Le sexe était prépondérant dans leur relation, il permettait d’unir leurs corps à l’instar de leurs cœurs. Mais plus encore, il était l’expression de l’osmose qui les liait l’un à l’autre. C’était parfois abrupte et l’affirmation d’un désir ardent, et alors ils s’autorisaient au plaisir charnel, sans la moindre contrainte. La seule limite était celle de leur esprit, et il ne semblait en rencontrer aucune, à l’image de cette nuit d’exaltation. Et de temps à autre, ils s’offraient l’un à l’autre avec davantage de douceur et de tendresse, comme pour exprimer tout l’amour qu’ils se portaient. C’est ainsi que cela se déroula sous cette douche. Le dénouement de ces quelques heures à s’adonner au plaisir de l’acte charnel. Repu de jouissance, ils s’autorisèrent une accalmie au cours de laquelle ils dégustèrent les quelques sushis commandés par Edward à l’aube de cette soirée. Le tout accompagné d’un vin blanc millésimé issue des plus belles caves de France. Tout en se saisissant de l’un des sushis entre ses baguettes, Edward brisa le silence apaisant qui avait enveloppé précédemment la pièce de vie « Je t’aime » et releva ses prunelles azurées sur la jolie rousse assise à proximité. C’était la première fois qui prononçait ces mots depuis qu’ils s’étaient éloignés pour tenter désespérément de sauver leur relation. « Je ne dis pas cela parce que cette nuit a été magnifique, mais parce que je le suis. Amoureux de toi, je veux dire » et rougit quelque peu, tout en tripotant ses sushis du bout de ses baguettes. Il osa un nouveau regard à son attention « Je n’ai jamais cessé de l’être ». Depuis qu’il avait prit conscience de ses sentiments à son encontre, son amour pour elle n’avait jamais cessé de croître.

Sur ces mots, Edward se pencha pour embrasser son cou, humant l’odeur de son propre gel douche qui avait recouvert sa peau, et esquissa un doux sourire à son encontre en se reculant. Elle était son tout, et il n’envisageait pas la vie sans elle. Il avait à cœur qu’elle porte un jour son nom. Mais plus encore, le politicien continuait d’espérer un jour trouver la force pour lui confier qu’il voulait devenir le père de leur enfant, du fruit de leur amour. Seulement, il craignait la perdre… Alors il tenta une approche implicite, tel un cheveu sur la soupe « Iris est enceinte » confia-t-il tout en rivant son regard azuréen sur Angie à ses côtés, attentif à sa réaction.

Après cette douche chaude, il y avait comme accalmie. C’était des échanges de regards, de sourires tendres. Angy avait la sensation d’être sur un petit nuage. Comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Et pourtant, c’était loin d’être le cas. Mais là tout de suite, elle était avec lui. Ils s’étaient totalement retrouvé. Elle avait la certitude que rien ne pourrait se mettre en travers de leur chemin. Un peu comme dans du coton, la jeune femme savourait uniquement la présence d’Edward. Parfois il n’y avait pas besoin de mot ou de longues conversations. Ce fut lui qui prit la parole et elle ne put que sourire avec une extrême tendresse. Son sourire s’étira un peu plus encore alors qu’elle le voyait rougir. Qu’est ce qu’elle aimait être témoin de ça… de cette sensibilité, de cette pudeur… « -tout comme je n’ai jamais cessé de t’aimer non plus… » répondit la jeune femme avec douceur. Elle l’avait annoncé lorsqu’ils s’étaient mis ensemble. Il y aurait des hauts et des bas. Ce qu’elle avait prédit, s’était réalisé. Elle avait prit de la distance. Lui également. Mais cela ne voulait pas dire qu’ils ne s’aimaient plus. Elle était convaincue que cela ne pourrait jamais arriver. Ils s’aimaient et ça jusqu’à la fin…

Elle savoura ses lèvres dans son cou, puis saisit avec lenteur son verre de vin. Elle marqua un temps d’arrêt en entendant l’information. Puis elle porta son verre à ses lèvres et en prit une longue gorgée. Trop longue peut-être. Merde… Iris était enceinte ?! « -félicitation à eux… » fut les seuls mots qu’elle fut capable d’aligner, avant de reprendre du vin. Elle n’avait plus vraiment faim… Elle devait pourtant dire autre chose non ? Se réjouir ? « -comment tu l’as su ? » demanda la jeune femme au lieu de poser des questions sur cette grossesses. Elle ne savait pas exactement s’il avait rétablit un lien avec sa sœur. Peut-être que c’était elle en personne qui était venue lui annoncer en lui balançant son bonheur à la gueule. Ou alors c’était venue lors d’un diner… simplement parce qu’Iris tenait à ce que son frère sache qu’il allait de nouveau devenir tonton. Pourquoi est ce que ça faisait si mal ? Angy remonta ses jambes sur les canapés, délaissant son repas, et surtout son verre de vin. « -je ne pensais qu’ils désiraient un autre enfant… » ajouta la jolie rousse alors que ses mots avaient une résonnance étrange en elle.

Après les soupirs de plaisir, le bruit de leurs corps se mêlant l’un à l’autre et les gémissements entrecoupés de paroles frivoles, l’appartement était de nouveau enveloppé de ce silence serein qu’ils affectionnaient tant. Pas besoin de mots. La présence d’Angie à ses côtés se suffisait à elle-même. Elle était la seule femme avec qui il éprouvait cette sérénité. Elle seule était capable d’apaiser son âme, même dans les moments de tourments. Parce qu’autant l’un que l’autre était conscient que cette nuit n’était qu’un entracte, un aparté à leur existence tumultueuse. Aucun d’eux n’était assuré de ce qu’il adviendrait de leur relation, de leurs carrières professionnelles respectives. Mais ce dont Edward était assuré, c’étaient les sentiments qu’il éprouvait à l’encontre de l’influenceuse. Il l’aimait. De cet amour profond et immuable. Qu’importe l’adversité et l’éloignement, son cœur lui était entièrement dévoué et ce soir, dans l’intimité de leur salon, il voulait le lui faire savoir. Un doux sourire étira les lèvres du politicien quand elle confirma la réciproque. Un jour, elle serait sa femme. Nul doute ne subsistait à ce sujet. Toutefois, il était moins confiant quand il s’agissait de la famille qu’il désirait construire avec elle. Pour un homme convaincu depuis toujours qu’il ne deviendrait jamais père, il n’aspirait dorénavant qu’à cela quand il était aux côtés d’Angie. Seulement, il avait en mémoire leurs échanges à ce sujet. La jolie rousse s’était sentie contrainte par son petit-ami à devenir mère, et aujourd’hui, elle aspirait à une certaine liberté. Elle ne se sentait pas animée par le projet d’être un jour maman. Et pour ne pas la perdre, Edward était prêt à réprimer son désir d’embrasser un jour ce rôle.

Pour autant, dans une dernière tentative désespérée, il fit le choix d’évoquer la grossesse inopinée de sa jeune sœur. Peut-être parviendrait-il à discerner dans ses mots ou sa réaction, les effluves d’un espoir. Néanmoins, à la manière dont elle ingurgita le liquide doré et l’hésitation qui teinta ses mots, il sut. Ses espoirs venaient d’être anéantis le temps d’une phrase. Pour ne pas laisser percevoir sa déception, le politicien enfourna un sushi entre ses lèvres et s’autorisa quelques secondes pour le déguster. Il ponctua son bref repas d’une gorgée de vin blanc et souffla un « Je leur dirais… ». Confronté au soudain silence oppressant, le quadragénaire poursuivi la dégustation du repas. Pas par appétit dévorant, mais davantage pour dissimuler sa déconvenue. À la question qui suivit, il osa un regard à son attention « Ma mère » se contenta-t-il de répondre. Depuis l’altercation au chalet du Montana, Iris n’avait pas tenté de renouer avec son frère. L’animosité qui les liait était probablement trop récente pour qu’ils puissent s’autoriser le moindre échange cordial pour le moment. Par conséquent, sa mère s’était dévolue la mission de l’informer, pour que ses deux enfants n’accumulent pas davantage de rancœur l’un envers l’autre, probablement.

Les coudes sur les genoux et ses baguettes fermement enserrées entre ses doigts, Edward délaissa momentanément ses sushis pour observer Angie se mouvoir à ses côtés, alors qu’elle s’enfonçait dans le canapé, son verre de vin en main « Ils ne le désiraient pas. Iris a longuement hésité à avorter… » et reprit de sa voix profonde, réprimant ses propres ressentiments « Ils étaient parvenus à trouver leur équilibre, et ce nouveau bébé vient tout bousculer ». Sa mâchoire se crispa légèrement à ses propres mots qui lui faisaient si mal à prononcer. Il était presque parvenu à éprouver une certaine animosité à l’égard de sa sœur qui ne parvenait pas à chérir ce présent offert par la vie…

Iris était enceinte… Angy aurait sans doute préféré qu’Edward oubli de lui communiquer cette information. Elle avait la sensation d’être une très très mauvaise actrice, là tout de suite. Félicitation à eux… après ce qu’Iris avait osé dire à son frère, osée faire pour briser leur couple, clairement Angy s’en foutait de savoir s’ils étaient heureux ou non. Visiblement, la sœur n’avait pas fait le premier pas vers le frère, vu que c’était la mère qui avait annoncé la nouvelle. « -j’imagine qu’elle est contente… » avait ajouté Angelica, même si elle avait bien du mal à imaginer la mère d’Edward en parfaite grand-mère… elle se trompait peut-être. Elle l’espérait presque pour les filles d’Iris. Quoi qu’il en soit, la jolie rousse délaissa son repas, gardant uniquement son verre de vin entre les mains.

Angy avait également beaucoup de mal à imaginer Iris vouloir encore un enfant. Elle aimait son métier, sa carrière… une nouvelle grossesse, c’était mettre entre parenthèse tout cela pendant quelques temps. Elle n’était pas le genre de femme à diminuer son temps de travail pour s’occuper de ses enfants… trois c’était… du sport… ça le serait pour la nounou… « -et bien je vois que t’as mère a donné tous les détails… » souligna la jolie rousse, assez surprise de cette précision. Elle avait toujours considéré que cette décision revenaient au couple et n’était pas à partager avec d’autres… Mais elle n’était pas Iris… peut-être avait elle eut besoin des conseils de sa mère… aller savoir. Angy observa Edward quelques secondes. Elle avait vu sa mâchoire… ça a du bon parfois de tout bousculer… ou de se faire bousculer par la vie… » souligna la jeune femme, espérant sans doute entrevoir une lueur d’espoir… « -mais j’imagine que tu n’accueilles pas forcement cette nouvelle de la même manière lorsqu’elle n’est pas attendue… » elle prit une nouvelle gorgée de son vin et glissa une main sur le genou d’Edward, avant de lui sourire. « -qu’est ce qui ne va pas ? » elle voyait bien qu’il retenait quelque chose. « -tu aurais préféré qu’elle te l’annonce elle-même ? » elle n’était pas certaine que cela soit la véritable raison de cette soudaine perte de sourire.

Angy décida de venir combler l’espace entre eux, posant sa tête sur l’épaule d’Edward, déposant son verre de vin sur la table basse au passage. « -j’ai une question à te poser et j’aimerais que tu me répondes sincèrement… » elle était incapable de le regarder pour lui demander. Mais elle voulait savoir. « -je sais qu’on a déjà eu une conversation à ce sujet… mais c’était il y a quelques mois… depuis les choses ont changé… notre relation aussi. » elle se pinça les lèvres avec lenteur. « -si un jour je devais t’annoncer que je suis enceinte… est ce que ta réponse serait toujours la même ? » elle redoutait la réponse, mais elle ne voulait pas avancer ainsi, sans savoir.
 

Des années durant, Edward avait mené son existence avec pour seule ambition, s’asseoir un jour au Sénat en tant que digne représentant de son État. Il s’était construit de manière à n’avoir le pouvoir que pour unique convoitise. Mais après plus de deux décennies à se construire à l’image du politicien qu’il était parvenu à devenir, Edward percevait son avenir sous un nouveau prisme depuis l’arrivée de la jolie rousse dans sa vie. Elle n’avait pas que chamboulé l’homme qu’il était. Elle avait également bouleversé ses plus profondes aspirations. Dorénavant, il prétendait à une vie à deux, et peut-être plus… C’était la raison pour laquelle, profitant de cette accalmie nocturne, le politicien avait fait le choix d’évoquer la grossesse inopinée de sa jeune sœur. Peut-être parviendrait-il à discerner un détail qui lui permettrait de détecter les désirs de sa moitié. Mais il ne perçut qu’une femme qui s’enfonçait plus encore dans le canapé, délaissant abruptement le repas, pour ne garder que son verre de vin dont elle venait d’ingurgiter une gorgée conséquente à l’aveu qu’il venait de formuler. Edward tenta, tant bien que mal, de réprimer son désappointement et ainsi poursuivre la conversation qui devenait plus oppressante mot après mot. Tout en adressant un coup d’œil hésitant à Angie, il murmura un « Oui » presque inaudible, et enfourna un nouveau sushi entre ses lèvres. Sa mère avait été heureuse d’apprendre qu’Iris mènerait, contre toute attente, sa grossesse jusqu’à son terme. Sa jeune sœur avait longuement songé à avorter, avant d’accepter ce présent « Iris était chamboulée et avait besoin de conseils » se justifia-t-il à la remarque de sa moitié qui semblait surprise que sa mère se soit ainsi dévoilée à son fils ainé sur le choix de sa jeune sœur.

Toutefois, pour celui qui luttait pour réprimer son désir de parentalité, il considérait l’hésitation d’Iris invraisemblable. Elle avait la chance de donner une fois encore la vie. Mais probablement que son jugement résultait du fait qu’en son for intérieur, Edward était convaincu que ce présent ne lui serait jamais destiné. Pas dans cette vie-ci. Tout en se saisissant de son verre, le politicien marqua un arrêt dans son geste et tourna la tête en direction de la jolie rousse et esquissa un tendre sourire « Oui. Comme tu as su le faire en entrant dans la mienne » et ingurgita une légère gorgée de vin blanc, avant de faire le choix de délaisser son verre pour reprendre possession de ses baguettes. Face à son assiette, son sourire s’était aussitôt estompé et sa mâchoire s’était légèrement crispée. Ce soir, au contact d’Angie, il peinait à réprimer pleinement ses émotions. Sûrement parce que la jeune femme l’avait toujours encouragé à mettre des mots sur ses émotions et à les vivre quand il était en sa présence. Seulement ce soir, il aurait aimé être capable de dissimuler son trouble derrière un masque, comme à son accoutumée « Peut-être » murmura-t-il tout en triturant ses sushis du bout de ses baguettes, jusqu’à ce que la main de la jeune femme n’ait raison de son attention. Après un bref regard sur ses doigts posés contre sa peau, il releva ses prunelles azurées jusqu’à croiser son regard d’émeraude, et laissa échapper un soupir. Il n’était pas certain que ce soir soit le moment opportun pour lui confier que la grossesse soudaine d’Iris avait confirmé chez lui son désir d’enfant. Donc tout en entrelaçant ses doigts aux siens, il lui offrit un timide sourire en se saisissant de la portée dérobée qu’elle venait de lui ouvrir par sa question « Oui… ». Sur ce simple mot, Edward porta la main d’Angie à ses lèvres et y déposa un baiser. Un baiser de pardon pour lui avoir mentit, bien qu’elle l’ignorait. Il n’avait jamais aimé lui mentir…

Lorsqu’Edward sentit la jolie rousse se mouvoir pour venir se blottir tout contre lui, il s’autorisa à délaisser le dîner pour s’enfoncer dans le canapé et accueillit sa tête contre son épaule, tout en passant son bras autour de son corps chaud. Il blottit sa mâchoire tout contre sa chevelure de feu, savourant sa seule présence. Lorsqu’Angie prit parole par la suite, il put sentir son estomac se nouer et les battements de son cœur amorçait un rythme plus soutenu. Nul besoin de formuler la question, il l’avait d’ores et déjà devinée. La jolie rousse avait probablement perçue la vérité entre les lignes, et ne put que se traiter d’idiot jusqu’à ce qu’elle parvienne finalement à formuler son interrogation à voix haute. Durant quelques secondes, il s’avéra particulièrement silencieux. En cet instant, le politicien avait la singulière sensation que leur relation pouvait bousculer brusquement, et peut-être dramatiquement, ne faisant que peu état de leurs sentiments. S’il lui avouait désirer un enfant d’elle, et qu’elle refusait… Elle le quitterait sans nul doute, pour qu’il n’ait jamais besoin de faire un choix pour elle. Il le savait parce que si le contraire s’était présenté, il aurait fait ce sacrifice pour elle, au nom de l’amour qu’il lui portait… Il finit par souffler un « Angie… » lourd de sens avant d’être interrompu par la sonnerie de son portable. Les sourcils au milieu du front, Edward osa un coup d’œil à sa montre et délaissa le corps chaud de sa moitié pour se saisir du petit appareil rangé dans la poche intérieure de sa veste de costume alors délaissée sur le rebord du canapé. Le visage grave, il porta son téléphone à son oreille « Nonna ? » « … » « Les médecins disaient que tout allait bien… » « … » « Laisse-moi le temps de m’organiser et j’arrive » « … » « Tu as prévenu maman et papa ? » « … » « J’arrive ». Il resta un instant sans mot dire, le petit appareil toujours enserré entre ses doigts et tourna la tête en direction d’Angie « Je… Je dois me rendre en Italie. Nonna ne se sent pas très bien...».

Iris et chamboulée n’étaient pour Angy, pas vraiment deux mots qui allaient ensemble. Même si elle voulait bien concevoir qu’apprendre une nouvelle grossesse, non attendue, pouvoir créer des bouleversements. La jolie rousse se demanda alors si jamais elle serait capable de demander des conseils à sa propre mère si jamais un jour, elle apprenait être enceinte. La réponse arriva d’elle-même. Catégorique. Non. Elle n’était même pas certaine de mettre ses parents au courant. Ils avaient été nul en tant que parents, alors pourquoi leur demander d’endosser le rôle de grand-parent ? Son père avait refait sa vie, quant à sa mère, elle était bien trop obnubilé par son propre nombril… Enfin, de toute façon, cette question ne se posait pas. Edward avait été relativement claire sur son désir de devenir père. Il était inexistant… Alors Angy ne savait toujours pas comment lui dire qu’elle avait cette sorte d’envie qui ne cessait de grandir en elle. Devenir maman… l’autre jour, elle s’était surprise à regarder une femme enceinte qui attendait à l’arrêt de bus. Enviant son ventre rond…

« -oui, enfin là, c’est un niveau haut dessus j’imagine. J’ai des différents avec ta sœur, mais je peux comprendre que ça n’ait pas été facile pour elle. » ça remettait tout en perspective. Surtout que leurs filles étaient déjà plus âgée. Remettre le nez dans les couches et les nuits blanches… Elle avait tellement de mal à imaginer Iris avec des cernes et du vomit de bébé sur l’épaule… L’image la fit sourire pour elle-même. La jeune femme percevait un trouble chez Edward. Et elle n'aimait pas ça. Elle ne souhaitait pas qu’il s’éloigne ou s’enforme dans son mutisme. Si quelque chose le tracassait, il devait lui en parler. Elle tenta alors de comprendre, mais fit visiblement fausse route. Alors en prenant son courage à deux mains, elle osa poser la question. Elle avait besoin d’une réponse. Elle voulait savoir si ce qu’il avait dit la dernière fois était véritablement actée. S’il était incapable de changer d’avis. Sa réponse ne changerait rien aux sentiments qu’elle lui portait, mais elle aurait sans doute des conséquences sur leur relation. Angy ressentait cette envie de devenir mère. Mais ce n’était pas non plus un besoin vitale. Si Edward se sentait incapable de partager cette envie, alors la jeune femme y renoncerait. Ils avaient d’autres projets en tête. Ça passerait.

Lorsqu’elle entendit son prénom sortir ainsi de la bouche d’Edward, la jeune femme eut comme une sorte de mauvais présentiment. Le ton était grave. Pourtant, elle avait besoin de savoir. Cependant, la sonnerie du téléphone d’Edward vint interrompre la suite de cette conversation. Lorsqu’il prononça le surnom de sa grand-mère, Angy le fixa du regard, pendu à ses lèvres. La conclusion tomba alors qu’il venait tout juste de raccrocher. « -qu’est ce qui s’est passé ? » demanda Angy avant de se redresser du canapé. « -très bien… je… va faire ta valise, je regarde les vols pendant ce temps. » lança la jeune femme comme si c’était à elle de prendre les choses en main et dans l’urgence.

 

Probablement qu’il aurait été plus opportun pour Edward d’évoquer la grossesse de sa jeune sœur un autre jour. La soirée avait été pour le moins enivrante et il venait de tout saborder parce qu’il était avide de réponses… D’une seule en réalité. Tout simplement parce que le quadragénaire avait espéré que la distance de ces dernières semaines allait inhiber son désir de parentalité, mais il n’en était rien. Il l’avait compris à l’appel de sa mère quelques jours auparavant. L’hésitation qui avait accablé Iris avait également fait germer une certaine incompréhension, voire amertume chez le politicien, résultant sûrement du fait que lui ne connaîtrait probablement jamais ce plaisir d’apprendre qu’Angie portait en son sein le fruit de leur amour. Plus encore maintenant qu’ils abordaient pleinement la conversation et qu’elle avait émit ce petit mouvement de recul en apprenant la venue d’un nouveau membre dans la famille Wyler… Ce que précisa Angie ne fit que croître ce sentiment de déception qu’il réprimait tant bien que mal. La jolie rousse comprenait la difficulté qu’Iris avait rencontré en apprenant qu’elle portait la vie en elle, venant ainsi chambouler tout son quotidien si millimétré jusqu’alors. Pour autant, il se contenta d’un « Oui, ça l’a été » par crainte de l’interroger davantage à ce sujet et d’apprendre qu’elle n’envisageait pas son futur ainsi, qu’ils ne partageaient pas la même perception de leur avenir à deux. Pour ce soir, le déni lui était plus doux qu’une vérité trop abrupte. Seulement, ce n’était pas l’avis que partagé sa dulcinée. Il le comprit quand elle vint se blottir tout contre lui et qu’il entoura son corps chaud de son bras. Angie osa formuler à voix haute ce qui le tourmentait depuis des semaines maintenant… Un silence oppressant les enveloppa par la suite, tandis que le politicien ne s’autorisait à prononcer le moindre mot.

Finalement, après s’être muré dans son mutisme quelques minutes, Edward osa prononcer son nom, souvenant annonciateur d’un long échange. Mais pas ce soir, parce qu’il n’en eut pas le temps. La sonnerie de son portable retentit aussitôt après et il décida de répondre à son interlocuteur sans attendre. La voix de Nonna se fit entendre et les nouvelles n’étaient pas celles escomptées. Son état de santé s’était détérioré et voulait le savoir à côté quelques jours durant. Ce qu’il accepta sans rechigner. Quand il eut raccroché, Edward leva ses prunelles azurées sur Angie qui avait été témoin du bref échange avec sa grand-mère maternelle « Son cœur, il semblerait… Mes parents sont à Edimbourg pour la semaine et Iris ne peut pas voyager ». Ce qui signifiait qu’il devait se rendre en Italie sans attendre. Une fois encore, son entourage s’évertuait à s’immiscer dans leur relation, même implicitement, et bien souvent au moment le moins opportun. Les sourcils au milieu du front, le politicien combla l’espace entre leurs deux corps et déposa sa main sur sa joue, portant ensuite ses lèvres sur son front avec une douceur infinie « Pas cette fois-ci… Je veux que tu m’accompagnes Angie… ». Edward ne voulait pas s’éloigner une fois encore de la jeune femme, et moins encore après ce soir. Il glissa ses doigts jusqu’à son menton pour qu’il puisse croiser son regard d’émeraude « S’il te plaît ».

La soirée avait été belle jusqu’à ce qu’Edward lui annonce qu’Iris était de nouveau enceinte. Il y a quelques mois de ça, Angy aurait été capable de se réjouir pour celle qui était sa belle-sœur, malgré la relation tendue. Cependant, son propre désir d’enfant refoulé la poussait à régir de manière bien différente. Edward ne semblait pas plus ravi de cette belle nouvelle. Puisque de base, c’était une belle nouvelle. Même si elle venait chambouler la vie de sa sœur. Avoir un autre enfant n’était pas prévu au programme du couple et pourtant Iris avait fait le choix de le garder.

En voyant Edward se renfermer, Angy eut besoin de renouer le contact physique entre eux et elle se rapprocha de lui pour venir poser sa tête sur son épaule avant de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres et que créait une sorte de poids dans sa poitrine. Ils se retrouvaient enfin, ils s’aimaient passionnément mais elle désirait quelques chose dont il ne voulait pas. Il avait été claire sur cela. Alors comment lui dire qu’elle voulait avoir un enfant. Un enfant avec lui. Un enfant de lui. Un enfant qui serait un savant mélange d’eux deux. En voyant les femmes aux ventres ronds, elle s’était imaginée son corps ainsi. Mais une petite voix dans sa tête lui soufflait que cela n’arriverait jamais. Parce qu’elle ne pouvait pas imposer cela à Edward. Il venait de le dire, elle avait déjà bien trop chamboulé sa vie. Leur avenir professionnel était totalement flou, même s’ils n’avaient aucun souci d’argent. Est-ce qu’avoir un enfant était une bonne idée ? Est-ce que c’était le bon moment ? Mais surtout, est ce qu’il serait capable de changer d’avis ? Lorsqu’il prononça son prénom, la jeune femme retint presque son souffle, ayant soudainement peur de la réponse à sa question.

Mais le téléphone d’Edward sonna et la jeune femme comprit rapidement qu’il s’agissait de la grand-mère adoré d’Eddy. Il y avait un souci. Il le lui confia rapidement une fois raccrochée. La conversation était terminée. Elle n’aurait pas sa réponse ce soir. Pour le moment, il y avait une autre priorité. Trouver un vol pour l’Italie, et la valise d’Edward à faire. Un hochement de tête. Il était leur seul à pouvoir aller là-bas. Bien alors elle allait prendre son téléphone, chercher un vol… et ils se retrouveraient dans quelques temps. Lorsqu’il revint prêt d’elle, déposant ses lèvres sur son front, elle prit cela comme une sorte de merci silencieux. Mais il n’en était rien. Il souhaitait qu’elle l’accompagne. « -Eddy… » souffla la jeune femme avec douceur. Le s’il te pait qui accompagna sa demande eut raison d’Angy. « -d’accord… » souffla-t-elle toujours avec douceur. « -je prends donc deux billets pour l’Italie. » ajouta-t-elle en souriant.

Elle le laissa partir dans la chambre pour qu’il commence à faire ses bagages et rejoignit la chambre quelques minutes plus tard. « -il y a un vol dans trois heures. Ça nous laisse le temps de faire les valises et de rejoindre l’aéroport. » Quelques heures plus tard, ils passaient les contrôles avant d’embarquer dans un avion direction d’Italie. Si ça n’avait pas été pour des soucis de santé de Nonna, Angy se serait véritablement réjouit de ce voyage. Cependant, elle savait Edward angoissé, alors elle avait seulement glisser sa main dans la sienne, une fois assise à ses côtés, entrelaçant ses doigts aux siens.