Toute la nuit fût délicieuse, voluptueuse et sensuelle à souhait, car après ce premier corps à corps aussi bouillant que de la lave en fusion, le couple ne s'arrêtait pas là enchaînant les moments de pur plaisir. La douche fut prise d’assaut au moins deux fois, le salon également qui n’avait sûrement jamais connu une telle activité physique et même la table de la salle à manger avait été mise à profit. D’ailleurs le duo avait mis un peu trop d’ardeur dans leur rapport de sorte qu’à un moment, ils s’étaient demandés si le pauvre meuble de chez ikéa allait céder. C’était peut-être une bonne idée de suggérer à l’enseigne de tester leur meuble avec des couples tout feu tout flamme. Toujours est-il que Franck et Hannah s'étaient endormis dans les bras l’un de l’autre au petit matin, rassasié pour l’heure, mais sans doute jamais contenté.    

Les jours s'enchaînent dans la joie et la bonne humeur, la rouquine passant de plus en de temps chez son beau technicien en informatique, de sorte que plusieurs de ses affaires sont restées chez lui. Quelques vêtements, une brosse à dent, une paire de chaussons lapins ou encore un peu de lingerie, bref elle s’étale un peu et elle se dit qu’il faudra qu’elle lui touche un mot de cela, voir si ça ne la gêne pas. Elle se dit aussi qu’il faudrait qu’elle présente Franck à ses parents, qui se doute qu’elle voit quelqu’un mais… Ils ne s'attendent pas à ce qu’il s’agisse d’un homme de trente ans issu de la classe moyenne, connaissant son père et sa mère, ils doivent s'imaginer qu’il s’agit d’un jeune homme de vingt cinq ans, fils de riche comme elle.  La seule personne de son entourage à qui elle n’a pas eu peur de parler de Franck, c’est son grand-frère qui se fiche comme elle du statut social d’une personne, mais qui lui à hélas confirmé que ça risquait de ne pas plaire à ses parents.

Pour l’heure Hannah réfléchissait donc à la meilleure façon d’aborder les choses avec eux et le temps passant, décembre arriva et avec ce mois marquant la fin de l’année, un problème de taille se dressa sur le chemin de Nana. Cela faisait déjà plusieurs jours que la jeune femme se sentait mal, très fatiguée et souvent avec des nausées ou révulsée par certains aliments, en plus de ça, sa poitrine était devenu très sensible elle s’était transformé en pisseuse. Tous ces symptômes auraient dû lui mettre la puce à l’oreille, mais c’est seulement en voyant une immense affiche pour une pub de couches pour bébé, alors qu’elle revenait de l’université que le déclic se fit.

Plusieurs passants se virent sursauter en l’entendant beugler un juron assez violent.  

Le cœur battant à tout rompre, elle était aller acheter trois tests de grossesses et deux litres de thé à la pêche, histoire d’avoir de quoi donner aux petits bâtons en plastique qui allaient donner leur verdict, avant de s’enfermer dans les toilettes d’un centre commercial. Quand elle en ressortit, la rousse était pâle comme un linge est complètement hébétée, elle marcha un moment au hasard dans la galerie marchande l’esprit complètement vide tentant de réfléchir à la démarche à suivre… Dans le fond, elle savait quoi faire, mais elle avait une trouille bleu de le lui annoncer, ne sachant même pas si elle voulait garder ce bébé, d’autant plus que ça faisait à peine cinq mois qu’ils étaient ensemble…

Hannah ne l’avait pas averti de sa visite encore sous le coup de la nouvelle qu’elle venait d’apprendre, ça ne lui était pas venu à l’esprit. Fébrile, elle toqua trois fois, attendit en tremblant qu’il ouvre la porte et quand elle découvrit son visage souriant, sûrement heureux de cette visite surprise, les larmes se mirent à dégouliner sans qu’elle ne puisse rien maîtriser. Néanmoins et voyant qu’il avait amorcé le geste pour la prendre dans ses bras, la jeune femme lui fit signe que non, parce qu’elle ne supporterait pas s’il venait à la repousser après son annonce, alors…

— Je suis enceinte…

Ce serait mentir de dire que, durant cette nuit-là, nous avons dormi.
Disons, plus justement, que, tout comme la lune, nous nous sommes couchés à l’aube. La nuit, elle, enveloppait dans ses volutes les secrets de ces heures sulfureuses, les cachant parmi les étoiles en de délicieux souvenirs à notre attention seule.

En effet, pour parler un peu plus crûment à destination de nos quelques lecteurs déçus, nous avions “baptisé” une bonne partie de mon appartement… Insatiables, oui, nous l’avons été, pour notre plus divin plaisir.

Ainsi, après une matinée de sommeil plus que mérité, nous avions passé la journée à lambiner dans d’innombrables gestes d’affection avant que le soir ne succède à la journée, faisant place à bien plus de douceur et de sensualité que la veille. Cela ne signifie en rien que nous n’avons pas de nouveau étudié les possibilités offertes par mon lit, mais, simplement que cela c’était traduit par plus de câlin, d’huile de massage et de tendresse.
Bref, je n’en dirais pas plus.

Le temps passe, enchainant les jours sans Hannah et les jours avec, ses présences étant de plus en plus rapprochées, parfois allant jusqu’à deux nuits de suite, certaines affaires d’ordre pratique commencent à s’entasser doucement. J’aime cela, la voir envahir mon espace petit à petit. Alors, je libère quelques cintres dans la penderie, une étagère dans l’armoire, un demi tiroir à sous-vêtements. Je lui ai trouvé un verre pour sa brosse à dents et il y a toujours un peignoir et une serviette, accrochés pour elle dans la salle de bain.
Je lui ouvre ma porte comme je lui ai ouvert mon cœur.

Ainsi, les semaines s’enchaînent, les mois se suivent et nous planons sur un nuage.
Jusqu’à ce que l’on frappe à ma porte. Souriant, je vais ouvrir car même si aucun message ou appel ne m’avait prévenue de sa venue, j’étais certain qu’il s’agissait d’elle.
Seulement, je m’attendais à un visage plus souriant que celui de ma chérie au bord des larmes. Naturellement, je vais pour la prendre dans mes bras et la réconforter, mais elle se recule, me barrant le chemin de ses bras.
Alors, elle exprime ce qui la terrifie.
Alors, je reste stoïque, le cerveau en reboot automatique.

J’ai trente ans, elle en a vingt-trois et elle m’annonce être enceinte. Dans ma tête, ça fourmille, suis-je bien le père ? Immédiatement, je m’écœure à penser cela, je suis sûr de sa fidélité, je le sens au fond de moi. Ensuite, suis-je prêt à être père, en ais-je seulement envie ? Plus trard ça, pour le moment, il y a une autre urgence.

Je pose la main avec tendresse sur son épaule.

Entre ma belle ! Dis-je doucement en l’accompagnant dans mon repaire. Installe-toi sur le canapé, je t’apporte un verre d’eau et on va discuter tranquillement, ok ?

Ma première mission, c’est celle-ci.
La rassurer !
Ensuite, on verra…

Oui, elle aurait sans doute pu y mettre un peu plus les formes, mais comment mettre des formes à une nouvelle pareille ?! S’ils avaient décidés d’un commun accord d’avoir un enfant, peut-être bien que la jeune femme aurait pu réfléchir à ces putains de formes qu’elle aurait pu utiliser, mais ce n’est pas le cas. Ça lui était juste tombé sur le coin de la gueule et elle allait devoir faire de son mieux pour composer avec, enfin, ils allaient devoir faire de leur mieux pour composer. La rouquine n’était après tout pas seule sur cet étrange bateau dans lequel elle avait embarqué sans le vouloir, emportant Franck dans son sillage. Enfin en théorie, dans la pratique il pouvait très bien lui fermer la porte au nez et la laisser se démerder avec le petit alien qui s’était logé dans son bidou. C’était déjà arrivé après tout, un homme qui jure vous aimez quand c’est tout beau tout rose et quand ça devient moins édulcoré, il n’y a plus personnes. Alors après son annonce, plus que maladroite avec du recul, et quand elle le voit complètement bugger, Nana se met à trembler toujours plus fort attendant le couperet pendant que ses larmes continuent de couler. Finalement, il semble reprendre vie et pose tendrement une main sur l’une de ses épaules, Hannah aimerait bien se jeter dans ses bras pour y pleurer tout son saoul, mais elle se doute que Franck aussi doit encaisser la nouvelle. Hannah se contente donc de hocher la tête, suivant ensuite en silence son petit-ami à l’intérieur de cet appartement qu’elle connaît maintenant comme sa poche.

Prenant place sur le canapé et pendant que Franck va lui chercher un verre d’eau, même si elle aurait bien besoin de descendre une bouteille de vodka en l’instant, ce qui n’est pas une bonne idée dans sa condition. Toujours est-il que pendant une fraction de seconde, Hannah tente de visualiser sa vie avec un enfant, de visualiser une famille avec l’homme qu’elle aime dans cet appartement. Elle se pose aussi un milliard de questions la rouquine. A quel moment ils se sont foirés avec les préservatifs ? Si ce n’est pas les capotes, sa pilule devait être une sacrée daube pour lui avoir collé un polichinelle dans le tiroir. A moins que Franck n’ait des supers spermatozoïdes ultras performants et ultra fertiles ? Si elle le garde, est-ce qu’il lui en voudra ? Si elle ne le garde pas, est-ce qu’il lui en voudra ? Bordel et ses parents, ils vont faire un arrêt cardiaque s’ils apprennent son état, ou qu’ils découvrent qu’elle a été enceinte si elle ne souhaite pas le garder.

La jeune femme sort de ses pensées, sursautant légérement quand Franck revient avec son verre d’eau et le lui tend. Hannah lui jette un regard bourrés d’excuses de lui infliger ça, même s’il a aussi participé à ce changement chez elle, mais elle à quand même le sentiment que c’est de sa faute.  

— Je… Je suis désolé, je me doute que tu devrais t’attendre à autre chose en me voyant débarquer ici…

Hannah boit son verre d’une traite avant de se lever, impossible pour elle de rester en place, bien trop nerveuse, bien trop fébrile par ce qui lui arrive.

— J’ai fait… J’ai fait trois tests de grossesse, bafouille-t-elle en faisant les cent pas dans le salon. Ils étaient tous positif, bien sûr il faudra une prise de sang pour confirmer mais… Mais vu les symptômes que j’ai… Il n’y a pas vraiment de doute à avoir.

Puis, sous une impulsion, la jeune femme retire son pull avant de soulever son t-shirt laissant entrevoir malgré ses formes bien prononcés, le début d’un petit bidon bien rond. Ça aussi ça ne laisse que peu de place aux doutes…

— Co… Comment je n’ai pas pu voir un truc pareil…