survivre, mais au fond, elle est touchée par cette fragilité à jamais ancrée dans sa chair.
En l’état, j’ai l’impression d’être cette petite fleur innocente qui vient de grandir, ébranlé par la vie, transformé par mon environnement. Plus jamais je n’aurai le même éclat dans mon regard, le même sourire. Je vais endurer, je vais surmonter, mais cette jovialité, cette part de moi qui me rendait si candide et innocente avait à jamais disparu sur cette table d’opération.
Malgré le produit donné, j’avais serré les dents tout du long, bien consciente de ce qui se passait. Ce n’était pas que physique, mais surtout psychologique. Que ce soit d’un point de vue de dignité, de bienséance, de moralité et également de remise en question de sois.
Dans ma tête, je gamberge et détruis bien des aprioris sur la nature humaine, sur le rôle de la femme, sur les mœurs, mon statut de noble ainsi que ma chance dans ce malheur d’être riche.
L’opération était finie, mais pour moi cette expérience avait provoqué bien des chamboulements dans ma vie future. Je savais qu'aujourd'hui ne serait plus comme hier, et cela, à jamais. Je devais changer, prendre mon rôle de femme et abandonner celui de jeune fille. Et notamment ne pas me laisser détruire par toute cette histoire.
Oh oui, j’ai pleuré, j’ai vidé toutes les gouttes de mon corps, mais cela était fini quand le docteur posa la question qui fâche “Comment vous sentez vous ?” J’avais conscience que Hyriel avait fait de son mieux au vu des circonstances et la colère qui resurgissait dans mes entrailles n’étaient en rien contre lui, mais à cause du vide qu’il avait laissé.
Je ne réponds pas, je continue à penser, à réfléchir, à scruter ma servante puis Hyriel. Plus je réfléchissais, plus cela me paraissait limpide. Cet homme était indispensable à la vie d’une femme dans ma position. Bien entendu que je n’allais pas commettre les mêmes erreurs… Quoiqu'en me connaissant rien n’était certain… mais une chose était sûre, il était la dernière chance que j’avais de corriger mes plus grosses erreurs.
Je devais à jamais l’avoir avec moi, car si un autre drame aussi important venait à arriver dans ma vie, il fallait qu’il soit là pour me sauver de mes énormes bourdes. Il me parle de fourmi et moi, je suis totalement dans ses pensées qui n’ont rien à voir. La fille avait disparu, la noble venait de naitre.
Je lève ma main pour lui informer de ne plus en parler, comme si le sujet devait être à jamais clos dans une grande grandeur. D’autre devait être abordé.
“J’ai bien réfléchi, Hyriel et j’ai décidé…” Oui, car les nobles décident et ordonnent dans la même foulée, son père fait tout le temps cela et dorénavant, elle emploiera ses mots tout comme lui. “Que votre talent était indispensable. De ce fait, je vais convaincre mes parents pour faire de vous notre médecin de famille, vous vivrez sur notre domaine, on vous trouvera une chambre vide, on n'en manque pas. Je suis certaine que votre savoir-faire sera indispensable, aussi bien pour moi que pour mes parents qui prennent de l’âge. Bien entendu, tout ce qui vient de se passer restera dans cette roulotte à jamais.”
Je laisse un temps à Hyriel pour digérer l’information, cela allait changer sa vie. Un endroit où se poser, lui qui fuyait depuis si longtemps n’aurait plus besoin de se cacher ni de vivre comme un vagabond.
Je lève à nouveau mon doigt vers ma servante qui s’apprête à me contredire et lui balance un clair et net “J’ai dit !”
La femme était née, la noble aussi. Quant à la petite fille qui était venue voir cet inconnu, elle était sans doute morte dans cette roulotte, avec son regretté enfant…
La nouvelle lady devenait autoritaire, mais demeurait néanmoins d’une gentillesse sans nul pareil.
“C’est ma façon de vous remercier pour tout ce que vous fait pour moi, j’espère que vous ne refuserez pas ma récompense qui me semble des plus justes au vu des circonstances.”
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Frida K.
Mar 8 Oct - 21:46
Hyriel Radgery
J'ai 30 ans et je vagabonde entre villages et forêts, en Angleterre. Pour subsister, je maîtrise l'art de guérir et d'empoisonner, d'accoucher et d'avorter et je survis plus ou moins bien selon les aléas. Du fait de ma condition itinérante, je suis célibataire et de nature solitaire. Mes compétences médicinales et mon infirmité des jambes me valent d'être qualifié de sorcier et pris en chasse par les autorités seigneuriales et inquisitoriales. Indépendant. Forte capacité d'adaptation et de duplicité. Joueur. Érudit en termes de médecine, curieux, obstiné. Persuasif et charmeur, fier, caustique, peu encombré de scrupules. Sait être théâtral et jouer avec les superstitions pour parvenir à ses fins. Sensible à la misère et prompt à aider les plus pauvres, ainsi que les marginaux comme lui. Il lui arrive de soigner gratuitement des miséreux. En revanche, il n'a pas de scrupules à faire payer plein pot de riches personnes s'il les sent arrogantes ou viennent lui demander des superficialités du type filtre d'amour ou des poudres pour leurs complots.
Hyriel a déjà aimé des hommes comme des femmes, peu encombré qu'il est de bonne morale religieuse, et déjà persuadé de sa damnation. S'attacher lui est difficile, puisqu'il passe sa vie sur les routes. Il n'est cependant pas impossible que la bonne personne sache éveiller en lui des sentiments durables.
Lorsqu'il a quinze ans, en 1542, une horde de routiers déferle sur son village pour le piller. L'incendie n'épargne ni la famille d'Hyriel, ni la cabane de sa professoresse. Livré à lui-même, il part en carriole de village en village et doit bien trouver comment survivre. Hyriel nourrit du reste une certaine froideur vis-à-vis des seigneurs et de la haute société, qui se font la guerre par bandes de routiers interposés ; guerres dont les pauvres paient les conséquences.
En 1557, Hyriel rôde autour de Birmingham. Il a dû fuir en urgence la dernière ferme où il avait été accueilli, accusé par les superstitieux du coin d'avoir empoisonné leurs troupeaux depuis que les bêtes en question étaient tombées malades. Hyriel a échappé de peu aux prévôts et gens d'armes, friands d'arrestations des prétendus serviteurs du Diable. Le règne de Marie la Sanglante est en effet particulièrement propice aux bûchers et chasses aux hérétiques de toutes trempes.
C’était enfin terminé. Hyriel aurait aimé aller au plus vite dans son travail, tant il avait senti la jeune patiente tendue. Et même en larmes par moments, malgré les vapeurs de la potion. Mais il était hors de question de bâcler l’opération. Ce fut donc avec le cœur lourd qu’il s’était appliqué au minutieux et désagréable travail. À présent, c’en était heureusement fini. La jeune femme avait rouvert ses yeux embrumés, s’était redressée.
Sans doute encore sous le choc, Lady Nina ne répondit pas lorsqu’il lui proposa un remontant. Et pas davantage à propos d’une éventuelle pommade pour ses jambes après la venue des fourmis. Hyriel ne s’en formalisa guère. Il comprenait que ce mutisme était le masque devant des émotions chamboulées. Patient, silencieux, il resta assis à côté d’elle, à attendre qu’elle se reprenne. Il aura mis à sa disposition un mouchoir, au cas où elle souhaiterait tamponner ses yeux, ses joues sur lesquelles des sillons de larmes étaient passés.
Soudain, à sa grande surprise, elle interrompit ses recommandation d’un geste de la main plein d’assurance. Puis enchaîna avec un tout autre sujet : une proposition, pour ne pas dire une décision déjà prise, de l’accueillir en son fief comme médecin de sa famille. Hyriel haussa les sourcils et demeura interdit. De telles paroles étaient presque irréelles. D’une part, car la jeune femme qui les prononçait semblait tellement différente de celle qui était venue le trouver. Et d’autre part, car le vagabond qu’il était peinait à s’imaginer sous un toit. Un unique toit, sédentaire, à ne plus voyager de village en village dans sa roulotte. Bouche entrouverte, le guérisseur tentait de se familiariser avec ces informations si déconcertantes. Il était un homme solitaire. Un tempérament d’indépendance et de liberté. Quand on le menaçait quelque part, il partait simplement ailleurs. Toute sa vie l’avait habitué à suivre son propre chemin, pratiquement sans attache.
Pourtant… une pareille proposition devait se considérer. Il serait à l’abri du besoin. Il aurait une protectrice, des revenus réguliers, à manger. Et puis… la Lady s’était montrée d’une grande bienveillance à son endroit. Chose suffisamment rare. Du reste, une part de lui se réjouissait à l’idée de pouvoir, ainsi, continuer de faire sa connaissance et de voir en même temps comment elle se porterait. Cette opération avait en effet été si bouleversante pour elle ; Hyriel ne se serait pas vu partir comme si de rien n’était après lui avoir juste réclamé son salaire, sans s’enquérir de l’évolution de sa situation. Il devait le reconnaître : il s’était déjà attaché à cette jeune femme et au peu qu’il avait entendu de son histoire.
Un sourire vint donc éclore aux lèvres d’Hyriel. Pour détourner l’attention de l’émotion qui le traversait, il s’affaira à nettoyer ses ustensiles puis à replier le drap sur lequel sa patiente s’était installée. Il porta un regard rêveur sur le feu qui crépitait encore, à l’extérieur de la roulotte. S’il partait, il devrait retirer toute trace de lui dans cette forêt… Cette forêt qui l’avait abrité des dizaines de fois, et qu’il reverrait beaucoup moins…
Cathy allait s’insurger, mais Nina lui signifia sans ciller la fermeté de sa décision. Et les derniers mots de Nina pour Hyriel lui peignirent un léger rosé aux joues : le remercier, le traiter d’une façon juste… On ne lui parlait pratiquement jamais de cette façon.
« Je vous suis infiniment reconnaissant, Lady Nina. Votre proposition m’honore et… oui, je serais heureux de l’accepter. Votre famille voudra bien de moi, vous le pensez ? » Il porta une main à son menton et s’enfonça quelques instants dans une nouvelle réflexion. « Dans votre domaine, je prendrai moi-même soin de ma jument et de ma roulotte, ce ne seront pas des charges pour votre personnel. » promit-il. « Mais surtout, quelque chose me tient très à cœur… »
Il marqua une pause et prit un court instant pour tourner la chose dans son esprit. Enfin, il inspira et confia à la jeune noble :
« Il me serait précieux de pouvoir sortir de temps en temps, pour venir aux nouvelles des gens des environs, comme si j’allais sur les marchés. C’est que j’ai consacré ma vie, jusqu’à présent, à apporter des soins dans des foyers qui en ont terriblement besoin. Et dont jamais les occupants n’auront de leur vie la somme nécessaire à faire venir le moindre Docteur. » Un temps. « C’est un peu une vocation, je me sens incapable d’abandonner les gens de la région dans le besoin. »
Il leva les yeux vers Nina et sa gouvernante, guettant leurs mots et réactions. Bien sûr, il logerait au château de sa famille et ne sortirait que de temps en temps, comme n’importe lesquels des domestiques de la maisonnée lorsqu’ils devaient se rendre tantôt au marché, tantôt à la foire ou aux nouvelles.
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Telanie
Mer 9 Oct - 4:57
Lady Nina O’Hara
J'ai 21 ans et je vis sur le domaine de mes parents, en Angleterre sur une baronnie proche de Birmingham. Je profite d’une vie d’aisance sans pour autant abuser de ma condition de privilégier Du fait de mon altruisme naturel, mais surtout de ma maladresse sans pareil ainsi que de ma grande naïveté, je demeure célibataire. J’ai un talent inné pour me mettre dans les pires situations possibles et inimaginables et de croire à n’importe quoi. Dernièrement, je suis tombée enceinte et je cherche à corriger mes erreurs sans que ma famille subisse la honte pour mes péchés. J’ai un don naturel pour la couture et le piano.
D'ici à quelques années, je vais hériter de la baronnie de mon père. Je ne veux pas laisser sur sa dépouille un nom bafoué par les erreurs de sa propre fille. Je ferais n’importe quoi pour qu'aucun scandale ne vienne troubler la quiétude dont jouit actuellement ma famille. Tant pis si je dois finir en enfer, mais personne ne doit connaitre l’existence de cette graine qui pousse au fond de mes entrailles. Fruit de nombreuse erreur cumulé et de décision irréfléchie, je dois aujourd’hui remédier avant qu’il ne soit trop tard à ce que ce petit être ne grandisse pas de trop. Je suis pourtant de nature altruiste, mais pour la première fois de ma vie, je suis d’un égoïsme sans pareil. Est-ce à cause du fait d’avoir été abusé par cet homme avec qui je m’entendais si bien et à qui j’ai accordé une confiance aveugle au point de ne pas voir qu’il n’en voulait qu'à mon corps et à ma fortune. J’aimerais prétendre que je n’avais pas été prévenue. J’aimerais dire également que cela ne se reproduira pas. Toutefois, je sais parfaitement que je suis bien trop crédule et candide pour que cela soit un cas isolé. Depuis ma tendre enfance, je cumule les erreurs. Celle-ci est juste la plus grosse que je n’ai jamais faite.
Est-ce que de me rendre à ce rendez-vous secret n’en est pas une autre encore plus grosse ?
Le pire dans cette histoire, c’est que je ne me pose même pas la question malgré les inquiétudes de ma servante qui me confie tous les jours ses craintes. Je suis persuadée que cet inconnu est ma dernière chance…
Tout du long, je l’écoute acquiescer et présenter ses propres conditions. Charette, jument, autorisation de sortie. La jument pourra aisément aller et venir dans le domaine, elle ne dérangera personne, ma famille a une grande écurie et elle sera acceptée avec beaucoup d’enthousiasme par certain mâle de sa race. La charrette ne plaira guère à mes parents sur leur domaine, je commence déjà à envisager de lui proposer de la laisser ici, mais je me doute déjà des conséquences d’un vol. Je demeure réfléchi pour une fois et m’interroge sur comment faire rentrer une maison bohémienne sur le domaine d’un baron mais finit par mettre de coter cette réflexion car je n’ai pas le temps de trouver la solution que Cathy s’insurge malgré mon précédent doigt levé à son encore.
“Mademoiselle, vous n’y pensez pas voyons, imaginer qu’il ramène des ennuis à votre domaine ou pire ! Qu’il pratique des opérations comme celle que vous venez d’avoir et que cela se sache, que votre famille l’abrite sous votre toit. Ce serait un énorme déshonneur.”
Je regarde Cathy qui est comme toujours de sage conseil, et une belle poule mouillée de nature. En général, quand elle m’empêche de grimper à un arbre, je ne l’écoute pas et je finis par tomber de celui-ci et à me relever. Elle est souvent la voix de la sagesse que je n’écoute que très rarement. Est-ce l’expérience que j’ai vécu qui me souffle à l’oreille de ne pas faire comme à mes habitudes ?
“Il est vrai, Hyriel, que si le peuple apprend vos pratiques interdites, ma famille sera la cible de commérage. Si cela venait à se produire, vous seriez alors renvoyé, banni, voir pire et je ne pourrais rien faire pour vous défendre, malgré tout ce que vous avez fait pour moi. Pouvez-vous me garantir que de telle chose n’arriveront jamais ?”
Cathy m’attrape par la main, me tire légèrement pour que je tende l’oreille et écoute ses murmures. Elle blasphème une ou deux fois et finit par m’expliquer sans que Hyriel puisse entendre qu’un homme dans une telle posture pourrait bien me trahir pour se protéger de la potence. Ces propos me font blanchir. Elle n’a pas tort, mais comment pourrait-il le prouver ? Ce ne serait qu’une calomnie sans preuve, me dis-je intérieurement.
Après une grimace étirait de ma part envers Cathy, présument cela peu probable, je suis prête à prendre le risque malgrés ma naiveté naturelle à croire tout ce que l'on me dit d'habitude. Je finis par sortir du lit, je n’aime pas rester alité malgré ce qui vient de m’arriver. Les démangeaisons se sont envolé avec l’opération, j’en garderai des rougeurs, c’est évident, mais je suis bien plus forte que ce que notre rencontre à laisser paraitre. Je suis véritablement devenue une femme dorénavant.
“J’accepte vos conditions Hyriel, mais votre charrette devra rester ici, et c’est ici, à l'abri des regards, que vous continuerez vos actes médicaux pour le peuple qui en a autant besoin que moi, j'en suis convaincue. Si des rumeurs venaient à être lancé sur votre personne, je ne pourrais vous défendre. Quant à votre jument, elle sera la bienvenue dans nos écuries. Acceptez-vous cette contre-proposition ?”
Une fois que celui-ci m’aura répondu, je passe à autre chose. J’informe du doigt Cathy de récupérer mes affaires afin de m’aider à me rhabiller, car malgré la décence de l’opération, je ne puis sortir en petite tenue blanche. Ma bonne m’aide à remettre ma robe de princesse sur l’autre sans que j’aie besoin de me dévêtir.
“Oh et mon véritable nom est Lady Nina O’Hara, héritière de la Baronnie O’Hara. Vous la connaissez certainement puisque cette forêt en fait partie et que vous braconnez dessus depuis je ne sais combien de temps déjà…” Je lui fais alors un clin d’œil pour lui signaler que je m’en moque éperdument et continue mon discours. Ses secrets et les miens ne sortiront pas de cette charrette. Je montre également à Cathy, que moi aussi, je sais comment faire arrêter cet homme, si je le désire vraiment.
“ Je suis convaincue qu’une personne aussi brillante que vous sera trouvé notre château. Je vous y attendrai demain pour quatre heures, à l’heure du thé, pour vous présenter au baron et à la baronne. Habillez-vous au mieux, l’apparence est la chose la plus importante chez nous autres qui jugeons les gens uniquement sur ce qu’il porte.” Dis-je en fixant Cathy d’un regard noir dirigé sur ces aprioris.
Malgré toutes ses mises en garde, je persiste à croire qu'à chaque problème demeure une solution. Finalement, je n’ai pas réellement appris de mon expérience d’aujourd’hui et demeure un peu naïve.
Finalement, je pointe du doigt Cathy puis la bourse dont elle doit assurer la protection.
"Cathy, je vous prie de payer ce gentilhomme. Je pense que Quintuplé vos honoraires habituels me semble des plus justes aux vues du travail accompli aujourd'hui. Vous pourrez ainsi vous acheter une tenue neuve, si cela s'avère nécessaire. Merci encore, et à demain Hyriel."
Dis-je sur un ton posé et d'une gentillesse sans nul pareil avant de sortir de la charrette de façon hâtive et d'attendre dehors ma bonne. En vérité, je ne puis rester plus longtemps en présence de cette odeur de mort... Celle de mon enfant…
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Frida K.
Dim 13 Oct - 17:38
Hyriel Radgery
J'ai 30 ans et je vagabonde entre villages et forêts, en Angleterre. Pour subsister, je maîtrise l'art de guérir et d'empoisonner, d'accoucher et d'avorter et je survis plus ou moins bien selon les aléas. Du fait de ma condition itinérante, je suis célibataire et de nature solitaire. Mes compétences médicinales et mon infirmité des jambes me valent d'être qualifié de sorcier et pris en chasse par les autorités seigneuriales et inquisitoriales. Indépendant. Forte capacité d'adaptation et de duplicité. Joueur. Érudit en termes de médecine, curieux, obstiné. Persuasif et charmeur, fier, caustique, peu encombré de scrupules. Sait être théâtral et jouer avec les superstitions pour parvenir à ses fins. Sensible à la misère et prompt à aider les plus pauvres, ainsi que les marginaux comme lui. Il lui arrive de soigner gratuitement des miséreux. En revanche, il n'a pas de scrupules à faire payer plein pot de riches personnes s'il les sent arrogantes ou viennent lui demander des superficialités du type filtre d'amour ou des poudres pour leurs complots.
Hyriel a déjà aimé des hommes comme des femmes, peu encombré qu'il est de bonne morale religieuse, et déjà persuadé de sa damnation. S'attacher lui est difficile, puisqu'il passe sa vie sur les routes. Il n'est cependant pas impossible que la bonne personne sache éveiller en lui des sentiments durables.
Lorsqu'il a quinze ans, en 1542, une horde de routiers déferle sur son village pour le piller. L'incendie n'épargne ni la famille d'Hyriel, ni la cabane de sa professoresse. Livré à lui-même, il part en carriole de village en village et doit bien trouver comment survivre. Hyriel nourrit du reste une certaine froideur vis-à-vis des seigneurs et de la haute société, qui se font la guerre par bandes de routiers interposés ; guerres dont les pauvres paient les conséquences.
En 1557, Hyriel rôde autour de Birmingham. Il a dû fuir en urgence la dernière ferme où il avait été accueilli, accusé par les superstitieux du coin d'avoir empoisonné leurs troupeaux depuis que les bêtes en question étaient tombées malades. Hyriel a échappé de peu aux prévôts et gens d'armes, friands d'arrestations des prétendus serviteurs du Diable. Le règne de Marie la Sanglante est en effet particulièrement propice aux bûchers et chasses aux hérétiques de toutes trempes.
L’énoncé de ses demandes jeta un silence de réflexion dans la roulotte. Nina tout comme Cathy passaient au crible les conséquence d’un tel marché et la dame de compagnie ne manqua pas de souligner les risques encourus. Hyriel fronça les sourcils, moins aux anxiétés de Cathy qu’à sa façon de parler de lui comme s’il n’était même pas là… Il entrouvrit la bouche et s’apprêta à répondre, mais la jeune Lady prit les devants.
Le guérisseur resta un instant comme suspendu face à sa demande. Non, il ne pouvait pas lui promettre qu’il ne ferait plus jamais bénéficier à personne de cette opération à laquelle elle-même venait de recourir. Hyriel ne pouvait pas envisager se trouver une fois encore, comme tant de fois déjà, face à une femme en panique et refuser de la secourir. En revanche, ce qu’il pouvait promettre, c’était de tout mettre en place pour que, si jamais il devait pratiquer une nouvelle fois un avortement (ce qu’il n’espérait pas), il mettrait tout en place pour cacher d’où il venait, chez qui il logeait, et ne jamais mentionner Nina.
« Ce dont je vous donne ma parole, my Lady, c’est de ne jamais vous compromettre. S’il me faut encore aider du monde, en aucun cas je ne dirai où je réside, ni que je vous connais, et toujours je m’arrangerai pour aller pratiquer loin de chez vous. Loin de moi l’idée de vous faire ennui, je vous assure. »
Il resta distant et fit mine de ne rien voir pendant que les deux femmes avaient entre elles quelques messes basses, dont cependant il devinait bien la teneur. Il était normal que Cathy s’inquiète pour cette jeune femme qu’elle avait pour mission de veiller. Mais heureusement, Nina semblait trouver les bons mots pour la rassurer. Une confiance dont Hyriel se sentit honoré. Il tâcherait d’en être à la hauteur.
Surpris d’abord, il écouta cependant la proposition de Nina concernant son véhicule. Le guérisseur croisa les mains devant sa bouche et plongea à son tour dans quelques instants de réflexions. Tous ses produits, ses fioles, ses plantes étaient dans sa roulotte… Et il ne pouvait pas monter tout seul sur le cheval, qu’il conduisait toujours assis au-devant de sa charrette. Bon. Il se débrouillerait. En échange de quelques sous, il paierait quelqu’un pour l’aider à monter.
« Ça me convient. » acquiesça-t-il donc, avant de commencer à faire lui-même ses premiers paquets pendant que la jeune noble se rhabillait et se relevait.
Il poussa un souffle de rire, moins d’amusement que de surprise et d’admiration, à la révélation qui suivit : Nina savait qu’il braconnait sur ses terres. Nina O’Hara, donc, nota-t-il au passage. Il obtenait ainsi la confirmation que cette histoire de fugitive française, sous laquelle elle s’était présentée, sonnait quand même bien étrange. Quant au braconnage… bien joué, dut admettre Hyriel ! Elle disposait d’un argument susceptible de lui causer des ennuis si jamais il venait à mettre des bâtons dans les roues de sa famille. En d’autres circonstances, cela l’aurait contrarié. Son indépendance lui tenait à cœur et il n’appréciait que fort peu qu’on le soumît à du chantage. Mais de la part de la Lady, il comprenait bien les implications et toutes les prudences qu’elle devait prendre. Et puis, Nina ne mettait aucune malveillance dans ses propos. Son clin d’œil ne disait pas autre chose et Hyriel y répondit d’une petite révérence.
« Le message est entendu. Nous sommes donc quittes en matière de secrets. » sourit-il, conscient que les événements les poussaient tous deux, Nina et lui-même, à continuer leurs aventures en veillant sur les mystères l’un de l’autre. Ses activités de braconnier d’un côté ; ce fœtus qu’elle était venue se faire ôter de l’autre.
Et Hyriel d’arrondir les yeux alors que Cathy lui remettait la rondelette somme de cinq fois une consultation ordinaire. « Grand merci. » adressa-t-il aussitôt à Nina. « Comptez sur moi, à ce prix-là je serai présentable et ne donnerai pas matière à ergoter sur ma tenue ! » Et comme il disait ses mots, il ouvrit les bras devant la vieille tunique et l’écharpe élimée qu’il portait. Assurément, ce ne serait pas du luxe que de s’offrir de nouveaux habits.
Il salua les deux femmes d’un « À demain. » chaleureux puis s’attela à mettre de l’ordre dans sa roulotte. Emporter le plus de potions, de fleurs et d’herbes séchées possible. Faire un peu de ménage. Empaqueter ses outils. Dépoussiérer. Puis il alla nourrir Esculape, qui se délecta des quelques pommes supplémentaires qu’Hyriel lui donna à croquer.
« Eh bien ma belle, tu vas avoir de la nouvelle compagnie dans les écuries de la baronie ! » souffla le sorcier à sa monture tout en lui caressant le chanfrein. La jument lui répondit d’une affectueuse léchouille dans la paume de la main.
¤
Le lendemain, Hyriel était fin prêt. Cela lui faisait drôle d’avoir quitté ses vieux hauts-de-chausses et sa tunique grisâtre pour un confortable pourpoint de velours vert, fourré, ainsi que des bas bruns et leurs bonnes bottes assorties. Un bon manteau complétait le tout. Il n’avait pas manqué non plus de coiffer ses cheveux en bataille. Hyriel ne se sentait pas vraiment lui-même dans des habits de cette élégance, mais il allait s’y faire. L’on s’habituait vite aux bonnes choses… Il avait chargé plusieurs bagages sur la croupe d’Esculape, emportant tout ce qu’il pourrait emmener de médicaments, d’outils médicaux et autres baumes. Sans oublier ses béquilles. Le reste demeurerait bien cacher là, au fond de la forêt, dans sa roulotte dont il saurait retrouver le chemin si besoin. Une bonne connaissance avait accepté de l’aider à monter sur sa jument, et de ne pas lui poser trop de questions sur son voyage, en échange de quelques livres. Et ce fut avec un fond de mélancolie que lé vagabond quitta cette forêt où il avait passé tellement de temps… Même si tout s’annonçait bien, même si Nina s’était montrée d’une grande générosité et semblait fiable, Hyriel ne pouvait s’empêcher d’appréhender ce changement de vie.
Il chevaucha plusieurs heures en direction du domaine O’Hara, dont il ne lui avait pas été bien difficile de connaître la localisation. Tant de questions se bousculaient sous son crâne alors qu’il s’apprêtait à être reçu, de l’autre côté de ces portes qu’on ouvrait pour lui.
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Telanie
Mar 15 Oct - 3:33
Lady Nina O’Hara
J'ai 21 ans et je vis sur le domaine de mes parents, en Angleterre sur une baronnie proche de Birmingham. Je profite d’une vie d’aisance sans pour autant abuser de ma condition de privilégier Du fait de mon altruisme naturel, mais surtout de ma maladresse sans pareil ainsi que de ma grande naïveté, je demeure célibataire. J’ai un talent inné pour me mettre dans les pires situations possibles et inimaginables et de croire à n’importe quoi. Dernièrement, je suis tombée enceinte et je cherche à corriger mes erreurs sans que ma famille subisse la honte pour mes péchés. J’ai un don naturel pour la couture et le piano.
D'ici à quelques années, je vais hériter de la baronnie de mon père. Je ne veux pas laisser sur sa dépouille un nom bafoué par les erreurs de sa propre fille. Je ferais n’importe quoi pour qu'aucun scandale ne vienne troubler la quiétude dont jouit actuellement ma famille. Tant pis si je dois finir en enfer, mais personne ne doit connaitre l’existence de cette graine qui pousse au fond de mes entrailles. Fruit de nombreuse erreur cumulé et de décision irréfléchie, je dois aujourd’hui remédier avant qu’il ne soit trop tard à ce que ce petit être ne grandisse pas de trop. Je suis pourtant de nature altruiste, mais pour la première fois de ma vie, je suis d’un égoïsme sans pareil. Est-ce à cause du fait d’avoir été abusé par cet homme avec qui je m’entendais si bien et à qui j’ai accordé une confiance aveugle au point de ne pas voir qu’il n’en voulait qu'à mon corps et à ma fortune. J’aimerais prétendre que je n’avais pas été prévenue. J’aimerais dire également que cela ne se reproduira pas. Toutefois, je sais parfaitement que je suis bien trop crédule et candide pour que cela soit un cas isolé. Depuis ma tendre enfance, je cumule les erreurs. Celle-ci est juste la plus grosse que je n’ai jamais faite.
Est-ce que de me rendre à ce rendez-vous secret n’en est pas une autre encore plus grosse ?
Le pire dans cette histoire, c’est que je ne me pose même pas la question malgré les inquiétudes de ma servante qui me confie tous les jours ses craintes. Je suis persuadée que cet inconnu est ma dernière chance…
Même s’ils sont faits sous la menace, il y a des cadeaux qui ne se refusent pas à notre époque, comme la proposition de travailler pour un baron. Tout le monde le sait, encore plus un nomade qui n’a jamais eu de véritable chez lui sinon au fond d’une roulotte. Aussi étrange que cela puisse être, j’avais déjà une confiance absolue en Hyriel. Il s’était passé un truc lors de notre première rencontre, une chose que je n’osais avouer à moi-même. Pour être honnête avec vous, je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Pourtant, pour certaine, comme Cathy, tout paraissait des plus limpides.
L’invitation aurait été lancée bien trop à la hâte, la famille bien trop vite prévenue. Le père aurait été encore bien plus vite convaincu, au vu de la horde d’arguments positif et d’éloge que j’ai pu lui faire remonter à l’oreille. Je ne cessais de parler de lui, de son talent, de son savoir-faire, de ces potions, de ses préparations. Et des hauts faits furent lancés à la cour de mon père aussi vite, comme si on parlait d’Aristote en personne : “Un homme si érudit se doit d’être parmi nous avant que la duchesse de Birmingham ne mette le grappin dessus, c’est tellement évident enfin !” J’avais convaincu tout le monde, sauf ma servante, qui voyait bien plus de chose que moi. En tout cas, en vingt-quatre heures, je n’avais cessé de parler de lui et de sa fabuleuse pommade contre les fourmis. Celle que je n’avais jamais eue, mais qui été mon excuse a toute cette mascarade. La théière en porcelaine fut sortie du meuble, dépoussiéré, astiqué plusieurs fois, des gâteaux secs furent lancés en cuisine. La belle argenterie fut nettoyée sous ma surveillance avisée. Bref, un grand homme devait venir pour le thé, alors tout devait être parfait. La moindre poussière fut révélée et corrigée, les tapis furent déroulés, les musiciens ont été convoqués.
“N'est-ce pas trop pour un simple médecin de campagne, madame ?” Me souffla Cathy entre deux directives pour ce projet fou. “Rien ne sera jamais trop pour lui.” Lui aurais-je rétorqué sans la moindre pudeur.
Comme je le disais, elle voyait ce que je ne pouvais voir, mais les faits étaient pourtant visibles par tous. Il me manquait déjà… Quand l’annonce de sa venue sur nos terres furent notifiées à mon père, je m’empressai de courir à la porte d’entrée pour l’accueillir. J’avais passé des heures dans ma chambre à essayer robe et bijoux afin de combiner un ensemble d’exception. J’étais vêtue comme une reine à un bal, il ne manquait plus que la magie d’une fée pour que je sois confondue avec cendrillon. Cathy ne fut pas la seule interloqué par mon comportement, ma mère également repéra quelques signes que mon cœur ne pouvait s’empêcher de crier. Cependant, il tambourinait fort, encore plus quand la porte s’entrouvrit alors que je l’attendais avec une si grande impatience.
Il fut guidé dans tout le domaine par le petit personnel de mon père, décemment accueilli comme on laisse entrer un noble. Quand je le vis enfin apparaitre, mon cœur cessa de battre, mes joues se mirent à rougir et mon sourire se déploya comme si la veille n’avait jamais existé. Tous les maux avaient été balayés par l’évidence que les yeux de Cathy ne pouvait cesser d’entrevoir en moi. J’avais perdu un être cher, et afin de ne pas pleurer mon deuil comme il se doit, je compensais. Certaines femmes le font avec des gâteaux, d’autres avec de nouvelle activité, et d’autres, tel que moi, avait besoin de s’attacher à quelqu’un. Beaucoup trop vite, beaucoup trop fort.
Comme la veille, je lui attrapai le bras pour le guider dans les couloirs immenses de ma demeure avec cette fougue et ce désir de l’avoir rien que pour moi. Une énergie démesurée qui ne tarderait pas à faire jaser les langues de vipère.
J’étais tellement heureuse de le voir que je rayonnais, je ne le laissais pas parler, trop heureuse de lui présenter maison, jardin, bibelot, souvenir d’enfance que je croisais dans cette demeure. Tout du long, je l’embrigadais dans une farandole de souvenir et de joie de vie. Je devais le conduire à la salle de réception pour boire le thé en présence de mon père et de ma mère qui nous attendait ; mais je ne cessais de trainer en longueur ce petit moment où je ne l’avais rien que pour moi.
Finalement, après mille et une excuses pour me l’approprier, j’étais à court d’idée et de couloir. Nous étions arrivés à bon port. La porte du petit salon s’entrouvrit. Une pièce particulièrement petite pour une demeure aussi grande, seulement cinquante mètres carrés, au bas mot. De quoi rentrer plusieurs roulottes et une quantité folle de convive. On trouvait ici une décoration des plus rustiques et contemporaines, un mélange de vieux et de prestigieux. Mon père et ma mère restaient assis, bien assez âgé et titré pour se permettre de garder le trône.
“Père, je vous présente le docteur …” Un blanc soudain vient dans ma tête, je ne connaissais que son prénom, Hyriel. Il ne m’avait jamais donné son nom de famille. Choqué de le réaliser, je m’étais mise dans une posture des plus fâcheuses, incapable de présenter l’homme que j’avais tant monté sur un piédestal et dont les murs eux-mêmes avait entendu parler.
Mon regard se tourna vers Hyriel, mes rétines étaient en panique, parfaitement lisible par lui qui commençait déjà à connaitre ma maladresse naturelle et mes bourdes à répétition. Je l’implorais de terminer ma phrase avant que le silence ne m’embarrasse vraiment.
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Frida K.
Dim 3 Nov - 19:06
Hyriel Radgery
J'ai 30 ans et je vagabonde entre villages et forêts, en Angleterre. Pour subsister, je maîtrise l'art de guérir et d'empoisonner, d'accoucher et d'avorter et je survis plus ou moins bien selon les aléas. Du fait de ma condition itinérante, je suis célibataire et de nature solitaire. Mes compétences médicinales et mon infirmité des jambes me valent d'être qualifié de sorcier et pris en chasse par les autorités seigneuriales et inquisitoriales. Indépendant. Forte capacité d'adaptation et de duplicité. Joueur. Érudit en termes de médecine, curieux, obstiné. Persuasif et charmeur, fier, caustique, peu encombré de scrupules. Sait être théâtral et jouer avec les superstitions pour parvenir à ses fins. Sensible à la misère et prompt à aider les plus pauvres, ainsi que les marginaux comme lui. Il lui arrive de soigner gratuitement des miséreux. En revanche, il n'a pas de scrupules à faire payer plein pot de riches personnes s'il les sent arrogantes ou viennent lui demander des superficialités du type filtre d'amour ou des poudres pour leurs complots.
Hyriel a déjà aimé des hommes comme des femmes, peu encombré qu'il est de bonne morale religieuse, et déjà persuadé de sa damnation. S'attacher lui est difficile, puisqu'il passe sa vie sur les routes. Il n'est cependant pas impossible que la bonne personne sache éveiller en lui des sentiments durables.
Lorsqu'il a quinze ans, en 1542, une horde de routiers déferle sur son village pour le piller. L'incendie n'épargne ni la famille d'Hyriel, ni la cabane de sa professoresse. Livré à lui-même, il part en carriole de village en village et doit bien trouver comment survivre. Hyriel nourrit du reste une certaine froideur vis-à-vis des seigneurs et de la haute société, qui se font la guerre par bandes de routiers interposés ; guerres dont les pauvres paient les conséquences.
En 1557, Hyriel rôde autour de Birmingham. Il a dû fuir en urgence la dernière ferme où il avait été accueilli, accusé par les superstitieux du coin d'avoir empoisonné leurs troupeaux depuis que les bêtes en question étaient tombées malades. Hyriel a échappé de peu aux prévôts et gens d'armes, friands d'arrestations des prétendus serviteurs du Diable. Le règne de Marie la Sanglante est en effet particulièrement propice aux bûchers et chasses aux hérétiques de toutes trempes.
Hyriel eut à peine le temps de demander de l’aide pour descendre de son cheval, que la porte d’un ravissant domaine se déploya devant lui. Deux commis prirent les rênes d’Esculape et assistèrent l’infirme jusqu’à ce qu’il mît pied à terre. On lui restitua ses cannes, on emmena la jument après qu’Hyriel lui eut donné une caresse d’au revoir. Il béquilla dans la cour intérieure, à l’abri d’arcades sculptées avec autant de soin que des cathédrales. Jamais il n’avait franchi le seuil d’un pareil fief, avec ses fontaine, ses longues fenêtres aux verreries raffinées, ses tours pointues aux mosaïques de tuiles. Il se désintéressa toutefois bien vite du décor : Nina était là, venue exprès pour l’accueillir.
Le vagabond lui adressa un sourire aussi large que sincère, charmé de la voir venue jusqu’à la porte pour le recevoir. Et dans cette tenue qu’il aurait cru tout droit sorti d’un livre enluminé. Assurément non, elle n’avait plus grand-chose de la jeune fille paniquée, cachée dans son manteau noir, venue le trouver la veille. En ce jour, elle resplendissait. Sans doute le soulagement, et une impression de libération que ce devait être pour elle, imagina Hyriel : adieu, la crainte de déshonorer sa famille, adieu la perspective du couvent ou d’un avenir sans lendemain pour la malchance d’un soir.
« Lady Nina, vous êtes radieuse. » dit-il, autant pour la superbe toilette de son hôtesse que pour l’expression épanouie qu’elle dégageait.
Il suivit les chemins que les gens de maison lui indiquaient ; à la rencontre des employés du domaine… qu’il ne savait pas bien comment saluer, tant le protocole aristocrate échappait au sauvageon sorcier qu’il était. Aussi Hyriel faisait-il à peine la distinction entre les seigneurs du domaine et les employés, auxquels il servait le même salut dans un déférent hochement de tête. Laissant Nina prendre son bras, le vagabond admira tout le décorum déployé entre ces murs. Un jardin à l’anglaise, dont Hyriel se dit que la taille si minutieuse devait mobiliser tellement d’artistes et de de petites mains ! Puis des intérieurs aux luxueuses tentures, aux boiseries sculptées sur lesquelles dansaient les lumières de centaines de chandelles. Mais loin de tout cet apparat, ce qui toucha le plus Hyriel fut de découvrir les espaces plus… humains de ce vaste château : ceux dans lesquels on rencontrait des bibelots, des jeux, des traces du passé que Nina avait eu et des activités qu’elle aimait encore pratiquer. Un peu de son enfance se devinait encore dans quelques livres, dans cet espace de broderie, cet autre où un piano indiquait ses habitudes de la musique.
Et justement, au fil de leur marche, son hôtesse conta de nombreuses choses à Hyriel ! Il l’écouta confier sans discontinuer des dizaines d’anecdotes, de détails à propos de ce domaine, de son passé. Il y avait une joie ivre dans le flot de paroles de la Lady. Confiait-elle donc tant de choses à chacun des invités ou s’était-elle déjà autant attaché à… lui ? Voilà qui lui sembla presque… irréel, et il dut à plusieurs reprises se concentrer pour ne pas tomber, absorbé qu’il était par ses réflexions. Le claquement de ses béquilles sur les précieux dallages et le frottement de ses attelles de métal accompagnait d’une étrange musique la voix de cette guide si débordante de choses à lui raconter.
« Et qu’aimez-vous le plus faire dans vos journées ? » s’intéressa-t-il après avoir découvert tant de pièces à vivre, tant d’activités au gré des pièces de ce domaine.
À deux reprises, Hyriel dut s’arrêter dans la promenade pour rajuster sa tunique dans sa ceinture, redresser son pourpoint ou chasser un pli aux taillades de ses manches ; vraiment, il se sentait dans ces habits comme si ce n’était pas les siens. Comme un comédien dans un rôle. Il lui faudrait un temps pour se faire à ces élégants costumes.
On entra dans un petit salon, dont Hyriel apprécia l’ambiance intimiste ; bien plus agréable que les gigantesques pièces à danser dans lesquelles Nina et lui avaient circulé. Dans l’une d’entre elles, il avait même entendu des musiciens. Il eut peine à croire qu’on eut convoqué ces derniers pour l’accueillir, lui. Là encore, Hyriel s’était senti ignorant : faisait-on cela dans toutes les maisons nobles, y compris pour recevoir un simple médecin ? Dans le doute, il avait souri et évité les questions. Mais à présent, dans ce petit salon, un couple attendait. Les parents de Nina, à n’en pas douter. En quelques nouveaux coups de béquilles, Hyriel fut face à eux et il s’inclina pour présenter ses respects au Sieur et à la Dame assise à ses côtés.
« Docteur Wilde, Sir. » improvisa Hyriel pour tenter de sortir Nina de l’embarras. Vrai qu’il ne lui avait pas donné son nom de famille. Pour tout dire, il ne le donnait à personne. Hyriel savait les dangers qu’il courait en pratiquant les soins comme sorcier, sans diplôme... Si un jour on l’arrêtait, il refusait que le déshonneur s’abatte sur la mémoire de sa défunte famille, les Radgery. Wilde, ça devrait convenir, se dit-il. Après tout, l’envie pourrait venir aux parents de Nina de vérifier qu’ils avaient bien affaire à un vrai médecin. Un « Docteur ». Ce qu’Hyriel n’était pas. Et le nom de famille Wilde était bien assez répandu en Angleterre pour que, dans les registres des diplômés, on trouve un « Docteur Wilde » parmi les reçus des dix dernières années. Oui, cela devrait aller, voulut se rassurer Hyriel.
Il s’assit lourdement dans le siège qui lui tendait les bras et déposa avec précaution ses béquilles à côté. Vite, il fallait évacuer ce moment de gêne, ce silence… « Je suis honoré de vous rencontrer, Sir et Lady O’Hara. » (Un temps) « C’est moi qui suis médecin, mais c’est votre fille qui a pris grand soin de ma bonne santé en me faisant faire mon sport pour la semaine ! » plaisanta-t-il avec un regard amical à l’endroit de Nina. « J’ai eu le plaisir de visiter en sa compagnie tous les recoins de votre impressionnant domaine. » Il se mordit l’intérieur de la joue, craignant d’être ridicule ou inadapté. Il savait être beau-parleur dans les rues, répondre aux gens qui le provoquaient, raconter des histoires aux enfants, entrer dans le jeu des clients superstitieux… Mais les cérémonies, surtout avec des gens si importants, il n’en avait absolument pas l’habitude. Il s’en remettrait à Nina pour la conversation.