Alors, je rabats la couette sur nous pour venir enlacer ma belle. Je viens me coller dans son dos, passant un bras sur son ventre et lui mordillant l’épaule tendrement.

Reprenons des forces alors ! Soufflais-je avant de poser la tête sur l’oreiller, le nez planté dans sa nuque pour profiter pleinement de son parfum.
Cela faisait des semaines que ce contact me manquait et, enfin, je l’avais !
Enlacés, nus, l’un contre l’autre dans la chaleur de mon lit, enfin !

Enfin, elle était de retour !

Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis que Hannah était de retour dans la vie de Franck et vice versa, plusieurs semaines à apprendre à vivre avec l’autre et où chacun devait prendre ses marques. Bien sûr il y avait eu sont lots de disputes et de tensions du quotidien, quels couples n’en avaient pas après tout, mais heureusement à côté de ça il y avait tous les autres petits bonheurs et joies de la vie en générale et de ceux d’avoir l’être aimé près de soi. Après son départ de chez ses parents, ses derniers lui avaient bien sûr coupé les vivres et annulé son inscription à dans son école de business, de toute façon même s’ils n’avaient pas annulé, elle n’aurait plus eu les moyens de payer, ni l’envie de payer. De fait, la rouquine avait réussi après de longues recherches à trouver des cours en ligne de design d’intérieur pour avoir la base, car le métier de décoratrice d’intérieur peut-être pratiqué sans diplôme. A côté de ça et pour mettre du beurre dans les épinards, la jeune femme donne des cours de piano à gauche et à droite et répond à des annonces de personnes cherchant des illustrateurs pour des missions uniques. Tout en gérant le quotidien avec son compagnon, de quoi bien l’occuper.

Même si ces derniers temps Nana est de plus en plus fatiguée, il ne lui reste plus que deux mois avant l’accouchement et cela commence à peser sur son corps qui lui semble être devenu bien lourd. De sorte qu’elle commence à avoir de plus en plus hâte d’accoucher pour voir enfin l’alien, tout en étant stressé par cette perspective. Toujours est-il qu’en ce week-end de relâche, il est enfin prévu que Hannah rencontre les parents de Franck, qui ont très hâte de la découvrir d’après les dires de son compagnon. Du coup, la rouquine est allée chercher un joli bouquet de fleurs pour la maman de Franck et la bière pour son père et a réalisé un gâteau aux fruits pour tout le monde.

— Tu crois que ça ira ? demande-t-elle en rejoignant son compagnon se battant avec le montage du berceau. J’ai pris de la bière pour ton père et un bouquet pour ta mère en plus du gâteau.

Hannah stressée ? Oui complètement, elle sait que les parents de Franck et les siens n’ont rien à voir, mais elle a encore en tête la débâcle que ça avait été. Elle vient ensuite s'asseoir sur le fauteuil du bureau avec cette démarche en canard à cause de son ventre de plus en plus imposant.

— Tu t’en sort avec le berceau ? Je peux t’aider au besoin.

Franck est vraiment au petit soin avec elle et a un peu trop tendance à prendre trop de choses en charge. Certes, elle est fatiguée et subit pas mal de désagréments, mais elle n’est pas encore en sucre, d’ailleurs elle lui jette un coup d'œil qui en dit long.

Ma vie avait maintenant totalement changé et, ce n’était pas près de s’arrêter puisque, dans quelques mois, nous serions trois.
Pour l’heure, nous en étions aux recherches pour un nouvel appartement plus vaste et, dans l’attente de trouver, nous réaménagions un peu mon logement.

Depuis plusieurs semaines maintenant, Hannah avait quitté ses parents qui lui avaient alors coupé les vivres. Fort heureusement, mes économies allaient nous permettre de voir venir et, malgré mon avis contraire, ma compagne s’était trouvé des petits boulots. Si nous nous étions engueulés à ce sujet, la finalité était un compromis acceptable pour tout le monde. Elle donnait des cours de piano et faisait des maquettes et des illustrations. Rien de véritablement physique donc, ce qui me convenait du fait de sa grossesse.

Il était prévu que mes parents viennent diner ce soir et, Hannah avait absolument tenue à leur faire des cadeaux. Ainsi, elle me montrait le bouquet et la bière qu’elle avait trouvée. Passant le regard par-dessus le berceau en cours d’assemblage, je lui lançais un sourire.

Ce sera parfait ma puce ! Tu vas surement avoir droit à la blague de mon père qui va dire que tu essaies d’acheter sa sympathie, mais il sera content, je t’assure !

Mes parents étaient des gens plutôt simples. De la classe moyenne, ils avaient toujours vécu en étant satisfaits de ce qu’ils obtenaient. La richesse n’était pas pour eux et n’avait jamais été dans leurs aspirations. Ils avaient fait quelques voyages, avaient une maison agréable et plus de crédit et ils se satisfaisaient toujours de choses simples, préférant de bons moments en famille ou entre amis que de fastueuses croisières, par exemple.

Ouaip, je veux bien que tu me tiennes le panneau qui est là, pendant que je visses tout ça ! Dis-je en croissant le regard de ma compagne.
Ce regard me déconseillait très clairement de refuser son aide.

C’était mignon d’observer Franck en train d’assembler le berceau et devant ce genre de scène la rouquine avait comme un très grand regain de tendresse à l’encontre de son compagnon. Sans doute parce qu’il était impliqué dans tout le processus et que ça faisait forcément très plaisir à la demoiselle autant que ça l'a rassurée. Même si pour l’heure, elle commence de plus en plus à stresser à l’idée de rencontrer ses beaux-parents, bien que le futur papa lui ait répété que les futurs grands-parents étaient des gens charmants et simples, bah… Elle est nerveuse et elle sera sûrement plus tranquille quand le moment de la rencontre sera passée et qu’ils en seront à prendre l'apéritif tous ensemble.

— Oh ? Si j’avais vraiment voulu acheter sa sympathie, je lui aurais payé une activité en brasserie pour faire sa propre bière.

Mais ça aurait été beaucoup moins subtil que la bouteille, si tenté que la bouteille de bière soit vraiment une preuve de subtilité. Non, les parents de Franck la verront venir à des kilomètres à la ronde avec ses cadeaux, même si ça fait partie d’un genre de rituel par lequel le futur beau-fils ou la futur belle-fille se doivent de passer. Hannah lui propose ensuite son aide au sujet du berceau, bien que proposer soit un bien grand mot, car le coup d'œil qu’elle jette à son compagnon lui fait comprendre que refuser sera mal pris.

— Très, très bonne réponse doudou, dit-elle en riant tout en se relevant.

Après quelques pas, Nana l’a rejoint et tient le panneau en question. Observant à nouveau son chéri s’affaire à visser, deux choses viennent en tête de la rouquine, deux choses importantes, même si l’une l’est bien plus que l’autre.

— Tu sais quoi, je me rends compte qu’on a anticipé vraiment pleins de trucs pour la naissance de l’alien, franchement on a géré jusque là pour deux personnes qui ont oublié à un instant T très précis de mettre une protection. Tout ça pour dire qu’on a pas réfléchi à un prénom.

Heureusement qu’elle y pense, ils auront eu l’air bien con lorsque la question fatidique du : “Alors comme il s'appelle votre alien ?” leur aurait été posée et qu’ils auraient regardé le personnel médical comme des poissons rouges. La seconde chose étant bien moins importante que celle-ci.

— L’autre truc c’est que je me dis qu’on devrait se prendre quelques jours loin de la grande pomme, avant que je sois trop énorme pour me déplacer sans devoir rouler.

Hannah avait pas mal d’économies devant elle, grâce à papa et maman qui avait fourni son compte en banque sans se douter qu’un jour elle prendrait la clé des champs avec un type qu’ils réprouveraient. Tout ça pour dire que ça leur ferait sans doute du bien de se mettre un peu au vert, encore plus pour Franck qui bossait comme un dingue.

— Tu en penses quoi ?

J’éclatais de rire lorsqu’elle suggéra qu’elle aurait offert un séjour en brasserie à mon père si elle avait vraiment voulu l’acheter.

Ah ! Là, c’est sûr qu’il t’embrasse ! Gloussais-je avant d’accepter son aide pour le berceau. Me confirmant que j’avais correctement répondu, je lui souriais avant de pouvoir visser le panneau plus confortablement, il faut l’admettre. Pendant ce temps, elle annonce avoir pris conscience de pas mal de choses.
Tout d’abord, elle trouve que nous avons plutôt bien géré les choses jusqu’à maintenant, surtout pour des étourdis ayant oublié un tout petit détail dès nos premiers ébats. Cependant, la fin de sa réflexion me prit de court par sa vérité flagrante.
Nous n’avions, ni l’un, ni l’autre, réfléchis à un prénom.

Euuuh ! Je croyais que tu avais choisi “Alien” moi ! Plaisantais-je en faisant référence au surnom qu’elle lui avait donné. Tu as raison, il va falloir qu’on y pense !

Par la suite, elle suggérait que l’on se prenne quelques jours de congés, loin de New-York. Suspendant mon geste, je réfléchissais quelques instants avant de lui sourire.

Très bonne idée ! J’ai un collègue, il y a quelque temps, qui m’avait parlé d’un chouette chalet dans le Great Swamp National Park. C’est à l’ouest de New-York, à même pas deux heures de route. Un grand chalet isolé, au bord d’un lac…Cela pourrait-être sympa et tranquille. Proposais-je juste avant que la sonnette ne retentisse.

Ah ! Voilà les parents ! Lançais-je en abandonnant mon tournevis pour aller ouvrir. Phil et Miriam avaient beau être de classe moyenne, ils avaient toujours été ponctuels. Ainsi, à l’heure prévue, ils étaient à la porte.
Je les accueillais donc, souriant, embrassant ma mère avant d’échanger une franche poignée de main avec mon père.

Où elle est ! Aaaaah ! S’exclama-t’elle en se précipitant vers ma compagne. Hannah ! Ma chérie ! Je suis ravie de te rencontrer ! Lança-t’elle en la prenant dans ses bras

— Ah ! J’en prends bonne note, pour lui faire ce cadeau un jour, pas pour le potentiel bisou, dit-elle en riant. Je préfère quand même quand c’est son fils qui se charge de ça.

Hannah lui parle ensuite du fait qu’ils se sont bien débrouillés au sujet du futur bébé, a peu de choses près tout est près pour recevoir l’alien. Il y aura sûrement des détails de dernières minutes, mais rien de bien affolant cependant. En revanche, le gros détail qu’ils ont quelque peu zappé, c’est de trouver un futur prénom à ce petit être humain.

— Alien Chaumont ? Ça sonne assez exotique je trouve, on sera les parents les plus originaux de la maternité ! Méditons la question chacun de notre côté, tu réfléchis à un prénom de fille et un prénom de garçon et je fais de même et dans quelque jours on met en commun.

Autant qu’ils se limitent dès le départ, ce sera plus simple après pour faire un choix définitif. La rouquine propose ensuite à son compagnon quelques jours de repos loin de New-York, ça ne leur fera pas de mal avant l’arrivée du bébé, parce qu’après la naissance il va se passer un peu de temps avant qu’ils puissent reprendre quelques vacances. L’idée semble plaire à Franck.

— Oh c’est sûr qu’il n’y a rien de mieux que de se perdre dans la nature dans le confort le plus total pour se ressourcer. Tu penses que tu pourras avoir facilement des congés ?

L’instant suivant ça sonne à la porte, ce qui veut dire que les parents de Franck sont arrivés et autant dire que le stress vient pointer à nouveau le bout de son nez. Inspirant et expirant doucement, Nana sort du bureau de son compagnon pour rejoindre le salon et venir se présenter. Cependant, elle n’a pas bien le temps d’aller loin que la future grand-mère vient à sa rencontre pour venir la saluer et l’enlacer.

— Le plaisir est pour moi, répond la rouquine en lui rendant son étreinte. Franck m’a beaucoup parlé de vous

C’est ensuite au tour du père de son compagnon de venir la saluer d’une étreinte et lui aussi semble ravi de faire sa connaissance, ce qui rassure beaucoup la jeune femme. D’ailleurs, elle s’empresse d’aller chercher le bouquet de fleurs pour madame et la bouteille de bière pour monsieur.

— Je n’essaie d’acheter personne bien sûr, glisse-t-elle avec amusement.