Adjugé pour Frack la Foudre et Nana la Rouquine ! Nous n’avons plus qu’à trouver un dessinateur et un scénariste et à nous la révolution des Comics ! Avais-je raillé.

Finalement, ma réponse à sa question gênante était bien passée, même si elle avait parfaitement compris que j’avais esquivé plus que répondu. En revanche, lorsqu’elle avoua que c’était une chance pour elle qu’aucune autre ne soit restée assez longtemps pour que je l’invite, un délicieux frisson me parcourra le dos.
J’avais comme l’impression qu’au-delà de la question, elle cherchait en fait à me faire du gringue. Cette impression se confirma lorsqu’elle répondait à ma question, avançant qu’elle avait trouvé mes genoux confortables, insistant sur le fait que cela n’était jamais arrivé avant.

Ravi que tu trouves mes genoux plus confortables que les sièges du métro ! Répondais-je en souriant.

Sa dernière question me fit sourire un peu plus encore.

A vrai dire, cela ne me parait pas étrange, non… C’est plutôt une bonne chose que je ne te fasse pas peur, cela nous permet d’être là, à faire connaissance…

Je n’étais pas particulièrement doué pour draguer, même plutôt minable, ce qui expliquait sans doute en partie mon célibat. J’avais envie de rétorquer que, si elle avait trouvé mes genoux confortables, j’avais trouvé ses fesses agréables, mais je doutais que cela soit bien considéré.
Aussi, je me penchais vers elle pour parler plus bas.

Il faut que je t’avoue t’avoir trouvé tout à fait charmante à la piscine… Et cela n’a pas été désagréable du tout de t’avoir sur les genoux.

— Un beau duo en perspective ! Mais nous n’avons pas besoin d’un dessinateur, je sais dessiner et en plus j’aime ça. Et même pour le scénariste, je suis sûr qu’on peut créer de belles histoires.

En tout cas, ce moment dans ce pub en compagnie de Franck démarrait sous de très bonnes auspices, il y avait de grande chance pour qu’elle lui propose qu’ils se revoient. Il faut le dire, ce n’est pas en un seul “café” que Hannah pourra se faire une vraie idée de l’homme face à elle? Un prétexte ? Absolument pas, c’est même une nécessité !

— Peut-être que tu devrais te reconvertir en siège de métro ? Propose la rouquine en riant. Tu serais bien sûr réservé aux VIP, tu aurais beaucoup de succès.  

Nana imagine brièvement la scène, ce serait bizarre de s'asseoir sur les genoux d’une ou d’une inconnue, aussi confortable que soit l’assise, ça serait gênant. Sauf visiblement dans le cas de Franck et Hannah, mais pour eux il fallait croire que c’était un peu spécial. Elle l'espère en tout cas.  

— Si tu m’avais fait peur, crois moi que déjà je me serais relevé et puis je t’aurais jeter un regard noir, comme ça…  

La rouquine plisse les yeux pour lui montrer à quel point elle pouvait avoir l’air méchante. Même si dans le cas présent, ce n’était pas très crédible avec son sourire beaucoup trop grand grand. Franck devrait d’ailleurs être flatté, c’est rare qu’elle sourit autant en compagnie d’un homme qu'elle vient tout juste de rencontrer.

L’instant suivant, quand Franck se penche vers elle pour lui parler plus bas, déjà le voir se rapprocher fait rosir ses joues et puis entendre sa voix presque chuchotant lui fait un drôle d’effet. Comme les fameux papillons dans le ventre et le cœur qui fait un bond dans sa poitrine. Clignant des yeux, la demoiselle met quelques secondes avant de reprendre la parole.

— Vraiment ? Qu’elle demande la voix un peu aiguë. C’est… C’est adorable merci…

Hannah gigote doucement sur son siège, retrouvant le sourire quand une idiotie lui vient en tête, ça devrait chasser la gêne en plus.

— C’est à cause de mes fesses ça, j’ai un bon derrière.

Elle rit doucement, bien que cela soit un fait, elle a toujours eu de bonnes fesses et globalement elle ne manque pas de forme.

— Mais toi aussi Franck, tu est très charmant…

Si tu fais les dessins, je m’occupe du scénario ! Lançais-je avec un engouement pratiquement réel.
Allez savoir, il y avait peut-être réellement un moyen de s’amuser et de se faire un peu d’argent avec ce duo de choc !

J’éclatais de rire lorsqu’elle me suggéra de me reconvertir en siège de métro. Aussitôt, l’image de gens faisant office de sièges dans une rame me vient en tête, déclenchant mon hilarité.

J’imagine la scène ! Riais-je. Je te préviens, je me mets un panneau autour du cou précisant que je suis réservé à Hannah ! Plaisantais-je.

Dans la foulée, j’observais son regard noir, impassible.

Tu aurais pu me jeter le regard noir que tu voulais, tu n’aurais pas battu le métro et son obscurité soudaine ! Très…convaincante en tout cas ! Raillais-je.

Au final, cet épisode dans le noir nous avait sacrément rapprochés, au sens propre comme au sens figuré. Cette double rencontre forcée, à la piscine puis dans le métro, nous avait permis de nous parler sans réelle barrière dès le début. Pour quelqu’un comme moi, pas forcément très à l’aise avec les femmes, c’était plutôt efficace. En effet, le plus difficile étant d’établir le contact, j’avais directement pu passer à l’étape suivante, la véritable rencontre, de personne à personne.

Mon dernier compliment la fit rosir légèrement avant qu’elle ne se tortille sur son siège en me remerciant. Afin de poursuivre dans cette discussion étrange mais loin d’être désagréable, elle émit l’hypothèse que si je n’avais pas trouvé désagréable de l’avoir sur les genoux, c’était grâce à ses fesses. Son rire, affirmant là une plaisanterie, m’emporta et je riais avec elle jusqu’à ce qu’elle avoue me trouver également charmant.

Afin d’essayer de ne pas paraitre surpris par cette révélation, je dis la première chose qui me vient en tête.

J’imagine que tes fesses y sont pour quelque chose, mais c’est le genre d’affirmation qui nécessite des tests pour être validée !

J’étais à moitié sérieux, à moitié gêné et à moitié hilare en lançant cela… Je sais, cela fait trop de moitiés.
Puis, ma phrase fit deux fois le tour de mon cerveau et je rougis.

Enfin, non, je ne veux pas dire que je dois les tester ! C’est pas ça, je ne veux pas… Enfin, si mais… Un court silence. Je vais me taire, je m’enfonce !

Une chaleur avait commencé à naitre dans mon ventre, formant une petite boule très dure. Terriblement gêné, je décidais de lâcher le morceau, quitte à ce que notre rencontre s’arrête là.

Tu me plais Hannah, beaucoup. C’est stupide parce que l’on se connait à peine, mais… Je haussais les épaules. Mais voilà !

L'engouement de Franck à cette histoire de comics est presque communicatif, de sorte que la jeune femme pourrait l’envisager comme un loisir sympa et elle pourrait le revoir sans devoir inventer un pretexte bidon ou un autre. Puis la rouquine esquisse un sourire en la voyant rire si fort à ses idioties, c’est agréable, en général les gens ne comprennent pas toujours ou n’arrivent pas à la suivre dans son délire. Sans doute parce qu’ils ont du mal à imaginer les choses, ou qu’ils manquent juste d'humour, les personnes qui gravitent autour d'elles sont parfois tellement sérieuses.

— Oh ? Dans ce cas je vais prendre un abonnement pour le métro, c’est rare que je l’emprunte, mais si tu me réserves une place sur tes genoux, ça change complètement la donne.

L’idée est un peu incongrue mais d’un autre côté, voyager sur les genoux de Franck jusqu’au terminus par exemple à ce quelque chose de presque grisant, excitant et aussi touchant. C’est étrange quand même, comment quelqu’un que vous connaissez à peine peut vous faire ressentir autant de choses ou vous donner le désir de plus. C’est ça un coup de foudre ? Hannah n’en sait rien, mais il n’y a rien de mal à se laisser porter.

— Hey, ce n’est pas sympa de se moquer, bougonne-t-elle en lui collant une petite tape sur le bras. Je t’assure que je peux être terrifiante quand je me mets en colère, prie pour ne jamais devoir subir mon courroux.

Rien que ça ! Bien qu’il soit vrai que lorsque Hannah Brown se met vraiment en colère, il vaut mieux se mettre à l’abri, parce qu’elle n’est pas du genre à mâcher ses mots et peut même utiliser ses poings si nécessaire. Elle n’avait pas hésité à coller une droite à un type qui n’avait eu de cesse d’embêter une amie alors qu’elles étaient en boîte de nuit, fort heureusement, Franck n’avait pas l’air d’être de ce bois-là. Plus ça va, plus elle voit qu’il est un bon gars. Preuve en est, il la complimenta, ce qui fit naître en elle plusieurs sentiments aussi agréables que déroutants, de sorte qu’elle lança une blague pour désamorcer son embarras. Si sur le coup son plan fonctionna, la réponse de Franck à sa boutade la plongea dans la confusion, elle savait très bien que c’était pour rire mais son esprit lui imposa une certaine image et… Et Franck qui trouva le moyen de s’enfoncer ne l’aidait pas, tout le visage de la rousse était désormais entré en fusion. Pour se donner une contenance, elle avala donc une longue gorgée de son milkshake qui était bien frais et l’aida un peu à faire redescendre la température de ses joues.  Cependant, l’homme n’avait pas l’air d’en avoir fini avec elle, quand il annonça qu’elle lui plaisait…

— C’est à cause de mes fesses avoue.

Nana esquisse un sourire, avant de laisser ses pupilles glisser sur le décor autour d’eux et de s’y perdre un peu avant de revenir sur Franck, mais de manière beaucoup plus sérieuse. Les yeux dans les yeux.

— Tu me plais aussi Franck, même si ça fais peur, tu l’as dis toi même, on se connait à peine mais… Mais ça vaut sans doute le coup de creuser, une rencontre qui te prend aux tripes de cette façon, tu n’en fais pas deux tous les jours.

Prise dans l’instant présent, Nana se penche par dessus la table voulant déposer une bise sur la joue de Franck, mais au lieu de ça, elle lui renverse sa bière sur le pantalon. Oups !

Je n'en doute pas, moi aussi je sais me mettre en colère. C’est rare mais il vaut mieux ne pas être dans le coin. Avouais-je, dévoilant ainsi une facette un peu plus sombre de ma personnalité.

La suite fut une série de malentendus et de dérapages incontrôlés. Entre sa plaisanterie et ma réponse maladroitement osée, nous étions tous les deux devenus écarlates. Si elle fila chercher à se calmer dans sa boisson, pour ma part, je cherchais que dire pour enrayer ce cercle infernal minable.

C’est finalement en avouant mon attirance que j’espérais atténuer l’incendie qui semblait nous bruler les joues à tous les deux. Hélas, cela ne me calmait pas vraiment puisque, après coup, je me dis que si ce n’était pas réciproque, elle me prendrait pour un charo…
A l’inverse, si cela l’était, je serais un parfait nul à ses yeux…
Après un long silence, les silences paraissant toujours démesurément longs dans ces moments-là, elle me lança une nouvelle vanne.

Euh !... Gros moment de doute. Je ne répondrai qu’en présence de mon avocat !? Plaisantais-je, espérant me sauver la mise.

Sauf qu’après avoir zieuté un peu les lieux, elle expliqua que je lui plaisais moi aussi. Elle trouvait cela un peu effrayant tout en avouant vouloir tenter de creuser cette attirance réciproque.
Alors là, j’étais scotché.
Heureusement, elle me tira rapidement de mon blocage puisqu’en voulant se pencher vers moi, sans doute avec une idée en tête, elle renversa ma bière sur moi.
J'eus un mouvement de recul, mais le mal était fait. Mon jean et ma chemise étaient imprégnés de boisson et voici que je sentais le houblon à plein nez.

Ooh ! M’exclamais-je avant d’éclater de rire. Bon, je crois que je n’ai plus qu’à rentrer chez-moi me changer. Heureusement que ce n’est pas loin.

Devais-je oser ?

A ton avis, je te propose de m’accompagner ?

D’accord, d’accord, s’il advenait qu’ils se mettent tous les deux en colère au même moment, ça risquerait de devenir plus qu’électrique, cependant et pour l’heure, elle ne voit pas pourquoi elle énervait Franck et inversement. Pour autant, elle prend bien en note cette information et la relègue dans un coin de sa tête, l'atmosphère n’étant pas à l’orage mais plus à la gêne et au trouble. Il faut dire qu’ils semblent tous les deux bien prompts à mettre les pieds dans le plat et si à enfoncer joyeusement. Bien qu’il en ressorte des choses très positives, comme le fait qu’ils semblent très bien s’entendre alors qu’ils viennent de se rencontrer, un bon début pour ces deux âmes. Bon, Hannah trouve quand même le moyen de lancer une nouvelle idiotie, ce qui met un peu Franck dans l’embarras, bien qu’il réussisse très bien à se rattraper aux branches. Quand elle y pense, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

— Ah la carte de l’avocat, un classique mais qui fonctionne toujours très bien !

De toute façon Nana ne comptait pas enfoncer le clou au sujet de son postérieur, elle a bien saisi que son sauveur du métro les avait bien appréciés et ils vont en rester là pour le moment. D’autant plus que Franck lui avoue qu’elle lui plait et que la réciproque est également vrai de son côté, même si elle met un peu plus de temps que lui à lui dire. Parce qu’il y a toujours une part d’étrange là-dedans, accrocher si facilement avec quelqu’un ça ne lui était jamais arrivée, avec quelqu’un de plus âgé qu’elle en plus. Certes ils ne doivent pas avoir une différence d’âge, mais ça n’en reste pas moins non usuel pour la rouquine, elle fréquente des hommes de son âge la plupart du temps. Autant ne pas faire les choses à moitié, après sa révélation Hannah se penche vers lui dans le but de déposer un baiser sur sa joue, hélas elle a très mal calculé sa trajectoire de sorte qu’elle renverse la bière sur ce pauvre Franck.

— Oh mince, je suis vraiment désolée Franck, je ne suis vraiment pas douée quand je m’y mets je…

Nana ne termine pas sa phrase, elle vient complètement de beuguer. Est-ce qu'il vient de lui demander ce qu’elle croit ?

— Euh… bafouille la rousse en rougissant à vue d'œil. Je ne sais pas si… C’est un peu prématuré non...

Même si sa proposition n’avait rien de mal venue, ça reste quand même un peu trop rapide pour elle de découvrir l’intimité d’un homme qu’elle connaît si peu, même si l’affinité est bien là.

— Sans doute que tu pourras me reposer la question quand on ce sera revue plusieurs fois, reprend-t-elle après quelques secondes de blanc. D’ailleurs…

Farfouillant dans son sac à main, la jolie rousse en extirpe un papier où elle griffonne quelques chiffres avant de le tendre à Franck avec un sourire tendre.

— J'espère que tu en fera bon usage

Puis elle vient se planter devant lui, plonge quelques instants dans ses yeux bleus avant de déposer ses lèvres sur sa joue encore un peu rose. Un dernier sourire puis elle s'enfuit comme une voleuse oubliant par la même occasion ses sacs de shopping. Ses pensées beaucoup trop prises par un certain technicien en informatique pour avoir l’idée de penser à ses courses…

Alors que je constatais les dégâts, Hannah s’excusait, horrifiée par sa maladresse. N’étant rien de grave mais n’aimant pas sentir la bière à plein nez, il était évident pour moi que je devais rentrer. Je lui avais alors suggéré de l’inviter afin qu’elle comprenne bien que je ne lui en voulais pas. Évidemment, c’était trop tôt. Elle me donna alors son numéro de portable, déposa à la volée un baiser sur ma joue avant de filer comme si elle avait un avion à prendre.
C’est donc couvert de bière et encombré par une dizaine de sacs de shopping que je regagnais mon appartement, le cœur relativement léger, mais la tête en ébullition.
Après un cinquième douche, je lançais une machine avant d’enfiler un simple boxer et un short, pour profiter de la clim.
Finalement, après avoir lu et relu son numéro dix fois, je lui envoyais un petit message.

“Salut Hannah, c’est Franck. Ne t’inquiète pas pour tout à l’heure, c’est rien de grave, cela arrive ;)
Sinon, je voulais te dire que j’avais ramené tes courses chez-moi… Si tu veux me donner ton adresse, je te les rapporterais, sinon…
Samedi, à 18h devant le pub ? Ils organisent un apéro dansant…

A plus la Rouquine
Bise”

Finalement, nous nous étions retrouvés au pub. Nous avions passé un moment agréable, même si j’étais piètre danseur. Je l’avais raccompagné jusqu’au pied de son immeuble afin de l’aider avec ses sacs et nous nous étions quittés sur une bise un peu maladroite.

Nous nous étions revus trois fois depuis, passant toujours d’agréables moments. Ce fut l’avant-dernière fois, pas avant, que l’on s’embrassait réellement pour la première fois. À partir de là, nous étions devenus un peu plus tactiles et, chaque fois que je la voyais, cette boule incandescente grossissait dans mon ventre. Chaque fois que l’on se quittait, j’avais envie de lui courir après pour la retenir.

Aussi, les trois semaines de vacances qu’elle passa loin, dans un coin où le réseau était aléatoire, furent longues…Très longues.
Je comptais les jours avant son retour, nettoyant et rangeant mon appartement qui était propre et ordonné car nous avions convenu que, dès qu’elle rentrerait, elle viendrait chez moi.
J’avais longuement réfléchis à la façon dont j’allais le lui proposer et j’avais finalement opté pour la simplicité.

“Tu me manques… Tu viens passer la soirée chez-moi à ton retour ?”
Simple, sans programme, juste pour exprimer un besoin de l’avoir avec moi. Sa réponse ayant été positive, cela faisait maintenant quatre jours que je remuais mon chez-moi à la recherche de la moindre miette, du moindre grain de poussière.
Je ne savais même pas quoi lui proposer une fois qu’elle serait là…
Une soirée film ? Un peu de musique ? Autre chose ? Aucune idée.

Alors, j’avais passé le temps en préparant des petits toasts et un plat de pâtes au pesto rouge, tout étant maison, pâtes comprises.
J’étais habillé d’un jean simple et d’une chemisette bleu clair, une ceinture marron à la taille et… c’était tout.
Alors, on sonna à la porte et j’ouvrais sans perdre de temps.

Les vacances en famille avait été à la fois très chouette mais aussi très longues pour Hannah, une fois n’est pas coutume, elle avait drôlement hâte de rentrer à New-York. La raison ? Dans la grande pomme l’attendait Franck qu’elle n'avait hélas pas pu embarquer dans ses bagages, pas sûr que ses parents auraient apprécié en plus de ça, un technicien en informatique c’est à des années lumière de leurs univers. Mais pas pour la rousse, elle s’en fichait éperdument qu’il soit de la classe moyenne, elle l’appréciait comme il était et chaque jour un peu plus, oui, la demoiselle était en train de tomber amoureuse il ne fallait pas se leurrer. Elle pensait à lui chaque jour, elle pensait à chacune de leur rencontre, à ce moment précis où ils s’étaient embrassés, à la douceur et la tendresse qu’il mettait pour elle dans chacun de ses gestes. Franck prenait de plus en plus de place dans son cœur et dans son esprit et c’était une sensation incroyable, le genre à vous en faire tourner la tête. Bora bora, Nana en avait quand même profité mais heureusement que les portables existent pour pouvoir garder contact, enfin autant que faire se peut, parce que le réseau n’en faisait parfois qu’à sa tête.

Le séjour prit fin et la famille Brown retourna vers les USA pour le plus grand bonheur de Nana, il était d’ailleurs assez tard quand ils arrivèrent sur le sol américain, de sorte qu’elle put passer la journée suivante à dormir pour se remettre du voyage en avion qui fut assez long. En début de soirée elle prépara un sac avec quelques affaires, si jamais il advenait qu’elle reste plus longtemps qu’une soirée chez Franck, ainsi qu’un second sac avec les souvenirs qu’elle lui avait acheté. La rouquine prit aussi le temps de se pomponner et d’enfiler une jolie robe à fleurs qui ressortait merveilleusement bien avec son teint légèrement hâlé. Elle quitta ensuite le penthouse vide de la famille, chacun ayant des projets pour cette soirée et elle emprunta un taxi pour se rendre chez son super héros du métro. Hannah était à la fois heureuse et stressée de le revoir après trois semaines loin de lui, est-ce que les choses auraient changé entre eux ? Elle allait vite le découvrir.

— Franck ! Qu’elle s’exclame joyeusement quand il ouvre la porte.

Ni une, ni deux, elle lui saute au cou pour venir l’enlacer avec force et rester contre lui quelques secondes, à simplement profiter de sa présence et de cette proximité retrouvée.

— Tu m’a beaucoup manqué tu sais, chuchote-t-elle au creux de son oreille.

Hannah se recule finalement et un peu à contrecœur, l’observe quelques instants, son sourire devenant toujours plus grand à mesure que les secondes s’égrainent.

— Comment tu vas ? Finit-elle par demander. Eh, oh ! Je t’ai ramené des souvenirs. Tu veux voir ?

La jolie rousse agite un imposant sac devant le nez de Franck censé attiser la curiosité de son désormais très officiel nounours d’amour. Bon, elle n’a pas encore osé utiliser ce surnom mais ça viendra.

A peine ouvrais-je la porte qu’une furie rousse me sautait au cou !
Je passais bien volontier les bras autour de sa taille pour la serrer contre moi tandis qu’elle murmurait à quel point je lui avais manqué.

Moi aussi, tu m’as manqué Hannah ! Avouais-je en souriant de plaisir avant que notre étreinte ne se relache.

Bien, je vais très bien et toi ? Des souvenirs ? Naturellement que je veux les voir ! Mais peut-être que l’on peut rentrer… Souriais-je un brin taquin tandis que Madame Zing passait dans son dos, dans le couloir, un sourire amusé aux lèvres.

Une fois dans la porte fermée, nous étions enfin tous les deux, seuls dans l’intimité de mon chez-moi. Je lui montrais le salon d’un geste ample de la main.

Bienvenue chez-moi Hannah… Fais-y comme chez-toi ! Annonçais-je en posant ses sacs dans l’entrée. Je lui saisissais alors doucement la main pour l’attirer à moi, entourant sa taille de mon autre bras. Mon visage tout près du sien, je croisais son regard avant de prendre tendrement possession de ses lèvres.
Elle m’avait affreusement manqué et je ne tenais plus. J’avais besoin de ce baiser avant qu’elle ne visite les lieux !

Tu m’as vraiment beaucoup manqué ma rouquine ! Murmurais-je en la regardant dans les yeux.

La libérant, je lui lançais un grand sourire.

Je te sers à boire ? Ah ! Et je veux bien voir mes cadeaux hein ! Lançais-je en riant.

J’avais l’impression que ma vie n’avait de sens que lorsqu’elle était là pour la partager… Même nos sept ans de différence d’âge ne semblait pas du tout avoir d’impact. Pas plus que notre écart de milieu social.

Plan de l'appartement (en cours):

Ce n’était sans doute pas grand-chose, mais savoir qu’elle lui avait manqué lui faisait chaud au cœur et puis, qu’il lui rendit son étreinte de cette manière non plus. C'étaient de belles retrouvailles en sommes et Hannah était rassurée de voir que rien n’avait changé malgré son départ, certes assez court au final.

— Un peu fatiguée à cause du décalage horaire mais je vais très bien, qu’elle répond avec gaieté. Oui, oui des souvenirs de Bora Bora, je me disais que ce serait chouette de réussir à te faire voyager un peu grâce à ça.

La rouquine se suppose que le compte en banque de Franck ne puis lui laisser l’occasion de voyager dans des contrées exotiques, avec un salaire de technicien ça lui semble compliqué à moins d’économiser un moment. Hochant doucement la tête, Nana pénètre à l’intérieur de l’appartement non sans être un peu anxieuse, c’est quelque chose quand même de découvrir l’intimité d’une autre personne, enfin de son point de vue elle le vit ainsi. La jeune femme attend donc sagement que son compagnon passe devant pour lui faire visiter son chez soi, pas encore à l’aise à l’idée de s’y balader tranquillement et de poser les pieds sur la table. Cependant, avant de pouvoir en découvrir plus sur cet appartement, il semble qu’un certain information ait besoin d’un peu plus de tendresse qu’un petit calin. Sans hésiter Hannah lui rend avec autant de tendresse le baiser qu’il est en train de lui donner.

— Je vois ça, chuchote-t-elle en haussant un sourcil.

Elle fit quelques pas dans le salon quand Franck la relâcha, pour découvrir l’univers personnel de l’homme qu’elle fréquente depuis un petit mois maintenant. Ambiance scandinave, ikea sans doute, elle aime bien, même si les meubles du penthouse familiale viennent d’ailleurs, la jeune femme aime feuilleter le catalogue de la célébre enseigne sudédoise.

— Oui, je veux bien une bière s’il te plait et oui tu vas pouvoir voir tes cadeaux, c’est un peu le principe, si je les garde pour moi ce ne sont plus vraiment des cadeaux.

Hannah lui tire une grimace avant d’aller récupérer l’imposant sac en plastique qu’elle a trimballé depuis chez elle, puis s’installant sur le canapé d’angle du salon, elle dispose les présents soigneusement emballés sur la table basse du salon.

— Voilà monsieur vous pouvez disposer de vos cadeaux !