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LE TEMPS D'UN RP

Miss "Déjà-Vue" - [Ft. Aconit]

Jay'
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Jay'
Lun 6 Mai - 22:53
Le contexte du RP
Mise en situation

La situation

Chicago, 2015.
Ils s'étaient oubliés des années durant, le temps ayant séparé leur route. Les souvenirs se sont fait flous au fil du quotidien monotone, mais les visages demeurent pourtant encore là, ancrés dans un coin de leur mémoire.
Rencontre inopinée, catastrophique, dans un simple hôpital : ils se sont revus. Furtivement dans un premier temps et sans aucun doute plus longuement à l'avenir par ce coup du destin qui les amènera à se côtoyer malgré eux.
Contexte tranche de vie.
Jay'
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Jay'
Mer 8 Mai - 5:16

Angelo
BENNETT

J'ai 31 ans et je vis à Chicago, aux USA. Dans la vie, je suis sans emploi fixe et je ne m'en sors pas trop mal parce que je suis un bosseur. Sinon, à cause de ma gaucherie légendaire et de mon côté solitaire, je suis célibataire mais je le vis plutôt bien (eh ouais).

Pour davantage d'informations sur le personnage, c'est direction le topic dédié.

Miss « Déjà-Vue »



Quelque part, à Chicago.


Cazzo !

La plaie, c’est le cas de le dire. Journée de merde qui commence par un « superbe » - surtout place bien les guillemets Angie - accident de chantier. J’avais pas payé pour ça. Mais j’aurais dû le savoir depuis le temps, que la chance s’était fait la malle depuis longtemps quand elle avait vu ma tronche. Ahh, quand c’est pas les autres qui t’enquiquinent, c’est le matos. Là, ça rigole pas, surtout pas moi quand je constate l’ampleur des dégâts sur mon  bras : une belle entaille qui me sourit joyeusement en dégoulinant de tout son saoul. Tu m’en diras tant, saleté. J’ai beau être solide, là j’en suis arrivé à serrer les mâchoires de toutes mes forces en grondant de douleur, les doigts souillés par mon propre sang. La suite, vous la connaissez.

Inutile d’être devin pour avoir une idée du scénar’ : je finis à l’« infirmerie » pour réparer la carcasse. Je sue déjà alors qu’il est à peine 8h30 du matin et que les températures n’ont pas de quoi provoquer un strip-tease général. Je garde le silence mais la tête que je tire trahit immédiatement mes efforts de planquer la souffrance du moment. Alors j’attends jusqu’à ce que l’on veuille bien me prendre en charge, reniflant d’inconfort, les sourcils froncés. Le temps me paraît excessivement long, sans doute parce que la patience et moi nous n’avons jamais été mariés. Je tique. Et l’envie de m’en griller une me prend subitement comme la chiasse. Mais avant que je ne puisse m’engueuler avec moi-même, les blouses blanches arrivent, le calme chevillé au corps. J’en aurais jamais fait autant.

Là, l’interrogatoire commence. On se serait presque cru dans un commissariat à ce stade, mais ce sont les formalités et ces gens-là ne font que leur boulot, je ne peux rien leur reprocher en vérité. Mais la bête sauvage est dans la place, tous crocs dehors, surtout lorsqu’elle est mal en point. Malgré tout, rien n’échauffe l’esprit des blouses blanches, parce qu’elles ont du en voir des vertes et des pas mûres depuis des lustres.

Angelo Bennett, 31 ans, 1 mètre 69.

Quoi ? Le poids ? J’en sais foutre rien, et la balance, je l’ai expédiée à la benne. Ca sert à rien, ces conneries, hormis de se mettre la rate au court bouillon si on est un temps soit peu parano sur son apparence physique.
Je laisse échapper un soupir silencieux, je fatigue, mon falzar est dégueulasse de ce fluide poisseux qui le teint avec indécence. Je réponds à moitié, ponctuant mes phrases par des « ouais », des « hm », des « je crois ». Hm, ouais, je crois que je commence à être dans le brouillard. D’ailleurs je ne remarque même pas celle qui se trouve en face de ma trombine enfarinée, ou du moins je n’ai pas retenu son minois qui pourtant aurait dû raviver quelques souvenirs.

Hm, ouais, je crois.

Je crois.
Aconit
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Sam 16 Nov - 19:52

Miho Motsuzuki
J'ai 30 ans et je vis à Chicago, Illinois, USA. Dans la vie, je suis résidente en médecine au Kindred Hospital Chicago North et je m'en sors plutôt bien. Sinon, entièrement par choix, bien évidemment, je suis célibataire et pour l'instant, ça va.

Informations supplémentaires : fiche personnage ici.


Un réveil sonne - tôt, beaucoup trop tôt. Heureusement, Chicago ne dort jamais réellement. Miho, quant à elle, qui vient d'être coupée en plein milieu d'un rêve étrangement agréable, ne peut pas en dire autant. A peine sa tête se pose sur un oreiller qu'elle s'endort. Une chance, que beaucoup lui envient, mais sans se douter à quel point cela rend le réveil d'autant plus difficile... Malgré son très "first world problem" et les réveils qui sonnent beaucoup trop tôt, Miho est bien forcée de s'extirper de son lit, ce qu'elle fait, non sans quelques grognements lancés dans le vide, et bientôt remplacés par les bruits de la ville lorsqu'elle ouvre la fenêtre de sa chambre pour laisser entrer un peu d'air.

Comme tout bon résident en médecine, Miho ne prend pas de petit-déjeuner, s'habille à la va-vite et sort en trombe de chez elle. A défaut d'aller au travail en courant, ce que certains de ses collègues adorent recommander à tout bout de champ, elle court dans les escaliers de son immeuble, puis presse le pas jusqu'au Chicago L, la géniale invention qu'est le métro, et qui s'assure qu'elle n'est jamais trop en retard le matin. Miho déteste arriver en retard, mais elle déteste encore plus avoir l'air d'être en retard ; ainsi, il n'est pas rare de la croiser au coin de la rue menant à l'hôpital en train de reprendre discrètement son souffle avant de pénétrer dans le grand bâtiment.

Miho aurait bien aimé dire qu'aujourd'hui était une journée tranquille, mais cela serait oublier qu'elle fait sa résidence en médecine d'urgence. Elle trouva malgré tout quelques minutes dans sa matinée, qui pour elle avait commencé il y a déjà plusieurs heures, pour se chercher un petit truc à manger et passer un rapide savon à un externe qui a oublié (ou simplement n'a pas encore eu le temps) de coller l'étiquette sur un tube de prélèvement sanguin. Ainsi ravitaillée, Miho repris sa journée au bloc d'urgence.

A partir de 8h, les urgences commençaient à se vider doucement. Les patients arrivés la veille ou dans la nuit repartaient chez eux, ou étaient envoyés vers d'autres services. Miho ne relâchait pas la garde pour autant, mais elle savait qu'elle avait devant elle quelques heures un peu plus calmes. La population de Chicago semblait avoir la décence de ne pas provoquer, ou finir, dans trop d'accidents le matin, mais le répit restait tout de même, en général, assez court. "L'effet après-midi" était bien connu de tous aux urgences, et bien que la majorité appréciaient, sans toutefois l'avouer tout haut, l'adrénaline de ces journées-là, Miho préférait les urgences au matin.

Son thé encore chaud dans les mains, les portes s'ouvrirent en grand, et trois paires d'yeux se posèrent instantanément sur elle. En tant que résidente, elle était médecin certifiée, et encadrait ainsi quelques étudiants, à ce moment-là, dans l'attente fébrile de savoir lequel des trois elle allait choisir pour s'occuper du patient qui venait d'arriver. Avec un simple haussement de sourcils, l'heureux élu compris immédiatement et se précipita vers le blessé, qui fût amené sur un lit de consultation, un fin rideau tiré le séparant du reste de la salle. Le patient, un homme, plutôt jeune, était visiblement blessé, mais son attitude et sa capacité à se déplacer n'éveillèrent pas tout de suite l'inquiétude en Miho ; aussi laissa-t-elle l'étudiant passer à l'interrogatoire initial et aux premiers soins seul. Au bout de quelques minutes cependant, le rideau s'ouvrit, découvrant un interne qui avait tout l'air de commencer à paniquer, et Miho compris vite pourquoi lorsqu'elle vit le jeune homme, pourtant assez éveillé il n'y a pas si longtemps, sur le point de perdre connaissance. Sans s'attarder sur l'étudiant - elle prendra un quart d'heure de son temps plus tard, pour une petite leçon de médecine de base, sans doute un poil moralisante, elle s'approcha du patient, et se baissant vers lui, commença à lui parler tout en lui tapotant la joue, tentant de le faire revenir parmi eux. La fermeté de son geste contrastait avec la douceur de sa voix.

« Monsieur ?  Restez avec nous, ça va aller ! Elle enchaîna avec d’autres phrases type de ce genre, se tournant parfois pour regarder les écrans. S’adressant ensuite à l’interne, elle lui demanda, cette fois d’une voix plus autoritaire : Nom ? Âge ? Il t’as dit avec quoi il s’est fait ça ? » Sans même attendre sa réponse, elle lui donna divers ordres, sa main toujours posée sur la joue du patient.

Jay'
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Jay'
Dim 17 Nov - 21:59

Angelo
BENNETT

J'ai 31 ans et je vis à Chicago, aux USA. Dans la vie, je suis sans emploi fixe et je ne m'en sors pas trop mal parce que je suis un bosseur. Sinon, à cause de ma gaucherie légendaire et de mon côté solitaire, je suis célibataire mais je le vis plutôt bien (eh ouais).

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Et merde, c’est la misère, je ne pipe rien de ce qu’on me demande, les questions fusent mais la connexion ne se fait plus, là-haut. Je grogne d’inconfort, surtout pour tenter de garder conscience, ce qui est un échec total. Mon corps est là mais mon esprit est ailleurs, à tel point que les voix des uns et des autres me semblent lointaines, étouffées comme dans un bocal. Je me sens piquer du nez, la pression de ma main sur mon bras garroté et pansé à la va-vite se relâche à cause de la perte de tonus musculaire qui me prend soudainement. Si j’ai réussi à résister jusque-là, je n’ai plus fière allure avec mon teint qui pâlit et le carnage de mon palpitant qui tape frénétiquement contre ma cage thoracique m’oblige à souffler tel un bœuf. Je crois que j’ai perdu trop de sang et mon manque de sommeil habituel n’a sûrement pas arrangé la chose.
Je dégouline, cette fois, le front plus que moite sous la « fièvre » qui me prend au dépourvu. Des sueurs froides tracent leur sillon le long de ma nuque et je ploie enfin sous mon propre poids, m’affaissant telle une masse morte sur la personne qui se trouve en face de moi. Pas de chance pour elle, j’ai beau être court sur pattes – j’ai horreur de l’admettre mais c’est pourtant la triste vérité –, je ne fais pas pour autant partie de la catégorie poids plume.

Black out, c’est le trou noir.

Lorsque j’ouvre mes mirettes au bout de quelques longues minutes, je ne trouve qu’un plafond et des petites lumières m’indiquant que je suis allongé. D’ailleurs, pourquoi ? Je porte la main à mon faciès en grimaçant, tentant de rassembler mes idées qui sont encore confuses. Ah. C’est vrai. L’odeur aseptisée qui me monte au pif me rappelle que je me trouve dans la salle d’un hôpital et me force à me souvenir du déroulé de la scène. J’ai fait un malaise, hein ? Je soupire silencieusement de désarroi avant de tourner la tête vers la droite pour remarquer un bureau, ainsi que le dos d’une blouse blanche, tout proche du lit sur lequel je repose.
Comme je n’ai pas signalé ma présence par un quelconque bruit, la blouse blanche ne remarque pas tout de suite que j’ai repris connaissance mais comme on n’apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces, mon petit doigt me dit qu’elle ne tardera pas à se tourner vers moi. Pour le moment je garde les lèvres closes, constatant le joli bandage qui orne mon bras tailladé telle une décoration de luxe made in hospital, please. Avec un truc pareil et au vu de l’étendue des dégâts, je devine d’ores et déjà que je ne suis pas prêt à reprendre mon activité de sitôt. Ce qui me fait pester intérieurement. Et puis il y a toute la partie soin à endurer, les difficultés des gestes quotidiens à appréhender et toutes les emmerdes qui vont avec. Je suis le plus heureux du monde à m’imaginer ce qui m’attend, j’en trépigne même d’impatience... Ce n’est pourtant pas la première fois que je passe par la case hosto’ pour avoir cassé des gueules à plusieurs reprises mais ce séjour est la cerise sur le gâteau. Je ne sais pas si j’aurais réussi à m’abîmer autant en le faisant exprès.

En une fraction de secondes, le tabouret pivote et le visage me fait face. Je cligne lentement des yeux, posant mes perles d'ambre sur la jolie frimousse qui m'ausculte d’un œil professionnel. Ça y est, c’est reparti pour une nouvelle flopée de questions, les mêmes auxquelles j’ai du répondre à mon arrivée. Alors je répète machinalement, d’une voix basse et calme, un poil ennuyé avec une pincée de désinvolture.

- « Angelo Bennet, 31 ans, né le 15 avril 1984 à Chicago. »

Puis quand il n'y en a plus, il y en a encore.

- « 1 mètre 69, 67 kilos. 11 cm au repos et 16 en érection. Ça vous va ? »

Sauf que celle-là n’était pas au programme. Elle risque de ne pas plaire, mais je prouve au moins que je suis en pleine disposition de toutes mes capacités. La blouse blanche ne fait que son boulot mais j’en ai déjà ma claque de cette procédure et qu’il s’agisse d’un homme à la place n’aurait rien changé à mon élan de provocation.
Aconit
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Lun 18 Nov - 22:13

Miho Motsuzuki
J'ai 30 ans et je vis à Chicago, Illinois, USA. Dans la vie, je suis résidente en médecine au Kindred Hospital Chicago North et je m'en sors plutôt bien. Sinon, entièrement par choix, bien évidemment, je suis célibataire et pour l'instant, ça va.

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Malgré ses efforts, le patient, dont elle appris entre temps le nom, perdis bel et bien connaissance. C'était pas bon signe, pas plus que le pansement de fortune, imbibé de sang. Les signes vitaux d'Angelo, qui s'affichaient sur un écran à côté de son lit, firent grimacer Miho.

"Tachycardie, sueur, il est froid ! Elle s'adressa ensuite directement à son interne. Active le code bleu et va chercher deux unités de sang, crossmatch immédiat."

Un autre de ses internes accourut, à qui elle ordonna de placer une perfusion, pendant qu'elle s'attelait à suturer la plaie, constatant par la même occasion la profondeur de celle-ci. Bon, il s'était pas non plus coupé le bras en deux, heureusement, mais c'était pas passé loin de l'artère. L'équipe de réanimation a tout de même dû être mobilisée. Les signes vitaux de son patient revenant progressivement à la normale, Miho réfléchissait déjà au sermon qu'elle lui tiendrait sur la sécurité et les accidents au travail ou à la maison, et cetera, et cetera. Vu la propreté, précision et profondeur de la coupure, elle avait rapidement écarté toute autre possibilité qu'un accident. C'était au moins ça de pris, pour une matinée que Miho espérait plus calme.

Angelo Bennett... Elle se répétait ce nom dans sa tête, alors qu'une infirmière terminait de bander le bras du patient, et que la petite "chambre" improvisée, avec ses murs de rideaux, commençait à se vider doucement. Pourquoi ce nom lui disait quelque chose ? L'aurait-elle déjà croisé ici, ou quelque part en ville ? Pour la première fois depuis son arrivée, elle trouva une seconde pour vraiment l'observer. Pas seulement sa plaie ou son rythme cardiaque ou à quelle distance sur une échelle de 1 à 10 il était de la mort, mais son visage, ses traits, qu'elle était persuadée de connaître, au moins de loin.

Ses paupières commençaient à bouger, signe qu'il ne tarderait plus à se réveiller. C'était quoi son âge déjà ? 31 ans, lu Miho dans son dossier, face à l'ordinateur. Ils avaient quasiment le même âge. Peut-être des amis en commun ? Peu probable, se dit-elle. Elle essaya d'échapper à la pensée qui suivit cette dernière de près, mais elle arriva malgré ses efforts à sa conscience : elle n'avait pas tant d'amis que ça, et ses amis n'avaient pas non plus beaucoup d'amis, donc, elle s'en serait probablement souvenue… Où avait-elle bien pu le rencontrer alors ? Le visage d'un coup éclairé de son interne, qui ne la quitta pas d'une semelle, fût suffisant à faire comprendre à Miho que son patient avait repris connaissance. Se tournant alors vers lui, assise à son niveau, elle s'exclama :

"Bon retour parmi nous ! Elle n'allait pas l'assaillir tout de suite d'examens physiques complémentaires, mais de questions, si. Est-ce que vous pouvez me redire votre nom, âge et ville de naissance ? Elle le laissa répondre, avant d'enchaîner : Vous connaissez votre taille et votre poids ?"

Il les connaissait parfaitement, ainsi que ses autres… mensurations, on dirait. L'interne, confus, se tourna vers Miho, qui elle avait l'air plus gênée qu'autre chose, son visage prenant une jolie teinte rosée. Elle se retourna, toujours assise sur son tabouret, sans doute moins délicatement et naturellement qu'elle l'aurait souhaité, et lui répondit, tout en faisant mine de chercher quelque outil médical dans un des tiroirs à proximité :

"C'est bien, pile dans la moyenne".

L'interne, dont la confusion ne faisait que grandir, lui demanda s'il devait aussi noter ça dans son dossier. Au moins, on pouvait dire qu'il avait appris sa leçon d'hier soir, lorsque sa supérieure lui avait reproché de trois différentes façons de ne pas être assez précis et rigoureux dans les notes de transmission.

Miho, trouvant enfin le stylo lampe qu'elle cherchait avec fougue, bien qu'elle en eut un dans sa poche depuis tout ce temps, retourna vers son patient, et, dans un geste purement médical, sans aucune once de vengeance, ouvra en grand les yeux d'Angelo, non pas pour l'éblouir avec sa lampe évidemment, mais simplement pour vérifier ses pupilles. Rien de plus, rien de moins. Pendant qu'elle était certaine qu'il ne la voyait qu'à moitié, elle lui posa une autre question apparemment anodine :

"Vous avez fait vos études ici ?".

Elle l'avait enfin reconnu. Elle en était certaine. Qui d'autre pouvait bien parler de son anthropométrie à peine sortit d'un malaise à l'hôpital qu'Angelo Bennett, son ancien camarade de lycée ?
Jay'
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Lun 25 Nov - 18:52

Angelo
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J'ai 31 ans et je vis à Chicago, aux USA. Dans la vie, je suis sans emploi fixe et je ne m'en sors pas trop mal parce que je suis un bosseur. Sinon, à cause de ma gaucherie légendaire et de mon côté solitaire, je suis célibataire mais je le vis plutôt bien (eh ouais).

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Heh. L’esquisse d’un sourire se dessine sur mes lippes quand je l’entends commenter ma réponse. Je suis persuadé qu’elle a pris une teinte cramoisie, sauf que je n’ai pas le loisir de pouvoir observer sa gêne puisqu’elle s’est déjà retournée pour aller chercher je ne sais quoi dans son bouiboui de matériel médical. C’est toujours de cette façon qu’on essaie de planquer un malaise, en évitant de faire face à celui qui sème le trouble. Et l’interne, qui ne doit pas être très futé pour savoir qu’une information pareille n’a rien à foutre dans mon dossier, achève de me dérider. J’ai une espèce d’air satisfait peint sur ma trombine, cependant à peine perceptible à cause de cette expression revêche qui m’habite en permanence.

Bientôt, elle me refait face, avec une espèce d’objet dont j’ai horreur de l’utilisation, pour m’en mettre pleine la face. Ou plutôt les prunelles. Le traitement me déplaît, tant la lumière m’agresse les pupilles, mais je dois me soumettre à l’auscultation sans broncher. Ravale ta sauvagerie, Angie, elle n’y est pour rien. Je suis comme un fauve réprimé, condamné à me laisser « tripoter » pour mon bien-être. D’ailleurs, pendant que je suis encore docile et à moitié aveugle, elle en profite pour tenter de récupérer d’autres informations à mon sujet. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire de savoir où j’avais pu étudier ? Ce n’est pas comme si on se connaissait, après tout.

Mais à cette réflexion, un moment d’hésitation campe soudainement en moi pendant que je cligne à plusieurs reprise des yeux pour retrouver une vue précise de ce qui m’entoure. Je n’ai pas vraiment eu le temps de m’attarder sur les traits de son petit minois, alors, quand je reporte mon attention sur elle, je demeure perplexe. Je la détaille sûrement un peu trop pour paraître discret, la dévisageant presque sans vergogne. Elle va peut-être penser que j’ai eu un coup de foudre – pas de flash, parce que ça, c’est elle qui me l’a balancé dans la ganache – à agir de la sorte. Ben voyons… Mais ça serait tout de même mentir si je disais qu’elle n’était pas mignonne. Et plus j’approfondis mon œillade, plus la sensation de l’avoir rencontrée quelque part grandit dans mon esprit. Mes sourcils se froncent sous la confusion de mes pensées encore brouillonnes, de ce souvenir que j’aurai pu oublier. Et si... ?

Ma voix refait surface, le ton moins effronté qu’à l’accoutumée à cause du doute qui m’envahit et qui me perturbe.

- « Ouais… »

Mais je reprends presque aussitôt du poil de la bête car il fallait que je pique un peu, sinon ça ne me ressemblait pas.

- « Pourquoi, ça vous intéresse ? Je croyais que vous ne releviez que les infos médicales ? Ça aussi, votre interne va le noter ? »

Je suis plein de sarcasme, accentuant mon impertinence par un regard bien appuyé en sa direction. En vérité, elle a complètement piqué ma curiosité et je sais déjà que je vais gamberger sur sa petite personne pour le reste de la journée. J’ai besoin de temps pour ça, et surtout de prendre l’air pour faire appel à ma mémoire défectueuse.

- « J’ai besoin de m’en griller une, je peux me lever ? »

Clairement, rester sagement là enfermé entre quatre rideaux, c’était pas mon trip. J’espérais seulement qu’elle me laisse sortir un minimum, parce qu’à ce stade, j’allais péter une durite.
Aconit
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Jeu 28 Nov - 18:09

Miho Motsuzuki
J'ai 30 ans et je vis à Chicago, Illinois, USA. Dans la vie, je suis résidente en médecine au Kindred Hospital Chicago North et je m'en sors plutôt bien. Sinon, entièrement par choix, bien évidemment, je suis célibataire et pour l'instant, ça va.

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Il avait changé, bien évidemment ; en une quinzaine d'années, beaucoup de choses changent. Ils arrivaient à l'âge où on arrêtait de dire qu'on "grandit" et où on commençait à dire qu'on "vieillit" à chaque nouvel anniversaire, où le visage et le corps commençaient à être marqués par le temps et non plus seulement les expériences, où on avait envie d'autre chose, ou au contraire, que rien ne change. Toutefois, Miho constatait que certaines choses ne changeaient peut-être pas. Elle ne sut si elle prit cette pensée avec soulagement ou affliction, ou un mélange des deux. Quoi qu'il en soit, elle la renvoya aussitôt à ses années d'école, qui étaient longues et solitaires, mais avaient au moins un avantage : le temps. Parce qu'elle en avait à ne plus savoir qu'en faire, des heures qu'elle préférait passer seule plutôt que de rentrer chez elle. Elle étudiait, elle lisait, elle travaillait, mais parfois aussi, elle ne faisait rien, à part observer cette vie qui se passait sans elle. Elle aurait pu y faire quelque chose, bien évidemment, elle se disait souvent qu'elle aurait dû, que finalement, ça n'aurait peut-être pas été si difficile que cela, mais c'est facile, quinze ans plus tard, quand on peut s'autoriser à seulement y penser.

Elle ne connaissait pas Angelo plus que ça, et qu'il en ait eu conscience à ce moment-là ou pas, il n'avait pas échappé au regard attentif de Miho. En même temps, il était difficile à rater. Son frère aussi, qui pour le coup, devait être connu de tout le lycée. Ou en tout cas, c'est ce qu'elle s'imaginait. Aussi seul qu'elle, Angelo incarnait pourtant aux yeux de l'adolescente qu'elle était tout ce que justement elle n'était, et n'avait, pas. Il lui donnait l'impression de faire ce qu'il voulait faire, de dire ce qu'il voulait dire sans se soucier de quoi que ce soit, de qui que ce soit. Il venait au lycée si l'envie lui en prenait, et Miho aimait imaginer tout ce qu'elle pourrait faire elle aussi si seulement elle avait un quart de son courage, de son audace.

Pendant quelques instants, Miho se demande si... lui aussi pourrait se souvenir d'elle ? La reconnaître ? Il la regarde avec une telle insistance que même l'interne remarque. Pourvu qu'il ne note pas ça. Enfin, se dit-elle, pour s'en souvenir, il aurait déjà fallu qu'il la voit tout court, ce dont elle doute franchement. Elle n'avait rien de particulier, rien de spécial à 15 ans. Maintenant, elle espérait bien que ça avait un peu changé, même si elle en doutait encore, parfois. Quoi qu'il en soit, son patient se reprit rapidement, enchaînant les remarques sarcastiques et les questions absurdes. Pourtant, ce n'est pas ça qui la prit de court, mais plutôt d'être si brutalement renvoyée à sa propre interrogation. Qu'est-ce qui, dans un premier temps, lui prit de la poser ? Était-ce l'adrénaline soudaine, une simple curiosité qu'elle n'a su contenir ? Miho ne se reconnaissait pas. Elle avait l'habitude de discuter avec ses patients, même de poser des questions personnelles qui n'avaient aucun but médical, parfois aussi dire une petite chose ou deux sur elle... Mais c'était toujours pris dans un certain cadre, toujours dans un certain but, même si non médical, au moins thérapeutique. Elle prit aussi conscience, avec un certain remord, de la basse vengeance de laquelle elle s'est rendue coupable plus tôt. Miho ne se permettait pas ce genre de choses, et en temps normal, elle serait la première à reprendre ses collègues pour moins que ça. Mais là, elle sentait bien que ce n'était pas un temps normal. "Miho, t'as pas 15 ans là, reprends-toi..." se dit-elle. Mais le fait que justement, elle n'avait plus 15 ans, et qu'elle faisait et disait à présent des choses qu'elle n'aurait jamais osé avant, n'était pas une sensation entièrement désagréable.

Par contre, maintenant, il fallait l'assumer. Revoir ainsi son ancien camarade de lycée, et pas n'importe lequel, avait certes un effet, mais il n'était pas le seul responsable ; Miho aussi est rentrée en plein dedans. Il répondit tout de même à sa question, et elle s'en voulut d'autant plus. Quand un médecin en blouse blanche se penche sur vous et vous pose une question, vous y répondez, que vous en ayez envie ou pas. Heureusement, il se défendait, mais Miho se dit qu'elle ne pouvait en faire de même cette fois-ci. Reprenant sa casquette de professionnelle, qu'elle avait malencontreusement faite tomber pendant quelques instants, elle dit, un peu gênée de l'admettre :

"Je suis désolée Monsieur Bennett, je me suis juste demandée si je ne vous avais pas déjà croisé quelque part. Voilà, c'était bien comme ça. Ils pouvaient passer à autre chose. Plus qu'à donner quelques informations purement médicales et laisser son interne faire le reste. Il aurait déjà pu prendre la relève depuis un moment, une fois que le danger de mort était écarté, mais Miho enchaîna sans lui laisser en place une, s'armant de sa voix de docteur, qu'elle voulait aussi ferme et douce que possible : Je peux pas vous laisser vous lever. On vous garde encore jusqu'à ce soir au moins, et on verra vers... elle regarda la montre à son poignet, vers 20 heures si on peut vous libérer. Interdit aussi de fumer pendant au moins 48 heures ! Ses ordres étaient durs, elle le savait bien. Elle s'adressa ensuite à l'interne, lui donnant quelques indications supplémentaires pour la suite, et se retournant vers Angelo une dernière fois, rajouta, avec un sourire désolé : Restez allongé au moins quelques heures encore, et on repassera plus tard voir comment on pourrait vous faire prendre l'air.
Jay'
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Jay'
Dim 8 Déc - 22:00

Angelo
BENNETT

J'ai 31 ans et je vis à Chicago, aux USA. Dans la vie, je suis sans emploi fixe et je ne m'en sors pas trop mal parce que je suis un bosseur. Sinon, à cause de ma gaucherie légendaire et de mon côté solitaire, je suis célibataire mais je le vis plutôt bien (eh ouais).

Pour davantage d'informations sur le personnage, c'est direction le topic dédié.
Je ne peux pas vous laisser vous lever. On vous garde encore jusqu'à ce soir au moins, et on verra vers vingt heures si on peut vous libérer. Interdit aussi de fumer pendant au moins quarante-huit heures.

Sa sentence résonne désagréablement à mes oreilles, mon expression faciale prenant instantanément un air bien moins avenant. J’avais envie de croire que c’était une p*tain de blague mais malheureusement elle ne plaisantait pas. Je tique en faisant claquer ma langue contre mon palais puis resserre mes mâchoires nerveusement quand elle m’apprend que je dois rester sous surveillance à cause de ma foutue blessure. Qu’elle s’attende à ce que je sois exécrable au possible si je ne clope pas, car son annonce de ne pas pouvoir fumer pendant quarante-huit heures me fait déjà monter les nerfs. J’avais beau ne pas être un gros fumeur, j’avais tout de même besoin de ma drogue pour calmer mes ardeurs.

Je tire littéralement la tronche et, lorsqu’elle me sourit, tout ce que je peux lui renvoyer est un regard lourd de sens : je suis absolument contrarié et je compte bien le lui faire savoir. Mais je sais que mon attitude, aussi détestable soit-elle, ne changera en rien sa décision. Elle est toubib, je suis son patient et son devoir est de me soigner, de veiller à mon bien être, au risque de se faire taper sur les doigts pour mauvais suivi.

- « Et vous comptez faire quoi pour m’empêcher de péter une durite ? J’risque pas de pioncer avec ça, alors démerdez-vous pour trouver de quoi me shooter si vous voulez avoir la paix. »

Elle devait bien savoir ce que ça faisait, un humain en manque de nicotine, puisqu’elle était médecin, hein ? Elle me zieute encore, j’en fais de même, avec mes cernes prononcées prouvant mon manque évident de sommeil. J’ai toujours éprouvé des difficultés à m’endormir et ce, depuis le lycée. D’ailleurs, en pensant au lycée, je me remémore seulement maintenant sa « confidence » précédente concernant le fait qu’elle pouvait m’avoir déjà rencontré. Je n’ai pas vraiment connu de nanas dans ma vie, et les seules que j’ai croisées n’ont fait que m’accueillir chaleureusement entre leurs cuisses l’espace de quelques nuits. Une minette de son genre, je n’aurais pas pu la louper car, avouons-le, elle sortait du standard de base. Comme il y en avait bien une qui m’avait tapé dans l’œil à une époque lointaine, celle justement de mon adolescence.

Le lycée. Une épopée formidable pour certains, véritable calvaire pour d’autres. Pour moi, ce passage n’avait pas été le plus fameux car synonyme de casse-pipe puisqu’il fallait faire ses preuves. Il fallait être à la hauteur de son aîné qui était passé par là auparavant, laissant derrière-lui une marque indélébile sur son sillage. Mister Intello, Mister Handsome, Mister j’ai beaucoup de qualités et ça gonfle mon orgueil. Elève remarquablement studieux et à la hauteur des espérances d’il papà e de la mamma, il avait tout pour lui. S’il était le majestueux cygne blanc, j’étais le vilain petit canard car tout nous opposait, tant physiquement que mentalement. A tel point qu’on nous demandait souvent si on était vraiment frères. Eh quoi, parce qu’on ne se ressemblait pas, on ne faisait pas partie de la même famille ? C’était quoi ces conneries ? Les frères et sœurs devaient-ils obligatoirement avoir la même tronche ? En vérité, j’étais « content » de ne rien avoir en commun avec, parce que j’avais fini par ne plus l’apprécier au fil du temps. La jalousie n’avait rien à voir là-dedans, seulement, il me repoussait de manière inconsciente dans mes retranchements, faisant grandir en moi un sentiment d’infériorité que je ne supportais pas.
Il était grand, blond, aux yeux d’un bleu cristallin ; j’étais petit, plus que brun, avec des iris noisette tirant scandaleusement sur le mordoré. Entre les deux, le choix était vite fait car je n’ai pas toujours été proportionné tel que je le suis aujourd’hui. Les surnoms, dans mon enfance, étaient nombreux car avant de devenir « Angie la Terreur des Bacs à Sable » après ma rébellion, j’étais surtout « le petit gros au fond de la classe », ou encore « Bouboule » voire « Nain Dodu ». Si au départ je n’avais pas su répondre aux menaces en subissant l’infâme courroux de ces petits merdeux en culotte courte, je m’étais rapidement décroché des basques de celui qui me servait de grand-frère pour leur refaire le portrait. Ils avaient eu beau me traiter comme une sous-merde, je n’étais pourtant pas bête pour un sou mais au gré des années, avec les incessantes remarques et comparaisons, j’avais fini par me désintéresser de l’enseignement. Puisqu’ils voulaient tant que je lui sois inférieur, alors allons dans leur sens, si ça pouvait leur faire plaisir. Et c’était des « Angie, ressaisis-toi », « Angelo, si tu n’es pas davantage sérieux, tu n’iras pas bien loin », « Monsieur BENNETT, vous avez les capacités, faites un effort ! ». Je vous emmerde, et tous. Ce n’était pas une fois qu’on avait chié dans son falzar qu’il fallait le baisser. Il était déjà trop tard quand j’avais pris ma décision, il aurait peut-être fallu réagir plus tôt pour se rendre compte, tous autant les uns que les autres, que mettre quelqu’un sur un piédestal n’avait rien de bon, surtout s’il s’agissait d’un des gosses de la fratrie. Et le pire là-dedans, c’est que mes propres parents n'avaient pas réalisé leur erreur. Alors je passais pour le branleur de service, mais aussi pour un gamin à la mauvaise réputation quand j’avais eu le malheur d’utiliser mes poings pour une juste cause. J’étais impulsif et toute forme d’abus me sortait par les yeux. Pourquoi n’avait-on pas le droit de faire payer à ceux qui foutaient le bordel autour d’eux, qui osaient, par exemple, se permettre de pratiquement violer leur « petite copine » alors qu’elle n’était pas consentante ? Je préférais passer pour un « bad boy » en ayant fait justice plutôt que pour un gentil garçon gangréné jusqu’à la moelle.

Cette désastreuse notoriété m’avait collé au cul jusqu’au lycée, là où j’avais définitivement décidé de suivre mon propre chemin, de commencer à m’opposer sur plusieurs plans, quitte à gâcher encore davantage mes relations avec mes parents qui ne comprenaient pas ma façon de voir les choses. Qu’est-ce que ça pouvait bien faire que je clopais et que je m’étais laissé pousser la tignasse ? J’étais laid comme ça ? Tant mieux, j’attirerai sûrement moins les cons de cette façon, c’est ce que je m’étais dit. Mais il y en avait toujours eu quelques uns ou quelques unes pour vous courir derrière. Si certains détestaient les gars de ma trempe – sans même me connaître car ils se gouraient sur toute la ligne avec leur fichue étiquette à la mords-moi le nœud –, d’autres trouvaient la désinvolture attrayante. Pour moi, il n’était pas question de me donner un style, je vivais simplement comme je l’entendais. Je ne demandais rien à personne et à partir du moment où on ne venait pas me chercher les noises, je restais à ma place, tel un fauve tapi dans l’ombre. Ma seule consolation, celle qui m’avait fait tenir jusqu’au bout, c’était elle.

Miho.

Il n’y avait pas une masse d’asiatiques dans ce lycée Chicagoan, et encore moins qui se démarquaient autant qu’elle, même si elle était métisse. Du moins, à mes yeux. Alors je m’étais accroché à ses prunelles, subjugué par sa belle chevelure sombre et sa peau d’albâtre. J’avais secrètement jeté mon dévolu sur sa personne, sans qu’elle le sache, parce que ces choses-là ne se disaient pas : elles faisaient partie de mon intimité la plus profonde et personne ne devait le savoir. Pas même les quelques connaissances les plus proches – plutôt que véritables amis – avec lesquelles je traînais. Comment une simple créature humaine pouvait faire naître autant d’émotions en moi ? Pourquoi elle, d’ailleurs ? J’avais rechigné à l’admettre, mais elle avait volé mon cœur : « Angie le truand » avait le béguin.

Mais le passé appartient au passé. Il était peu probable que je la rencontre de nouveau aujourd’hui puisque, d’après ce que j’avais compris il y a plus de dix ans, elle avait quitté le pays du jour au lendemain. Il avait fallu que je l’oublie, que je panse ma blessure comme celle d’aujourd’hui qui devra cicatriser avec le temps, sûrement avec une certaine lenteur au vu de sa profondeur.

- « Puisque vous allez être mon toubib personnel pour les jours à venir, et que c’est vous qui m’avez ramassé à la petite cuillère, je crois que je mérite de connaître votre petit nom, hm ? Vous pouvez au moins me faire cette faveur, Doctoresse. Vous pourrez considérer qu’on est à égalité et que ça me fera peut-être oublier la punition que vous me faites subir. »

Rétorque-je avec une audace frisant dangereusement l'effronterie, sans la quitter des yeux. Et aussi étrange que ça puisse paraître, Madame blouse blanche a exactement les mêmes mirettes qu’elle.
Aconit
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Hier à 11:27

Miho Motsuzuki
J'ai 30 ans et je vis à Chicago, Illinois, USA. Dans la vie, je suis résidente en médecine au Kindred Hospital Chicago North et je m'en sors plutôt bien. Sinon, entièrement par choix, bien évidemment, je suis célibataire et pour l'instant, ça va.

Informations supplémentaires : fiche personnage ici.


Alors qu'elle était sur le point de partir, la voix d'Angelo et son regard assassin, que Miho réinterprète, peut-être à tort, comme boudeur, la retiennent. Elle a presque l'impression, malgré l'air que son patient prend ou ses mots, ses ordres même, qui peuvent paraître durs, d'avoir face à elle un petit garçon qui la retient par la manche pour ne pas qu'elle s'en aille, qu'elle reste encore un peu. Est-ce la réalité ou un moyen qu'elle trouve pour se défendre des mots et actes de ses patients les plus revêches importe peu au final, se dit-elle, tant que ça lui permet de continuer à faire son travail sans que l’un ou l’autre se retrouve encastré dans un mur, même si le risque est en général plutôt encouru par Miho que par ses patients, face à elle en tout cas.

Elle continue de lui sourire, les mains dans les poches, attendant d'être sûre qu'il ait fini de se plaindre et de râler avant de lui répondre. Maintenant que l'image du petit garçon a traversé son esprit et commence de plus en plus à s'y inscrire, mais aussi qu'elle est persuadée d'avoir de son côté la sécurité de l'anonymat, Angelo lui paraît tout de suite beaucoup moins intimidant. Quelque part, il lui fait même penser à son père - cassant et impérieux, vif et tranchant, surtout lorsqu'il se sait blessé, impuissant, lorsqu'il est forcé de lâcher un peu de ce contrôle auquel il s'attache comme à une bouée. Dans ces moments-là, la seule chose que pouvait faire Miho était attendre, patienter, le laisser s'épuiser tout seul, comme une bête qui tourne en rond dans sa cage en montrant des dents jusqu'à comprendre qu'elle ferait mieux d'économiser ses forces. Miho aussi avait appris à préserver les siennes.

"Mon collègue est en pleine session d'examen, il peut toujours vous raconter ses cours d'anatomie microscopique... Vous trouverez le sommeil en un rien de temps et ferez même une bonne action en lui donnant une excuse pour réviser. Elle lança un regard à son interne, qui ne sut s'il devait prendre sa remarque avec humour ou appréhension. Monsieur Bennett, je ne vais pas vous faire l'affront de vous proposer des exercices de respiration et de relaxation, mais, elle se rassit en même temps sur le petit tabouret, lissant son pantalon noir sur ses genoux, réfléchissant sans doute à ce qu'elle pouvait bien lui dire qui ne le ferait pas effectivement péter une durite, je ne peux pas vous proposer autre chose, pas après une transfusion et les antalgiques qu'on vous a déjà administrés."

Miho n'oubliait pas qu'ils étaient toujours aux urgences, mais son expérience lui avait appris que le temps qu'elle prenait actuellement était la seule chose qui pouvait éventuellement lui en faire gagner par la suite. Elle détestait tenir ce rôle, celui de celle qui annonce les "mauvaises nouvelles". Elle ne lui annonçait pas une amputation non plus, c'était peut-être le pire de ce qu'elle avait à révéler, après la mort bien sûr, mais la position dans laquelle elle se trouvait était tout sauf confortable. Peut-être qu'il le verrait et lui accorderait même un peu d'indulgence, qui sait. En attendant, elle allait devoir accepter et faire avec son audace, ce qu'elle préférait tout de même aux mâchoires serrées et ordres aboyés.

"Oh, je ne me suis même pas présentée ? On a tendance à oublier nos manières, par ici. Si on se concentrait bien, on pouvait presque entendre un brin de reproche dans son ton. Elle ne se départit pas pour autant de son sourire. Je suis le Docteur Motsuzuki, elle pointa la poche de sa blouse, sur laquelle apparaît normalement son nom et prénom, et mon collègue, Docteur Townsend, qui est encore interne ici. Bizarre qu'il n'ait pas lu ça sur sa blouse déjà, pensa-t-elle, puis elle baissa la tête et constata que plusieurs stylos accrochés et oubliés dessus cachaient les lettres brodées. Elle lâcha un petit rire expiré, l’air de dire "suis-je bête", et les enleva, découvrant non seulement son nom mais aussi son prénom. J'espère que ça suffit à vous faire oublier l'horrible punition que je vous inflige, et sinon, je peux toujours essayer de vous trouver un livre ou des mots croisés..." Dit Miho en se relevant. Impossible à dire si elle faisait encore de l'humour ou si elle était sérieuse, cette fois.
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