Son bébé hurlant porté en écharpe, Gabrielle s'affaire dans la cuisine ce matin-là, préparant un biberon et les repas que l’enfant prendra chez la nounou au cours de la journée. Une main tenant bientôt le biberon pour alimenter l’enfant, elle s’évertue, de l’autre, à remplir un sac pour la journée. Le sien, heureusement, est déjà prêt, attendant dans l’entrée le moment de partir. Ne reste donc qu’à préparer celui de son bébé, en espérant ne rien oublier et avoir peut-être le temps d’avaler son thé qui refroidit sur la table de la cuisine.

Après une trop courte nuit, puisque Ella ne les fait pas encore et l’a réveillé pas moins de trois fois, la jeune maman est complètement épuisée. Bien sûr, on l’avait prévenu que ce serait le cas avec un enfant et des études, de surcroît, mais elle n’a pas vraiment eu le choix. Si Parker n’avait pas décidé de la planter pendant la grossesse, elle n’en serait pas là. Enfin, pas sûr qu’elle aurait pu continuer à Yale malgré tout et elle ne serait peut-être pas beaucoup plus en forme, mais elle aurait quelqu’un sur qui compter. En attendant, il avait préféré s’enfuir, ne pas reconnaître l’enfant et, pendant qu’elle jonglait entre les cours et les couches, il poursuivait tranquillement ses études et ses soirées alcoolisées.

Une fois Ella nourrie et son propre thé complètement gelé avalé de travers, Gabrielle installa soigneusement le bébé dans son siège auto avant de prendre la route, direction la maison de la nounou à deux pas de l’université. L’enfant s’endormant rapidement, Gabrielle conduit en silence alors qu’il est encore tôt, baissant au minimum le son de la musique en jetant par moment des regards à l’enfant par le biais de son rétroviseur.

Déposant rapidement sa fille qui dort encore et qu’elle ne reverra pas avant le soir-même, Gabrielle jette un regard à sa montre et se hâte de gagner l’université. Elle est déjà en retard, comme plusieurs matins depuis la rentrée, déjà. Non pas qu’elle le fasse exprès mais quand on a un enfant… Les matins sont bien moins réguliers et maîtrisables que ne le sont ceux des étudiants lambdas. Une chance que le professeur de psychologie, bien qu’il ne sache à priori rien de ses raisons, soit une crème.

Entrant dans l’amphithéâtre en s’excusant alors que le cours vient tout juste de commencer, elle fonce prendre place en bout de premier rang, sortant ses affaires pour se mettre au travail.